Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
298. Servien an Brienne Münster 1644 November 24
Münster 1644 November 24
Ausfertigung: AE , CP All. 34 fol. 166–168’ = Druckvorlage . Konzept: AE , CP All. 31
fol. 228–230’. Kopie: AE , CP Holl. 25 fol. 285–288.
Ausbleiben Brassets. Entlassung Préfontaines. Weigerung d’Avaux’, die Abfassung des Berichts zu
übernehmen; Bitte um Weisung. Meinungsverschiedenheiten mit d’Avaux über die Geschäftsordnung
nach Ankunft des Gesandtschaftssekretärs; Bitte um Weisung.
Nous sommes tousjours icy en attente de la venue de Monsieur Brasset sans
avoir peu encor estre asseuréz si nous en devons faire estat, ses dernières
lettres ne nous ayans rien marqué de certain et ne nous ayans parlé que des
obstacles et des incommoditéz qui l’empeschent de venir. Cependant le Sieur
de Préfontaine n’a pas voulu attendre sa venue pour quitter son employ et
a désiré d’en estre deschargé, ce que nous n’avons pas peu honnestement
luy refuser. Et comme dans l’indisposition que j’ay eue depuis cinq sep-
maines , j’ay esté contrainct de suplier Monsieur d’Avaux de me vouloir
pendant quelque temps soulager de ce travail, après une dépesche dont il a
eu la charité de se voulloir charger, il a tesmoigné de la répugnance à voulloir
continuer, ce qui m’a osté le liberté de l’en ozer presser davantage, si bien
qu’il m’a fallu demeurer chargé de ce fardeau et au millieu des incommoditéz
vous rendre souvent compte de beaucoup d’affaires importantes qui n’est
pas une occupation fort propre à guérir un malade. A la vérité, Monsieur,
je ne plaindray point ma peine jusqu’au dernier soupir de ma vie tandis
qu’elle sera tant soit peu utile au service de la Reyne nostre bonne maistresse,
mais vous jugerez bien je m’asseure que ne sçachant pas comment cela doibt
estre effectué ny combien il doibt durer, il n’est pas raisonnable que tout
déppende de la seulle volonté de Monsieur d’Avaux, lequel voullant que je
travaille seul à présent que je suis indisposé, ne vouldra plus que je continue
dans quelque temps lorsque Dieu m’aura redonné ma santé. Vous estes
assez juste ou assez charitable pour faire remédier au plustost par vostre
entremise à ce petit désordre. Pour moy, je n’ay point de volonté. Sy Mon-
sieur Brasset vient pour nous relever de peine, nous ne lairrons pas de
l’assister en ce qui nous sera possible. S’il ne vient pas et que le Sieur de
Préfontaine veuille continuer en la mesme forme qu’il a faict jusques icy,
j’en demeure d’accord. Sy vous voulez que luy et mon secrétaire travaillent
alternativement ou conjoinctement, j’y consens. Sy Monsieur d’Avaux veult,
comme il seroit bien plus à propos pour plusieurs raisons que vous pouvez
mieux juger que moy, que nous travaillions chacun à son tour aux dépesches
ou par huictaine ou par quinzaine ou par mois ou que d’une mesme dépesche
nous en fassions chacun la moytié pour avoir plustost faict et partagions les
divers articles dont elle sera composée, je n’y treuveray rien à dire. Enfin
Monsieur, tous les expédiens qui seront treuvéz justes pour faire mieux
servir le Roy, je ne les refuseray pas pour mon intérest particulier. Quoyque
Monsieur d’Avaux ayt toutes les prérogatives de la préséance, de la parolle
et des conférences qui ne luy sont point disputées, et que ce soit une chose
ordinaire que le second a tousjours la plume pour son partage, je n’y ay
pourtant jamais prétendu aulcun advantage et n’ay eu intention que de me
garentir d’une prétendue supériotité que je ne tiens pas juste. Après tout,
les nuictz qu’il m’a fallu quelques fois passer à escripre ont peult estre bien
un peu contribué avec la rudesse de ce climat au mal que je souffre présente-
ment . Je suis bien marry de ne l’avoir peu faire avec plus d’habilleté et avec
plus de satisfaction pour la Reyne et le Conseil. J’y ay au moins apporté la
diligence et la fidélité. Et comme les lettres d’affaires sont très différentes des
pièces d’éloquence, je n’ay eu pour but que de vous faire entendre clairement
les difficultéz et y adjouster les raisons de part et d’aultre affin de recevoir
vos ordres sur les doubtes où nous pouvions estre. Cela a rendu quelques
fois mes discours trop longs. Je l’ay recognu plusieurs fois et les eusse bien
peu retrancher, mais j’ay appréhendé de tomber dans l’inconvénient dum
brevis esse laboro obscurus fio. J’ay donc préféré une longueur intelligible
à une brièfveté qui vous eust peu laisser quelques doubtes et qui peult bien
estre gardée par ceux qui ordonnent, mais qui n’est pas d’ordinaire le partage
de ceux qui rendent compte. Vous ferez double guain dans le changement
qui doibt estre faict, puisque vous aurez de meilleures dépesches et moins
ennuyeuses, mais je prévoy qu’une prétention qu’a Monsieur d’Avaux nous
pourroit encor brouiller s’il ne vous plaist d’y remédier. Il ne veult pas que
quand nous aurons esté assembléz pour concerter une dépesche, ny l’un ny
l’autre ayt la liberté d’envoyer de nouveaux mémoires à celuy qui la dressera
et d’y adjouster ou retrancher ce qu’il jugera à propos. Comme l’on ne peult
pas se souvenir de tout dans les conférences et qu’une méditation particulière
fournit quelques fois les meilleurs expédiens sur une affaire, le service du
Roy recevroit très grand préjudice s’il ne nous estoit pas libre à tous deux
de faire adjouster les nouvelles pensées qui nous seroient venues dans l’esprit
que nous croirions utiles pour l’affaire présente, soubs prétexte que nous ne
nous en serions pas souvenuz le jour de la conférence. Comme je croirois
de préférer mon caprice à l’intérest public sy je voulois tenir Monsieur
d’Avaux dans cette contrainte, je le tiens trop raisonnable après qu’il y aura
faict réfflection, pour me voulloir retrancher un moyen de servir le Roy qui
luy demeure aussy bien qu’à moy et qui ne faict préjudice à l’un ny à l’autre,
pourveu qu’il ne soit pas inséré dans la dépesche sans avoir esté de nouveau
concerté entre nous et que chacun y puisse adjouster son advis. Néantmoins,
parce que Monsieur de Saint Romain m’en a desjà parlé de sa part, j’espère
de vostre prudence que vous remédierez à cet inconvénient lorsque vous
nous envoyerez l’ordre que nous debvrons tenir en l’establissement du nou-
veau secrétaire, ou du moins que vous nous ferez sçavoir que cette difficulté
a desjà esté décidée dans la première lettre que vous nous avez faict la faveur
de nous escripre sur ce subjet , par laquelle vous nous avez marqué fort
expressément que ce changement n’estoit pas pour diminuer le pouvoir et
la liberté de l’un ny de l’autre. Car pour vous en parler franchement, il ne
sera jamais en la puissance ny de Monsieur d’Avaux ny de qui que ce soit
tandis que je sçauray parler ou escripre de m’empescher de dire ou de
mettre par escript ce que je croiray utile pour le service du Roy, et sy je ne
le pouvois plus faire d’une façon ny d’aultre, je tascherois pour contenter
la passion que j’ay pour le service de Leurs Majestéz et de l’Estat, de me
faire entendre par signes au moins pendant le temps que j’auray l’honneur
d’estre dans l’employ, parce que je tiens que c’est une espèce de prévarication
que de ne le faire pas. Je m’apperçois bien que c’est une invention par
laquelle on vouldroit exciter d’abord le secrétaire contre moy et nous com-
mettre ensemble, à cause qu’elle tend à l’authoriser davantage et à le rendre
moins déppendant de nous. Mais comme selon mon oppinion cette pro-
position seroit un peu tirannicque dans l’exécution et que je tasche en toutes
rencontres de demeurer dans le grand chemin et suivre la raison sans
m’arrester beaucoup aux petitz inconvéniens qui en peuvent naistre, je me
prometz de vostre bonne justice que vous préviendrez cette contestation et
que vous nous envoyerez les volontéz de la Reyne avant que nous ayons le
loysir d’y tumber, ne s’estant encor jamais veu qu’un secrétaire soit entré
dans une ambassade avec un prétendu droict de faire la loy à ses supérieurs.