Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
283. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1644 November 5
Münster 1644 November 5
Ausfertigung: AE , CP All. 34 fol. 94–107 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 107’:
1644 November 23. Konzept des 1. Servien-Kopisten mit Korrekturen Serviens und des
1. d’Avaux-Kopisten: AE , CP All. 31 fol. 125–136. Kopien: AE , CP All. 25 fol. 18–29;
AE , CP All. 38 fol. 210–224. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 166–170; Gärtner III
S. 603–621.
Störung des Postverkehrs; Vorschlag einer Seeverbindung. Verlängerung des Waffenstillstandes in
Ostfriesland. Anmaßendes Verhalten der niederländischen Gesandten in Emden. Drängen auf Rück-
kehr der hessischen Truppen. Vorschlag einer Mission zu dem Prinzen von Oranien. Instruierung
Croissys; Bitte um neue Weisungen. Auseinandersetzungen um die Erneuerung der Vollmachten.
Unzweckmäßigkeit einer Residenz in Mainz. Bemühungen um den Verbleib Chigis in Münster.
Politik des neuen Papstes. Versuche der Gegner, den Kongreß abzuwerten. Salamanca in Brüssel.
Ablehnung einer französischen Garantie für den schwedisch-dänischen Frieden. Mißerfolge in
Katalonien. Schwedisches Invitationsschreiben. Brandenburgisches Ersuchen um Unterstützung zur
Rückgewinnung von Kleve. Schriften gegen die Politik der Verbündeten. Finanzen.
Nous avons veu par voz deux dernières despêches des 15 et 22 e du mois
passé
[ Nr. 273 ] ist auf den 21. Oktober datiert.
sont justement irritées des entreprises fréquentes que l’on fait contre les
courriers lorsqu’ilz passent par la Flandre. La menace que l’on a faitte de
refuser à noz parties le passage des leurs par la France s’ilz ne remédient à
ce désordre a esté très nécessaire, et nous n’avons pas manqué de l’adjouster
aux plaintes réitérées que nous en avons faittes icy à Messieurs les Média-
teurs . Ilz sont bien demeuréz d’accord avec nous qu’il y faut pourvoir
efficacement pour l’advenir et mesmes qu’il importe de faire chastier les
actions passées si on en peut descouvrir les autheurs, à quoy ilz nous ont
asseuré que les Espagnolz tesmoignent d’estre bien disposéz. Mais lorsque
nous avons touché ce refus de passage par la France, ilz nous ont représenté
que ce seroit directement contrevenir au traitté préliminaire qui donne le
pouvoir aux parties de part et d’autre de despêcher toute[s] sortes de cour-
riers , et qu’ilz appréhendroient que dans ce commencement de négotiation
où toutes choses par raison doivent devenir umpeu plus faciles, on n’ inter-
prétast mal cette difficulté nouvelle et qu’on n’en fist des plaintes qui parois-
troient bien fondées. Les commissaires espagnolz offrent, outre la recherche
des infractions passées, de donner leurs passeportz aux courriers qui porte-
ront noz lettres comme ilz nous prient de donner les nostres à ceux qui
seront chargéz des leurs, affin que les courriers de l’un et de l’autre party
les respectent davantage, ce qu’ilz entendent principalement des Holandois
dont ilz font les mesmes plaintes que nous faisons d’eulx, surtout de la
garnison de Maestricht à laquelle ilz veullent attribuer une partie des volleries
qui ont esté faittes.
Nous avions estimé dans une négotiation si importante que celle cy qu’il
est de la dignité du Roy que toutes les despêches qui se font pour son service
et qui portent le nom de Sa Majesté ayent une autre seureté que celle que
leur peuvent donner la couverture des marchandz pendant le cours du traitté.
Vous aurés peut estre à nous envoier des ordres si importans et nous à vous
faire des propositions de pareille nature qu’il sera bien à propos qu’elles ne
passent point ou que le moins qu’il se pourra à la discrétion de noz ennemis.
Si l’on trouvoit bon dans le Conseil |:d’establir deux barques ou deux fré-
gattes à Callais ou à Gravelines:| particulièrement destinées pour porter des
despêches du Roy qui viendront de vostre part ou de la nostre, nous ne
croions pas que la despence en fust guères plus grande que le voiage de deux
ou trois courriers que nous aurions pu despescher exprès en divers temps,
si nous n’avions eu pour but de mesnager plus qu’à l’ordinaire l’argent de
Sa Majesté. Les lettres pourroient estre portées d’icy à Flessingues et venir
de là en assés grande seureté, pourveu qu’on establisse seulement un messa-
ger à Utrecht ou en quelque autre lieu plus proche que nous trouverons
commode qui ne coustera pas grande chose. L’hyver, lorsque les glaces
empescheroient le passage par le canal de Flessingue, les barques pourroient
venir jusques à Schevelink qui n’est qu’à demie lieue de La Haye, et les
lettres estant receues là par l’ordre du Résident de Sa Majesté qui sera à
La Haye, nous estre envoiées icy par la mesme voye d’Utrecht. Cella n’ em-
peschera pas que vous ne nous puissiés envoier quand vous le jugerez à
propos des dupplicata des mesmes despêches par la voye de la Flandre,
comme nous ferons aussi de nostre costé. De cette sorte, lorsque les volleurs
voudront rendre le passage de la terre périlleux, celuy de la mer se trouvera
asseuré, et quand les ventz retarderont cette voye cy, celle de la terre
demeurera tousjours ouverte, et cella tiendra les ennemis plus retenus et
plus soigneux de conserver les chemins seurs quand ilz verront qu’on a
deux voyes et qu’en l’une on se peut entièrement passer d’eulx. Nous
craignons bien que si vous en prenés le conseil des marchans, l’appréhension
qu’ilz auront que cette résolution ne rompe insensiblement enfin leur com-
merce particulier avec la Flandre ne les oblige à vous en dissuader. Pour
nous, nostre devoir en cella est seulement de considérer par préférence à
toute autre chose le service du Roy et la seureté publique, qui s’observera
mieux selon nostre advis lorsque les despêches porteront ouvertement le
nom du Roy que lorsqu’elles seront addressées à des marchans, parce que
leur nom donne la curiosité aux volleurs d’ouvrir les pacquetz pour voir s’il
n’y a rien dedans de plus prétieux que des lettres.
Enfin le différend d’Ostfrise est assoupy pour un temps par la continuation
d’une suspension d’armes entre les parties qui doit durer cinq mois, pendant
lesquelz l’affaire pourra estre terminée déffinitivement par l’entremise de
Messieurs les Estatz. Nous remarquons que ce délay doit finir au dernier
de mars, et que sy on ne commence de bonne heure à travailler à cet accom-
modement pour le parachever avant que ce terme soit expiré, il est à craindre
que les parties se trouvans encores en querelle au commencement du prin-
temps , les troupes de Madame la Langrave ne soient encores occupées de
ce costé là au temps qu’on aura plus de besoin de les faire agir ailleurs pour
l’intérest commun, et de cette sorte que l’année prochaine aussi bien que
celle cy et la précédente ne se passe sans qu’on puisse retirer aucune assistance
d’elle. Peut estre que le général qu’elle choisira pour les commander en la
place de Monsieur le Comte d’Eberstein qui est mort en Ostfrise deux jours
après avoir signé le traitté, sera de meilleure humeur que luy et n’aura pas
la mesme aversion qu’avoit le déffunct à se joindre aux armées du Roy.
Nous n’avons obmis aucune sorte de diligence pour avancer la conclusion
de ce traitté et n’avons point espargné noz offices en tous les endroitz où
nous avons estimé qu’ilz seroient utiles, jusques là que n’ayans pas fait
scrupule de soliciter par noz lettres les députéz de Messieurs les Estatz qui
avoient esté envoiéz pour cet accommodement, nous en avons receu une
response peu civile. N’estans pas Ambassadeurs et aians eux mesmes déclaré
qu’ilz ne feroient pas difficulté de cédder à Monsieur de Rorté dans un lieu
tiers, nous leur avions escrit bien honnestement sans avoir mis qu’un seul
mot à la première ligne. Non seulement ilz nous ont traitté avec une esgallité
où ilz mesurent jusques aux syllabes, mais ilz ont passé plus avant et ont mis
deux motz à la première ligne de leur response. Si on ne les désabuse pour
une bonne fois de ces folles prétentions, il sera difficile que les ministres du
Roy qui ont umpeu de soin de la dignité de leur maistre puissent désormais
avoir aucun commerce avec eux.
Comme la fin pour laquelle nous avons si ardemment sollicité l’ accommode-
ment des différens d’Ostfrise a esté pour voir les forces de Madame la Lan-
grave en liberté d’agir ailleurs plus utilement, nous faisons maintenant toutes
noz diligences auprès d’elle et de ses ministres pour obtenir que cette bonne
intention soit suivie de l’effect et que ce qui reste de la saison soit mieux
mesnagé de leur part que ce qui en est passé. Nous y voions assés bonne
disposition, et par les lettres que nous recevons de laditte Dame et par celles
de Monsieur de Beauregard qui est près d’elle et par le discours de tous ses
agens, ce qui nous fait espérer que toutes les troupes qu’elle peut mettre à la
campagne seront bientost en estat et en lieu pour agir de concert avec celles
de Monsieur le Maréchal de Turennes.
Avant que quitter l’affaire d’Ostfrise, nous sommes obligés de vous dire
que s’il ne plaist à Sa Majesté d’envoier quelque personne qualifiée de sa
part à La Haye pour en parler confidemment et affectionnément à Monsieur
le Prince d’Oranges, nous appréhendons ou que l’affaire ne traisne en beau-
coup de longueur ou que Madame la Langrave ne trouve pas son compte
dans l’accommodement, car on remet tousjours sur le tappis de la part de
Messieurs les Estatz et de Monsieur le Prince d’Oranges la proposition de
luy faire abandonner l’Ostfrise, et elle au contraire proteste que sans cette
province elle ne peut aucunement continuer la guerre, ce qui n’est pas sans
quelque fondement. Vous voiés donc où cella peut aller et le préjudice qui
en peut arriver au service de Sa Majesté. Nous vous envoierons au premier
jour un mémoire contenant nos foibles sentimens sur toute cette affaire,
affin que celuy qui sera envoié à La Haye si on prend cette résolution, soit
instruit des intérestz publicz et secretz de tous ceux qui y prennent part.
Mais il ne seroit pas utile pour sa négotiation qu’avant qu’aller en Holande
il passast près de nous, parce qu’on a voulu faire croire jusqu’icy pour
affoiblir les instances qui ont esté faittes de la part du Roy qu’elles venoient
seulement de nous et que nous agissions en ce rencontre avec une affection
particulière, différente en quelque façon des ordres de la Cour, quoyqu’en
effet nous n’ayons qu’exécuté ponctuellement ce qui nous a esté ordonné,
mais à la vérité avec chaleur et diligence à cause que la chose pressoit dans
la conjoncture présente.
Nous avons soigneusement considéré ce qu’il vous a pleu de nous escrire
sur l’affaire de Transylvanie, ce qui nous fait croire que vous n’aviés pas
encores receu l’instruction que nous avons donnée à Monsieur de Croissy
dont nous vous avons envoié la coppie . Nous nous promettons qu’après
l’avoir examinée, vous jugerés que nous sommes exactement demeurés dans
l’observation des ordres qui nous ont esté envoyés, jusques là qu’encores
que nous recognussions bien qu’on ne pouvoit pas s’exempter au paiement
des quinze cens hommes pour la part des trois mil promis par le traitté de
Monsieur Torstenson, et que dans toutes les anciennes instructions qui ont
esté données sur ce sujet nous aions veu qu’on a tousjours donné pouvoir
de s’engager à cette despense, néantmoins, parce que nous n’en avions point
d’ordre précis, nous ne l’avons pas ozé faire jusques à ce que par voz deux
dernières lettres vous nous avez tesmoigné qu’on n’en feroit pas difficulté.
Ce qui nous a obligé de faire sçavoir en diligence cette résolution à Monsieur
de Croissy, que nous avions laissé indécise par son instruction, affin qu’elle
ne retarde pas l’effet de sa négotiation.
A la vérité, pour le second point où nous remarquons par vos lettres que
l’on fait quelque difficulté et que mesmes vous nous tesmoignés |:que l’on
ne veut pas s’obliger de traicter conjoinctement avec ce Prince comme s’il
estoit préjudiciable au Roy de le faire comprendre dans le traicté général:|,
nous vous suplions, Monsieur, après avoir pris la peine de voir de quelle
sorte nous avons mis cet article dans l’instruction de Monsieur de Croissy,
de nous en faire sçavoir bien expressément les intentions de Leurs Majestéz.
Car jusques icy nous avons creu qu’il est très advantageux pour Sa Majesté
|:de faire comprendre ce Prince comme son alié dans le traicté général de la
paix:|, parce qu’il servira tousjours à la rendre plus seure et le party |:de la
France plus considérable par la jonction d’un nouveau confédéré que l’ Em-
pereur redoutte:| plus que beaucoup d’autres. Nous avons mesmes jugé
utile pour cet effet de le convier d’envoier ses députés en cette assemblée
pour l’obliger à rompre toutes les autres conférences par lesquelles on veut
l’engager dans un traitté particulier affin de le séparer d’avec nous. Ainsy
nous avons estimé qu’il ne falloit pas faire difficulté de luy promettre non
seulement |:de ne traitter point sans sa participation, mais de ne traitter
point que conjoinctement avec luy:|, pourveu qu’il s’oblige à la mesme
chose.
A la vérité, sur la clause de ne rien faire sans le consensement des uns et des
autres, vous aurés veu par l’instruction les raisons que nous avons alléguées
par lesquelles nous avons droit de prétendre que ce Prince s’oblige à ne
point traitter sans le consentement du Roy, sans que toutefois Sa Majesté
soit obligée à la mesme chose. Mais d’autant que cette obligation est presque
ordinairement réciproque en tous les traittéz, et que désirans de nous en
affranchir il semble que nostre prétention est en quelque façon nouvelle et
extraordinaire, appréhendans que le refus que nous pourrions faire d’y entrer
ne donnast des soupçons et des craintes à ce Prince que nous voudrions
l’abandonner et faire noz affaires sans luy, nous avons estimé s’il s’obstinoit
à le désirer qu’il valloit mieux le luy promettre que de faire une rupture
avec luy ou bien luy laisser faire un traitté particulier avec l’Empereur. Ce
que toutefois nous n’eussions pas ozé faire, quoyqu’advantageux en ce cas
et très nécessaire pour le service du Roy, si nous n’eussions creu que par
une de voz lettres, dont nous vous envoyons l’extrait
In Frage käme [ nr. 153 S. 299ff. ]
donné le pouvoir de la part de Sa Majesté. Si toutefois au préjudice des
sentimens que nous avons creu pouvoir et devoir prendre l’on juge qu’il
faille retrancher quelque chose en cet endroit à l’instruction de Monsieur de
Croissy, il vous plaira de nous le faire sçavoir au plustost, et sans considérer
les inconvéniens qui en peuvent arriver, nous obéirons punctuellement à ce
qui nous sera ordonné. Mais pour le pouvoir de Monsieur de Croissy, nous
croirions tousjours bien à propos de luy en envoier un, de crainte que faute
de l’avoir sa négotiation soit retardée.
Enfin nous commençons à croire que la forme des pleinspouvoirs est ajustée.
Toutes les parolles nécessaires de part et d’autre n’aians pas encores esté
entièrement données, nous ne pouvons pas vous en escrire avec certitude
par cet ordinaire. Mais nous espérons que le premier vous portera sans faillir
la résolution de toutes choses où nous vous ferons sçavoir le particulier de
toutes noz contestations qui ont duré près de trois semaines ou un mois et
les combatz qu’il nous a fallu donner pour obtenir que noz parties ayent
eu pouvoir de traitter avec noz alliéz et adhérens et qu’ilz aient consenti
qu’il en fust fait mention dans le nostre. Ce qui nous a donné le plus de
peine et dont Messieurs les Médiateurs se sont le plus servis pour nous
combattre a esté la bonne humeur de Messieurs les Suédois qui nous ont
abandonné[s] franc en cet article et qui se sont contentés du premier pouvoir
des Impériaux où il n’est point parlé des alliéz, quoyque nous leur ayons
sceu dire et remonstrer sur ce sujet. |:La clause sera mise en termes qu’elle
nous donnera lieu quand il sera temps de pouvoir demander un passeport
pour les dépputtéz du Prince de Transsilvanie:| et mesmes de parler des
Portugais, ce que vous pourrés bien leur faire valloir. Nous voyons que noz
parties ne s’obstinent plus sur la forme de la soubzscription et qu’ilz sont
vaincus par les raisons et les exemples que nous leur avons allégués, ce qui
fera que nous n’aurons plus besoin des pièces que nous avions demandées,
si ce n’est peut estre de la déclaration du Roy pour la Régence de la Reyne
vériffiée au Parlement.
Quant |:à l’envoy de Maience auquel vous aviez destiné Monsieur de Saint
Romain:|, lorsque nous le luy avons communiqué, nous l’avons veu en
intention de vous demander la liberté de demeurer icy. Peut estre que lors-
que vous aurés fait considérer |:que l’Eslecteur de Maience s’en va à Vienne:|,
que c’est un pensionnaire des Espagnolz et en cette qualité ministre de toutes
leurs passions dans l’Empire et ennemy déclaré de la France, que pour cette
considération il est peut estre plus de la dignité du Roy en faisant des plaintes
de luy et imputant à son humeur partialle et corrompue les lasches délibéra-
tions qui se prennent dans la diètte, de luy faire craindre les justes ressenti-
mens du Roy que de faire aucune recherche de son amitié qui aussy bien
seroit inutile, |:que le Résident du Roy qui seroit à Mayence:| ne pourroit
avoir pour cella aucune communication ouverte ny avec luy ny |:avec la
diètte de Francfort, Monseigneur le Duc d’Anguien:| aiant avec très grande
raison refusé |:d’accorder la neutralité à laditte ville:|, et que s’il y a quelque
sorte de négotiation secrette à faire en ce lieu, le Gouverneur de la ville ou
quelque officier de la garnison intelligent y pourra travailler avec moins
d’esclat, vous jugerés que l’establissement de cette résidence ne produira
pas présentement pour le service du Roy tout le fruit que vous en attendez.
La résolution que vous nous tesmoignés qu’on a prise de travailler puissa-
ment |:à maintenir Monsieur de Chiggi dans:| son employ ne peut estre
assés louée et nous semble très digne de la grandeur de Leurs Majestéz aussy
bien qu’advantageuse pour leur service. |:Sa vertueuse et sincère conduitte
en nostre endroict dans cette négotiation mérite:| bien qu’on fasse tous les
effortz que la discrétion et la prudence pourront permettre non seulement
|:pour le conserver, mais pour luy procurer s’il est possible un caractère
plus éminent que:| celuy qu’il possède. Nous sçavons que |:les Espagnolz
luy ont offert depuis ce nouveau pontificat leur assistance pour son advance-
ment qu’il a reffusée, si bien:| que ne s’asseurants pas de leur bonne volonté
|:et n’ayans pas accepté les tesmoignages:| qu’ilz luy ont offert [s], |:s’il luy
arrivoit quelque honneur nouveau, il cognoistroit fort bien que c’est par la
faveur de Leurs Majestéz:|, ce qui le leur aquerroit entièrement. Et il semble
que ce n’est pas un point difficile à obtenir dans les conditions |:de l’ accom-
modement secret qu’on doit faire avec le Pappe:|, s’il est vray comme il
proteste que son |:intention soit de n’estre point partial et de tenir la balance
droicte entre les deux Couronnes. Puisque c’est un ministre desjà establi et
agréé par toutes les parties:|, on ne pourroit |:le retirer que sur l’instance
secrette des Espagnolz:| et par conséquent sans désobliger Sa Majesté,
nous croions bien que |:le Pape qui est:| estimé prudent ne voudra pas
d’abord |:le révoquer, parce que ce seroit se déclarer trop ouvertement:|.
Mais s’il a mauvaise volonté, il fera indirectement et plus couvertement la
mesme chose |:envoyant icy un autre Légat. Car soit que ledit Légat meine
d’autres prélatz avec luy, soit qu’il apporte des ordres secrets ou des inclina-
tions différentes de celles de Monsieur Chiggi:|, il l’obligeroit à faire luy
mesme pour son honneur ce qu’on n’auroit |:pas osé faire à la prière des
Espagnolz:|. Ainsy, après avoir |:veu eslever par leur faction un Pape contre
l’exclusion formelle de la France, on verroit encor rechanger icy un ministre
pour leur plaire:|, et de cette sorte il paroistroit dans le monde qu’ils
|:auroient acquis le:| pouvoir absolu de faire et de déffaire, ce qui nous feroit
craindre que la réputation de Leurs Majestéz n’en receust autant de préjudice
que leur service. |:Car si de deux Médiateurs dont ilz ont le loisir pendant
huict mois de descouvrir les sentimens, ilz avoient le choix d’en exclurre
l’un et retenir l’autre:|, non seulement |:nous aurions de justes subjectz de
soubçon contre celluy qui succèderoit à Monsieur Chiggi:|, mais il y auroit
quelque lieu |:d’en prendre contre Monsieur Contarini mesme:|.
Le bruit commun et |:quelques lettres de Rome:| nous apprennent qu’on y
parle d’envoier |:des Légatz aux trois premières Couronnes:|. Nous ne
doutons pas que vous n’y ayés fait réflection, puisque c’est une proposition
|:qui vient certainement des Espagnolz. Si l’intention de Sa Saincteté n’estoit
que d’envoier saluer les Roix et en:| général de les exhorter à l’union, ce
seroit un honneur que l’on n’auroit pas raison de refuser. Mais comme il
seroit difficile d’oster de l’esprit du monde |:que des personnes de si émi-
nente condition fussent envoyéz en France, en Allemagne et en Espagne
pour un simple compliment, tous noz alliéz protestans:| ne manqueroient
pas d’en prendre de l’ombrage et de croire que c’est une voye qu’on veut
prendre de conclurre la paix sans eux, ce que noz parties tascheroient arti-
ficieusement de leur persuader pour les séparer d’avec nous. L’aversion
qu’ilz ont, aussy bien les Impériaux que les Espagnolz, contre cette assemblée
et l’envie continuelle qu’ilz ont eue jusques icy de la rompre ou de la rendre
inutile doivent faire tenir pour constant que tous les autres moiens de traitter
d’affaires leur seroient plus agréables. Ce sont les discours ordinaires de
Saavedra qui ne peut s’empescher de dire continuellement que ce n’est pas
icy où la paix doit estre faitte, qu’on n’y est que pour l’apparence et pour
contester, et que c’est dans la Cour de l’un des Princes intéresséz où elle se
doit conclurre. Il a esté mesmes assés hardy pour supposer quelques fois
qu’il peut justiffier par lettres que l’ouverture en a esté desjà faitte de nostre
part. Ce n’est pas seulement par leurs parolles qu’ilz taschent de destruire
cette négotiation. Ilz y adjoustent tous les artifices et les effortz qui sont en
leur pouvoir, et nous aprenons que l’Empereur pour empescher que les
Princes d’Allemagne ne viennent ou envoient icy, a pris depuis peu résolu-
tion de convoquer une diètte nouvelle à Ratisbonne où l’on luy conseille
d’assister en personne pour tenir mieux les députés en bride et les faire agir
selon sa volonté. Nostre devoir nous oblige de vous informer de tout cella,
affin qu’il vous plaise d’y faire prendre résolution et de nous prescrire ce
que nous aurons à faire.
Don Miguel de Salamanca ne doit plus venir en ce lieu, il a pris possession
en Flandres d’une charge principale qu’il doit exercer auprès du Marquis de
Castel Rodrigue et n’a pas maintenant honte de dire qu’on ne luy avoit
donné la qualité de Plénipotentiaire pour la paix que affin de faciliter son
passage par la France. L’on nous a représenté son esprit si fascheux et si peu
traittable que nous n’avons point de regret qu’il ne soit pas venu augmenter
le nombre des espines que nous rencontrons dans cette négotiation où ceux
qui sont desjà de la part du Roy Catholique semblent n’avoir autre but que
de disputer et pointiller sur toutes choses contre la raison.
Si vous avés agréable de jetter encores les yeux sur l’instruction qui a esté
concertée icy avec Monsieur de La Thuillerie avant son départ, vous y
trouverés que nostre sentiment a tousjours esté bien esloigné |:d’engager
le Roy à la garentie du traitté qu’il a charge de:| mesnager entre la Suède
et le Dannemarch. Depuis qu’il est sur les lieux aiant reconnu que les parties
luy en pourroient faire quelque instance, il nous en a derechef demandé
nostre advis, lequel nous n’avons point changé comme il vous plaira de
voir par la response que nous luy avons faitte
Das Schreiben an La Thuillerie ist durch Dorsalvermerk als Beilage zu [ nr. 292 ] bezeichnet.
cette proposition non seulement préjudiciable au service du Roy, mais faitte
à très mauvaise fin. Le Roy de Dannemarch aiant tousjours esté d’humeur
de présumer de ses forces plustost que de craindre ses voisins, il y a lieu de
croire que la demande |:qu’il faict de la garentie du Roy n’est pas tant pour
la seureté du traitté qui sera faict que pour nous diviser en quelque sorte
par cet engagement d’avec la Suède:|, ou du moins pour avoir de l’argent
de la France en cas que cy après la guerre vinst à se renouveller entre eux.
Cette prétention nous paroist si desraisonnable que nous ne pouvons assés
nous estonner comment des Princes au lieu de sçavoir gré à Sa Majesté des
offices qu’elle fait faire et des peines qu’elle prend en leur faveur pour
restablir entre eux la paix et l’amitié, |:ozent voulloir faire achepter à Sa
Majesté une résolution:| qu’ilz sont obligés de prendre pour leur propre
bien. Car certes, |:d’aller engager le Roy dans toutes les guerres de la
Chrestienté:|, mesmes en celles où Sa Majesté n’a point d’intérest, nous n’en
sçaurions jamais estre d’avis. Il est bien vray qu’il sera maintenant utile pour
la France que l’accommodement de ces deux Couronnes se face prompte-
ment , mais comme elles n’en prendront pas la résolution simplement pour
plaire à Sa Majesté et qu’elles ne s’y disposeront que lorsqu’elles y trouveront
leur compte, il n’est pas juste |:que le Roy achepte leur bonne volonté en
se chargeant de l’événement du traicté:|. Nous avions donc estimé que
Monsieur de La Thuillerie s’en pouvoit garentir de cette sorte: Si l’on luy
en parle avant que les autres conditions du traitté soient résolues, il pourra
respondre qu’il n’est pas temps de songer à la seureté d’un traitté qui n’est
pas encor conclu, veu mesmes que dans l’incertitude s’il réussira, on ne
sçauroit faire une promesse esgalle aux deux parties |:de garantir leur acco-
modement :| sans affoiblir en quelque façon l’alliance que nous avons avec
les Suédois qui sont noz véritables amis, pour obliger le Roy de Dannemarch
qui est tout impérial dans le cœur. Si aussi après que toutes les conditions
du traitté auront esté accordées |:on faict encores instance d’engager le Roy
à cette garentie:|, on pourra lors librement dire les raisons |:que Sa Majesté
a de s’en exempter:|, sans avoir sujet de craindre que le manquement de
cette seureté puisse faire rompre un traitté desjà résolu en tous ses autres
pointz.
Nous avons appris avec un très sensible desplaisir le mauvais estat des
affaires de Catalongne. Les Espagnolz en veulent tirer icy de grands avan-
tages et en parlent desjà selon leur bonne coustume comme s’il leur estoit
facile de venir l’esté prochain à Perpignan et mesme de passer plus outre.
|:Il est vray que selon l’opinion de plusieurs personnes intelligentes, le Roy
n’a point d’endroict où les affaires de la guerre luy doivent estre plus à cœur
qu’en cette province là:|. Il faut nécessairement que les forces qu’elle peut
mettre sus pied servent à la France contre l’Espagne si nous la conservons
ou qu’elles servent à l’Espagne contre la France si nous la laissons perdre,
avec cet avantage que cy devant le Roy Catholique n’en pouvoit disposer
que raisonnablement et sans blesser les privilèges des habitans du pays, il
y pourroit maintenant agir en maistre absolu comme dans une province
nouvellement conquise. Certes Monsieur, soit que l’on considère la durée
de la guerre ou l’avancement de la paix, |:rien ne paroist si important que
de soustenir les affaires puissamment en ce pais là. Nous avons icy Monsieur
Fontanella qui:| a une des principales charges de la province, qui y a beau-
coup de crédit, qui est intelligent, hardy et affectionné autant qu’on le peut
estre. Nous prenons la liberté de vous dire que n’y aiant pas dans le pays
beaucoup de personnes de sa portée, il y seroit peut estre plus utile y aiant
maintenant beaucoup |:plus à travailler qu’en ce lieu où nous ne voyons:|
qu’il puisse rien avoir à faire à quoy un autre beaucoup moins considérable
que luy ne puisse estre aussi propre.
Vous trouverez cy jointe la dernière lettre que Messieurs les Suédois ont
escrit à l’assemblée de Francfort et à tous les Princes d’Allemagne. Ce sera
maintenant contre eux que les Impériaux seront obligés de tourner leurs
plaintes, puisque chacun trouve cette lettre beaucoup plus ferme et plus
hardie que la nostre.
|:Un gentilhomme de Monsieur l’Eslecteur de Brandebourg
Rhod; vgl. [ nr. 279. ]
trouver icy depuis deux jours avec des lettres de créance:| pour nous asseurer
de la bonne |:disposition où est ce Prince de faire suivre le bon parti et de
se joindre aux interéstz de la France:|. Nous avons sceu en mesme temps
par une autre voye qu’un autre |:gentilhomme envoié de sa part à l’Empereur
en a esté très mal receu et:| que la neutralité pour quelques uns de ses Estatz,
la permission d’envoier ses députéz et toutes les autres choses |:qu’il avoit
esté chargé de demander à l’Empereur luy ont esté reffusées:|, ce qui nous
fait espérer |:que ce Prince pourra bien enfin prendre quelque généreuse
résolution:|. Nous ne manquerons pas de l’y bien exhorter comme nous
avons desjà fait, recognoissant combien il seroit |:avantageux pour les
intérestz du Roy dans l’Allemagne de joindre au parti de Sa Majesté un
Eslecteur de l’Empire. Il nous a faict une autre proposition touchant le
droict qu’il a au Duché de Clèves:|. Il le veut poursuivre par les armes, et à
cette fin |:a desjà mis sus pied en divers lieux quelques trois mil hommes.
Il a dessein d’en lever jusques à huict mille:|, mais parce qu’il ne pourroit
pas assembler ses trouppes s’il n’avoit |:une place d’armes dans ledit pais
de Clèves, il demande nostre assistance auprès de Madame la Langrave à ce
qu’elle luy remette Calcar entre les mains:|. Il dit que |:cette Princesse a
trop de quartiers:| et que la quantité des garnisons l’empesche de pouvoir
mettre en campagne un corps considérable, |:que ce qu’elle tire de contri-
butions par le moyen:| de cette place ne sert qu’à l’entretènement de la
garnison, que cet armement ruinera l’armée |:qu’on veut faire pour la
déffence du Cercle de Westphalie:|, parce que la noblesse du pais et les
soldatz aians de l’employ, |:se rangeront bien plus volontiers sous les ensei-
gnes de Brandebourg ou celles de Neubourg qui sera le parti contraire,
que de voulloir servir l’Empereur:|, que la guerre estant commencée entre
|:ces deux Princes, si le Duc de Neubourg consent que le Roy soit arbitre:|
du différend, |:l’Eslecteur de Brandebourg ne:| désire autre chose et en
donne dèz à présent sa parolle, que si l’Empereur fait |:assister le moins du
monde le Duc de Neubourg:| soit par Gleen
Gottfried Huyn, Graf von Geleen, etwa 1595–1657, kaiserlicher Feldmarschall und Kommandant
der Defensionsarmee des niederrheinisch-westfälischen Kreises; zur Person vgl. ADB VIII S. 534
und BNB VII Sp. 568–571.
pressera en mesme temps dans le parti de la France et fera:| la guerre ouverte
|:à la Maison d’Austriche, et qu’enfin Messieurs les Estatz ne luy seront
point contraires ni Monsieur le Prince d’Orange:|.
Il nous semble, Monsieur, que ce dernier article pourroit estre véritable |:et
qu’il y a du huguenottisme en cette affaire:|. Et en ce cas nous héziterions
s’il faut prester la main. Mais tousjours ne doutons nous pas de dire qu’il
est à propos de cultiver soigneusement cette confiance et ces bonnes dis-
positions |:que ledit Prince tesmoigne:|. Nous n’y obmettrons rien de nostre
part et vous informerons de ce qui se passera.
Vous trouverés cy joint la coppie de quelques escritz qui ont esté |:depuis
peu envoyéz secrèttement à Rome pour y:| descrier et deschirer la France
|:et prévenir l’esprit du Pape contre nous
Vgl. dazu [ nr. 279 ] .
est datté de Francfort a esté fabriqué à Vienne aussy bien que les autres
pièces lesquelles nous vous |:supplions de tenir secrèttes jusques à ce que
vous sachiez si quelqu’un les aura veues à Rome:|. Autrement les Impériaux
|:pourroient descouvrir de quelle main nous les avons eues et nous oste-
roient le moien d’en apprendre davantage:|. Nous vous enverrons le reste
à la huittaine, aians |:jugé qu’en ce nouveau pontificat:| il est important de
ne pas laisser opprimer la vérité et la sincérité des intentions de la Reyne au
fait de la paix et de sçavoir par où les ennemis nous veulent attaquer
sourdement.
Bitte um Auszahlung von Bezügen.
1 Auszug aus einem Brief Briennes an d’Avaux und Servien
Vgl. [ S. 597 Anm. 1. ]
2 AE , CP All. 34 fol. 88–90: Oxenstierna und Salvius an den Frankfurter Deputationstag,
Osnabrück 1644 Oktober 4/14, Kopie
Vgl. [ S. 588 Anm. 3. ]
3 Für Rom bestimmte Avisen, [ fehlen ].