Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
242. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1646 November 6

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–/ 242/ [269]

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Memorandum Serviens für Lionne


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[Münster] 1646 November 6

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Konzept, teilweise eigenhändig: AE , CP All. 78 fol. 307–322’, 326, 325 = Druckvorlage.

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Überlegungen zur Behandlung Karls von Lothringen; Bitte um Darlegung der königlichen Ab-
18
sichten. Drängen der niederländischen Gesandten auf Vertragsabschluß. Französisches Bemühen
19
um Vertragsgarantie. 9. Artikel. Verpflichtungen der Generalstaaten nach Ablauf des Waffen-
20
stillstands in Katalonien. Verpflichtung Savoyens und Mantuas bei Vertragsbruch durch Spanien;
21
savoyisch-mantuanische Heiratsverbindungen wünschenswert; keine Änderung des Friedens von
22
Cherasco. Unterredung mit Ridolfi. Ablehnung der von d’Avaux und den Mediatoren befürwor-
23
teten Zugeständnisse an Herzog Karl. Zurückhaltung bei Handelsbestimmungen für Dünkirchen.
24
Keine geheimen Anweisungen Mazarins an Servien. Klärendes Gespräch mit d’Avaux. Bedenken
25
gegen Gewährung des von Longueville gewünschten Amtes. Einverständnis des Großherzogs von
26
Toskana mit den französischen Vorschlägen. Gerüchte über Zerwürfnis zwischen Erzherzog Leo-
27
pold Wilhelm und dem Kaiser. Positive Auswirkung der Gewährung von Subsidien für Schwe-
28
den, aber Vorsicht vor langfristigen Bindungen angeraten. Unterstützung Portugals. Gespräch
29
mit Saint-Maurice. Unvernunft der portugiesischen Gesandten. Projekt einer Heirat Mademoi-
30
selles mit dem Kaiser. Porträts. Ungewißheit über Haltung Mazarins in der Lothringenfrage;
31
gesonderte Stellungnahme der französischen Bevollmächtigten. Beilage.

32
Quand nous avons désiré de renvoyer en France l’affaire de Lorraine, ce n’a
33
pas esté dans le dessein de nous en décharger ny pour donner la peyne à Sa
34
Majesté ny à messieurs ses ministres de la traiter et conclurre à la cour. Nous
35
avons tousjours esté très éloigné d’une semblable pensée, sçachant bien que
36
les commissions importantes et fascheuses doivent estre laissés aux ministres

[p. 751] [scan. 823]


1
subalternes pour en soulager le maistre mais nous avons choisi cette voye
2
comme un moyen plus honeste pour obliger l’Empereur et le roy catholique
3
de l’abandonner, comm’il a esté fait autrefois par eux-mesmes en l’affaire de
4
Navarre, et qu’en effet on se conduiroit avec ledit duc comm’on a fait à l’en-
5
droit de noz roys sur le subjet de ce royaume. Nostre opinion n’a jamais esté
6
qu’on deust restablir le duc Charles dans ses Estatz, doutant mesme qu’on le
7
puisse dans une 〈…〉 estans fundez contre luy sur divers traités et sur tant
8
de puissantes raisons. Pour retenir et réunir à la couronne ce qui a esté
9
conquis sur luy par une juste guerre, nostre intention a tousjours esté non
10
d’introduire par le renvoy de ses intérestz une véritable négotiation en France,
11
mais de le remettre entièrement à la discrétion de Leurs Majestés, sans que
12
cy-après l’Empereur ny le roy catholique y pussent prendre part ny luy don-
13
ner aucune assistance, comme nous sommes bien fundez tant en vertu des
14
traités praeliminaires qu’en plusieurs autres grandes considérations de l’ex-
15
clure tout à fait de ce traité, nous avons apréhendé de sortir de nostre force et
16
d’affoyblir nostre droit en luy faisant icy quelque ouverture autre que pour un
17
entretènement.

18
Outre que cela porteroit la négotiation dans une plus grande longueur, cette
19
affaire estant seulement entamée lorsqu’on est sur le point de conclurre, nous
20
avons apréhendé que ledit duc ne se voulant pas contenter de ce qu’on luy
21
offriroit, comm’il n’y a pas apareu qu’il fasse, les Impériaux qui jusqu’icy
22
nous avoient presque donné asseurance de l’abandonner, ne s’y rendent plus
23
difficiles après nous avoir veu haesiter en cette affaire, que rien n’avoit jusqu’à
24
présent mis en bon estat que la fermeté en la résolution que nous avons fait
25
paroistre; desjà nous voyons que Contarini en ayant fait parler à la cour par
26
l’ambassadeur Nani pour obliger Trautmensdorf duquel il est intyme, et
27
ayant peut-estre aperceu quelque jour aux propositions qu’il y a fait faire,
28
comence à changer icy de langage et de révoquer en doute les parolles qu’il
29
nous a cy-devant portées de la part des Impériaux.

30
Il nous importe donc infiniment de sçavoir promptement pour 〈reigler〉
31
nostre conduite selon la volunté de Leurs Majestés si nous ne devons pas,
32
comme ce seroit mon advis, persister à exclure le duc Charles de ce traité en
33
le faisant abandonner par les Impériaux et Espagnolz qui nous ont formelle-
34
ment donné parolle de ne retarder pas la conclusion de la paix pour ses inté-
35
r〈êtz〉, et si on n’entend pas que l’expédient dont il est parlé dans un mé-
36
moire dressé sur ce subjet du ***

42
Gemeint ist nr. 198 vom 14. Oktober 1646.
et dans les observations du 19 du mois
37
passé

43
Nr. 210.
soit seulement proposé en cas qu’il y eust impossibilité d’obtenir da-
38
vantage et de faire mieux, nous avons estimé que c’estoit la véritable intention
39
de Leurs Majestés, ne faisant point de doute que quand on auroit dessein en
40
effet de faire quelque chose pour le duc Charles, il ne soit plus avantageux de
41
différer la résolution jusques au temps qu’il aura esté abandonné par les enne-

[p. 752] [scan. 824]


1
mis. Outre qu’on le détachera par ce moyen d’avec eux et qu’on le rendra
2
dépendant et comme à la mercy de la France, les conditions de ce qu’on vou-
3
dra traiter avec luy en deviendront sans comparaison plus faciles. D’ailleurs
4
on pourra mieux éviter de faire préjudice aux praetentions de madame sa
5
femme, estant très important au Roi pour plusieurs raisons de ne condemner
6
ny l’un ny l’autre. Et quand on ne se voudra résoudre à acorder autre chose
7
qu’un honeste entretènement pour luy et pour madame sa femme et pour
8
monsieur son frère, on pourroit tousjours se venter d’avoir beaucoup plus fait
9
que les Espagnolz n’ont jamais voulu faire en faveur du roy de Navarre,
10
quoyqu’il y ayt très grande différence entre l’usurpation in[j]uste qu’ils ont
11
faite de ce royaume et les justes raisons que la France a de retenir la Lorraine
12
tant par le droit de la guerre qu’en exéquution des traités faits avec le duc
13
Charles ausquelz il a tousjours contrevenu, quoyqu’il se fust soubmis à la
14
perte entière de ses Estatz s’il y contrevenoit.

15
Nous sommes obligez de représenter que les députez de Hollande ayant veu
16
que les Espagnolz consentent à laisser à la France tout ce qu’elle possède,
17
s’imaginent que la paix est desjà comme résolue avec l’Espagne et en escrivent
18
souvent en ces termes à leurs supérieurs

40
Vgl. die Schreiben der ndl. Ges. in Münster an die Generalstaaten vom 3. Oktober 1646
41
(Kopie: AE , CP All. 67 fol. 33–36’; Druck einer it. ÜS: Siri VIII S. 899f.), vom 16. Oktober
42
1646 (Kopie: AE , CP All. 67 fol. 105–106; Druck einer it. ÜS: Siri VIII S. 902–904) und
43
vom 19. Oktober 1646 (Kopie: AE , CP All. 67 fol. 118–118’).
pour les presser de résouldre promp-
19
tement toutes les choses qui sont nécessaires pour la conclusion du traicté. Ilz
20
représentent par toutes leurs dépesches qu’il n’y a plus rien qui puisse retar-
21
der celuy de la France, toutes les choses essencielles estans accordées, soit
22
qu’en effect ilz ayent cette opinion, soit que pour demeurer dans les pre-
23
mières maximes de quelques-uns d’entre eulx ilz estiment que les intérestz
24
des Pays-Bas estans démeslez, ilz ne doibvent pas arester leur traicté sur les
25
difficultez qui peuvent rester sur les autres poinctz, soit que les plénipoten-
26
tiaires d’icy, qui souhaitent ardemment l’accommodement de leurs provinces
27
avec l’Espagne, veuillent industrieusement donner appréhention de la conclu-
28
sion de nostre traicté à Messieurs les Estatz pour les obliger à prendre plus
29
promptement leurs résolutions et à venir plus promptement leurs résolutions
30
et à venir plus viste dans celles que ceux-cy désirent. Cela nous fait croire que
31
peut-estre nous serons entrainez par eux et que pour ne les laisser pas aller
32
sans nous il faudra peut-estre se contenter de convenir présentement avec
33
l’Espagne des principales difficultez du traité et remettre sur certains poinctz
34
(comme celluy de Casal et de la ligue d’Italie), ce qui regarde seulement leur
35
exéquution, à un autre temps ce que néantmoins nous ne fairons qu’à l’extré-
36
mité et par contrainte.

37
La partie du Roy estoit sy bien faicte dans cette guerre, et il estoit sy malaisé
38
qu’elle n’eust tousjours esté accompagnée d’heureux succès, en cas qu’on eust
39
esté contrainct de la continuer que tout ce à quoy on doibt le plus songer en

[p. 753] [scan. 825]


1
faisant la paix, est que sy elle est violée cy-après de la part des Espagnolz, la
2
France rentre en guerre au mesme estat qu’elle y est à présent et avec les
3
mesmes alliez.

4
Pour cet effect, il fault obtenir la garentie expresse et nullement limitée de
5
Messieurs les Estatz, par laquelle ilz doivent demeurer obligez en termes ex-
6
près et sans ambiguïté à reprendre les armes conjoinctement avec le Roy
7
contre les Espagnolz en cas qu’ilz contreviennent au présent traicté de paix
8
ou de trêve, en quelque lieu et en quelque manière que ce soit, dont à cause
9
des doubtes et diverses questions qui ont esté parmy eux il importe extrême-
10
ment de se bien esclaircir avant la signature du traicté, n’y ayant pas aparence
11
de raison que la France leur doive donner toute son assistence et tout son
12
amitié et qu’elle se doibve contenter d’une partie de la leur.

13
Je vous suplie de dire à Son Eminence que sy on ne faict bien explicquer
14
Messieurs les Estatz sur cette obligation pour la garentie de tout le traicté
15
ou qu’on désire de les en presser jusqu’à ce qu’ilz ayent achevé toutes leurs
16
affaires, nous n’en aurons jamais l’effect, dans lequel néantmoins doibt con-
17
sister la principale et presque unique seureté de nostre traicté, la pluspart
18
de Messieurs les Estatz ayant une intention secrette de nous tenir bien liés
19
s’ilz peuvent dans tous leurs intérestz, mais de conserver quelque prétexte de
20
n’estre engagez dans les nostres qu’autant qu’il leur plaira.

21
Cela est sy juste et ilz ont tant besoin (aujourd’huy qu’ilz font la paix) de la
22
garentie de la France pour asse[z] bien asseurer ce que l’Espagne leur accorde
23
qu’on leur peult déclarer nettement qu’on n’entend pas demeurer obligez en-
24
vers eux pour tout ce qui les touche, s’ilz entendoient n’estre obligez envers la
25
France que pour une partie de ses intérestz.

26
Il me semble que pour introduire adroictement cette négotiation, sans qu’il
27
paroisse ouvertement que nous vouloir[!] révocquer en doubte ce qui est por-
28
té par les traictez d’alliance, on leur pourroit proposer le neuvième article
29
dont ilz nous ont cy-devant parlé non pas comme une chose nouvelle, mais
30
comme respondant à l’instance qu’ilz nous en ont cy-devant faicte, sur la-
31
quelle nous avons seulement différé de leur donner nostre résolution jusqu’à
32
ce que les principales difficultez du traicté général fussent vuidées. Ilz ne
33
pourront pas refuser avec raison une chose qu’ilz ont sy souvent demandée.
34
Ilz ne peuvent pas nous objetter aussy que nous l’ayons absolument refusée,
35
comme en effect nous n’avons jamais faict que la renvoyer jusqu’à la fin du
36
traicté, et quand nous y avons faict deffaut, ç’a esté seulement en leur repré-
37
sentant les obstacles qu’ilz avoient eux-mesmes aportez à leur intention par
38
certaines conventions qu’ilz avoient faictes avec les Espagnolz; d’ailleurs c’es-
39
toit eux qui préféroient volontairement pour la commodité de leur Estat la
40
trêve à la paix, au lieu que nous sommes forcés pour leur complaire et pour
41
avancer le traicté de condescendre à une trêve pour la Catalogne qui ne nous
42
est pas sy avantageuse qu’eust esté de comprendre cette principauté dans la

[p. 754] [scan. 826]


1
paix. Oultre cela on s’est tousjours laissé entendre qu’on ne refuseroit pas ce
2
neuvième article, pourveu qu’il ne nous ostast pas la liberté de faire la paix, et
3
puis, on leur a tousjours respondu qu’en tout cas la France s’obligeroit envers
4
eux, s’ilz estoient attacquez par l’Espagne après leur trêve finie, à une assis-
5
tance d’hommes, d’argent et d’autres choses sy considérable qu’elle ne leur
6
seroit pas beaucoup moins utile qu’une nouvelle rupture avec l’Espagne.

7
Par toutes ces raisons, nous avons droict de demander aujourd’huy à Mes-
8
sieurs les Estatz s’ilz font la paix que ce neuvième article soit accordé en nos-
9
tre faveur en cas que les Espagnolz à la fin de la trêve qui sera faicte pour la
10
Cathalogne, refusent de la renouveller aux mesmes conditions qu’elle sera
11
présentement accordée.

12
Sy en faisant vivement cette instance, on peult obtenir ledit article, il sera très
13
utile pour affirmer tousjours davantage l’union de Messieurs les Estatz avec la
14
France et tenir par ce moyen en devoir les Espagnolz, qui ne se porteront pas
15
sytost à entreprendre des nouveautez ny en Catalogne ny ailleurs quand ilz
16
verront cette estroitte liaison entre la France et les Provinces-Unies. Cette
17
considération servira mesmes beaucoup à nous faire proposer par les Espa-
18
gnols des conditions plus avantageuse en cas que pour ravoir la Cathalogne
19
ilz voulussent cy-après venir à quelque eschange.

20
Ce poinct est de très grande importance et nous est très nécessaire, non pas
21
tant pour obtenir en effect ledit neuvième article comme pour nous asseurer
22
de l’intention de Messieurs les Estatz pour la garentie de la trêve de Catalogne
23
pendant le temps qu’elle durera, y ayant apparence que pour s’exempter de
24
rompre leur paix et rentrer en guerre après que ladite trêve sera finie, ilz of-
25
friront eux-mesmes de la garentir pour le temps qu’elle doit durer, qui est le
26
principal but que nous avons. Oultre cela sy nous ne pouvons pas tout à faict
27
obtenir qu’ilz rompent leur paix après la trêve de Catalogne finie, sy l’Espa-
28
gne refuse de la continuer, nous pourrons peult-estre obtenir deux choses très
29
raisonnables (qui peuvent estre nostre seconde visée), l’une qu’ilz promettent
30
à la France de luy donner en ce cas une assistance considérable d’hommes et
31
de vaisseaux, entretenuz à leurs despens au service du Roy jusqu’à ce que
32
l’Espagne se dispose à renouveller la trêve ou à faire la paix, l’autre qu’ilz
33
s’obligent, tandis que les hostilitez dureront entre la France et l’Espagne, de
34
ne donner directement ny indirectement aulcune assistance quelle qu’elle soit
35
au roy catholique et de ne permettre point, soubz quelque prétexte que ce
36
soit, que leurs subjetz, soldatz, matelotz ou autres luy rendent aulcune sorte
37
de service. En chef, en cas que nous soyons contrainctz de venir aux deux
38
dernières conditions, nous pouvons bien faire valoir à Messieurs les Estatz le
39
tempérament que nous apportons en cela pour nous accommoder à leur hu-
40
meur, puisque estans obligez sans contredict de garentir nostre paix et ne
41
pouvant ariver de rupture entre les deux couronnes pour raison de la Catalo-
42
gne qu’elles ne rentrent aussy en guerre partout ailleurs, Messieurs les Estatz
43
ne peuvent pas sans manquer directement aux traictez d’alliance, refuser de
44
reprendre les armes en ce temps-là contre les Espagnolz.

[p. 755] [scan. 827]


1
C’est une des principales raisons qui m’a tousjours faict croire que Messieurs
2
les Estatz par la ligue qu’ilz vouldroient faire entre la France, l’Espagne et
3
eulx pour maintenir les Pays-Bas en l’estat où ilz seront laissez par le présent
4
traicté, ont intention entre autres choses de se tirer de tous les autres engage-
5
mens hors ceux qui regardent les Pays-Bas, parce que sy nous avions consenty
6
à cette ligue, et qu’après il arivast quelque rupture entre les deux couronnes
7
ou en Italie ou en Espagne, et peult-estre mesme pour raison de la Lorraine,
8
ilz respondroient quand nous les vouldrions presser de rentrer en guerre
9
qu’ilz n’auroient point de moyen de le faire, n’ayant rien dans le voysinage du
10
roy catholique et ayant les mains liées par la ligue pour tout ce qui regarde ses
11
Estatz des Pays-Bas. Ilz nous ont souvent allégué cette mesme response pour
12
s’excuser de n’avoir pas rompu avec l’Empereur lorsqu’il attacqua la France et
13
de ne le pouvoir pas faire présentement à cause, disent-ilz, qu’il n’a point
14
d’Estatz ny de places en propre dans leur voysinage qu’ilz puissent attacquer,
15
et qu’il fauldroit qu’ilz traversassent quantité de pays neutres et amis pour
16
l’aller chercher dans ses Estatz héréditaires, ce qui leur est impossible, et cela
17
nous faict croire qu’ilz ne manqueroient pas de se servir de la mesme excuse à
18
l’esgard de l’Espagne.

19
C’est pourquoy, en cas qu’on jugeast se devoir réduire au tempérament cy-
20
dessus proposé de se contenter de l’assistance de Messieurs les Estatz et de la
21
promesse de n’assister point les Espagnolz en la guerre de Catalogne, il faul-
22
droit y adjouster cette condition expresse que cela s’entendroit seulement en
23
cas qu’on ne vînt point en rupture partout ailleurs, mais qu’au cas que la
24
rupture se fist aussy aux Pays-Bas et en Italie, ilz seroient obligez de rentrer
25
en guerre conjoinctement avec la France contre l’Espagne suivant ce qui est
26
porté par les traictez, et je souhaitterois qu’en telle occasion le choix de faire
27
la rupture partout ailleurs ou de ne la faire pas dépendist absolument du Roy,
28
et non pas qu’on se liast par un traicté de ligue de ne vouloir jamais faire
29
aulcune hostilité dans les Pays-Bas qui est le lieu le plus commode à la France
30
pour faire la guerre, et où elle peult avec plus de facilité faire de grandz
31
progrès.

32
En chef, il y a un autre point qui selon mon foible sentiment n’est pas moins
33
important et qui est une suite de l’exelente pensée que Son Eminence a eue
34
sur les affaires d’Italie, laquelle nous a dessillé les yeux et ouvert l’esprit en
35
cette matière, c’est que par les traictez particuliers qui doibvent estre faictz de
36
nostre part avec les maisons de Savoye et de Mantoue nous les devons obliger
37
en termes bien exprès non seulement de se déclarer contre l’Espagne et de
38
joindre leurs forces à celles du Roy, en cas qu’elle contrevienne cy-après en
39
quelque lieu et soubz quelque prétexte que ce soit aux conditions de la paix
40
ou de la trêve accordées par le présent traicté, mais en ce cas de remettre entre
41
les mains du Roy Casal et les principalles places de Piedmont qu’on leur
42
doibt aujourd’huy rendre, à sçavoir la citadelle de Turin

43
Die Zitadelle von Turin befand sich seit 1639 in frz. Hand ( Bazin III S. 21f.).
, Chivas, Verrue et

[p. 756] [scan. 828]


1
Trin

43
Trino, Festung im Montferrat, war seit 1643 frz. besetzt ( Quazza, Storia S. 198).
, pour y demeurer en la mesme forme qu’elles y sont aujourd’huy, jus-
2
qu’à ce que les nouveautez et contraventions faictes par les Espagnolz soient
3
entièrement réparées et que toutes choses ayent esté restablies et remises en
4
l’estat qu’elles doibvent estre par le présent traicté.

5
Cela paroistra un peu rigoureux à l’esgard desdites maisons de Savoye et de
6
Mantoue, mais il semble que la France, ayant garenty en divers temps les
7
Estatz de l’une et de l’autre de l’invasion des Espagnolz, et ayant tant faict de
8
despenses pour reprendre les places qu’ilz avoient occupées et pour conserver
9
celles qu’ilz ont sy aouvent voulu attacquer, puisqu’elle donne sy libéralle-
10
ment pour le bien de la paix tant de millions et d’hommes qu’elle a consom-
11
mez pour ce subjet, et qu’aujourd’huy elle restitue sy volontairement tout ce
12
qu’elle tient, qui luy peult beaucoup servir dans la continuation de la guerre
13
pour incommoder son ennemy, le moins qu’on puisse faire en sa faveur est de
14
promettre que lesdites places qu’elle rendra présentement seront cy-après re-
15
mises en son pouvoir, en l’estat et aux conditions qu’elles y sont aujourd’huy,
16
en cas que la paix ou la trêve pour lesquelles seules l’on faict toutes lesdites
17
restitutions, soient violées cy-après par les Espagnolz.

18
L’intention de Sa Majesté estant ou de faire un traité ferme et durable, par
19
lequel elle asseure bien tous les avantages qu’ell’y reçoit, ou que toutes choses
20
reviennent au mesme estat où elles sont à présent à fonds de quoy la paix ne
21
seroit qu’un piège qu’on auroit tendu à la France pour avoir moyen de reco-
22
mencer cy-après la guer[r]e contre elle, lorsqu’elle se seroit mise par la resti-
23
tution de tout ce quie [!] est entre ses mains dans une posture sans comparai-
24
son plus désavantageuse qu’elle n’est aujourd’huy.

25
Cette condition est d’aultant plus raisonnable qu’elle ne peult jamais avoir
26
d’effect qu’en cas que les Espagnolz recommencent eux-mesmes la guerre, et
27
que sçachant eux-mesmes cette obligation, la crainte qu’ilz auront en contre-
28
venant au présent traicté de faire retumber tant de places entre les mains du
29
Roy les empeschera certainement de former le dessein, et les fera demeurer de
30
bonne foy dans l’observation de ce qui sera maintenant accordé. Cette consi-
31
dération est avantageuse tant pour bien asseurer le repos général de l’Italie
32
que pour celuy des maisons de Savoye et de Mantoue en particulier.

33
Il faut encor considérer qu’en effect on ne convient à présent que d’une trêve
34
de trente ans entre les deux couronnes, car encor qu’on fasse la paix partout
35
ailleurs qu’en Cataloigne, cela ne doit avoir effet que pour les renunciations
36
qui y sont stipulées, car pour ce qui regarde les hostilitez, il est certain que
37
toutes les fois qu’elles recomenceront en Cataloigne, soit pendant la trêve ou
38
après qu’elle sera finie, elles recomenceront aussy partout ailleurs. C’est pour-
39
quoy on pourroit avec quelque sorte de raison prétendre de la part de la
40
France de demeurer en possession de tout ce qu’elle tient dans l’Italie pendant
41
la durée de la trêve comme c’est l’ordinaire, mais d’autant que par les traitez
42
faitz avec la maison de Savoye on luy doit rendre ses places si on fait une

[p. 757] [scan. 829]


1
trêve plus longue que d’une année, on y veut bien satisfaire tant pour obliger
2
ladite maison que pour avancer le repos public, dont la crestienté a tant de
3
besoin, mais il ne seroit pas juste que cette bonne volunté de la France tour-
4
nast à son praejudice par la mauvaise foy de ceux qui voudroient troubler ce
5
repos, et par conséquent s’il arrive quelque contravention de la part des enne-
6
mis, il est très raisonable que toutes choses soient remises en l’estat qu’elles
7
sont aujourd’huy, puisqu’on ne les change qu’en faveur de la paix qui ne du-
8
reroit plus.

9
Mon advis seroit aussy qu’on ne se contestat pas que les princes d’Italie s’obli-
10
gent en cas que la paix ou la trêve soit rompue par les Espagnolz en Catalo-
11
gne ou aux Pays-Bas, de ne se mesler point de la guerre que cette rupture
12
causera dans l’Italie qui seroit proprement y demeurer en neutralité, car oul-
13
tre que nous nous osterions le moyen d’en avoir quelques-uns de nostre parti,
14
que l’espérance de prendre part et de proffiter à nostre progrès y pourroit
15
attirer, il semble qu’on peult raisonnablement prétendre quelque chose de
16
plus et les engager non pas à venir faire la guerre hors de leur pays au roy
17
d’Espagne dans les lieux où il auroit rompu la paix ou la trêve, mais de se
18
joindre à nous pour la luy faire dans l’Italie comme par une diversion néces-
19
saire pour le forcer à cesser les hostilitez qu’il auroit commencées ailleurs, et à
20
réparer les contraventions qu’il auroit faictes à la paix. Je ne voy pas qu’ilz
21
puissent refuser avec raison cette condition si on leur fait bien cognoistre
22
qu’ell’est absoluement nécessaire pour establir le repoz public dans lequel le
23
leur particulier est enclos.

24
En chef, pour conclusion, je croy que sy nous faisons nos affaires en gros et
25
toutes à la fois, nous y treuverons nostre compte, mais sy nous les faisons en
26
détail, nous y recevrons du préjudice, et pour m’explicquer mieux, la garentie
27
de Messieurs les Estatz pour la seureté des seulz Pays-Bas ne nous est pas
28
advantageuse, non plus que celle des princes d’Italie réduicte aux seulz inté-
29
restz de cette province, mais l’une et l’autre joinctes ensemble, s’il se peut, et
30
ayant rapport à tout ce qui sera contenu dans le traicté, nous feront posséder
31
avec une entière seureté les advantages qu’il nous doibt acquérir. Je croy donc
32
que ce qu’il y a de plus pressé pour la seureté de la paix est qu’en mesme
33
temps qu’on nous ordonnera de nous bien asseurer de l’intention de Mes-
34
sieurs les Estatz pour la garentie de tout le traicté, soit par l’expédient cy-
35
dessus proposé ou par quelque autre, soit qu’il en faille traicter icy ou à La
36
Haye, on envoye en dilligence quelque personne intelligente à Turin et à
37
Mantoue pour faire avec les deux princesses qui y gouvernent les traictez par-
38
ticuliers qui sont nécessaires pour la seureté du général, et dont il fauldroit
39
nécessairement estre d’accord avec elles, avant que celuy-cy fust conclud, sy
40
toutefois on a loysir d’en différer la conclusion et qu’on ne soit pas trop pres-
41
sé par des alliez qui désirent avec tant d’impatience et de précipitation le re-
42
pos, lesquelz il seroit aussy très périlleux de laisser avancer sans nous.

43
Mais en cas que Messieurs les Estatz nous pressent comme leur conduicte
44
nous donne subjet de le craindre, j’estime que nous devons nous contenter

[p. 758] [scan. 830]


1
présentement que l’article qui a esté minuté pour la seureté de Casal

40
Beilage zu nr. 234.
soit
2
passé dans le traicté que nous signerons en la forme que vous le verrez, et que
3
nous devons estre bien aises qu’il se rencontre des longueurs et des difficultez
4
qui empeschent de convenir maintenant de la ligue d’Italie, affin que nous
5
ayons ce prétexte de sursceoir pour six mois ou un an et mesme pour plus
6
longtemps non seulement ce qui aura esté convenu pour Casal, mais la resti-
7
tution entière des places qui doivent estre rendues de part et d’autre. Ce n’est
8
pas que je propose ce délay avec aucune intention qu’on doive manquer à ce
9
qui aura esté promis, mais pour avoir assez de temps pour prendre noz pré-
10
cautions et faire noz traictez particuliers avec madame la duchesse de Savoye
11
et madame la duchesse de Mantoue et pour avoir loysir de leur faire compren-
12
dre raison en leur représentant que sans cela il n’y aura point de paix, et
13
qu’elles ne doivent pas espérer de rentrer dans les places que nous tenons,
14
puisque sans les précautions que nous demandons avant que les pouvoir ren-
15
dre et que nous avons très grand intérest d’y apporter, nous courrions fortune
16
en les rendant de ne faire aultre chose que de fournir aux Espagnolz le moyen
17
de s’en servir contre nous dans quelque temps, ce que lesdites princesses ne
18
doivent pas treuver mauvais qu’on veuille prévenir.

19
La mesme personne qui seroit envoyée vers lesdites princesses pourroit traic-
20
ter un double mariage entre ces deux maisons, à sçavoir de monsieur de Sa-
21
voye avec la princesse de Mantoue et du duc de Mantoue avec une des prin-
22
cesses de Savoye

41
Keine dieser Heiratsverbindungen kam zustande. Von den drei Schwestern Karl Emanuels II.
42
waren zwei zu diesem Zeitpunkt unvermählt: Margarete (1635–1663) und Adelheid
43
(1636–1676) ( Stammtafeln II T. 113).
. Cette nouvelle alliance, sy on y pouvoit porter l’esprit de
23
ces deux princesses en leur en parlant avec un peu d’authorité et leur remons-
24
trant la nécessité qu’il y a de s’y résoudre de part et d’autre pour prévenir
25
plusieurs inconvéniens et guérir diverses meffiances, pourroit donner moyen
26
d’assoupir divers différens qui restent encor entre ces deux maisons, en exécu-
27
tant et affermissant le traicté qui a esté faict à Quérasque, et remédieroit à
28
l’apréhension que nous devons avoir que la princesse de Mantoue

44
Gemeint ist hier die Hg.in Maria Gonzaga.
qui n’a
29
qu’une seule fille venant à se marier dans quelque maison dépendante de l’Es-
30
pagne, le Monferrat ne tumbe par ce moyen en la disposition du roy catholi-
31
que en cas que ledit sieur duc de Mantoue vînt à mourir. Les ministres de
32
Mantoue demeurent un peu picquez de ce qu’on n’a voulu aporter aucun
33
changement au traité de Quérasque et que nous leur avons franchement dé-
34
claré qu’ilz ne devoient pas s’y attendre, n’estant pas possible que la France
35
fasse perdre à la maison de Savoye, tandis qu’ell’est alliée avec le Roy, 〈les〉
36
avantages qu’on a esté contraint de luy acorder lorsqu’ell’estoit unie avec les
37
ennemies et qu’ilz luy ont eux-mesmes procurés, la bienséance ny la raison ne
38
permettant pas que pour obliger les Impériaux et Espagnolz ny pour quel-
39
qu’autre considération que ce soit, on répare au préjudice de la maison de

[p. 759] [scan. 831]


1
Savoye celluy que l’Empereur et le roy catholique ont fait autrefois à la mai-
2
son de Mantoue. Enfin nous leur avons fait comprendre que pour réstablir
3
feu monsieur le duc de Mantoue

38
Karl I. Gonzaga (1580–1637), 1595 duc de Nevers, 1630 Hg. von Mantua (DBI XX
39
S. 272–282; Stammtafeln II T. 130).
, ayeul de celluy-cy, dans ses Estatz et pour
4
le remettre dans ses deux villes capitales, dont l’une estoit réduite aux abois
5
par les armées d’Espagne

40
Casale, die Hauptstadt des bei Mantua befindlichen Hgt.s Montferrat, war 1630 von den
41
Spaniern belagert worden ( Bazin II S. 186–195; Zedler V Sp. 1204f.).
et l’autre avoit esté surprise par celle de l’Empe-
6
reur

42
Mantua war am 18. Juli 1630 von ksl. Truppen eingenommen und geplündert worden
43
( Quazza II S. 124–128).
, il fallust à Quérasque passer beaucoup de choses dont on ne pust pas
7
alors se deffendre et qu’on ne peut pas aujourd’huy changer, mais on peut
8
mettre en considération aux ministres et à madame la duchesse de Mantoue
9
que si on vouloit suivre l’exemple du roy catholique et de plusieurs autres
10
princes qui possèdent des places importantes et des Estatz très considérables
11
où ilz n’ont eu autre droit au comencement que les dépenses qu’ilz ont faites
12
pour les deffendre et les sommes qu’ilz ont prestées ou avancées pour cela aux
13
propriétaires qu’〈en〉 entier ilz en ont dépouillez, Leurs Majestés ne man-
14
queroient pas de raison pour demander la restitution des frais incroyables
15
qu’elles ont faits pour conserver Casal et pour deffendre le Montferat qu’es-
16
tans aussy obligez de payer cinc centz mille escuz à monsieur le duc de Man-
17
toue à l’occasion de la maison de Savoye, elles légitimement praetendent de
18
faire compensation de cette somme avec tant d’autres qui ont esté avancées
19
pour ledit sieur duc en divers temps du costez du Roy qu’au lieu d’avoir cette
20
prétention. Elles sont portées non seulement de faire don libéralement audit
21
sieur duc de toutes leurs avances et fournitures qu’elles ont fait pour luy et de
22
luy payer ladite somme de cinc centz mille escus,

37
22 mais] am Rand Stichpunkte zum Inhalt des Memorandums.
mais qu’outre cela elles
23
veullent de bon cœur se charger du payement de la plus grande partie de la
24
garnison de Cassal et imposer pour longtemps cette nouvelle charge à la
25
France pour soulager d’autant les finances dudit sieur duc, luy donner moyen
26
de les restablir et le dédomager en quelque sorte aux dépens du royaume de la
27
diminution qu’a aportée dans ses revenus le démembrement qui a esté fait au
28
Montferat pour le traité de Quérasque, qui n’esgale pas la somme que le Roy
29
est obligé de fournir pour l’entretènement de ladite garnison, que tout cela
30
méritera tousjours devant les personnes désintéressées plustôt des remerci-
31
mentz et des sentimens de gratitude que du mescontentement ny des plaintes
32
de la part dudit sieur duc, et que par conséquent il ne doit pas refuser ce que
33
Sa Majesté a intérest de luy demander pour la seureté de la paix, sans laquelle
34
il ne sçauroit jouir paisiblement de ses Estatz et courroit fortune de les voir
35
tumber entre les mains de ceux qui ne luy en fairont pas si facilement 〈…〉
36
si libéralement la restitution que veut faire aujourd’huy la France, pourveu

[p. 760] [scan. 832]


1
qu’elle soit seurement asseurée que jamais ses ennemis ne s’en pourront pré-
2
valoir contre elle.

3
Les[!] ministre du Grand-Duc, ayant apris de Monsieur le Nunce que nous
4
avons intention d’obliger par la ligue les princes d’Italie de garentir tous les
5
pointz du traité qui sera présentement fait, m’en est venu parler fort scanda-
6
lisé, croyant que lesdits princes ne voudront pas s’obliger si avant ny s’inté-
7
resser dans les guerres qui pourroient ariver entre les deux couronnes dans
8
l’Espagne ny aux Pays-Bas. Je luy ay dit amplement et fait comprendre noz
9
raisons en sorte que quand il est party d’auprès de moy, il m’a avoué et dit
10
plusieurs fois que nous avons raison de pra[e]tendre ce que nous demandons,
11
quoyque je luy aye souvent répété que nous entendions que les princes d’Ita-
12
lie se déclarassent contre l’Espagne pour luy faire la guerre conjointement
13
avec nous dans l’Italie, en cas que le roy catholique començast la guerre ail-
14
leurs contre nous, qu’à la vérité en ce cas nous n’entendions pas que les prin-
15
ces d’Italie fussent obligez de porter leurs armes hors de leur pays, quoyque la
16
guerre y eust esté comencée, mais d’autant qu’elle ne pourroit estre faite en un
17
lieu sans causer une rupture ouverte et générale entre les deux couronnes
18
qu’ilz ne pourroient pas refuser de se déclarer contre celle qui auroit la pre-
19
mière violé le traité de paix ou de trêve, pourveu qu’ilz ne fussent pas obligez
20
d’envoyer leurs forces au loin, mais seulement de les employer dans leur voy-
21
sinage contre l’agresseur, parce que cette seule obligation seroit capable d’em-
22
pescher l’un ou l’autre des deux roys de contrevenir le premier au présent
23
traité de crainte d’avoir tous les princes d’Italie contre luy.

24
Sy monsieur d’Avaux a proposé cy-devant de donner l’Alsace au duc Charles,
25
je vous puis asseurer qu’il n’a pas ozé soustenir son opinion contre monsieur
26
de Longueville et contre moy. Vous verrez par la dépesche commune

42
Nr. 236.
que
27
nous luy avons faict chanter la palinodie comme il fault, mais je crains bien
28
que comme il s’est mis dans l’esprit depuis quelque temps qu’on ne peut pas
29
retenir en conscience le bien du duc de Lorraine, et qu’il veult faire l’homme
30
de bien aux despens de l’Estat, qu’il ne se soit explicqué de ses sentimens à
31
Contarini, et en quelqu’autre endroit dont nous recevons maintenant très
32
grand préjudice comme nous fismes l’autre jour de sa conversation secrette
33
avec Trautmansdorff dont je vous envoyay la copie

43
[Fehlende] Beilage zu nr. 142; vgl. S. XIIIff.
.

34
Je suis obligé d’admettre à Son Eminence que cette affaire de Lorraine empire
35
tous les jours au lieu de s’avancer et que les médiateurs, ayans relevé depuis
36
peu leurs espérances sur ce subjet peult-estre dans le jour qu’ilz ont veu aux
37
discours particuliers de quelqu’un de nous ou du costé de la cour d’obtenir
38
pour le duc Charles des choses que nous leur avions jusqu’icy faict croire
39
impossibles, changèrent hyer de langage avec nous et non seulement ne nous
40
voulurent pas confirmer les parolles qu’ilz nous avoient cy-devant données
41
que cette difficulté n’empescheroit pas la paix, et que l’Empereur ne refuse-

[p. 761] [scan. 833]


1
roit pas de promettre, quand on seroit à la conclusion du traicté, qu’il n’assis-
2
teroit point le duc Charles, mais ilz voulurent entrer en de nouvelles condi-
3
tions et de nouveaux traictés sur ce subjet avec nous, dont nous fusmes
4
contrainctz de leur faire de grandes plaintes et de nous piquer. La crainte d’un
5
semblable procédé m’a tousjours faict croire qu’il estoit périlleux de traicter
6
icy de cette affaire, de laquelle il est beaucoup plus aisé de sortir en soustenant
7
tousjours qu’elle n’est point de ce traicté que de l’y laisser entamer le moins
8
du monde comme nous avons fait en l’affaire d’Espagne, dont nous ne fus-
9
sions jamais sortis si promptement et si heureusement que nous avons fait si
10
nous eussions offert la moindre restitution.

11
Oultre les raisons qui ont esté sy souvent escriptes et celles que nous avons
12
répétées aujourd’huy dans nostre dépesche commune sur les intérests de Lor-
13
raine, il seroit très dangereux de laisser prendre part aux estatz de l’Empire
14
dans ce différend et très malaisé s’ilz l’y avoient une fois prise de les en faire
15
retirer ny peult-estre de les faire aprouver les conditions que nous vouldrions.
16
Il est bien plus facile pour eux et peut-estre aussy plus honorable de s’en laver
17
tout à fait les mains comme d’une affaire entièrement séparée de celles de
18
l’Allemagne que d’y entrer pour n’obtenir que des expédientz telz que nous
19
les pouvons accorder. Je demande pardon à Son Eminence sy je me rends
20
importun sur un poinct sy important et qui doibt affermir ou laisser en péril
21
toutes les autres conquestes du Roy, car oultre que les princes de cette maison
22
s’ilz sont jamais restabliz dans leurs anciens Estatz ne perdront point d’occa-
23
sion de troubler la France dans sa nouvelle acquisition de l’Alsace et des trois
24
éveschez pour peu qu’ilz en voyent la conjuncture favorable, et qu’ilz se ren-
25
dront tousjours facilement les instrumens de toutes les nouveautez que la
26
maison d’Austriche vouldra exciter de ce costé-là, il seroit très fascheux
27
qu’ayant peu exclure entièrement le duc Charles de ce traité et le mettre à la
28
discrétion du Roy sur tout ce qu’il peut pra[e]tendre par le différant jusqu’à ce
29
qu’il ayt esté abandonné par les Impériaux et les Espagnolz, nous l’allions
30
aujourd’huy restablir pour l’amour d’eux dans un pays duquel il se servira un
31
jour pour nous faire du mal, et ainsi ce que nous avions pensé faire pour
32
faciliter la paix et l’affermir, servira de moyen pour la rompre, parce que
33
〈…〉 qu’il arrivera la moindre difficulté sur ce que nous avons promis au
34
duc Charles, qu’il interprétera à ses périls quand il voudra troubler, l’Empe-
35
reur et le roy d’Espagne que nous y aurons intéressez en traitent l’affaire de
36
Lorraine avec eux, seront obligez d’y prendre part et de l’assister.

37
Il est certain que sy le roy d’Espagne avoit cy-après dessein de faire quelque
38
eschange avec le Roy du Luxembourg et de la Franche-Comté pour raveoir la
39
Cathalogne, il en seroit puissamment destourné par les ducz de Lorraine, s’ilz
40
estoient restablis dans une partie de leur Estat, et mesmes tiendroit à plus haut
41
prix lesdites provinces de Luxembourg et de Bourgogne, quand il y auroit un
42
prince au millieu qui luy seroit favorable, comme il ne pourroit jamais man-
43
quer d’estre après avoir esté restably par la protection de la maison d’Aus-
44
triche.

[p. 762] [scan. 834]


1
Je ne vous ay pas cy-devant escript sans beaucoup de raison qu’il falloit bien
2
prendre garde aux résolutions que l’on prendroit touchant le commerce de
3
Donkerque pour ne s’engager point à ce que pourroient prétendre les Hollan-
4
dois sur ce subjet. J’estime qu’on doibt tenir en suspens ce qu’on vouldra faire
5
pour cette ville jusqu’après la conclusion de la paix, et différer soubz ce pré-
6
texte jusques-là les responses qu’on donnera aux propositions qui pourroient
7
estre faictes de divers endroictz, car comme il seroit nuysible de s’assubjetir à
8
la mesme chose qui avoit esté accordée par les Espagnolz touchant le com-
9
merce de Donkerque, c’est-à-dire s’obliger d’y establir les mesmes imposi-
10
tions qui sont sur la rivière de l’Escaut, ce qui ruyneroit entièrement Donker-
11
que et feroit passer tout le commerce des Pays-Bas par la Zélande, aussy se-
12
roit-il périlleux de faire maintenant cognoistre le dessein qu’on a d’affranchir
13
ou descharger les marchandises qui entreront par Donkerque dans les Pays-
14
Bas, de crainte que les Hollandois qui sont sensibles sur le commerce plus
15
que sur toute autre chose n’en fassent des plaintes, que pour y remédier ilz
16
n’exigent par le traicté quelque précaution de nous qui nous seroit préjudi-
17
ciable. Vous verrez par ce qui ensuit que la gasette de Cologne du dernier
18
d’octobre

35
Mittwoch, 31. Oktober 1646. Das Zitat stammt wahrscheinlich aus der Ordinari Relationis
36
historicae hebdomadaria Continuatio, die seit 1639 in Köln unter wechselndem Titel mitt-
37
wochs
und freitags erschien und nur in Einzelexemplaren erhalten ist ( Blunck ). In Köln
38
erschienen darüber hinaus die Ordinari Wochentliche Dinstags Postzeit(t)ungen bzw. die
39
Extraordinari Freytags Postzeit(t)ungen bei Arnold Kempen ( Bogel/ Blühm I S. 41f.).
40
Diese enthielten aber nur in Ausnahmefällen lateinische Beiträge.
en a parlé malicieusement:

19
„Rantzovius

41
Der Militär Josias Gf. Rantzau, Herr auf Bothkamp (1609–1650) war seit 1635 in frz. Dien-
42
sten. 1645 wurde er maréchal de France und nach der Eroberung Dünkirchens im Oktober
43
1646 dort frz. Gouverneur ( DBA 998, 458; Mazarin, Lettres I S. 954).
constitutus est gubernator civitatis Dunquercanae, ubi contra
20
pacta conventa Galli cives onerare incipiunt. Dicitur (de veritate non plane
21
constat), Gallos libera commercia publicasse, solutis tantum tertia assis parte
22
in singula centena; quae sont[!] initia dolorum contra Hollandos, quibus in
23
singula centana danda sunt sex vel septem, hoc modo Galli sensim commer-
24
cia ab Hollandis avocabunt et ad se allicient.“

25
Je n’ay pas bien compris ce que vous m’avez escript

44
In nr. 225.
qu’on pourroit croire
26
que j’ay des ordres secretz. Je vous puis asseurer qu’aulcune de mes parolles
27
ny de mes actions n’a jamais donné subjet de croire que Son Eminence me
28
pust donner des ordres secretz. Les autres monstrent souvent les lettres qu’ilz
29
reçoivent d’elle, mais jamais personne n’a rien veu de ce que vous m’escrivez,
30
ny mesme sceu que vous m’escriviez d’affaires. J’ay bien dict à monsieur de
31
Longueville que je vous entretenois de fois à autres de mes raisonnemens sur
32
les questions qui se présentoient, mais que c’estoit plustost par forme de
33
conversation et pour former nostre esprit de l’un et de l’autre que pour faire
34
séparément aulcune nouvelle proposition, et que je ne croyois pas que la plus-

[p. 763] [scan. 835]


1
part des choses dont nous discourons ensemble vînt à la cognoissance de Son
2
Eminence, et je suis persuadé qu’il est dans cette créance.

3
Mon but a tousjours esté de faire sçavoir par avance à Son Eminence ce qui
4
m’est venu dans la pensée sur les affaires, tant pour en repraesenter l’estat
5
véritable que pour en praevoir les inconvénientz pour y remédier à temps,
6
sans quelques fois avoir beaucoup examiné ce que j’ay mandé pour le laisser
7
seulement à la censure de Son Eminence. J’ay estimé ou que nous en rece-
8
vrons les ordres avant qu’il en eust esté parlé de deça ou que du moins sy nous
9
estions pressez d’en escripre[!] ensemble, il se treuveroit que les résolutions et
10
les ordres auroient esté envoyez avant qu’avoir receu ce que nous en escri-
11
vions en commun et qu’on pourroit tousjours répondre: C’est une affaire
12
faite. A la vérité, quand nous avons esté pressez et qu’il a fallu nécessairement
13
agiter les quaestions dont j’avois escrit, je n’ay pas peu éviter d’en dire mon
14
advis conforme à ce que j’avois mandé. Si Son Eminence a agréable de me
15
faire sçavoir par vous comm’il faut que j’en use, je fairay punctuellement ce
16
qui me sera ordonné.

17
D’Avaux ist mit dem Wunsch nach besserem Einvernehmen an mich herangetre-
18
ten
. Wir hatten daraufhin zwei klärende Gespräche. Er ist der Ansicht, daß einige
19
am Hof uns beiden nicht wohlgesonnen sind. – Longueville erhofft sich die
20
Charge eines colonel général des Suisses et Grisons . Es wäre gefährlich, ihn
21
erneut zu übergehen

37
Longueville hatte sich vergeblich beim Tode Brézés um das Amt eines surintendant général de
38
la navigation et du commerce bemüht (vgl. nr. 37).
, doch weiß ich nicht, ob er der richtige Mann für dieses
22
Amt ist.

23
L’agent du Grand-Duc mande que son maistre estoit satisfait de l’offre que
24
nous luy avons faite et qu’il apreuve extrêmement l’expédient que nous avons
25
proposé pour le dégager de son obligation envers les Espagnolz en mettant
26
dans la ligue qui sera présentement faite une clause dérogatoire à tous les
27
traitez praecédentz dont l’effect pourroit estre contraire à celluy de ladite
28
ligue.

29
Il m’a dit aussi qu’il y a mauvaise intelligence entre l’Empereur et l’Archiduc
30
son frère

39
Leopold Wilhelm (vgl. [nr. 23 Anm. 18] ).
et qu’ilz ont donné et réitéré des ordres contraires à Montecuc-
31
coli

40
Raimondo Reichsgf. Montecuccoli (1609–1680), später Hg. von Melfi, gebürtig aus Modena,
41
Militär und Schriftsteller, befand sich im militär. Dienst des Kaisers, mit dessen Auftrag zeit-
42
weilig auch in dem des Hg.s von Modena. Montecuccoli wurde 1644 Feldmarschalleutnant
43
und Hofkriegsrat, 1647 General der Kavallerie, 1658 Oberbefehlshaber der ksl. Armee, 1659
44
GR und 1668 Präsident des Hofkriegsrats ( Schwarz S. 309–311; Barker ; Stöller) .
et à d’autres officiers de guerre ce qui a causé le bruit qui a couru que
32
l’Empereur venoit comender son armée en personne.

33
L’argent qui a esté avancé à l’ambassadeur de Suède sur le subside a fait un
34
très bon effect; les Espagnolz jugent de là qu’on ne veut pas la paix en France,
35
puisqu’on comence de donner de l’argent aux Suédois pour la campagne pro-

[p. 764] [scan. 836]


1
chaîne. Il n’y a rien qui nous puisse tant favoriser que des démonstrations de
2
cette nature, et en effect je n’estime pas qu’il faille tant s’asseurer sur la
3
conclusion de la paix quoyque bien avancée, qu’on ne fasse tousjours des
4
praeparatifz de guerre, encore mesme que monsieur Salvius asseure icy que la
5
paix sera faite à la fin de cette année. Monsieur d’Avaux l’est allé voir en
6
particulier depuis 〈…〉. Je m’asseure que c’est pour pouvoir escrire quelque
7
nouvelle

40
Vgl. nr. 239.
par cet ordinaire avant qu’il nous en rende compte.

8
Je vous suplie d’advertir Son Eminence que tout le monde abboye après l’ar-
9
gent de France pour en tirer encore si l’on peut après la paix, comme si nous
10
estions les trésoriers des autres nations et comme si nous estions obligez d’a-
11
chepter l’amitié de ceux qui se doivent tenir trop heureux d’avoir la nostre.
12
Son Eminence a répondu sur la proposition du comte Magnus avec très
13
grande prudence affin de voir si ce que la Suède peut faire pour nous est esgal
14
à ce qu’elle praetend, sans quoy il seroit désavantageux de s’obliger de nou-
15
veau après la paix dont le principal effet doit estre de nous décharger du paye-
16
ment de tant de diverses sommes que la guerre nous contraint d’envoyer horz
17
du royaume. Ce qui sera donné aux autres parts par forme de pension ou de
18
gratification sera honorable, mais ce pourroit estre de dangereuse conséquen-
19
ce ou introduction de s’y engager par traité, n’y ayant point de praetexte ho-
20
norable que la guerre pour s’y engager autrement. Ceux qui le recevoient le
21
pourroient apeller une espèce de tribut comme fist le roy d’Angleterre du
22
temps de Louis XI.

41
Gemäß den am 29. August 1475 zwischen Kg. Ludwig XI. von Frk. und Kg. Eduard IV. von
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England in Amiens getroffenen Vereinbarungen (Druck: DuMont III,1 S. 499–505) zogen
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sich die engl. Invasionstruppen gegen eine Zahlung von 75 000 écus und eine jährliche Ver-
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pflichtung über 50 000 écus vom frz. Boden zurück.
Aussy bien seroit-il malaisé que les Suédois pussent
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conserver des gentz de guerre dans l’Allemagne après la paix, si ce n’est pour
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les garnisons de leurs places sans donner prétexte à l’Empereur d’en faire au-
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tant, d’où nous recevrions beaucoup plus de praejudice que d’avantage du
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dessein des Suédois.

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Meines Erachtens sollte die Unterstützung, die wir Portugal zukommen lassen
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wollen, in Form von Darlehen erfolgen, so wie wir es zwanzig Jahre lang in
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bezug auf die Generalstaaten praktiziert haben.

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Il sera bon à mon advis de ne s’obliger pas par traité à l’assistance de Portugal
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et de prendre des promesses du Roy et du royaume pour ce qu’on leur four-
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nira ou pour une partie. Elles serviront tousjours non pas pour en demander
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le payement, mais pour pra[e]tendre faveur et assistance de ceux de cette na-
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tion pour le commerce du midi au cas qu’on y veuille penser un jour ou pour
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quelque autre ocasion ou pour les rendre plus dépendants de la France en cas
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que les affaires de leur roy prospèrent dans la guerre, ou bien à toute extrémi-
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té pour demander aux Espagnolz la restitution de noz avances en cas qu’ilz
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fussent sur le point de se rendre maistre de ce royaume et qu’ilz n’eussent plus
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besoin pour y restablir leur domination que de faire cesser cette opposition.

[p. 765] [scan. 837]


1
Nous pourrions mesme pour mieux funder cette pra[e]tention, lorsqu’on te-
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noit les affaires de Portugal en quelque grande décadence, demander quelques
3
places dans les costez de ce royaume pour gage et seurté de noz avances. Je
4
demande pardon à Son Eminence si la passion que j’ay pour sa gloire me fait
5
parler trop librement affin que la postérité voye qu’il ne s’est rien fait pendant
6
son administration qui ne soit glorieux et avantageux pour le royaume.

7
Le marquis de Saint Maurice m’est venu voir en particulier pour me témoi-
8
gner la peyne où il est de ce que pour l’affaire de Cahours et de la Pérouse on
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s’adresse à luy qui n’a point de charge pour cela et qui n’est pas en estat
10
auprès de Madame

41
Hg.in Christine von Savoyen.
pour y faire réussir des desseins de cette nature. Il m’a
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fort pressé d’en escrire à Son Eminence en protestation qu’il est son serviteur
12
très 〈humble〉 et sa créature, mais qu’il ne pouroit se charger de cette affaire
13
sans achever de se ruyner et donner peut-estre lieu de croire qu’il en auroit
14
esté l’autheur. Il tesmoigne d’en estre en grande inquiétude, disant entre les
15
dentz que ces propositions sont bien esloignées de ce qu’il avoit espéré en
16
venant icy par la favorable protection de Son Eminence. Je luy ay répondu
17
qu’〈après〉 le bien et le service de son maistre qui consistent à estre bien avec
18
la France, il doit contribuer comme fidelle ministre à tout ce qui peut affermir
19
cette union, que les choses demandées quoyque de peu d’importance tendent
20
à cela, qu’il cognoist la mauvaise inclination du marquis de Pianesse

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Carlo Emanuele di Simiana, marchese di Pianezza (gest. 1677) war Mitglied des savoyischen
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Staatsrates und Generalstatthalter in Piemont ( Claretta II S. 342–348).
et l’hu-
21
meur changeante et violente de Madame qui n’est pas tousjours dans les sen-
22
timents de gratitude et de modération qu’elle devoit pour l’avantage de son
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filz et que c’est en effet luy rendre service que de ne luy laisser pas une entière
24
liberté de ruyner les Estatz de son filz en prenant un conseil praecipité que
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Pianesse est capable de luy donner. Icy j’ay adjousté plusieurs autres considé-
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rations qu’il a escoutées avec douceur, mais il m’a paru qu’il n’en estoit pas
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touché et que si on veut faire réussir cette affaire, il la faudra traiter ailleurs
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qu’icy.

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Les pauvres Portugais sont sy peu raisonnables qu’ilz ne comptent pour rien
30
et semblent presque s’offenser quand on veult mettre les intérestz de Lorraine
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en paralelle [!] avec les leurs. Ilz disent qu’ilz sçavent bien que le duc Charles
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n’est pas en sy grande considération auprès du roy d’Espagne que pour le
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favoriser il veuille abbandonner les prétentions sur un royaume. Ilz ne préten-
34
dent pas moins sinon que nous abbandonnions les Hollandois pour nous
35
joindre à eux, disant que ceux-là sont hérétiques et ne nous ayment point et
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que leur maistre est catholique et sera tousjours très asseuré de la France.
37
Jugez ce qu’on peult traicter avec des gens qui ont de semblables prétentions.
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Je ne laisse pas de les adoucir aultant qu’il m’est possible pour leur faire en-
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tendre raison, voyant que l’intention de la cour est de les traicter en toutes
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choses le plus favorablement qui se pourra. Aussy m’asseurai-je qu’ilz ne se

[p. 766] [scan. 838]


1
plaignent pas de moy, et tout ce que je puis pour leur accommodement avec
2
Messieurs les Estatz je l’y employe de bon cœur auprès des députez qui sont
3
icy, et continueray puisque Son Eminence me l’ordonne en toutes les occa-
4
sions où mon entremise et ma peine leur pourra estre utile.

5
Je ne vous fis point de response par ma despesche que le dernier ordinaire
6
vous a portée

38
Nr. 231.
sur l’article de vostre mémoire du 19 e du mois passé

39
Nr. 212.
qui parle
7
du mariage de Mademoiselle avec l’Empereur, lors de la conclusion du traicté.
8
Sy dans les conférences que nous pourrons avoir avec le comte de Trautmans-
9
dorff, nous recognoissons qu’il ayt disposition à se réunir avec la France, on
10
pourra jetter quelques propos de ce mariage sans nous engager à rien ny faire
11
préjudice à la dignité du Roy en cas que l’affaire ne réussist pas. C’ettoit pour
12
en avoir le subjet que je vous avois cy-devant demandé le portraict de Made-
13
moiselle en le mettant dans mes salles avec les autres que j’ay desjà de la
14
maison royalle. Je vous remercie derechef de tout mon cœur de celuy de Son
15
Eminence que vous m’avez envoyé, qui est le plus bel ornement de ma salle
16
d’audience et certainement le plus cher objet que je puisse avoir devant les
17
yeux.

18
Je vous confesse que je ne comprens bien l’intention de Son Eminence en
19
l’affaire de Lorraine et vous conjure de me la faire sçavoir affin que je m’y
20
conforme aveuglément. Monsieur d’Avaux se pique de la sçavoir et de la sui-
21
vre et je sçay bien qu’il n’y a personne au monde qui ayt tant de déférance et
22
de submission que moy pour toutes les voluntez de Son Eminence lorsqu’elles
23
me seront cognues. J’avois creu jusqu’icy qu’elle désiroit d’estre secourue
24
pour résister à ceux qui voudroient favoriser les intérestz du duc Charles dans
25
le conseil et que nous fairions plaisir à Son Eminence d’escrire fortement
26
contre toutes ses praetentions, affin qu’elle pust mieux faire valoir à Son Al-
27
tesse Royale ce qu’elle faira en sa considération contre l’advis des autres mi-
28
nistres. S’il faut agir autrement et changer de style, je vous prie de me le faire
29
sçavoir; je ne manqueray pas d’exéquuter ce qui me sera prescrit.

30
Comme on nous a apporté la despesche

40
Nr.n 234, 235 und 236.
à signer, on m’a dict que monsieur
31
d’Avaux vouloit escripre[!] à la cour son advis en particulier sur l’affaire de
32
Lorraine

41
Vgl. nr. 238.
, monsieur de Longueville et moy nous treuvons de mesme senti-
33
ment, dont j’escripray les raisons à monsieur de Brienne au premier jour.

34
Je ne sçay sy vous aurez veu une 〈réglementation〉 qui a esté présentée par
35
les Estatz de Flandre. Je vous en envoye à tous hazardz une copie.


36
Beilage


37
1 Eingabe der flandrischen Stände, Kopie [fehlt].

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