Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
J’envoye, suivant le commandement qu’il a plu à Vostre Altesse et à Vos-
tre Excellence de me faire
Die Bitte Longuevilles in ders. an Servien, Münster 1647 April 16; Ausf.: AE , CP All. 99
fol. 358–358’; Beilagen: 1) Duplikat von nr. 225; 2) Vingt premiers articles du projet du
traitté entre la France et l’Espagne comme ilz ont esté donnez à Son Altesse par Messieurs
les Médiateurs (vgl. Beilage 1 zu nr. 225), Kopie. – Ob d’Avaux eine entsprechende Bitte
gestellt hatte, ließ sich nicht ermitteln.
blement des affaires et la bonne feste ne m’ont permis de faire qu’à la
haste, sur le[s] 20 articles présentez par Messieurs les Médiateurs , sur la
response que Vostre Altesse y a faitte , et sur quelqu’uns [!] des raisonne-
mens desditz Sieurs Médiateurs contenuz au mémoire de Vostre Altesse
envoyé à la cour le 5 e avril .
Je ne puis assez luy faire de très humbles actions de grâces de la communica-
tion sincère qu’il luy plaist me donner de tout ce qui se passe à Munster.
Jusques icy je l’ay receu comme un effect de sa bonté en mon endroict,
maintenant je prendray la liberté de représenter à Vostre Altesse qu’à me-
sure qu’il y aura quelque avancement en vostre négociation avec l’Espa-
gne, et surtout quand on aura convenu de quelque article, il est absolu-
ment nécessaire d’en donner part à ces messieurs d’icy, affin qu’ilz
n’ayent pas sujet de se plaindre, estantz d’humeur à prendre les moindres
prétextes qu’on leur en donne, et mesme à en chercher quand on ne leur
en donne point.
J’envoye à Vostre Altesse et à Vostre Excellence un extrait de la relation
que Pau a faite dans l’assemblée de Messieurs les Estatz Généraux en trois
diverses audiences. On m’a asseuré qu’il a bien passé plus avant et débite
plus de malices dans celle qu’il a eue le jour précédent en l’assemblée des
estatz de Hollande, mais elle est tenue fort secrette, ledit Pau ayant eu
l’artiffice de faire obliger par serment tous ceux qui ont esté présents à
ne point révéler ce qu’ilz entendroient de luy, affin d’avoir plus de facilité
de respandre son venin sans qu’on puisse y apporter du remède. On a
sceu néantmoins que les poinctz sur lesquelz il s’est plus estendu, et a
plus exagéré nostre prétendue mauvaise foy, pour séduire les espritz, ont
esté les traittez secretz qu’il suppose faulcement que l’on fait avec l’Espa-
gne, à l’insceu de cet Estat et contre ses intérestz, et les obstacles que nous
apportons aux avantages que les Impériaux mesmes voudroient faire aux
protestants.
Je suis obligé de représenter à Vostre Altesse et à Vostre Excellence que
cette dernière plaincte nous a fait plus de préjudice que toutes les autres
dont je puis faire voir facilement la faulceté. Mais en celle-cy, on se sert
du tesmoignage des Suédois, des protestantz et des Impériaux mesmes
pour nous faire du mal, et comme ce poinct de religion est extrêmement
sensible en ce païs, |:nos meilleurs amys n’osent nous deffendre et:| sont
esbranslez de ces plaintes qu’on fait contre nous, craignans mesme qu’el-
les ne produisent un très mauvais effect |:dans toutes les provinces qui
nous ont esté jusques icy affectionnées, et qui ont tenu nostre party con-
tre la Holande:|.
Vostre Altesse et Vostre Excellence verront par le papier que je leur en-
voye qu’il ne s’agit pas seulement de la garentye, mais que la Hollande a
envye de députer par toutes les autres provinces, pour les ramener dans
son oppinion, qui est de passer outre à la conclusion de leur traitté avec
l’Espagne et que par conséquent, il est temps plus que jamais de |:user
d’une grande circonspection en la négotiation des affaires de l’Empire:|
pour n’authoriser pas les résolutions qu’on a envye de prendre contre
nous.
Je prends Dieu à tesmoing sy je ne tiendrois mon sang heureusement res-
pandu pour la conservation et avancement de nostre religion en Allemagne
et ailleurs; mais, selon mon foyble advis, la saison n’est pas propre pour
former de grandes contestations avec noz alliez sur ce sujet. |:Si le traicté
avec l’Espagne estoit plus advancé, nous pourrions faire sans peine ce que
nous ne pouvons aujourd’huy tenter sans beaucoup de péril, sans un ex-
trême préjudice et que in:|utilement, je sçay de bon lieu que |:les Suédois:|
ont dit et escrit à leurs confidens qu’ilz peuvent |:tenir bon contre nous sans
crainte:| tandis que noz affaires ne seront pas conclues avec les Espagnolz,
|:et qu’alors il sera assez temps de se relascher:|. Ilz ont raison de tenir cette
oppinion parce que cela leur donne moyen |:d’acquérir du crédit parmy les
protestans et d’y ruiner celuy de la France:|. Il me semble que nostre satis-
faction et la pluspart des poinctz généraux que nous avons cy-devant de-
mandez dans le traitté de l’Empire, estant accordez il y a longtems, nous
n’avons pas un intérest si considérable dans ce qui reste que pour le faire
résoudre |:aujourd’huy plustost que demain, il nous faille hazarder tous les
différendz que nous avons avec l’Espagne:|. Je ne croy pas mesme qu’il y
eust du mal de le faire sçavoir confidemment à |:Trautmansdorf, affin qu’il
nous ayde à achever les affaires d’Espagne:|, que tandis qu’elles seront en
l’estat qu’elles sont, nous ne pourrons |:luy ayder à sortir de celles d’Alle-
magne:| comme nous ferons sy les Espagnols procèdent plus sincèrement
avec nous et que nous n’ayons plus rien à démesler avec eux.
Selon mon foyble jugement, les plus sensibles et plus considérables inté-
restz de la couronne sont |:du costé d’Espagne, et pour les terminer heu-
reusement, il n’y a qu’un seul poinct à mesnager, qui est d’empescher que
cette république ne fasse son accommodement sans nous:|, et pour y par-
venir, il fault éviter soigneusement, pour quelque tems, de luy donner
aucun juste sujet de plaincte dans les matières qui luy sont sensibles et
qui peuvent causer en fort peu de tems de grandes révolutions dans
l’esprit de tous les peuples, mesmes de ceux qui nous affectionnent.
Sy j’eusse eu quelque petite lumière de ce qui s’est passé à Osnabruk, je
veux dire des contestations qu’on y a eues avec les Suédois et protestantz,
et des raisons dont elles ont esté accompagnées, le reste m’ayant esté fort
soigneusement communiqué par Vostre Altesse, j’aurois eu plus de
moyen de me deffendre. Je n’ay pas laissé de faire veoir que c’est un effect
des résolutions précipitées qui ont esté prises par cet Estat, qui dans les
incertitudes où il nous tient depuis quatre moys, |:et les justes appréhen-
sions qu’il nous donne, ne nous permet pas de pousser jusques au bout les
prétentions de nos autres alliez:|, la prudence voulant que nous dimi-
nuions autant qu’il se peut le nombre de noz ennemis, |:puisque nos
amys ne font pas ce qu’ilz doivent et semblent se vouloir retirer de la
guerre pour nous en laisser porter tout le faix:|.
Au nom de Dieu, Monseigneur et Monsieur, considérez s’il vous plaist que
tout ce que nous faisons ailleurs est icy mal interpretté, et qu’on ne peut
présentement s’opposer aux prétentions quoyque derraisonnables de noz
autres alliez sans que cela donne icy un dangereux contrecoup qui peut
exciter |:un très grand malheur dans les affaires de Leurs Majestez. C’est
assez de vous faire conoistre le mal:|, vostre prudence y sçaura bien appor-
ter les remèdes nécessaires. Celuy dont j’aurois plus de besoin par deçà
seroit |:d’un office qui fust faict de la part des Suédois, par lequel, au lieu
de se plaindre de nous, ilz fassent représenter à Messieurs les Estatz par
leur résident que:| rien ne fait tant de préjudice au bon party dans l’Allema-
gne que le peu de réflexion que cet Estat fait sur les intérestz de ses alliez et
de ses amis, et l’impétuosité avec laquelle ils semblent se vouloir précipiter
dans un accomodement particulier. On pourra mesme leur faire espérer
que c’est la plus courte voye de remettre l’armée de monsieur de Turenne
en liberté |:de rentrer bientost dans le cœur de l’Allemagne aussitost que:|
nous aurons |:ramené Messieurs les Estatz dans le bon chemin:|.
J’oubliois de vous faire souvenir |:que si les affaires de l’Empire estoient
terminées, ces gens-cy seroient sans comparaison plus hardys à nous faire
une infidélité que quand ilz verront continuer la guerre dans leur voisi-
nage, qui:| leur fera cognoistre qu’une paix acquise par mauvaises voyes ne
leur produiroit icy ny la seureté ny l’espargne qu’ilz cherchent.
D’ailleurs, ayant besoin de retirer l’armée du Roy au-deçà du Rhin, il
importe extrêmement de n’avoir point en mesme tems des contestations
avec noz alliez, affin qu’ilz ne croyent pas que cette retraitte soit un effect
de nostre mescontentement, ou du dessein que nous avons de les réduire à
suivre noz advis dans la décision des affaires publiques. Il vault bien
mieux, dans cette conjuncture, estre bien avec eux |:affin de leur pouvoir
mieux persuader que nous avons pris cette résolution pour asseurer le
Rhin, ruiner Darmstat, secourir Madame la Lantgrave, résister au duc
Charles, protéger monsieur de Trèves et relever:| en mesme tems |:les af-
faires du Roy dans les Pays-Bas, esbranlées par les irrésolutions de Mes-
sieurs les Estatz:|, que sy nous leur donnions subjet de prendre quelqu’au-
tre oppinion de nous qui causeroit beaucoup de préjudice aux affaires du
Roy, tant en Allemagne, qu’en ces quartiers. Je demande pardon à Vostre
Altesse et à Vostre Excellence de l’importunité que je leur donne par un
discours mal suivy que je n’ay presque pas le loisir de dicter; elles ont
assez de bonté pour en excuser les manquemens qui ne procèdent que de
zèle et de bonne intention.
J’oubliois de vous dire que |:l’on travaille icy à faire une alliance entre les
Espagnolz, cet Estat et Brandebourg:|. Vostre Altesse et Vostre Excellence
jugeront peut-estre que |:il importe d’en advertir les Suédois affin qu’ilz
tesmoignent aux ministres de cet électeur que la Suède auroit peine à le
considérer comme son amy s’il avoit faict une telle alliance:|.