Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
A cella le mareschal de Grammont respondit qu’il ne doutoit point que Son Altesse
comme prince très prudent et sage ne considérast combien l’amitié et la protection du
Roy estoit utile à un prince de son âge, qu’il laissoit des enfans fort jeunes lesquels
venant à le perdre se trouveroient une grande guerre sur les bras et qui pour protection
n’avoient que la maison d’Austriche dont les affaires tant en Allemagne qu’en Espagne
estoient en tel désordre que bien esloignés de deffendre les autres elle estoit assés
empeschée de se parer d’une entière ruine, qu’il estoit vray qu’on l’avoit employé à faire
la guerre mais qu’on ne luy avoit jamais dit ce qu’on prétendoit pour faire la paix Sa
Majesté ayant tant d’ambassadeurs assemblés à Munster pour cet effet qu’il n’estoit
guères besoin de luy déclarer ses sentimens pour la paix et que partout il seroit très mal
avisé de s’embarquer à faire aucune proposition.
Le lendemain il eut audiance de Son Altesse qui luy aiant tenu à peu près les mesmes
discours du comte de Curtz adjousta qu’on l’avoit traitté avec toute sorte de mespris
n’ayant voulu escouter son confesseur en façon quelconque, que les moindres princes
qui demandoient la protection et l’alliance de la France estoient bien receus et qu’il
croye n’estre pas assés peu considérable pour devoir estre rejetté. Le mareschal de
Grammont luy respondit que s’il plaisoit à Son Altesse luy donner permission de luy
parler librement qu’il s’imaginoit qu’on n’avoit pas creu à la cour que les choses qu’il
proposoit eussent autre but que de tirer les affaires en longueur et donner de la
meffiance à nos alliés.
Sur cela Son Altesse de Bavière n’eut autre response sinon qu’il estoit assés difficile de
pouvoir pénétrer son intention puisque jamais on n’avoit voulu escouter ses proposi-
tions ny demander aucune chose de toutes celles qu’on pouvoit souhaitter de luy, mais
bien le renvoier à Munster où il voyoit toutes les choses aller avec une telle lenteur qu’il
n’en espéroit aucune heureuse issue.
Enfin pour conclurre un discours qui seroit trop long si l’on en vouloit faire le détail il
propose de faire un traitté à l’Empereur séparément d’Espagne au contentement de la
France, que si elle ne veut point traitter avec l’Empire et qu’on veuille traitter avec luy
qu’on se laisse entendre des choses que l’on pourroit souhaitter et qu’il sera aisé à voir
s’il n’y a rien qu’il ne face pour avoir l’amitié du Roy et de la Reyne. Il désire pour cet
effet qu’on donne commission et pouvoir à quelqu’un de traitter avec luy sans le
renvoyer à Munster et que pour faire veoir qu’il ne prétend point que ce traitté donne
jalousie aux Suédois qu’il plaist à la France de se déclarer de ce qu’il doit faire pour eux
et de s’entremettre pour la paix qu’il désire avec la couronne de Suède.
[Il] répliqua plusieurs fois que l’Empire ny les estats de l’Empire n’avoient rien à faire
avec l’Espagne et que pour tesmoigner cette vérité le duc de Terranova estoit venu à
Vienne pour conclurre avec l’Empereur et luy une nouvelle alliance sans que l’un ny
l’autre l’eussent voulu faire. Bref qu’il demandoit pour grâces qu’on luy fît entendre
quel chemin il devoit tenir pour se remettre aux bonnes grâces de la France et qu’il n’y
avoit rien qu’il ne fist pour cet effet.
Sur quoy le mareschal de Grammont creut ne luy devoir dire autre chose sinon que tout
le service qu’il pourroit rendre à Son Altesse estoit de donner part à monseigneur le duc
d’Anguien qui estoit son général de toutes les bonnes volontés qu’avoit Son Altesse et
d’envoyer un gentilhomme à la cour pour porter à Son Eminence la lettre qu’il luy
escrivoit et attendre quelle response pourroit estre faitte de la part du Roy à ses
propositions. Il demanda fort instamment une suspension d’armes mais l’espérance luy
en fut toute ostée en luy disant qu’il n’y avoit point d’apparence que cette proposition
se pust faire à monseigneur le Duc d’Anguyen lequel avoit trop de prudence pour luy
accorder sans les ordres exprès de Leurs Majestés.