Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen

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J’avois bien préveu que mon cousin le duc de Bavières ne tarderoit pas de
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me faire sçavoir qu’il se tenoit bien malheureux de ne pouvoir s’acquérir ma
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confiance et qu’il n’avoit point de plus forte passion que de la posséder. Se
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prévalant de la prison de mon cousin le mareschal de Grammont

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Gramont war bei der Schlacht von Alerheim in bayerische Gefangenschaft geraten (vgl. S.
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599 Anm. 1).
il n’a pas
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manqué de s’en ouvrir avec luy et au jour qu’il partoit de son pays de luy en
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faire ses doléances qu’il a augmentées par la juste appréhension dans
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laquelle il estoit que sa maison se trouvast ruinée s’il n’entroit en mes

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bonnes grâces et que venant à mourir dont il est assez proche à cause de son
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grand âge, son successeur se trouveroit en une dépendance trop absolue de
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la maison d’Austriche. Qu’à ces maux il n’y a qu’un remède qu’il a tousjours
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cherché de faire la paix et d’entrer dans ma protection et qu’il désiroit
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également l’une et l’autre de ces choses, mais il craignoit n’ayant pas oublié
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ce qui s’est passé que je n’y aurois point d’esgard pour prouver audict
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maréchal que ce qu’il avançoit estoit fondé. Il luy a déclaré comme il avoit
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envoié son confesseur en cette cour et qu’il n’avoit sceu tirer autre response
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sur les ouvertures qu’il y auroit faittes sinon que mes députés estoient à
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Munster ausquels il se pouvoit adresser, lesquels avoient ordre avec la
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participation des alliés d’avancer l’ouvrage de la paix, que cella luy avoit fait
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comprendre ou qu’il estoit méprisé où que l’on se deffioit de la sincérité de
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ses intentions. Que présentement il revient à faire les mesmes prières et
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insinuoit adroittement qu’il estoit assés considérable par les Estaz qu’il
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possède, adjoustant que l’Empire n’avoit point de dépendance ny de
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connexité avec l’Espagne, qu’on pouvoit faire la paix avec l’un et continuer
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la guerre avec l’autre, qu’il s’offroit de contribuer à l’un et à se soumettre à
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toutes les conditions justes que je pourrois demander jusques à me rendre
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le juge de ce qu’il devroit faire pour conclurre aussy sa paix particulière
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avec les Suédois si je la voulois préférer à la généralle d’Allemagne.

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Sur cette instance mon cousin le duc d’Anguyen qu’il avoit aussy voulu
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faire rechercher d’une suspension par l’entremise dudict sieur mareschal, a
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jugé à propos de me dépescher le sieur de Bergerac

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Wahrscheinlich Cyrano de Bergerac.
lequel estoit chargé de
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m’expliquer les intentions dudict duc au delà de ce qu’elles estoient
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exprimées en un mémoire qui en a esté dressé par ledict sieur mareschal de
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Grammont. Pour faire voir aux allliés, nommément à la couronne de Suède
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et audict sieur duc de Bavières la sincérité et la netteté de mon procédé et le
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désir que j’ay d’avancer la paix je me suis résolue de vous envoyer le
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mémoire susénoncé et le porteur de la créance affin que vous entendiés de
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luy tout ce qu’il avoit eu charge de me dire pour ensuitte en faire part aux
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plénipotentiaires de Suède et des autres alliés et puis, ayant avisé avec eux
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ce qui est à faire pour proffiter de la disposition où se trouve ce prince et de
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l’estat avantageux où sont mes affaires résoudre avec ses députés un traicté
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particulier si ceux des alliés l’approuvent et que vous jugiés qu’il puisse
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estre avantageux au bien de mon service et de cela vous avés pouvoir
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jusques à la conclurre et signer sans rien donner nulle part. Je me porte à
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cette résolution et par la confiance que j’ay en vos suffisances et en vostre
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affection et pour gratiffier ledit duc de Bavières lequel a voulu que la
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duchesse, sa femme

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Maria Anna (vgl. S. 10 Anm. 22).
s’expliquast avec ledict mareschal de ses intentions
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pour cela mesme luy disant avec beaucoup de discrétion qu’elle apprenoit
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de moy que sans haÿr la maison de laquelle on est sorty qu’on entre

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entièrement dans les intérestz de celle où l’on est entré et que l’amour des
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enfans efface toute autre amitié. J’avoue que je seray très aise s’il se peut
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rencontrer des moyens qui m’asseurent l’amitié de ce prince et qu’il y ait
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lieu de le détascher de l’Empereur car outre qu’il est catholique et de
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grande considération en l’estat présent des affaires il porte avec soy des
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conséquences pour l’avenir qui ne doivent pas estre mesprisées. Si Dieu
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permettoit que vous fissiés un traitté vous en donneriés en diligence avis à
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mon cousin, le duc d’Anguyen et luy envoyerés les lettres que vous
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trouverés jointes à celles-cy par lesquelles je luy mande qu’il ayt à se
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conformer aux avis que vous luy donnerés et à ne plus continuer à faire la
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guerre audit duc si tant estoit qu’il se fust accommodé et qu’il tienne la
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main en tant qu’en luy sera, que ce que vous aurés promis en mon nom soit
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exécuté et observé. Par autre voie je luy feray sçavoir et audit sieur de
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Grammont le commandement que j’ay fait à Bergerac dont il y pourra
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informer ledit duc affin que si cette ouverture luy aggrée qu’il donne ses
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ordres en diligence à ses commissaires …

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