Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
B: Essendosi aggiustate ultima-
mente le plenipotenze tanto dell’Imperatore e del Rè Catholico quanto del Rè Christia-
nissimo … Kommentar in der linken Spalte: C’est le second escript que Messieurs les
Médiateurs ont présenté qui a esté le subjet d’une longue contestation laquelle a esté
heureusement terminée. Le différend estoit sur la façon de nommer le Roy, l’Empereur
et le Roy d’Espagne.
Il fault remarquer que sy on eust laissé cet article aux termes qu’il estoit dans le premier
escript, il n’y eust point eu de difficulté. Mais y ayant adjousté un préambule non
nécessaire dans une conférence que Monsieur d’Avaux fist seul avec Messieurs les
Médiateurs Monsieur Servien estant malade, la contestation s’est formée sur l’ordre
qu’il falloit tenir en nommant lesdicts Princes. S’il eust pleu à Monsieur d’Avaux de se
souvenir du premier article du premier escript et de s’y tenir, on ne fust pas tumbé dans
cet embarras.
Lorsque Monsieur Servien veut ce premier article du second escript conceu en ces
termes Monsieur d’Avaux luy ayant faict la faveur à cause de son indisposition de le luy
porter au sortir de la conférence, il fut un peu surpris que ledict Sieur d’Avaux eust
voulu non seulement changer l’article du premier escript, mais recevoir celluy cy où le
Roy Catholique est nommé devant nostre maistre. Il le fist néantmoins remarquer le plus
respectueusement qu’il pût audict Sieur d’Avaux en luy monstrant simplement l’endroict
avec le doigt et luy demandant sy cela ne l’avoit point chocqué. Ledict Sieur d’Avaux
respondit qu’ouy et qu’il l’avoit proposé aux termes suivans: „Essendosi aggiustate le
plenipotenze dell’Imperatore e delle due Corone“ qu’il monstra audict Sieur Servien
dans un billet escript de sa main. Ledict Sieur Servien treuvant encor cette forme de
parler préjudiciable, n’oza pas par respect dans son logis faire une seconde censure
audict Sieur d’Avaux, mais se contenta de luy dire que tout ce qui regardoit l’honneur
des Souverains estant délicat et important, il y falloit songer la nuict chacun de son
costé.
Ledict Sieur d’Avaux qui ayant d’ordinaire l’esprit distraict, oublie souvent des choses
importantes, principalement quand il est occupé à quelque pièce latine, ne se souvient
pas de dire audict Sieur Servien qu’il s’estoit obligé de rendre responce ausdicts Sieurs
Médiateurs le lendemain à dix heures, et cette negligence fut cause qu’on ne remédia pas
à temps à la faulte qu’il avoit faicte en prenant ledict escript de cette sorte et en le
réfformant luy mesme d’une facon préjudiciable.
Le lendemain à neuf heures du matin, ledict Sieur d’Avaux envoya dire par un des siens
audict Sieur Servien qu’il avoit mieux pensé à la difficulté et qu’il valloit mieux mettre
seulement: „Essendosi aggiustate le plenipotenze“ sans nommer l’Empereur ny les
deux Couronnes. Ledict Sieur Servien respondit que c’estoit son sentiment, qu’il n’avoit
pas ozé l’exprimer le jour précédent, qu’il l’alloit envoyer audict Sieur d’Avaux et qu’il
estoit bien aise d’estre prévenu dans cette pensée qui estoit la sienne et très raisonnable.
Mais on usa encor de tant de negligence à porter cette réfformation à Messieurs les
Médiateurs, cela estant du soin dudict Sieur d’Avaux, que dix heures estans de beaucoup
passées, ilz estoient desjà chez les Impériaux où les Espagnolz s’estoient treuvéz et où la
chose ayant esté proposée comme si nous en fussions demeuréz d’accord, cela a engagé
les parties adverses à n’en voulloir pas après démordre, et Messieurs les Médiateurs
mesmes ont esté pendant quelque temps contre nous à cause qu’on les avoit laissé
engager sur la créance qu’ilz avoient prise que ce que Monsieur d’Avaux leur avoit
proposé le soir précédent avoit esté concerté entre luy et son collègue, ce qui n’estoit
pas. Néantmoins, l’affaire ayant esté heureusement terminée à l’advantage du Roy, il y a
subjet de s’estonner que ledict Sieur d’Avaux ayme mieux former une contestation
nouvelle avec son collègue pour cela que de prendre part doucement à la victoire qu’on
a remportée, n’estant pas croyable que les ennemis se fussent obstinéz sy fort et si
longuement à la première façon de parler s’ilz n’y eussent treuvé leur avantage.
Ledict Sieur d’Avaux dira peult estre que Monsieur Servien a accordé par le traicté de
Quérasque ce qu’il a voulu disputer icy, mais il y a diverses responces. 1. Qu’il est
tousjours bon de gagner sy l’on peult au lieu de laisser gagner les ennmis quand cela ne
cause pas une rupture, et Monsieur d’Avaux en a esté luy mesme d’advis. 2. C’estoit lors
un traicté de deux partiz, et icy ce n’estoit qu’une promesse faicte par nous seulz où nous
ne sommes pas obligez de nommer d’autres Souverains devant le Roy nostre maistre.
3. La façon de traicter dans le traitté de Quérasque ayant esté lors concertée avec des
personnes très entendues et aymans l’intérest de la France et ensuitte approuvée dans le
Conseil du feu Roy, ledict Sieur d’Avaux n’a pas droict de la censurer. 4. Les termes y
sont bien différentz de ceux qu’on proposoit icy, c’est en l’article qui commence: „Si
receveranno in gratia tutti i vassalli e suddeti etc. tanto nelli stati che dependono dalla
corona Imperiale che dalle due Corone“, car les deux Couronnes y estans désignées sans
aulcune addition et comme par excellence semblent y estre plus advantageusement que
la Couronne impérialle quoyque nommée la première. D’ailleurs, toutes trois sont soubz
le nom de Couronnes qui est une esgallité, et puis, quand on dict la Couronne
Impérialle, c’est plus que quand on dict l’Empereur, parce que noz Roys n’ont jamais
rien disputé à la Couronne Impérialle, mais bien aux Empereurs avant qu’ilz l’eussent
receue des mains du Pape, comme par exemple aujourd’huy nous avons la guerre avec
l’Empereur et ne croyons pas avoir rien à démesler avec l’Empyre dont au contraire
nous déffendons les intérestz et les droictz.
mente le plenipotenze tanto dell’Imperatore e del Rè Catholico quanto del Rè Christia-
nissimo … Kommentar in der linken Spalte: C’est le second escript que Messieurs les
Médiateurs ont présenté qui a esté le subjet d’une longue contestation laquelle a esté
heureusement terminée. Le différend estoit sur la façon de nommer le Roy, l’Empereur
et le Roy d’Espagne.
Il fault remarquer que sy on eust laissé cet article aux termes qu’il estoit dans le premier
escript, il n’y eust point eu de difficulté. Mais y ayant adjousté un préambule non
nécessaire dans une conférence que Monsieur d’Avaux fist seul avec Messieurs les
Médiateurs Monsieur Servien estant malade, la contestation s’est formée sur l’ordre
qu’il falloit tenir en nommant lesdicts Princes. S’il eust pleu à Monsieur d’Avaux de se
souvenir du premier article du premier escript et de s’y tenir, on ne fust pas tumbé dans
cet embarras.
Lorsque Monsieur Servien veut ce premier article du second escript conceu en ces
termes Monsieur d’Avaux luy ayant faict la faveur à cause de son indisposition de le luy
porter au sortir de la conférence, il fut un peu surpris que ledict Sieur d’Avaux eust
voulu non seulement changer l’article du premier escript, mais recevoir celluy cy où le
Roy Catholique est nommé devant nostre maistre. Il le fist néantmoins remarquer le plus
respectueusement qu’il pût audict Sieur d’Avaux en luy monstrant simplement l’endroict
avec le doigt et luy demandant sy cela ne l’avoit point chocqué. Ledict Sieur d’Avaux
respondit qu’ouy et qu’il l’avoit proposé aux termes suivans: „Essendosi aggiustate le
plenipotenze dell’Imperatore e delle due Corone“ qu’il monstra audict Sieur Servien
dans un billet escript de sa main. Ledict Sieur Servien treuvant encor cette forme de
parler préjudiciable, n’oza pas par respect dans son logis faire une seconde censure
audict Sieur d’Avaux, mais se contenta de luy dire que tout ce qui regardoit l’honneur
des Souverains estant délicat et important, il y falloit songer la nuict chacun de son
costé.
Ledict Sieur d’Avaux qui ayant d’ordinaire l’esprit distraict, oublie souvent des choses
importantes, principalement quand il est occupé à quelque pièce latine, ne se souvient
pas de dire audict Sieur Servien qu’il s’estoit obligé de rendre responce ausdicts Sieurs
Médiateurs le lendemain à dix heures, et cette negligence fut cause qu’on ne remédia pas
à temps à la faulte qu’il avoit faicte en prenant ledict escript de cette sorte et en le
réfformant luy mesme d’une facon préjudiciable.
Le lendemain à neuf heures du matin, ledict Sieur d’Avaux envoya dire par un des siens
audict Sieur Servien qu’il avoit mieux pensé à la difficulté et qu’il valloit mieux mettre
seulement: „Essendosi aggiustate le plenipotenze“ sans nommer l’Empereur ny les
deux Couronnes. Ledict Sieur Servien respondit que c’estoit son sentiment, qu’il n’avoit
pas ozé l’exprimer le jour précédent, qu’il l’alloit envoyer audict Sieur d’Avaux et qu’il
estoit bien aise d’estre prévenu dans cette pensée qui estoit la sienne et très raisonnable.
Mais on usa encor de tant de negligence à porter cette réfformation à Messieurs les
Médiateurs, cela estant du soin dudict Sieur d’Avaux, que dix heures estans de beaucoup
passées, ilz estoient desjà chez les Impériaux où les Espagnolz s’estoient treuvéz et où la
chose ayant esté proposée comme si nous en fussions demeuréz d’accord, cela a engagé
les parties adverses à n’en voulloir pas après démordre, et Messieurs les Médiateurs
mesmes ont esté pendant quelque temps contre nous à cause qu’on les avoit laissé
engager sur la créance qu’ilz avoient prise que ce que Monsieur d’Avaux leur avoit
proposé le soir précédent avoit esté concerté entre luy et son collègue, ce qui n’estoit
pas. Néantmoins, l’affaire ayant esté heureusement terminée à l’advantage du Roy, il y a
subjet de s’estonner que ledict Sieur d’Avaux ayme mieux former une contestation
nouvelle avec son collègue pour cela que de prendre part doucement à la victoire qu’on
a remportée, n’estant pas croyable que les ennemis se fussent obstinéz sy fort et si
longuement à la première façon de parler s’ilz n’y eussent treuvé leur avantage.
Ledict Sieur d’Avaux dira peult estre que Monsieur Servien a accordé par le traicté de
Quérasque ce qu’il a voulu disputer icy, mais il y a diverses responces. 1. Qu’il est
tousjours bon de gagner sy l’on peult au lieu de laisser gagner les ennmis quand cela ne
cause pas une rupture, et Monsieur d’Avaux en a esté luy mesme d’advis. 2. C’estoit lors
un traicté de deux partiz, et icy ce n’estoit qu’une promesse faicte par nous seulz où nous
ne sommes pas obligez de nommer d’autres Souverains devant le Roy nostre maistre.
3. La façon de traicter dans le traitté de Quérasque ayant esté lors concertée avec des
personnes très entendues et aymans l’intérest de la France et ensuitte approuvée dans le
Conseil du feu Roy, ledict Sieur d’Avaux n’a pas droict de la censurer. 4. Les termes y
sont bien différentz de ceux qu’on proposoit icy, c’est en l’article qui commence: „Si
receveranno in gratia tutti i vassalli e suddeti etc. tanto nelli stati che dependono dalla
corona Imperiale che dalle due Corone“, car les deux Couronnes y estans désignées sans
aulcune addition et comme par excellence semblent y estre plus advantageusement que
la Couronne impérialle quoyque nommée la première. D’ailleurs, toutes trois sont soubz
le nom de Couronnes qui est une esgallité, et puis, quand on dict la Couronne
Impérialle, c’est plus que quand on dict l’Empereur, parce que noz Roys n’ont jamais
rien disputé à la Couronne Impérialle, mais bien aux Empereurs avant qu’ilz l’eussent
receue des mains du Pape, comme par exemple aujourd’huy nous avons la guerre avec
l’Empereur et ne croyons pas avoir rien à démesler avec l’Empyre dont au contraire
nous déffendons les intérestz et les droictz.