Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
206. Memorandum Ludwigs XIV. für Servien Paris 1647 April 5
Paris 1647 April 5
Ausfertigung: AE , CP Holl. 41 fol. 47–51 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP Holl. 43 fol.
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Zufriedenheit mit dem Verhalten Serviens gegenüber Prinz Wilhelm II. von Oranien sowie
seiner Rolle bei dessen Etablierung; erfreuliches Ausbleiben öffentlicher Kritik an Wilhelm
II. oder Forderungen nach Kompetenzbeschneidungen. Einsatz für die katholische Religion
in den Niederlanden angesichts der Nachgiebigkeit der Spanier leider unmöglich. Zustim-
mung zur Begünstigung der Kriegspartei in den Niederlanden durch Servien, jedoch Betonen
der grundsätzlichen französischen Friedensbereitschaft und Mahnung zur Vorsicht. Vertrau-
licher Umgang mit Prinz Wilhelm II. von Oranien zur Gewinnung seines Vertrauens;
Freude über dessen Rat zur Festigkeit in der Garantiefrage. Übles Verhalten Pauws mit
möglicherweise gravierenden Konsequenzen für die französische Stellung in Katalonien und
den Niederlanden; Gegenmaßnahmen. Bitte an Servien um gesonderte Zusendung der Ge-
heimnachrichten . Begründung der Rückforderung der Verhandlungsakten gegenüber den
Niederländern; kein Verzicht auf ihre Interposition schlechthin beabsichtigt, sondern nur
Ablehnung derer Pauws. Hoffnung auf positive Auswirkungen des Ulmer Waffenstillstands-
vertrages auf die Stimmung in den Niederlanden.
Tout ce que ledit sieur Servien a dit et fait |:avec monsieur le prince
d’Orange ou sur son subjet dans son nouvel establissement:|, ne pouvoit
estre mieux ny plus conforme aux sentimens du Roy, ainsy qu’il l’a pu
voir depuis par les dépesches qu’il aura receues , et Sa Majesté a esté
bien aize d’apprendre ce qui s’est passé en cette occasion et que ceux qui
auroient eu envie de |:décréditer ce jeune prince ou de luy faire retrancher
de l’authorité qu’a eue son père, n’ayent ozé en faire les ouvertures:| de
peur qu’elles ne fussent rejettées par la pluralité et de s’attirer inutilement
un puissant ennemy sur les bras.
Sa Majesté a grand déplaisir |:du préjudice que la religion peult recevoir
dans le traicté entre l’Espagne et les Provinces-Unies comme sur le poinct
de la mayrie de Bos-le-Duc:|, mais l’on est contrainct d’approuver les
pensées et la conduicte du sieur Servien en cela, jugeant avec luy que
nous serions mal conseillez, et mesme qu’il seroit inutile de nous décla-
rer contraires en cela |:aux prétentions de Messieurs les Estatz pendant
que les Espagnolz leur font entendre par Philipes Le Roy qu’ilz s’en
relascheront selon leur désir:|. C’est tout ce que nous pouvons d’avoir
intention de nous y opposer s’il estoit en noz mains de destourner ce
coup aussy bien qu’il l’est en celle des Espagnolz, et nous devons espérer
que Dieu qui voit le fondz des cœurs récompensera nostre sincérité et
nostre zèle.
Dans les deux extrémitez où se trouve ledit sieur Servien, entre deux par-
tys tout à fait contraires, il est sans doute qu’il fait fort bien d’adhérer
plustost à celuy |:qui travaille pour diférer quelque temps la conclusion
de la paix qu’à l’aultre qui la veult sans délay à quelque prix que ce soit,
et sans avoir esgard à noz intérestz ny aux obligations de l’alliance:|. Les
raisons qu’il en allègue sont convaincantes, il fault seulement prendre
soing de faire cognoistre que ce qu’il en fait |:n’est pas à dessein de per-
pétuer la guerre et les divisions:|, puisque nous sommes prestz à signer la
paix à des conditions que Messieurs les Estatz jugeront eux-mesme équi-
tables s’ilz les examinent, mais que pour avoir une paix seure et durable
comme nous n’en voulions point d’autre, il ne fault pas s’y précipiter
ainsy qu’il semble qu’on veuille faire, d’autant plus que l’absolue nécessité
que noz ennemis en ont les obligera bientost, s’ilz ne sont tout à fait aveu-
glez , de donner les mains à ce qu’on leur demande.
Le sieur Servien doibt prendre grand soing |:d’instruire soubz main mon-
sieur le prince d’Orange de tout ce qu’il croira estre de son service et de
nostre advantage, et des biais qu’il luy fault tenir pour y parvenir plus
aisément. Il recognoistra par là de plus en plus l’affection que Leurs Ma-
jestez luy portent, et sans doubte après, dans les rencontres, en tesmoi-
gnera sa gratitude:|.
Sa Majesté s’est resjouie d’apprendre |:le conseil qu’il avoit donné au sieur
Servien de tenir ferme sur:| le poinct de la garentie et de sommer plustost
Messieurs les Estatz de continuer la guerre jusques à l’entière exécution
du traitté de 1635 . Car encore qu’il faille bien se garder |:de le suivre dans
ce dernier poinct, comme:| ledit sieur Servien a très bien jugé, |:et que
ledict sieur prince, en nous conseillant de la sorte, ayt une aultre pensée
que celle que nous avons, qui seroit de faire durer la guerre:|, il semble
qu’il dépendra tousjours de nous de porter doucement Messieurs les
Estatz à la paix. Cependant, leur ayant parlé dans cette conjoncture avec
fermeté, nous aurons, pour tout ce qui pourroit en arriver, |:un bon garent
en monsieur le prince d’Orange qui nous l’a luy-mesme conseillé:|.
Sa Majesté a veu la dernière lettre que Pau a escrit à Messieurs les Estatz
du 19 e mars , qui ne peut estre plus artificieuse et plus maligne.
Quant à l’autre meschanceté qu’il nous veut faire de persuader à Mes-
sieurs les Estatz avec de grands mistères de lettres interceptées que s’ilz
ne concluent promptement leur traitté particullier, |:le roy d’Espagne a
donné ordre à ses plénipotentiaires de luy en donner advis en toute dili-
gence parce qu’il a moyen de se tirer de l’embarras où il est par l’eschange
des Pays-Bas avec la Catalogne et le Roussillon, elle est tout à faict dia-
bolique , et sy les Espagnolz peuvent venir à bout de le faire croire par
l’entremise de ce pernitieux esprit, il n’y a point de doubte qu’ilz feroient
en mesme temps deux grands coups pour eux envers les Cathalans et les
Hollandois, imprimant à ceux-cy la peur d’un voysin trop puissant et à
ceux-là l’oppinion de devoir estre bientost sacrifiez par la France pour
d’aultres intérestz:|.
L’envoy de Monsieur le Prince en Catalongne avec des force〈s〉si consi-
dérables et les belles actions qu’il y fera seront le vray antidote à ce poison
qu’on y veut respandre.
Et pour Messieurs les Estatz, on doit avoir grande facilité de les en guérir,
Sa Majesté trouvant bon que le sieur Servien, |:s’il le ju〈ge〉 nécessaire,
leur offre de l’engager à tout ce qui pourra mieux les asseurer que l’on
n’a jamais songé icy, et ne songera jamais à rien de semblable affin qu’une
fois pour toutes ilz ayent l’esprit en repos et que leurs amis ne soient:| pas
nécessitez chaque jour à se guarentir de quelque nouvelle imposture. On
pourra les faire souvenir là-dessus des frayeurs dont ilz ont esté suscepti-
bles pour le mariage du Roy avec l’infante, que la suitte à vériffié faux, et
ilz verront bientost si le filz de l’Empereur passera en Espagne ou non, si
ce n’est qu’ilz retardent son voyage de quelques mois pour donner lieu
encore à de pareils soubçons.
|:On ne tesmoignera rien par deçà de ce que le sieur Servien mande de
cette nouvelle malice de Pau, de peur de commettre ceux qui luy en ont
donné l’advis:|; mais doresnavant il pourra séparer les choses qu’il croira
devoir demeurer plus secrettes affin qu’elles puissent estre leues à la
Reyne et aux personnes seulement que Sa Majesté ordonnera.
Ledit sieur Servien n’aura sans doute pas manqué de faire cognoistr〈e〉 au
lieu où il est que quand monsieur le duc de Longueville a retiré le project
de nostre traitté
lité , et parce que Sa Majesté ne veut plus qu’il ayt cognoissance de ses
affaires, et non pas pour rompre toutte négotiation, comme il a voulu
donner à entendre, ou pour oster la médiation aux ministres desdits Sieurs
Estatz, puisque nous sommes prestz autant que jamais et de conclurre la
paix et de remettre très volontiers noz affaires entre les mains de leurs
députez dez qu’ilz en auront envoyé d’autres que Pau et Knut à l’ assem-
blée , ajoustant que |:le Nonce et Contarini travaillent en attendant leur
arivée à adjuster ce qui reste de
au doigt à un chacun l’artiffice de Pau qui veut attribuer à une rupture ce
qui ne s’est fait que pour sa personne.
Ledit sieur Servien aura sceu maintenant la conclusion de la trefve qui a
esté à la fin arrestée jusqu’à la paix générale entre la France et la Suède et
le duc de Bavières; on ne luy en envoye pas le traitté, croyant qu’il l’aura
eu de Munster, comme nous ne l’avons encore receu que de là. On s’ as-
seure que cette nouvelle contribuera beaucoup à luy faire remporter
toutte satisfaction de Messieurs les Estatz puisqu’à ce qu’il manda derniè-
rement , le seul bruict qui en avoit couru, avoit produit de si bons effectz
pour nous, contre la pensée et l’intention de Pau qui en avoit donné l’avis
à dessein de nous nuire; et à la vérité, Messieurs les Estatz, considérants
que l’armée de monsieur le mareschal de Turenne sera maintenant libre
pour agir contre les Espagnolz, songeront plus d’une fois à mescontenter
cette couronne ny à s’en séparer, voyant qu’ell’est en estat sans eux de
pouvoir espérer dans la continuation de la guerre de chasser les Espagnolz
des Pays-Bas aussy bien qu’elle l’auroit fait avec leur assistance.