Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
Les responses qui nous ont esté faictes par les ministres de la couronne de
Suède sur le contenu au premier article du mémoire tant à nous d’Avaux et
Servien qu’à monsieur de La Thuilerie et au sieur de Sainct-Romain nous
donnent subject de croire qu’ilz tiennent pour assuré que |:nous pouvons
traicter avec les Espagnolz sans eux, comme eux avec l’Empire sans y mesler
nos intérestz avec l’Espagne. Mais il est vray pourtant que nous avons apper-
ceu que cela ne leur seroit pas agréable et qu’ilz désirent que les deux affaires
soient traictées en mesme temps s’il se peut; et comme nostre but seroit de
demeurer libres de traicter avec l’Espagne si nous y trouvons nostre compte
sans en estre empeschez par les intérestz de l’Empire, le leur est au contraire
de pouvoir terminer les affaires de l’Empire sans que celles d’Espagne les en
empeschent:|. Nous ne lairrons pas de prendre nostre temps lorsque nous y
verrons jour pour les faire parler plus clairement. Mais nous croyons que |:la
conjoncture n’y est pas favorable à présent qu’ilz sont sollicitez et flattez par
le comte de Trautmensdorf et qu’on laisse un peu en arrière la France:|.
Nous avons fort considéré |:l’advis du ministre estranger qui réside à Madrid
S. [nr. 10 Anm. 4] .
qu’un des moyens de faire la paix avec Espagne seroit de marier l’infante au
Roy, nous ne parlons pas de Monsieur, d’autant que nous ne tenons pas la
chose utile avec luy, à condition de céder ce que les Espagnolz possèdent au
Pay-Bas et la Franche-Comté pourveu que la France de son costé consentist à
retirer ses armes de la Cataloigne et du Roussillon et promist de n’assister en
aucune manière le roy de Portugal. Nous estimons que cela n’est point à
mespriser, et s’il y avoit moyen de retrancher le Roussillon de la demande
qu’on faict, il n’y auroit pas lieu de hésiter quand mesmes pour le conserver il
faudroit renoncer aux droictz de la couronne sur la Navarre. Mais nous pré-
supposons deux choses, la première que les restitutions et promesses qu’on
feroit du costé de la France estans pour tousjours, les choses cédées en con-
tr’eschange et données en dot ne seroient aussi en nul cas réversibles à l’Es-
pagne:|; l’autre que les conditions ne destruisent pas la substance de la pro-
position comme il est porté par le mesme advis et qu’on n’aye point |:sujet de
craindre quelque desseing caché en suite de celuy-là comme pourroient estre
les alliances dont les Espagnolz avoient parlé il y a quelque temps
mesmes que nous sommes advertis par un autre article du mémoire qu’ilz ne
songent qu’à sortir présentement du mauvais pas où ilz se trouvent avec réso-
lution de se vanger dès qu’ilz auront remis leurs affaires en meilleur estat.
Nous remercions très humblement Son Eminence de la communication qu’il
luy plaît nous donner de |:choses si secrettes:| et de la confiance qu’on prend
en nous qui pensons pourtant qu’en affaires de telle importance il ne seroit
pas mauvais |:d’escouter par delà:|, y ayant lieu de croire que |:les Espagnolz
s’addressans à la source et aux lieux où l’on peut résoudre en un moment
s’ouvriront plustost de leurs dernières intentions et lorsqu’on renvoyera icy
les affaires pour la conclusion, cela suffira pour oster tout sujet de jalousie aux
alliez. Mais en cas dudit mariage:| il plaira à Son Eminence nous faire sçavoir
sy nous |:en donnerons part à l’heure mesme à Messieurs les Estatz:| selon ce
qui nous a esté ordonné, |:craignans bien que de leur proposer sitost l’affaire
ce ne soit la destruire:|.
La lettre escrite par le marquis de Castel Rodrigo à Messieurs les Estatz
S. [nr. 30 Anm. 32] .
donné nouvelle preuve de l’extrémité où sont réduicts les Espagnolz. Mais à
nostre advis ce procédé |:et celuy que Trautmensdorf tient en mesme temps
avec les Suédois et les estatz de l’Empire:| faict bien voir clairement qu’ilz
n’ont pas moins |:de mauvaises intentions contre la France que de foiblesse
parmy eux, et qu’il n’y a rien de si bas ny de si honteux qu’ilz ne tentent pour
ne point venir à nous:|.
Ce qui est dict des difficultés qu’apportera |:l’arrivée des plénipotentiaires de
Messieurs les Estatz:| est bien certain et en mesme temps que nous avons
|:pressé leur partement de La Haye nous avons appréhendé la peine qu’ilz
nous donneroient icy, mais c’est un mal inévitable:| et nous essayerons d’y
apporter tous les remèdes qui dépendront de nostre soing et de nostre dili-
gence. Desjà nous ne sommes pas tout à faict |:contens de la response qu’ilz
ont faicte au marquis de Castel Rodrigo:| puisqu’après avoir refusé quinze
mois d’escouter aucune proposition |:sans eux, nous méritons bien qu’ilz dé-
clarassent de ne pouvoir traicter sans la France. Mais l’on est dans cette mal-
heureuse possession [!] avec les alliez qu’il nous faut tousjours faire les trois
partz du chemin :|.
Nous trouvons tousjours quelque chose à désirer en |:la conduite des médi-
ateurs:|; mais nous estimons suivant le prudent advis de Son Eminence qu’il
seroit |:dangereux de changer présentement quelque chose en la médiation:|
et jugeons, que dans le dessein que les ennemis ont de |:contenter les Suédois,
les Holandois et les protestans d’Allemagne, mesme aux despens de l’Eglise et
de la religion:|, nous nous pourrons servir utilement |:de monsieur le nonce
qui nous a tousjours paru extrêmement sensible de ce costé-là:|.
Mais la négotiation que nous avons à faire avec Espagne, estant joincte à celle
des Holandois, et la négotiation de l’Empire, avec celle des Suédois et des
protestans d’Allemagne, nous avons |:moyen de le rendre inutile quand en
voudra. Pour Contarini, comme il est plus fin et en quelque façon plus néces-
saire, nous ne sçavons pas:| de quelle sorte nous pourrions nous |:en dé-
faire:|, sy ce n’est qu’il vînt à agir plus ouvertement |:contre nous qu’il ne
faict:|. Car tantost il escrit que |:nous ne voulons pas la paix aux lieux où il
croid que cela nous peut nuire:|, [tantost] quand il cognoît que nous nous y
disposons |:il se recule et nous veut tenir le pied sur la gorge:|. Et mesmes le
député palatin a dict à l’un de nous qu’il luy avoit parlé en faveur de la |:pré-
tention des Suédois contre la nostre:|, et qu’après plusieurs contestations dans
lesquelles ledict député avoit parlé avantageusement pour la France ayant dict
audict |:Contarini:| que sy on ne nous vouloit |:contenter il falloit regarder
de nous oster ce que nous tenions et qu’il estoit bien difficile par la force, ledit
sieur Contarini avoit respondu:| avec un ton de voix et un geste que l’autre
avoit pris comme |:pour menace: «Et bien on verra»:|. Quand nous avons
mandé qu’il estoit important de ne se pas |:descouvrir par delà au nonce et à
l’ambassadeur de Venise:|, Son Eminence a bien jugé quelle en a esté l’inten-
tion.
On allègue divers autheurs du libelle intitulé «Bibliotheca Gallo-Suecica», les
uns disent que |:c’est Brun, les autres Volmar et les autres Saavedra et le
doyen de cette ville:|. Il y a grande apparence que |:la pluspart d’entre eux y
ont contribué ou au moins en ont eu cognoissance:|. Nous avons parlé plu-
sieurs fois aux médiateurs en la mesme sorte qu’il nous est marqué par le
mémoire, n’estant pas le seul libelle qui est sorti de la mesme boutique. Et il
nous a paru que les ennemis ont esté plus mortifiez du mespris que nous en
avons faict.
Nous ne manquerons pas de faire insérer au mémoire du Roy les deux poincts
dont il est parlé en celuy de Son Eminence touchant |:les bénéfices qui se
trouveront estre dans l’estendue des places qui demeureront au Roy pendant
la trefve et de faire obliger le roy d’Espagne:| de rendre à la maison barberine
la jouissance des bénéfices qui leur a |:esté ostée dans les terres de son obéis-
sance depuis qu’ilz se sont mis soubz la protection de la France:|.
Quoyque nous ne voyons pas beaucoup d’apparence |:dans la proposition
qu’on a faicte d’enlever l’archevesque de Cologne:|, nous trouvons néant-
moins qu’elle n’est pas |:à rejecter puisque si cela réussissoit nous aurions lieu
de luy demander Ermestein
demande l’officier qui le veut entreprendre semble ne luy devoir estre accordé
qu’en cas que son entreprise réussisse:| et nous en avons escrit au sieur Bras-
set en ce sens.
Nous avons esté ravis de voir la bonne response que Son Eminence a faict
faire à l’ambassadeur de Venise |:quand il parloit de rompre l’assemblée:| et
la supplions de considérer qu’en mesme temps |:qu’on la pressoit si fort
qu’on entrast en traicté avec les Espagnolz sans attendre les ambassadeurs des
Estatz Castel Rodrigo leur offroit de leur envoyer des députez à leur choix
pour leur donner contentement:|.
Nous respondrons au mémoire du 9 e par le premier ordinaire d’autant qu’a-
près l’avoir releu nous avons cru à propos de prendre un peu de loisir pour y
penser.