Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
335. Servien an Longueville und d’Avaux [Den Haag] 1647 Juni 17
–/ 335 /–
[Den Haag] 1647 Juni 17
Duplikate: Ass.Nat. 278 fol. 87–91’ [für Brienne] = Druckvorlage; AE , CP Holl. 44 fol.
494–495’, 497–497’, 496–496’, 498–501’, 503–503’, 502–502’, 504 [für Mazarin]. Kopie: AE ,
CP Holl. 44 fol. 506–516’.
Erneute Empfehlung der Anliegen Nederhorsts und der Verpflichtung der Schweden zur
Begleichung seiner Schuld; wünschenswerte Bestätigung einer Donation der Landgräfin
von Hessen-Kassel für ihn durch den Kurfürsten von Köln. Angebliche Befürwortung des
spanisch-niederländischen Separatfriedens durch die Schweden; Abkehr der Spanier von den
Verhandlungen zu einem Universalfrieden durch ihre Hoffnung auf einen Separatfrieden
mit den Generalstaaten begründet; vermutlicher Anteil Contarinis an dieser Entwicklung;
Verhinderung des allgemeinen Friedens durch die Suche nach Sonderwegen. Befürwortung
einer gemäßigten Beschwerde über die berichteten Äußerungen der Schweden; Widersprüch-
lichkeit ihres Verhaltens. Stärke der holländischen Friedenspartei; deren Streben nach einem
mehr die spanischen als die französischen Interessen wahrenden Frieden; dennoch vielleicht
Versuch, das Vertrauen der Spanier in eine ihnen günstige Entscheidung der Niederländer
durch von den Franzosen lancierte, anscheinend vertrauliche Äußerungen gegenüber den
Mediatoren zu zerstören; Empfehlung, den französischen Weg zum Frieden als den einzig
möglichen darzustellen. Freude über die Zustimmung Longuevilles und d’Avaux’ zum ge-
planten Vorschlag eines Waffenstillstandes für Portugal in Den Haag. Zur Forderung, dem
Kaiser in seiner Eigenschaft als Landesherr und der österreichischen Linie des Hauses Habs-
burg solle verboten werden, Spanien nach Friedensschluß zu assistieren: Pochen der Franzo-
sen auf die Bestimmungen der Bündnisverträge zur Friedensassekuration gegenüber den
schwedischen und deutschen Alliierten, um ihre Unterstützung in dieser Angelegenheit zu
gewinnen; Begründung der sachlichen Unerläßlichkeit des Verbots als notwendiger Voraus-
setzung für einen Friedensschluß Frankreichs mit dem Kaiser; vertragliche Verpflichtung der
Schweden und der Protestanten zur Förderung der Aufnahme einer solchen Klausel in den
Friedensvertrag, weil sie eine direkt das Reich betreffende Bestimmung sei; bei einem Frie-
den Frankreichs mit dem Kaiser nur in dessen Eigenschaft als Kaiser, nicht aber als Landes-
herr , seien die Verbündeten weiterhin verpflichtet, gemeinsam mit Frankreich Krieg in den
kaiserlichen Erblanden zu führen; aufgrund der Personalunion sei zudem prinzipiell eine
Trennung zwischen der Eigenschaft des Kaisers als Kaiser und als Landesherr unmöglich und
damit das kaiserliche Angebot in dieser Sache nichtig; Fraglichkeit der dauerhaften Durch-
setzbarkeit des Verbotes ohne grundsätzliche Beschneidung des Bündnisrechts des Kaisers,
aber Notwendigkeit seiner Durchsetzung in der gegenwärtigen politischen Situation; daher
Erwägung, das Verbot auf den derzeitigen Krieg zu beschränken, obwohl hieraus Gefahren
erwachsen; seine Unerläßlichkeit zur Friedenssicherung als einem zentralen französischen
Anliegen; ohne das Verbot Wiederaufflammen der Kämpfe im Reich unvermeidlich.
Je suis obligé de commencer cette lettre par une nouvelle recommanda-
tion de l’affaire de |:monsieur de Nederhost:|. Je ne pense pas avoir be-
soing de représenter à Vostre Altesse et à Vostre Excellence par combien
de raisons il nous importe de |:procurer quelque advantage à un homme
qui a si généreusement entrepris la deffense de nos intérestz:|. Je ne vois
point de meilleur moyen, ny de plus facile pour |:luy faire avoir satisfac-
tion de sa debte, que de la donner en payement à messieurs les Suédois;
mais:| comme ilz apportent difficulté à tout, et que |:le baron Oxenstiern
intéresse facilement l’honneur de sa maistresse ou de la couronne:| quand
il ne veult pas se donner la peyne de faire quelque chose, j’estime qu’on
pourroit n’accorder pas le dernier |:terme du subside qu’on aura à leur
payer que soubz:| cette condition. Sans cela, il sera malaysé de |:obliger
monsieur de Nederhost:|, et ce seroit un grand malheur, aprez touttes les
choses que |:il a faictes pour le service de Leurs Majestez, qu’on ne pust
pas mesnager son contentement en une occasion si juste et qu’il pust se
plaindre qu’ayant encore la mémoire si fraische de la générosité qu’il a
tesmoignée, et des périlz ausquelz il s’est exposé pour nous assister, on
ne l’ait assisté que froidement et sans effect.
Il a encores une autre affaire prez de Bochelt
est plainement informé. Il n’y a rien de si facile à mon jugement que d’ ob-
tenir le |:consentement de monsieur l’électeur de Cologne pour faire
subsister la donation que
Nederhost d’une terre dont il porte le nom
important de |:luy procurer ce contentement, il ne l’est pas moins pour
luy que la chose soit mesnagée avec grand secret:|.
Monsieur de Meynersvik a faict sçavoir icy par ses dernières lettres
toutte la négotiation est arrestée à Munster entre la France et l’Espagne, et
comme il ne perd point d’occasion de faire paroistre sa mauvaise volonté,
il a pris soing de rendre compte d’une visitte que |:messieurs les ambassa-
deurs de Suède luy:| ont rendue, où il représente qu’ilz luy ont parl〈é〉 de
la paix que cet Estat a conclue avec l’Espagne , comme l’approuvant, luy
ayant dict que cette paix en attirera bientost d’aultres, qui est une mau-
vaise maxime, que ceux qui nous ont voulu nuyre ont tenue jusques à
présent, et dont il me semble qu’on peut faire remarquer la faulceté à
monsieur |:Contarini:| dans le procéder des Espagnolz, qui ne s’esloignent
aujourd’huy de la paix que par les espérances qu’ilz ont conceues d’un
traitté particulier entre l’Espagne et cet Estat. Dieu le pardonnera audict
sieur |:Contarini:| s’il a contribué quelque chose par ses conseilz et ses
instances à cette précipitation, comme je le crois, et comme ses lettres
circulaires l’ont faict paroistre. Mais il est visible aujourd’huy par l’ évé-
nement que son impatience l’a faict agir contre les véritable〈s〉intérestz
de |:sa république:|, puisqu’il est certain que la paix généralle seroit faitte il
y a quatre mois, si l’on eust continué comme l’on avoit commencé de
marcher dans le grand chemin, sans prendre des sentiers destournez qui
ont faict esgarer les uns et les aultres.
Il me semble qu’on pourroit faire une douce plainte de ce que contient la
lettre de Meynesvik |:aux ambassadeurs de Suède:|, qui eussent plustost
esté obligez par nostre intérest et par celuy du publiq de représenter aux
ministres de cet Estat que leur précipitation a ruyné les affaires, que
d’approuver comme ilz ont faict une résolution si préjudiciable. S’ilz pou-
voient estre encores persuadez de faire cette déclaration au sieur de Mey-
nersvik , pour la faire sçavoir à Messieurs les Estatz, elle ne seroit pas
inutile, car je ne puis comprendre qu’en mesme temps qu’ilz |:improuvent
qu’on rapelle l’armée de monsieur de Turenne:|, ilz appreuvent la résolu-
tion de Messieurs les Estatz qui nous a obligé de prendre celle-là, et que
blasmans l’effect où nous sommes emportez par la nécessité, ilz ne blas-
ment pas la cause qui nous y contraint.
Je vois icy tout le monde assez bien persuadé que la France veult la paix
sincèrement, et que l’Espagne recule, mais ceux qui ont uzurpé l’authorité
dans la Hollande, se conduisans plustost par leur intérest particulier et par
leur passion que par la justice, n’en deviennent pas plus raisonnables et il
me paroist clairement qu’ayant |:jalousie, ou faignans de l’avoir:| pour par-
venir à leurs fins, de |:l’affection que monsieur le prince d’Orange a pour
la France, leur desseing n’est pas moins d’abaisser son auctorité que d’ ar-
rester nos progrez:|. Ilz croyent ne pouvoir bien faire ny l’un ny l’aultre
que par la paix, et qui pis est, par une paix où les intérestz d’Espagne
soient plus considérez que les nostres. Nous avons eu le bonheur, jusques
à présent, que les aultres provinces et quelques villes
mesme ont arresté ce dessein, mais ceux qui tiennent le bon party n’ont
pas assez de force pour destruire entièrement la caballe des malintention-
nez , laquelle voyant aujourd’huy ses mesures rompues, travaille seule-
ment à tenir les choses en suspens, et empescher que rien ne s’advance,
croyans que leurs contre-tenans se lasseront de demeurer entre la paix et
la guerre, sans faire ny l’un ny l’aultre.
Mais il me semble qu’on pourroit prendre suject là-dessuz de faire |: crain-
dre adroictement et par une feinte confiance:| aux Médiateurs, et par leur
moyen aux Espagnolz, que les six provinces estans presque du mesme
advis en nostre faveur, et se treuvons [!] appuyées d’une partie de la Hol-
lande , quoyque la plus foible, |:et avec cela de l’inclination ou l’auctorité
de monsieur le prince d’Orange, qui, commandant les armes sur la mer et
sur la terre, est plus considérable luy seul que tout le reste ensemble, ne
fassent enfin:| prendre une résolution bien contraire à l’attente des Espa-
gnolz , et qui mesme contre nostre gré nous pouvoit embarquer de nou-
veau dans la continuation de la guerre, dont lesdits Espagnolz se treuve-
roient seulz coulpables par les artifices dont ilz se servent pour jetter de la
division entre nous, dont touttes sortes de raisons nous permettent de
nous deffendre par quelques voyes qui se puissent présenter.
Il me semble donc qu’on pouvoit prendre l’occasion de laisser compren-
dre aux Médiateurs que l’unique moyen pour prévenir cet inconvénient
est de sortir sincèrement des incertitudes où l’on se treuve de tous costez,
et nous donner le contentement raisonnable que nous demandons pour le
Roy, aprez quoy il ne nous seroit pas malaysé de conduire tout à une
heureuse conclusion, et de ramener par noz persuasions et nostre exemple
dans des conseilz pacifiques ceux qui en paroissent aujourd’huy plus es-
loignez , et qui croyent de nous obliger en esloignans la paix, que d’aultres
vouldroient peult-estre faire sans nous.
J’ay esté très ayse de voir dans une de voz dernières despesches que vous
approuvez la pensée que j’ay eue de proposer icy à Messieurs les Estatz
|:les intérestz du roy de Portugal pour tascher à le faire comprendre par
une trêve de quelques années:|. J’avois appréhendé d’abord que faisans
cette ouverture par deçà, en mesme temps que vous vous en estiez entiè-
rement relaschez à Munster, on ne remarquast une diversité de conduitte
entre les ministres du Roy qui fist blasmer d’artifice ou les uns ou les
aultres, et c’est une des principalles raisons qui m’a empesché d’en parler
jusques à présent. Mais puisque vostre approbation authorise mon advis,
je prendray mon temps le plus à propos qu’il me sera possible, pour faire
cette proposition en sorte qu’elle ne fasse pas préjudice aux aultres affaires
qu’on a à traitter, qui sont de plus grande importance, au moins à nostre
esgard.
Quant à l’obstination où sont les Impériaux de ne vouloir pas faire la
promesse que nous désirons de n’assister point le roy d’Espagne, si ce
n’est en qualité d’empereur, où il semble que leur refuz est favorisé de
l’oppinion des Suédois et des princes protestans d’Allemagne, ainsy que
m’escript monsieur de La Court par une de ses lettres
importe avant touttes choses de tirer noz alliez de l’erreur où ilz sont, et
leur faire cognoistre la justice de nostre prétention, à laquelle, selon mon
foible advis, ilz sont obligez d’adhérer non seulement par l’affection de
vrays confœdérez, mais par l’obligation des traittez d’aliance
cela, se servir d’eux pour combattre avec nous les Impériaux.
S’il s’agissoit aujourd’huy de commencer une nouvelle guerre contre l’ Es-
pagne , j’advoue que ce seroit en quelque façon oster aux princes de la
maison d’Austriche la liberté que nous avons demandée et obtenue pour
tous les aultres princes de l’Empire
Mit dem Begriff liberté des princes sind die Rechte der Reichsstände gemeint, Krieg zu
führen, Frieden zu schließen und Bündnisse einzugehen ( ius pacis ac belli, ius foederis ) ; zu
ihrer Durchsetzung durch die Kronen vgl. Dickmann , Bündnisrecht, bes. 468–471; Bök-
kenförde ; zusammenfassend Repgen , Hauptprobleme, 409–419.
sister leurs parens et leurs amis quand ilz seroient attacquez; mais il fault
considérer l’estat où sont aujourd’huy les affaires de tous costez. Nous
sommes en guerre ouverte tant avec l’Espagne qu’avec la maison d’ Aus-
triche d’Allemagne. Ce sont à la vérité deux guerres séparées qui peuvent
estre terminées l’une sans l’aultre, et en chacune desquelles nous avons
des alliez qui sont obligez pour l’une, et ne le sont pas pour l’aultre,
comme les Hollandois pour celle d’Espagne seulement, et les Suédois
pour celle de l’Empire. Si dans les conditions que nous avons à mesnager
avec les Espagnolz, nous y voulons engager les Suédois et les princes
protestans d’Allemagn〈e〉, nous aurions tort; mais les Suédois et les pro-
testans comme noz alliez ne peuvent pas refuser de prendre part aux con-
ditions que nous sommes obligez de demander aux Impériaux et Austri-
chiens pour estre insérées dans le traitté de l’Empire, et qui doivent con-
tribuer à sa seureté. Je ne sçais pas avec quelle raison messieurs les Suédois
nous ont souvent demandé quand il a esté question de faire nostre traitté
avec l’Espagne, ou seulement une suspension en Italie ou par mer, que
nous fissions insérer dans l’accord que les affaires d’Allemagne n’en pour-
roient recevoir aulcun préjudice, ny les Impériaux recevoir aulcune nou-
velle assistance des Espagnolz par ce moyen; eux qui ont souvent déclarré
de ne vouloir point prendre part au traitté d’Espagne; et comment au-
jourd ’huy, estans en guerre conjointement avec nous, non seullement
avec l’Empereur, mais avec la maison d’Austriche – le traitté de Vismar
est en ces termes: «bellum decretum esto in imperatorem Romanum, do-
mum Austriacum», etc.
que nous avons intérest de faire insérer dans le traitté de l’Empire, non
seulement à l’esgard de l’Empereur, mais aussy des princes de la maison
d’Austriche, qui sont esgallement noz ennemis et ceux des Suédois, ne
regarde que le traitté d’Espagne. Je vouldrois demander à messieurs les
Suédois, si la qualité de vrays amis et de fidelz alliez leur permettroit de
nous conseiller de faire la paix avec les princes de la maison d’Austriche,
leur rendre leurs places et leurs Estatz, et leur donner des sommes d’ ar-
gent considérables, pour ne faire avec eux la guerre qu’en un lieu, et leur
laisser la liberté de nous la faire partout ailleurs soubz le nom des Espa-
gnolz , par l’assistance qu’ilz vouldroient leur pouvoir donner, et si en ce
cas nous ne serions pas très imprudens de rendre des places et fournir de
l’argent qui pourroit dez le lendemain estre employé contre nous. Il ne
fault pas se tromper, si nous avions consenty à cela, nous ne tirerions
aulcun fruict de la paix d’Allemagne, les Espagnolz en recevroient tout
l’advantage, et nous tout le préjudice.
Voylà, ce me semble, des raisons concluantes, qui monstrent esgallement
et que nous ne le devons pas faire, et que noz alliez non seulement ne
nous en doivent pas presser, mais que par les traittez, ilz sont obligez de
prendre part avec nous dans cet intérest, qui regarde directement le traitté
de l’Empire.
Car à toutte extrémité, quand les Suédois et les princes protestans s’ obsti-
neroient de nous presser sur ce subject, ce ne pourroit estre que de faire la
paix avec l’Empereur comme Empereur, et de faire cesser les hostilitez
dans le reste de l’Empire. Mais ilz demeureroient obligez par le traitté de
continuer la guerre conjointement avec nous à la maison d’Austriche dans
ses payz héréditaires, et nous ne serions plus obligez pour faciliter le
traitté de l’Empire de luy faire aulcune restitution des places et Estatz
qu’on luy a pris sur elle.
D’ailleurs, la maison d’Austriche estant tousjours en posession de la di-
gnité impérialle, ne seroit-ce pas se tromper soy-mesme de se contenter
de la promesse qu’offre l’Empereur, puisque la qualité d’empereur estant
désormais inséparable de celle de prince d’Austriche, il seroit comme im-
possible qu’il fist une chose en l’une des qualitez, sans que l’aultre y eust
part au moins indirectement; ce qu’il voudroit faire comme prince d’ Aus-
triche non seulement seroit beaucoup augmenté et authorisé par le pou-
voir d’empereur, mais cela luy serviroit encores à susciter contre nous
d’aultres princes, qui par raison prétendroient avoir la mesme liberté d’ as-
sister l’Espagne que ceux d’Austriche.
Il y auroit peult-estre quelque raison de doubter si nous pouvons raison-
nablement exiger cette condition des princes de la maison d’Austriche pour
tousjours, c’est-à-dire si aujourd’huy la guerre que nous avons avec l’ Es-
pagne estoit finie, et que dans quelque temps il en arrivast une nouvelle
entre les deux couronnes, nous pourrions alors empescher que les princes
d’Austriche n’y prissent part. Nous pouvons bien avec raison le prétendre
en vertu des restitutions que nous faisons et de l’argent que nous don-
nons . Il est vray pourtant que ce seroit seulement en ce cas qu’on pourroit
dire que nous leur osterions la liberté qu’on accorde à tous les aultres de
faire des alliances et d’assister qui bon leur semble. Mais de demander
qu’en finissant la guerre que nous avons aujourd’huy contre eux, il leur
soit permis de se mesler dez le lendemain de celle qui nous reste avec
l’Espagne, ce ne seroit que faire changer de lieu à la guerre et désadvanta-
geusement pour nous, puisque ce seroit aprez avoir renforcé de places et
d’argent les princes d’Austriche qui sont en Allemagne, et les avoir des-
livrez par un traitté des ennemis qu’ilz ont dans l’Empire, il n’est pas
croyable que noz alliez, ayans considéré ces raisons et ces inconvéniens,
nous veuillent obliger à des choses si desraisonnables et si préjudiciables.
Et quand ilz nous en feroient instance, ne se souciant peult-estre pas aul-
tant qu’ilz doivent de noz intérestz, aujourd’huy qu’ilz ont leur compte
dans les leurs, nous avons droict de nous en deffendre constemment, et de
leur représenter qu’ilz ne peuvent conclurre leur traitté que nous n’ayons
contentement sur cette clause, qui faict une des principalles parties, non
seulement de celuy que nous devons faire avec l’Empereur, mais de nostre
satisfaction particulière, et de nostre seureté.
Il me semble mesme que quand on vouldra faciliter le traitté de l’Empire,
on pourra proposer l’explication qui a esté faitte cy-dessuz, comme avec
grand tempérament, dont noz alliez auront subject d’estre contens, qui est
de n’obliger les princes d’Austriche de n’assister pas l’Espagne que dans la
guerre présente. Mais certes, aultrement je treuve la chose si préjudiciable
pour nous, qu’elle seroit cappable de laisser à la France seulle le fardeau
de deux grandes guerres, dont elle courroit fortune de demeurer chargée
aprez que les Suédois d’un costé, et les Hollandois de l’aultre, se seroient
tirez hors d’affaires.
Je voudrois encores demander à messieurs les Suédois comment en cas
que leur oppinion pust estre suivie, il se pourroit faire que nous vissions
passer des trouppes d’Allemagne envoyées par les princes d’Austriche au
secours des Espagnolz dans le Payz-Bas ou ailleurs, sans chercher l’ oca-
tion [!] de les combattre, soit dans les lieux où elles seroient assemblées,
qui seroit sans doubte dans l’estendue de l’Empire, soit en quelque aultre
endroit, et si cela arrivant, ce ne seroit pas renouveler les hostilitez dans
l’Empire mesme, dont nous ne pouvons pas estre réputez les autheurs,
puisque ce ne seroit que pour aller au-devant du mal qu’on nous voul-
droit faire.
Il y auroit beaucoup de considérations à faire sur ce subject, dont je croy
qu’il seroit inutile de vous importuner, puisque vous en avez sans compa-
raison plus de cognois[s]ance que moy. Je crois mesme vous devoir de-
mander pardon de la liberté que je prens de vous ennuyer par des lettres si
longues, que vous recevrez, s’il vous plaist, comme un effect de mon zèle
au service du Roy.