Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
274. Servien an Mazarin Den Haag 1647 Mai 14
Den Haag 1647 Mai 14
Ausfertigung, mit Empfängermarginalien: AE , CP Holl. 44 fol. 313–317’ = Druckvorlage.
Eigenhändiges Konzept: AE , CP Holl. 41 fol. 279–282. Teildruck: van Prinsterer ,
215–218.
Postangelegenheiten. Verdächtigungen Hollands gegenüber Prinz Wilhelm II. von Oranien
wegen seines Einvernehmens mit Frankreich; Beschwerde der Provinz über die von ihm ver-
anlaßte Entsendung von Truppen nach Flandern; dessen Rechtfertigung; Durchführung sei-
ner militärischen Pläne eher unwahrscheinlich; Zurückhaltung Serviens in dieser Sache. Be-
vorstehendes Zerwürfnis Prinz Wilhelms II. von Oranien mit seiner Mutter wegen des ihm
finanziell die Hände bindenden Testaments seines Vaters; wahrscheinlich insgeheime Unter-
stützung der Opposition gegen ihren Sohn durch die Prinzessin von Oranien; Einsatz ihrer
ganzen Macht für einen baldigen Friedensschluß der Generalstaaten mit Spanien und gegen
den Abschluß eines Garantieabkommens mit Frankreich; Unglaubwürdigkeit ihrer Ergeben-
heitsbeteuerungen gegenüber Servien. Persönliche Unterrichtung Champfleurys durch Prinz
Wilhelm II. über sein militärisches Vorhaben und die beabsichtigte Hilfestellung beim fran-
zösischen Gesuch um Überlassung niederländischer Schiffe. Verspäteter Eingang von nr. 259.
Unwillige Aufnahme der Schreiben Serviens in Münster; daher Absehen von weiteren Stel-
lungnahmen zu den dortigen Verhandlungen in der Korrespondenz mit seinen Kollegen;
Kritik an deren den Frieden verhindernden Verhalten.
Je n’ay point esté honoré de vos commandemens par le dernier ordinaire,
ce que je remarque seulement affin que Vostre Eminence sçache que si
elle m’avoit faict l’honneur de m’escrire
rendues.
Il est certain que |:la hayne et les soupçons de la province de Holande
naissent principalement de la bonne intelligence que monsieur le prince
d’Orange tasche de conserver avec la France qu’elle imagine sans compa-
raison plus grande qu’elle n’est en effect. Il n’a point escrit ny envoyé en
France, et n’a point receu de dépesche ny de gentilhomme de la cour,
qu’elle ne soupçonne que c’es〈t〉 pour quelque négotiation secrette. Ja-
mais ce prince ne va à la chasse ou aux promenades hors d’icy que les
raffinés du party contraire ne publient que c’est pour s’abou〈cher〉 avec
quelque envoyé de:| Vostre Eminence, |:pour concer〈ter〉 ou les desseings
de la campagne, ou quelqu〈e〉 autre entreprise directement contraire aux
intentions, ou, comme ilz disent, aux intérestz de l’Estat:|.
Ce n’estoit pas |:sans grande raison que j’avois appréhendé de très grandz
obstacles au desseing que monsieur le prince d’Orange avoit formés aux
environs de L’Escluse. Lorsqu’il a voulu seulement commencer d’y dis-
poser les affaires par l’envoy de quelque〈s〉 compagnies de cavalerie et
d’infanterie qu’il a faict marcher du costé de la Flandre, la province de Ho-
lande s’en est beaucoup plus esmeue que si l’ennemy estoit avec une armée
dans le cœur de son pays. Elle a faict une grande députation audict sieur
prince pour luy représenter les inconvéniens qui peuvent arriver de cette
nouveauté, et pour le prier de renvoyer toutes ces troupes dans leurs an-
ciennes garnisons:|. La principalle |:crainte de cette province est que ledict
sieur prince qu’elle croid incliner plus à la guerre qu’à la paix, ne veuille par
quelques nouvelles hostilitez rompre le traicté qui est desjà faict , ou bien
qu’il n’ayt desseing de joindre à l’armée de France le corps qu’il a faict
avancer, ou mesme qu’il n’ayt intention de favoriser, par cette diversion,
les desseings que Son Altesse Royale peut former cette année dans les Pays-
Bas, dont elle n’a pas moins de crainte que de tout le reste.
Monsieur le prince d’Orange a respondu fort sagement que la paix n’estant
pas encore faicte, ny les hostilitez cessées, il:| avoit esté obligé |:par le devoir
de sa charge de pourveoir à la seureté de la frontière; que les ennemys as-
semblans leurs troupes, il seroit seul responsable des entreprises qu’ilz
pourroient faire contre cet Estat, s’il n’y avoit remédié:|, et qu’en tout cas
|:il est prest de faire tout ce qui sera résolu sur ce sujet par:| Messieurs les
Estatz Généraux, desquelz |:il tient le pouvoir de général d’armée:|.
Ce qui réussira de cette |:importante contestation est encore incertain:|,
car comme |:monsieur le prince d’Orange est engagé pour sa réputation
de ne relascher pas facilement, la Holande paroist très obstinée à obtenir
ce qu’elle désire:| quoy qui puisse ariver, et sans quelque |:grand change-
ment , il y a plustost à craindre qu’à espérer pour le succez de ce que
monsieur le prince d’Orange a entrepris:|.
Vostre Eminence peult se souvenir du jugement que j’en ay faict d’abord,
mais [c]omme |:cette action estoit de merveilleuse importance pour favoriser
les desseings du Roy:|, je n’ay pas cru |:la devoir dissuader, quoyque je l’aye
crue accompagnée de très grandz inconvéniens:|. Je me suis contenté,
comme j’ay marqué à Vostre Eminence , de |:laisser faire sans m’en mesler.
On me donne advis de bon lieu que monsieur le prince d’Orange est à la
veille de se brouiller bien avant avec sa mère. Il est sensiblement picqué
d’un testament qu’il croid avoir esté faict à son instigation, par lequel feu
monsieur son père a substitué tout son bien à sa fille aisnée en cas que
son filz vienne à mourir sans enfans, ce qui luy oste la liberté de disposer
d’aucune chose et mesme de pouvoir payer les debtes ny remédier aux
autres affaires dont il a trouvé sa maison chargée:|.
Il est |:bien à craindre que l’ambition, l’avarice et l’humeur altière de cette
femme ne causent de grandes brouilleries par deçà et beaucoup de préju-
dice à l’establissement de son filz:|. Car il est certain que plusieurs
personnes |:n’oseroient pas se déclarer si hardiment contre luy s’ilz ne
croyoient avoir la mère de leur party:|. Je ne doubte point que |:elle n’ayt
contribué secrettement aux difficultez qui se sont rencontrées jusqu’icy à
l’expédition du pouvoir de gouverneur de Holande, que ledict sieur
prince n’a point encore, afin de le tenir en bride et le porter plus facile-
ment à la paix:|. Je ne doubte point aussy que pour asseurer l’effect des
|:promesses que les Espagnolz luy ont faictes, elle ne travaille de tout son
pouvoir pour faire conclurre la paix en quelque façon que ce soit, et pour
empescher que la garentye soit accordée:|, qui sont peult-estre |:deux con-
ditions ausquelles elle s’est obligée pour gaigner la somme qu’on luy a
faict espérer:|.
Cependant |:elle ne laisse pas de me faire de grandes protestations de son
affection inviolable pour le service de Leurs Majestez. Tous ceux qui luy
parlent plus confidemment m’asseurent tous les jours qu’ilz la trouvent
très changée depuis le retour de Deschamps, et qu’elle faict paroistre une
très grande appréhension qu’il n’arrive de la mésintelligence entre la
France et cet Estat. Je fais semblant de croire ce qu’elle me dict, pour
l’empescher de faire pis, mais je ne voy rien de franc dans son procéder
que les prédictions qu’elle me faict sans cesse des maux qui peuvent arri-
ver , lesquelles m’obligèrent de luy respondre en riant, à la dernière visite,
que:| il estoit bien aise de prédire des inconvéniens lorsque l’on contri-
buoit à les faire naistre, et que nous |:luy serions bien plus obligez si elle
travailloit à les destourner ou si elle nous fournissoit les moyens de nous
en garentir:|.
J’ay désiré que monsieur de Champfleury |:apprist de la bouche de mon-
sieur le prince d’Orange le desseing qu’il a formé du costé de la Flandre,
et la promesse qu’il m’a cy-devant faicte de nous ayder pour obtenir de
Messieurs les Estatz un certain nombre de vaisseaux. Il s’est expliqué clai-
rement audict sieur de Champfleury de ses intentions sur l’un et sur l’ au-
tre de ces poinctz, et l’a:| prié d’attendre encor icy huict ou dix jours pour
|:voir ce qui réussira de son entreprise, et à quoy il pourra disposer Mes-
sieurs les Estatz pour les vaisseaux:|, tesmoignant grande inclination de
rendre à Vostre Eminence tous les services qui dépendront de luy.
Je viens de recevoir présentement la lettre de Vostre Eminence du 3 e de ce
mois qui n’estoit pas arivée avec le pacquet ordinaire sans que j’en sçache
la cause. Je ne sçay sy elle sera deschiffrée à temps pour y pouvoir faire
response, mais ayant d’abord couru tous les articles qui sont sans chiffre,
j’ay remarqué ce que Vostre Eminence m’ordonne |:pour Munster, où:|
elle désire que je continue d’envoyer mes sentimens sur les poinctz qu’on
y traicte. Je suis obligé de luy dire que dans les dernières despesches que
j’y ay faictes , je m’en suis abstenu, |:m’estant apperceu, et ayant appris
par divers advis qu’on n’y avoit pas eu agréable la liberté avec laquelle:| je
m’en suis explicqué jusqu’à présent. Cela ne m’auroit pas faict demeurer
dans le silence, estant beaucoup |:plus obligé de servir le Roy et l’Estat
que de complaire à ceux qui y sont. Mais:| j’ay remarqué en mesme temps
que mes advis, et les raisons dont je tasche de les appuyer, |:produisent des
effectz tous contraires, et qu’elles ont plus servy à irriter les espritz contre
moy, ou à:| les faire persister dans |:d’autres opinions que leur persuadent
les moynes:|. Vostre Eminence |:en verra une preuve bien évidente dans le
refus qu’on y a faict de donner la déclaration que j’avois proposée en
faveur de Messieurs les Estatz, dont:| j’avois donné icy parolle. C’est la
seconde |:fois que monsieur de Longueville m’a voulu désadvouer sans
que j’aye jamais manqué de respect envers luy:|. Je n’ay peu m’empescher
de |:luy en escrire:| mes sentimens, non seulement pour nous garentir du
préjudice que nous pouvons recevoir en cette rencontre, mais pour |:luy
faire comprendre combien il sera malaisé de réussir:| en cette importante
négotiation |:si on n’agit de concert, et si on ne prend un peu de créance
les uns aux autres:|. Je n’ay garde de |:en rien tesmoigner ny de m’en plain-
dre du costé de Munster:|, et je n’aurois pas eu l’asseurance d’en parler à
Vostre Eminence, sy je n’avois esté obligé de l’informer des raisons qui
m’ont empesché de continuer comme j’avois commencé. Sy j’estois |:près
de monsieur de Longueville:|, je suis asseuré que cela n’arriveroit pas.
Tandis que j’ay peu l’entretenir ou aux promenades ou ailleurs, j’ay eu le
bonheur, pendant tout le cours de la négotiation, de luy faire approuver et
suivre mes oppinions, qui n’ont jamais eu pour objet que le bien public, et
le service du Roy. |:Mais depuis que j’en suis esloigné, je voy fort bien que
ceux qui ne m’ayment pas se prévallent de sa facilité et n’oublient rien
pour aigrir ce prince contre moy, ou pour luy donner de l’ombrage de
ma conduite. Ce qui me fasche le plus est que selon toutes les apparences
la paix devroit venir d’icy:|, comme Vostre Eminence l’a très bien jugé dès
le commencement, et il y auroit peult-estre |:moyen d’y porter les affaires
assez advantageusement. Mais:| pour ne rien |:desguiser, je crains que les
plus grandz obstacles ne viennent de Munster:|.