Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
215. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville und d’Avaux Paris 1647 April 12
Paris 1647 April 12
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80–89. Konzept: AE , CP All. 82 fol. 240–244, 245’–249. Kopie: Ass.Nat. 273 fol. 217–225’.
Lob der Gesandten. Wahrscheinlich am Ende Nachgeben der Schweden bei ihren neuen
Forderungen; große Hoffnungen auf d’Avaux’ zweite Reise nach Osnabrück, auch wegen
der jüngsten Nachrichten von Chanut aus Stockholm. Vorteilhafte Folgen des Ulmer Waf-
fenstillstandsvertrages : erhebliche Kriegskostendämpfung, Möglichkeit des Einsatzes der Ar-
mee Turennes gegen die Spanier und vor allem Vereitelung kaiserlicher und kurbayerischer
Assistenz für deren Truppen; trotz dieser Vorteile aber kein Hinauszögern des Reichsfrie-
dens . Aufgabe d’Avaux’: Keine Nötigung der Schweden zum Friedensschluß gegen ihren
Willen, aber Durchsetzung militärischer Dispositionsfreiheit für Frankreich. Keine Diskus-
sion mit ihnen über die Verwendung der Armee Turennes. Zurückstellung der Erörterung
der Subsidienfrage. Sprachregelung zur Begründung des notwendigen Abzuges Turennes.
Rat zur Vorsicht gegenüber den Kaiserlichen. Günstiger Effekt der Gerüchte über den Ul-
mer Waffenstillstandsvertrag in den Niederlanden. Gemischte Gefühle in den Spanischen
Niederlanden bei Ankunft Erzherzog Leopold Wilhelms; Abreiseabsicht Castel-Rodrigos;
Spannungen zwischen den spanischen Befehlshabern in den Niederlanden. Zugeständnis des
Empfangs kurbayerischer Gesandter am französischen Hof. Französischer Rechtsanspruch
auf Mont-Cassel (Beilage 1). Empfehlung zum Eintreten für die Rückgabe der entfremdeten
niederländischen Besitzungen der Abtei Corbie (Beilage 2). Postangelegenheiten (Beilage 3).
Zurückhaltung der Spanier in den reichsständischen Beratungen über die Pfalzfrage bezeich-
nend für ihre Religions- und Bayern-Politik. Vorenthaltung spanischer Zugeständnisse in
Sachen Zession der toskanischen Plätze und französische Unterstützung Portugals durch
Pauw; dessen Einsatz zugunsten spanischer Interessen. Furcht der Spanier vor einer Forde-
rung Frankreichs nach Überlassung Kataloniens im Rahmen eines Friedens; ihre (taktische)
Einbringung in die Verhandlungen jetzt angebracht? Notwendige Genauigkeit bei der Ab-
fassung des (Geheim-)Artikels zum französischen Recht auf Assistenz Portugals; wahrschein-
lich spanischer Widerstand gegen ein Zertifikat der Niederländer, Mediatoren und Kaiserli-
chen zu dessen Festschreibung; erforderliche Vorsicht bei der Formulierung eines allgemeinen
Assistenz-Artikels zugunsten angegriffener Verbündeter. Garantieabkommen mit den Nie-
derländern als Versicherung gegen spanischen Vertragsbruch. Häufige Betonung des aus-
drücklichen französischen Vorbehalts der Erhöhung der gestellten Forderungen gegenüber
den Mediatoren, Kaiserlichen und anderen; gleiche Freiheit auch für Spanien; Rechtfertigung
des französischen Vorbehalts.
On a receu la dépesche de Messieurs les Plénipotentiaires du premier de
ce mois et Sa Majesté a approuvé entièrement et loué leur conduicte en
tout ce qu’ilz ont traicté avec les Médiateurs, la solidité et l’adresse des
discours qu’ilz leur ont tenus, la résolution du voyage du sieur d’Avaux
à Osnabrug et la pensée de laisser |:revenir Transmandorf à Munster:| si
les nouvelles diligences que ledict sieur d’Avaux fera pour l’avancement
de la paix de l’Empire ne produisent pas l’effect que nous souhaitons |:par
la dureté ou l’exhorbitance des prétentions de noz alliez:|.
Il n’y a pas apparence, comme on l’a desjà mandé , que les ministres de
Suède aiant sujet d’estre satiffaictz de ce qu’on veut leur donner, s’ opinias-
trent à tenir bon pour le plus ou le moins |:des intérestz de la maison
palatine et des protestantz quand ilz verront que les ministres de l’ Empe-
reur et ceux de Bavières et du party catholique, aprez avoir déclaré le
dernier mot et espuizé tout leur pouvoir, tiendront bon à ne vouloir rien
accorder:| au-delà de ce qu’ilz ont fait et que la France déclarera là-dessus
qu’elle ne veut pas à la vérité s’opposer aux avantages de ladicte maison
palatine et des protestans, mais que s’y rencontrant des obstacles qu’on ne
peut surmonter, elle ne peut continuer la guerre pour ce seul respect,
l’estat de ses affaires ne le luy permettant pas sans recevoir d’ailleurs un
trop grand préjudice. Il doit bien suffire à messieurs de Suède que cette
couronne estant asseurée de sa satiffaction, il y a plus d’un an, ayt mis
depuis ce temps-là le tout pour le tout, assistant l’armée d’Allemagne pré-
férablement à toutes les autres, quelque nécessité qu’elles en eussent, et
cela sans rien prétendre pour elle et sans qu’on puisse dire qu’elle ayt eu
autre but que de faire avoir à la Suède sa satiffaction, laquelle on a fait
augmenter beaucoup au-delà de ce qu’elle s’estoit déclarée de prétendre
quatre mois auparavant.
Sa Majesté se promet beaucoup de fruict de ce second voyage du sieur
d’Avaux, tant pour les raisons cy-dessus, que pour ce que le sieur Chanut
mande par sa dernière dépesche du 9 e mars
nant la nouvelle de ce qui s’estoit passé à Osnabrug, luy en avoit tesmoigné
grande joye et luy aiant dit ensuitte qu’il y avoit trois ou quatre choses dont
elle estoit pressée par devoir et par affection, sur lesquelles elle espéroit
d’obtenir contentement par l’entremise dudict sieur d’Avaux. |:Elle l’avoit
asseuré positivement que la demande qu’elle en feroit faire par ses mini-
stres n’alloit aucunement à destruyre les choses arrestées
quand mesme on luy refuseroit ces nouvelles instances:|.
Il ajouste à cela que ladicte reyne luy a tesmoigné sur le sujet |:des éves-
chez d’Osnabruk et de Minden que cela ne luy tenoit point au cœur:|.
Ainsy il se void que la hauteur et la fermeté avec laquelle les plénipoten-
tiaires de Suède portent les affaires dans l’assemblée n’est |:pas tant en
exécution des ordres qu’ilz peuvent avoir de leur maistresse:|, comme
c’est un effect de leur adresse pour procurer de plus grands avantages à
leur patrie, se monstrans bien esloignez de la paix lorsque tout l’Empire
en a tant de besoing et de désir, mais il est à croire qu’ayant poussé les
choses à bout et rencontrans plus de résistance qu’ilz ne s’en sont figurez,
ilz reviendront à ce qui leur est ordonné |:par la reyne, qui est de con-
clurre la paix aux conditions qui sont desjà arrestées:|, si ce n’est qu’ilz
soient bien asseurez que faisans |:encor bonne mine pour quelques jours,
les Impériaux céderont:|.
En tout cas Leurs Majestez ont grand sujet de louer Dieu de ce qu’il luy a
pleu bénir et rescompenser tellement les sainctes et désintéressées inten-
tions qu’elles ont pour le repos public qu’il se peut dire que par la suspen-
sion qui vient d’estre arrestée entre les couronnes alliées et le duc de Ba-
vières sa divine bonté |:a mis les affaires d’Allemagne en meilleur estat à
l’esgard de la France que nous-mesmes ne les souhaittions:| quant nous
nous sommes appliquez de tout nostre pouvoir pour y faire conclure la
paix, |:avant qu’estre asseurez de ce qui réussira de nostre traitté avec l’ Es-
pagne :|.
On explique ce raisonnement par quelques réflections.
Premièrement, outre les considérations générales de la compassion que
Leurs Majestez ont des maux que souffre depuis si longtemps l’ Alle-
magne et de la crainte qu’elles ont eue que la continuation de la guerre
n’i causast des dommages irréparables à la religion en ruinant le party
catholique, la principale raison de nostre intérest qui nous a fait désirer
si ard〈a〉mment de voir la paix dans l’Empire sans aucun délay |:a esté
celle de pouvoir nous exempter des grandes despenses que nous sommes
obligez de faire pour maintenir et renforcer de tems à autre l’armée qu’y
commande monsieur le mareschal de Turenne, espargner les subsides que
l’on fournit annuèlement à la couronne de Suède et à Madame la Lan-
grave , et pouvoir faire agir l’armée dudict sieur mareschal contre les Espa-
gnolz :| pour les mettre à la raison et les forcer de consentir aux justes
conditions auxquelles nous avons acquiescé pour un bon accommode-
ment .
En second lieu, lorsque l’on a délibéré dans le Conseil sur la question s’il
seroit bon, en cas que les affaires prissent ce train-là, d’achever la paix
dans l’Empire et demeurer en guerre contre les Espagnolz, |:le seul
qui fît hésiter quelque tems là-dessuz, avant que se résoudre à
l’affirmative, fut qu’il y avoit lieu de craindre que quelques précautions
dont on pust user, l’Empereur et Bavières mesme n’assistassent le roy
d’Espagne contre nous et qu’ainsy les Espagnolz pourroient tirer plus
de proffit et d’avantage de cet accommodement particulier que nous
n’aurions fait d’avoir l’armée de monsieur de Turenne toute libre à
nous en servir contre eux:|.
Or, il semble que depuis la suspension conclue avec Bavière et dans l’estat
présent des affaires (|:quoyqu’à dire le vray on ne juge pas qu’il puisse
durer à cause que les Impériaux seront obligez de plier à tout:|) nous ne
tirons pas seulement toute l’utilité que nous pouvions nous promettre de
la paix d’Allemagne, mais nous n’avons mesmes rien à appréhender de
l’inconvénient qui nous faisoit peine, |:car nous pourrons employer l’ ar-
mée de monsieur de Turenne contre les Espagnolz et peut-estre espargner
les subsides et les forces des Suédois tenans tousjours celles de l’Empereur
en eschect, ny il ne pourra assister les Espagnolz ny ceux-cy ne s’y atten-
dront pas comme ilz eussent faict sy la paix d’Allemagne se fust achevée
de tout poinct, ce qui les rendra sans doubte plus traittables pour nostre
accomodement:|, voyant que nous proffitons d’une armée entière sans
qu’ilz aient moyen de proffiter d’un seul soldat.
Toutes ces considérations quoyque bien puissantes n’obligent pas Sa Ma-
jesté à
aux ordres qu’elle a donnez à ses plénipotentiaires de faire toutes sortes
d’efforts pour disposer les ministres de Suède à la paix, et ce que l’on en a
dit n’est que pour montrer que s’ilz ne le font pas sitost, nous aurons lieu
de nous en consoler puisque outre que nous ne serons point coulpables
devant Dieu ni devant les hommes de ce retardement, il nous est extrême-
ment utile tant que noz affaires avec Espagne demeureront indécises |:et
que nous aurons cette autre guerre à soustenir:|.
Ce sera audict sieur d’Avaux à mesnager tout cecy selon sa prudence; on
se contentera seulement de le faire souvenir que nous pouvons bien |: dé-
clarer aux Suédois que maintenant que leur satisfaction est adjustée, nous
ne sommes pas tenuz à concourir indifféremment à l’exécution de tous les
autres desseins qu’ilz peuvent avoir pour leurs intérestz ou pour leurs
passions:|, mais nous n’avons pas droict de les forcer à faire la paix s’ilz
ne veulent et il nous doit suffire qu’ilz ne prétendent pas |:d’entraisner
tousjours nostre armée où ilz voudront:| et que nous puissions nous en
servir où la plus grande nécessité de noz affaires le requérera.
Si ledict sieur d’Avaux a jugé à propos de parler |:aux ministres de Suède
du retour du mareschal de Turenne deçà le Rhin avec la plus grande partie
de son armée, on est asseuré que ç’aura esté comme d’une résolution prise
qu’on leur communique confidemment:| et qu’il se sera bien gardé d’en
faire une délibération avec eux ni de leur donner lieu d’y opiner |:parce
qu’il est certain qu’ilz n’y auroient pas consenty, estans:| bien aises de
tenir les choses en incertitude pour parvenir à leurs fins, et s’ilz ont desjà
droient-ilz |:de nous tenir delà le Rhin:|.
Si cette dépesche arrive avant que le sieur d’Avaux ayt exécuté les ordres
qu’on luy avoit donnez, Sa Majesté juge à propos |:qu’en parlant aux Sué-
dois du retour de nostre armée, il ne leur dise mot encore du retranche-
ment du subside affin de ne leur donner pas tout le mal d’un coup:|, se
contentant de dire en général, comme l’on a desjà mandé , l’impossibilité
où l’on est de |:continuer à faire de sy grandes despenses en Allemagne,
aussy bien avons-nous besoing présentement de noz forces, et pour le
payement du subside, il y a deux ou trois mois de tems à y penser:|.
Outre les raisons qu’on a desjà mandées dont le sieur d’Avaux se peut
servir pour justiffier nostre résolution |:sur la retraitte de nostre dite ar-
mée comme celle de ruyner Darmstad qui s’est joinct aux Espagnolz par
un traitté , résister au duc Charles, deffendre noz conquestes du Rhyn,
protéger l’archevesque de Trève:|, et ce qu’il peut leur représenter en
tout cas que nous ne sommes pas obligez d’agir tousjours |:en conjunction
ny mesme de tenir noz forces au-delà du Rhin:| quand la nécessité les
appelle ailleurs, il y en a deux autres qui parroissent concluantes.
L’une, que les ayant mis en estat, |:par la suspension de Bavières, non
seulement de résister seulz à l’Empereur pendant quelque tems, mais de
continuer à luy donner la loy, ilz ne doivent pas treuver mauvais que nous
prenions cette occasion pour remédier ailleurs à des inconvéniens très
pressantz qui nous menacent:|.
L’autre, qu’il leur sera plus avantageux pour tous les desseins qu’ils peu-
vent avoir, quelz qu’ilz puissent estre, que nous soustenions par cette
voye |:noz affaires contre l’Espagne que sy par complaisance et pour ad-
hérer à l’ardeur démesurée que Messieurs les Estatz ont de faire la paix à
quelque condition que ce soit, nous sortions d’affaires désavantageuse-
ment avec le roy d’Espagne:|, lequel par ce moyen seroit bientost en estat
|:de relever celles de l’Empereur avec de puissantz secours qu’il pourroit
luy envoyer des Païs-Bas et d’Italie:|, et mettre en compromis tout ce qui
a esté jusques icy accordé à la couronne de Suède pour sa satiffaction,
d’autant plus que plusieurs autres princes, soubz prétexte |:de la religion
qu’on leur représenteroit opprimée par les armes suédoises:|, pourroient y
prendre part, lesquelz aujourd’huy ne l’oseroient, |:à cause de la division
qui est entre les deux couronnes:|.
Il est à croire que dans les extrémitez où se trouve aujourd’huy réduict
l’Empereur, ses ministres parlent sincèrement quand ilz nous font deman-
der |:assistance par les Médiateurs pour les appuyer dans les choses où la
religion se treuve intéressée:|, mais comme l’on a averty plusieurs fois , on
doit tousjours estre en meffiance |:que les Espagnolz qui sont perpétuel-
lement à l’affût pour brouiller tout ne se meslent là-dedans, et comme ilz
ont grand crédit prez de l’Empereur, ilz ne luy fassent prendre:| tout à
coup quelque résolution contre ses intérestz propres et contre le bien de
|:la religion, dont il se veoidt tous les jours qu’ilz usent fort librement
selon qu’ilz y treuvent leur compte:|.
D’ailleurs on aprend de divers endroictz que |:le comte de Trautmandorff
avec tout le besoing qu’il a de nous, et parmy les recherches qu’il fait de
nostre assistance, ne laisse pas de:| travailler à nous rendre suspectz à tous
les Allemandz, faisant craindre nostre puissance aux protestans encores
plus qu’aux catholiques et essayant d’augmenter la jalousie qu’ont |:desjà
les Suédois de nostre bonne intelligence avec Bavières.
Il a dit mesme à ceux-cy qu’ilz doivent s’opposer à tout ce qui est préju-
diciable à l’Empire:| maintenant qu’ilz en sont devenus un des plus consi-
dérables membres par les provinces |:qu’on leur donne pour leur satisfac-
tion :|, ce qui faisant voir qu’il ne nous espargneroit pas s’il estoit en son
pouvoir, il est de la prudence de se conduire en sorte que nous ne luy en
fournissions pas nous-mesme l’occasion, donnant des desgoustz à noz al-
liez dont il ayt moyen de proffiter à noz despens. Il n’y a pas, Dieu mer-
cy , grande apparence que cela puisse arriver, mais la prudence veut qu’on
regarde les choses du plus mauvais costé affin de se préparer à tout et y
pourvoir autant qu’il se peut.
Nous avons des nouvelles d’Allemagne de divers endroictz que monsieur
le duc de Bavière a ratiffié
seul bruit duquel a desjà porté grand avantage à nos affaires en Holande, à
ce que mande le sieur Servien , et il y a lieu de se promettre que l’ exé-
cution nous en donnera de bien considérables si les ennemis ne se résol-
vent d’en arrester les suittes en consentant promptement aux justes con-
ditions que nous prétendons pour la paix.
On apprend de Bruxelles que cette nouvelle y a causé une grande conster-
nation et que l’arrivée de l’archiduc Léopold a Stevansvert
contrepezer; au contraire, si les peuples en ont eu quelque joye, les minis-
tres et particulièrement les Espagnolz en ont esté faschez et paru fort sur-
pris , |:et le duc Charles sur tous les autres parce qu’il se flattoit que ce
prince ne venant point:|, le commandement général des armes |:luy tum-
beroit entre les mains:|.
Le marquis de Castel-Rodrigo à déclaré que quelque instance qu’on pust
luy faire d’Espagne pour son séjour, il ne prétendoit pas d’estre aux Païs-
Bas passé six semaines ou deux mois au plus. Il ne peut souffrir que Pico-
lomini avec lequel il n’estoit pas en trop bonne intelligence prenne main-
tenant le dessus comme il fera sans doute, l’archiduc ayant entière con-
fiance en luy, et cela mesme donne |:de grandes inquiétudes au marquis de
Carassène
grandes divisions qui ne seroient:| pas fort propres pour méliorer les af-
faires du roy d’Espagne en ces païs-là.
Il a esté respondu fort civilement et avec des sentimens pleins d’estime
et d’une particulière affection |:aux lettres que monsieur le duc de Baviè-
res escrivit à la Reyne et à Monsieur le Cardinal , et quand à la demande
qu’il faisoit de pouvoir envoyer à la cour une personne expresse, on re-
partit que Messieurs les Plénipotentiaires à Munster en feroient sçavoir
aux siens la response:|, ce que l’on fist affin qu’il ne luy demeurast rien
en main qui pust faire voir dans l’incertitude de ce qui pouvoit arriver des
négociations, mais maintenant Sa Majesté estime que lesdicts Sieurs Pléni-
potentiaires doivent dire à ses ministres que l’on verra icy avec plaisir les
personnes qu’il voudra y envoyer et qu’ilz y recevront les accueilz et les
bons traitemens que méritent la qualité du maistre et le zelle qu’il a fait
parroistre pour cette couronne et pour le bien public, et il ne sera pas mal
|:de le communiquer s’ilz le jugent à propoz aux ministres de Suède:| et
que quelque instance que ce prince en eust faite il y a longtemps, on n’a
jamais voulu le luy permettre qu’après qu’il a signé et ratiffié la suspen-
sion avec les deux couronnes.
On adresse à Messieurs les Plénipotentiaires quelques escritures pour jus-
tiffier que Cassel est une dépendance du château de La Motte-aux-Bois;
on ne les a pas beaucoup examinées, se remettant à eux à le faire de delà;
le bailly dudict Cassel et quelques habitans qui sont venus icy nous ont
confirmé la mesme chose et qu’elle n’est ignorée de personne dans le païs.
De sorte qu’il y aura lieu peut-estre de faire valoir en cela nostre droict
d’autant plus que la suspension de Bavière nous donnant moyen de nous
servir d’une armée très considérable, nous pouvons maintenant parroistre
plus fermes en certaines choses.
|:Nous estions sur le point d’aller avec des trouppes à ce poste de Cassel et
le fortiffier:|, mais les ennemis, aians esté avertis de nostre pensée, se sont
tousjours mis en devoir de l’empescher et on n’a pas jugé à propos |:de
hazarder à y recevoir un affront; aussy bien dans la continuation de la
guerre, il nous eust esté plus désavantageux qu’utile de nous estre empa-
rez de ce poste:| où il eust falu laisser bonne garnison, et la paix se faisant,
il suffira d’estre averty dix ou douze jours par avance |:pour l’occuper en
cas que les autres diligences que nous aurons faictes à l’assemblée pour
nous l’asseurer ayent esté inutiles:|.
L’abbaye de Corbye
deux ans, affin que Sa Majesté eust moyen d’en gratiffier alors le cardinal
Pamphilio, estant de nouveau vaccante par son mariage, Sa Majesté a
voulu que mondict Sieur le Cardinal la reprist et parce qu’il y a des dé-
pendances de ladicte abbaye scituées dans les Païs-Bas dont les abbez ont
esté frustrez depuis quelque temps, Sa Majesté recommande à Messieurs
les Plénipotentiaires de s’employer avec chaleur dans la conclusion du
traicté de la paix pour les faire réunir à l’abbaye en conformité du mé-
moire qu’on leur adresse pour cet effect.
On prétendoit envoyer il y a quatre jours le mémoire de Sa Majesté qui est
cy-joinct par le sieur d’Erbigny, mais estant allé faire un tour en Picardie,
on a creu que ledict mémoire seroit aussy tost à Munster par l’ordinaire et
on retiendra icy quelques jours ledict sieur d’Erbigny pour voir si pendant
cela il arrivera quelque chose digne d’estre mandé.
|:Nous avons sceu que le président Veints
Dr. iur. Peter von Weyms (1610–1650; z.T. auch abweichende Angaben: vor 1600–1657),
1645 Juni-1648 burgundischer Ges. auf dem WFK, ebenso für die Abtei St. Maximin zu
Trier; 1639–1644 Präsident des Provinzialrates zu Luxemburg, 1641 span. Ges. auf dem
Regensburger RT ; 1649 Rat im Conseil privé zu Brüssel ( BAB 731, 335f.; Arendt , 215;
Neyen III, 468; Lonchay / Cuvelier IV, 223; APW III D 1, 185 Anm. 1, 350 Z. 37, 361
Z. 25; Wolff , 209; biographische Notiz Godefroys in IF CG 90 fol. 256’).
Compté dans les assemblées des princes et estatz de l’Empire, s’est tous-
jours abstenu d’y aller:| lorsque l’on y a traicté du poinct du Haut-Palatinat
et de la dignité eslectorale, les autres |:ministres d’Espagne le luy ayant ainsy
ordonné:|, et leur imprudence va à tel poinct qu’ilz ne font pas difficulté de
s’en vanter assez publiquement, quoyque cela n’ayt nuy en rien aux inté-
restz de monsieur de Bavière et qu’il ne puisse servir qu’à irriter de plus en
plus ce prince contr’eux. On ne void pas comme se conduisant de la sorte,
il[z] peuvent avoir l’asseurance de faire en toutes rencontres tant d’ osten-
tation de leur zèle pour la religion dont ilz se disent les seulz protecteurs,
puisque dans un fait particulier où il s’agit des intérests du chef de la ligue
catholique avec une maison protestante, ilz évitent d’assister le premier et
favorisent celle-cy de tout leur pouvoir. Si les ministres de Bavière n’ a-
voient pas pris garde à cette particularité du procédé de Voims, il sera bon
de la leur faire remarquer en passant affin qu’ilz touchent au doigt de plus
en plus ce que leur maistre se peut promettre de la couronne d’Espagne.
Nous avons eu avis de fort bon lieu, et il est encores confirmé par la voye
de Bruxelles où Philippes Roy qui y a fait un voyage a dit la mesme chose,
que dez le commencement du mois passé, |:Brun, par ordre de Penneran-
da , avoit donné pouvoir à Pau de nous promettre librement la cession des
postes de Toscane et de se relascher sur la faculté que nous voullons nous
réserver d’assister le roy de Portugal, pourveu qu’on ne parlast en aucune
façon de trêve ou de suspension qui regardast directement ou indirecte-
ment ce royaume:|.
Nous avons sceu d’ailleurs |:que le mesme Pau, dans une lettre qu’il es-
crit à un de ses
Espagnolz alloient encores donner les mains à une trêve d’un an pour le
Portugal et qu’il se promettoit de faire contenter sans cela les ministres de
France de l’autre point dont nous ne sçavons pourtant pas qu’il ayt jamais
parlé qu’en y représentant des obstacles:| qu’on ne pourroit surmonter;
mais nous espérons que les Médiateurs l’auront fait depuis et on peut re-
marquer en toutes ces particularitez que |:Pau avoit plus de peine à nous
apporter quelque chose d’avantageux de la part des Espagnolz qu’ eux-
mesmes n’avoient à l’accorder:|.
Nous avons en outre quelques avis que les Espagnolz craignent extrême-
ment que nous |:ne déclarions à la fin que nous prétendons de retenir la
Catalogne comme les autres conquestes par la paix, et non pas par une
trêve:|, et ilz en sont d’autant plus en peyne qu’aiant essayé de pressentir
là-dessus |:l’opinion de Messieurs les Estatz:|, ilz ont trouvé que quant la
France auroit mis sur le tapis cette prétention, ilz ne l’auroient peu con-
demner depuis que les Provinces-Unies ont aussy changé leur trefve en
une paix.
On met tout cecy en considération à Messieurs les Plénipotentiaires affin
qu’ilz examinent s’il seroit à propos, dans cette conjoncture, |:de mettre
cette proposition en avant, soit pour l’emporter en effect, se prévalant de
la peur qu’auront les Espagnolz voyantz l’armée de monsieur le mares-
chal de Turenne libre et en estat de fondre sur eux, ou à dessein de s’en
relascher, mais pour:| obtenir plus facilement l’acquiescement des ennemis
à tous les autres poincts qu’ilz nous contestent encores et notamment ce-
luy |:d’une courte trêve pour le Portugal:|.
Il est important au dernier point que Messieurs les Plénipotentiaires pren-
nent garde jusques aux moindres motz et sillabes |:sur l’article secret ou
public par lequel nous nous réserverons la faculté d’assister le Portugal:|
en sorte qu’il n’y ayt aucune parolle à double sens ni équivocque dont on
peust avec le temps inférer que la France |:secourant ledict roy eust rompu
avec l’Espagne:|.
On croid icy que les Espagnolz ne recevront pas si tost ni si volontiers
l’expédient dont on parla dernièrement que les Holandois, les Média-
teurs et les Impéri aux |:déclarassent par escrit que le roy d’Espagne a con-
senty que la France assistast le roy de Portugal comme ilz feront celuy de
mettre un article dans le traitté qui porte que les deux couronnes pourront
assister leurs alliez quand ilz seront attaquez:|; la raison est qu’en ce der-
nier |:on ne spécifieroit point le Portugal:| et qu’il resteroit plus de lieu à
quelque équivoque comme il pourroit y en avoir deux entre autres aux-
quelz il sera bien à propos que Messieurs les Plénipotentiaires remédient.
|:L’un seroit sy ne se concluant point de trêve pour le Portugal, les Espa-
gnolz prétendoient qu’on:| n’a pas entendu dans l’article parler |:dudict
roy de Portugal qu’on a stipulé de pouvoir deffendre les alliez qui seroient
attaquez:| puisque celuy-cy l’estoit desjà effectivement et qu’il n’y auroit
point eu d’interruption, et que la clause ne se doit expliquer qu’en faveur
des alliez avec qui on n’a eu jusques icy aucune hostilité et qui pourroient
estre attaquez à l’avenir.
L’autre, qu’ilz pourroient songer à limiter |:nostre assistance en y adjous-
tant la parolle «deffensive»:|, affin d’avoir prétexte de dire que nous au-
rions les premiers |:contrevenuz au traitté sy les trouppes que nous ferons
passer en Portugal entroient dans les Estatz de Castille, ne se:| contentant
pas de deffendre mais attaquant, |:ou sy une armée navalle auxiliaire que
nous serions obligez d’envoyer en Portugal, tant pour se joindre à celle
dudict roy, que pour y transporter des trouppes, rencontroit l’armée
d’Espagne et la combattist:|.
Et bien qu’on ne deust pas se mettre en peine avec d’autres de toutes ces
petites substilitez puisque chacun void assez |:que le roy de Portugal n’a
pas de meilleur moyen de se deffendre que d’attaquer s’il peut ses enne-
mis , néantmoins avec les Espagnolz qui au mesme tems qu’ilz traittent la
paix songent aux moyens et à treuver des prétextes de la rompre dez
qu’ilz en croyront la conjuncture favorable:|, il faut estre extrêmement
alerte et chercher par-dessus tout la clarté dans les choses dont on tom-
bera d’accord.
En outre, il se pourra faire que les alliez comme les Holandois à nostre
esgard, ou la France au leur, pourront estre obligez |:de rompre mesme
sans estre attaquez:| comme il arriveroit si les Espagnolz manquoient |:à
l’un ou à l’autre en quelqu’une des choses qu’ilz auront promises par le
traitté, et en ce cas les Espagnolz pourroient bien estre les premiers atta-
quez :|, mais ilz auroient pourtant esté les premiers à rompre puisque nous
n’aurions pris les armes que pour |:faire réparer une contravention.
Néantmoins il semble que le traitté de garentie avec Messieurs les Estatz
pourvoyra à cet inconvénient et nous pourrons nous servir des Hol-
landois par les scrupules marquez cy-dessuz où ilz ont autant d’intérest
que nous pour obliger les Espagnolz à parler clairement sur le point de
Portugal et sur tous les autres:|.
Sa Majesté ne sçauroit assez recommander à Messieurs les Plénipotentiai-
res de prendre souvent occasion de bien faire cognoistre aux Médiateurs,
aux ministres impériaux et aux autres que la France ne manquera point à
sa parolle quand après avoir tant de fois déclaré qu’elle se prévaudroit des
conjonctures qui pourroient naistre, si on ne la prenoit au mot, on la verra
augmenter ses prétentions à mesure que l’estat de ses affaires se rendra
meilleur et que ses espérances croistront.
On ne doit non plus trouver à dire qu’il ne nous sembleroit point estrange
que les Espagnolz nous reffusassent à l’avenir des choses qu’ilz ont desjà
lasché s’il leur estoit survenu quelque bonne fortune qui eust relevé leurs
affaires ou leurs espérances.
Et la France ne peut estre taxée en cela avec justice, mais bien les ministres
d’Espagne qui attendant quelque bénéfice du tempz font difficulté de con-
sentir aujourd’huy à une condition que le lendemain la France doit deman-
der plus avantageuse pour d’autres événemens favorables qui luy seront
arrivez depuis, de sorte qu’il se pourra faire que Dieu ayant la bonté de
continuer à respandre ses bénédictions sur ce royaume, et la paix ne se fai-
sant point par l’opiniastreté ou aveuglement de noz ennemis, nous aug-
menterons chacque mois noz prétentions à proportion des autres avantages
que nous remporterons dans la guerre sans que cela puisse estre raisonna-
blement imputé à manquement de parolle; au contraire nous demeurerons
tousjours dans le[s] termes de la plus rigoureuse équité.
3 Nr. 209.