Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
207. Mazarin an d’Avaux [Paris] 1647 April 5
[Paris] 1647 April 5
Duplikat [für Servien]: AE , CP All. 99 fol. 288–290 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP
All. 82 fol. 195–197’. Teildruck: Mazarin , Lettres II, 413–416.
Völliges Unverständnis für die Vorgehensweise Longuevilles gegenüber Pauw; dessen und
Knuyts öffentliches frankreichfeindliches Verhalten; Einvernehmen in der Lagebewertung
zwischen Mazarin, der Königin und dem Conseil; mangelndes Eingehen auf erteilte Rat-
schläge und grobe Fehleinschätzung der Lage durch Longueville; dennoch Absehen von öf-
fentlicher Unmutsbekundung ihm gegenüber; großer, Frankreich und Mazarin persönlich
durch ihn entstandener Schaden; insbesondere Nachteile durch das unterschiedliche Vorgehen
der Franzosen in Münster und Den Haag; Ausnutzung dieser Unstimmigkeiten durch Pauw;
dadurch in den Niederlanden entstandener Eindruck: Serviens Vorgehen nicht mit den Ab-
sichten des Königs konform; Widerlegung der durch Longueville und La Croisette zugunsten
der Fortführung der Interposition Pauws und Knuyts vorgebrachten Argumente. Belassung
der Vermittlertätigkeit bei den Generalstaaten; keine Gleichsetzung dieser mit Pauw; dessen
Doppelzüngigkeit. Bitte um Befolgung der erteilten Anweisungen; andernfalls Androhung,
künftig in den Befehlston zu wechseln. Zum Vorbehalt französischer Rechte auf savoyische
Territorien: nach savoyischer Darstellung Differenzen zwischen den Auffassungen der fran-
zösischen Gesandten in Münster und den ihnen erteilten Anweisungen aus Paris; Gründe für
den notwendigen Vorbehalt der französischen Rechte; dennoch mögliche Änderung der erteil-
ten Instruktion bei begründeten Einwänden der Gesandten; Bitte um genaue Prüfung wei-
terer wichtiger Punkte zur Festlegung des künftigen Vorgehens: Restitutionen an Savoyen, Ca-
vour , Verpflichtung zum Krieg gegen Genua; Verweis auf kommende präzisere Anweisungen.
Ma coustume est de souffrir et dissimuler avec mes amys autant qu’il se
peut, et c’est ce qui me retient aujourd’huy de poinctiller davantage sur le
sujet de Pau avec monsieur le duc de Longueville à qui je n’en escriray
point. Mais je ne sçaurois pourtant m’empescher de vous en ouvrir mon
cœur, et de vous tesmoigner qu’il m’est impossible de comprendre
comme quoy mondict sieur le duc s’est laissé persuader si fortement que
l’entremise de ce galand homme nous deust estre utile, et qu’ensuite il ayt
eu tant de répugnance à le désobliger, que devant rompre toute commu-
nication avec luy, suivant ce que Sa Majesté luy avoit fait cognoistre de
ses intentions, il a plustost choisy de le faire par un biays indirect, comme
est celuy de retirer de ses mains le projet de nostre traicté
Pau s’est encore servy pour nous faire du mal, que de luy dire ou faire
sçavoir nettement que nous ne pouvions plus souffrir sa partialité. S’il
eust pu se disposer d’attaquer Pau en particulier et ne pas faire une espèce
de rupture dans la négotiation, nous en aurions retiré beaucoup de fruict,
en achevant de décréditer un ministre qui agit sans cesse contre les inté-
restz du Roy; au lieu qu’ayant pris prétexte de retirer nos papiers sur les
difficultez que font les Espagnolz, ce meschant homme n’a pas manqué de
dépescher en Holande en diligence, pour y faire sçavoir que la France
avoit porté les affaires à la rupture.
Quand Pau se fust contenu dans les bornes de ne nous faire du mal qu’en
cachette, il eust esté tousjours de la prudence de se déclarer contre luy
pour luy en oster le moyen. Mais je ne voy pas comme quoy nous pou-
vions nous en empescher sans faire paroistre une bassesse qui n’eust servy
qu’à augmenter son effronterie, après que luy-mesme s’est déclaré visible-
ment contre cet Estat, escrivant à ses supérieurs des lettres où nos partyes
mesmes n’auroient sceu mesler tant de poison et d’artifice, se chargeant de
manifestes contre nous , manquant diverses fois de parole à monsieur de
Longueville, et son collègue Knut nous descriant sans cesse à La Haye, et
portant hautement de tout son pouvoir les moindres petitz intérestz de
nos ennemis.
Je ne sçay pas s’il seroit tombé dans la pensée de mondict sieur le duc
que la considération de monsieur Servien et de ce qu’il a faict m’ obli-
geast de parler de la sorte plustost que l’intérest du service. La chose
est assez claire de soy pour que personne ne puisse avoir cette opinion,
et après avoir roulé si longtemps avec quelque réputation, on me feroit
grand tort si on mettoit ma capacité à un degré si bas que je ne pusse
agir sans recevoir au préalable des leçons. Monsieur le Prince s’apperceut
fort bien d’abord que je desguisay la chose dès le commencement, pour
ne pas condamner monsieur de Longueville d’avoir donné le traicté à
Pau. Et pour ce qui est d’oster audict Pau et à Knut la cognoissance de
nos affaires, ç’a esté l’advis de la Reyne et de tout le Conseil unanime-
ment dès la première fois qu’on en parla, et il ne peut estre autre. Et
quand ce n’eust pas esté le sentiment de tout le Conseil, j’aurois cru
que monsieur de Longueville eust voulu déférer quelque chose au mien
en de semblables matières, et qu’il ne se fust pas faict grand tort, n’ayant
point de raisons pour me convaincre, et ne s’agissant pas d’attaquer une
place ou de donner une bataille.
Le préjudice que nous recevons de tout cecy, c’est que le monde ne sçait
que juger de la différente conduite que l’on tient à Munster et à La Haye.
Que Pau luy-mesme a cru de pouvoir se maintenir dans la cognoissance
de nos affaires et d’achever par ce moyen de s’acquicter de ce qu’il a pro-
mis aux Espagnolz. Et je sçay qu’il y a des gens qui seroient bien aises de
me faire passer pour l’ennemy de la paix, disans que je me sers de mon-
sieur Servien pour en traverser la conclusion par toute sorte de biays,
soubz prétexte de vouloir procurer de plus grandz advantages à cet Estat.
Mais quoyque je me moque de cela, estant au-dessus de ce qu’on peut
dire sur de semblables matières, je doibz tousjours estre fasché de voir
que cet artifice ne laisse pas de pouvoir faire impression dans l’esprit de
la populace.
Toutes les lettres de marchandz qui arrivent à Paris de Holande, et de
quelques ministres de Munster, portent qu’on ne peut comprendre les vi-
sites continuelles de monsieur de Longueville et de Pau, pendant qu’un
ambassadeur de France le déclare d’un autre costé par ordre du Roy en-
nemy de l’Estat. Et l’artifice de ce pernicieux esprit va à tel poinct, qu’il
faict respandre en Holande qu’il est fort asseuré des bonnes grâces de
monsieur de Longueville, qui cognoist sa sincérité et ses intentions, et
qu’il n’y a que monsieur Servien qui luy en veut.
Le sieur Hœufft me disoit hyer qu’on ne croid point en Holande que ce
qu’on a faict contre Pau et Knuyt soit suivant les intentions du Roy, mais
que ce sont des divisions particulières qui sont entre les plénipotentiaires
de France.
Le sieur de La Croisette
Anne-Louis (auch: Robert) Le Blanc du Roullet, seigneur de La Croisette (um 1600–1680),
baron d’Acquigny, stand im Dienst Longuevilles, dessen Vertrauensmann und Korrespon-
dent in Paris er war; er wurde maréchal und conseiller d’Etat, 1663 bailli und später Gou-
verneur von Caen ( ABF II 181, 59; Foisil , 161ff.; Mazarin , Lettres V, 789).
de bien faire, et qu’il estoit persuadé qu’il est advantageux au Roy de
continuer à se servir de la médiation de cet homme, parce que les Espa-
gnolz ne se confient en aucun autre tant qu’en luy. Je ne doute point que
mondict sieur le duc n’ayt cru qu’on en retireroit du proffict, mais je voy
fort bien qu’il n’est pas, et la raison qu’il en allègue est, ce me semble, la
plus forte pour faire croire tout le contraire, puisque ce ne sera point pour
la condition de l’entremetteur, ny pour l’obliger et luy faire avoir cette
gloire, que les Espagnolz consentiront à nos prétentions, mais la seule
nécessité qu’ilz ont de la paix pour arrester nos progrez, et se garentir de
la ruine totale dont ilz sont menacés la guerre continuant.
Ledict sieur de La Croisette m’a dict aussi que la déclaration qu’on a
faicte contre Pau et Knut pourra empescher que nous n’obtenions de
Messieurs les Estatz la garentye et qu’ilz ne mettent en campaigne, et faire
mesme que lesdictz Sieurs Estatz se porteront à achever leur traicté par-
ticulier , appuyant son raisonnement sur le crédit que ces deux personnes
ont parmy les Provinces-Unyes. Mais je vous advoue que je ne comprens
pas qu’il y ayt autre différence de ce qu’ilz faisoient cy-devant à ce qu’ilz
feront aujourd’huy, si ce n’est qu’ilz pourront agir plus en public et à
descouvert. Mais cela mesme fait que chacun les doit juger moins dange-
reux , parce que le peuple qui sçaura que l’on s’est déclaré contre eux
comme estans gaignés par les ennemis, n’aura pas tant de créance en leurs
suppositions qu’il en auroit s’ilz se fussent conservé la qualité d’ entremet-
teurs .
Je n’ay pas voulu qu’on répliquast dans la dépesche du Roy à ce que
porte vostre dernier mémoire , que monsieur de Longueville n’avoit pas
osté la médiation à Messieurs les Estatz parce qu’il avoit veu que Sa Ma-
jesté ne le désiroit pas. Il est vray que ce n’a jamais esté l’intention de Sa
Majesté et on ne croyoit pas aussi que Messieurs les Estatz résidassent en
la seule personne de Pau.
Enfin il est aisé de voir que nous ne pouvons attendre rien de bon de ces
deux espritz. Il ne faut là-dessus qu’examiner si on peut jamais dresser
une lettre plus maligne que celle que Pau a escrite tout fraischement à
ses supérieurs du 19 e du passé , où il représente toutes choses sur le poinct
d’estre rompues, pendant qu’en mesme temps il asseuroit monsieur de
Longueville que les Espagnolz sont entièrement disposés à nous satisfaire,
pour se conserver en crédit et luy persuader que son entremise nous peut
beaucoup servir.
Vous voyés aussi bien que moy tout ce que je pourrois dire là-dessus.
C’est pourquo〈i〉 je ne veux pas m’y estendre davantage. Mais je vous
prie que cela achève, si on ne veut nous obliger à changer la métode
dont vous-mesme vous estes plusieurs fois loué, que Sa Majesté vous avoit
plustost persuadé que commandé ce que vous aviés à faire, car il faudroit
bien à la fin se résoudre à n’envoyer que des ordres secz, sans se mettre en
peine, comme l’on faict, de les appuyer de raisonnemens, s’ilz ne servent
qu’à attirer des répliques sans fin.
L’ambassadeur de Savoye
faire oster du traicté la clause que nous voulons y insérer pour réserver tous
les droictz de la France sur divers Estatz de monsieur de Savoye . La plus
forte raison qu’il m’allégua fut qu’on avoit tesmoigné à Munster à mon-
sieur le marquis de Sainct-Maurice que l’on ne la jugeoit pas nécessaire,
mais que l’on en avoit un ordre si exprès de Sa Majesté qu’on ne pouvoit
s’en dispenser. J’ay peine à croire que de delà on ayt voulu rejetter cette
affaire sur la cour, qui n’en rejette jamais sur vous autres Messieurs que
pour vous tesmoigner plus de confiance. J’advoue que j’avois cru ladicte
clause nécessaire parce qu’il paroistra qu’ayant eu en main quasi toutes les
places de Piedmont, nous les avons restituées sans dire un seul mot ny des
prétentions que nous pouvons avoir sur celles-là ny sur d’autres, et que ce
ne seroit pas une mauvaise exception pour les ducz de Savoye contre nous
si jamais d’autres conjonctures que les présentes nous obligeoient à désirer
de faire valoir nos droictz. Avec tout cela, si vous autres Messieurs, ayans
examiné la chose ensemble, jugez qu’elle n’importe pas beaucoup, je vous
prie d’en mander vos sentimens parce que Sa Majesté pourra bien se résou-
dre là-dessus de révoquer ses premiers ordres et seroit en effect bien aise de
pouvoir en cela obliger la maison de Savoye, pourveu qu’elle soit asseurée
de ne point préjudicier aux droictz du Roy.
Je vous prie de bien examiner ce que l’on a escrit depuis peu touchant la
restitution des places à monsieur le duc de Savoye, afin qu’on ne nous
mette pas dans le traicté en pararelle [!] avec les Espagnolz qui luy ren-
dent malgré eux les places qu’ilz occupent, pendant que nous n’avons ja-
mais eu autre intention que de les luy remettre, comme aussi de regarder
ce qu’il y aura à faire pour |:Cahours et pour nous descharger de l’ obliga-
tion de la guerre de Gennes:|.
On n’escrit pas de tout cecy dans la dépesche commune, parce que l’ ambas-
sadeur de Savoye doit me donner dans deux jours un mémoire de plusieurs
choses qui nous obligeront d’en escrire au long par l’ordinaire prochain .