Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
204. Servien an Mazarin Den Haag 1647 April 2
Den Haag 1647 April 2
Ausfertigung: AE , CP Holl. 44 fol. 16–28’ = Druckvorlage. Konzept
Das Konzept nennt im Kopf als Empfänger auch Longueville und enthält fol. 30 einen
pour Munster bezeichneten und an diesen und d’Avaux gerichteten Absatz, der selbstver-
ständlich nicht in die Ausf. des Briefes an Mazarin übernommen wurde. Das Konzept
wurde also möglicherweise, zumindest in Teilen, für mehrere Briefe benutzt; darauf läßt
auch die Bemerkung Serviens im vorliegenden Schreiben an Mazarin schließen, er habe
den Ges. in Münster das gleiche berichtet wie Seiner Eminenz. Es konnte jedoch keine
andere Überlieferung eines entsprechenden Schreibens an Longueville oder diesen und
d’Avaux ermittelt werden.
AE , CP Holl. 41 fol. 26–35.
Weitreichende macht- und religionspolitische Absichten der Schweden im Reich; dennoch
Rat, keinen Druck auf sie auszuüben; Hinauszögerung des Friedens im Reich durch Schwe-
den für Frankreich sogar vorteilhaft; Beschränkung auf die Darlegung der Notwendigkeit
eines Abzuges Turennes aus dem Reich aufgrund der derzeitigen Lage Frankreichs; Trag-
barkeit und sogar Vorteile dieses Schritts für die Schweden; diesbezügliche Mitteilung an sie
ratsam, jedoch kein Einlassen auf Verhandlungen hierüber; Abraten von der argumentativen
Verknüpfung der schwedischen Unnachgiebigkeit in den Reichsangelegenheiten mit dem ge-
planten Abzug Turennes wegen möglicher Unaufrichtigkeit Trauttmansdorffs und der Ge-
fahr der Ausnutzung schwedisch-französischer Spannungen durch die Kaiserlichen. Keine
Drohung an Schweden und Protestanten mit Bruch der Allianz. Beförderung der Reichs-
angelegenheiten nach Ansicht Serviens nur durch strikte Einhaltung folgender Reihenfolge:
sofortige Rückbeorderung Turennes, Abschluß der Garantie mit den Niederländern, dann
des Friedensvertrages mit Spanien; erst danach entschiedenes Auftreten in den das Reich be-
treffenden Fragen und gegen die Ansprüche Schwedens. Wahrscheinlicher Nutzen des Ulmer
Waffenstillstandes für die französische Position in Den Haag, Münster und Osnabrück;
schlechte Lage der Spanier; Warten auf Erfolge ihrer Flotte möglicherweise Grund für ihr
Beharren auf der Nichterwähnung Portugals im Friedensvertrag und ihre Festigkeit in Sa-
chen Piombino und Porto Longone. Positive Wirkung des Ulmer Waffenstillstandsvertrages
in den Niederlanden; schwedische Beteiligung daran wäre begrüßenswert. Unterstützung
militärischer Pläne Prinz Wilhelms II. von Oranien (Beilage 1), aber vorsichtige Zügelung
seines kriegerischen Tatendranges durch Servien; Bemühungen der Freunde Wilhelms II.
und Frankreichs bei den sechs kleineren Provinzen, die Armee gegen den Widerstand Hol-
lands ins Feld zu führen. Widerwilliger Eintritt George Gorings jun. in spanische Dienste
auf Geheiß seines Vaters; dessen angekündigte Reise nach Den Haag, wahrscheinlich zu
vertraulichen Gesprächen mit der Prinzessin von Oranien. Gewogenheit Prinz Wilhelms
II. gegenüber Mazarin. Verzicht Serviens auf Parteinahme im zur Zeit weitgehend bei-
gelegten Streit zwischen Wilhelm II. und seiner Mutter; starke Stellung Wilhelms ihr ge-
genüber . Rechtfertigung der französischen Position in der Pfalzfrage gegenüber den Nie-
derländern damit, daß sie in deren eigenem Verhalten begründet sei. Zurückstellung des
Vortrags der französischen Anliegen an die Generalstaaten auf Ersuchen Prinz Wilhelms
II. Versicherung der Niederländer gegen leichtfertige Verwicklung in neue Kriege im Falle
ihrer Zustimmung zu einer unbeschränkten Garantie gegenüber Frankreich notwendig;
Nachgeben bei den Verpflichtungen gegenüber den Freunden Frankreichs in Aussicht ge-
stellt ; Bitte um rasche Mitteilung etwaiger Bedenken des Hofes. Zustimmung zu d’Avaux’
Kritik am spanischen Gesamtentwurf für den Friedensvertrag mit Frankreich vom 24. Fe-
bruar 1647; Darlegung seiner Unzulänglichkeiten gegenüber den Kommissaren der Gene-
ralstaaten ; zufriedenstellende Reaktion hierauf. Allgemeine Versprechungen, aber kein Ein-
gehen von Verpflichtungen gegenüber Saint-Ybal. Nach Serviens Ansicht übertriebene Kri-
tik der Spanier an seiner Person. Briefe französischer Geistlicher an niederländische emp-
fehlenswert . Erneute Diskussion unter den Provinzen über die Genehmigung der Einreise
Bruns; genehmigte Reise Le Roys nach Brüssel; diesbezügliche Vorhaltungen Serviens. Wi-
dersprüchliche Aussagen Longuevilles und Pauws zur Fortführung der niederländischen In-
terposition ; Beilagen 2 und 3.
J’avois bien tousjours cru qu’aussytost que la jonction des forces du Roy
auroit |:donné moyen aux Suédois de s’establir dans la Suaube et dans la
Franconie, ilz deviendroient intraictables et voudroient non seulement
maistriser l’Allemagne contre nostre gré, mais y ruiner entièrement le
party catholique. Si on les laissoit faire, leurs desseings vont certainement
plus avant qu’on ne pense. S’il leur vient cette année de nouvelles forces
de Suède qui:| leur donne moyen de faire un troisiesme |:corps dans l’ Alle-
magne , il est extrêmement à craindre que l’Empereur estant foible au
poinct qu’il est, et Bavière se tirant hors du jeu et:| estant presq〈ue〉 dé-
sarmé , les |:Suédois enfin ne prétendent des choses qui ne nous plairont
pas, et que nous ne pourrons souffrir ny:| par raison d’Estat |:ny avec
conscience. On escrit bien d’Osnabruk que les protestans commencent à
s’appercevoir de leurs vastes prétentions, mais ilz sont foibles et si timides
qu’ilz n’osent résister à aucune des volontez des Suédois:|.
Je ne voy pas |:pourtant qu’il soit encore temps de leur parler si hardiment
qu’on pourra faire en une autre saison touchant la paix de l’Empire que:|
ilz font veoir clairement de ne souhaitter pas. Au contraire, il me semble
que sans |:adhérer à leur desseing ny le contrarier ouvertement:|, veu
mesme qu’il ne nous est pas désavantageux |:tandis que:| nous serons in-
certains de ce que nous devrons faire |:avec l’Espagne:|, et qu’il nous est
favorable |:que cette guerre tienne occupées les forces de l’Empereur qui
sans cela ne manqueroit pas de secourir le roy d’Espagne:|, nous devons
nous |:contenter présentement de leur faire cognoistre les raisons qui nous
forcent de faire passer l’armée du Roy au-deçà du Rhin pour ruiner
Darmstat qui:| s’est joinct aux Espagnolz par un traicté , |:résister au duc
Charles, deffendre nos conquestes du Rhin, et protéger:| l’archevesque de
Trève. Je croy mesme qu’on |:leur peut dire en confiance que:| quand tou-
tes ces considérations qui regardent |:l’Empire:| ne nous obligeroient pas
de prendre cette résolution puisque |:l’alliance ne nous engage point d’agir
tousjours en conjonction avec eux, ny mesmes de tenir les forces du Roy
au-delà du Rhin:| quand la nécessité les appelle ailleurs, nous serions con-
tra [i]nctz de faire |:revenir monsieur de Turenne sur la frontière des Pays-
Bas pour y:| soustenir et relever les affaires du Roy dans l’irrésolution que
|:Messieurs les Estatz font paroistre et le peu de disposition qu’ilz tesmoi-
gnent de mettre cette année leur armée en campagne.
Si les Suédois:| sont susceptibles de raison, on leur en peult dire deux pour
leur persuader ce que nous désirons qui me semblent concluantes.
L’une, que les ayant mis en estat, par |:la suspension de Bavière :|, non
seulement de résister seulz:| pendant quelque temps |:aux forces de l’ Em-
pereur :|, mais de luy pouvoir donner |:la loy, ilz ne doivent pas trouver
mauvais que:| nous prenions cette occasion pour remédier ailleurs à des
inconvéniens très grands et très pressans qui nous menacent.
L’aultre, qu’il leur sera beaucoup plus avantageux pour tous les desseins
qu’ilz peuvent avoir, quelz qu’ilz puissent estre, que nous soustenions par
cette voye les affaires du Roy avantageusement |:contre l’Espagne, que si
par complaisance et pour adhérer à l’ardeur desmesurée qu’ont Messieurs
les Estatz de faire promptement la paix à quelques conditions que ce
soit:|, nous sortions d’affaires |:désadvantageusement avec le roy d’ Espa-
gne qui, par ce moyen, seroit bientost en estat de relever celles de l’ Em-
pereur avec des puissans secours qu’il luy pourroit envoyer des Pays-Bas
et d’Italie:|. Il pourroit mesme engager plusieurs aultres princes, par le
|:prétexte de la religion qu’on leur représenteroit opprimée par les armes
suédoises, qui aujourd’huy:| n’ozeroient prendre ce party à cause de la
division qui est entre les deux couronnes.
Ce dessein estant approuvé qui est conforme presque en toutes choses à
ce qui est porté par le mémoire de la cour du 15 e du mois passé , j’estime
que pour en venir à bout et en tirer proffit comme il fault, on doibt user
d’une extrême diligence pour l’exécuter |:et en parler aux Suédois comme
d’une résolution prise qu’on leur communique confidemment, mais se
garder bien d’en faire une délibération avec eux:|, parce qu’il est certain
que |:ilz n’y consentiroient pas:|, estant bien aises de tenir les choses en
incertitude |:pour parvenir à leurs fins, et nous rendre mesme les exé-
cuteurs de plusieurs desseings secretz dont ilz ne s’expliquent pas, et qui
touchent leur intérest ou leur passion:|.
Il y a subjet de |:craindre que si on leur faict cognoistre que la retraicte de
l’armée du Roy, l’impuissance de fournir le subside et semblables autres
choses leur sont proposées pour les presser de conclurre la paix de l’ Em-
pire , ilz ne s’en offensent plustost et en s’y opposant, ne prennent l’ exé-
cution qui en sera faicte au préjudice de leur opposition pour une espèce
de rupture, au lieu que si on ne leur tesmoigne point sitost de les vouloir
violenter dans les desseings qu’ilz ont pour l’Allemagne, ilz y consenti-
ront plus volontiers, ou en tout cas auront moins de sujet de se plaindre
quand on leur fera cognoistre que c’est seulement pour:| remédier à un un
[!] danger pressant qui nous menace, et duquel estans délivrez, nous se-
rons mieux en estat d’agir de tous costez.
Mon oppinion est donc qu’on doibt exécuter la proposition faicte par Vos-
tre Eminence en toutes ses parties, ne se pouvant rien résouldre sy judi-
cieusement en des affaires de sy grande importance que ce qu’elle a faict,
mais qu’il en fault faire deux différentes négotiations et exécuter ladicte pro-
position en deux divers temps, puisqu’aussy bien il seroit impossible, pré-
sentement , de s’asseurer de la précaution que Vostre Eminence dict très pru-
demment qu’il fault prendre, et qu’elle pose pour un fondement nécessaire,
assavoir que l’on puisse sy bien s’asseurer de la |:sincérité des Impériaux
qu’ilz ne chercheront point, à l’instigation des Espagnolz:| (à quoy il fault
tenir pour asseuré que ceux-cy ne s’espargneront pas) de |:proffiter à nos
despens du mescontentement que nous pourrions donner aux Suédois en
leur parlant hautement et avec vigueur sur le poinct de la religion et:| pour
faire haster la conclusion de la paix. |:Il est si peu possible de prendre cette
précaution avec seureté que Trautmansdorf, dans:| le plus grand besoin qu’il
ayt de nous et au mesme temps qu’il reçoit tant d’avantage de nostre assis-
tance , ne laisse pas de travailler contre nous pour nous rendre suspectz à
|:tous les Allemandz:|, pour faire craindre la puissance de la France |:dans
l’Allemagne aux protestans encore plus qu’aux catholiques, et pour aug-
menter aux Suédois la jalousie qu’ilz ont desjà de nostre bonne intelligence
avec Bavière:|, leur ayant proposé qu’ilz doivent s’opposer à tout ce qui est
préjudiciable à |:l’Empire, puisqu’à présent ilz en sont devenus un des plus
considérables membres par les provinces qu’on leur donne pour leur satis-
faction :|. J’ay sceu icy du |:comte de Valdec
Gf. Georg Friedrich von Waldeck, Pyrmont und Culemborg (1620–1692; nach dem WFK
F.), 1640 Regent der Ämter Rhoden und Eilhausen, 1645 Übernahme der Verwaltung der
Gft. Culemborg; seit 1642 in militärischen Diensten der Gst. ( DBA I 380, 126; 1326, 409ff.
und 423f.; Klein ; zu den Zielen, die er auf dem WFK verfolgte, vgl. auch APW II A 6
Anm. 4 zu nr. 71).
brug , que |:Trautmansdorf luy:| avoit faict tous ces discours, ce qui me faict
croire qu’il n’aura pas manqué de les faire aussy à plusieurs aultres, et les
|:menaces qu’il faict de faire une ligue avec les Suédois sont les avant- cou-
reurs du desseing qu’il auroit de nous faire du mal s’il estoit en son pouvoir:|.
Une aultre raison qui me faict croire qu’il ne fault |:s’expliquer des ordres
de la cour en une seule fois, est que si les Suédois et les protestans fai-
soient aujourd’huy quelques plaintes de nous où ilz:| fussent bien fondez,
comme s’ilz pouvoient dire que |:nous les eussions menacez de rompre
l’alliance:|, ce seroit un exemple qui pourroit estre allégué |:contre nous
en ce pays par ceux qui ne nous ayment pas, et qui se persuaderoient
aisément de pouvoir faire contre nous ce que nous aurions faict contre
les autres. Le seul remède:|, selon mon foible sentiment, pour les |:maux
de l’Allemagne et pour brider la trop grande ambition des Suédois, est de
faire trois choses:|; la première, |:de retirer promptement l’armée de mon-
sieur de Turenne avant que quelques nouveaux ordres de Suède puissent
apporter du changement à ce qui a esté faict par monsieur Vrangel qui est
desjà blasmé par les plénipotentiaires d’Osnabruk. Cela rendra les Sué-
dois plus traictables, relèvera nos affaires dans les Pays-Bas:|, nous don-
nera moyen de mettre plus facilement |:Messieurs les Estatz et les Espa-
gnolz à la raison:|. La deuxiesme, d’achever avant toutes choses |:nostre
traicté nouveau avec Messieurs les Estatz qui paroist en bon estat, et
dont en peu de temps nous pourrons sortir:|. La troisiesme, de |:conclurre
après cela celuy d’Espagne qui sera obligée, par l’accommodement d’icy
et par celuy de Bavière, de faire ce que l’on voudra, n’y ayant point de
péril maintenant de tenir ferme contre elle:|.
Ces trois choses estans faictes, il ne nous sera pas malaisé de faire consi-
dérer nostre advis dans les affaires |:de l’Empire, et de nous opposer aux
injustes prétentions des Suédois:|. Nous le pourrons faire |:plus hardi-
ment et avec moins de péril, les menées des Espagnolz et des Impériaux
ne seront plus tant à craindre, et peut-estre mesme pourrions-nous en
quelque façon nous prévaloir de la jalousie que Messieurs les Estatz ont
contre les prospéritez de la Suède pour les engager à trouver bon et à
s’unir avec nous pour empescher ses progrez:|. Sy nous changeons cet
ordre par précipitation et par impatience, j’y prévoy beaucoup d’ incon-
véniens et de dangers qui seroient trop longs à explicquer par le menu;
néantmoins ce n’est que mon foible sentiment que je soubzmetz à la
censure.
Le traicté faict avec monsieur le duc de Bavières |:a estonné ces gens-cy
et:| nous donnera moyen, sy je ne me trompe, de faire |:tant en ce pays
qu’à Munster, et puis à Osnabruk, une partye de ce que nous voudrons:|.
Il me semble que les Espagnolz ont fort mauvaise grâce de faire encor les
difficiles. Sy monsieur de Pigneranda estoit plus expérimenté qu’il n’est, il
ne différeroit pas la conclusion du traicté pour des difficultez ausquelles
nous ne pouvons consentir. Il y a certainement quelque mauvais dessein
caché soubz la fermeté qu’ilz tesmoignent à ne vouloir pas qu’il soit parlé
du Portugal; peult-estre veullent-ilz veoir ce que fera leur armée navalle,
qui doibt se mettre à la mer de fort bonne heure. Il y a quelque subjet de
croire que c’est pour ce subjet puisqu’ilz font aussy refus de s’explicquer à
Munster sur Piombino et Porto Longone quoyqu’ilz n’ozent pas tesmoi-
gner icy que c’est pour cette considération que la paix est retardée. Sy
c’est l’espérance des progrès de leur flotte qui les arreste, il seroit inutile
(quand on le pourroit faire) de leur donner contentement sur le poinct de
Portugal parce qu’ilz en chercheroient un aultre après celuy-là pour tirer
les affaires en longueur. On doibt plustost |:craindre qu’ilz n’ayent inten-
tion de faire passer l’assistance que nous donnerons aux Portugais pour
une infraction au traicté s’il n’en est point parlé, ou du moins pour une
attaque que nous leur aurons faicte:|, pour faire croire que les diversions
qu’ilz pourroient faire |:en Catalogne ne seront qu’en se deffendant, et
que par conséquent n’attaquans pas les premiers la France, Messieurs les
Estatz ne seront pas obligez d’y prendre part, ny d’entrer en rupture. Ce
qui mérite une grande réflection:|. J’ay mandé à Messieurs les Plénipoten-
tiaires à Munster la mesme chose que j’ay l’honneur d’escrire à Vostre
Eminence, dont j’ay cru la devoir avertir affin que s’il y a quelque chose
à corriger, elle ayt agréable de le leur faire sçavoir.
Je ne sçaurois exprimer à Vostre Eminence le bon effect qu’a produict icy
ledict traicté faict avec monsieur le duc de Bavières. Quoyqu’il ne plaise
pas et qu’il ayt causé aultant de confusion que de crainte dans l’esprit des
malintentionnez, on n’y a rien sceu treuver à redire puisque la cause pa-
latine a esté laissée en son entier, et que tout a esté faict du consentement
des alliez. C’est un très grand bonheur que |:les Suédois s’y soient voulu
disposer, car encore qu’ilz prennent un establissement proche de nous
dans la Suaube et la Franconie qui seroit à craindre tant pour la France
que pour l’intérest de la religion si les affaires alloient de longue:|, il eust
esté beaucoup moins advantageux, en la conjuncture présente, |:et capable
de donner icy un mauvais exemple si nous eussions faict ce traicté sans
eux:|, quoyque je n’en eusse pas faict scrupule en mon particulier pour
les grands advantages que nous pouvons nous promettre en divers en-
droictz d’avoir mis l’armée de monsieur de Turenne en estat d’agir |:dans
les Pays-Bas s’il est nécessaire:|.
J’envoye à Vostre Eminence un mémoire que je fis tenir à |:monsieur le
mareschal de Gassion:| il y a quelques jours, |:à la prière de monsieur le
prince d’Orange, afin qu’il plaise à:| Vostre Eminence |:de faire donner les
ordres nécessaires pour l’exécution de ce desseing
tesmoigne d’avoir fort à cœur. Il faict estat qu’estant en Zélande où il doit
aller dans quelques jours pour prendre possession du gouvernement de la
province, elle le priera de faire l’entreprise portée par ledict mémoire, et
que cela luy servira
la leur a pas communiquée avant que l’exécuter, j’avoue que l’action pa-
roistra un peu hardye à l’advènement d’un jeune gouverneur:|. Mais
comme je n’eusse pas esté |:assez hardy pour la conseiller seul, l’effect en
est si advantageux pour nous, tant à l’esgard du traicté faict à Munster le:|
8 e |:de janvier qui sera rompu par cette action, que pour l’espouvante
qu’elle causera parmy les peuples de Flandres lorsqu’ilz se verront privez
de l’espérance d’une paix qu’ilz avoient crue asseurée, que je n’ay eu
garde de la dissuader, et me suis contenté de dire à monsieur le prince
d’Orange qu’il pouvoit prendre conseil des plus expérimentez du pays
ausquelz il a confiance, pour sçavoir d’eux si cette résolution peut avoir
des suites dangereuses pour luy, et si elle choque trop avant les formes de
l’Estat. Ce que j’ay faict pour n’estre point responsable de l’événement,
sans crainte que cela le refroidisse, car comme il falloit tousjours se servir
des espérons pour haster le père avant la fin de ses jours:|, on a beaucoup
plus de besoin, |:auprès du filz, de se servir de la bride, au moins dans les
occasions militaires.
Il y a quelque temps que ses amys et les nostres travaillent pour disposer
les six provinces à faire quelque effort extraordinaire pour mettre l’armée
en campagne, encore que la Holande persiste à ne vouloir rien faire de son
costé. C’est un desseing qui produiroit divers advantages pour nous s’il
pouvoit réussir, car encore que l’armée que l’on composera de cette sorte
ne soit pas assez puissante pour faire de grandes entreprises, elle ne lais-
sera pas de faire une diversion fort utile:|, principalement estant |:conduite
par un général qui meurt d’envie de faire parler de luy:|. Mais ne voyant
pas encor |:assez clair dans l’exécution de cette pensée:|, j’avois faict jus-
qu ’icy scrupule d’en informer Vostre Eminence pour ne l’importuner pas
de choses inutiles; néantmoins pour faciliter et avancer l’affaire en ce qui
peult dépendre de moy, j’ay |:dict confidemment à monsieur le prince
d’Orange que pour l’obliger en cette rencontre, Sa Majesté se disposeroit
de bon cœur non seulement à continuer le subside, mais à l’augmenter de
quelque chose:| pourveu qu’on pust espérer quelque fruict de |:l’armée qui
seroit mise en campaigne.
La reyne de Bohême m’a dict que:| le jeune Goring est entré au service
des Espagnolz avec un extrême desplaisir, qu’il luy a dict en partant qu’il
estoit tout préparé à estre trompé, et aux malheurs qui luy arriveroient
d’avoir pris ce party, mais qu’il n’avoit peu résister au commandement
absolu de son père qui luy avoit envoyé sa malédiction en cas qu’il refu-
sast de luy obéir. On dict que le père doibt venir icy dans peu de jours.
|:Ce ne sera pas sans estre chargé de quelques nouvelles pratiques avec
madame la princesse d’Orange dont il est le confident:|.
Je n’ay pas besoin d’eschauffer monsieur |:le prince d’Orange:| en l’ affec-
tion qu’il a pour la personne de Vostre Eminence, ny de l’asseurer de
nouveau de celle que Vostre Eminence a pour luy. Il sçait fort bien que
tout ce qui a esté faict ou entrepris cy-devant n’a esté que pour son ad-
vantage particulier, et m’a dict plusieurs fois qu’il croyoit Vostre Emi-
nence un de ses meilleurs amis.
J’ay faict exactement jusqu’icy ce que Vostre Eminence me faict l’honneur
de me prescrire touchant ma conduicte entre |:la mère et le filz, m’estant
attaché de confiance avec le filz et ne laissant pas de rendre les civilitez
ordinaires à la mère:|. Mais je ne seray point |:contrainct de me déclarer
s’il n’arrive de plus grandz changementz puisqu’ilz vivent fort bien ensem-
ble , et que le filz rend tous les honneurs imaginables à la mère:|. Mais Vos-
tre Eminence a très bien jugé de |:l’inclination secrette de l’un et de l’autre:|
aussy bien que de l’événement, car encor que |:l’ambition de la mère luy
fasse désirer la continuation de son authorité, le filz n’a point de plus
grande appréhension que de la voir dans le manîment des affaires dont il
luy oste la cognoissance autant qu’il peut, et n’a pas beaucoup de peine de
porter les choses où il désire, chacun regardant le soleil levant:|, et n’y ayant
plus dans le |:commerce de la mère que ceux qui de concert avec elle ont
cy-devant entrepris d’advancer les affaires des Espagnolz:|.
Il a esté très nécessaire de parler icy comme Vostre Eminence m’ordonne
|:des intérestz de la maison palatine:|, et de faire cognoistre que sy l’on ne
peult pas obtenir par le traicté de l’Empire tous les advantages que l’on
eust désiré |:pour elle, ce sont Messieurs les Estatz:| qui nous en ont osté le
moyen par |:leur précipitation à s’accorder avec l’Espagne:|. Je leur ay faict
toucher au doigt qu’il estoit impossible de les contenter, puisque quand
nous tenons ferme sur quelque article, ilz disent que nous ne voulons
point la paix, et que quand pour la faciliter nous nous relaschons, ilz
nous blasment d’abbandonner nos amis.
J’avois cru de donner hyer un mémoire à Messieurs les Estatz touchant |:la
campagne, la demande des vaisseaux et les autres choses dont j’ay à leur par-
ler . Mais monsieur le prince d’Orange, à qui j’en ay communiqué, et qui n’en
désire pas moins l’issue favorable que moy-mesme, m’a prié de différer en-
core quelques jours à cause qu’il n’a pas encore ses provisions de gouverneur
de Hollande, et que quand elles luy auront esté données, il pourra parler et
agir avec plus d’authorité pour faire réussir les choses que nous désirons:|.
Quant à la garentie, |:je n’ose pas encore asseurer que nous l’obtiendrons
générale et sans restriction pour toutes les places et pays conquis tant en
Espagne qu’en Italie. Mais je croy que cela estant accordé, nous ne pour-
rons pas faire difficulté de convenir de quelques précautions que Mes-
sieurs les Estatz désireront pour n’estre pas légèrement embarquez dans
de nouvelles guerres:| après que la paix sera faicte, et surtout pour l’ inté-
rest de |:nos alliez:|. L’asseurance que je leur ay donnée que ce n’estoit pas
l’intention de la France et qu’on leur donneroit tout contentement sur ce
subjet, m’a beaucoup servy pour les porter à l’obligation généralle que
nous désirons d’eux. Il me semble que |:m’ayant esté donné pouvoir de
me relascher sur les intérestz propres de la France, on a bien entendu à
plus forte raison que je le pouvois faire sur celuy de nos amys:|. Sy Vostre
Eminence y treuvoit quelque difficulté, il seroit à propos de me dépescher
en diligence pour me faire sçavoir les volontez de la Reyne sy elles es-
toient contraires; néantmoins |:je craindrois extrêmement que cela ne pro-
duisist icy un mauvais effect:|.
Les remarques de monsieur d’Avaux sur le projet des Espagnolz sont
très judicieuses; je ne doubte point qu’estant auprès de monsieur de Lon-
gueville , il ne persiste dans les mesmes sentimens qu’il a voulu escrire à la
cour. Je n’ay pas manqué d’en faire remarquer les défectuositez aux com-
missaires de Messieurs les Estatz, pour les faire sçavoir à leurs supérieurs.
J’importunerois trop Vostre Eminence sy je luy rendois compte de tout,
mais je puis bien luy dire avec vérité que plusieurs des principaux de l’Estat
qui nous estoient extrêmement contraires commencent d’estre désabusez
des faulces impressions qu’on leur avoit données, et qu’il n’y a plus que
ceux qui ont |:esté corrompus qui persistent dans leur opiniastreté:|.
Vostre Eminence, Monseigneur, peult estre asseurée que je ne l’engageray
à rien |:avec Sainct-Ibal:|. Je me suis contenté jusqu’icy de luy promettre
mon assistance et mon service pour |:le remettre dans le service du Roy, et
les bonnes grâces de:| Vostre Eminence |:quand il le désirera. Mais:| je suis
fort asseuré que les maximes |:de sa secte:| ne luy permettront jamais de
|:m’en prier:|.
Messieurs les Espagnolz n’ont pas subjet de me vouloir du bien, mais en-
cor que je ne manque pas de volonté de leur nuyre, ilz me représentent
par les lettres dont Vostre Eminence m’a faict l’honneur de me parler,
beaucoup plus agissant et plus dangereux que je ne suis.
A la vérité, je n’ay pas ozé rendre compte à Vostre Eminen〈ce〉 ny de
toutes les |:appréhensions:| que j’ay eues depuis que je suis icy, ny de tou-
tes les espéranc〈es〉 qu’on m’a voulu donner, que je n’ay pas tousjours
treuvées assez bien fondées. Nous avons esté contrainctz, monsieur Bras-
set et moy, de mettre tout en œuvre pour |:retirer les affaires du Roy du
danger où elles ont esté pendant quelque temps:|. Il est vray qu’en divers
lieux les |:ministres ont presché en nostre faveur. Mais ilz n’oseroient
s’émanciper dans Amsterdam, où le magistrat les chasse aussitost qu’ilz
veulent parler en chaire d’affaires politiques:|. S’il y avoit moyen que
quelques |:ministres des principales villes de France escrivissent à ceux
de deçà que:| la précipitation dont on a usé en ce pays estoit capable, sy on
n’y eust remédié, de ruyner les intérestz de tous ceux de leur party, et
peult-estre de faire changer à la France les maximes qu’elle a tenues jus-
qu ’à présent, |:y adjoustant les considérations qu’on peut faire sur cette
matière, cela feroit beaucoup plus d’effect que tout l’argent que je pour-
rois distribuer parmy eux:|.
Je n’ozerois plus parler du temps que je pourray estre expédié, selon les
apparences ce sera bientost. Néantmoins ces messieurs d’icy qui croyent
fort mal à propos qu’ilz nous entraisneront plustost par la crainte et par la
jalousie que par aucune aultre voye, ont reparlé depuis hyer de faire reve-
nir Brun en ce lieu. Quatre provinces
tion , mais la chose n’ayant point encor esté absolument résolue, je fus
contrainct, en la conférence d’hyer, d’en faire de grandes plaintes. Ilz ont
aussy accordé permission à Philipes Le Roy de faire un voyage à Brussel-
les à condition que le temps qu’il y employera ne sera point desduict sur
son passeport. Je leur représentay un peu haultement que ces voyes ne
sont pas propres pour restablir et conserver l’amitié au point qu’elle doibt
estre entre la France et cet Estat, et que ces procédez desquelz ilz auroient
grand subjet de se plaindre s’ilz venoient de nous, pourroient produire
enfin divers inconvéniens ausquelz ilz ont intérest de remédier.
|:Monsieur de Longueville me faict bien cognoistre par les lettres qu’il
m’escrit pour justiffier la délivrance de nostre traicté
vers Pau, de quel style il en a pu escrire à la cour. Il:| m’a faict sçavoir par
sa dernière dépesche
moins ce bon personnage a bien l’asseurance d’escrire le contraire à ses
supérieurs, comme:| Vostre Eminence |:le verra dans l’extraict de sa:| der-
nière lettre que je luy envoye avec celle de l’ambassadeur de Messieurs les
Estatz qui est à la cour.
1 AE , CP All. 82 fol. 193–194: Memorandum [Serviens] für Gassion, Duplikat (s.l. s.d.).