Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
196. Servien an Brienne Den Haag 1647 März 26
Den Haag 1647 März 26
Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Holl. 43 fol. 599–612 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP
Holl. 40 fol. 439–445. Teildruck: van Prinsterer , 199–202.
Schwierigkeiten bei der Ämterübernahme durch Prinz Wilhelm II. von Oranien; mögliche
Gründe dafür; sein gespanntes, aber nicht gebrochenes Verhältnis zu seiner Mutter; deren
unklare künftige Stellung. Bitte um weitestgehende Geheimhaltung des Schreibens. Bedeu-
tung geringer Publizität des Einvernehmens zwischen Prinz Wilhelm II. und den Franzosen;
mit ihm verabredete öffentliche Zurückhaltung Serviens ihm gegenüber. Deputation Hol-
lands bei Prinz Wilhelm II. zur Einholung seiner Zustimmung zum holländischen Vorschlag
betreffend die gegenseitige Vertragsgarantie zwischen den Generalstaaten und Frankreich.
Forderungen der übrigen sechs Provinzen an Spanien; Eintreten Serviens für den Erhalt der
katholischen Religion derzeit aufgrund der von Spanien signalisierten Nachgiebigkeit nicht
möglich. Gründe für Serviens Favorisierung der Kriegspartei in den Niederlanden und seine
Unterstützung neuer niederländischer Forderungen an die Spanier. Anstehende Wiederauf-
nahme der Verhandlungen über den Garantievertrag; Annahme des holländischen Vorschla-
ges als ersten Verhandlungsangebotes an Servien. Weitere beharrliche Forderungen nach ei-
ner Aufenthaltsgenehmigung für Brun in Den Haag; Kampf Serviens gegen deren Erteilung;
Unsicherheit über den Ausgang der Sache wegen der Unbeständigkeit in den Entschlüssen
des niederländischen Staates und des Wirkens Pauws für die Spanier. Darlegung der Nach-
teile einer spanisch-französisch-niederländischen Liga zur Sicherung des Status quo in den
Niederlanden gegenüber Prinz Wilhelm II. von Oranien; dessen problematischer Rat zu
völliger französischer Intransigenz in der Garantiefrage, bis hin zur Androhung der voll-
ständigen Exekution des Vertrages von 1635 durch die Vertreibung der Spanier aus den ge-
samten Niederlanden, wenn die Generalstaaten Einschränkungen der allgemeinen Garantie
wünschen. Absicht Pauws, eine fingierte Anweisung Philipps IV. vorzulegen, die seinen Ge-
sandten befiehlt, den schnellen Abschluß mit Frankreich auf der Basis eines Tausches Kata-
loniens und des Roussillon gegen die Niederlande zu suchen, wenn die Generalstaaten weiter
zögern. Beilagen 1 und 2. Starke Unruhe in den Niederlanden wegen der von Pauw ver-
breiteten Nachricht vom drohenden Abbruch der französisch-spanischen Verhandlungen
durch französisches Verschulden.
Vous ne serez pas surpris quand vous apprendrez que toute la sepmaine
passée a esté employée aux résolutions qu’il a fallu prendre sur la mort de
monsieur le prince d’Orange. Le mesme jour qu’elle arriva , monsieur son
filz fut pourveu des charges d’amiral et de cappitaine général , dont les
provisions ont accoustumé d’estre données par Messieurs les Estatz Gé-
néraux . Mais quoyqu’il aye la survivance de tous les gouvernemens des
autres provinces à la réserve de la Frize, dont le comte Guillaume de Nas-
sau est gouverneur, il n’en a pas encores receu les provisions, à cause que
chacune en particulier a accoustumé de donner la sienne. Elles doivent
toutes envoyer icy au premier jour les leurs, avec pouvoir à quelques
commissaires pour recevoir le serment. Mais celle de Hollande qui est
toute assemblée n’a point encor délivré la sienne, pour quelque contesta-
tion qui s’est rencontrée entre la Zélande et la Westfrize, autrement ap-
pellée Northollande, pour sçavoir qui doibt estre nommée la première des
deux dans les lettres qu’elles ont accoustumé d’expédier conjoinctement,
ayant icy une mesme cour pour exercer la justice. Les précédentes expé-
ditions qui pourroient servir de règle estoient soubz le nom de Hollande,
Zélande et Vestfrize, mais cette dernière soustient que ses députez n’ont
pas fait leur devoir quand ilz ont consenty à cette forme, et que faisant
une partie de la Hollande, il n’est pas juste qu’une autre province soit
nommée entre deux.
|:Quelques spéculatifz ont cru que cette contestation a esté affectée par la
Holande, qui procède très finement en toutes choses:|, affin qu’il y eust
une [!] |:intervalle de durée entre la mort du père et la provision du filz, et
afin que pendant cette interruption, la justice ne fust point exercée soubz
le nom de l’un ny de l’autre:|, pour ne laisser point sujet de doutte que |:ce
droict puisse estre héréditaire et qu’il n’est attaché qu’à la charge de gou-
verneur :|. Il y en a dans cette province qui ont |:passé plus avant, et pro-
posé entre eux de faire déclarer ce jeune prince de ses inclinations pour la
paix avant que le mettre en possession de toutes les charges du pays.
Mais:| comme la pluspart des espritz ont plus d’intention de |:gaigner ses
bonnes grâces que de l’offenser:|, ceux qui avoient eu |:une pensée si har-
dye n’ont pas osé la descouvrir dans l’assemblée, se doutans bien qu’elle
eust esté rejettée par la pluralité, et:| qu’ilz eussent faict inutilement un
|:puissant ennemy.
Quelques autres, cognoissans que les opinions de monsieur le prince
d’Orange d’à présent sont entièrement différentes de celles de madame
sa mère, et qu’il croid en avoir esté fort maltraicté:| pendant les dernières
années |:de la vie du père, ont dict qu’il le falloit exhorter de bien vivre
avec elle, et luy représenter qu’on ne pourroit pas avoir bonne opinion
d’un prince qui maltraicteroit sa mère:|. Cela a fait croyre aux plus péné-
trans que |:toutes ces longueurs, ces doutes et ces propositions n’ont esté
faictes que par ces personnes qui n’ont pas cru de desplaire à la mère en
chocquant un peu les sentimens et l’authorité du filz:|. S’il m’est permis de
dire mon advis dans une affaire |:si chatouilleuse:| où l’on ne peut raison-
ner que sur des conjectures, je ne veux pas croyre que |:elle ayt adhéré aux
desseings de ceux qui voudroient abaisser l’authorité de son filz:|, mais je
ne doutte pas aussy que |:elle n’ayt approuvé tous les moyens qui luy
pourroient conserver quelque crédit dans les affaires, encore qu’elle dé-
clare à tout le monde qu’elle ne veut plus se mesler de rien et ne souhaicte
que de jouir d’un profond repos. Monsieur son filz luy rend beaucoup
d’honneur, et a tous les jours de longues conférences avec elle; mais je
croy que la communication qu’il luy donne des choses qui se présentent
est pour empescher qu’elle n’en traicte avec personne autre qu’avec luy, et
c’est un conseil qu’on luy a donné pour n’effaroucher pas d’abord son
humeur altière, ambitieuse et vindicative. Je sçay pourtant qu’il luy a faict
demander en quelle de ses maisons elle vouloit establir sa demeure, et
qu’elle a respondu qu’elle ne veut point sortir de La Haye. Ceux qui a-
voient conseillé au prince de faire cette demande, ayans esté surpris de la
response, n’ont pas osé porter les choses plus avant quand il leur a déclaré
qu’il ne pouvoit se résoudre à chasser sa mère:|.
Mon devoir m’obligeant à vous découvrir ce qui se passe |:de plus secret:|
pour en rendre compte à la Reyne, je me prometz de vostre prudence
ordinaire qu’il vous plaira de faire considérer combien il importe que
|:personne n’ayt cognoissance de ce que j’ay l’honneur de vous escrire
que:| ceux en présence desquels Sa Majesté aura agréable de le faire lire.
Bien que j’aye eu une cognoissance assez particulière de tout ce qui s’est
passé, je ne m’en suis meslé |:qu’avec la retenue et la discrétion qu’on doit
avoir dans les différendz d’une mère et d’un filz, qui se réunissent presque
tousjours aux despens de ceux qui ont voulu fomenter leur division. Je ne
laisse pas de faire sçavoir à monsieur le prince d’Orange sans paroistre
tout ce que:| je croy nécessaire pour le service du Roy et pour le |: confir-
mer dans les bonnes inclinations qu’il a. Il est encore obligé de se tenir
couvert et de ne les faire point cognoistre, pour ne se décréditer pas avant
qu’estre en possession de toute l’authorité qu’il espère acquérir en fort
peu de temps, et pour n’exciter pas contre luy ceux qui ne craignent desjà
que trop son humeur martiale:|. Je croy que pour cette considération, il
sera bien à propos de ne faire pas |:beaucoup de démonstrations publiques
à la cour de l’affection qu’on a pour ce prince, ny de la confiance qu’on a
en la sienne, pour ne donner pas de la deffiance à des peuples qui en sont
merveilleusement susceptibles. On tirera beaucoup plus de fruict d’une
bonne intelligence qui sera entretenue par des tesmoignages secretz que
si on la cultivoit avec esclat. Il a désiré que j’en usasse de la sorte avec
luy à ces commencemens, et que sans le voir trop souvent, je luy fasse
sçavoir par une personne confidente qu’il m’a addressée, les choses dont
nous serions obligez de traicter ensemble:|.
Il y a quelques jours que |:la province de Holande luy envoya une grande
députation pour le prier de se conformer à l’advis qu’elle a dressé:| tou-
chant la garentie réciproque dont on doibt convenir avec la France
Diese (auch von Friesland vertretene) Stellungnahme sah die Garantie der frz. Eroberun-
gen in den Ndl.n und des Besitzes des alten Frk. ( out Vranckrijck; also zur Zeit des frz.-
ndl. Allianzvertrages von 1635) vor ( Aitzema VI, 349); vgl. auch die holl. Proposition an
die Gst. vom 21. März 1647 ( Aitzema , Historia Pacis, 529). Vermutlich gehört in diesen
Zusammenhang auch der Bericht eines anonymen Informanten aus den Gst., [Den Haag]
1647 März (s. die), frz. Kopie (mit eigh. Korrektur Serviens): AE , CP All. 107 fol.
435–436: Ablehnung einer Ausdehnung der ndl. Garantieverpflichtungen ggb. Frk. auf
Spanien, Italien usw.; deren notwendige Beschränkung auf die Ndl. und möglicherweise
Frk.; Rechtsgrundlage der Garantie: frz.-ndl. Allianzvertrag von 1635, nicht aber der (auf
sieben Jahre befristete) Vertrag von 1634; kaum Hoffnung auf ein besseres Angebot; des-
gleichen Ablehnung der Vertreibung der Spanier aus den Ndl.n und der Fortsetzung der
Feindseligkeiten gegen sie; Aufhebung der einschlägigen Vertragsklausel von 1635 durch
die Einigung auf den anzustrebenden Friedensschluß in Münster im frz.-ndl. Bündnisver-
trag von 1644; Frage des Friedensschlusses; militärische Pläne der Spanier; Sonstiges ( Han-
delsfragen , Kurbg.); frz.-span. Verhandlungen: Mißmut über die frz. Forderungen zu
Piombino, Porto Longone, Mariembourg, Philippeville und Charlemont; Annahme, daß
Frk. die Friedensverhandlungen hintertreiben wolle.
|:Comme il estoit préparé à cette demande, il respondit fort sagement,
sans s’engager à rien, qu’il:| se conformeroit tousjours de très bon cœur
aux résolutions de Messieurs les Estatz Généraux, |:sçachant fort bien que
le sentiment des autres provinces n’est pas conforme à celuy de la Holan-
de , et qu’elle:| est aujourd’huy la seulle qui appreuve ce qui a esté fait à
Munster le 8 e de janvier .
Les autres six sont d’accord ensemble à demander le Hault Quartier de
Gueldres, la liberté de traffiquer dans les Indes Occidentalles, en tous les
lieux où les Espagnolz n’ont point de fortz, de chasteaux ou de magazins,
la révocation de ce qui a esté accordé pour le razement de quelques fortz
dans la Flandre, et la jurisdiction spirituelle, sans aucune limitation ny
tempérament, dans la mayerie de Bois-le-duc et dans les autres dépendan-
ces du païs conquis. |:Ce dernier poinct qui tend directement à esteindre
la religion catholique me faict beaucoup de peine, mais:| comme j’ay
voulu agir pour y faire apporter quelque modération, j’ay découvert que
les ministres d’Espagne avoient desjà fait entendre par Philippes Le Roy
qu’on s’en relascheroit selon le désir de Messieurs les Estatz, et qu’ilz
auroient bien souhaitté que je me fusse rendu icy odieux en m’opposant
à une chose très sensible qu’ilz avoient desjà accordée. |:J’oserois bien
pourtant espérer que si les Espagnolz vouloient agir de bonne foy, et tenir
ferme sur cet article, qui touche à leur honneur et à leur conscience, il ne
seroit pas malaisé de l’obtenir, n’estant pas croyable que:| sy toutes les
autres choses estoient adjustées, tant avec la France qu’avec cet Estat, on
voulust rompre ou diférer la paix pour ce seul intérest, veu mesme que la
Hollande et quelques autres provinces
tempérament:|. J’y pourrois |:alors employer l’authorité du Roy avec
moins de péril et peut-estre plus utilement que dans la conjoncture pré-
sente , où nous n’avons pas besoing d’irriter de nouveau des espritz qui ne
sont desjà que trop portés à recevoir mal tout ce qui vient de nostre part:|.
Je me treuve tousjours entre les deux extrémitez que j’ay eu l’honneur de
vous faire remarquer à mon arrivée en ce païs, car estant obligé d’ empes-
cher qu’un traitté desjà tout fait entre l’Espagne et cet Estat ne soit ac-
cepté et exécuté sans nous, il faut de nécessité, comme j’ay marqué plu-
sieurs foys, que j’adhère à l’opinion de ceux qui travaillent à retarder cette
exécution |:pour d’autres intérestz que les nostres, les uns en faisant des
demandes nouvelles, comme la Gueldre pour la réunion du Haut Quar-
tier qui est capable d’interrompre la paix, les autres souhaictans à quelque
prix que ce soit la continuation de la guerre:|; et ceux-cy aujourd’huy non
seulement sont favorisez et protégez |:par monsieur le prince d’Orange,
mais croyent de luy faire grand plaisir en formant ce desseing:|. Il est
plus seur, selon mon foyble advis, de tenir ce party quoyqu’en apparence
il tende à |:esloigner un bien que Leurs Majestez souhaictent avec beau-
coup de passion:|, que de se ranger de l’autre qui est composé de |: person-
nes qui ne nous ayment pas, et qui ne feroient pas scrupule, s’ilz estoient
les plus puissans, de faire une infidélité toute entière.
Les Espagnolz, voyans leurs mesures faillyes de ce costé-là:|, seront sans
doute obligez de revenir à nous et de donner entière satisfaction à Leurs
Majestez, aprez quoy il ne sera pas |:malaisé de porter les espritz à un
accommodement sur les poinctz qui restent indécis entre l’Espagne et
cet Estat, puisqu’il y en a desjà:| grand nombre des plus considérables
qui voudroient que sans rien obtenir de |:nouveau, l’on se contentast de
ce qui est accordé:|. En un mot, ce ne seroit pas changer |: désadvantageu-
sement pour nous la face des affaires:| sy les nostres se treuvoient toutes
adjustées et que la paix fust |:retardée pour l’intérest de cet Estat:|. Les
Espagnolz, suivant l’exemple des Impériaux, seroient obligez, après nous
avoir donné nostre compte, de se servir |:de nous pour ramener nos alliez,
ce qui nous rendroit maistres de toutes les résolutions qu’on auroit à
prendre, où nous pourrions nous descouvrir et agir sans aucune appré-
hension :|. C’est pourquoy, au lieu de |:m’opposer aux prétentions nou-
velles qu’on a voulu former en ce pays, je les approuve et appuye de rai-
sons autant que je le puis faire sans donner sujet de croire que ce soit pour
rendre la paix plus difficile:|.
J’espère qu’aujourd’huy ou demain au plus tard, les commissaires de Mes-
sieurs les Estatz rentreront en nouvelle conférence avec moy pour le
traitté de garentie. La résolution en fut prise il y a trois jours en l’ assem-
blée de Messieurs les Estatz, où le project de ce qui me doibt estre pro-
posé d’abord a esté dressé . |:Les autres provinces ont consenty que l’on
me fist ouverture de l’advis de la Holande pour voir si je m’y voudrois
conformer, mais à condition que ce ne seroit qu’une tentative, et que si on
rencontroit trop de résistance en moy, on prendroit de nouvelles résolu-
tions où chaque province produiroit l’advis qu’elle a formé:|. Il a fallu
prendre cette voye |:pour fleschir la Holande qui, ne pouvant ramener
les autres dans ses sentimens, a tenu obstinément jusques icy toutes:| les
affaires en suspens, et j’ay |:consenty à ce premier tempérament, tant:|
pour avancer la négociation, que pour avoir moyen de représenter noz
raisons dans les conférences plus pressamment que |:nos amys n’osent
faire quand ilz soustiennent nos intérestz hors de:| ma présence. Il y a
apparence que l’ordinaire prochain je pourray vous parler de tout avec
plus de certitude.
Les partisans des Espagnolz travaillent tousjours secrètement pour faire
accorder à monsieur Brun la liberté de venir icy. J’y ay fait apporter tous
les obstacles qui sont en mon pouvoir, et jusques à présent la chose a esté
refusée. |:Mais on ne se peut asseurer de rien à cause du changement con-
tinuel qui paroist dans les résolutions de cet Estat, et que:| monsieur Pau
ne fait point de dépesche qui ne contienne quelque nouvelle pièce contre
nous, et quelque sollici[t]ation en faveur de noz ennemis. J’ay fait repré-
senter à |:monsieur le prince d’Orange le préjudice qu’il recevroit en son
particulier de la venue icy d’un ministre d’Espagne avant son establisse-
ment , ce qu’il a fort bien compris.
Je luy ay fait cognoistre aussi que la ligue que quelques-uns de ce pays
voudroient faire entre la France, l’Espagne et les Provinces-Unyes pour
conserver les choses en l’estat qu’elles sont aujourd’huy dans les Pays-
Bas:|, ne nous seroit pas sy préjudiciable |:qu’à luy parce qu’il seroit
comme obligé de renoncer pour jamais à la qualité de général d’armée si
un semblable traicté avoit esté faict, qui asseurant ces provinces de tout
péril, leur feroit certainement prendre résolution de n’entretenir plus de
gens de guerre:|. Je sçay bien |:qu’il est fort touché de cette appréhension,
et que ses créatures travaillent avec grand soing pour destourner ce des-
seing , auquel il est asseuré que la pluspart de la Holande incline. Ledict
sieur prince m’a fait dire qu’il se faict fort de la garentye générale, et qu’il
me conseille de tenir ferme, de parler un peu haut, et tesmoigner que si on
y veut apporter quelque limitation, le Roy se résoudra plustost de conti-
nuer la guerre, et sommera cet Estat d’en faire autant jusques à ce que le
traicté de 1635 soit exécuté par l’entière expulsion des Espagnolz hors
des Pays-Bas:|. Je pourray bien suivre la première partie de |:son advis,
mais craignant que la dernière ne soit plus propre à contenter son humeur
guerrière qu’à produire un bon effect parmy des espritz amoureux de la
paix, je seray obligé d’y apporter quelque modération quoyque nous
ayons très grand besoing de luy complaire en tout ce qui se pourra, parce
que c’est en luy que nous pouvons trouver nostre principale seureté pour
empescher toutes les mauvaises résolutions qu’on pourroit prendre dans
cet Estat, dont il me parle tousjours en sorte que s’il avoit l’expérience de
feu monsieur son père, je pourrois avoir l’esprit tout à faict en repos; mais
son aage me faict craindre que sa confiance ne parte plustost de son affec-
tion que d’une cognoissance certaine des bonnes dispositions de l’Estat:|.
Vous aurez veu, Monsieur, dans les lettres que Pau a escrites icy, dont je
vous ay cy-devant envoyé la coppie , que pour avoir la permission de
revenir en ce païs, il dit qu’il a des choses de haulte importance à commu-
niquer qui ne peuvent estre explicquées que de bouche. On m’a donné
advis que c’est |:une lettre que les Espagnolz luy ont sans doute donnée,
et qu’il veut faire passer comme si elle avoit esté interceptée, par laquelle
le roy d’Espagne escrit à ses plénipotentiaires que s’ilz ne peuvent con-
clurre promptement avec Messieurs les Estatz, ilz luy fassent sçavoir en
diligence, parce qu’il a en main des moyens de sortir d’affaires en peu de
temps avec la France, par l’eschange de la Catalogne et du Roussillon
contre les Pays-Bas. J’ay esté adverty de bon lieu que monsieur Donia,
estant arrivé en Frise, a desjà fait sçavoir la mesme chose au gouverneur
de la province. Il avoit demandé des commissaires dans l’assemblée des
Estatz pour la leur communiquer, mais on luy a respondu qu’on ne tire-
roit aucun proffit de faire sçavoir à des particuliers ce qu’on refusoit de
descouvrir au corps de l’Estat:|. Tout ce que j’ay l’honneur de vous mar-
quer |:est extrêmement secret et a besoing de le demeurer par delà aussi
bien qu’icy, afin qu’on ne puisse pas soupçonner les lieux d’où je reçois de
semblables advis:|.
Je vous envoye un mémoire qui m’a esté donné par un des principaux de
l’Estat, qui est dressé selon le stile du païs. C’est en faveur d’un homme de
mérite qui peut beaucoup servir. Il me semble que non seulement une
faveur de cette nature peut estre accordée, mais qu’il est avantageux au
Roy d’obliger diverses personnes par cette voye dans les païs estrangers,
affin que l’exemple de ceux qui auront receu cette grâce en attire plusieurs
autres par l’espérance d’en obtenir de semblables. Les Espagnolz sçavent
fort bien acquérir des créatures par des titres nouveaux, des ordres de
chevalerie et de semblables fumées qui coustent moins à donner que les
deniers de l’Espagne.
Je vous envoye la dernière lettre escritte par monsieur Pau, où il continue
de nous rendre ses bons offices et n’a pas honte de nommer les pléni-
potentiaires d’Espagne devant ceux de France, ce qu’il n’avoit encor ja-
mais ozé faire.
Je viens d’apprendre, en fermant ma lettre, que celle de Pau dont il est
parlé cy-dessus a causé une grande émotion dans les espritz. Il donne
l’alarme fort chaudement, cognoissant très bien qu’il ne sçauroit mieux
servir, et représente les affaires sur le poinct d’une rupture entre la France
et l’Espagne. Les lettres que j’ay receues en mesme tems de monsieur de
Longueville en parlent en des termes bien différens et me pourront ser-
vir pour faire cognoistre la vérité. Mais dans la propension qu’on a icy à
croyre le mal quand il est à nostre préjudice, il me fault des semaines
entières pour effacer les mauvaises impressions que ledit sieur Pau donne
en une heure par tous les ordinaires. Il a bien eu la malice de faire croyre
qu’en retirant de ses mains les traittez qu’on luy avoit donnez
intention de rompre la négociation, affin qu’on ne cognust pas que sa par-
tialité et sa mauvaise conduite ont obligé de prendre cette résolution. Je ne
sçay encor sy cette nouvelle apportera quelque changement aux résolu-
tions qui avoient esté prises d’entrer en conférence avec moy, et sy les
espritz qu’on me représente extrêmement altérez auront changé pour
une faulceté les bonnes dispositions où ilz estoient.
1 AE , CP Holl. 43 fol. 613: Mémoire d’un particulier de Hollande
zum Duplikat, s.l. s.d.
2 AE , CP All. 82 fol. 100–101: Pauw an Generalstaaten, Münster 1647 März 19, Anlage-
kopie (frz. ÜS) zum Duplikat; mit Übersendungsdatum 1647 März 25 nach Dorsal von
der Hand Lionnes, fol. 101’. – Druck (it. ÜS): Siri IX, 460–462.
Französisch-spanische Verhandlungen kurz vor Abschluß oder Scheitern; Ersuchen Conta-
rinis um niederländische Kooperation; Bitte Pauws um alsbaldige Rücksendung der sich in
den Generalstaaten aufhaltenden niederländischen Gesandten oder um Abreisegenehmi-
gung , um für die schwierigen Verhandlungen nicht allein die Verantwortung übernehmen
zu müssen; Versicherung seiner gewissenhaften und getreuen Interposition; Bitte um seine
(rechtliche) Entlastung für den Fall des Scheiterns der Verhandlungen.