Acta Pacis Westphalicae II B 5,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 2. Teil: 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
195. Servien an Longueville Den Haag 1647 März 25
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Den Haag 1647 März 25
Duplikat [für Mazarin]: AE , CP Holl. 43 fol. 584–589’ = Druckvorlage.
Empfangsbestätigung; Postangelegenheiten. Terminologische Anmerkungen zum Zessions-
artikel des Friedens mit Spanien: Verwendung unterschiedlicher Begriffe in Verhandlungs-
akten und Friedensinstrument ratsam. Gründe für die von Longueville abweichende Stel-
lungnahme Serviens in der Frage der niederländischen Interposition; um die Separation der
Generalstaaten von Frankreich zu verhindern, dürfen die prospanisch gesonnenen niederlän-
dischen Gesandten den Gang der französisch-spanischen Verhandlungen nicht kennen. Von
Longueville vertane Möglichkeit einer wirksamen Einschüchterung Pauws; bedeutende in-
nerniederländische Opposition gegen diesen und Knuyt; Weigerung ihrer Kollegen gegen
Parteinahme für sie hinlängliche Bestätigung der französischerseits erhobenen Vorwürfe.
Pauw als Interpositor in Sachen Piombino und Porto Longone ungeeignet; Unverständnis
in den Niederlanden angesichts der spanischen Widerspenstigkeit; spanische Eröffnungen in
diesem Punkt sind nicht um Pauws willen zu erwarten, sondern nur, um französische Zuge-
ständnisse in Sachen Portugal und bei anderen Punkten zu erreichen; Hintanstellung wich-
tiger Verhandlungspunkte mit den Spaniern, zum Beispiel betreffend Charlemont und Frie-
denssicherheit , bis zum Abschluß des französisch-niederländischen Garantievertrages ratsam;
andernfalls keine niederländische Zustimmung zur allgemeinen Friedensgarantie zu erwar-
ten . Pauws Meldung eines bevorstehenden Abbruchs der französisch-spanischen Verhand-
lungen ; Beschwichtigungsversuch Serviens angesichts der dadurch hervorgerufenen Unruhe;
Empfehlung zur Härte gegenüber den Spaniern, aber kein Scheiternlassen der Friedensver-
handlungen ; Bedeutung der Offensichtlichkeit eines spanischen Verschuldens für den Fall
ihres Scheiterns. Befriedigung Serviens über die in Münster erzielten Fortschritte und ins-
besondere die Wiederaufnahme der Vermittlung durch die Mediatoren. Kein Affront gegen
die Generalstaaten durch den Ausschluß Pauws hiervon; Gründe und Rechtfertigungsmög-
lichkeiten für ein entschiedenes Vorgehen gegen die durch Einzelpersonen vertretene pro-
spanische Partei in den Niederlanden; Vermittlung durch die Mediatoren ungefährlicher als
durch Pauw; Einsatz Serviens für dessen Abberufung aussichtslos; Pauw eröffnete Möglich-
keit zur Rechtfertigung durch das ihm von Longueville bezeigte Vertrauen.
Ce valet de pied
despesche du 21 e le dimanche au soir, 24 e de ce mois. Il se rencontre par
malheur pour moy que n’ayant pu estre déchiffrée qu’au lendemain, qui
est le jour qu’on a accoustumé d’escrirre à la court, et que je dois avoir
une longue conférence avec les commissaires de Messieurs les Estatz, je
n’ay pas tout le temps d’y respondre que je soushaitterois.
Je suis infiniement obligé à Vostre Altesse de l’honneur qu’il luy a pleu de
me faire en me donnant une si ample communication des affaires qu’elle
traitte. Oultre qu’il seroit malaysé de dire mon sentiment de si loing sur
chaque chose, la prudence et l’expérience de Vostre Altesse est si grande
qu’elle n’a besoing de l’assistance de personne. Je prendray seullement la
liberté de luy représenter que si on juge à propos de traitter plus long-
temps par escript, puisque les Espagnolz n’affectent cette manière d’agir
que pour s’en servir icy à leur advantage, il seroit plus utille et plus seur
selon mon foible advis, en l’article des conquestes
Vgl. den frz. Gesamtentwurf für den Friedensvertrag mit Spanien, den ndl. Ges. praes.
1647 Januar 25 (s. nr. 86 mit Anm. 7 und nr. 88); darin Art. 21 (in der Kopie AN K 1336
nº 43 fol. 4’–6) zur Überlassung der jeweiligen Eroberungen, einschließlich Porto Longones
und Piombinos: Dort werden als Substantive bei den Span. Ndl.n beide Begriffe, renoncia-
tion et cession (fol. 5), verwendet, bei Roussillon, Rosas und Cadaqués nur renonciation
(fol. 6), während die Verben in allen Fällen (auch bei Porto Longone und Piombino, bei
deren Formulierung kein entsprechendes Substantiv gebraucht wird) renonce, quicte, cède,
et transporte (fol. 5, 5’, 6) lauten.
important intérest, d’user du mot de «renonciation» que de celuy de « ces-
sion », non pas qu’il ne faille mettre l’un et l’aultre dans le traitté, mais
pour ne laisser pas lieu de croirre que le principal droict du Roy sur les
choses conquises procedde de la cession des Espagnolz. Car oultre que le
droict est plus important et plus honnorable pour les souverains, il im-
porte d’oster au monde l’oppinion que les Espagnolz veullent faire pren-
dre qu’ilz nous donnent beaucoup, puisqu’il est très vray qu’on ne leur
demande rien de nouveau, qu’on se contente de ce que l’on tient, et que si
l’on avoit des demandes nouvelles à leur fairre, ce seroit pour la restitu-
tion de ce qu’ilz nous destiennent, et non pas pour la restitution de ce que
nous possédons. Quand le traitté sera dressé en la forme qu’il devra estre
signé, suivant la coustume, on pourra insinuer la cession avec la renoncia-
tion , parce qu’on a intérest de s’asseurer surabondemment, et de ne laisser
point subject de doubte; mais dans des escriptz qui peuvent demeurer
sans que le traitté s’en ensuive, il importe de ne laisser pas entre les mains
des parties un subject de pouvoir dire cy-aprez que nous avons eu besoing
pour le Roy du droict du roy catholique, et que nous n’avons pas ozé
faire mention de celuy qui apartenoit d’ailleurs à Sa Majesté par un tiltre
plus puissant, et aussy légitime.
J’ay un extresme regret de n’avoir pas rencontré si heureusement les sen-
timens de Vostre Altesse sur la cognoissance que monsieur Pau a prise
depuis quelque temps de noz affaires, que j’avois faict en touttes les aul-
tres rencontres pendant le cours de cette négotiatiation [!]. Sy j’avois creu
de desplairre tant soit peu à Vostre Altesse en luy disant mon advis avec
franchise et liberté sur une affaire de cette importance, je m’en serois ab-
stenu de bon cœur, pour demeurer dans le très humble respect que je dois
à Vostre Altesse, et que je luy rendray toutte ma vie; mais elle a assez de
bonté et de justice pour aggréeer [!] que dans des intérestz du Roy où j’ay
l’honneur d’estre employé, je luy parle sans trahir mes propres sentimens.
Je vous proteste, Monseigneur, que si je n’avois point appréhendé de faire
paroistre quelque espèce de mescontentement, j’aurois prié monsieur
Brasset de rendre compte à Vostre Altesse de ce qui se passe par deçà,
pour luy oster l’oppinion qu’elle pourroit avoir prise que les choses que
je luy représente sont desguisées ou exaggérées pour favoriser mon oppi-
nion , et combattre la sienne. S’il ne s’agissoit en ce lieu que de traitter un
simple accessoirre, comme dict Vostre Altesse, ou seullement de convenir
de la garentie, je n’aurois plus parlé des maux continuelz que nous faict
monsieur Pau, ny de la nécessitté qu’il y a de luy oster la cognoissance des
affaire[s] du Roy, aprez les premiers advis que j’en ay donnez à Vostre
Altesse. Mais dans |:l’extrême besoing que nous avons de retenir cet Estat
dans l’union avec la France:|, il nous importe extresmement de ne passer
pas par les mains de ceux qui travaillent il y a fort longtemps |:à l’en sépa-
rer :|, et qui ne pourroient pas |:nous faire tant de mal:| sy nous ne leur four-
nissions nous-mesmes les moyens d’entretenir souvent leurs supérieurs en
faveur des Espagnolz et contre nous. Tout cela encores ne seroit pas tant à
craindre si |:cet Estat n’avoit desjà tout son traicté faict avec l’Espagne, et
s’il ne s’y trouvoit:| plusieurs personnes qui disant haultement chaque jour
qu’il fault passer oultre sans attendre la France, sont bien ayses des moin-
dres prétextes qu’on leur donne pour appuyer une sy pernicieuse proposi-
tion . Je ne sçaurois jamais estre d’advis de différer un moment la conclu-
sion de la paix, lorsqu’on la pourra fairre seurre et honnorable, mais je ne
crois pas si nécessaire de la faire plus tost ou plus tard de deux mois, que
d’empescher que noz alliez ne nous abandonnent. Nous n’avons rien à
craindre tant que nous jouerons une partie si bien faitte que la nostre, où
nous ne pouvons jamais que gaigner, mais nous courrons fortune de perdre
sy l’un de nos joueurs se retiroit du jeu avant le temps.
Depuis que les sieurs Pau et Knut ont esté descrédittez par la cognois-
sance que j’ay donnée de leurs desportemens et de leurs mauvais desseins,
ilz n’ont pas eu tant de pouvoir de nous nuirre, et je me persuade que sy
on les eust attaquez de tous costez, aussy vivement que j’ay faict icy, ilz
en eussent aussy peult-estre perdu la volonté, ou du moins ne l’eussent
pas faict paroistre sy hardiement, l’indignation d’un puissant roy n’estant
pas à mespriser, ny le ressentiement [!] que Sa Majesté et tous ses ser-
viteurs pourroient tesmoigner pour tirer raison d’une offense faitte par
des particuliers, qui non seullement n’ont aulcune charge de l’Estat, mais
qui sont désadvouez et blasmez de la plus grande partie de ceux qui le
composent.
Je me persuade encores que si Vostre Altesse eust eu agréable de parler à
Pau en cette rencontre aux mesmes termes qu’elle luy parla une fois que
j’avois l’honneur de l’accompagner, et luy fairre appréhender un peu vi-
vement les divers préjudices qui luy peuvent arriver de la conduitte qu’il
tient envers nous, estant un esprist extresmement timide, il auroit esté
obligé de marcher avec plus de circonspection.
Tant s’en fault que l’Estast [!] prenne sa deffense, ny celle de Knuyt, qu’il
y en a plusieurs qui disent haultement qu’ilz mériteroient chastiment; et je
sçais de bonne part que plusieurs personnes qui ne les ayment pas, ont
pris curieusement le mémoirre de tout ce que j’ay dict contre eux, pour
s’en servir en temps et lieu, y en ayans mesme qui se sont laissez entendre
qu’on verroit bientost contre Knuyt un esclat considérable en Zéelande.
Tant s’en fault aussy que leurs collègues se soient intéressez dans leurs [!]
deffense, que la pluspart, en ayans esté requis par eux, leur ont déclarré en
face de ne s’en vouloir point mesler, les ayans faict souvenir qu’on les
avoit souvent advertiz qu’il leur ariveroit du mal de leurs menées secrettes
avec les Espagnolz, et qu’en un mot, ilz ne voulloient accusser [!] ny ex-
cuser personne, quelques-uns adjoustans que pour l’intérest de deux par-
ticuliers , ilz ne voulloient pas acquérir la hayne de la couronne de France.
Ce n’est pas que cette desclaration ne soit une condemnation suffisante du
procéder des aultres, personne ne voulant croyre qu’ilz voulussent refuser
leur tesmoignage favorable à leurs collègues s’ilz les croyoient innocens.
Ilz ont bien passé plus avant et ne sont demeurez dans cette retenue qu’on
publie, car parlans à leurs amis, ilz ont franchement desclarré que tout ce
qu’avoit dict l’ambassadeur de France estoit très véritable.
Vostre Altesse peut voir par là que l’on ne doibt craindre ny le ressenti-
ment de l’Estat, ny celuy de tous les plénipotentiaires, dont le plus grand
nombre se desclarre en nostre faveur sinon publiquement, au moins en
sorte que nous avons tout subject d’en estre satisfaitz. Il y eust bien eu
plus subject de craindre le ressentiment des plénipotentiaires de tout
l’Estat si je les eusse poussez plus avant que je n’ay faict pour la signature
des articles qu’ilz ont faitte par ordre de leurs supérieurs, et n’ay pourtant
pas laissé de m’en plaindre, suivant l’ordre de Vostre Altesse, et leur de-
mander par escript un désadveu formel. Comme mon intention n’a jamais
esté d’intenter une accusation contre ceux qui ont failly, mais seullement
de donner cognoissance à l’Estat de plusieurs véritez qu’on luy avoit ce-
lées , il suffist pour nous de n’estre pas contreditz par leurs compagnons
qui en avoient eu cy-devant cognoissance.
Quand à Piombino et Porto Longone, je suis obligé de faire sçavoir à
Vostre Altesse que Pau n’est pas un instrument propre pour faire déclar-
rer les Espagnolz sur ce subject. Au contrairre, il y a lieu de craindre qu’il
ne fasse tout son pouvoir pour retarder leur déclaration, tant sur ce point
que sur les aultres qui nous peuvent estre favorables, tandis qu’il verra
quelque doubte de deçà sur l’acceptation de ce qui fust signé à Munster
le 8 e janvier. Vostre Altesse peut estre asseurée que quand les Espagnolz
s’ouvriront de leurs intentions sur cet article, ce ne sera point pour com-
plairre à Pau, mais pour d’aultres raisons plus considérables. On s’est tel-
lement mocqué icy des difficultez qu’ilz font semblant d’apporter à cette
rétention, que ceux mesmes qui les favorisent ont tousjours dict haulte-
ment que tout le monde se déclareroit contre eux s’ilz retardoient la con-
clusion du traitté pour cet article. Madame la princesse d’Orange et tous
ceux qui voyent Philippes Le Roy m’en ont souvent parlé en ces termes,
et je vous puis asseurer que les Espagnolz n’ozeroient faire paroistre de
deçà que la paix puisse estre rompue ou différée pour ce différend. C’est
pourquoy vous ne devez point craindre d’y tenir ferme, il y a plustost
subject de croirre qu’ilz ont dessein, en se relaschant sur ce point, de
nous obliger d’en faire aultant sur celuy de Portugal, et sur quelques aul-
tres . Je suis obligé de mettre en considération à Vostre Altesse si mainte-
nant que la négotiation s’eschauffe entre Messieurs les Estatz et moy pour
le traitté de garentie, il ne seroit pas à propos de |:laisser quelques poinctz
importans:| en arrière, comme celluy de |:Charlemont:| et aultres qui con-
cernent |:la seureté du traicté:|, jusques à ce que Messieurs les Estatz se
soient déclarrez comme on le soushaitte, parce que la plus forte raison
dont je me suis servy pour les disposer à accorder la garentie généralle,
est que sans cela nous serions obligez de chercher d’aultres seuretez,
comme de faire la paix en Catalogne, et de demander la retraitte des Es-
pagnolz hors des Payz-Bas; aultrement, |:s’ilz nous voyent d’accord avec
nos partyes de toutes choses:|, il sera très malaysé de les engager à une
garentie généralle qu’ilz n’accorderont point de bon cœur, que pour faci-
liter la paix qu’ilz désirent ardemment.
D’ailleurs il y en a plusieurs dans cet Estat qui |:nous sont favorables:|,
non pas tant pour |:obliger la France, que pour ce qu’ilz souhaictent la
continuation de la guerre:|. Il seroit à craindre que s’ilz voyoient tout
|:ajusté à Munster:|, ilz ne fissent naistre des obstacles par deçà à ce que
nous prétendons, pour retarder par ce moyen un accommodement qu’ilz
craignent. Vostre Altesse y fera les réflexions dignes de sa prudence.
Avant l’arrivée de vostre vallet de pied, l’on avoit appris par une despes-
che de Pau , envoyée par homme exprez, que les choses estoient sur le
point d’une rupturre entre la France et les Espagnolz. Ce meschant
esprist, sçachant fort bien que c’est ce que l’on appréhende le plus icy, et
ayant mesme conseillé aux Espagnolz d’en faire la menace, comme Vostre
Altesse aura veu par leur dernier escript , n’avoit pas manqué de donner
l’allarme bien chaude, et de nous rendre autheurs de cette rupturre,
voyans le mauvais effect et l’émotion que cette nouvelle produisoit dans
les espritz. J’ay esté contrainct de dire que les affaires estoient en aultres
termes; que les lettres de Vostre Altesse
jours que celle de Pau, et que la négotiation ayant esté recommancée par
les Médiateurs, il y avoit apparence que Vostre Altesse n’avoit retiré ses
papiers
avoit donnée à Leurs Majestez de sa conduitte partialle. Cette response n’ o-
bligera Vostre Altesse qu’à ce qu’il luy plairra, car je ne l’ay faitte qu’en
termes doubteux; mais je la puis asseurer qu’il a fallu nécessairement cal-
mer l’orage qui s’estoit eslevé sur cette prétendue rupturre, et que si Vos-
tre Altesse juge que la conduitte de Munster doibve avoir quelque relation
à celle d’icy, il fault bien tenir ferme |:sur les poinctz dont on ne pourra
pas se relascher:|, mais sans affectation ny esclat, et surtout sans faire pa-
roistre avoir dessein de rompre, car si ce malheur avoit à arriver, il seroit
nécessairre, pour n’en recevoir point de préjudice, que ce fust plustost un
effect de la dureté des Espagnolz que de nostre participation, et qu’on
leur p〈us〉t imputer la rupture plustost qu’à nous, qui ne sommes desjà
que trop soupçonnez de vouloir continuer la guerre. J’ozerois mesme
croirre que s’il failloit prendre ou donner un temps limité à noz parties
pour se déclarrer, il seroit à propos que ce fust seullement aprez que les
choses auront esté adjustées par deçà.
Je me resjouis avec Vostre Altesse de ce que les affaires s’advancent, et
principallement de ce que Messieurs les Médiateurs recommencent de
s’en mesler. J’ay tousjours estimé que nous les devons traitter comme en
estans les maistres, recevoir les offices de tous ceux qui nous y pourront
servir, et ne nous attacher à la despendance de personne, pour n’en estre
pas tyrannisez.
Quand à l’appréhention que Vostre Altesse peut avoir qu’en excluant Pau
de la médiation, ses supérieurs n’en fussent désobligez, je puis asseurer
Vostre Altesse qu’on ne s’intéressera pas si avant dans ce qui le touche.
Oultre que plusieurs déclarrent que luy et ses collègues ont entrepris cette
affaire sans ordre de l’Estat, il a grand nombre d’envieux et d’ennemis
dans sa province mesme qui sont raviz de la mortification qu’il a receue,
et qui comme j’ay desjà marqué sont résoluz de s’en prévaloir en temps et
lieu.
Certes, Monseigneur, il importe d’oster à des particuliers de cette condi-
tion la hardiesse d’offenser une puissante couronne; le peu de souvenir
qu’il [!] a des injures et des bienfaitz a esté reproché de tout temps à nos-
tre nation des Espagnolz. Les Espagnolz, en beaucoup d’endroitz, tien-
nent leurs partysans en devoir par la seulle crainte. Puisque Dieu a permis
aux souverains qui le représentent en terre, la douceur de se vanger qu’il
s’est réservée à luy seul, ilz s’en peuvent adroittement servir au moins
quand il est utile à leur Estat. Quand je considère que Noirmond est allé
menacer dans sa maison monsieur de Niderhost parlant à sa femme pour
avoir faict son devoir, il semble que nous devons avec raison nous ressen-
tir de l’infidélité d’un allié qui manque à ce qu’il doibt. Car si on ne pro-
tège haultement ceux qui nous servent, et qu’on n’abaisse aultant qu’on
peut ceux qui nous désobligent, on refroidit les premiers, et on rend les
aultres plus insolens, |:principalement dans un Estat populaire:|.
Il est bien vray, comme dict Vostre Altesse, que les Médiateurs nous don-
nans quelquefois de la peyne, nous ont obligé de soushaiter qu’ilz fussent
plus puissans auprez des Espagnolz, mais nous n’avons pas à craindre
qu’ilz puissent faire par leur mauvaise volonté, auprez de leur maistre, ce
que Pau peut faire auprez des siens; le Pape ny les Vénitiens ne sont pas
engagez dans une guerre avec nous, et nous ne pouvons pas appréhender
qu’ilz fassent un traitté particulier capable de ruysner les affaires.
Vostre Altesse me faict l’honneur de me dire qu’il fauldra travailer [!] icy
à faire révoquer Pau; mais comment pourrois-je obtenir cette résolution
dans un Estat divisé de factions et qui est si lent en touttes ses délibéra-
tions ? On ne manqueroit pas de m’objecter que des juges ne doibvent pas
les traitter plus mal que les propres parties, et que l’Estat ne peut pas avec
bienséance luy oster une fonction que Vostre Altesse luy confie. Et je suis
bien asseuré que dans la justiffication qu’on dict qu’il préparre contre
moy, une des principalles raisons dont il se servira pour monstrer que
Vostre Altesse n’a pas esté de mon advis, sera l’honneur qu’elle luy a faict
de laisser les affaires du Roy entre ses mains. Je crois mesme que c’est
pour cette fin qu’il s’excuse si souvent à cause qu’il est seul, affin de pou-
voir escrire par deçà que nonobstant ses excuses, Vostre Altesse le prie de
continuer.
Je luy demande pardon sy je luy représente tous les inconvéniens que
nous devons appréhender. Je soubmetz le tout à sa prudente censure.