Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
132. Servien an Brienne Den Haag 1647 Februar 19
Den Haag 1647 Februar 19
Ausfertigung: Ass.Nat. 277 fol. 234–244’ = Druckvorlage. Duplikat [für Mazarin]: AE , CP
Holl. 43 fol. 358–370. Konzept, teilweise eigenhändig: AE , CP Holl. 40 fol. 217, 218,
219–220’, 218’, 221–222, 223–224’. Teildruck: van Prinsterer , 188–191
Bei van Prinsterer , 190f. findet sich ein Absatz ( Madame la princesse d’Orange m’a fort
protesté – du repos au dernier poinct. ) , der in den hier nachgewiesenen handschriftlichen
Überlieferungen fehlt; er stammt tatsächlich aus einem späteren Schreiben Serviens an
Mazarin (nr. 161). Der Druck bei van Prinsterer ist datiert auf 1647 [Februar].
Gründe für die Bedeutung militärischer Stärke Frankreichs im kommenden Feldzug. Furcht
der Niederländer vor Nachbarschaft zu Frankreich Haupthindernis bei den Garantiever-
handlungen ; deren Gründe. Befürchtung einer französischen Übermacht im Falle der Fort-
setzung des Krieges Ursache des Wunsches der Niederländer nach Frieden; Ablehnung der
Garantie aus Sorge vor einem möglichen Wiederausbruch des Krieges; Raten zu Geduld ge-
genüber den Niederländern. Gegensätzliche Interessen Prinz Wilhelms (II.) von Oranien
und seiner Eltern in der Friedensfrage; verschiedene Vorgehensweisen beider Seiten: Ob-
struktionstaktik Prinz Wilhelms zur Verzögerung des Friedens; dagegen offenes Eintreten
seiner Eltern für diesen. Schwierigkeit der Position Serviens durch diese inneren Gegensätze
im Hause Oranien; seine Argumentation beiden Parteien gegenüber. Entschließung Hol-
lands , nicht am Feldzug teilzunehmen, möglicherweise verhandlungstaktisch; vorläufiger
Verzicht auf eine Beschwerde über diesen Beschluß. Unzureichende inoffizielle Garantie-
angebote der Niederländer; Bestehen Serviens auf der allgemeinen Vertragsgarantie; Bitte
um entschiedene Zurückweisung, falls Oosterwijk in Paris eine eingeschränkte Garantie an-
bietet . Hollands Vorschlag, Bevollmächtigte der Provinzen für den Abschluß der Garantie
und des allgemeinen Friedens nach Den Haag zu entsenden; Gründe für Serviens Ableh-
nung ; Präferenz für Beratungen in den einzelnen Provinzen. Kontributionsfragen. Kritik
am Bericht der niederländischen Gesandten an die Generalstaaten (Beilage 1) sowie am Ver-
halten Pauws und Knuyts. Eintreten Utrechts für das französisch-niederländische Bündnis.
Separation und beabsichtigtes erneutes Zusammentreten der Staaten von Holland Anfang
März. Ausbleiben des angekündigten Schreibens in Sachen Antwerpen.
Je suis obligé de vous faire souvenir, quoyque peult-estre avec trop d’ im-
portunité , que |:jamais il ne fut si nécessaire de mettre les forces du Roy
en bon estat que cette année:|, soit que vous vouliez bien |:asseurer la
conclusion de la paix:|, soit pour |:obtenir des conditions plus advantageu-
ses :|, soit pour |:la faire avec plus de réputation:|, soit pour |:se garentir des
préparatifs que font les ennemis en Allemagne et partout ailleurs, qui
pourroient leur donner quelque advantage si:|, comme on a subjet de |:le
craindre, Messieurs les Estatz ne mettent pas leur armée en campagne:|,
soit pour |:tenir en considération Messieurs les Estatz:| en leur faisant co-
gnoistre non seulement que |:on peut se passer d’eux mais qu’ilz n’ acquer-
ront pas un repos bien asseuré quand ilz feroient un traicté particulier:|,
soit pour faire paroistre dans le monde qu’un grand royaume n’est pas
contrainct d’interrompre ses desseings pour le manquement de ses alliez
et qu’il peut soustenir la guerre contre l’Espagne sans leur assistance.
Le plus grand obstacle qui se rencontre en la garentie:|, comme j’ay desjà
mandé, |:est l’appréhention qu’ont Messieurs les Estatz:| que rentrant cy-
après en guerre contre l’Espagne conjoinctement avec la France, |:les af-
faires ne retombent au mesme estat où elles sont à présent:| dans les Pays-
Bas, c’est-à-dire que |:le Roy ne rencontre la mesme facilité qu’ au-
jourd ’huy à se rendre maistre de son partage:|, et par ce moyen |:ne de-
vienne voisin des Provinces-Unies, qui est ce qu’elles appréhendent et qui
leur faict avoir tant d’impatience de finir la guerre, ne faisant pas scrupule
d’avouer qu’en:| formant le
croioient pas que les affaires deussent aller si viste, ni qu’en si peu de
temps on fist de si notables progrez contre les Espagnolz.
Les plus grossiers ne fondent la crainte qu’ilz ont de nostre voisinage que
sur l’humeur inquiète de nostre nation et sur la trop grande puissance du
Roy, mais les plus fins ont trois autres motifs secretz qui:| les touchent
fort sensiblement: le premier, |:que les catholiques de ce pays qui sont en
grand nombre, se voyans si proches d’un appuy si puissant, ne deviennent
trop entreprenans et ne travaillent un jour à changer la forme du gouver-
nement :|, ou du moins, à |:y acquérir plus d’auctorité. Le second, que:|
l’union n’estant pas tousjours fort bonne entre |:touttes ces provinces:| et
y en ayans qui ne peuvent pas souffrir les entreprises de |:celle de la Hol-
lande :| à cause que le plus souvent, |:elle veut comme la plus puissante
mener les autres comme il luy plaist:|, les plus prévoyans du pays |: appré-
hendent que les autres, se voyans maltraittez de cette sorte, ou ne songent
avec le temps à quelque séparation quand:| elles pourront avoir la |: pro-
tection du Roy qui sera si proche, ou ne deviennent plus hardis à résister à
la Hollande, ou mesme que les divisions qui sont dans les provinces, par-
ticulièrement entre les nobles et les bourgeois:|, ne fassent plustost |: re-
chercher aux uns et aux autres une domination estrangère:| qui, en ce
cas, ne pourroit estre |:autre que celle de France, qui avec la qualité d’amie
et de confédérée:|, auroit aussy celle de |:voysine, et de puissante:|. Le
troisiesme, que l’on a |:grande jalousie de la trop grande authorité de
monsieur le prince d’Orange et qui faict appréhender que monsieur le
prince Guillaume son filz et son successeur estant appuyé de l’alliance
d’Angleterre, et:| nouvellement de |:celle de Brandebourg, pourroit facile-
ment un jour faire revivre les droictz de souveraineté qui ont:| aultrefois
esté |:cédez à feu son grand-père
avec le |:crédict que luy donnent ses charges dans le pays et l’assistance
qu’il pourroit se promettre de ses beaux-frères
Schwäger Pz. Wihelms (II.) von Oranien (s. Anm. 15 zu nr. 31) waren: 1) Kf. Friedrich
Wilhelm I. von Bg. (s. Anm. 10 zu nr. 2), seit Dezember 1646 mit Louise Henriette von
Oranien (s. Anm. 15 zu nr. 9) verh.; 2) die Brüder seiner Frau Mary (s. Anm. 9 zum An-
hang ) und Söhne Kg. Karls I. von England und Schottland (s. Anm. 7 zu nr. 50), nämlich
Karl II. (1630–1685, 1660 Kg. von England und Schottland), Jakob II. (VII.) duke of York
(1633–1701, 1685–1688 Kg. von England und Schottland) und Henry (1640–1660, 1644
duke of Gloucester and earl of Cambridge) ( Stammtafeln NF I T. 115; II T. 95).
le secours de la France:|, qu’on croid qui luy seroit |:favorable dans ce
desseing:| à cause qu’elle pourroit prendre |:plus de confience en son ami-
tié qu’en celle d’un peuple dont les:| inclinations et résolutions |:changent
à tous momentz:|.
Il me semble que |: ces appréhentions bien ou mal fondées contribuent
beaucoup à faire désirer si ardemment la paix à ces peuples cognoissant
fort bien qu’il ne faudroit plus qu’une année ou deux de guerre pour
achever l’ouvrage qui a esté entrepris dans les Pays-Bas:|, pourveu que
chacun de son costé fist son debvoir sincèrement. Quand on leur de-
mande pourquoy on |:s’est donc obligé par le traicté de 1635 à chasser
les Espagnolz et partager les pays qu’ilz occupent:|, il y en a qui respon-
dent assez naifvement, comme j’ay dict cy-dessus, qu’on |:ne croyoit pas,
en faisant ce traicté, que les choses deussent réussir ni aller si viste qu’elles
ont faict:|, sy bien que les mesmes considérations qui leur ont faict au-
jourd ’huy désirer que |:elles demeurent en l’estat qu’elles sont:|, leur font
|:esgallement craindre tout ce qui peut cy-après renouveller la guerre dans
les Pays-Bas:|, et c’est pourquoy |:ilz reffusent la garentie encores que:| ilz
avouent qu’elle est juste et nécessaire aultant pour eux que pour nous.
Il y a bien |:des remèdes pour les guérir de ces appréhentions dont:| le
renouvellement de la guerre dans les Pays-Bas |:est l’unique subject, mais:|
comme elles se pourront |:dissiper avec un peu de patience, il est plus utile
pour nous de veoir ce que le temps et nos persuasions pourront produire,
que de recourir sitost à:| des précautions plus puissantes dont |:à la vérité
l’effect seroit plus asseuré,
que altération qui nous seroit préjudiciable:|.
Ma plus grande peine icy est d’ajuster deux intérestz |:entièrement con-
traires , celuy de monsieur le prince Guillaume qui désire ardemment de
porter les choses à la continuation de la guerre, et celuy du père et de la
mère qui ont:| une impatience extrême de faire |:conclure la paix, le pre-
mier par une jalousie estrange que sa foiblesse luy donne contre l’ autho-
rité de son filz, entre les mains duquel tomberoit nécessairement le com-
mendement des armes si la paix ne se faict promptement, la mère par une
espérance mal fondée dont elle se flatte d’estre considérée et conserver
quelque crédit dans les affaires:| sy l’on vient dans un estat paisible, |:ce
qu’elle:| ne pourroit pas prétendre dans |:le maniement des armes, dont les
femmes ne se peuvent pas mesler avec bienscéance.
Cependant:| les uns et les aultres font agir diféremment leurs créatures
selon leurs intentions, et leur font prendre des routes directement oppo-
sées . |:Le filz ne paroist pas ouvertement, mais:| oultre la facilité que luy
donne l’inclination que l’on a de regarder plustost |:le soleil levant que
celuy qui se couche:|, son but n’est que de gagner temps |:en retardant
les résolutions:|, ce qui est beaucoup plus facile |:en ce pays que de les
faire prendre, puisque:| une seule province peult arrester celles de toutes
les aultres et qu’une seule ville peult rendre inutile les délilibérations [!] de
toute une province dans les affaires de grande importance.
|:Monsieur le prince d’Orange et madame sa femme:| font cognoistre plus
clairement leur dessein et treuvent mesme de l’advantage à s’en expliquer
parce qu’ilz |:favorisent l’ardeur démesurée que ces peuples ont pour le
repos:|, et encor que |:le mary soit dans un estat pitoyable:| qui luy a pres-
que tout à faict |:osté l’usage de la raison, et que la femme n’ayt point de
caractère qui puisse conserver l’auctorité entre ses mains:|, les signalez ser-
vices que cet Estat a receuz de |:leur maison:| font que les principaux et les
plus sages ont encor beaucoup de vénération pour leurs personnes.
L’on veoid par là qu’il est presque impossible de |:plaire aux uns et aux au-
tres :|. J’ay estimé que pour |:me démesler de cet embarras:|, il n’y avoit point
de plus grande finesse que de n’en avoir point, et que le plus seur party à
prendre, aussy bien que le plus raisonnable, estoit celuy de la vérité.
J’ay asseuré |:le père et la mère:| que Leurs Majestez désirent sincèrement
la paix, et que pour veoir la preuve, il ne fault que disposer les Espagnolz
à consentir aux conditions raisonnables d’accommodement que nous
avons proposées dans le project de traicté que monsieur de Longueville a
remis entre les mains des plénipotentiaires de cet Estat
rance leur promet une chose qu’ilz souhaittent avec tant de passion qu’ilz
ont peine d’y adjouster foy:|.
J’ay déclaré franchement |:au filz:| la mesme chose. Je luy en ay faict |:un
acte de confiance, mais pour flater son humeur toutte martiale, j’ay
adjousté que:| la conclusion entière du traicté ne sçauroit estre faicte de
|:deux mois:|, quelque diligence qu’on y aporte, et quand mesme on seroit
aujourd’huy d’accord de tous les principaux articles, qu’après il fauldra
bien encor deux mois pour attendre la ratiffication, |:et que si pendant ce
délay, il a le crédit d’engager cet Estat à mettre en campagne et à faire
quelque entreprise, il doibt bien estre asseuré que la France ne fera jamais
de traicté sans luy et que nos braves généraux d’armée:| ne verront pas
donner des |:coups d’espée à la leur sans y prendre part et:| agir de leur
costé fort vigoureusement.
Je vous ay donné advis par ma précédente dépesche de la résolution qui a
esté prise par la Hollande, et qu’elle a faict sçavoir aux aultres provinces de
ne vouloir et ne pouvoir mettre en campagne cette année . |:C’est un arti-
fice dont elle se sert fort souvent pour obliger les autres à payer plus soi-
gneusement leurs contributions et à faire plus diligemment les advances
nécessaires pour la guerre:|. L’année passée, elle fist une délibération toute
pareille |:et ne laissa pas aprez cela de faire son debvoir:|. L’on croid qu’elle
pourra bien faire encor la mesme chose cette année, et il se treuve desjà des
parieurs que l’on mettra en campagne sy la paix généralle n’est faicte. La
pluspart de ceux qui ont contribué à faire prendre cette résolution com-
mencent à cognoistre et à confesser qu’elle a esté prise contre toute sorte
de raisons politiques. Toutes les opinions dans la maison de monsieur le
prince d’Orange se sont réunies pour la condamner, et je ne voy presque
personne de ceux à qui j’en ay parlé qui n’avouent qu’en la prenant, on n’a
pas moins faict de préjudice à l’Estat qu’à la France. J’ay déféré d’en faire
mes plaintes dans l’assemblée jusqu’à ce que je voye quelque disposition à
faire réparer cette faulte, estant |:quelquesfois plus utile de laisser revenir
d’eux-mesmes les espritz en leur aydant soubz main à reprendre le bon
chemin, que de les engager, en les voulant combattre ouvertement, à def-
fendre par opiniastreté:| ce qu’ilz sçavent en leur âme d’avoir mesfaict.
Plusieurs particuliers me viennent veoir pour me persuader que Leurs
Majestez se devroient contenter que cet Estat garentisse le traicté qui
sera faict avec l’Espagne pour tout ce qui est de l’ancien corps de la mo-
narchie , du Roussillon, du Pays-Bas et de la Bourgongne, en s’obligeant
aussy que sy le roy catholicque attacque après la paix les places que le
Roy possède en Catalogne ou en Italie, Messieurs les Estatz fourniront
au Roy un certain nombre d’hommes et de vaisseaux entretenuz à leurs
despens pour faire une guerre auxiliaire aux lieux où Sa Majesté sera at-
tacquée , et en cas que le roy d’Espagne recommence des hostilitez contre
la France ou dans le Pays-Bas ensuite de celles qui s’exerceront en Italie
ou en Catalogne (ce qu’ilz vouldroient laisser au choix dudict roy), qu’ilz
seront obligez de rompre ouvertement contre luy.
Mais oultre que ce ne sont que personnes privées qui n’ont nul pouvoir
que de me sonder pour en prendre avantage, je tasche de leur faire veoir
que cette diférence qu’on veult faire entre les parties vieilles et nouvelles
du corps de l’Estat, est en quelque façon injurieuse, et que le roy d’ Espa-
gne ne peult jamais violer les conditions de paix ou de trêve qui seront
accordées en attacquant les Estatz ou places qui demeureront au Roy par
le traicté sans que cette infraction soit suivie d’une rupture généralle entre
les deux couronnes qui s’estendra aussy bien aux Pays-Bas que partout
ailleurs, et qu’il ne seroit pas juste sy le roy d’Espagne treuve l’effort de
la guerre plus commode pour luy en Catalogne ou en Italie, d’oster la
liberté au Roy de faire aux Pays-Bas et partout ailleurs les diversions qui
luy seront plus commodes pour faire cesser les invasions et les entreprises
qui auront esté faictes par l’Espagne aux aultres endroictz.
Encore que j’aye eu l’honneur de vous informer de cette proposition par
ma dépesche précédente, j’ay estimé vous en devoir encor avertir par cel-
le -cy, craignant que ces messieurs ne donnent charge à leur ambassadeur
de vous en faire ouverture par delà, |:et que s’ilz avoient recognu qu’on
eust quelque disposition à s’en contenter, il ne fust impossible d’obtenir
d’eux la garentie générale à laquelle nous devons insister, quoyque pour
une dernière extrémité, le party qu’on offre desjà soit plus advantageux
que ceux qu’on m’a permis d’accepter. Il sera donc très à propos, Mon-
sieur , si on vous parle de cet expédient, qu’il vous plaise de le rejetter:|
sans donner aulcune espérance qu’on y puisse entendre, |:vous tenant
tousjours au traicté:| qu’il n’est question que d’explicquer selon son véri-
table sens, ou bien déclarer qu’on le veult rompre. Vous treuverez peult-
estre cette |:dernière clause un peu trop hardie, mais j’ay esprouvé depuis
que je suis icy que c’est comme il leur fault parler:|, n’y ayant presque
personne qui |:opine à rompre les traictez
cher des subtilitez et des avantages sy on |:leur laissoit faire:|.
L’on m’a voulu engager à faire cognoistre par noz amis dans les provinces
que je seray bien aise qu’elles envoyent toutes icy des députez avec plain
pouvoir tant pour convenir avec moy de la garentie que pour résouldre ce
qui concerne la paix généralle, suivant la réquisition qui en a esté faicte
par la province de Hollande
Vgl. den Extraict du registre des résolutions des [!] Messieurs les Estats Généraux, [Den
Haag] 1647 Februar 2; frz. Kopie: AE , CP Holl. 43 fol. 192: Antrag Hollands auf Ent-
sendung von Provinzial-Deputierten nach Den Haag zur weiteren Beschlußfassung in Sa-
chen Garantieverhandlungen mit Frk. und Friedensverhandlungen mit Spanien; Beschluß
über Notifikation an die übrigen sechs Provinzen.
Je sçay bien que ce seroit le plus court moyen pour sortir d’affaires, mais
aussy je |:le trouve très dangereux, estant proposé par une province qui
nous est mal favorable et favorisé par madame la princesse d’Orange, qui
a bien quelque envie de revenir à nous, mais qui a beaucoup de peine de
quitter les grandes espérances que les Espagnolz luy ont données:|. Il est
encor |:extrêmement à craindre que le corps de l’Estat estant icy assemblé
en un temps où il a desjà son traicté faict avec l’Espagne , ne se porte à
quelque dangereuse résolution si on luy présente la ratiffication de tout ce
qui a esté faict et qu’en mesme temps on luy donne contentement sur
trois ou quatre articles où:| quelques provinces treuvent que leurs pléni-
potentiaires n’ont pas suivy leurs instructions, à quoy j’apprens de bon
lieu que |:les Espagnolz sont disposez encor que dans l’un desdictz arti-
cles :| il s’agisse notablement des intérestz de |:la religion. Alors il seroit à
craindre que le seul intérest de la France ne fust pas capable d’arester des
espritz qui souhaittent si ardemment le repos:|. Ceux qui ne font pas scru-
pule de |:nous abbandonner, ou qui sont gaignez par l’Espagne, auroient
plus de moyen de communiquer aux autres le venin dont ilz sont infectez,
et le meilleur marché que nous en pourrions espérer seroit peut-estre
d’obtenir un délay pour achever nos affaires avec l’Espagne, passé lequel
ilz penseroient estre en droict et en liberté d’accepter sans nous ce qui leur
auroit esté offert:|.
Toutes ces considérations m’on[t] faict résister jusqu’icy à la résolution de
cette assemblée généralle, ayant favorisé par mes advis et par mes raisons
la répugnance que quelques provinces y ont tesmoignée sur l’oppinion
que j’ay que |:il y aura beaucoup moins de péril pour nous de:| laisser faire
par toutes les provinces séparément toutes les délibérations qu’on aura à
prendre, quoyque la voye soit un peu plus longue, que de s’exposer aux
aultres inconvéniens que je viens de remarquer.
Je ne sçay pas encor ce qui en réussira, ayant recognu jusqu’à présent que
|:la Hollande vient enfin à bout de la pluspart des choses qu’elle entre-
prend , mais:| j’ay cru m’y devoir conduire en sorte que l’on ne me puisse
pas imputer que j’aye moy-mesme contribué au mal qui en peult ariver,
duquel pourtant j’espère que Dieu nous fera la grâce de nous garentir
d’une façon ou d’aultre.
Monsieur |:le Rhingrave:| m’est venu visiter ces jours passez pour me dire
que les troupes du Roy ont passé depuis peu le canal de Bruges pour lever
des contributions dans le pays qui contribue à Messieurs les Estatz. Il n’a
pas voulu leur en donner advis en cette conjuncture, de peur d’aigrir les
espritz, mais il estime qu’il seroit à propos de convenir ensemble comme
on aura désormais à vivre pour éviter toutes sortes de contestations, qu’il
en a quelquesfois parlé à ceux qui gouvernent, mais qu’il luy a paru qu’on
attend que l’ouverture en soit faicte de la part de la France.
Je vous envoye la relation que les plénipotentiai〈res〉 de cet Estat ont
faicte à leur retour, et qu’on leur a faict donner par escript. Il paroist clai-
rement que |:Paw et Knut:|, qui en ont esté les autheurs, ont bien envie de
gagner l’argent que les Espagnolz leur ont promis, puisqu’ilz plaident sy
bien leur cause, et qu’après nous avoir maltraicté au poinct qu’ilz ont
faict, ilz taschent encor à engager l’Estat à quelque ressentiment des plain-
tes qu’on a esté obligé de leur en faire. Je m’estois bien attendu qu’il faul-
droit encor soustenir ce dernier chocq. J’espère pourtant de m’en démes-
ler , et de faire veoir combien on doibt tenir pour suspect tout ce qu〈i〉
vient de la part de deux ministres sy passionnez que je n’espargneray pas
par la response que je me dispose de faire à leur escript, estant beaucoup
moins dangereux de les avoir ennemis descouvertz que de souffrir plus
longtemps avec trop de patience le mal qu’ilz continuent de nous faire.
Sy nous les eussions attacquez vivement à la première signature qu’ilz
firent l’esté passé
dès ce temps-là, car ilz ont leurs envieux et leurs ennemis dans l’Estat,
aussy bien ne peult-on pas prétendre avec raison de ramener des espritz
qui se sont attachez sy ouvertement et par de si puissans liens dans le
party contraire.
|:Parmy touttes ces peines, je ne laisse pas d’espérer que:| tout irra bien, et
je vous asseure que les ministres de la province d’Utrecht preschent ou-
vertement contre ceux qui inclinent à se séparer de la France pour se join-
dre à l’Espagne, les appellans déserteurs de leur patrie et de l’honneur, et
soustenans que c’est un adultère d’Estat après avoir esté longtemps uny
d’alliance avec un souverain, de l’abbandonner pour se laisser aller aux
flateries et aux caresses d’un nouveau venu.
Les estatz de la province de Hollande se sont séparez depuis trois jours en
attendant que les aultres ayent achevé leurs délibérations. Elle a résolu de
se rassembler au commencement du mois prochain, dans la croyance
qu’alors toutes les aultres seront prestes, et mesme on m’a faict pressentir
que s’il se présentoit quelque occasion importante de revenir plus tost,
tous les députez estans proches d’icy, ilz le pourroient faire au premier
advis.
Son Eminence m’a marqué par sa lettre que vous me deviez envoyer un
ordre du Roy pour m’en servir en cas de besoin, lequel je n’ay point
treuvé dans vostre dernière dépesche
de vous en faire souvenir et qu’il vous plaise de l’envoyer sy vous le jugez
pour le service de Sa Majesté.
Beilage
1 Ass.Nat. 277 fol. 245–248: Bericht Meinerswijks, Mathenesses, Pauws, Knuyts, Donias,
Ripperdas und Clants an die Generalstaaten über ihre Verhandlungen mit Spanien seit
der Unterzeichnung der 70 Artikel einer provisorischen Übereinkunft im Juli 1646, Mün-
ster 1647 Februar 3, Kopie (frz.). – Weitere frz. Kopie: AE , CP All. 87 fol. 232–238 .
Druck (it. ÜS): Siri IX, 258–265.