Acta Pacis Westphalicae II B 5,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 5, 1. Teil: 1646 - 1647 / Guido Braun unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und Achim Tröster, unter Mithilfe von Antje Oschmann am Register
3. Servien an Mazarin [Münster] 1646 November 24
Servien an Mazarin
Jules Mazarin (Giulio Mazzarini) (1602–1661), seit 1641 Kardinal ( Gauchat IV, 25), seit
1643 als Nachfolger Richelieus frz. Prinzipalminister; gebürtig aus einer röm. Familie, seit
1624 zunächst im Dienst der Kurie, 1631 als päpstlicher Vermittler beim Vertrag von Che-
rasco, 1634 als ao. Nuntius in Paris; seit 1640 in Diensten Frk.s. Während der Fronde ge-
gen seine Regierung 1648–1652 mußte Mazarin zeitweilig aus Frk. flüchten ( Pernot),
konnte sich aber langfristig politisch behaupten und handelte 1659 den Pyrenäenfrieden
mit Spanien aus ( ABF I 725, 28–168; ABI I 638, 14–35; Dethan, Mazarin; Goubert;
Treasure; Dulong, Mazarin).
[Münster] 1646 November 24
Konzept, z.T. eigenhändig: AE , CP All. 78 fol. 419–421, 422–424’ = Druckvorlage.
Postangelegenheiten; Ergebenheitsbezeigungen. Begründung der Vorschläge Serviens zu
Herzog Karl IV. von Lothringen; Maßnahmen zur Friedenssicherung im Hinblick auf seine
Person: Garantie der Vereinigten Niederlande und der Reichsstände, daß Spanien und der
Kaiser ihn nicht unterstützen werden; Registrierung des Friedensvertrages durch das Parle-
ment; Erläuterung des Vorschlages, in Frankreich Gesandte des Lothringers zu empfangen;
Beipflichtung zu den diesbezüglichen Einwänden Mazarins. Klare Verpflichtung der Gene-
ralstaaten zum Beistand gegen Herzog Karl IV. im Rahmen der Vertragsgarantie erforder-
lich. Abschluß eines Garantieabkommens mit ihnen wichtigster Verhandlungspunkt; ihre
Unzugänglichkeit in dieser Frage; hartes Auftreten in Münster und Den Haag einziger
Weg zum Erfolg; offene Kritik Serviens an die Adresse der niederländischen Gesandten:
Fortführung des Krieges gegen Spanien, auch ohne ihre Beteiligung, für Frankreich vorteil-
hafter als Friedensschluß ohne ausreichende Garantie; notwendige Betonung der französi-
schen Unabhängigkeit von der Allianz mit den Generalstaaten, die von niederländischer
Seite zum Teil offen in Frage gestellt wird; vermeintliches Abhängigkeitsverhältnis Grund
für das unverschämte Verhalten der Niederländer. Ihr nachdrücklicher Wunsch nach einer
französisch-niederländisch-spanischen Liga als Vorstufe einer engeren Bindung an Spanien.
Zutreffende Anmerkungen Mazarins zur Verschiedenartigkeit der italienischen und der
deutschen Fürstenliga. Kaiserliche Position in Sachen Souveränität über Metz, Toul und Ver-
dun sowie über das Elsaß. Vorteilhafter Vorschlag der Spanier zur befristeten Überlassung
der jeweils gehaltenen Plätze in Piemont und Montferrat. Contarinis Streben ganz auf einen
schnellen (wenn auch nicht dauerhaften) Frieden gerichtet, um den Türken rasch Einhalt
gebieten zu können. Abneigung Kurbayerns gegen Frieden und Waffenruhe; wünschens-
werte Drohung mit Entzug der französischen Unterstützung für seine Anliegen. Savoyische
Intention beim Geheimartikel des Bündnisvertrages mit Frankreich von 1635. Zeitpunkt der
Einstellung der Feindseligkeiten. Noch zu klärende Befristung des Casale-Artikels: dreißig
Jahre vermutlich angemessen. Scheitern einer einvernehmlichen Lösung in Sachen Exekution
des Vertrages von Cherasco an der Unnachgiebigkeit Savoyens; mögliches finanzielles
Druckmittel diesem gegenüber zur Durchsetzung verschiedener französischer Interessen. Er-
forderliche Geheimhaltung der savoyisch-mantuanischen Heiratspläne vor Venedig. Die
schriftliche spanische Zusicherung des französchen Rechts, Portugal nach Friedensschluß mi-
litärisch zu unterstützen, wird voraussichtlich nur schwer durchsetzbar sein. Gespräch mit
Pauw: dessen Verdienste um das Vorankommen der französisch-spanischen Verhandlungen;
Diskussion über die toskanischen Plätze; Pauws Reserviertheit; Serviens Begründung der
französischen Forderung nach deren Zession. Unbeständigkeit d’Avaux’; dauerhafte Beile-
gung des Streites zwischen ihm und Servien nur in Paris möglich.
Je ne puis assez humblement rendre grâces à Vostre Eminence de l’hon-
neur qu’elle m’a voulu faire par la longue et obligeante lettre qu’elle a eu
agréable de m’escrire ; encor que ce soit la plus grande faveur que je
puisse recevoir, je serois désespéré si Vostre Eminence s’estoit donné la
moindre contrainte pour moy qui n’ay point de plus grande gloire ny de
qualité plus chère dans le monde que celle de sa créature très obligée.
L’ordinaire n’estant arrivé qu’hyer au soir fort tard et ce courrier voulant
partir aujourd’huy sus le soir, je ne puis répondre qu’avec grande haste
aux pointz principaux et sus lesquelz il a pleu à Vostre Eminence de me
faire sçavoir ses intentions, die mir nicht nur bei diesen Verhandlungen,
sondern mein ganzes Leben lang als Richtschnur dienen werden.
Je m’apperçois bien que pour dire son advis d’une affaire il en fault co-
gnoistre toutes les circonstances. Lorsque j’ay exposé mes sentimens à
Son Eminence sur celle de Lorraine, je n’ay considéré que comme elle
devoit estre traictée par deçà, présuposant que du costé de la cour on y
pouroit agir en toute liberté pour l’avantage de l’Estat. Sur ce fondement
j’avois cru qu’excluant le duc Charles de ce traicté, et ayant les Provinces-
Unies et les estatz de l’Empire pour garends de la promesse que les Espa-
gnolz et les Impériaux nous auroient faicte de l’abbandonner, ce seroit
une entière seureté, nous restant assez de moyens pour le faire désarmer,
parce que les Suédois ny nous ne rendons pas les places que nous tenons
dans l’Empyre tandis que quelqu’un y sera en estat de nous donner quel-
que apréhension. Après cela j’estimois que le traicté estant porté en
France et registré en Parlement, l’on fairoit réunir à la couronne par arrest
tout ce qui a esté conquis en cette guerre, ce qui osteroit tout moyen de
rien faire au contraire par faveur au moins pendant la minorité du Roy,
car à la vérité, pour la liberté qui estoit réservée au duc Charles d’envoyer
ses députez en France, ce n’estoit que pour les y traicter comme on a
tousjours traicté en Espagne ceux des roys de Navarre, c’est-à-dire pour
ne luy rien donner qu’un entretènement en argent et pour ouvrir un che-
min à l’Empereur et au roy d’Espagne de l’abandonner plus honorable-
ment. Néantmoins je cognois bien maintenant la force des prudentes ref-
flections que Son Eminence y a faictes, qui vont plus loin que les miennes,
et que l’expédient qu’elle a proposé remédie beaucoup mieux à tous les
inconvéniens qui sont à craindre.
Ce n’est pas par flatterie ny par respect que j’en parle en ces termes, c’est
pour estre entièrement comvaincu des raisons et des avantages dont il est
acompagné; je crains seulement que Son Altesse Royale
Gaston Jean-Baptiste duc d’Orléans (1608–1660), jüngerer Bruder Kg. Ludwigs XIII. von
Frk.; mehrfach in Intrigen gegen den Kg. oder Richelieu verstrickt; nach deren Tod, seit
1643, lieutenant-général du royaume (bis 1651), président du conseil de guerre und Mit-
glied des neu errichteten conseil d’en-haut; daneben seit 1644 gouverneur du Languedoc
( ABF I 797, 175–229; Dethan, Orléans; Bouyer, Gaston).
pas longtemps d’une simple espérance sans effect.
En chef, nous tascherons de deçà d’empescher aultant qu’il nous sera pos-
sible que cest expédient estant accepté ou seulement proposé, n’affoiblisse
pas l’obligation de nos garend〈s〉 envers nous, ce qui doit principalement
dépendre des conventions nouvelles que nous fairons avec Messieurs les
Estatz car pour les Impériaux ny pour les estatz de l’Empyre il n’y a pas
beaucoup à craindre qu’ilz se réuni〈ssent〉 jamais pour les intérestz du
duc Charles ny de sa maison, mais pour Messieurs les Estatz se voyant
aujourd’huy en estat d’establir une durable paix avec l’Espagne, ilz ont
certainement envie d〈e〉 se retirer autant qu’ilz pourront des engagemenz
où ilz sont avec la France, affin d’estre en liberté de se lier plus estroite-
ment dans quelque temps av〈ec〉 l’Espagne si l’ocasion s’en présente, ou
du moin〈s〉 de demeurer neutres entre les deux courones pour se faire
rechercher de l’une et de l’autre, ou peut-estre selon leur bonne coustume
pour vendre plus chèrement leur amitié. C’est pourquoy sus le moindre
doute ou ambiguïté qu’on lai〈sse〉 dans le traité ilz seront ravis de pou-
voir subtilis〈er〉 à leur ordinaire. Et en l’affaire de Lorraine par-
ticu〈lièrement〉, il seroit bien malaisé de les obliger cy-après à re-
prendr〈e〉 les armes en cas que le duc Charles, assisté secrètement des
Espagnol〈z〉, attaquast la France s’ilz n’y sont bien expressément et
bien clairement obligez.
Je suis entièrement du sentiment de Son Eminence qui tient la convention
nouvelle que nous devons faire avec eux la plus importante rencontre de
cette négotiation. Nous avons recogneu qu’ilz inclinent à ne faire aucune
obligation nouvelle et à n’expliquer point les anciennes pour demeurer en
liberté de faire ce qu’il leur plairra quand les contraventions au traité arri-
veront cy-après de la part des Espagnols, s’imaginant qu’à l’avenir l’Espa-
gne qui conserve plus de jalousie et d’animosité contre nous que contre
eux, rompra aussy plustost la paix avec nous qu’avec eux. Pour moy
j’estime que si on veut faire réussir ce que nous désirons, il leur en faut
parler fortement icy et à La Haye, sans témoigner d’avoir tant besoin de
leur amitié comm’ilz pensent, car si nous cognoissions qu’elle ne nous
deût de rien servir à l’avenir, il vaudroit mieux ne s’y attendre pas et ne
s’engager point avec des amys qui ne veullent faire que de secrètes 〈…〉,
c’est-à-dire où ilz treuvent seulement leur compte sans se soucier de celles
d’autruy.
Je leur dis franchement l’autre jour dans une conférence, comme nous
l’avons mandé , que l’amitié de la France estoit trop prétieuse et trop utile
pour l’avoir toute entière en ne donnant qu’une partie de la leur et que ce
seroit une grande imprudence à nous d’avoir abandonné pour l’amour
d’eux le roy de Portugal contre toute raison d’Estat pour nous acomoder
à l’animosité qu’ilz ont contre ce prince et de nous estre contentez pour
faciliter la paix d’une trêve en Cataloigne aujourd’huy qu’ilz font la paix,
si nous n’avions de véritables asseurances de leur amitié et de leur assis-
tance en cas qu’il fa[i]lle un jour rentrer en guerre contre l’Espagne; qu’il
nous seroit beaucoup plus avantageux sans cela de la continuer, quand
mesme nous serions abandonnez par eux, aujourd’huy que l’Espagne est
affoyblie, que nous avons prospéré et que nous pouvons aysément faire
subsister le roy de Portugal en l’assistant puissemment d’hommes, d’ar-
gent et d’une vigoureuse diversion, que de donner loysir par la paix à noz
ennemis de reprendre de nouvelles forces de conquérir le Portugal qui
sera abandonné ou du moins ne sera secouru que foyblement, et de nous
attaquer en un temps qui leur sera plus commode, puisqu’aussy bien nous
ne serons pas alors asseurez de tirer d’eux aucune force de noz confœdé-
rations.
En effet, j’estime que ce raisonement n’est pas à mespriser et qu’on s’en
peut servir non seulement en parlant à Messieurs les Estatz pour leur faire
cognoistre que leur alliance ne nous est pas si absoluement nécessaire
qu’ilz pensent et que nous avons d’autres resources que la leur, mais
qu’en cas d’extrémité et que Messieurs les Estatz eussent dessein de nous
faire manquement comme aucuns d’entre eux y panchent ouvertement, ce
ne seroit pas un mauvais pis-aller pour nous. On les a si fort recherché
jusqu’à présent et ilz se sont tellement persuadez que nous ne pouvons
nous passer d’eux qu’ilz en sont devenus insolentz. C’est pourquoy il est
utile, selon mon advis, de leur faire apréhender le contraire en leur repræ-
sentant qu’on veut bien præférer leur amitié à toute autre mais qu’il est
juste que les conditions pour l’avoir soient honestes et réciproques.
Quant à la ligue d’entre la France, l’Espagne et les Provinces-Unies pour
conserver les Pays-Bas en l’estat qu’ilz sont à présent, une des plus gran-
des passions de Messieurs les Estatz est de la fair〈e〉 réussir; quand on
aura bien résolu en France d’en convenir avec eux, ce seroit bien asseurer
qu’on la leur pourra faire achepter par quelque condition qui soit à l’avan-
tage du Roy, car ilz croyent qu’il leur faut passer par cette ligue avant
que pouvoir honorablement faire une plus estroite confédéra〈tion〉 avec
l’Espagne.
La différence que Son Eminence a remarquée entre la ligue d’Itali〈e〉 et
celle d’Allemagne est fundée sus des raisons convaincantes aussy bien que
celle qui est entre l’obligation des princes d’Italie pour une ligue
g〈énérale〉 ou seulement pour garentir ce qui sera convenu touchant de
[!] Casal et le Monferrat. Nous ne manquerons pas de faire bien nostre
proffit de l’une et de l’autre.
Je confesse qu’il y a beaucoup de raisons de disparité entre la prætention
de tenir les Trois-Eveschez en toute souveraineté et celle de posséder
l’Alsace, mais parce que les Impériaux inclinent à ne la donner pas en
fief à cause des jalousies qu’ilz ont de l’Empyre, ilz ne voudront pas se
laisser convaincre de ces raisons et insisteront tousjours à donner tout de
mesme façon affin de parvenir à leur but.
L’offre que les Espagnolz ont desjà faite que chacun retienne pour quel-
que temps les places qu’il possède dans le Piémont et le Monferrat, en
attendant que la ligue soit acordée, nous est très avantageuse, et pourroit
dès maintenant estre acceptée, si nous estions bien asseurez de Messieurs
les Estatz et que nous eussions convenu avec les Espagnolz du point de
Casal, tous les autres pointz d’importance estant presque acordez. Cet
expédient nous donnera moyen de tenir en bride le Piémont et le Monfe-
rat, et d’empescher les mariages du duc de Savoye
leurs sœurs
1646 lebende Schwestern Hg. Karls Emanuel II. von Savoyen (s. Anm. 5) waren: Ludovika
Christina (1629–1692), seit 1642 mit Pz. Moritz von Savoyen (s. Anm. 4 zu nr. 329) verh.;
Violanta Margarete (1635–1663), die 1660 Hg. Rainutio II. von Parma (s. Anm. 3 zu nr.
261) heiratete; Adelheid Henriette (1636–1676), die 1652 Kf. Ferdinand Maria von Bayern
(s. Anm. 3 zu nr. 16) heiratete ( Stammtafeln NF II T. 195). – Einzige Schwester Hg.
Karls II. (III.) von Mantua (s. Anm. 33 zu nr. 1) war Eleonore (1630–1686), die 1651 dritte
Gemahlin Ks. Ferdinands III. (s. Anm. 6 zu nr. 2) wurde ( ebd. II T. 130).
tés.
comme il a impatience qu’elle soit faicte promptement, croyant que le
seul bruict de sa conclusion mettra les Turcz en considération, et les fera
plustost entendre à l’accommodement que sa République recherche. Je
puis asseurer avec quelque fondement Son Eminence que c’est la véritable
pensée dudict Contarini.
Je ne fais point de doubte que l’advis qu’on nous donne par le mémoire
du 16 e
Kf. Maximilian I. von Bayern (1573–1651), 1597/1598 Hg. Nach der Ächtung des Kf.en
Friedrich V. von der Pfalz (s. Anm. 29 zu nr. 143) verlieh Ks. Ferdinand II. ihm 1623
dessen Kurwürde (DBA I 816, 204–214; Immler; Kraus; Schreiber; Albrecht, Maxi-
milian I.; zur Kurübertragung vgl. auch ders., Zeitalter, 386f.).
ble. Je sçay de bon lieu que Salamanca
Vermutlich Don Miguel de Salamanca (1597?-1676), asistente del superintendente de la
justicia militar der Span. Ndl. und span. consejero für Italien ( Fayard II, 697). – Gemeint
sein könnte auch Salamanca de Noirmont (s. Anm. 8 zu nr. 175), der aber in der Regel
unter dem Namen Noirmont in der frz. Korrespondenz geführt wird.
des sommes assez considérables et que l’on a préféré l’effect pour lequel
elles sont destinez [!] à toutes les nécessitez des Pays-Bas. D’ailleurs nous
avons veu jusqu’icy les députez de ce prince parler plus froidement qu’ilz
n’avoient encor faict tant de la suspension que du traicté général, ne s’at-
tachant tousjours qu’aux intérestz particuliers de leur maistre. J’estime
qu’il n’y auroit point de mal de faire cognoistre au duc de Bavièr〈e〉
que l’on sçait ses menées, et les intelligences nouve〈lles〉 qu’il renoue
avec les Espagnolz; que cela continuant, ce seroit imprudence à nous de
procurer sa grandeur et son establissement dans l’électorat par le traicté
de paix, puisque pour y parven〈ir〉 nous cognoissons très bien que nous
mécontentons les Suédois et Messieurs les Estatz, qui désireroient l’esta-
blissement entier du Palatin
testans qui souhaictent ardemment la mesme chose et nou〈s〉 en solici-
tent, et qu’au lieu d’avoir acquis à l〈a〉 France la maison palatine, nous ne
luy aurons donné que des subjetz de plainte, cognoissant comme elle faict
qu’elle seroit aisément remise en son premier estat sy la France le vouloit
de la mesme façon que la Suède. Ce seroit donc comme il a esté dict une
grande imprudence de s’exposer à tous ces inconvéniens pour obtenir
dans ce traicté les advantages d’un prince qui non seulem〈ent〉 n’en a
pas la recognoissance qu’il doibt, mais qui cherche en mesme temps de
s’unir de nouveau plus estroictement avec les ennemis de la couronne. Il
recognoist sy bien que sans la France il ne sçauroit avoir ny le Hault-Pa-
latinat ny la dignité électoralle qu’un semblable discours luy donnera
apréhension de la désobliger.
Je croy aussy certainement que l’intenion de feu monsieur le duc de
Savoye
faveur à l’entreprise de Genève au lieu de celle de Gennes, mais cela ne
seroit pas favorable à la France.
Sy la cessassion des hostilitez ne commence qu’à la délivrance des ratiffi-
cations, il semble que le délay de huict jours qu’on nous demande après la
signature du traicté pour en estre advertiz à la cour ne sera pas sy néces-
saire, néantmoins nous tascherons de l’obtenir.
On ne nous a point mandé s’il suffira que les obligations contenues en
l’article de Casal
parce qu’il sera difficile que tout ce que contient ledict article soit à per-
pétuité, et que c’est ce que plusieurs personnes qui nous en ont parlé y
treuvent à redire. Et en effect, il y a des pointz dans cest article que la
bienséance ne permet pas de demander pour tousjours, comme entre aul-
tres ceux de ne pouvoir jamais faire aucun mariage avec la maison d’Aus-
triche. C’est une espèce de servitude aussy bien que d’assujetir la France
au payement de la garnison à perpétuité. Il semble que le t〈erme〉 de
trente ans est assez long pour remédier pendant qu’il durera à tous les
inconvéniens qu’on peult apréhender maintenant.
Je croy bien que sy la maison de Savoye, pour avoir le consentement de
celle de Mantoue à l’exécution du traicté de Querasque, eust voulu entrer
en quelque expédient, et se relascher de quelques terres, en ce cas les ducz
de Mantoue estans contens, les aultres princes d’Italie eussent peu estre
persuadez de garentir le traicté; mais d’un costé les ministres de Savoye
sçachant que la France le doibt garentir envers leur maistre, ne sont sus-
ceptible〈s〉 d’aucun expédient, et pour les princes d’Italie, tant s’en fault
qu’ilz soient disposez à garentir ce traicté jusqu’à ce que Mantoue y ayt
acquiescé que tous les jours le Nonce et Contarini nous pressent pour y
faire apporter quelque tempérament, et donnent le tort à Savoye de sa
dureté et du mespris qu’on fait du consentement de Mantoue qu’on pour-
roit avoir en se relaschant de quelque chose.
Nous avons encor un bon moyen pour faire venir madame de Savoye
ce que nous désirons, tant pour la décharge de la guerre de Gênes
Frk. war in einem der beiden Geheimverträge mit Savoyen, die am 31. März 1631 in
Cherasco abgeschlossen worden waren (Druck, frz.: Solar della Margarita I, 374–389)
die Verpflichtung eingegangen, Savoyen im Falle eines in den nächsten drei Jahren aus-
brechenden Krieges gegen Genua militärisch zu unterstützen ( Quazza, Guerra II, 272f.
Anm. 2). Diese Verpflichtung wurde in Art. III des Geheimvertrages von Turin am 5. Juli
1632 bestätigt (Druck, frz.: DuMont VI.1, 40f.; Solar della Margarita I, 436–444)
und im Geheimart. des Allianzvertrages von Rivoli 1635 (s. Anm. 12) auf die Zeit bis
zum Friedensschluß befristet. In die folgenden Bündnisverträge von Turin vom 3. Juni
1638 (Druck, frz.: DuMont VI.1, 162f.; Solar della Margarita I, 454–459) und von
Valentino vom 3. April 1645 (Druck, frz.: DuMont VI.1, 308ff.; Solar della Marga-
rita I, 547–551) wurde sie jedoch nicht aufgenommen.
pour l’eschange de Cahours et de La Pérouse
Savoye nous a donné Pignerol
Pinerolo, Festung in Piemont, westlich von Turin gelegen; in einem am 31. März 1631 in
Cherasco geschlossenen Geheimvertrag – im Widerspruch zum Frieden von Cherasco vom
6. April und 19. Juni 1631 (Druck, it.: DuMont VI.1, 9–12, 14–18) – mit Perosa (s. Anm.
19) vom Hg. von Savoyen an Frk. verkauft ( Quazza, Guerra II, 272f.).
il n’en vaut pas six en faisant l’évaluation 〈dudit〉 revenu au pied qu’on a
fait celle des terres du Monferrat. Monsieur de Savoye à ce compte est
obligé par le traité de Querasque de payer à Sa Majesté ce qui s’en faudra.
Néantmoins, à dire le vray, j’estime que pour le présent il est plus seur de
ne faire aucune sorte de brèche au traicté de Querasque, au moins de nos-
tre part, à cause de l’intérest de Pignerol.
Son Eminence doibt estre avertie que pour faire réussir le mariage du duc
de Savoye avec la princesse de Mantoue , il n’en fault pas donner co-
gnoissance aux ministres de Venize qui le craignent plustost qu’ilz ne le
souhaictent et repræsentent à madame de Mantoue
prudence de marier sa fille jusqu’à ce que son filz le soit et ayt eu des
enfans. Contarini nous en parla il y a quelque temps de cette sorte.
Nous ne sommes pas encor asseurez d’obtenir en termes exprès la liberté
d’assister le Portugal; nous y ferons tous noz effortz, mais il est à craindre
que les Espagnolz n’apportent de grandes résistances à y consentir par
escrit. Ilz ont bien desjà accordé qu’il n’en sera point parlé dans le traicté,
et se sont départ〈ys〉.
J’ay entretenu aujourd’huy longuement Pau qui est certes très habile
homme, mais, selon mon advis, malintentionné pour la France et fort es-
pagnol. Il a pourtant plus avancé noz affaires avec l’Espagne depuis qu’il
s’en mesle que n’eussent fait les Médiateurs avec leurs subtilitez et leurs
violences en dix mois, et si jamais luy ny ses collègues n’ont eu la moindre
parolle avec nous [!].
J’ay tasché de découvrir son sentiment et celluy des Espagnolz sus les
places de Toscane en luy disant la prise de Porto Longone, mais quoyque
je luy aye tousjours déclaré nettement que nous ne leur rendrions jamais
rien de tout ce qui seroit conquis sur eux pendant cette guerre en quelque
lieu que ce fust, et que je ne voyois pas pourquoy ilz ne prævenoient pas
la continuation de leurs pertes par la conclusion du traité, Pau est tous-
jours demeuré secret sans se vouloir ouvrir; il ne m’a pourtant pas paru
qu’il croye que nous devions faire restitution de ces places ny que les
Espagnolz s’y attendent. Il m’a seulement repræsenté qu’estant entre les
mains du Roy, elles leur fairoient grand præjudice et leur donneroient de
grandes apréhensions du costé de Naples.
J’ay répondu que pendant la paix nous ne leur fairions aucun mal et ne
leur donnerions point d’ombrage parce que nous serions amys; mais que
ces places nous estoient absoluement nécessaires pour obliger les papes de
considérer la France plus qu’ilz ne font; qu’encor que le deffunct
aymast, il ne nous avoit jamais fait de bien, et quoyqu’il eust aversion
pour les Espagnolz, il ne leur avoit jamais fait de mal, à cause qu’il les
craignoit, que pour cette raison il faut que nous ayons quelque place de
ce costé-là pour faire aussy considérer noz roys en les faisant craindre.
J’ay creu que je pouvois me servir utilement de cette raison parlant à un
huguenot, veu mesme qu’il m’avoit dit en passant que Pignerol nous suf-
fisoit pour nous faire respecter par toute l’Italie.
Son Eminence aura veu par ma dernière dépesche
monsieur d’Avaux huit jours après m’avoir fait offre de son amitié a esté
différent de ce qu〈’il〉 m’avoit promis. J’ay tousjours autant apréhendé
les trop grandes réunions avec luy que les querelles d’esclat, parce que je
ne le treuve pas constant, et qu’on est blasmé dans le monde de légèreté
quand on change si souvent et qu’on est tantost bien tantost mal. Néant-
moins je fairay aveuglement tout ce qu’il plaira à Son Eminence de me
comender. J’estimerois pourtant, si elle me permet d’en dire mes senti-
mens, que s’il faut faire une réconciliation véritable et du cœur entre luy
et moy, elle doi〈t〉 estre faite à Paris en præsence et par l’authorité de Son
Eminence lorsque nous n’aurons plus de concurrence dans un mesme em-
ploy et qu’il jouira de si grandes charges sans qu’un particulier comme
moy luy puisse déplaire ny luy donner ombrage.