Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
258. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 November 16
Paris 1646 November 16
Kopien: Ass. Nat. 272 fol. 561–567 = Druckvorlage; AE , CP All. 67 fol. 296–306; AE , CP
All. 78 fol. 108–111’, unvollständig. Konzept Lionnes: AE , CP All. 62 fol. 283–290. Druck
einer it. ÜS: Siri VIII S. 1121–1130.
Zu nr. 236: 1. Zeitpunkt der Einstellung der Kampfhandlungen nach Beendigung des Flandern-
feldzuges unwichtig. 2. Gefahr einer Inbesitznahme katalanischer Plätze durch Spanien; Gegen-
maßnahmen . 4. Liere van Oosterwijk ohne Kenntnis der französischen Haltung zur Garantie-
frage . 6. Casale; Verpflichtung der italienischen Fürsten; Modus der Besoldung der Garnison von
Casale; Verhinderung spanischer Heiratspolitik in Italien. 13. Bereitschaft des Kaisers und Spa-
niens zum Frieden auch ohne Berücksichtigung Lothringens; französisches Angebot an Herzog
Karl. 15. Freilassung Prinz Eduards wahrscheinlich. 16. Bemühen um Zustimmung Spaniens zu
französischer Hilfe für Portugal. Verweis auf Beilage; Militaria. Auslösung von Mortara und
anderen Kriegsgefangenen. Restitution der Barberini.
Réplicque du Roy à la response de Messieurs les Plénipotentiaires aux obser-
vations du 19 e octobre 1646
Sur le premier
Il n’est plus besoing de se mettre en peyne en quel tempz ny quelles précau-
tions on doit prendre sur la cessation des hostillitez puisque la campagne est
achevée en Flandres et l’armée de mer et les trouppes d’Italie qui estoient
dessuz s’en reviennent, et que celles qui demeureront vers la Toscane ne s’ oc-
cuperont qu’à conserver Piombino et Porto Longone et à les bien accommo-
der de sorte que practiquant l’expédient qui a esté mandé pour Lérida tou-
chant le temps que la trefve de Catalongne debvra commancer, rien ne peut
désormais empescher la signature du traicté dez que les autres pointz qui
estoient, ce semble, à la veille d’estre ajustez l’auront esté.
Il sera pourtant bien à propos que quand Messieurs les Plénipotentiaires ver-
ront à peu prez le jour de la signature ilz essayent de faire en sorte s’il est
possible que Sa Majesté en ayt l’advis huict jours auparavant, cela pouvant
servir de beaucoup pour donner divers ordres de tous costez et en rendre
nostre condition meilleure.
Sur le second
Messieurs les Plénipotentiaires auront veu par des mémoires qui leur ont esté
envoyez depuis peu qu’on a songé icy au mesme inconvénient qu’ilz appré-
hendent que la trefve de Catalongne venant à se conclurre présentement, les
ennemis ne demeurent en possession de divers postes peu importans qu’ilz
ont occuppez en venant dans la plaine d’Urgel .
L’avantage ou le préjudice que nous pouvons recevoir sur cet article ne deppend
pas tant des généraux d’armée comme porte leur despesche que lesdits Sieurs
Plénipotentiaires ne puissent y contribuer beaucoup et mesmes y donner le ply
qu’ilz voudront, car ilz peuvent insister que la trefve de Catalongne ne com-
mance que quinze jours après le succez du siège de Lérida pendant lesquelz on
pourra décider par les armes qui debvra demeurer en possession de la plaine
d’Urgel et de tous les postes que les Espagnolz y ont pris sy desjà ilz ne se sont
retirez, estant certain qu’ilz ne peuvent pas songer à hyverner dans ladite plaine,
et qu’il faut qu’en s’en allant ilz abandonnent aussy tous ces postes-là.
Les députtez de Messieurs les Estatz qui sont les seulz qui peuvent nous pres-
ser de conclurre ne sçauriont rien trouver que de très juste en cette prétention
et sans doutte se laisseront persuader à la force des considérations qui nous
empescheront tousjours de consentir que les Espagnolz puissent retenir quel-
que chose dans la plaine d’Urgel pendant la trefve, parce que ce seroit hazar-
der trop manifestement la possession de cette principauté-là, le roy d’Espagne
venant à s’establir entre la Sègre et Barcelonne.
Après tout lesdits Sieurs Estatz n’ont d’autre intérest sy ce n’est que la paix se
conclue, et pourveu que le traicté de paix soit signé il leur importe peu que la
trefve de Catalongne s’exécutte quinze jours plus tost ou plus tard.
Cependant de ce costé-cy on n’oublie aucune chose imaginable pour faire
bien sortir monsieur le comte d’Harcourt du mauvais pas où il s’est allé enga-
ger comme lesdits Sieurs Plénipotentiaires auront veu par les derniers mémoi-
res qu’ilz auront receuz.
Es sind Anweisungen ergangen, unsere Armee in Katalonien durch französische
Truppen aus Italien zu verstärken.
Sur le quatrième
Messieurs les Plénipotentiaires ne doivent pas craindre que l’ambassadeur
d’Hollande qui est en cette cour puisse avoir rien cogneu de nos sentimens
sur le contenu dans cet article. C’est un homme qui ne se met guières en
peyne de les descouvrir et que l’on ne veoid jamais que quand il vient deman-
der l’argent des subsides ou parler en faveur de quelques marchands sur des
prises de vaisseaux
Der Botschafter der Generalstaaten in Paris, Willem van Liere van Oosterwijk (s. nr. 37
Anm. 2), hatte sich zugunsten der Interessen holländischer Kaufleute in Nantes mehrmals
schriftlich an Mazarin gewandt. Er hatte bei dieser Gelegenheit darauf hingewiesen, daß er
wegen seines Rheumas nicht in der Lage sei, persönlich vorzusprechen (vgl. die entsprechenden
Briefe vom 19. Juni 1646 und vom 28. Juli 1646, Ausf.: AE , CP Holl. 36 fol. 330–330’ bzw.
AE , CP Holl. 37 fol. 46–46’).
Sur le sixième
Sa Majesté trouve fort bonnes touttes les considérations que Messieurs les
Plénipotentiaires ont faictes sur cet article. Comme nous serons encore en
possession des places en Italie, le désir que les Espagnolz auront de nous en
veoir hors les rendra plus facilles à l’exécution de tout ce qui aura esté
convenu et des pointz qui resteront à ajuster qu’il faudra pourtant essayer
qu’ilz ne soient pas de grande conséquence.
On a trouvé l’article de Cazal fort bien couché, et qu’il contient tout ce que
nous pouvons désirer pour la seureté de cette place-là.
On ne juge pas aysé de porter sy promptement les princes d’Italie à s’obliger
en la forme que ledit article contient, encor que sur le point de prendre des
précautions pour empescher que Cazal ne puisse tomber au pouvoir des Es-
pagnolz lesdits princes y soient tous tellement interessez qu’ilz devroient re-
chercher eux-mesmes l’occasion d’un engagement qui leur est sy utille, d’ au-
tant plus qu’ilz le peuvent faire sans offenser les Espagnolz qui y consentiront
sur nos instances.
Il n’y a point de lieu de doutter que tous les princes d’Italie sans exception
d’aucun n’ayent intérest et ne souhaittent que Cazal soit bien asseuré au duc
de Mantoue, principallement sy on faict réflexion à la part que tous ont prise
ou en publicq ou en particullier, aux dilligences qu’ilz ont faictes pour em-
pescher que la place ne se perdît touttes les trois fois qu’elle a esté attacquée
et aux sentimens qu’ilz ont euz quand elle a esté en péril.
Le Grand-Duc mesme qui pour satisfaire aux obligations de l’investiture de
Sienne fournissoit des trouppes aux Espagnolz disoit assez clairement qu’il
souhaittoit qu’elles se réduissent à rien et qu’elles fussent battues sy elles pou-
voient contribuer quelque chose à la prise d’une place qui entre les mains des
Espagnolz leur pouvoit donner lieu d’entreprendre tout ce qu’ilz auroient
voullu contre les princes d’Italie.
Quand au payement de la garnison de Cazal il semble qu’on pourroit conve-
nir que des cinq partz le Roy en payeroit deux, et les trois autres seroient
payées par moictié par la républicque de Venize et par le duc de Mantoue.
On pourra mesme accorder que la Républicque ne commancera point à y
contribuer que la guerre qu’elle a avec le Turcq ne soit finie. Pour le duc de
Mantoue il est bien juste qu’il paye quelque chose, puisque ce sera beaucoup
moins que ce qui luy en coustoit avant que la guerre commançast, et comm’il
recouvrera tous ses Estatz qui seront bientost remis, il aura grande facillité d’y
satisfaire, outre que touttes les dilligences que nous faisons ne vont qu’à le
rendre plus absolument maistre d’une des plus importantes places de
l’Europe.
Il semble icy que monsieur le Grand-Duc pourroit avoir du dégoust de ne se
veoir appellé que duc de Florence, quand Sa Majesté luy escrit, elle le qualiffie
„grand-duc de Toscane“. C’est pourquoy on croid que dans l’endroit où il est
parlé de luy on pourra mettre „monsieur le duc de Savoye, grand-duc de
Toscane“ etc.
Il faudra aussy songer à ne donner pas lieu au duc de Parme de se picquer
comm’il feroit sans doutte voyant que nous aurions nommé le duc de Modène
avant luy. Nous avons plus en main de quoy satisfaire monsieur de Modène
quand il ne sera nommé que le dernier, parce que on peut luy dire que n’ es-
tant pas ouvertement dans ce party comme l’est monsieur de Parme, nous
n’avons peu avec bienscéance en user autrement sans donner audit duc grand
suject de se plaindre, mais peut-estre il seroit encores mieux pour sortir de cet
embarras après avoir nommé le Pape et la République de dire „et tous les
autres princes d’Italie“ puisqu’aussy bien on n’en obmett aucun.
Il sera sans doutte difficille de faire consentir les Espagnolz que la garnison
suisse qui sera mise dans Cazal preste serment au Roy, mais pourveu qu’en
quelque façon que ce soit elle jure ou à la République ou autrement comme
pourroient estre les conventions du traicté et qu’elle sçache tout ce à quoy elle
sera tenue dont on fera un escrit particulier que l’on pourra faire signer à tous
les officiers, nous pourrons nous en contanter.
Il faudra bien prendre garde pour ce qui sera du choix des Suisses, en quoy la
France ne désirera autre chose sy ce n’est qu’ilz soient telz que chacun en
puisse estre satisfaict, et qu’ilz soient cogneus pour gens qui observeront
ponctuellement ce à quoy ilz seront obligez.
Sy on pouvoit faire garentir en la mesme façon que l’on fait pour Cazal l’ ac-
commodement des différens qui sont entre les maisons de Savoye et de Man-
toue conformément au traicté de Quierasque, il seroit bien à propos de le
faire, les princes d’Italie qui ont tant d’intérest de veoir le repos de leur pro-
vince bien estably ne debvroient pas faire difficulté de s’entremettre et s’ enga-
ger à ce qui peut contribuer pour l’affermir et oster toutte semence de divi-
sions . Sa Majesté se repose sur lesdits Sieurs Plénipotentiaires de bien asseurer
ce qui regarde ce point.
Il faudroit essayer de procurer un mariage entre le duc de Savoye et la prin-
cesse de Mantoue pour bien establir l’union de ces deux maisons, mais prin-
cipallement pour empescher que les Espagnolz ne songent à marrier leur In-
fante audit duc. Car à le dire en extrême confidence auxdits Sieurs Plénipo-
tentiaires , quoyque l’on ayt tousjours suject de croire de la disposition où l’on
veoid le roy d’Espagne et la plus grande partie de ses ministres qu’ilz la don-
neront au filz de l’Empereur il y a occasion d’appréhender qu’il ne leur tombe
dans la pensée de la marrier au duc de Savoye, recognoissans l’avantage qu’ilz
y auroient, puisque ce ne seroit pas ledit duc qui gagneroit l’Espagne, mais
cette couronne-là gaigneroit par une voye bien aysée la Savoye et le Piémont,
et après cela entreprendroit sans doutte de réduire soubz sa domination toutte
l’Italie avec grande apparence de bon succez.
Cette nouvelle considération nous doit faire aller d’autant plus retenus à re-
mettre à la maison de Savoye les places que nous avons entre nos mains, nous
servans pour les retenir du prétexte de la minorité du duc, au moins jusqu’à ce
que nous le voyons marrié sans tesmoigner cependant nostre craincte qui se-
roit capable de faire avancer la chose quand les Espagnolz d’aillieurs y au-
roient avertion. Cela ne doit pourtant altérer en rien le traicté ny changer en
aucune façon les ordres que l’on a donnez pour les affaires d’Italie, Leurs
Majestez ayans seullement voullu avertir de cecy Messieurs les Plénipotentiai-
res affin qu’ilz en proffittent dans le cours de la négociation autant qu’il
pourra deppendre d’eux sans rien gaster.
Sur le treizième
On n’a jamais révocqué en doutte icy que les Impériaux et les Espagnolz
n’abbandonnassent les intérestz du duc Charles dans le traicté dez que tous
les autres pointz seront ajustez. Touttes les despesches qu’on a faictes auxdits
Sieurs Plénipotentiaires sur le suject dudit duc ne sont plaines que des asseu-
rances qu’on leur en donne, et outre que la raison dicte assez que nos parties
comm’il a esté mandé, qui se résolvent à abandonner ce qui estoit à eux ne
voudront pas continuer la guerre pour faire rendre ce qui est à autruy, on
nous confirme de nouveau de Vienne et d’Espagne que l’on n’hésitera pas à
conclurre sans ledit duc dez qu’on sera d’accord du reste. Mais lesdits Sieurs
Plénipotentiaires auront veu par les deux derniers mémoires les raisons qui
ont obligé Sa Majesté de désirer qu’on fasse de sa part un[e] offre pour ledit
duc, laquelle ne pouvant estre imputtée à foiblesse, mais à sa pure générosité
tout le monde recognoissant assez évidemment qu’il est à la veille d’estre
abandonné sy nous le voullons, nous en tirons beaucoup de fruit en ce que
donnant en main à nos parties de quoy le contanter, nous avons lieu de pren-
dre ensuitte des seuretez plus grandes pour la durée de la paix, et nous nous
deslivrons par ce moyen des négociations que ledit duc pourroit introduire à
Paris par des députtez lesquelles pour divers respectz pourroient estre très
préjudiciables, et si Sa Majesté se résolvoit à faire quelque chose pour luy ce
ne pourroit jamais estre sy peu qu’il n’eust vallu ce qu’on luy offre aujour-
d’huy.
Lorsqu’on a consenty de donner les passeportz audit duc à condition que nos
parties les accorderoient aux ministres de Portugal, ç’a esté principallement
pour satisfaire les Portugaiz en une chose que nous estions asseurez que les
Espagnolz n’accepteroient point.
Quand on a aussy songé de faire une offre à l’avantage de la maison de Lor-
raine comm’il est porté par touttes les dernières despesches, on n’a pas jugé
que cela peust faire traisner plus longtemps la négociation ne traictant pas
directement avec le duc Charles, mais avec les Impériaux et les Espagnolz
pour luy, et il est à croire que bien loing de se servir de cette occasion pour
prolonger le traicté, la nécessité absolue qu’ilz ont de la paix les feroit songer
plus que nous à trancher court ce qui peut en reculler la conclusion.
La proposition de poursuivre monsieur de Lorraine partout où il ira est
bonne, mais il seroit bien à craindre qu’elle ne produisist pas l’effect que nous
prétendons, parce que l’Empereur et les Espagnolz sans doutte l’assisteroient
soubz main, et qu’il pourroit aussy se retirer soubz quelqu’une de leurs places
où il nous seroit impossible de luy faire aucun mal. Sy on pouvoit l’engager à
aller contre le Turcq, il n’en faudroit pas perdre l’occasion, prenant néant-
moins les précautions sur cela qui ont esté touchées diverses fois.
On attendra les considérations que chacun desdits Sieurs Plénipotentiaires
doit mander à part, quoyque l’on estime que les mémoires qu’ilz auront re-
ceus depuis pourront avoir résolu leurs douttes et esclaircy pleinement de
tout.
Il semble qu’on puisse tirer grand fruict en plusieurs choses du troisième ex-
pédient marqué dans la despesche desdits Sieurs Plénipotentiaires.
Premièrement la France aura un applaudissement général de ce qu’elle veut
faire par générosité pour un prince que chacun veoid sur le point d’estre
abandonné de ses protecteurs.
En second lieu fournissant un moyen aux Espagnolz de mieux accommoder
les affaires du duc Charles qu’ilz n’ont faict les leurs, nous pouvons après cela
les obliger avec raison de consentir à tout ce que nous pouvons prétendre
d’eux pour empescher que ledit duc ne se mette en estat de nous troubler dans
la possession de la Lorraine, la paix estant conclue.
En troisième lieu Leurs Majestez font en cela beaucoup pour la maison de
Lorraine, puisque sy l’effect n’est pas sy présent, elle peut estre au moins as-
seurée d’en jouir dans dix ans. Sy la France eust offert une trefve pour la
Lorraine, les Espagnolz l’auroient bien conseillée au duc Charles pour dix
années puisqu’eux-mesmes l’accepteront pour trente dans la Catalongne. Or
il n’y a personne qui ne voye que par cette trefve la France offriroit beaucoup
moins qu’elle ne faict présentement, veu que la trefve estant finie chacun
pourroit reprendre les armes du sort desquelles deppendroit la possession de
la Lorraine, et en ce cas on peut juger sy le duc y auroit beaucoup de part, au
lieu qu’aujourd’huy nous voulions nous engager positivement à la rendre ou
l’équipolent, ledit terme de dix ans estant expiré.
C’est pourquoy sy Messieurs les Plénipotentiaires considèrent bien ce qu’on a
offert ilz trouveront qu’il n’y a pas seullement de quoy contanter le public et
faire valloir les facillitez que la France apporte pour vuider tous les pointz qui
peuvent un jour rebrouiller les affaires dans la chrestienté, mais de quoy satis-
faire encore la maison mesme de Lorraine, puisque nonobstant le droit que
nous y avons par le conduitte et les renonciations authentiques du duc Char-
les , et le peu d’apparence qu’il y a qu’il puisse jamais s’emparer tout seul de
quelque partie de la Lorraine, après qu’avec touttes les assistances de l’ Empe-
reur et des Espagnolz il n’a peu s’empescher de la perdre, Leurs Majestez
consentent par pure bonté à mettre les choses en estat qu’il puisse y rentrer
dans peu de tempz.
Et comme sans doutte le peu de prudence dudit duc et son malheur luy oste-
ront la cognoissance des avantages que luy propose une couronne qu’il a tant
offensée dans un temps que ny par sa conduitte ny par ses assistances il ne
les pouvoit prétendre il arrivera que le Roy avec le consentement général
d’un chacun pourra prendre la résolution de n’entendre plus parler de cet[te]
affaire.
Sur le quinzième article
Touttes raisons persuadent que les Espagnolz consentiront à la liberté du
prince Edouart particullièrement après s’y estre engagez par la voye des mé-
diateurs , mais on a encores avis de Bruxelles qu’un ministre qui est dans la
confiance et le secret des affaires a dict en une compagnie que le roy son
maistre ne seroit pas sy mal conseillé qu’il voullust continuer la guerre seulle-
ment quinze jours pour ne point consentir à la liberté dudit prince. C’est
pourquoy on ne faict aucun doutte qu’insistant tousjours à la prétendre, on ne
l’emporte dans la conclusion du traicté.
Sur le seizième
On songe sérieusement dez à cette heure aux moyens dont on pourra se servir
pour assister le roy de Portugal, et Sa Majesté a esté bien ayse d’apprendre
l’application que Messieurs les Plénipotentiaires ont pour accommoder ses
différens avec Messieurs les Estatz.
On s’attend aussy qu’ilz n’oublieront pas de faire tous effortz possibles en
suitte de ce qui leur a esté mandé pour obtenir quelque courte trefve pour le
Portugal.
Cependant Sa Majesté juge important d’ajuster en quelque façon qu’il par-
roisse expressément que c’est du consentement des Espagnolz que la France
pourra assister le roy de Portugal de trouppes d’infanterie et de cavallerie et
de toutte sortes de munitions et choses nécessaires pour la guerre dans son
royaume et en tous les autres Estatz qu’il possède affin que les Espagnolz ne
puissent pas colorer de ce prétexte la pensée qu’ilz ont de rompre de nouveau
contre nous s’ilz en trouvent quelque conjoncture qu’ilz jugent favorable, et
ce consentement formel qu’ilz y presteront pourra encore servir un jour lors-
qu ’ilz rencontreront plus d’obstacles à la conqueste du Portugal qu’ilz ne
s’immaginent à les faire songer de nous obliger à nous en départir par quelque
moyen qui nous soit plus avantageux comm’il a desjà esté mandé.
Si les députtez d’Hollande trouvent difficulté à faire condescendre lesdits mi-
nistres d’Espagne à ce consentement que nous prétendrons, ilz auront beau
champ de leur représenter que sans cela il n’auroit pas esté possible de faire la
paix, à moins que le Portugal y eust esté compris, et que s’ilz considèrent bien
les avantages notables que l’Espagne retirera de finir une guerre avec la
France et Messieurs les Estatz qui pourroit causer leur entière ruyne, au lieu
de ne la faire qu’au Portugal qui est un pays divisé de tous les autres contre
lequel ilz pourront unir touttes leurs forces, ilz trouveront sans doutte qu’ilz
ont grande obligation à ceux qui ont esté les entremetteurs de cet[te] affaire,
et ne se plaindront pas d’un consentement que l’on n’exige à autre fin que de
mieux asseurer la durée de la paix et oster tout prétexte de la rompre.
On se remect à Messieurs les Plénipotentiaires des voyes qu’il aura pour tirer
des Espagnolz ce consentement, et s’il suffiroit qu’ilz en baillassent un escrit
aux députtez de Hollande pour nous estre remis, n’ayant en cela autre intérest
que de le pouvoir monstrer au publicq, en cas qu’ilz voullussent faire révoc-
quer en doutte cette faculté ou prendre de là prétexte de rompre.
Laut Beilage reichen die Lebensmittel in Lérida nur noch bis zum 15. November,
aber wahrscheinlich handelt es sich bei der Mitteilung um eine Finte des Gouver-
neurs . Wir verstärken unsere militärischen Bemühungen in Katalonien.
Le marquis de Mortare a faict son traicté pour estre deslivré moyennant une
somme qu’il a promis de payer dans certain tempz et on pourra mesme le
mettre dez à présent en liberté sur sa parolle.
Le sieur Le Tellier addresse un mémoire auxdits Sieurs Plénipotentiaires
chant les prisonniers de guerre dont l’eschange a esté faict et exécutté affin
qu’ilz voyent ce que l’on nous doibt pour leur rançon et pour leur despense,
qui est une chose acquise où il ne peut y avoir de difficulté, et qu’ensuitte ilz
tiennent la main à nous en faire payer sans délay.
On manda dernièrement auxdits Sieurs Plénipotentiaires de faire insérer un
article dans le traicté pour la restitution de tous les biens que l’on a saisis à la
maison Barberine, et on y adjoustera encore qu’il semble qu’il y ayt lieu
d’insister à la restitution de tous les fruitz, estans biens d’Eglize qu’ilz n’ont
jamais eu aucun droict de saisir.