Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
216. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Oktober 23
Münster 1646 Oktober 23
Ausfertigung: AE , CP All. 62 fol. 126–130 – Druckvorlage. Eigenhändiges Konzept: AE , CP
All. 67 fol. 134–137’. Kopie: AE , CP All. 78 fol. 206–211’.
Empfangsbestätigung. Keine Verlegung der Friedensverhandlungen von Münster an den franzö-
sischen Hof; Reaktion Castel Rodrigos. Abkehr Toskanas von Spanien. Nützlichkeit von Nach-
richten und Anweisungen. Hoffnung auf schwedische Friedensbereitschaft. Aussicht auf Erwerb
Benfelds größer als auf Erwerb der vier Waldstädte. Maßnahmen zur Sicherung des Friedens.
Bemühungen Pauws um Beschleunigung der Vertragsschlüsse. Portugiesische und lothringische
Belange. Ankündigung von nr. 17.
Ce courrier m’a apporté la lettre dont il vous a pleu m’honorer le 4. de ce
mois, et nous a rendu le mémoire du Roy de la mesme datte . Il n’est jamais
guères arrivé qu’à Vostre Eminence de faire une si longue despesche qui soit
si bonne partout. Je puis dire en homme d’honneur que je l’ay leue trois fois
de bout à autre et que j’y ay tousjours pris de nouvelles forces. Nous y faisons
response en commun , et je n’y adjousteray rien sinon que Vostre Eminence
faisant si bien agir les armes du Roy, et agissant elle-mesme si judicieusement
et si abondamment dans la négotiation de la paix, ce ne sera pas grande mer-
veille si tant de soins et de très utiles assistences nous donnent moien de
conclurre un traitté avantageux. Il vous a pleu, Monseigneur, le renvoyer à
Munster, c’est une modération et une constance inouïe d’avoir refusé d’estre
arbitre de la paix. J’admire encores plus cette action en la personne d’un sei-
gneur estranger qui gouverne un grand royaume de ne s’estre pas laissé tou-
cher non seulement de la gloire d’un tel arbitrage, mais du mérite que cela luy
auroit acquis dans toute la France. Je vous asseure, Monseigneur, que vostre
résolution a estonné les ennemis mesmes.|:
Le résident de Florence
Ridolfi (s. [ nr. 14 Anm. 15 ] ).
de luy-mesme sans que je luy en parlasse que |:ce refus a fort surpris le mar-
quis Castel Rodrigue:|, lequel s’estoit imaginé qu’une telle déférence de la
part du roy d’Espagne |:et l’ancienne amitié qu’il a avec:| Vostre Eminence
feroit plus d’impression sur vostre esprit. J’ay mesme recogneu que |:cet Es-
pagnol doit avoir fait vanité que vous aiant servi à Rome pour:| le cardinalat
lorsque monsieur le cardinal Barberin vous estoit contraire
plus de correspondance sur une propositon qui vous estoit si honorable. J’ay
respondu que la nomination du Roy et la vertu de Vostre Eminence n’ont eu
besoin d’aucun autre secours, |:et le résident a reparti que Castel Rodrigo ne
dit pas le contraire:|, mais qu’il dit seulement n’avoir pas voulu adhérer à
ceux qui cherchoient à vous donner l’exclusion.
Je ne dois pas obmettre que je remarque aussy par son entretien que |:le
Grand-Duc panche maintenant de nostre costé et qu’il est en deffiance des
Espagnols:|.
Les avis contenus au mémoire nous servent infiniment, le temps faisant voir
qu’ilz sont tous véritables. Ilz nous informent de ce qui nous est incogneu et
nous affermissent en d’autres choses dont nous n’avions que des doutes et des
soupçons. L’esprit et les soins de Vostre Eminence sont bien pénétrans |:de
sçavoir jusques aux moindres particularités des intentions de nos parties
comme si vous estiés présent dans leurs conseils:|.
Avec cela, Monseigneur, et avec tant d’expédiens et d’instructions dont vous
nous aydez tous les jours vous avez beau renvoyer icy le traitté de paix. C’est
vous qui la faittes et à qui j’en rendray l’honneur en tous lieux et toute ma
vie.
Je ne m’estonne pas qu’après avoir ouï Vostre Eminence |:sur le besoin de
faire la paix, l’ambassadeur de Suède:| en soit demeuré persuadé. Ce seroit
une chose bien plus estrange, si tant de bonnes raisons et si adroittement in-
sinuées n’avoient pas produit cet effet, et je ne doute plus que |:la reine sa
maistresse ne prenne les résolution nécessaires:|. Je les appelle ainsy, Monsei-
gneur , d’autant qu’il est fort à craindre que |:l’armée de l’Empereur ou celle
de Bavières soit deffaite comme desjà il en court icy un bruit:|.
La pensée de donner de l’argent pour faciliter la paix |:en retenant Benfeldt
ou quelque ville forestière m’a:| extrêmement satisfait. L’on pourroit em-
ployer cette somme ou à l’usage marqué par le mémoire, ou au payement de
l’armée de Suède qui presse fort les Suédois, et ainsy il est certain qu’ilz
contribueroient volontiers |:pour nous en faire avoir une juste récompense:|.
C’est pourquoy je ne doute point qu’en ce cas nous ne puissions |:obtenir
Benfeldt qui seroit de telle considération avec Brisac et Philisburg que la ville
de Strasburg seroit obligée de dépendre entièrement du Roy, mais de toucher
aux villes forestières qui sont du patrimoine de la maison d’Austriche:|, c’est
où il se trouverra de grandes difficultez.
Un des avertissemens les plus importans qu’il a pleu à Vostre Eminence nous
donner, c’est de pourvoir à la seureté de la paix. Les raisons qui en sont dé-
duittes par le mémoire ne peuvent estre plus concluantes ny plus véritables et
il ne s’y peut rien adjouster. J’en viens d’escrire une particularité à mon neveu
Henri d’Herbigny (s. [ nr. 157 Anm. 1 ] ); er war zwecks Überbringung der frz.-ksl. Satisfaktions-
artikel vom 13. September 1646 an den frz. Hof entsandt worden (vgl. nr. 159).
qui en rendra compte à Vostre Eminence. Il n’est donc question que des
moyens d’establir cette seureté. Le plus certain seroit |:ou de ne point exclure
le Portugal du traité de Munster ou de réduire la Flandres en tel estat que les
Espagnols fussent contraints d’offrir au Roy ce qui leur resteroit dans les
Pays-Bas pour disposer Sa Majesté à rendre la Catalogne sous bonnes condi-
tions pour les Catalans et à ne point assister le Portugal:|. L’on ne sçauroit
prendre de suffisante seureté contre ceux qui font la paix à dessein de la rom-
pre à la première occasion favorable, sinon de les affoiblir en sorte qu’ilz ne
puissent espérer aucun avantage de leur mauvaise foy:|:et pour cela il est fort
à propos que la campagne ait toute son estendue:|. Ce fut mon avis dez la
première proposition que les Holandois nous vinrent faire à Osnabrug, |:et
si j’en eusse esté creu, l’on ne se fût point relasché à faire cesser les hostilités
quand il plaira à Messieurs les Estats. J’avoue que cela auroit esté bien pensé
pour rejetter sur eux le retardement:|, si l’on eust pu trouver mauvais que la
France voulant pourvoir à sa seureté ne consentist à poser les armes qu’après
les ratifications délivrées, mais puisque cela est juste, et que Messieurs les Es-
tatz l’ont ainsy ordonné très expressément à leurs plénipotentiaires qui nous
l’ont dit eux-mesmes, je ne voy pas quel inconvénient il y avoit de suivre leur
exemple mesmement en traittant par leur entremise.
|:Cependant monsieur Pau s’est bien prévalu de nostre facilité en représen-
tant à ses supérieurs:| que les deux couronnes sont d’accord de faire cesser les
hostilitez du jour de la signature et qu’il est nécessaire de luy envoyer promp-
tement et à ses collègues un pouvoir d’accorder la mesme chose si l’on ne veut
que le traitté de France et d’Espagne se conclue sans eux. Il insiste mesme que
Messieurs les Estatz ratifient dès à présent le traitté qu’ilz feront icy avec les
plénipotentiaires d’Espagne, |:et enfin il précipite l’affaire tant qu’il peut.
Nous avons essayé d’y remédier par nos lettres à Monsieur Brasset, mais le
grand remède est venu de Vostre Eminence et de:| son mémoire du 14. qui
m’a donné lieu |:d’appuier sur mon premier sentiment tant afin de ne rien
perdre de ce que le reste de cette année nous promet en
leurs :|, que pour asseurer bien les conditions du traitté. Car jusques à ce qu’il
soit ratifié en tous ses points il n’y aura rien défait. L’on sçait comme on est
lent et difficile en Espagne sur telles matières. Il s’escoula beaucoup de temps
et se passa beaucoup de contestations à Madrid avant que d’avoir la ratifica-
tion du traitté de Vervins
une valable du traitté de trêve qu’ilz firent en 1609
S. [ nr. 135 Anm. 6 ] .
L’ouverture qui nous est faitte par Vostre Eminence touchant |:l’opposition
des intérests de Lorraine à ceux de Portugal:| est à mon gré la plus ingénieuse
et la plus utile qu’on pouvoit imaginer. Elle produiroit infailliblement les
bons effetz qui sont cotez par le mémoire , et pour mon particulier j’estime
qu’il faudroit faire cette offre aux plénipotentiaires d’Espagne puisqu’il n’en
pourroit arriver nul mal et qu’il en peut réussir beaucoup de bien, |:car pour
les deux inconvénients qu’on allègue:|, j’avoue qu’ilz ne me touchent pas.
L’un est que cela nous engageroit en quelque façon d’entrer en traitté avec le
duc Charles, et il me semble que la conséquence n’en est pas nécessaire puis-
que nous pourrions |:dire qu’en cette offre nous aurions consommé tout le
pouvoir qui nous a esté donné:|. Au contraire nous serions mieux fondez à
l’exclurre après avoir proposé des conditions si raisonnables. Et d’ailleurs il
n’y auroit point de péril d’entrer en traitté d’une affaire sur laquelle nous
venons de recevoir ordre et instruction.
|:L’autre inconvénient est que:| cela nous priveroit d’un avantage qui est
comme acquis, |:y aiant apparence que ce prince demeurera exclus de la paix
de l’Empire et de celle d’Espagne:|. Mais outre qu’à mon sens nous aurions
plus de droit de le prétendre après avoir mis ses protecteurs en leur tort, je ne
voy pas que ce soit un grand bénéfice pour la France, quand elle pensera jouir
du repos, d’avoir encores une guerre sur ses frontières qui sera capable avec le
temps d’exciter des troubles parmy nous-mesmes, ou de les fomenter s’il y en
avoit.
Par nostre despêche commune nous louons la résolution qu’on a prise à la
cour de remettre icy toutes les affaires de la paix, attendu qu’estans esloignez
nous pourrons plus hardiment refuser ce qu’on accorderoit peut-estre en
France par importunité. |:Il semble que cette raison nous devroit obliger à
traitter icy l’affaire de Lorraine au lieu de la renvoier encores à la cour, veu
mesmes:| qu’apparemment les sollicitations y seront plus grandes et mieux
receues que si c’estoit en faveur d’Espagne.
J’ay fait un mémoire à part sur ce sujet pour n’allonger pas cette lettre-cy qui
n’est desjà que trop prolixe. Je vous l’envoye, Monseigneur, comme je fais
tout ce que je prens la liberté de vous escrire, seulement parce qu’il vous plaist
que j’en use ainsy, et sans m’attacher à mon opinion sinon autant qu’elle
pourroit estre conforme aux ordres de la cour, comme à la vérité je tiens à
gloire et à un extrême bonheur de m’estre tousjours rencontré dans les senti-
mens de Vostre Eminence et d’y estre encores tout à fait.