Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
210. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Oktober 19

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Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien


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Paris 1646 Oktober 19

33
Kopien: Ass. Nat. 272 fol. 484–489 = Druckvorlage; AE , CP All. 78 fol. 185–189’. Konzept
34
Lionnes: AE , CP All. 62 fol. 117–122, 123.

35
Überlegungen zur spanischen Responsion auf die französischen Poincts plus importans und zur
36
französischen Replik: 1. Einstellung der Kampfhandlungen nicht zum Zeitpunkt der Unterzeich-
37
nung der Friedens, sondern erst nach erfolgter Bekanntmachung bei den Armeen. 2. Kein Behar-

[p. 621] [scan. 693]


1
ren auf Cadaqués; Wahrung der Interessen der Katalanen. 4. Garantie der Generalstaaten für
2
den Waffenstillstand in Katalonien erwünscht. 6. Aufschub der Vereinbarungen über Casale un-
3
günstig . 8. Nachteile einer Liga der italienischen Fürsten. 13. Behandlung Karls von Lothringen.
4
15. Beharren auf der Freilassung Prinz Eduards empfehlenswert. 16. Zum Austausch flandrischer
5
Plätze. Bemühen um Unterstützung portugiesischer Interessen durch die Generalstaaten.

6
Observations sur la response des Espagnolz et sur la réplicque de Messieurs
7
les Plénipotentiaires de France touchant les conditions de la paix avec l’ Espa-
8
gne

28
Beilagen 1 und 2 zu nr. 188.

9
Sur le premier

29
Span. Responsion (Kopie: Ass. Nat. 276 fol. 226–227): Sur le premier. Qu’il n’est nécessaire
30
d’attendre des ratiffications puisque les pouvoirs des deux coronnes ratiffient dès mainte-
31
nant , ainsy avec la signature du traicté on pourroit faire cesser toutes hostilitez, et pour le
32
principal dudit article a-t-on donné charge d’y pouvoir consentir.

33
Frz. Replik (Kopie: Ass. Nat. 276 fol. 228–233): Sur le premier article. Accepté le consen-
34
tement que messieurs les Espagnols donnent que les Pays-Bas et places possedées par les
35
armes demeureront à Sa Majesté. Quant à la cessation des hostilitez qu’ils demandent
36
estre faicte le jour de la signature du traicté, on en demeure d’accord en cas que le mesme
37
soit faict de la part de Messieurs les Estatz, et sy Messieurs les Estatz attendent la ratifica-
38
tion pour cesser les hostilitez, la France fera le mesme, estant nécessaire pour la seureté
39
d’un chacun que la signature du traicté se fasse en mesme jour par les plénipotentiaires de
40
France et ceux de Messieurs les Estatz, que les ratifications du roy d’Espagne soient deli-
41
vrées en mesme jour, et que les hostilitez cessent aussy en mesme jour, [sans] quoy il y
42
auroit un temps où l’un des confédérez demeureroit en guerre pendant que l’autre seroit
43
en paix, ce qui seroit contraire au traicté d’alliance.

10
Il a esté fort à propos d’esvitter de donner à cognoistre à Messieurs les Estatz
11
que nous affectassions

26
11 à dessein] fehlt in AE , CP All. 78.
à dessein aucune longueur dans la conclusion de l’ ac-
12
commodement , mais on ne veoid pas bien comme quoy les hostillitez peu-
13
vent cesser le mesme jour qu’on signera le traicté de la paix, puisque l’avis
14
n’en peut estre receu que quinze ou vingt jours après en Espagne, en Italie et
15
sur la mer; cependant le traicté estant signé les armes ne laisseront pas d’agir
16
dans cet intervalle, et il seroit assez estrange et dur à digérer que sy après la
17
signature de la paix nous venions à perdre beaucoup de monde à l’attacque de
18
quelque place, on fust après obligé de la rendre parce qu’elle n’auroit esté
19
emportée qu’après le traicté signé.

20
Il semble doncques que la cessation des hostillitez peut estre arrestée et or-
21
donnée le jour de la signature

27
21 du traicté] ergänzt aus AE , CP All. 78.
du traicté, mais non pas exécuttée que du jour
22
que la nouvelle en arrivera dans les armées, et pour cela on pourroit convenir
23
d’un tempz proportionné à la distance des lieux où il faudra despescher,
24
comme de cinq ou six jours en Flandres et de quinze au moins en Catalongne
25
et en Italie.

[p. 622] [scan. 694]


1
Sur le deuxième

27
Span. Responsion: Sur le deuxième. On demeure d’accord que tout le Roussillon demeure
28
au Roy par le traicté de paix, mais pour ce qui est de Roses on a respondu que Roussillon
29
n’est entendu sinon tout ce qui est depuis le Pertus du costé de la France, et que la ville de
30
Roses, n’ayant jamais esté membre ny dépendence du Roussillon, devroit estre compris
31
dans la Catalogne et reiglé comme le reste de ladite province.

32
Frz. Replik: Sur le deuxième. Accepté pareillement la cession de tout le Roussillon, et pour
33
ce qui est de Rozes on persiste, n’estant pas permis par les ordres de passer plus avant sy
34
ceste place n’est cédée de mesme que le Roussillon.

2
Quoyque l’on ayt mandé touchant Cadacquez et que les advis que nous avons
3
euz que les Espagnolz s’en relascheroient aussy bien que de Rozes, nous ayent
4
esté confirmez depuis peu, on estime pourtant qu’il sera bon de n’en point
5
parler, parce que les choses estans passées sy avant sans que l’on en ayt jamais
6
rien dict, cette nouvelle instance pourroit produire un mauvais effect, et don-
7
ner grand soupçon de la sincérité des intentions de Leurs Majestez pour la
8
paix.

9
Messieurs les Plénipotentiaires se souviendront dans la conclusion de la trefve
10
de Catalongne de lire et bien examiner les papiers qui leur ont esté addressez
11
là-dessuz, et qui avoient esté présentez icy à Sa Majesté par une personne
12
expresse que la députation a envoyée

35
Da man in Katalonien mit dem Verhalten der Ges. Ardena und Marti nicht einverstanden
36
war ( Sanabre S. 361f.), war ein Sonderkurier mit Memoranden an den frz. Hof geschickt
37
worden (vgl. die Beilagen zu nr. 41 und Beilage 2 zu nr. 175).
. Ilz mérittent qu’on y fasse grande
13
considération et qu’on essaye d’obtenir tout ce qui pourra le plus contanter
14
ces peuples-là et oster aux ennemis le moyen de nous nuire par leurs intelli-
15
gences dans le pays.

16
Sur le quatrième

38
Span. Responsion: Sur le quatrième. On a finalement donné consentement de la pouvoir
39
accorder pour 25 ans, et quant à la seureté et précautions nécessaires de part et d’autre on
40
est content d’y procéder de bonne foy.

41
Frz. Replik: Sur le quatrième. Sy Messieurs les Estatz font la trefve, on se contentera,
42
quand elle ne seroit que de vingt années, que celle de la Catalogne soit de la mesme durée,
43
mais sy Messieurs les Estatz faisoient la paix, on entend que la trefve de Catalogne soit au
44
moins de 30 années.

17
Présupposant comm’il n’est que trop vray que les Espagnolz rompront avec
18
nous touttes les fois qu’ilz verront jour de le faire avec apparence de bon
19
succez, la longueur de la trefve de Catalongne, de quelque durée qu’on l’ ac-
20
corde , ne nous donnera pas la seureté que nous aurions sy ladite trefve avoit
21
relation à celle de Hollande et que la France et Messieurs les Estatz fussent
22
réciprocquement obligez à les guarentir l’une et l’autre et à rompre conjoinc-
23
tement s’il estoit manqué à l’une des deux.

24
C’est pourquoy sy les Hollandois se résolvent à voulloir plustost faire la paix
25
qu’une trefve, il est sans doutte qu’ilz n’auront aucune raison pour se deffen-
26
dre de s’obliger à la manutention de nostre trefve ny pour s’empescher de

[p. 623] [scan. 695]


1
rompre leur paix sy les Espagnolz venoient à rompre nostre trefve pendant le
2
tempz qu’elle devra durer, puisque nous n’avons jamais faict de difficulté de
3
nous obliger de mesme à la manutention de quelqu’accommodement qu’ils
4
fassent et comm’il ne deppend pas de nous (ainsy qu’il a tousjours deppendu
5
d’eux) de faire la paix partout et que la trefve de Catalongne est à nostre
6
esgard un party de nécessité et non pas d’eslection, nous pourrions prétendre
7
avec justice que ladite trefve estant expirée, ilz seroient tousjours engagez à
8
rompre contre l’Espagne en mesme tempz que la France. Néantmoins Sa Ma-
9
jesté consentira vollontiers qu’ilz demeurent quitter de cette obligation, pour-
10
veu seullement qu’ilz s’obligent en bonne forme à la manutention de ladite
11
trefve pour tout le tempz qu’elle debvra durer.

12
Sur le sixième

37
Span. Responsion: Sur le sixième. Touchant Cazal on est demeuré d’accord.

38
Frz. Replik: Sur le sixième. D’accord de l’article, mais d’autant que messieurs les plénipo-
39
tentiares d’Espagne n’ont pas approuvé le dépost de ceste place entre les mains du Roy
40
pour quelques années, il seroit nécessaire qu’il leur plust faire quelque autre ouverture.

13
Sa Majesté juge très nécessaire de convenir dez à présent du tempérament
14
qu’il faudra prendre pour la seureté de Cazal, parce que les Espagnolz certai-
15
nement ne remettent à en convenir après la signature du traicté qu’ artifficieu-
16
sement et pour nous chicquaner. Ce point est de grande conséquence en ce
17

35
17 que s’il] nach den anderen Überlieferungen statt qu’il in der Druckvorlage.
que s’il falloit reprendre les armes pour ne pouvoir s’accorder en cela, il nous
18
seroit sans doutte comme impossible de faire rentrer dans la partie Messieurs
19
les Estatz qui auroient desjà conclu et exécutté leur accommodement, et c’est
20
peut-estre la visée que les Espagnolz ont, et de trouver par cette voye la sépa-
21
ration de la France et de ses alliez qu’ilz ont inutilement tentée par tant d’ au-
22
tres . Ce point de Cazal donne lieu à Leurs Majestez d’advertir Messieurs les
23
Plénipotentiaires qu’attendu la passion que les Espagnolz ont de sortir d’ af-
24
faires promptement, on aura cent fois meilleur marché d’eux pour en tirer
25
satisfaction et sur cette seureté de Cazal et sur touttes les autres affaires que
26
l’on n’auroit remettant à les vuider après la signature du traicté, parce qu’ es-
27
tans alors hors d’appréhention, ilz traisneront les choses en longueur pour
28
proffitter de quelque conjoncture qui leur donne lieu d’espérer de meilleurs
29
succez en rébrouillant les affaires, et il ne faut pas doutter que les ministres de
30
Hollande ne contribuent encore à nous faire contanter en des choses

36
30 si] aus den anderen Überlieferungen ergänzt.
si esloi-
31
gnées d’eux, puisqu’ilz n’ont pas moins de désir que les Espagnolz de veoir
32
promptement arrester noz progrez et asseurer leur repos. Enfin il est certain
33
que nous ferons plus de chemin en un jour présentement que l’on ne feroit en
34
une année après la signature du traicté.

[p. 624] [scan. 696]


1
Sur le huictième

39
Span. Responsion: Sur le huitième. On en est content de passer tout ce qui sera nécessaire
40
pour conserver la paix en Italie.

41
Frz. Replik: Sur le huitième. On est aussy d’accord, mais il est besoing de regarder aux
42
moyens de mettre en exécution la ligue proposée comme estant la principalle seuretté
43
pour le repos de toute l’Italie.

2
Sy par le moyen de la ligue des princes d’Italie on ne pouvoit pas seullement
3
asseurer la paix dans cette province-là et l’exécution de tout ce qui sera arresté
4
présentement pour l’y establir, mais encore tout ce dont nous conviendrons
5
ailleurs avec les Espagnolz ou au moins touchant la Catalongne, il n’y a point
6
de doutte qu’il seroit très avantageux de brider les Espagnolz par cette ligue,
7
et que la craincte de s’attirer sur les bras tous les princes d’Italie leur fist
8
perdre le dessein qu’ilz peuvent avoir de manquer dans quelque tempz à ce
9
qu’ilz ne promettront aujourd’huy que par pure nécessité, mais apprenantz
10
par ce que mandent Messieurs les Plénipotentiaires que plusieurs desdits prin-
11
ces n’ont aucun ministre dans l’assemblée et que mesme ceux qui y sont n’ont
12
pas pouvoir de rien arrester sur ladite ligue, on veoid bien qu’il seroit ma-
13
laisé de les obliger jamais à s’engager pour d’autres pointz, auxquelz ilz ne
14
prennent pas tant dę part qu’en celluy-cy. C’est pourquoy Sa Majesté juge
15
qu’après que Messieurs les Plénipotentiaires auront essayé de recognoistre
16
là-dessus les sentimentz desditz ministres, s’ilz voyent qu’on ne puisse pas se
17
promettre de les porter à la manutention généralle de ce qui sera arresté dans
18
le traicté de paix avec les Espagnolz ou au moins pour l’Italie et pour la Ca-
19
talogne , ilz se retirent adroictement de l’engagement où nous nous sommes
20
mis pour cette ligue d’Italie, tesmoignant que c’est pour facilliter les choses
21
et avancer la conclusion de la paix qui seroit nécessairement retardée, puis-
22
qu ’il n’y a aucun ministre à Monster qui ayt pouvoir de rien traicter sur ce
23
point-là.

24
Mais en effect dans l’estat présent des affaires qui est comme un chacun veoid
25
bien différend de celluy du commancement de la régence dans lequel nous
26
n’avions pas grand sujet d’espérer que nous peussions faire la paix et retenir la
27
Catalongne et une sy grande partie de la Flandres que celle que les armes du
28
Roy ont conquise, il nous seroit très préjudiciable d’insister pour une ligue
29
qui ne garentist la paix avec les Espagnolz que dans l’Italie.

30
Premièrement parce que sy pour plus grand chastiment de la chrestienté Dieu
31
permect que les affaires ayans esté une fois accommodées se rebrouillent en-
32
core par l’ambition ou la mauvaise foy de noz ennemis, comme la France ne
33
possède presque rien dans l’Italie et que l’Espagne y a des Estatz très considé-
34
rables , nous ne pouvons rien perdre et pouvons beaucoup gagner dans la
35
guerre de cette province.

36
En second lieu parce que ladite ligue ne serviroit qu’à asseurer lesditz Estatz
37
au roy d’Espagne et à luy donner moyen d’en tirer et trouppes et argent et
38
touttes choses nécessaires pour nous faire la guerre aillieurs.

[p. 625] [scan. 697]


1
Et enfin parce que les Espagnolz seroient bien plus hardis à rompre de nou-
2
veau contre nous s’ilz estoient une fois asseurez que nous ne pouvons les in-
3
quiéter en Italie sans nous mettre tous les princes sur les bras, de façon que
4
c’est aujourd’huy une seureté de la paix que de ne point faire ladite ligue,
5
comme ce seroit une autre seureté plus grande de la faire sy les princes d’Italie
6
voulloient s’obliger à la manutention de tout ce qui sera arresté avec les Espa-
7
gnolz ou au moins en Catalongne, car pour la Flandres nous pourrions trouver
8
nostre seureté, sy

32
8 Messieurs] fehlt in AE , CP All. 78.
Messieurs les Estatz s’engageoient de rompre touttes fois et
9
quantes qu’on voudroit par voye de faict nous troubler dans la possession de
10
ce qui nous sera cédé ou soubz quelque prétexte que ce puisse estre attacquer
11
la France, et on ne peut pas révocquer en doutte que Messieurs les Estatz ne le
12
fassent volontiers, puisqu’ilz ont intérest au repos de ces provinces-là pour
13
jouir du leur et que l’engagement sera réciprocque entre nous et eux.

14
En cas néantmoins que les ministres des princes d’Italie qui sont à Munster
15
tesmoigent envie de ladite ligue, et que l’on remette après la signature de la
16
paix à en introduire le traicté et en arrester les conditions, nous tascherons
17
alors de la conclurre pour le tempz que durera la trefve de Catalongne, et d’y
18
faire sur tout pour le moins insérer un article bien équitable par lequel il sera
19
dit que sy les Espagnolz viennent à rompre contre nous en quelqu’autre en-
20
droict au préjudice de ce qui aura esté convenu par un traicté sy solemnel, la
21
France qui pourroit prétendre que les princes d’Italie se déclarassent contre
22
les viollateurs de la paix, se contantera d’avoir la faculté de rompre en Italie
23
contre eux sans que lesdits princes y prennent aucune part, et les Espagnolz
24
n’auront

33
24 garde] nach den anderen Überlieferungen statt accordé in der Druckvorlage.
garde de n’y prester

34
24 pas] nach den anderen Überlieferungen statt que in der Druckvorlage.
pas leur consentement, puisque le reffusant ilz
25
donneroient à cognoistre visiblement qu’ilz ne songent à présent qu’à se tirer
26
du mauvais pas où ilz sont pour attendre une conjoncture favorable de man-
27
quer à tout ce qu’ilz auroient promis.

28
Sur le treizième

35
Span. Responsion: Sur le treizième. Ilz ont tousjours insisté et insistent encores que le duc
36
Charles soit compris dans le traicté en la sorte et manière que les ambassadeurs de l’ Em-
37
pereur ont déclaré.

38
Frz. Replik: Sur le treizième. Il est impossible de faire la paix avec le roy d’Espagne s’il
39
demeure en liberté de faire une autre guerre au Roy soubz le nom du duc Charles. C’est
40
pourquoy on respond à cet article comme on a faict au second, n’estant pas permis aux
41
plénipotentiaires de France d’entrer en traicté sy le roy d’Espagne ne promet de n’assister
42
directement ny indirectement le duc Charles.

29
Il semble qu’il faille sur touttes choses convenir avec les Espagnolz et les Im-
30
périaux que le duc Charles venant à reffuser le party que la France luy offre en
31
faveur de leurs instances pour le bien de la paix et pour l’avantage de sa Maison,

[p. 626] [scan. 698]


1
il ne pourra plus rien prétendre de nous, ou au moins que lesditz Espagnolz et
2
Impériaux s’obligeront en la meilleure forme qu’on pourra trouver de n’ ap-
3
puyer point ses prétentions ny celles de ses successeurs, et il faut surtout bien
4
asseurer que ledit duc ne demeurera point armé, et que sy on ne peut [l’]obliger
5
à désarmer chacun tournera ses forces contre luy pour l’y contraindre.

6
S’il semble à Messieurs les Plénipotentiaires que Sa Majesté doive faire quelque
7
chose pour la maison de Lorraine au delà de ce qui a esté mandé par le dernier
8
escrit

42
Nr. 198.
, s’il est considérable ilz en donneront avis à Sa Majesté pour sçavoir ses
9
résolutions, sy c’estoit chose de peu de conséquence ilz pourront les prendre
10
d’eux-mesmes se souvenans seullement de régler tousjours leur conduitte sur
11
ce qui est contenu dans ledit escrit, c’est-à-dire qu’absolument on ne veut point
12
souffrir le duc Charles dans la Lorraine, mais on veut qu’il désarme

41
12 et] in AE , CP All. 78: ou.
et qu’il se
13
retire en quelqu’un des lieux qui ont esté marquez ou en Angleterre.

14
Et touchant la souveraineté de Lorraine que l’on a mandé qu’on demeureroit
15
d’accord de rendre à ceux qui ont droict à la succession dudit duc, quand le
16
Roy sera parvenu à l’aage de vingt ans, Messieurs les Plénipotentiaires pour-
17
ront le promettre dans dix ans à compter du jour de la paix, et ilz pourront
18
aussy augmenter les pentions qu’on a escrit voulloir donner audit duc s’ilz
19
voyent que l’accommodement de tout deppende de ce point-là.

20
Messieurs les Plénipotentiaires feront remarquer à un chacun dans l’ assem-
21
blée que l’on ne peut aujourd’huy faire les mesmes advantages au duc Charles
22
qu’on luy a faict par le passé, d’autant que lorsqu’on a traicté cy-devant avec
23
luy, on ne luy rendoit que peu de choses, et pour le reste on remettoit à le
24
rendre après la paix, ainsy nous avions un long espace de tempz pendant
25
lequel et ledit duc pouvoit méritter la bienveillance de Leurs Majestez par ses
26
services, comm’il a esté mandé, et elles eussent eu le moyen de luy faire faire
27
une espèce d’apprentissage, le mettre à l’espreuve, bien examiner sa conduitte,
28
et l’ayder à la prendre telle qu’on peust concevoir meilleure oppinion de luy
29
qu’on ne l’a, mais à présent que l’on doit exécutter les choses presque dans le
30
moment qu’elles seront accordées il faut nécessairement que nous prenions
31
un tempz de dix années comme l’on faisoit les autres fois pour esprouver s’il
32
sera capable de laisser le monde en repos et d’avoir d’autres sentimentz pour
33
cette couronne que ceux qu’il a tesmoignez jusqu’icy.

34
On a mandé une fois auxdits Sieurs Plénipotentiaires l’avis que l’on avoit eu
35
que ledit duc faisoit estat au cas qu’il n’eust pas satisfaction dans le traicté de
36
la paix de grossir ses trouppes pour troubler nostre repos, ne faisant point de
37
doutte que les Espagnolz ne l’assistassent, et qu’il n’eust grande facillicté à
38
composer une armée puissante par le licentiement que l’on feroit de tous cos-
39
tez de tant de trouppes. C’est pourquoy il importe au dernier point de pren-
40
dre touttes les précautions imaginables pour empescher que cela n’arrive.

[p. 627] [scan. 699]


1
Car à la véritté il n’y a personne qui ne voye qu’il vaudroit beaucoup mieux
2
continuer aujourd’huy la guerre que de faire une paix après laquelle nous
3
eussions encore sur les bras le duc Charles, armé, fortiffié des trouppes licen-
4
tiées et assisté au moins indirectement par les Espagnolz et cela sans que noz
5
alliez y prissent aucune part.

6
Le vray moyen de mettre nos parties à la raison sur le point du duc Charles
7
est de prétendre comme l’on a mandé que le roy de Portugal doive estre com-
8
pris dans le traicté.

9
Et en cela nous ne manquerons point à ce qu’on leur a faict espérer par la
10
voye des médiateurs et depuis plus positivement par celle des députtez de
11
Hollande d’autant que nous n’avons rien offert

43
11 touchant] in AE , CP All. 78: pour.
touchant le Portugal qu’à
12
condition que la France seroit satisfaicte dans tous les autres pointz, parmy
13
lesquelz ilz ne peuvent pas nier non seullement que celluy de Lorraine ne fust
14
compris, mais que ce ne fust un des principaux et plus importans pour cette
15
couronne et pour le repoz d’un chacun.

16
Il n’y a pas suject d’appréhender que les Impériaux et les Espagnolz tiennent
17
bon jusqu’au bout pour obtenir une satisfaction entière au duc Charles, quoy-
18
qu ’ilz continuent tousjours d’en faire les instances, et il se veoid bien qu’ilz ne
19
peuvent en user présentement d’autre façon, parce que s’ilz l’abandonnoient
20
avant qu’estre bien asseurez de la paix, cela l’obligeroit infailliblement à se
21
retirer de leur service et à passer avec touttes ses trouppes dans nostre party à
22
quelque condition que nous voullussions luy accorder, ce qui pourroit leur
23
causer des dommages irréparables.

24
Mais il y a très grande apparence comm’on l’a desjà mandé que quand la
25
négociation sera sy avancée que la conclusion de la paix ne deppendra plus
26
que du point de Lorraine ilz y donneront les mains; néantmoins pour la seu-
27
reté de ladite paix nous ne debvons pas nous contanter de ce simple abandon-
28
nement sans convenir en mesme tempz de ce que deviendront les trouppes du
29
duc Charles, et sans estre bien asseurez qu’il ne sera assisté directement ny
30
indirectement d’hommes ny d’argent par noz ennemis.

31
Et à la vérité la France seroit bien mal conseillée sy elle consentoit à une paix
32
dans laquelle tous ses alliez trouvassent sy bien leur compte et deussent jouir
33
d’un proffond repos pendant qu’elle qui pour la mesme fin auroit sacriffié
34
tant d’avantages et de belles espérances, en trouveroit une toutte contraire, et
35
sa facillité n’auroit servy qu’à tendre la main aux ennemis pour les tirer du
36
précipice que malaysément ilz peuvent esvitter par autre voye et à leur donner
37
moyen après de nous tourmenter nous-mesmes en fomentant et assistant le
38
duc Charles.

39
Et ce seroit une mauvaise raison de dire que la France aura la mesme faculté
40
d’assister le roy de Portugal, car il n’y a personne qui ne voye bien que les
41
choses ne sont pas pareilles pour beaucoup de raisons que Messieurs les Plé-
42
nipotentiaires sçavent fort bien, et entr’autres que pour mil hommes nous

[p. 628] [scan. 700]


1
envoyerions avec grande peyne au roy de Portugal, les ennemis en peuvent
2
bailler en un instant dix mil au duc Charles, et que l’argent que nous pour-
3
rions fournir audit roy ne luy sçauroit proffitter de rien en comparaison de
4

36
4 ce que feroit] fehlt in AE , CP All. 78.
ce que feroit la moindre somme que les Espagnolz donneroient audit duc.

5
Nous avons tousjours prétendu que Messieurs les Estatz sont obligez en vertu
6
d’un traicté que nous avons avec eux

39
Vgl. den frz.-ndl. Allianzvertrag von Den Haag vom 1. März 1644 (Druck: DuMont VI,1
40
S. 294f.).
aussy bien pour les affaires de Lorraine
7
et pour Pignerol que pour celles des Pays-Bas. C’est pourquoy Messieurs les
8
Plénipotentiaires employeront toutte leur adresse pour essayer s’il est possible
9
à les bien lier avec nous pour tout ce qu’il arrivera desdites affaires de la Lor-
10
raine , et sy on peut porter leurs députtez à le déclarer sérieusement aux Espa-
11
gnolz il est indubitable que cela les obligera d’y faire grande considération, et
12
il est à croire que la passion démesurée qu’ont

37
12 Messieurs les Estatz] in AE , CP All. 78: lesdits Estatz.
Messieurs les Estatz et encores
13
plus

38
13 leurs députez] aus den anderen Überlieferungen ergänzt.
leurs députez à l’assemblée de faire promptement la paix les portera ou à
14
s’engager de nous faire sortir de ce point comme nous prétendons d’abord
15
qu’ilz recognoistront que de là deppend la conclusion de tout ou au moins
16
d’estre joinctz à nous en tout tempz dans cet intérest.

17
On mande de Bruxelles que l’archiduc Léopold doibt passer bientost en Flan-
18
dres pour gouverner ces pays-là

41
Ehg. Leopold Wilhelm (s. [ nr. 23 Anm. 18 ] ) übernahm Ende des Jahres 1646 die Statthalter-
42
schaft in den Span. Ndl.n, trat dieses Amt jedoch erst im April 1647 an ( NDB XIV S. 297 ;
43
Pirenne S. 390).
, comm’a faict autresfois l’archiduc Albert ,
19
qu’il doit conduire avec luy un corpz de trouppes assez considérable et que
20
les Espagnolz moyennant cela laisseront partir le duc Charles avec les siennes
21
pour aller chercher des quartiers en Allemagne se joignant aux armées de
22
l’Empereur et de Bavières.

23
D’autres mandent que Castel Rodrigo ne voudroit pas que le duc Charles
24
quittast sytost les Pays-Bas, mais qu’ayant esté obligé de l’opposer à l’armée
25
de monsieur le prince d’Orange pour observer ses mouvemens, celle-cy s’ es-
26
tant avancée à l’attaque de Venlo et Ruremonde ledit duc a aussy marché vers
27
ces quartiers-là avec la plus grande partie de ses trouppes, et comme c’est le
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chemin de la retraicte, qu’il demande à présent le reste desdites trouppes et
29
déclarre qu’il veut passer en Allemagne sans délay.

30
On peut néantmoins faire une refflexion sur cela qui est que les Espagnolz
31
recognoissans que la paix est proche de sa conclusion et que le point de la
32
Lorraine peut la retarder, ilz sont bien ayses de laisser retirer ledit duc, soit
33
pour n’avoir pas la honte de l’abandonner dans un tempz qu’il seroit effecti-
34
vement à leur service, soit pour s’excuser de ce qu’ilz ne pourront l’induire à
35
ce qu’ilz feront semblant d’aillieurs de voulloir luy persuader, mais il ne peut

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1
aller en aucun lieu où les Espagnolz et les Impériaux

27
1–2 parlans tout de bon et agissans sincèrement] in AE , CP All. 78: agissans tout de bon et
28
sincèrement.
parlans tout de bon et
2
agissans sincèrement, on ne puisse facillement le contraindre à désarmer, et il
3
n’est pas sy aymé ny des princes ny des peuples d’aucune nation que quand
4
on sçaura que la paix n’est différée que pour sa considération qui est capable
5
de rebrouiller tout plus que jamais, chacun ne luy courre sus pour le forcer à
6
quitter les armes.

7
On avoit autresfois escrit quelque chose à Messieurs les Plénipotentiaires
8
pour envoyer d’un commun consentement ledit duc contre le Turc avec une
9
bonne armée qu’on luy pourroit former et luy fournir les moyens pour la
10
maintenir. Ilz pourront revoir cette dépesche et se servir selon les occasions
11
des lumières qu’elle peut leur donner, examinant pourtant les inconvéniens
12
qu’il pourroit y avoir de luy mettre en main le commandement d’une puis-
13
sante armée en Hongrie avec laquelle après y avoir pris créance il peust tour-
14
ner court de deça pour nous troubler dans la possession de la Lorraine. Enfin
15
ce que nous prétendons des Espagnolz sur cette affaire de Lorraine est condi-
16
tio sine qua non.

17
Sur le quinzième

29
Span. Responsion: Sur le quinzième. Quant à la restitution des prisonniers on en demeure
30
d’accord, mais quant à Don Eduart de Bragance, on soustient qu’il n’est prisonnier de
31
guerre, mais sujet du roy d’Espagne, et toutesfois qu’après la paix faite le roy très-chre-
32
stien et la reyne sa mère régente pourront faire à ce regard les instances qu’i[ls] trouveront
33
à propos surquoy sera pris l’esgard comme il conviendra.

34
Frz. Replik: Sur le quinzième. Sy on mettoit aujourd’huy en doute l’entière liberté du
35
prince Edouart qui a esté promise et donnée par escrit par messieurs les médiateurs de la
36
part de messieurs les plénipotentiares d’Espagne, ce seroit oster toute la confiance qui doit
37
estre en cette négociation sy on veut qu’elle réussisse heureusement.

18
Il est bon de persister jusqu’au bout à demander la liberté du prince Edouart
19
de Portugal d’autant plus que nous ne prétendons en cela que l’exécution
20
d’une parolle qui nous a esté donnée par les médiateurs de la part des minis-
21
tres d’Espagne.

22
Sur le seizième

38
Span. Responsion: Sur le seizième. Qu’après le traicté fait on pourra user des changes pour
39
les places cédées et en convenir par l’interposition de Messieurs les Estatz, on en demeure
40
d’accord pour le reste qui est contenu dans l’article susdit.

41
Frz. Replik: Sur le seizième. On demeure d’accord qu’on pourra faire les eschanges qui
42
seront trouvées à propos pour les places qui seront ceddées par le present traicté de paix
43
dans le Pays-Bas et dans la comté de Bourgongne par l’interposition de Messieurs les
44
Estatz, ainsy qu’il est porté par ledit article.

23
On met en considération à Messieurs les Plénipotentiaires s’il ne seroit point
24
à propos de mieux spéciffier le point des eschanges de places en Flandres,
25
c’est-à-dire de faire bien entendre que ceux que l’on proposera doivent estre
26
d’une commodité réciprocque, et que quand l’un des partis n’en conviendra

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1
pas, on ne pourra pour cela venir à rupture et chacun demeurera en posses-
2
sion de ce qu’il tient aujourd’huy.

3
Messieurs les Plénipotentiaires ont fort bien faict de relever l’ommission que
4
ceux d’Espagne avoient faicte à dessein dans leur mémoire des intérestz du
5
roy de Portugal, et d’en renouveller l’instance par le dernier article

36
Zusatz in der frz. Replik: Il est à remarquer que dans les articles susdictz on n’a point
37
donné contentement sur le faict du Portugal à quoy l’on attend response.
de leur
6
réplique.

7

32
7 Nous sommes] Zusatz am Rand: Article qui a esté adjousté à la fin des observations.
Nous sommes aussy obligez et par bienscéance et par intérest de faire

33
7 tous] aus den anderen Überlieferungen ergänzt.
tous les
8
effortz possibles pour obliger Messieurs les Estatz à la conservation du roy de
9
Portugal après la paix faicte, bien entendu qu’il leur donnera toutte satisfac-
10
tion sur les différens qu’ilz ont ensemble au Brézil, et pour le moins il fauldra
11
bien asseurer que lesditz

34
11 Sieurs] fehlt in AE , CP All. 78.
Sieurs Estatz, s’ilz ne veullent l’assister, ne luy seront
12
pas directement contraire[s] et ne feront aucun traicté avec les Espagnolz à
13
son préjudice; nous avons d’autant plus de droict de presser

35
13 lesditz Estatz] in AE , CP All. 78: Messieurs les Estatz.
lesditz Estatz sur
14
ce point de Portugal que nous pouvons leur représenter qu’ilz sont la princi-
15
palle cause pour laquelle nous nous sommes à la fin relaschez de n’insister pas
16
à le faire comprendre dans la paix.

17
Et comme sans doutte les Espagnolz ne songeront point à inquiéter ny nous
18
ny eux ou à rebrouiller ce qui aura esté arresté dans le traicté de paix tant
19
qu’ilz auront à desmesler cette affaire de Portugal, il se veoid que nous avons
20
grand intérest qu’ilz n’en sortent que le plus tard qu’il sera possible, parce que
21
c’est autant de temps que nous aurons de repos asseuré et une seureté très
22
grande de la durée de la paix pour tout ledit tempz qu’il y a apparence ne
23
debvoir pas estre sy court que nous n’ayons peut-estre moyen de gaigner la
24
majorité du Roy.

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