Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
162. Brienne an Longueville, d’Avaux und Servien Fontainebleau 1646 September 21
Fontainebleau 1646 September 21
Kopien: AE , CP All. 77 fol. 381–382’ = Druckvorlage; Ass. Nat. 276 fol. 166–169. Druck:
Nég. secr. III S. 302–304.
Warten auf Fortschritte bei den französisch-kaiserlichen Verhandlungen. Friedensbereitschaft der
Gegner durch militärische Erfolge Frankreichs verstärkt. Bayern in schwieriger Lage. Hoffnung
auf positive Auswirkung der Reise nach Osnabrück. Belagerung Dünkirchens als Druckmittel bei
Verhandlungen. Mißtrauen gegenüber dem Prinzen von Oranien. Einschüchterung des Papstes
beabsichtigt; Unzufriedenheit in Neapel. Schreiben Brégys: Kriegspläne Rákóczys gegenüber dem
Kaiser. Vorsicht gegenüber Rákóczy angeraten. Katalonien- und Portugalfrage. Aktivitäten
Lumbres’.
Vostre lettre du 10 e de ce mois nous fait espérer un extraordinaire et par luy
l’escrit que vous avez dressé pour parvenir à la paix d’entre l’Empire et la
France, si les conditons s’en peuvent adjuster. L’envie de voir ce project, et
bien plus de sçavoir si la disposition qu’il fait paroistre entre les parties de
sortir d’affaires est sincère, nous donne de l’impatience de recevoir cette des-
pesche .
Ce qui se passe en Allemagne et en Flandres, au lieu de rallentir, doibt presser
les ministres de l’Empereur et du roy d’Espagne; et ceux de Bavières se ren-
dront sans doubte solliciteurs envers les premiers de conclurre, sans se soucier
si les seconds seront receuz à en faire de mesme, weil ihnen die jüngsten Nach-
richten von den militärischen Erfolgen der französischen und schwedischen Armee,
die sogar Maximilian von Bayern zum Verlassen Münchens bewogen haben , nicht
verborgen bleiben werden. Maximilian von Bayern trägt an der bedrängten Lage,
in der sich sein Land befindet, selbst die Schuld. Et bien que ces progrez nous
soient advantageux ilz ne lairroient de nous faire peyne, s’ilz n’avançoient la
paix que nous nous sommes proposez comme dernière fin, et d’aultant plus
qu’ilz causent la ruyne d’un prince catholique, et qui a bien mérité des cou-
ronnes , s’estant employé avec soin pour disposer l’Empereur à leur donner
satisfaction, et c’est la raison dont on s’est servy pour faire voir à l’ambassadeur
extraordinaire
Magnus de La Gardie (s. [ nr. 52 Anm. 5 ] ).
prises délaissées, on s’applique seullement à loger dans ses Estatz, mais il faut
traitter cette matière avec tant de délicatesse, qu’on s’y treuve bien empesché,
de mander au maréchal de Turenne qu’il se sépare d’avec Wrangel, ny la jus-
tice , ny le bien du service du Roy ne le comportent pas, et il est assez fascheux
que les advantages que nous remporterons, tournent à celuy des alliez, sans que
nous en tirions aulcun proffit particulier, Sa Majesté estant résolue de faire
valoir la parolle qu’elle a donnée de ne prétendre pas au delà de ce qui a esté
demandé de sa part. Ce sera un secret affin que la crainte avance les Impériaux
de se déclarrer nettement, et mesme à abandonner les Espagnolz, ainsy que
Bavières asseure qu’ilz sont résoluz de faire, ou que l’Empire les forcera, et
pour essayer de diminuer la récompense que nous avons offerte pour l’Alsace.
Sans doubte vous estes informez de ce qui se passe vers le Danube, et par les
advis de Cologne, et par la crierie des députez de Bavières, ce qui me peut
dispenser de vous en mander touttes les particularitez.
J’esvitte mesme de parler sur les conditions demandées par les Impériaux,
dont vous vous estes deffenduz, parce que je suis persuadé qu’ilz s’en dépor-
teront , ainsy que vous le préjugez, et ne pouvans en soustenir l’une, et se
soucians peu de l’aultre.
Je soushaite que vostre voyage à Oznabrug réussisse, et que vous ayez advan-
tage de réduire les Suédois à se contenter de ce qui est juste, et il seroit bien
glorieux à la France qu’ayans repris celuy de l’authorité dans le traitté, qu’on
avoit porté aux Suédois, elle en fasse un si bon uzage.
L’attaque de Dunkerque
médiateurs s’en sçauront bien prévaloir, pour les disposer à ne plus chicaner,
mais tout d’un coup à se porter à la raison. Militärische Einzelheiten. Nous
sçavons mesme qu’en Flandre ilz tienent la place pour perdue, et ont bien
plus de penser d’en eslever une qui nous empesche l’entrée dans le pays, que
de songer à tenter le secours de celle-cy. Si quelque chose le pouvoit faire
entreprendre, ce seroit que le prince d’Orange se retirast d’où il est posté, à
quoy il paroist fort enclin, et le maréchal de Gramond qui demeure tousjours
dans son armée avec un corps de cavallerie françoise
Vgl. [ nr. 128 Anm. 2 ] .
soupçon qu’il s’y résolve, et d’estre surpris. Ce n’est pas qu’il ne nous ayt esté
escript par le résident Brasset que Messieurs les Estatz le luy ont deffendu et
mesme commandé de faire quelque entreprise, mais oultre qu’ilz changent
assez aysément leurs résolutions, la saison qui s’advance nous fait craindre.
Vous croyerez aisément que nous n’espargnerons pas nostre peyne pour les
confirmer en leur première délibération, et je seray trompé s’ilz la rétractent.
Et ledit prince mesme auroit de la confusion, si en une occasion aussy impor-
tante il venoit à nous manquer, ayans contribué tous moyens pour luy facili-
ter celuy de se contenter en prenant Anvers. De sepmaine en sepmaine ce
siège fera partie de ma despesche.
Celle que j’ay eue de Rome, m’aprend qu’il faut faire craindre le Pape, pour
espérer qu’il se porte à la raison, que c’est sa seulle passion qui le meut et qui
modère celle de sa vengeance, qui prédomine en luy. Présentement il peut en
estre touché que nostre armée navalle navige sur ses mers ou sur celles des
Estatz qui advoisinent les siens, que le nombre des voyles dont elle est com-
posée en fait cognoistre la grandeur, et que sa renommée luy aura apris qu’ el-
le est chargée de plus de six mil hommes qu’elle peut desbarquer, les navires
restans montez du nombre d’hommes qu’il leur faut et pour le manœuvre, et
pour combattre une flotte s’ilz la rencontroient. Il n’ignore pas aussy que
celle d’Espagne est retirée et hors d’estat de se mettre à la voyle; qu’à Naples
les peuples qu’on surcharge d’impositions extraordinaires pour satisfaire à la
despense qu’il a fallu faire pour préparer le secours d’Orbitello, impuissans
d’y fournir, tesmoignent désirer un changement au gouvernement . Le Pape
qui s’estoit flatté qu’il ariveroit de la division dans le royausme aprend que
l’union et l’obéisance y est entière, que l’authorité royalle contient un chacun
en son debvoir, et qu’elle est si puissement recognue, qu’un chacun plie soubz
son poids, et que les compagnies qui dans les minoritez sont accoustumées
d’entreprendre, souffrent la correction, quand elles se sont emportées. Il co-
gnoistra avec le temps que les grâces de justice qu’on fait aux princes, sont
celles qui luy pouroient acquérir du crédit, et que celles qu’il prodigue aux
particuliers contentent ceux-là, mais ne sont pas capables de rien faire qui luy
tourne à compte.
Depuis quelques jours j’ay eu une ample despesche de monsieur de Brégy. Un
ministre du Transylvain luy a fait quelques ouvertures des intentions de son
maistre et comme il désireroit rentrer en guerre contre l’Empereur. Mais il n’a
pas esté jugé de devoir apuyer sur cette ouverture, parce qu’elle est condition-
née de luy en moyenner la liberté à la Porte, et que la légèreté de l’esprist de
ce prince donne tousjours des inquiétudes. Aysément il prend les armes, avec
la mesme facilité il les pose, parce que son but n’est que d’obtenir quelque
comté en la Hongrie, ou quelque liberté en l’exercise de la religion pour les
Calvinistes schismatiques dont il fait profession, et l’Empereur est assez libé-
ral de ces choses, ainsy on le sçaist plustost désarmé, qu’on n’a pas sceu qu’il
ayt fait quelque exploit; et de s’estre fait voir seulement en campagne luy
donne lieu de demander de l’argent, et d’estre compris dans le traitté général
comme allié.
Pour avoir passé légèrement sur ce qui vous a esté offert pour la Catalogne et
le Portugal, ne croyez pas que cela ayt esté peu considéré; pour l’un avec la
liberté qui nous demeurera de l’assister, nous avons ce que nous pouvons pré-
tendre , et pour les aultres, il faut quelque chose de plus, ainsy que vous le
jugez très prudemment. De l’ambassadeur de Venize j’ay sceu que ce n’est pas
le dernier mot des Espagnolz, mais la posession de trente ans les estonne; huit
ou dix n’est pas esloignée de leur pensée, selon son sens, si c’est avec fonde-
ment qu’il le dit, je m’en raporte, et vous estes en lieu, où vous le jugerez
bientost.
J’envoye à monsieur le président de Lumbres les résolutions sur les pointz
dont il a escript. Il se treuve en une estrange rencontre, mais il a de l’adresse
pour s’en desmesler, et s’il obtenoit que l’Estat de Liège desputast vers Leurs
Majestez après avoir donné satisfaction sur les deux pointz dont il vous a
escript, il faudroit aller au-devant de tout ce qui pouroit contenter cet Estat.
Si ceux qu’il a portez au magistrat ont du crédit, ilz en viendront à bout, et
pour y maintenir dans un an des personnes de confiance, une somme de trois
ou quatre mil risdalles seroit bien employée. Si par les habitudes qu’il y pren-
dra , il pouvoit songer à quelque chose de plus hault, il rendroit un grand
service, comme d’y faire eslire un évesque qui en fust obligé à Sa Majesté, et
ce n’en sera pas un petit s’il y mesnage les choses en ce point que le prince y
soit sans authorité. Il est persuadé que cela n’est pas impossible, et que par sa
timidité naturelle, il n’ozera y venir essayer de relever son authorité et son
party.