Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
123. Memorandum Serviens für Lionne [Münster] 1646 August 21
[Münster] 1646 August 21
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 77 fol. 291–293’ = Druckvorlage.
Äußerungen Contarinis über den Papst. Intrigen und Indiskretionen d’Avaux’. Promontorio.
Einvernehmen zwischen Longueville und d’Avaux. Haltung Königin Annas angesichts der Unzu-
friedenheit Condés und Enghiens.
Contarini a dit à Promontorio que le Pape s’estoit assez ouvertement moqué
des François en l’affaire d’Orbetello et qu’il avoit tourné en raillerie avec ses
confidents la réponse qu’il avoit donné à l’abbé de Saint-Nicolas de faire es-
tudier la quaestion s’il pouvoit refuser le passage aux Espagnols, cependant
qu’il leur avoit donné secrètement permission de le prendre.
Le mesme a dit que monsieur d’Avaux a témoigné grande joye du malheur de
ce succès croyant qu’il faira praejudice à Son Eminence. Monsieur d’Avaux a
dit de nouveau à Contarini qu’on le pressoit de prendre l’archevesché de Bor-
deaux , que pour l’y disposer on luy donnoit espérance du chapeau, mais qu’il
n’estoit pas résolu de se repaistre de vaines espérances, qu’il void bien qu’on
ne luy donne que pour le dépouiller de ce qu’il possède affin d’establir mon-
sieur d’Émery
Michel Particelli, sieur d’Émery (1596–1650) ( DBF XII Sp. 1247–1250; NBG XXXIX
Sp. 260; Bonney , Change S. 500) war seit 1643 contrôleur général des finances. 1647 über-
nahm er tatsächlich das Amt eines surintendant des finances, welches auch d’Avaux innehatte,
und übte es bis zu seinem Tod mit diesem gemeinsam aus ( Bonney , Change S. 61; Bayard
S. 52).
Il a adjousté qu’il veut voir ce qui arrivera et que le vent qui souffle ne durera
pas longtemps, que Servien a beau se tourmenter icy, qu’il ne treuvera pas ce
qu’il pense à son retour et que tous les grands sont résolus d’empescher tous
les establissements qu’on voudra luy procurer.
Si le bon homme sçavoit combien je songe peu à mon establissement, et com-
bien j’ay peu cest objet devant les yeux en travaillant icy po〈ur〉 le service de
la Reyne et du public, il ne prend〈roit〉 pas toutes les peynes qu’il fait pour
faire des cabales et des liaisons affin de l’empescher. Je m’aperçoy assez que
c’est de quoy il traite sans cesse avec monsieur et madame de Longueville, et
que c’est le principal but de toutes ses flatteries et de ses bassesses.
Il y a quelques jours qu’il me pria d’estre tesmoin qu’il avoit esté d’advis avec
moy d’escrire en au〈tres〉 termes que nous n’avons fait sur la résol〈ution〉
que la Reyne a prise de retenir l’admirauté
Eines der Ämter des verstorbenen Brézé (s. [ nr. 37 Anm. 4 ] und 5).
m’estonnois extrêmement que Monsieur le Prince ayant desjà receu tant d’ au-
tres bienfaits de la Reyne eust voulu témoigner un mescontentement public
en l’âge et en la charge où il est, pour n’avoir pas obtenu un establissement
qu’on n’eust peu accorder ny à luy ny à monsieur son fils sans faire un grand
praejudice à l’Estat. Il témoigna d’estre de mon advis jusqu’à dire qu’un bon
François n’en pouvoit avoir un différend, mais j’ay sceu depuis qu’il avoit pris
cette ocasion de me faire pièce auprès de monsieur de Longueville, en luy
disant que j’estois ennmy des grands et particulièrement de sa maison, et que
mes maximes estoient très dangereuses pour les personnes de qualité. Il me
fait beaucoup d’honneur de me faire mon procès pour celle-là que luy-mesme
n’a ozé contredire, mais ces artifices qui font icy toute son occupation ne
laissent pas d’aliéner de moy l’esprit de monsieur de Longueville, quoyqu’il
ne m’en témoigne rien, et que de mon costé je ne manque à aucun respect.
Je voudrois bien que Son Eminence pust escouter un jour Promontorio pour
apprendre de luy les bassesses et les malices de monsieur d’Avaux qui pour
contenter sa passion contre Son Eminence et contre moy parlant à Contarini
luy fait des confidences 〈très〉 praejudiciables au service du Roy, quoique
nous ayons souvent demeuré d’acord entre nous que ce ministre n’ayme point
dans son cœur les intérests de la France.
J’estime que c’est plustost à luy qu’au Nonce qu’il se découvre de ses secrets.
Il y a plus de huit mois que le Nonce et luy ne se sont veus publiquement; je sçay
que le Nonce en a parlé, faisant semblant de s’en estonner, quoyque je croye
qu’il y a concert secret entre eux pour cela, et qu’il y ayt aparence que monsieur
d’Avaux a declaré au Nonce qu’on avoit treuvé à dire à leur union.
On a escrit d’Italie à Contarini à ce qu’il 〈dit〉 que le prince Thomas n’a pas
fait en l’entreprise d’Orbitello tout ce qu’il eust peu faire, et qu’il a esté gaigné
par le Pape par la promesse d’un chapeau en faveur d’un de ses enfants
Gemeint ist vermutlich der jüngste Sohn des Thomas von Savoyen (s. [ nr. 69 Anm. 2 ] ), Eugen
Moritz (1635–1673), 1637–1651 (resign.) Domherr zu Köln, 1657 comte de Soissons, frz.
Militär und Gouverneur der Champagne ( Stammtafeln NF II T. 197).
m’estonne pas qu’on ayt fait ces spéculations en Italie, mais que Contarini en
les débitant adjouste 〈que〉 ce sont malices inventées par les François qui n’y
ont point pensé, c’est ce qui fait paroistre une grande animosité.
Promontorio paroist extrêmement passioné pour le service de 〈Son Eminen-
ce 〉. Je vous prie si cela ne luyt fait point de peyne, et qu’il n’y ayt point
d’inconvénient de procurer un mot de réponse à la lettre que je vous adressay
de sa part il y a quelque temps pour Son Eminence. Il m’a dit que Palagio
parle quelquefois fort indiscrètement de Son Eminence et ne laisse pas après
cela d’avoir l’effronterie d’emploier son crédit pour obtenir des grâces en di-
vers endroits.
Je vous conjure de me marquer franchement si je fais quelque manquement et
qu’on treuve par delà quelque chose à réformer dans ma cond〈uite〉 que je
règle dans tout le respect et la retenue qui me sont possibles. Si je sçavois ce
qu’il faut faire pour plaire à chacun, je le fairois de très bon cœur hors de
galantiser la fille de madame de Longueville
Gemeint ist Marie d’Orléans, die allerdings keine leibliche Tochter der Anne Geneviève de
Longueville war, sondern aus Longuevilles erster Ehe stammte (s. [ nr. 83 Anm. 2 ] ). Aus der
zweiten Ehe war bis 1646 ein Sohn hervorgegangen ( Debû-Bridel S. 76).
d’aller régulièrement tous les jours à une maison de charge où ell’est. A la
vérité je ne croy pas que cela s’acorde bien avec l’employ que nous avons icy
et principalement pour moy qui ne pra[e]tends pas ma fortune de ce costé-là
comme monsieur d’Avaux.
J’ay souventefois prié monsieur de Longueville s’il treuvoit quelque chose qui
luy dépleust dans ma conduite de me le dire pour la réformer. Il m’a tousjours
protesté qu’ell’estoit toute telle qu’il la peut souhaiter.
En effect dans les affaires, si je l’ose dire, il me défère beaucoup et mesprise
assez monsieur d’Avaux. Néantmoins comme les princes s’ils ayment quelque
chose n’ayment que ceux qui dépendent d’eux et qui les flattent, je sçay que
l’intelligence et l’union sont grandes entre luy et monsieur d’Avaux, et c’est
depuis quelque temps l’opinion de Contarini aussy bien que de quelques au-
tres ministres de cette assemblée, qui jugent autrement qu’ils ne doivent de
l’humeur de monsieur de Longueville, et qui font passer plus avant qu’il ne va
son mescontentement pour n’avoir pas eu l’admirauté.
Je ne suis pas capable de dire mon advis de grandes choses, mais si la Reyne
ne tient bon contre le mescontentement de Monsieur le Prince et les plaintes
de monsieur d’Anguien, et si elle ne fait voir hautement que ces voyes ne sont
pas propres pour réussir, il faudra s’asubjetir désormais à faire tout ce que
voudront les particuliers. D’ailleurs si on permet à ceux qui sont dans les
principaux employs de faire des cabales pour se maintenir et de chercher
d’autres appuys que celluy de la Reyne, tout ira bientost en confusion, et Son
Eminence verra dans quelque temps faire des unions pour la supplanter.
négotiation que l’obstination que nous avons eue de ne traiter point avec les
Espagnols et de ne nous adresser pas plus souvent aux Impériaux, comm’il
nous a esté mandé plusieurs fois de la cour. Nous eussions rendu les média-
teurs moins nécessaires qui certainement ne nous sont pas favorables, et au-
rions eu l’avantage de faire nos affaires nous-mesmes, ce qui est tousjours plus
seur que de passer en toutes choses par les mains d’autruy. Nous en avons veu
l’expérience dans le procédé des Hollandois qui n’ont pas voulu nous faire
une proposition dont les Espagnols les avoient chargés de laisser tout ce que
nous possédons en Flandre et le comté de Roussillon de crainte peut-estre
d’avancer trop nos affaires. Ils ont mesme empesché les Espagnols de faire les
mesmes offices par les médiateurs.