Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
108. Mazarin an d’Avaux Fontainebleau 1646 August 10
Fontainebleau 1646 August 10
Ausfertigung: AE , CP All. 79 fol. 79–81 = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 61 fol.
250–250’, 252, 251–251’. Kopie: AE , CP All. 77 fol. 238–241’.
Empfangsbestätigung. Warten auf Verhandlungsfortschritte. Friedensbereitschaft Mazarins. Viel-
zahl von Vermittlern günstig. Zur eventuellen Intensivierung der spanisch-kaiserlichen Beziehun-
gen . Verhalten gegenüber Trauttmansdorff. Friedensinteresse des Kaisers, Trauttmansdorffs, Bay-
erns und der Generalstaaten. Hoffnung auf ruhmreichen Frieden. Freude über Mitteilungen über
den Stand der Verhandlungen. Lothringen: Bitte um Sondierungen bei Trauttmansdorff und um
Mitteilung von d’Avaux’ Ansichten. Verletzung der Geheimhaltung ausgeschlossen. Bedenken
Condés gegen Unternehmungen in Italien ausgeräumt. Vertrauen zu d’Avaux; Vorwurf an
Chigi, aus Ehrgeiz Unfrieden zwischen d’Avaux und Mazarin zu stiften. Zufriedenheit der
Königin.
Bien que j’aye receu fort tard la vostre du 30 e du passé, le plaisir néantmoins
et l’utilité que je trouve dans le commerce de letres que j’ay aveque vous, a fait
que j’ay mieux aymé faire retarder le courrier, que de n’y pas faire response
par cet ordinaire. Je croy qu’une autre fois vos gens seront plus soigneux de
m’envoyer vos dépesches de meilleure heure.
Je vous diray donc que j’attens avec impatience pour la sepmaine prochaine
|:les bonnes nouvelles dont il semble:| que vous nous donnniez quelque pré-
sage . Vous entendez bien que cela regarde le succez |:de la conférence que
vous deviez faire chez les médiateurs:|, et s’il arrivoit |:qu’on y peust
conclurre quelque chose et vuider d’affaires, monsieur Trautmansdorff et
ceux qui sont dans son sentiment pourroient apprendre par la joie que j’en
recevrois:| que je n’ay point au monde de plus grande passion |:que de voir
establir la paix dans la chrestienté, de quoy je m’asseure que vous me serez
garent, et que mon propre intérest:|, si je l’entens bien, |:m’y doit convier:|
que vous n’avez pas besoin que je vous explique icy. |:Ceux qui en parlent icy
et ailleurs autrement, c’est à cause que je tiens les affaires en des termes si
hautz et si avantageux pour le Roy qu’ilz en tirent cette conséquence quoyque
mal desduitte que je veux esluder par là la coclusion de la paix:|. Vous pour-
rez dire |:à monsieur Trautmansdorff que vous estes pretz de la signer à toute
heure qu’on voudra, aussy bien celle de l’Espagne et de la France que celle de
l’Empire, à des conditions raisonnables:|, et que si nous avons pressé |:celle
de l’Empire, ç’a esté avec cette veue qu’elle serviroit de disposition et d’ ache-
minement à l’autre:|.
Je suis bien de vostre avis |:que la multitude des médecins que les Espagnolz
employent est un signe que le mal les presse:|, et croy aussi bien que vous
|:que ce grand nombre de médiateurs qui se présentent:| ne nous peut qu’ es-
tre utile et pour les raisons que vous alléguez très judicieusement, et d’autant
encore |:que lesditz médiateurs estans intéressez dans le bon succez de leur
médiation:|, nous ne devons point douter qu’ils oublient rien |: de ce qui dé-
pendra d’eux pour la faire réussir:|.
J’estime qu’il n’y aura point d’inconvénient |:que vous flattiez de ce costé-là
Trautmansdorff:|, et que vous luy donniez à entendre |:que nous ne trouvons
point estrange que la nouvelle alliance que son maistre a faict avec le roy
d’Espagne rallumant dans son âme ce qui pouvoit avoir esté esteint d’ affec-
tion par la mort:| de |:l’Impératrice, il embrasse ses intérestz:| avec plus de
chaleur qu’auparavant; qu’il n’est que trop juste |:qu’il fasse voir au monde
que son alliance est avantageuse au roy d’Espagne, et que pour l’amour de luy
et pour l’amour de Trautmansdorff nous apporterons plus de facilité que
nous n’eussions fait à la conclusion du traitté:|.
Je vous dis derechef |:que Trautmansdorff ayant intérest non seulement pour
l’amour de son maistre, mais encores pour l’amour de luy mesme que ce trait-
té se conclue affin de s’en retourner plus tost avec cette gloire auprès de son
maistre, que le duc de Bavières y estant intéressé à cause de sa vieillesse et les
Hollandois par la passion qu’ilz ont de voir cesser la guerre, les offices ne
peuvent que contribuer beaucoup à ce succez:|. Je vous confirme encore ce
que j’ay escrit une autre fois que rien ne peut faire davantage esclatter |:la
gloire du Roy et le zèle de la Reyne pour le bien de la chrestienté:| que de
faire la paix en une conjoncture |:où tout le monde est persuadé que nous
pouvons faire de plus grands progrez que nous n’avons fait jusques icy, pour
cela seulement que nous sommes devenus plus puissans et noz ennemis plus
foibles:|.
Je suis ravy de voir par tous les points de vostre letre |:que toutes choses s’y
acheminent, que vous tenez comme asseurée l’affaire de Philipsbourg pour
nous, que ce qui a esté proposé pour l’argent offert aux Archiducs et contre le
Turc est en bons termes, que vous avez fait gouster la juste prétention de la
maison de Cassel pour Marpurg sur celle de Darmstat, que la trêve pour la
Catalongne ira à sept ou huit ans:| comme je vous ay mandé. |:Pour ce qui
est de l’eschange:|, je n’ajouste rien à ce que je vous ay escrit par ma précé-
dente .
Pour ce |: qui est de la Lorraire[!], je vous prie de sonder adroittement Traut-
mansdorff quel sentiment il en auroit, et l’engager à faire quelque proposition
sur cela. Je vous prie aussy à cause qu’il y a icy diverses opinions sur cette
affaire de me mander quelle est la vostre avec les considérations sur lesquelles
vous la fonderez:|.
Je ne suis pas à sçavoir quels grands avantages on reçoit |:dans une négotia-
tion , quand on est averty des desseins et pensées de ceux avec qui on a à
traitter:|. Je voy par les effets les soins que vous employez pour cela, et qu’il
n’y a point d’esprit avec qui vous ayez à traiter, dans lequel la douceur qui
vous est naturelle ne s’insinue et ne prenne place.
Quant à ce que vous m’escrivez |:de la descouverte de plusieurs choses qui
devroient estre secrettes:|, je vous puis asseurer qu’après avoir bien examiné
ce point de tous costez, j’ay trouvé qu’il estoit impossible |:que cela vînt de
deçà:|, mais bien |:que ce sont des raisonnemens qui se font des conjectures
qui se forment au lieu où vous estes par les ministres des autres princes qui
rencontrent quelquefois la vérité:|, comme il n’est pas impossible, et affin par
après |:d’authoriser leurs conjectures, ilz publient en avoir esté avertis de deçà
et de bonne part.
Monsieur le Prince croyant au commencement qu’on voulust faire la guerre
au Pape pour l’intérest de messieurs les Barberins, y trouvoit véritablement de
la difficulté, mais ayant veu que ce mouvement d’armes ne regardoit que le
roy d’Espagne, il ne s’y est jamais opposé:|. En effet ce n’a esté que nos trou-
pes qui devoient agir |:en Piedmont qui ont esté employées du costé d’ Orbi-
tello , et pour nostre armée navalle, la despense s’en faisant annuellement, on
l’a faitte agir vers les costes de la Toscane:|.
Je n’avois pas besoin que vous me fissiez l’esclaircissement que vous avez fait,
pour une chose de laquelle j’estois incapable de concevoir mesme le moindre
soubçon, et je ne vous en ay fait donner l’avis, non pas affin de m’en faire
esclaircir, mais pour vous rendre une preuve de l’intime confiance avec la-
quelle je traite et je veux vivre aveque vous. Je sçay infailliblement |:la source
de la calomnie; c’est que le Nunce qui aspirant au chappeau de cardinal fait
tout ce qu’il peut pour envoyer au Pape des nouvelles agréables et affin de
donner plus de force et de poids à celle-cy, il l’a voulu appuyer de l’authorité
d’une personne si sage et si estimée que vous:|.
J’ay leu vostre letre à la Reyne qui l’a escouté avec plaisir, et en se réjouissant
|:des bonnes nouvelles qu’elle contient:| elle a fait réflexion sur celuy qui
travaille si utilement pour en acheminer les effets.