Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
80. Mazarin an d’Avaux Fontainebleau 1646 Juli 20
Fontainebleau 1646 Juli 20
Ausfertigung: AE , CP All. 79 fol. 66–70’ = Druckvorlage. Konzept: AE , CP All. 61 fol.
178–182. Kopie: AE , CP All. 77 fol. 137–144. Druck eines Auszugs: Mazarin , Lettres II
S. 306–308.
Reise der Herzogin von Longueville nach Münster. Friedenssehnsucht Mazarins. Hoffnung auf
Überlassung Philippsburgs. Aussicht auf ruhmreichen Frieden. Spanische Verhandlungsbereit-
schaft ; Anweisung, italienische Eroberungen zu bewahren. Positive Haltung zu eventueller nie-
derländischer Vermittlung. Haß der spanischen Gesandten auf Trauttmansdorff. Kontakte mit
Bagno und Nani. Keine Beunruhigung wegen abgefangener Briefe. Freude über die Einnahme
Courtrais. Schreiben Chigis an den Papst über angebliche Ablehnung von Mazarins Italienpolitik
durch viele Franzosen, darunter d’Avaux; Freundschaftsbeteuerungen. Angebote an Pauw und
Nederhorst. Orbetello.
Je remetray au mémoire commun la response de plusieurs choses que les vos-
tres du 2 e et du 9 e de ce mois contiennent, et me contenteray d’ajouster par
celle-cy que je ne suis point surpris |:des sentimens du comte de Trautmans-
dorff sur le voyage de madame de Longueville à Munster. La mauvaise opi-
nion qu’on a de nostre patience et qu’une longue durée de l’assemblée vous
feroit peur, a fait juger que le bruit de ce voyage estoit un artifice et une vaine
ostentation de nostre ferm eté, mais qu’en effet il ne se feroit point du tout, et
les ministres mesmes d’Espagne qui sont en Flandres, voyans laditte dame
arrivée à Charlesmont , doutent encores de la continuation de son voyage;
bien que j’aye avis de Bruxelles et de fort bon lieu qu’il y en a là qui asseu-
rent :| que les François ont changé de naturel; qu’ils n’ont plus l’inquiétude
dont ils avoient coustume d’estre travaillez, et qu’ils sçavoient s’attacher à la
gloire du maistre et au bien de l’Estat, sans se laisser emporter à leurs passions
particulières; |:ce qu’ilz voyoient par la conduitte des plénipotentiaires du
Roy qui estoient à Munster parmy lesquelz y ayant un prince de la naissance,
du mérite et de la fortune de monsieur le duc de Longueville, il paroissoit par
la résolution qu’il avoit prise de faire venir madame sa femme auprès de luy
qu’il se mettoit en estat de passer plustost sa vie à Munster que de céder rien
par impatience des choses qui regardoient l’honneur de Sa Majesté et les
avantages de sa couronne:|. Néantmoins |:si le comte de Trautmansdorff
veut et avec la créance qu’il a de son maistre et le crédit de porter Peñaranda à
suivre une partie de ses sentimens, il se peut délivrer en vingt-quatre heures
de scrupule qu’il a formé sur le voyage de madame de Longueville que nous
ne voulions pas la paix, veu que nonobstant les belles apparences que nous
avons de faire des progrez en plusieurs endroitz et que nous nous puissions
mesmes raisonnablement promettre que la ruine entière des Espagnolz se dé-
cidera cette campagne en Flandres:| si la |:guerre continue, nous sommes
prestz à mettre les armes bas à des conditions fort douces et de sacriffier:|
non seulement |:les espérances de l’avenir, mais de céder encores une partie
de ce que nous avons:|, et quand il n’y auroit autre chose, nous pouvons dire
|:que par la paix que nous faisons sans y comprendre le Portugal, nous don-
nons un royaume tout entier au roy d’Espagne:|, puisqu’il est certain |:que
quelque bonne opinion que les Portugais ayent de leurs personnes et de leurs
forces, s’il n’est diverty d’ailleurs, il n’aura pas beaucoup de peine à les ré-
duire :|.
Quant à moy je vous avoue comme à un de mes meilleurs amis, et à une
personne avec laquelle je traite avec plus de confiance, qu’encore que |:la
passion que j’ay pour la paix soit tousjours en moy de mesme force et qu’elle
ne souffre point d’augmentation:|, j’aurois une extrême joye |:si les progrez
de cette campagne:|, ainsi que je l’ay mandé il y a trois sepmaines, |:venoient
à estre arrestez par la conclusion de la paix. Le Turc, l’Angleterre, la religion
catholique et la gloire de donner tant d’avantages que chacun est persuadé
que la guerre nous apporteroit:|, à la considération de ces choses-là, sont des
motifs qui me chatouillent extrêmement |:et d’autant plus que le service du
Roy et le bien de l’Estat s’y rencontrent tous entiers:|.
Enfin, Monsieur, ce n’est pas une petite habilité |: que de quitter le jeu quand
on gagne, puisqu’on met son gain en seureté et qu’on peut comter ce qui
demeure entre les choses qu’on possède:|. Au nom de Dieu travaillez-y de
tout vostre pouvoir. Toutes choses y sont disposées |:et à vous parler naïve-
ment , dans l’estat où se trouvent les ennemis ilz doivent regarder la paix
comme la table de leur naufrage ou l’anchre sa[c]rée de leur salut:|.
Vous ne devez point douter que vous ne soyez avoué |:de toutes les avances
que vous fairez de ma part à Trautmansdor〈ff〉:|, et si vous jugez à propos
que pour agir plus utilement |:je vous escrive une lettre que vous luy pourrez
monstrer:|, vous n’avez qu’à me le mander.
Je vous recommande |:Philisbourg. Nous le recevrons comme une œuvre de
voy néantmoins l’affaire en si bonnes mains et si bien acheminée que quand je
me relascherois à le croire:|, ce ne seroit tousjours que sur de bons fonde-
mens .
Je ne sçaurois m’empescher de vous dire encore que bien |:qu’il ne se soit
jamais fait une paix plus glorieuse ny plus avantageuse pour la France que
celle qui est maintenant sur le tapis:|, une des circonstances qui en relè-
veront davantage le prix |:est qu’elle sera faitte telle durant la minorité d’un
roy:|.
Que cecy soit dit pour response à la vostre du 2 e de ce mois. Pour celle du 9 e
après vous avoir remercié des nouvelles que vous me mandez, je vous diray
que vous aurez pu voir que les avis que je vous ay donnez |:que vous auriez
dans peu de jours de bonnes propositions de la part des Espagnolz se trouvent
véritables, à quoy leurs ministres qui sont à Munster se portent d’autant plus
qu’outre les ordres qu’ilz en ont d’Espagne à cause du mauvais estat de ses
affaires en ce pays-là, ilz n’ont guères à espérer mieux en Flandres ny ailleurs
et que l’Empereur et le duc de Bavières ne sont pas moins résolus qu’ilz es-
toient de faire la paix dans l’Empire sans avoir esgard à leurs intérestz s’ilz
s’en esloignent:|.
Je voudrois bien vous pouvoir rendre le |:baiser que vous avez donné à Pau
pour les bonnes nouvelles qu’il vous a dittes:|; mais ce seroit tousjours avec
plus de tendresse, et sans faire le sérieux, comme vous avez fait fort prudem-
ment .
Je vous remerc〈ie〉 de ce que vous avez dit |:des costes de Sienne. Je vous
conjure de n’oublier rien pour cela en cas que nous nous y establissions; que
si tout le monde conjurant comme il semble contre nous pour l’empescher,
nous n’en pouvons venir à bout, il faudra prendre patience.
Pau a raison en ce qu’il dit touchant l’eschange des places. Vous en avez l’ or-
dre du Roy, et je voy bien que luy et Knut seront les meilleurs médiateurs que
nous sçaurions avoir pour conclurre une paix avantageuse avec l’Espagne:|. Il
ne faut point douter |:qu’ilz ne la pressent autant qu’il leur sera possible pour
gagner de trois costez, de celuy des Espagnolz, du nostre et de ce qu’ilz peu-
vent attendre de recognoissance de leur partie:|. Je croy que pour en venir là
|:ilz seront eux-mesmes les premiers à applanir les différens que nous avons
avec Messieurs les Estatz sur l’explication des articles contentieux des traittez
que nous avons avec eux:|.
Je suis d’autant plus content |:que la négotiation de ces messieurs se fasse
secrètement, que le Nunce du Pape et l’ambassadeur de Venise ne nous ont
point obligez à leur donner moyen d’acquérir de la gloire par le succez d’une
paix si nécessaire à la république chrestienne, et vous verrez par la copie de la
lettre que monsieur de Brienne vous envoye, de quelle façon Contarini en a
escrit à Venise. Il est vray qu’ayant sceu à Rome et à Venise que la France
n’estoit point contente de la médiation de ces deux ministres et qu’elle son-
geoit à faire la paix sans leur entremise, les principaux de ces deux cours
avoyent dit: „Hagase el milagro y hagalo el diavlo:|.“
Je ne vous dissimuleray point qu’un des motifs |:pour lesquelz je désire la
paix est la gloire que vous remporterez d’y avoir si dignement travaillé:|.
Il est impossible |:de haïr plus un homme que les ministres d’Espagne haïs-
sent Trautmansdorff:|. Il en croira ce qu’il luy plaira, |:mais il peut s’ asseu-
rer que s’ilz sont jamais en estat de le luy faire cognoistre, il en faira une
fascheuse expérience et apprendra à ses despens que ce n’est pas une bonne
raison pour les Espagnolz de dire qu’il faut servir son maistre avant toutes
choses, puisqu’ilz sont persuadez qu’on ne peut avoir de l’affection pour luy
si l’on ne sacriffie tous ses intérestz pour les leurs:|.
On n’oublie rien icy |:auprès du Nunce et de l’ambassadeur de Venise de ce
qu’il faut pour faciliter la négotiation de Munster et pour correspondre à la
fermeté qu’on y tesmoigne et faire voir qu’elle dérive des sentimens de la cour
comme de sa source:|. Il est vray que quelque soin que j’apporte |:pour en-
tretenir cette correspondance, il n’est pas possible d’empescher que quelques-
uns ne tiennent des discours fort différens, non qu’ilz manquent de zèle pour
le bien de l’Estat, mais pour ce qu’ilz croyent que les biais que nous prenons
ne soient pas les meilleurs pour y parvenir:|.
Les avis que vous me donnez sont fort bons. Je vous en remercie et j’en pro-
fiteray comme je doy; mais je vous puis asseurer |:que quoy que die Traut-
mansdorff les ennemis n’ont peu rien descouvrir par la prise de Grotius et par
les lettres intercepté[e]s qui puisse donner aux Suédois de l’ombrage et du
soubçon de nostre conduitte:|.
Je sçay ce que c’est que de recevoir de bonnes nouvelles quand on a une
négotiation entre les mains, et particulièrement quand les ennemis en ont
publié de contraires. C’est pourquoy je n’ay point de peine à croire la joye
que vous autres Messieurs avez eue, en recevant celle de la prise de Courtray,
qui est sans mentir aussi honteuse pour les ennemis, que glorieuse pour la
France.
|:Pour vous faire voir, Monsieur, que je traitte avecque vous à cœur ouvert, et
que je ne garde rien dans l’intérieur de l’âme qui vous regarde, dont je ne vous
fasse part, je vous diray que j’ay esté averty de Rome que le Nunce qui est à
Munster a escrit au Pape que la pluspart des François condamnoient la guerre
que nous avons portée vers les costes de Sienne et la manière avec laquelle
nous vivions avec le Pape, que Monsieur le Prince estoit de ceux qui en par-
loient plus hautement et qu’il tenoit cela de vostre bouche qui n’approuviez
pas cette entreprise et en parliez comme d’une chimère sortie de ma teste.
Vous pouvez croire que dans la confiance que j’ay prise en vostre amitié et
dans la part intime que je vous ay donnée dans la mienne, je n’ay receu cet
avis que pour le mespriser et sçachant d’ailleurs quel est vostre zèle pour
l’Estat, vous jugez bien par là que je suis incapable de présumer de vous
une chose non seulement contraire à ma réputation, mais encores très pré-
judiciable au bien des affaires de Sa Majesté, puisqu’il est vray que le Pape
flaté de ces avis et se persuadant que l’inclination de la pluspart des François
n’est point contraire au procédé qu’il tient envers nous, s’y fortiffie et s’y
obstine.
L’offre que vous avez fait à Pau est fort galante et a esté acceptée de bonne
grâce. Vous ne devez point espargner les civilitez et les caresses envers Nider-
horst , attendant que quelque conjoncture nous donne moyen de luy faire
recevoir des marques plus réelles et effectives de l’estime qu’on fait icy du
service qu’il rend à la France:|.
Hoffnung auf die Einnahme Orbetellos.