Acta Pacis Westphalicae II B 4 : Die französischen Korrespondenzen, Band 4: 1646 / Clivia Kelch-Rade und Anuschka Tischer unter Benutzung der Vroarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Michael Rohrschneider
50. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Juli 2
Münster 1646 Juli 2
Ausfertigung: AE , CP All. 61 fol. 95–100’ = Druckvorlage; PS teilweise eigenhändig. Konzept,
teilweise eigenhändig: AE , CP All. 66 fol. 150–157’. Kopie: AE , CP All. 77 fol. 35–43’.
Ergebenheitsadresse. Zusammenkunft mit Trauttmansdorff. Eintreffen der spanischen Vollmacht;
Fixierung der spanisch-niederländischen Vereinbarungen. Unterredung mit Nederhorst. Baldige
Abreise Noirmoints. Gefahr eigenständigen Handelns einzelner Provinzen der Generalstaaten.
Gerüchte über militärische Mißerfolge.
PS: Einnahme Courtrais.
Ich versichere Ihnen meine völlige Ergebenheit.
J’ay visité cette semaine le comte de Trautmansdorff et luy moy. Il évita de
parler d’affaires dans la première conférence, et le peu qu’il en voulut dire fut
mauvais, |:tellement que je m’en revins assés froid et mal édifié sans toutefois
luy en rien tesmoigner:|.
La visite qu’il m’a rendue a esté plus satisfaisante, |:quoyque le commence-
ment de son entretien fust tout plain d’amertume pour moy:|. Il conçoit de si
grandes espérances des affaires d’Espagne de tous costez que nonobstant la
retenue et la gravité qui luy sont comme naturelles, il fait son compte sur la
levée du siège d’Orbitello, sur la deffaitte de nostre armée navalle, sur la mar-
che d’une armée royalle pour secourir Lérida, et finalement sur la levée du
siège de Courtray avec grand péril d’y laisser le bagage et le canon. Il escouta
pourtant sans résistance le contredit que j’y apportay et la différence qui se
trouve de noz avis aux siens, mais je vis bien qu’il n’en croioit pas moins ce
qu’on luy mande de Flandres.
Il me demanda s’il est vray que madame la duchesse de Longueville se soit
mise en chemin pour venir à Munster, et après luy avoir respondu qu’ouy, il
s’en estonna. Il croit tout de bon que c’est un mauvais signe pour la paix, il
m’en avoit desjà parlé cy-devant de la mesme sorte jusques à s’enquérir s’il n’y
avoit point de moyen de destourner ce voiage; je ne sçaurois représenter à
Vostre Eminence, combien il fait de réflexion là-dessus. Il me dit sçavoir
d’ailleurs très asseurément que la France ne veut point de paix pour toute
cette campagne; je répliquay que s’il n’est pas mieux averty de Flandres et
d’Italie, il n’avoit nul sujet d’espérer un changement de fortune, et juray que
nous ferions la paix dans huit jours s’il vouloit y contribuer autant que nous.
Sur cella il vint à exagérer l’avantage des conditions qu’il nous offre, et le
deffaut de pouvoir pour en accorder d’autres, |:mais je le pressay si vivement
par l’intérest public et par le sien propre et le laissay si bien persuadé que
nous avons ordre absolu de retenir:| Philipsbourg qu’enfin il me proposa de
le desmolir, et j’ay eu aujourd’huy avis qu’il est en pensée d’offrir que cette
place demeure au Roy pendant la vie de cet électeur de Trèves, dont il préten-
dra que le consentement ne peut pas aller plus loin au préjudice de ses succes-
seurs en l’évesché de Spire
Der Kf. von Trier (s. [ nr. 7 Anm. 3 ] ) war zugleich Bf. von Speyer ( Abmeier S. 149).
son visage il passera encores plus outre:|. Et après toutes ces gradations il fera
de Philipsbourg comme il a fait de Brisach par le mesme ordre.
Ce n’est pas qu’il ayme cette manière d’agir en marchandant, et qu’il n’ayt à
mon avis bonne envie de conclurre, mais il est contraint d’user de ces remises
pour le respect des Espagnolz, auxquelz il faut faire voir comme il a disputé
pied à pied. J’ay cogneu cela clairement par son procédé en ce que l’ayant
réduit deux ou trois fois à ne se pouvoir plus deffendre que par de mauvaises
raisons, il se jetta autant de fois à l’escart et m’interrogea si nous ne voulions
pas nous accommoder aussy avec Espagne. Je l’asseuray qu’on ne demande
pas mieux en France que de faire la paix partout, mais que les Espagnolz n’y
tesmoignent aucune disposition de leur part et veulent mesmes empescher
que l’Empereur ne la fasse. Nous contestasmes quelque temps sur ce sujet, le
comte de Trautmansdorff disant qu’ilz se sont mis à la raison et que pour dire
la vérité c’est luy qui les a portez à nous faire une offre sy considérable, et
moy luy faisant voir que dans la prospérité de noz affaires l’on s’est beaucoup
relasché de proposer des tempérammens pour la Catalongne et le Portugal. Je
luy représentay aussy que les Espagnolz mesmes ne font pas la chose si diffi-
cile , et qu’en traittant avec les ambassadeurs de Hollande ilz ont consenty à la
trêve pour Cataloigne, mais qu’il n’estoit pas besoin d’expliquer leur dire ou
leur intention d’une autre manière (comme il faisoit) d’autant que nous som-
mes bien esloignez de les prendre au mot, s’ilz ne consentent la mesme chose
pour le Portugal. Enfin comme il continuoit à plaider leur cause sans se laisser
vaincre en quoy que ce soit, |:je luy dis que je l’admirois de ce qu’il rendoit si
constament le bien pour le mal:|, qu’en vérité je le trouvois de plus difficile
convention pour les intérestz du roy d’Espagne que pour ceux de l’Empereur
mesme, et que s’il avoit conduit de la sorte sa principale négotiation, je l’ as-
seurois en homme de bien qu’on en seroit encores au passeport pour les dé-
putez de Stralzund.
contredire en façon du monde, et je me trompe bien s’il ne s’en sert auprès
des plénipotentiaires d’Espaigne:|. Il ne feignit pas de me laisser cognestre
que |:ils luy sont à charge et d’avouer:| franchement ce que je luy disois
|:qu’il rendoit le bien pour le mal, mais il ajousta qu’il n’en fera pas moins ce
qu’il doit aux alliez de son maistre, se réservant:| seulement la liberté en la-
quelle il a tousjours |:vescu de ne point s’atacher aux fantaisies d’autruy. Il
proféra ces dernières parolles avec quelque sentiment, ce qui me donna lieu
de l’avertir comme en confience que les Espagnolz ne cessent point de luy
faire de mauvais offices:|. Il fit contenance de ne s’en mettre pas en peine, et
néantmoins après quelques discours il dit: „Je sçais bien |:quelque chose de
cela, mais ç’a esté avant trois mois, et je ne pense pas qu’il y ait rien de nou-
veau :|.“ Je juge que son opinion estoit que |:depuis la mort de l’Impératrice
les Espagnolz n’auroient osé se déclarer contre luy:|, mais je l’en destrompay
sur-le-champ et luy dis positivement que |:c’est depuis son dernier voyage
d’Osnabruk, voires mesme depuis trois sepmaines et luy en marquay quel-
ques endroits dont il demeura surpris et piqué sans se pouvoir desguiser:|.
Je creus, Monseigneur, que c’estoit un temps propre pour |:luy faire gouster
davantage ce que je luy ay dit cy-devant de vostre part. Je luy racontay
comme vous m’aviez fait l’honneur de me mander par deux diverses despes-
ches que vous estiez bien:| satisfait de ce qui se passe icy |:pour l’ establisse-
ment d’une bonne intelligence entre Vostre Eminence et luy après la paix et
que je n’avois rien avancé de vostre part que vous ne fassiez effectuer alors
pleinement:|. Le comte de Trautmansdorff en tesmoigna beaucoup de joie,
|:mit deux fois la main au chapeau pour remercier et dit pourtant avec quel-
que défiance et impatience qu’il ne sçavoit quand viendroit ce temps-là, mais
que très asseurément il vous servira:|, Monseigneur, |:avec affection et sans
aucun scrupule:|, puisque ce sera un grand bien pour toute la chrestienté
|:que l’Empereur et le Roy soient dans une parfaite union et amitié, à quoy il
s’employeroit de bon cœur:|.
Les plénipotentiaires d’Espagne ont fait sçavoir à ceux de Messieurs les Estatz
qu’ilz ont receu le plain pouvoir en la forme qui a esté concertée. Monsieur
Knut a fait aussytost rédiger par escrit tous les articles résolus entre eux
ilz ont desjà esté portez à monsieur Brun |:par le secrétaire de l’ambassade de
qui je le sçay:|. Il y en a soixante-dix. Ilz ne sont pas encores signez et ne le
peuvent estre sitost, d’autant qu’au moins cinq d’entre eux doivent signer les
actes et ilz ne sont à présent icy que quatre |:dont monsieur de Niderhorst est
un. Je l’ay exhorté à y faire difficulté et à s’en excuser envers ses collègues sur
la parolle qu’ils nous ont donnée de surseoir toute la négotiation avec les
Espagnolz.
Il m’a dit qu’il est arrivé à Bréda deux députez de Brabant pour faire des
ouvertures de paix ou de trêve, que madame la princesse d’Orange est mal
affectionnée à la France et a eu parolle avec monsieur d’Estrades et qu’on
pourroit la gaigner par argent; qu’il est désormais suspect à ses collègues et
qu’ilz ont fait depuis quelque temps plusieurs conférences avec Brun sans l’y
appeller:|; que Noirmont asseure que les princes d’Italie proposent une ligue
au roy d’Espagne contre la France; |:que son frère
mune oppinion parmy Messieurs les Estatz est conformément à celle de leurs
plénipotentiaires qu’ilz ne sont liez avec nous que pour le Pays-Bas, |:mais
que si la France insiste à l’exécution du traité de:| 1635, lesditz Estatz ne
peuvent se dispenser d’y faire la guerre jusques à ce qu’ilz en ayent chassé les
Espagnolz. |:Knut a dit icy sur ce sujet que:| leur obligation est telle, |:mais
que si la France prétendoit qu’elle fust acomplie de tout point il leur sera bien
aisé d’en éluder l’effet par leur lenteur en sorte que toutes les campaignes se
passent à rien faire:|.
Que le comte de Trautmansdorff leur disoit l’autre jour que les lettres de la
cour qui ont esté interceptées, quand le sieur Grossius
certaines choses touchant la jonction qui ne seront guères agréables aux Sué-
dois , et il a paru qu’il en fera son proffit, quand les plénipotentiaires de Suède
seront icy. |:Nous verrons de les prévenir selon qu’il sera jugé à propos:|.
J’ay demandé |:audit sieur de Niderhorst:| s’ilz ont recommandé l’affaire pa-
latine au comte de Trautmansdorff comme ilz ont fait à nous, il m’a respondu
que non pas encores et qu’ilz veulent une audience expresse de luy pour ce
sujet. |:J’ay pris occasion de luy dire que si monsieur le comte de Trautmans-
dorf y apporte quelque difficulté:| (comme sans doute il fera), |:ils peuvent
luy remonstrer:| qu’il ne s’y trouvera pas tant d’obstacles comme il s’imagine,
puisque mesmes les plénipotentiaires d’Espagne leur ont tesmoigné |:qu’on
rendra Frankandal
Palatinat. Il a reparti qu’il vaut mieux que dans la conférence il dise cela luy-
mesme au conte de Trautmansdorf que de s’exposer au refus s’il le proposoit
auparavant à ses collègues, mais il a résolu de les prendre à tesmoin[s], quand
il luy tiendra ce discours. Cela fera un bon effet pour les Bavarois, qui ont
peine à:| croire que les Espagnolz ayent parlé de la sorte, et servira encores à
faire voir au comte de Trautmansdorff que |:les ministres d’Espagne agissent
ouvertement contre les intérestz de l’Empereur, quand ils y treuvent le moin-
dre avantage du monde:|.
Noirmont a dit ces jours passez que quand le pouvoir d’Espagne seroit arrivé,
l’archevesque de Cambray et luy iront en Flandres, et que Peñaranda et Brun
offrent d’aller à La Haye pour achever leur traitté avec Messieurs les Estatz.
Ce qui est dit cy-dessus |:des députez de Brabant:| a grand rapport avec ce
dernier article, car non seulement |:monsieur le prince d’Orange est à Bréda,
mais aussi il y a nombre de Messieurs les Estatz et est à noter que le greffier
Mus
que cela luy vaudroit beaucoup:|.
Il demeure constant que la France a crédit et que son alliance est en respect
parmy Messieurs les Estatz Généraux composez comme ilz sont aujourd’huy.
|:C’est pourquoy il est bien important d’empescher qu’il ne se fasse des dépu-
tations extraordinaires par les provinces, comme Zélande a commencé ayant
choisy quatre personnes pour agir et résoudre avec toute authorité:| ce qui
s’offrira dans la négotiation de Munster.
Il semble que |:la Hollande qui a eu de tout temps une plus particulière liai-
son avec la Zélande en fera autant:|. Si les autres provinces suivent cet exem-
ple l’authorité de l’assemblée généralle qui est à La Haye |:en recevra grand
préjudice, et il est bien à craindre que nous n’y perdions encores davantage:|.
C’est chose un peu estrange qu’une telle nouveauté soit introduitte |:par la
province où monsieur le prince d’Orange est plus authorisé:|.
Pau est absent depuis deux jours et est allé recevoir sa femme
d’icy. |:Menersvic et Knut ont eu des nouvelles:| qu’on escrit d’Anvers et de
Gant que l’armée du Roy qui est devant Courtray a perdu un fort et beaucoup
de gens. |:Monsieur de Niderhorst leur disoit hier au soir pour descouvrir
leurs véritables sentimens:| que cella servira à nous mettre à la raison, et aus-
sytost |:ils luy tinrent de si estranges discours qu’il me vient de mander que
jusques-là il n’avoit pas connu le fonds de leur cœur et que j’en seray bien
surpris quand il m’en fera le rapport:|.
J’attens avec très grande impatience de sçavoir quelle aura esté l’issue de ce
siège. Les Espagnolz et Impériaux en parlent icy comme d’une victoire qui
leur est très asseurée, mais j’espère mieux et le demande à Dieu de tout mon
cœur.
PS: Soeben erhalte ich zu meiner großen Freude die Nachricht von der Einnahme
Courtrais.
|:Noirmont vient de porter cette nouvelle aux ambassadeurs de Hollande
avec une consternation incroyable et leur a demandé audience pour les Espa-
gnolz à demain matin, disant que s’ils ne concluent prontement leur traité
c’est fait de la Flandres:|. Il y a apparence que les Espagnolz |:leur reporte-
ront les articles tous signez. Je viens de suggérer au secrétaire Vanderburg:|
quelques expédiens pour |:remetre cette affaire au retour de leurs collègues et
pour ne rien précipiter:|.