Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
170. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 März 17
Paris 1646 März 17
Kopien: AE , CP All. 75 fol. 412–413 = Druckvorlage; überbracht nach Dorsal fol. 413’ durch
Saladin; AE , CP All. 64 fol. 101–103. Konzept Lionnes: AE , CP All. 59 fol. 390–392’.
Druck: Mém. et Nég. II S. 107–114; Nég. secr. III S. 130–132; Gärtner VIII S. 589–596.
Regest: Mazarin , Lettres II S. 730.
Ankunft und Bericht d’Estrades’ über die in Holland ausgestreuten Gerüchte eines spanisch- fran-
zösischen Sondervertrags. Verdächtigung des Prinzen von Oranien. Üble Einstellung Pauws. Per-
fidie der Spanier. Zuversicht in holländische Unterstützung des Tauschplans bei französischer
Zustimmung zur Verwirklichung des Teilungsvertrags von 1635. Rat, die Verhandlungen über
den Tauschplan den Generalstaaten zuzuschieben und mit einem französisch-holländischen Bünd-
nis zur Vertreibung Spaniens aus den Niederlanden zu drohen. Friedensbedürfnis der Spanier.
Abfallbestrebungen in ihrem Herrschaftsbereich. Unterstützung Hessen-Kassels.
Sur le poinct que Salladin est prest de monter à cheval, monsieur d’Estrade
arive qui ne m’a pas seulement confirmé tout ce qui est contenu dans mes
mémoires, mais y a adjousté beaucoup de particularitez des risques qu’a couru
monsieur le prince d’Orange pour avoir esté soupçonné par les Estatz d’avoir
eu cognoissance et donné les mains au prétendu traicté de paix entre la France
et l’Espagne aux conditions du mariage et de l’eschange, comme aussy de la
résolution que les Estatz ont esté sur le point de prendre de nous prévenir et
d’accepter les offres avantageuses que les Espagnolz leur faisoient sur la
croyance qu’ilz ont eue que nostre traicté fust desjà arresté ainsy qu’on les en
asseuroit par cent endroictz différens. Et ce qui est extrêmement à considérer
c’est que Paw avoit authorisé ce bruict en parlant aux principaux du pays
quoyqu’il l’ayt après désavoué au sieur Brasset.
Il est pourtant vray qu’il a dict publicquement que lorsque vous aultres Mes-
sieurs donnastes part de la proposition aux députez de Messieurs les Estatz,
ce fut en une manière peu distincte et de façon qu’il estoit aisé à cognoistre
que vous en réserviez plus que vous n’en disiez. Comme tout cela est sans
aulcun fondement ny apparence de vérité, il fault conclurre qu’il n’a pas
pour nous de meilleures intentions que pour monsieur le prince d’Orange;
mais avec des gens de cette sorte il est à mon advis mieux de dissimuler que
de leur faire des reproches inutiles qui les engagent à faire pis. Il me semble
pourtant qu’on ne doibt pas laisser de leur en couler quelque chose en pas-
sant à tous ensemble lorsqu’il sera de retour sans faire semblant de sçavoir
que c’est luy qui ayt tenu ces discours, exagérant seulement que c’est une
chose bien estrange que les artiffices des ennemis ayent crédit de faire courir
parmy les Provinces-Unies des bruictz sy contraires à la sincérité et à l’ affec-
tion avec laquelle Sa Majesté et ses ministres traictent avec Messieurs les
Estatz.
Parmy ce que monsieur d’Estrade m’a dict, j’ay considéré extrêmement la
meschanceté des ennemis, en ce que ce bourgeois d’Anvers que vous aurez
veu par sa lettre qui estoit employé par monsieur le prince d’Orange pour
faire dire à Castel Rodrigue qu’il devoit proposer quelque parti advantageux à
la France et à Messieurs les Estatz sans s’attendre qu’il pust jamais nous sépa-
rer , estant venu luy-mesme en personne à La Haye pour asseurer monsieur le
prince d’Orange que la paix estoit faicte, que l’on faisoit le mariage du Roy
avec l’infante, à qui l’on donnoit en dot les dix-sept provinces des Pays-Bas
avec tous les droictz, et que l’on rendoit la Catalogne et le Roussillon et ab-
bandonnoit le Portugal, que l’on rendoit aussy la Lorraine au duc Charles
moyennant deux places que Sa Majesté retenoit dans le pays, et diverses per-
sonnes envoyées soubz d’aultres prétextes par les Espagnolz arivèrent aussy
avec tous les mesmes advis.
Oultre cela, on avoit au mesme temps imprimé un livre qu’ilz ont débité
parmy toutes les provinces, dont le tiltre estoit: «Les Proffondeurs d’Espagne,
et le Mariage du Roy et de l’Infante avec les dix-sept provinces en dot
Je ne vous en diray pas plus de particularitez parce que je sçay que le sieur
Brasset vous les a mandées et d’Estrades aussy avant son départ de Hol-
lande
Brasset an Longueville, d’Avaux und Servien, Den Haag 1646 März 2, Kopie: BN, F. fr.
17898 fol. 174’–176; derselbe an dieselben, Den Haag 1646 März 6, Kopie: ebenda
fol. 187’–189’. D’Estrades an Longueville, d’Avaux und Servien, Den Haag 1646 März 2,
Kopie: AE , CP Holl. 36 fol. 91–91’; Druck (Regest): d ’ Estrades S. 300.
Je ne me suis pas trompé quand j’ay creu que le changement de monsieur le
prince d’Orange n’estoit pas tant dans la substance de la chose que dans la
manière de négotier; car monsieur d’Estrades m’asseure que mesmes après
tous ces bruictz ledict prince l’avoit entretenu longtemps pour luy persuader
que quoy que la France donnast pour faire cet eschange, il ne seroit pas com-
parable à beaucoup près à l’importance d’une telle acquisition.
Messieurs les Estatz luy avoient faict tesmoigner que si il pouvoit obtenir de
la France qu’on se tînt aux termes du traicté de 1635, toutes les Provinces-
Unies luy en auroient une extrême obligation, et il leur avoit respondu que la
paix se faisant de la sorte, ilz seroient obligez de remercier le Roy à genoux et
de faire aveuglément pour les alliances offensives et deffensives tout ce que la
France souhaittera d’eulx.
Monsieur d’Estrades s’est tesmoigné tousjours bien esloigné de cela, représen-
tant qu’il ne seroit pas juste que la chose passast par un accommodement
comme elle devoit faire sy l’on eust chassé les Espagnolz par les armes, et que
la Hollande sans y rien mettre du sien proffitast si notablement de ce qui
devoit appartenir à la France en faveur d’un mariage, et de la restitution d’un
pays qui n’est guières moins important en toutes façons que les Pays-Bas.
Ledict sieur d’Estrade pourtant me dist que si la chose en estoit réduicte là, il
croid asseurément que les Estatz la faciliteroient beaucoup, et que pouvans
avoir Anvers et quelque portion de pays aux environs, ilz se contenteroient.
Mais je passe plus oultre et à mon advis je croy qu’il seroit très advantageux
au Roy pour les raisons que j’ay desjà mandées de chasser en toutes façons les
Espagnolz des Pays-Bas et de la Bourgongne quand mesmes nous serions
obligez pour cela d’accorder à Messieurs les Estatz tout ce qui leur devoit
appartenir par le partage des conquestes dont aussy bien ilz ont desjà occupé
une bonne partie, estant asseuré que pour le moins nous les obligerions à
nous laisser Bruxelles, Malines et Louvain puisque le prince d’Orange en a
parlé en ces termes au sieur d’Estrades.
Et une raison qui paroist sans réplicque pour nous le conseiller c’est que les
pays que ledict partage nous donnoit vallent mieux en toutes manières que
ceux que nous leur rendrions en eschange, et à nostre esgard ilz vallent peut-
estre au double.
Il est donc certain que quand la France vouldra se résouldre à laisser aux
Estatz la portion qui leur vient par le partage, on ne doibt plus estre en peine
non seulement qu’ilz n’y consentent, mais qu’ilz ne le souhaittassent avec
passion sans qu’ilz ozassent nous refuser rien de tout ce que nous désirerions
de précautions nécessaires pour la conservation de la religion catholique à
laquelle mesme nous pourrions peut-estre dans une pareille occurrence pro-
curer des avantages dans les aultres pays qui sont desjà soubz leur domina-
tion .
Comme donc nous sommes asseurez du costé desdictz Estatz moyennant ce
pis-aller et que nous n’oublierons rien en Catalogne pour détromper les peu-
ples de l’impression qu’il ne fault pas doubter que les ennemis n’ayent en
mesme temps essayé de leur donner aussy bien qu’en Hollande que la paix
estoit faicte et qu’ilz estoient sacriffiez, c’est à vous aultres Messieurs à veoir
par quel biais on pourroit maintenant reconnoistre les intentions des Espa-
gnolz et les y disposer.
Pour cet effect je vous metz en considération s’il seroit bon de leur faire insi-
nuer que l’esclat qu’ilz ont faict de cette proposition n’a servy qu’à faire que
Messieurs les Estatz y ayent pris goust, et à leur en faire venir l’envie, consi-
dérant les grands advantages qu’ilz y peuvent rencontrer.
Et en mesme temps obliger les Hollandois s’il estoit possible à prendre au
mot les Espagnolz et à traicter eux-mesme l’affaire avec eux, affin que n’ es-
tant pas nous qui faisons la négotiation, nos ennemis ne pussent rien dire aux
Catalans qui nous pust porter préjudice, et affin aussy que les Hollandois
mesmes se confirment de plus en plus dans la sincérité de nostre procédé,
voyant qu’on leur remet entièrement la négotiation de ce party.
Et il feroit ce me semble un grand effect sy nous pouvions sy bien concerter
toutes choses avec les députez desdictz Estatz qu’ilz voulussent faire semblant
que nous arrestans à la manière de conclurre la paix que les Espagnolz eux-
mesmes ont divulguée, la France et la Hollande travaillent à faire un nouveau
traicté par lequel elles s’obligent de n’entendre jamais à un accommodement
que les Espagnolz ne sortent des Pays-Bas et de la Bourgongne, ou qu’ilz n’en
ayent esté chassez par les armes, ce que vous pourriez aussy Messieurs en
mesme temps insinuer aux médiateurs affin d’obliger par cette crainte les Es-
pagnolz à consentir à ce que nous désirons en cela.
Je ne sçay pas ce qui réussira de tout cecy, mais je sçay bien comme je vous ay
desjà mandé que leurs ministres mesmes les plus sensez sont persuadez que
rien ne leur peult estre plus avantageux que d’arrester à quelque prix que ce
soit par un accommodement le cours des progrès des armes de leurs ennemis.
Peult-estre que Dieu ne le permettra pas, mais toutes les apparences sont si la
guerre dure que ce sera pour leur plus grande ruyne, pouvant vous dire en
vérité qu’oultre la différence qu’il y a entre les préparatifs des uns et des aul-
tres ilz n’ont pas un royaume ny un Estat dont il ne soit venu icy des person-
nes proposer des moyens de révolte et de les faire tumber soubs la domination
de Sa Majesté sans excepter mesmes les Indes, puisqu’il est party un homme
exprès du Pérou pour venir dire les expédiens de faire cette conqueste avec
peu de monde. Je ne dis pas qu’on y songe, mais tant de divers nuages assem-
blez pourroient bien faire tumber une telle tempeste sur eux qu’ilz s’en treu-
veroient à la fin accablez faulte d’y avoir pourveu à temps en se mettant à
couvert de l’orage par la paix.
Quoyque ce soit aujourd’huy le départ de l’ordinaire, nous avons jugé à pro-
pos pour donner plus de poidz à ce que vous devez dire aux médiateurs d’ en-
voyer un courrier exprès qui face esclat dans l’assemblée.
Je mande au sieur Brasset
Mazarin an Brasset, Paris 1646 März 17 (2. Schreiben), s. [ nr. 169 Anm. 1 ] .
viendra générallement à sa cognoissance, particulièrement dans cette matière
de l’eschange.
Madame la Lantgrave a receu les quarente mil risdales de subside extraordi-
naire dont monsieur de Brienne vous avoit escript , et les effortz que l’on faict
pour fortiffier l’armée de monsieur le mareschal de Turenne contribuent ex-
trêmement à son avantage, sy bien que vous aultres Messieurs faisant de vos-
tre costé ce qu’elle peult désirer dans l’assemblée pour ses intérestz, il me
semble qu’elle a tout subjet de se louer de la France. Elle a désiré que je vous
escrivisse en sa faveur. Je vous prie de tesmoigner au sieur de Crosicq que je
n’y ay pas manqué quoyqu’il fust superflu.