Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
150. Mazarin an Longueville Paris 1646 März 7
Paris 1646 März 7
Kopie: AE , CP All. 75 fol. 358–362’ = Druckvorlage. Konzept Lionnes: AE , CP All. 59 fol.
347–349. Überbracht durch Coiffier. Druck: Mazarin , Lettres II S. 285–288, datiert: 1646
Februar 7.
Kritik an der Reaktion der Gesandten auf das spanische Angebot und ihrer Meinungsenthaltung
hinsichtlich der angemessenen Antwort darauf. Blanko der Königin. Geringschätzung des Ange-
bots . Entschlossenheit der Spanier, Frieden um jeden Preis zu suchen. Eventuelle französische
Zugeständnisse in den Niederlanden. Bitte um Einsatz für den Tauschplan. Hinweis auf nrs. 151,
156 und 157.
Je fais si grande estime de tout ce qui vient de vous et de messieurs vos collè-
gues que j’ay conclu qu’il y avoit des raisons qui m’estoient inconnues, quand
j’ay veu arriver un courier exprès avec grand esclat, sur une proposition qui
dans l’effet ne conclud rien, quoyque je ne doute nullement que dans l’ inté-
rieur , les Espagnols ne soient entièrement résolus à la paix, et à la faire à
quelque prix que ce soit, avant que la campagne commence.
Vous me permettrez donc, Monsieur, que comme à une des personnes du
monde que j’honore et estime le plus, je vous ouvre mon cœur avec ma liberté
et ma franchise acoustumée, et que je vous dise que les Espagnols ayant pris
soin de rendre la chose si publique, il ne semble pas qu’ils puissent avoir eu
pour encore d’autres visées que de faire leur dernier effort, pour donner jalou-
sie de nous à nos alliez, et particulièrement à Messieurs les Estats, et avoir la
vanité de faire paroistre dans le monde que les misères de la chrestienté, aux
maux de laquelle ils compatissent, sont le véritable sujet qui les convie à de-
mander la paix, et non pas la nécessité qu’ils en ont. Il auroit donc (selon mon
foible avis) esté bien à propos que sans tesmoigner de mépriser l’ouverture, on
eût fait connoistre aux médiateurs, qu’estant de soy vague, et à bien parler un
simple compliment, on ne devoit s’attendre qu’elle pût produire aucun effet
de considération, ny décisif, comme la chrestienté en a tant de besoin, et qu’il
vaudroit bien mieux mettre sur le tapis des expédiens réels et pertinens pour
conclure promptement un bon accord, puisque d’avoir dépesché un courier
icy, d’arrester là le cours de la négotiation jusqu’à son retour, monstrer de
faire grand cas de la déférence du roy d’Espagne, applaudir à l’ouverture que
ses ministres ont faite, et en attendre ensuitte les résolutions de la cour, tout
cela aura confirmé les médiateurs, et un chacun dans la croyance qu’elle aura
en effet plus de suite qu’il ne paroist qu’elle puisse avoir.
Mais ce que je vous avoue, Monsieur, qui m’a surpris le plus, ce n’a pas tant
esté de ne voir point dans vos dépesches un avis, ou particulier, ou général
que vous eussiez formé entre vous et messieurs vos collègues de la façon dont
vous estimiez qu’il falloit répondre; mais que vous vous soyez deffendu de
le donner, sur ce qu’il falloit pour le bien concerter avoir une grande connois-
sance de toutes les affaires du monde. Ce qui m’a fait entrer en soupçon que
vous m’eussiez fait le tort de croire que je vous cache quelque chose de ce que
je sçay, lorsque je puis vous protester véritablement, que quand je prens la
plume pour vous escrire, jamais je ne la quitte que je ne vous aye fait voir le
fond de mon cœur en toutes choses, sans la moindre réserve imaginable; tel-
lement que n’ignorant rien de tout ce qui vient généralement à ma connois-
sance , et ayant de plus que moy les lumières que vous fournit la pratique
journalière de tant de ministres de princes que vous voyez en original, où ils
ont moins de facilité à se déguiser, je juge avec raison que dans les affaires de
la paix, il n’y a point d’avis et de conseil que l’on puisse donner à Sa Majesté
dont elle doive faire tant de cas que du vostre; et pour vous monstrer que c’est
mon véritable sentiment, bien que nous vous mandions tout ce qui nous est
venu dans la pensée en ce rencontre, je n’ay pas laissé de prendre soin de faire
que Sa Majesté vous envoyra un blanc signé d’elle, afin que vous le puissiez
remplir de tout ce que vous jugerez à propos, ou conforme ou différend à ce
que l’on vous escrit; en quoy Monsieur, vous pourrez voir si Sa Majesté prend
une dernière confiance en vostre prudence, et en vostre affection.
Quant à l’honneur qui résulte à la personne de la Reyne de la déférence
qu’une monarchie si puissante luy rend, vous sçavez, Monsieur, si quand les
Espagnols ont voulu s’abaisser jusqu’à moy pour la mesme chose, ainsy qu’ils
le dirent à la reyne de Pologne, et que Castel Rodrigo l’a depuis fait escrire au
nonce qui est icy
S. [ nr. 35 Anm. 1 ] .
passant avec plus de secret, puisqu’ils offroient d’envoyer telle personne, et en
tel lieu que je désignerois, il y avoit bien plus d’apparence que aujourd’huy de
croire qu’ils marchoient sincèrement, et qu’il en pouvoit réussir quelque
chose de bon.
C’est tout ce que je vous diray, Monsieur, là-dessus pour satisfaire à la parole
que je vous ay donnée de ne vous déguiser jamais rien de mes sentimens, vous
conjurant en eschange de me favoriser en toutes rencontres des vostres, avec
la mesme franchise et sincérité, puisque je les recevray comme la plus vérita-
ble preuve que vous me puissiez donner de l’amitié que vous m’avez pro-
mis .
J’ay plus de sujet que jamais de vous confirmer ce que je vous ay desjà mandé
et à messieurs vos collègues, par mes quatre dernières dépesches , sur la néces-
sité des Espagnols, et sur la résolution qu’ils ont prise de sortir d’affaires à
quelque prix que ce soit, et sur ce fondement j’oserois quasi vous asseurer que
nous aurons perdu tous nos préparatifs pour la campagne prochaine; quoyque
l’on ne laisse pas de travailler continuellement pour les augmenter de tous
costez. Peut-estre que la passion que j’ay de voir réussir au plus tost une af-
faire si glorieuse pour le Roy, et si avantageuse pour la France, me fait croire
les choses plus avancées qu’elles ne le sont en effet; mais je réplique de nou-
veau qu’il me semble de voir si clair dans l’estat où sont les ennemis, et dans
les résolutions qu’ils doivent prendre, s’ils n’ont perdu le jugement, que vous,
Monsieur, secondé de messieurs vos collègues, poursuivant avec l’adresse que
vous avez fait jusqu’icy, et avec la mesme fermeté, à présent que vous estes sur
le point d’en recueillir le fruit, je tiens pour certain que nous ne serons pas à la
fin d’avril que vous ne nous donniez la nouvelle d’une paix aussy avantageuse
à vostre patrie qu’elle rendra immortelle vostre gloire à toute la postérité. On
peut aussy faire un jugement bien fondé de l’estat où sont nos ennemis, par le
soin qu’ont pris les médiateurs de vouloir nous engager, au cas que l’offre de
laisser les choses comme elles sont, soit acceptée, à ne prétendre pas de retenir
les conquestes qui ont esté faites du jour que nous en fismes la proposition;
puisque nous n’avons pris depuis que Bourbourg, Link, Béthune, Saint- Ve-
nant , Lilers, La Mothe-aux-Bois, Lens, Armentières, Warneton, Menene,
Rose, et Balaguier
Orléans hatte im Juli 1645 die Festung Link, im August Bourbourg, Saint-Venant an der Lys
und Béthune eingenommen; Rantzau und Gassion hatten im Herbst 1645 Lillers, La Mothe-
aux -Bois, Lens, Armentières, Warneton und Menin erobert ( Chéruel II S. 79, 82, 84). Zu
Rosas s. [ nr. 18 Anm. 2 ] ; die Festung Balaguer in Katalonien hatte am 20. X. 1645 vor Har-
court kapituliert ( Chéruel II S. 78).
consentir à les rendre; mais pour le reste quand le paix ne dépendroit plus que
de cette restitution, et qu’après avoir fait tous nos efforts inutilement pour le
parti d’eschange, et puis pour retenir tout, et ensuite pour les eschanger à
quelques autres près de Péronne qui nous accommodassent, et que la conclu-
sion de la paix en fût à cela près, je ne pense pas que personne conseillât à la
Reyne de laisser imparfaite une si bonne œuvre, pour s’obstiner à ne vouloir
pas rendre ces choses, démolissant les fortifications que nous y avons faites.
Mais au nom de Dieu, pour l’avantage de la France, pour vostre gloire, et
pour l’amour de moy, appliquez, Monsieur, je vous supplie tous vos soins, et
toute vostre industrie pour faire réussir le parti de l’eschange, vous asseurant
qu’à mesure que la campagne approchera, l’envie de la paix redoublera aux
ennemis, qui reconnoistront de plus près le péril dans lequel ils sont, et que
moyennant les Pays-Bas, qu’ils sont à la veille de perdre, ils peuvent mettre
tout le reste à couvert, et leur monarchie en seureté, et quoy que Trautmans-
dorff dise contre cela, la nécessité que l’Empereur a de la paix n’estant pa 1
moindre que celle qu’en a l’Espagne, il sera obligé aussy bien que les autres à
changer de langage.
Je vous escris une lettre à part, comme fait Monsieur, et Monsieur le Prince ,
en réponce des vostres, que vous puissiez si vous le jugez à propos, monstrer
aux médiateurs, afin qu’ils reconnoissent, et puissent tesmoigner à nos parties,
en quelle union, et en quelle conformité d’opinions, sont les principales per-
sonnes qui ont l’honneur de composer le conseil du Roy.