Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
147. Memorandum Serviens für Lionne Münster 1646 März 3
Münster 1646 März 3
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 75 fol. 347–351’ = Druckvorlage.
Briefwechsel Mazarins mit del Palagio. Nutzen der Mission Saint-Romains. Beschwerden über
d’Avaux. Grundsätzliche Beratungen der Generalstaaten über Krieg oder Waffenstillstand. Posi-
tiver Eindruck des Angebots einer Türkenhilfe auf die Mediatoren. Geringes Interesse der hollän-
dischen Kriegsanhänger an der Eroberung der spanischen Niederlande. Realisierbare Gebietsan-
sprüche Frankreichs. Sonderzulagen. Geringschätzung des spanischen Angebots durch Trautt-
mansdorff . Bayern. Rat zur Ablösung La Bardes. Separatbillet: Empfehlung La Courts für den
Osnabrücker Posten. Unterhaltung von Geheimverhandlungen mit Bayern vorteilhaft. Erfolg-
losigkeit d’Avaux’ in Osnabrück.
Il y a trop longtemps que j’ay l’honneur de cognoistre la prudence et la prae-
voyance de Son Eminence pour avoir douté qu’elle n’ayt bien voulu que ses
lettres fussent monstrées au nunce et à Contarini par Palagio, mais il a esté de
mon devoir de faire sçavoir à Son Eminence comm’ils en avoient usé afin
qu’elle jugeast de leur intérieur.
Pour le voyage de Saint-Romain en Suède, je puis répondre à Son Eminence
qu’il n’a fait jusqu’icy que de bons effects et que nous en espérons encor d’ au-
tres par son retour, tant pour réformer un peu la conduite des plénipotentiai-
res qui sont icy que pour les obliger à nous parler plus ouvertement de leurs
desseins, nous ayans traités jusqu’icy avec moins de confidence en toutes cho-
ses que les ennemis. D’ailleurs Son Eminence considérera s’il luy plaist que je
ne puis pas empescher les résolutions quand je suis seul en mon advis, et que
quelquefois je ne résiste que trop (ce qui n’est pourtant pas arrivé en cette
ocasion où je confesse d’avoir fait librement céder mon intérest particulier à
celluy du public). Son Eminence aura peu remarquer que quand monsieur de
Longueville et moy avons escrit seuls à la cour , nous n’avons parlé ny de la
trêve ny de la Lorraine que pour en combatre fortement la proposition. Nous
sommes trois jours enfermés toutes les sepmaines pour faire une dépesche qui
ne devroit couster qu’une heure et où l’on n’en employeroit pas davantage si
monsieur d’Avaux n’y estoit point. Mais quand il ne peut combatre les pro-
positions , il les arreste et dit chaque fois qu’il ne faut pas priver le conseil de
la cognoissance des affaires, alléguant l’intérest de Son Altesse Royale et de
Monsieur le Prince. Néantmoins la pluspart du temps j’entraîne monsieur de
Longueville avec moy, mais il est fascheux d’avoir sans cesse à contester pour
des vétilles, et je suis fort asseuré que si Son Eminence sçavoit dans quelle
contrainte il faut vivre avec cest homme qui est tout superficiel et la conti-
nuelle complaisance qu’il faut que j’aye pour ne rien gaster, elle auroit quel-
que compassion de moy, principalement la chose durant depuis trois ans et ne
voyant point encor quand il y aura de fin. Je ne croy pas que soubz le ciel il y
ayt un homme si incommode. Quelquefois nous sommes pressés d’affaires
importantes qui demeurent en arrière par sa longueur. Si je propose pour
n’employer pas toute une sepmaine à escrire que chacun minute une partie de
la dépesche, ou que monsieur d’Avaux la fasse toute, ou que ce soit moy ou le
secrétaire, il ne veut ny l’un ny l’autre, et veut que nous soyons aeternelle-
ment assemblés comme si l’escriture qui n’est qu’un accident à nostre négotia-
tion devoit estre nostre unique occupation. Cependant il se forme des cabales
que nous pourrions dissiper, il se prend des résolutions dans l’assemblée des
estats que nous pourrions rendre plus favorables si nous y avions plus d’ apli-
quation . Il semble que nous avons bien servi le Roy quand nous avons achevé
nostre dépesche pour la cour. Je n’ay pourtant empesché jusqu’icy aucune des
choses qu’il a voulu faire affin d’avoir la paix et tascheray de continuer jus-
qu ’à la fin avec l’ayde de Dieu, sinon que Son Eminence m’ordonne le
contraire, auquel cas j’obéyray tousjours aveuglément sans autre considéra-
tion que de luy plairre.
Nous aprenons de bon lieu que Messieurs les Estats délibèrent à La Haye de
ce qu’ils doivent faire dans cette négotiation tout de mesme que s’il n’y avoit
point de traité de confoederation avec la France qui eust reiglé toutes choses.
Les uns veullent absoluement continuer la guerre et on croid que c’est l’advis
de monsieur le prince d’Orenge. Les autres veullent faire la trêve conjointe-
ment avec la France.
Quelques-uns passent jusqu’à la vouloir conclure promptement sans l’ inter-
vention de la France et si on ne défère à leur opinion veullent empescher
qu’on ne mette cette année en campagne, qui seroit la pyre de toutes les réso-
lutions . Car qu’ils nous forcent contre gré à la continuation de la guerre, il y a
aparence que nous en tirerons quelque avantage dans les Pays-Bas et en toutes
façons ce sera peut-estre nostre bien. Quant [à ce] qu’ils ne veuillent faire ny
paix ny guerre, c’est-à-dire ny s’accomoder, ny mettre en campagne, affin que
toutes les forces des ennemis nous tumbent sur les bras, ou que nous nous
consumions en dépense sans pouvoir continuer nos progrès, c’est une propo-
sition envieuse et maligne qui témoigne bien que le souvenir des obligations
extrêmes receues de la France, augmentées par de grands effortz la dernière
campagne, ne demeurent pas longtemps ou font très peu d’impression dans
l’esprit de ce peuple. On croid bien que le plus grand nombre ne sera pas de
cest advis, mais il ne laisse pas d’estre fascheux de voir mettre en délibération
chaque année de semblables choses parmy des alliés qu’on a tant obligés et
sur la fidélité desquels il seroit juste qu’on pust faire un plus asseuré funde-
ment .
On ne sçauroit bien exprimer combien d’impression a fait dans l’esprit des
médiateurs l’offre de contribuer pour le service de l’Empereur contre le Turc
pourveu que nous ayons ce que nous avons demandé. Quoyque ce ne soit pas
leur coustume d’exaggérer nos offres qu’ils font tousjours semblant de treuver
trop petites, monsieur Contarini redit plusieurs fois que celle-là estoit très
considérable.
Il est bien à craindre que les raisons qui font croire parmy les Provinces-
Unies qu’on y doit perpétuer la guerre n’empeschent ceux qui sont de cest
advis de contribuer syncèrement à la conqueste des Pays-Bas quand on le
pourroit faire, de crainte que cela finissant la guerre pour jamais ne jettast les
Provinces-Unies dans les inconvénients qu’elles apréhendent quand l’ apré-
hension des ennemis ne leur fournira plus subjet de demeurer armées et de
lever des contributions.
Nous voyons quelque aparence moyennant les adoucissements que Son Emi-
nence nous a ordonnés de faire en nostre demande dans l’Empyre de pouvoir
praetendre la Haute-Alsace, et du costé des Espagnols en rendant la Cataloi-
gne de garder le Roussillon, y comprenant Rozes, et ce que le Roy tient en
Flandre en y adjoustant mesme quelque chose de plus pour reigler les limites
de nos conquestes par des rivières, mais comme cela est encore incertain et
que peut-estre aussy nous pourrons faire quelque chose de mieux, je n’en
parle que pour faire sçavoir à Son Eminence tout ce qui vient à ma cognois-
sance par conjecture ou autrement.
Unterstützung der Bemühungen d’Avaux’ um Sonderzulagen.
Il nous a paru clairement par les discours de Trautmensdorf qu’il ne fait pas
grand cas de l’offre des Espagnols dont ils font tant de bruit et qu’il ne le
croid pas un moyen propre pour terminer les affaires. Il nous en a parlé
comme l’excusant plustost que le louant et nous a dit qu’on n’avoit pris cette
résolution en Espagne que sur l’instance qui en a esté faite par le nunce de
France lequel on n’a pas deu croire l’avoir faite sans charge ou du moins sans
avoir recogneu que la chose deust produire quelque bon effect. Trautmens-
dorf a adjousté que Pigneranda luy avoit dit qu’en attendant la response de la
Reyne, il ne pouvoit avec bienséance entrer en négotiation sur la mesme af-
faire pour ne changer pas de batterie et pour ne détruire pas la déférence
qu’ils avoient rendue à Sa Majesté, ce qui faist voir que l’opinion de Traut-
mensdorf est qu’il eust esté plus utile d’entrer icy en matière que de faire ce
compliment qui ne fait que retarder les affaires. Il témoigna quelque estonne-
ment quand nous luy dismes qu’il nous falloit trois sepmaines pour avoir la
response de la Reyne. Il y a aparence que pendant ce délay il ne s’expliquera
pas franchement sur nostre satisfaction dans l’Empyre et qu’il en a donné
parolle aux Espagnols. Cependant il agist en habile homme, n’oubliant rien
pour nous faire diminuer nos praetentions et avançant autant qu’il peust les
autres affaires qui nous peuvent presser en nous donnant jalousie.
L’affaire de Bavière est aujourd’huy la plus importante délibération qu’il y ayt
à faire.
Monsieur de La Barde est fort honeste homme et plein d’honneur, mais il est
à Osnabrug sur des espaves et n’y a rien qu’il ne voulust avoir donné pour en
estre retiré. Il ne sort point de son cabinet et ne boit que de l’eau. Il faudroit
un homme qui fust tousjours en conversation parmy les députés de l’Empyre
et qui bust quelquefois avec eux. Il est certain que c’est le meilleur moyen en
ce pays de faire réussir les affaires. Si le traité va en longueur il demandera son
congé. S’il se conclud il y aura encor plus de peyne à le retenir icy pour l’ exé-
quution . Cela jettera les affaires d’Allemagne entre les mains de Saint- Ro-
main , à quoy monsieur d’Avaux vise pour en demeurer tousjours le maistre.
Si Son Eminence l’a agréable, je n’ay rien à dire, mais si elle juge à propos de
l’éviter, il faudroit y penser de bonne heure. En contentant dès cette heure
monsieur de La Barde, on pourroit remplir la place d’Osnabruc de quelque
honeste homme, créature fidelle de Son Eminence, auquel les affaires tumbe-
roient après nostre départ d’icy. Je vous suplie d’y faire songer Son Emi-
nence .
Separatbillet: Empfehlung La Courts für den Osnabrücker Posten. Il parle latin,
il ayme la conversation et faira bien son devoir à boire quand il sera nécessaire
pour le service du Roy. Persönliches Interesse Lionnes und Serviens an dieser
Wahl.
Il n’y a rien où je me treuve plus en peyne de dire mon advis que sur le traité
particulier avec Bavière. Si l’on peut faire la suspension générale, elle fait ces-
ser toutes les difficultez, mais si ell’est encore différée pour quelque temps
comm’il est à craindre, je ne sçay quelle conduicte on peut tenir avec Bavière.
D’un costé il est fascheux d’agir hostilement contre un prince qui est celluy
de toute l’Allemagne qui a plus de bonne volonté pour la France et qui agist
plus favorablement pour elle dans cette négotiation. Nous n’avons les armes à
la main que pour obtenir une paix avantageuse. Il la désire autant que nous et
y contribue tout ce qu’il peut. De luy faire mettre les armes bas, il ne nous
seroit pas avantageux si ses troupes passoient au service de l’Empereur, ce
qu’il seroit malaisé d’éviter quelque soin qu’en prist le duc de Bavière. De le
faire déclarer ouvertement contre l’Empereur, il est vray que c’est un seuil
bien périlleux pour un homme de son aage sur le point d’un traité d’ abandon-
ner le parti qu’il a suivi toute sa vye sans considérer ny ses obligations ny ses
sermens.
D’autre costé nous ne pouvons établir une bonne intelligence avec luy qui
empesche l’action de l’armée du Roy sans renouveller les soupçons et les
plaintes de nos alliés et leur fournir un praetexte que peut-estre ils cherchent
de faire leurs affaires sans nous. Si nous leur donnons part de ce qu’on veut
traiter avec Bavière, ils l’empescheront à leur ordinaire ou du moins en retar-
deront la conclusion, ce qui ne nous délivrera pas de la peyne où nous serons
aussytost que la saison permetra de mettre les armées en campagne.
Parmy tous ces inconvénients le parti le plus seur en attendant si on pourra
parvenir à la suspension générale, est d’entretenir la négotiation avec Bavière
sur la recherche qu’il en fait et pour voir ce que le temps produira, luy de-
mander qu’il déclare soubs quelles conditions il entend faire ce traité particu-
lier puisqu’il a refusé celles qu’on luy a desjà proposées et qu’il a répondu
qu’il y a des choses qu’on veut exiger de luy qui ne sont pas en son pouvoir. Il
est raisonable qu’il s’explique le premier de ce qu’il peut faire. Il est très né-
cessaire que la chose soit conduite avec secret, dextérité et grande circonspec-
tion avant que se résoudre, ayant affaire icy avec des alliés extrêmement mef-
fiants qui devinent les affaires avant qu’elles soient arrivées. Nous n’avions
pas encor receu la dernière dépesche de Son Eminence qu’ils nous avoient dit
qu’ils estoient informés de bon lieu qu’on devoit bientost faire de nouvelles
propositions à la cour de la part du duc de Bavière.
Comm’il seroit dangereux de conclurre un traité secret avec luy sans la parti-
cipation des alliés, il ne seroit pas utile de luy en oster toute espérance. On
peut tirer avantage d’entretenir une négotiation confidente avec luy affin que
si les Suédois et les protestants d’Allemagne vouloient sortir d’affaires sans
nous avec l’Empereur nous ayons moyen ou de l’empescher par son assistance
ou de traiter avec luy pour former un autre parti, n’y ayant pas aparence que
l’on puisse contenter les Suédois et les protestants sans désobliger Bavière qui
est l’objet de leur jalousie et de leur haine.
Monsieur d’Avaux envoye aujourd’huy une seconde relation de son voyage
d’Osnabruc pour faire voir qu’il y a fait de merveilles, cependant il est revenu
sans résolution sur aucun des points pour lesquels il y avoit esté envoyé. Il
nous avoit raporté que les estats délibéreront sur la satisfaction des couronnes
en mesme temps que sur leurs griefs. Ceux d’Osnabruc ont escrit depuis deux
jours une lettre à ceux d’icy qui porte tout le contraire, dont nous serons
contraints de vous donner advis conjointement au premier jour .