Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
127. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Februar 23

29

Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien


30
Paris 1646 Februar 23

31
Kopien: AE , CP All. 63 fol. 402–414 = Druckvorlage; AE , CP All. 75 fol. 280–285’. Konzept
32
Lionnes, datiert: 1646 Februar 24: AE , CP All. 59 fol. 263–273. Druck: Mém. et Nég. I
33
S. 353–379; Nég. secr. III S. 75–81; Gärtner VIII S. 284–310. Regest, datiert: 1646 Februar 24:
34
Mazarin , Lettres II S. 723–724.

35
Positive Versicherungen La Thuilleries hinsichtlich Aufrichtigkeit und Bündnistreue der Schwe-
36
den . Vor- und Nachteile der Mission Saint-Romains. Nützlichkeit der Reise d’Avaux’ nach Os-
37
nabrück . Geringe Friedensneigung der Schweden. Interesse Frankreichs an einem Waffenstill-
38
stand im Reich oder einer Waffenruhe mit Bayern. Erwartung spanischer Angebote. Gründe Spa-

[p. 444] [scan. 526]


1
niens , Frieden um jeden Preis zu suchen. Tauschprojekt. Alternative zum Tauschprojekt. Unab-
2
dingbarkeit eines Waffenstillstands für Katalonien und für Portugal. Eventuelle Lösung der
3
Frage des 9. Artikels. Äußerungen des Prinzen von Oranien. Absicht Peñarandas, die Gesandten
4
der Generalstaaten durch Geldzahlungen zu gewinnen. Ungünstige Entwicklung in England. Be-
5
mühungen Chigis um die Wahrung des Einvernehmens zwischen Bayern und dem Haus Öster-
6
reich . Interesse der Spanier am Tod des Kurfürsten. Zahlungen an Trauttmansdorffs Sohn. Ge-
7
schenke für die schwedischen Gesandten. Direkte Verhandlungen mit den Kaiserlichen als Kom-
8
promiß in der Auseinandersetzung um die Zulassung La Bardes. Rat zur Hervorhebung der üb-
9
len Lage der Spanier. Neutralitätsangebot Triers an Spanien. Ratifikation des Vertrags mit Trier
10
und Abänderung des 1. Artikels. Krankheit Piccolominis. Unzuverlässigkeit Karls von Lothrin-
11
gen . Bitte um Vorschläge hinsichtlich seiner Behandlung im Frieden. Widersprüchliche Anträge
12
des Residenten von Parma. Ankunft Kardinal Barberinis erwartet. Noch keine Anzeichen für
13
eine Verständigung mit dem Papst. Hinweis auf Beilagen 2 und 3.

14
J’ay receu Messieurs vostre despêche du 10 e du courant, et ay un extrême
15
déplaisir d’apprendre que tant s’en faut que les Suédois songent à réparer le
16
tort qu’ilz ont de nous à exclurre monsieur de La Barde de leurs conférences,
17
quoyqu’ilz soient formellement obligez par un traitté public de l’y admettre,
18
qu’au contraire ilz nous donnent tous les jours de nouveaux sujetz de mescon-
19
tentement et de soupçonner leur fidélité. Il est vray que je me metz l’esprit en
20
repos là-dessus quand je fais réflexion en quelz termes monsieur de La Thuil-
21
lerie nous parle de la sincérité des intentions de la reine de Suède et nous
22
asseure de l’affection qu’elle et tout son conseil, tant le connestable de la
23
Garde

43
Jakob Pontusson de la Gardie (1583–1652), schwed. Reichsmarschall ( SMK II S. 232f.).
et ses amis et adhérens que le chancellier Oxenstiern et les siens, ont
24
unanimement pour cette couronne, et de la fermeté avec laquelle ils tesmoi-
25
gnent avoir résolu de conserver ensemble une estroitte intelligence sans vou-
26
loir jamais escouter aucune proposition des ennemis qui tende à les séparer de
27
nous, quelques avantages qu’ilz pussent y rencontrer, ne pouvant m’imaginer
28
que ledit sieur de La Thuillerie qui est si adroit et si sensé n’ait bientost cognu
29
au vray si ces protestations n’estoient que sur les lèvres et non pas dans le
30
cœur. Enfin je dissipe une bonne partie de mes ombrages quand je considère
31
que la réputation des Suédois n’y est pas seulement engagée, mais qu’il est de
32
leur bien et de leur intérest particulier de garder religieusement l’union qu’ilz
33
ont avec cette couronne.

34
Vous aurez veu par ma précédente dépesche

44
Nr. 115.
ce que je vous marquay tou-
35
chant le voiage de monsieur de Saint-Romain à la cour de Suède. Je demeure
36
d’accord qu’attendu tant de sujetz de plainte différens que les ministres de
37
Suède nous donnent chaque jour injustement, que reconnoissans qu’ilz sont
38
capables de s’enorgueillir à tel point des recherches de noz ennemis que leur
39
hauteur nous deviendroit à la fin insuportable et voiant de plus le péril auquel
40
nous serions tousjours exposez que lesdits ministres se laissans flatter à de
41
belles propositions que noz ennemis leur feroient sans doute continuellement

[p. 445] [scan. 527]


1
pour les séparer de nous, s’y accoustumeroient en sorte et se les rendroient si
2
familières qu’ilz pourroient s’y engager insensiblement et les persuader mes-
3
mes aux supérieurs dont ilz dépendent; tout bien considéré, et que d’ailleurs
4
monsieur de La Thuillerie estoit sur le point de s’en revenir, j’estime avec
5
vous que la présence de monsieur de Saint-Romain à Stocholm pendant quel-
6
que temps pourra dissiper tous les nuages qui nous troublent, servira à raffer-
7
mir la bonne intelligence et à faire envoier à Osnaburg tous les ordres que
8
nous pouvons désirer.

9
Ce qui seulement nous doit donner um peu de peine et à quoy il faut essayer
10
de remédier le mieux qu’il se pourra, c’est que selon mon sentiment nous ne
11
pouvons pas recevoir tant de préjudice des différens qu’il y a entre vous autres
12
Messieurs et les ministres de Suède comme de la connoissance qu’en auront
13
eu les ennemis, rien n’estant plus capable de les encourager à renforcer leurs
14
batteries auprès d’eux qu’un semblable desconcert lorsqu’ils l’auront sceu et
15
quand mesmes tous leurs soins ne produiroient aucun des effetz qu’ils se pro-
16
mettent , cella ne laissera pas de nuire à la conclusion de la paix puisqu’il est
17
certain qu’il ne faut point s’y attendre tant que noz parties auront le moindre
18
rayon d’espérance de pouvoir faire un accommodement particulier avec noz
19
alliez.

20
C’est aussy une des plus fortes raisons qu’il me semble qu’on doit dire aux
21
ministres de Suède parce que s’ils n’ont pas envie de nous faire une infidélité
22
complète, ce que je ne puis me persuader, ou de continuer la guerre, il est
23
indubitable que pour terminer les affaires promptement rien n’est si nécessai-
24
re que de destromper les ministres des ennemis et Trautmansdorff le premier
25
de l’attente d’un accommodement particulier à quelques conditions qu’ils le
26
puissent offrir; et j’oserois bien respondre de ma vie que si les ministres de
27
Suède et ceux de Holande faisoient cette protestation en bonne forme comme
28
leur devoir et leur intérest mesme les y obligent, trois semaines ne se passe-
29
roient pas après cella que l’on n’eust ajusté du moins tous les pointz princi-
30
paux qui sont nécessaires pour faire bientost jouir la chrestienté du repos
31
dont elle a tant de besoin.

32
Mais pour revenir à l’envoy du sieur de Saint-Romain, je considère encores
33
qu’il est impossible qu’il n’aye despleu à messieurs Oxenstiern et Salvius
34
comme aiant pour but d’aller descrier leur conduitte, si ce n’est peut-estre
35
qu’entre eux ils ayent esté de différens sentimens. Il est donc à croire qu’ils
36
auront tasché en mesme temps de chercher avec soin toute sorte de raisons
37
pour appuyer ce qu’ils ont fait et se faire avouer; et en ce cas ou leur procédé
38
sera approuvé en Suède et nous aurons le déplaisir de le voir soustenir avec
39
peu de réputation pour la France qui s’est engagée si avant au contraire, ou
40
leurs supérieurs les blasmeront, et eux estans mortifiez de la sorte il sera ex-
41
trêmement à craindre qu’ils ne recherchent d’autres occasions de s’en vanger
42
dans la suitte du traitté; et assés malaisé que vous autres Messieurs puissiez
43
bien restablir la confiance et l’union qui est si nécessaire pour le bien de la
44
cause commune dans une négotiation si importante comme est celle de la

[p. 446] [scan. 528]


1
paix générale. Néantmoins je ne vous mande tout cecy que parce que j’estime
2
à propos de songer de bonne heure aux inconvéniens qui peuvent arriver affin
3
d’avoir le temps d’y apporter toutes les précautions et les remèdes qui peu-
4
vent les divertir, à quoy je vous prie de tenir la main.

5
Le voiage de monsieur d’Avaux à Osnaburg a esté résolu très prudemment
6
sur le prétexte de la proposition que les médiateurs ont faitte d’une suspen-
7
sion d’armes en Allemagne. Car en effet il y a grand lieu de soupçonner quel-
8
que chose à nostre désavantage de l’instance que font les estatz d’Osnabrug
9
que leurs griefz et les intérestz de l’Empire en général soient vuidez et termi-
10
nez avant que l’on parle de la satisfaction des couronnes, d’autant plus qu’elle
11
est secondée de Trautmansdorff et que les ministres de Suède qui par tant de
12
raisons doivent s’y emploier avec fermeté s’ilz n’y ont donné leur consente-
13
ment n’y font qu’une résistence bien foible. Mais j’espère et de l’ancienne
14
amitié et crédit que monsieur d’Avaux a près de monsieur Salvius et de sa
15
prudence et de son

42
15 courage] AE , CP All. 59 (Konzept): adresse
courage qu’il reconnestra le fondz de leur âme, que toutes
16
choses reprendront le train qui se doit et que nous n’aurons Dieu mercy eu
17
d’autre mal que l’appréhension.

18
Je vous feray part à propos de ce que dessus de ce que l’on me mande depuis
19
peu de Poloigne qu’on y est asseuré que les Suédois n’y veullent point la paix.
20
J’ay un autre avis de Suède qui ne le dit pas si précisément, mais bien qu’au
21
cas qu’ils ne voyent pas jour de la faire à des conditions avantageuses pour
22
eux, ils ont grande inclination de continuer la guerre, connoissans qu’ilz peu-
23
vent la faire sans hazard et sans despense, que l’Empereur est extraordinaire-
24
ment foible, qu’un seul mauvais succès le peut mettre à bout, et espérans
25
d’avoir encores plus que par le passé à leur dévotion tous les protestans
26
d’Allemagne. Ce qui doit bien fortifier les soupçons que vous autres Mes-
27
sieurs avez desjà eus là-dessus.

28
Vous aurés veu par ma précédente comme nous nous sommes rencontrés en
29
mesme temps dans la pensée que nous ne devons guères espérer d’avantages
30
par les armes en Allemagne dans la conjoncture présente, supposé mesmes
31
que les succez nous soient favorables ou à noz alliez; et comme avant qu’avoir
32
receu vostre despêche j’ay songé à l’intérest que nous pouvons avoir d’ empes-
33
cher les accidens qui peuvent faire changer la face des affaires par le moien de
34
quelque suspension. Il est vray que je persisterois à désirer de voir auparavant
35
ajustez tous les pointz principaux qui regardent la satisfaction des couron-
36
nes .

37
Monsieur le duc de Bavières a fait de son costé la mesme réflexion ainsy que
38
vous verrez dans la dernière lettre qu’il a escritte au nonce dont je vous envoie
39
la copie, et je sçay d’ailleurs qu’il n’y a rien au monde qu’il souhaitte avec tant
40
de passion au cas qu’il ne se puisse faire d’accommodement entre cy et la
41
sortie des armées en campagne que de faire cesser en quelque façon les hosti-

[p. 447] [scan. 529]


1
litez pour donner temps à la conclusion de la paix sans que le traitté puisse
2
estre altéré par les événemens de la guerre favorables à un parti ou à l’autre.

3
Il me semble donc qu’il sera très à propos que si nous ne voions pas lieu
4
d’espérer de rien conclurre pour tout le mois d’avril que nous pensions sérieu-
5
sement et avec grande application à ce qui sera expédient de résoudre tou-
6
chant une trêve en Allemagne ou du moins convenir s’il estoit possible du
7
consentement des Suédois d’une suspension d’armes avec Bavières comme ils
8
l’ont faitte eux-mesmes avec le duc de Saxe tirant de plus une asseurance du-
9
dit duc en la forme qui les pourra le plus contenter que ses armes ne leur
10
tomberont point sur les bras ny directement ny sous prétexte de jonction ou
11
de secours à l’Empereur. Et outre que ce leur seroit un grand avantage de
12
tenir inutiles et en eschec tant de bonnes trouppes, nous y en aurions entre
13
autres un notable de pouvoir comme je vous l’ay

42
13 desjà] aus den übrigen Fassungen ergänzt; fehlt in der Druckvorlage.
desjà mandé emploier contre
14
les Espagnolz l’armée entière que commande monsieur le mareschal de Tu-
15
renne , ou pour le moins la plus grande partie qui donneroit infailliblement le
16
coup mortel à leurs affaires en quelque lieu qu’on la voulust faire agir puis-
17
qu ’elle seroit de surcroist aux autres armées que l’on a accoustumé d’y entre-
18
tenir et qui sont desjà suffisantes d’elles-mesmes d’y faire les progrez que l’on
19
voit. Je vous prie Messieurs d’examiner avec soin ce qui s’y doit faire et de
20
m’en mander vostre sentiment. Cependant je puis vous dire par avance que Sa
21
Majesté approuvera toutes les résolutions que vous prendrez sur ce sujet, la
22
matière aiant esté agitée dans le conseil et tous unanimement aians tesmoigné
23
incliner à une suspension en Allemagne, recognoissans que dans l’estat pré-
24
sent des affaires elle estoit avantageuse à noz intérestz et très utile à la bonne
25
issue de vostre négotiation, particulièrement si on pouvoit convenir au plus
26
tost des pointz principaux qui regardent la conclusion des affaires dans l’ Em-
27
pire .

28
Je ne puis assés m’estonner que les Espagnolz ne vous ayent encores fait faire
29
aucune proposition pour la paix, et si les lettres que je recevray la semaine
30
prochaine de vostre part ne m’apprennent nulle nouveauté là-dessus, je
31
conclurray qu’il faut nécessairement que l’espérance de quelque accommode-
32
ment particulier avec noz alliez les ayt retenus de le faire. Car je n’ay pas
33
seulement la confirmation de tout ce que je vous manday dernièrement des
34
nouveaux ordres donnés à Penneranda

43
S. nr. 109.
qui avoit jusques là manqué de pou-
35
voir suffisant, mais que l’on despêche de Madrid courriers sur courriers que
36
nous voions passer tous les jours icy à Castel Rodrigo et à Peneranda qui ont
37
eux deux seuls le secret et la confiance de leur maistre touchant les affaires de
38
la paix pour les presser de conclurre promptement en quelque manière que ce
39
puisse estre parce que ny ils ne peuvent donner aucune assistance considéra-
40
ble à la Flandre, ny ils ne sçauroient où donner de la teste pour trouver les
41
moiens de se deffendre dans l’Espagne mesme.

[p. 448] [scan. 530]


1
J’ay un avis d’Italie de fort bon lieu, et j’ay sceu que le nonce et l’ambassadeur
2
de Venize qui sont à Madrid ont tenu en substance le mesme discours à une
3
personne digne de foy, que si la France se vouloit contenter de retenir par la
4
paix ce qu’elle a occuppé dans les Pays-Bas et le Roussillon, le comte de Pe-
5
neranda avoit ordre d’y consentir sans perdre un seul moment de temps.

6
Et en outre (et j’en ay la confirmation par d’autres endroitz) que Peneranda et
7
Castel Rodrigo estoient si vivement sollicitez d’empescher par quelque moien
8
que ce soit la continuation de la guerre et que les ministres de Madrid l’ appré-
9
hendent à tel point qu’on leur avoit envoie ordre exprez de résoudre au-delà
10
du pouvoir qu’ils ont tout ce qu’ils jugeroient à propos sans en donner avis en
11
détail en Espagne ny attendre de sçavoir particulièrement les intentions de
12
leur maistre.

13
J’ay sceu aussy que le cardinal Borgia qui est mort depuis un mois a dicté une
14
lettre dans son lict pour le roy d’Espagne par laquelle il tesmoigne que le
15
meilleur avis qu’il puisse luy donner avant que passer à l’autre vie estoit de
16
luy dire librement qu’il fît la paix à toutes conditions et qu’il essayast surtout
17
de rentrer en ce qui avoit esté perdu en Espagne donnant plustost à la France
18
une récompense ailleurs qui la pust satisfaire.

19
On m’asseure aussy que dom Francisco de Melos

39
Francisco Melo de Castro (1597–1651), conde de Assumar, marqués de Illescas y Torre La-
40
guna , 1641–1644 Generalgouverneur der Span. Niederlande ( BNB XIV Sp. 320–324; DHE
41
II S. 996f.).
a mis depuis peu par escrit
20
toutes les raisons qui y doivent obliger le roy d’Espagne, et enfin que tous les
21
grans seigneurs et ministres qui sont prez de luy aussy bien que ceux qui sont
22
dans des emplois esloignez en Italie et ailleurs s’accordent dans le mesme
23
sentiment.

24
Je vous prie Messieurs de faire cas de tous ces avis parce qu’outre qu’ils vien-
25
nent de bons lieux et que l’estat de noz ennemis nous les doit faire croire
26
véritables il me semble que l’on doit beaucoup considérer que plusieurs per-
27
sonnes de différens endroitz mandent toutes la mesme chose sans la sçavoir
28
l’un[e] de l’autre.

29
Je n’ay rien Messieurs à adjouster à ce que je vous ay mandé par mes précé-
30
dentes

42
Nrs. 115, 116.
touchant le parti d’eschange de la Catalogne avec les Païs-Bas atten-
31
dant tousjours les nouvelles dispositions qu’aura trouvé dans l’esprit du
32
prince d’Orange le sieur d’Estrades. Peut-estre qu’après tant de courriers
33
d’Espagne qui seront arrivez le comte de Peneranda, si la raison marquée cy-
34
dessus ne l’a encores retenu, aura donné lieu à Contareni de pouvoir avec plus
35

38
35 de nouveau les] aus den übrigen Fassungen statt: de nouvelles in der Druckvorlage.
de fondement vous faire de nouveau les propositions qu’il a jettées diverses
36
fois en passant sur ce sujet. Et comme la déclaration que les Suédois ont faitte
37
depuis peu si expressément de n’avoir point de différend avec l’Espagn 1

[p. 449] [scan. 531]


1
quoyque très désobligeante en soy nous donne pourtant cet avantage joint à
2
ce qu’ils nous ont dit autrefois sur le mesme propos que nous pouvons tenter
3
librement toutes les voies de conclurre nostre accommodement avec les Espa-
4
gnolz , pourveu que ce soit conjointement avec Messieurs les Estatz qui sont
5
les principaux et plus considérables intéressez avec la France en cette guerre-
6
là , il semble que nous puissions doresnavant embrasser sans scrupule toutes
7
les occasions qui nous peuvent faire parvenir à conclurre cette paix-là avanta-
8
geusement , en quoy nous trouverions doublement nostre compte puisque
9
nous n’aurions pas seulement assuré les choses du costé d’Espagne, mais nous
10
serions en estat d’obtenir tout avec facilité dans l’Allemagne et d’y estre plus
11
considérez que nous ne sommes par les Suédois, dont Messieurs les Estatz
12
sont aussy très mal satisfaitz et monsieur le prince d’Orange plus que qui que
13
ce soit.

14
Les médiateurs ont grand intérest à cet accommodement pour leur gloire par-
15
ticulière , mais Contareni principalement à cause du Turc, et des assistances
16
que la chrestienté pourroit en ce cas donner à la République. C’est pourquoy
17
il est à croire qu’aiant jour de le pouvoir faire il y travaillera sincèrement et à
18
bon escient.

19
Si noz espérances de pouvoir conclurre avec Espagne par le moien de l’ es-
20
change viennent à manquer, sur quoy nous serons bientost esclaircis, il faudra
21
penser d’abord à s’appliquer de bonne sorte à l’autre parti et d’essayer de
22
retenir noz conquestes dans les Païs-Bas et le Roussillon avec la place de Ro-
23
ses , faisant une trêve pour la Catalogne de la durée si on pouvoit de celle que
24
feront Messieurs les Estatz, si ce n’est que l’on pust dès à présent convenir, ce
25
qui seroit encores mieux, de la récompense que les Espagnolz nous baille-
26
roient ailleurs pour la Catalogne, auquel cas il suffiroit de faire une trêve de
27
peu de mois affin d’avoir moyen d’exécutter sans péril d’inconvénient dans
28
cette province-là ce qui auroit esté arresté.

29
Et sur ce sujet il est important de se souvenir tousjours qu’à moins que les
30
Espagnolz se résolussent de laisser à la France la paisible possession de la
31
Catalogne, à quoy sans doute ils ne consentiront pas, il ne se peut conclurre
32
aucune sorte d’accommodement qu’il ne faille nécessairement une trêve pour
33
la Catalogne ou longue comme celle de Messieurs les Estatz, si l’on ne peut
34
convenir d’aucun expédient pour ce païs-là, ou courte, soit que l’on face l’ es-
35
change proposé avec les Pays-Bas, soit que nous retenions le Roussillon et
36
qu’on nous donne récompense ailleurs de la seule Catalogne, auquel cas nous
37
aurons tousjours besoin d’une suspension d’armes de quelques mois tant pour
38
disposer les peuples à ce dont on sera demeuré d’accord sans que les officiers
39
de noz trouppes qui sont dans le païs courussent aucun risque que pour l’ exé-
40
cution de la chose mesme qui aura esté arrestée.

41
Pour le Portugal, en quelque parti que ce soit, il faudra tousjours luy procurer
42
une trêve la plus longue qu’il sera possible d’obtenir, nous relaschans plus ou
43
moins sur sa durée selon que noz affaires propres en recevront plus ou moins
44
d’avantage.

[p. 450] [scan. 532]


1
Touchant Messieurs les Estatz les lettres du sieur Brasset me mettent l’esprit
2
fort en repos asseurans positivement que tout ira bien. Si le party d’eschange
3
des Pays-Bas avec la Catalogne a lieu il ne sera plus question de parler du 9 e
4
article qui nous embarasse si fort, cette difficulté sera aussy vuidée, soit que
5
nous fassions tous deux la paix, soit que nous fassions tous deux la trêve, soit
6
que la France face la paix pour les Païs-Bas et l’Italie et seulement une trêve
7
en Catalogne de la durée de celle de Messieurs les Estatz après laquelle expi-
8
rée tous deux deussent rentrer en guerre conjointement. Il ne reste que le cas
9
de la paix générale de la France prenant récompense ailleurs de la Catalogne
10
et d’une trêve de Messieurs les Estatz auquel il eschet parler de l’article 9 e . Et
11
en cella on ne peut que se remettre à ce que Sa Majesté vous a desjà mandé

40
S. nr. 50.
, si
12
ce n’est que l’on en puisse sortir par l’expédient que les députés desdits Sieurs
13
Estatz vous ont proposé de convenir d’une trêve de quarante ans et de la
14
diviser en deux termes. Car ainsy nostre engagement estant public et tous les
15
princes intéressés à la paix estans esgalement obligés à la garentie de ce que
16
les uns et les autres auront promis, il me semble, si j’ay bien compris ce que
17
vous mandés là-dessus dans la despêche commune

41
Nr. 111.
que la France peut satis-
18
faire lesdits Estatz sans courre aucune risque.

19
Je ne vous diray autre chose sur la conférence que vous avés eue avec les
20
députés desdits Estatz si ce n’est que je ne sçaurois assés louer la force des
21
raisons dont vous vous estes servis, et la vigueur et la prudence que vous avés
22
fait parestre dans les contestations que vous avés eues avec eux sans les des-
23
gouster en une matière si délicate et sur un point où ils tesmoignent mettre
24
tant d’attachement.

25
Je suis adverty que ce Noirmont duquel on vous a souvent escrit a débité pour
26
chose certaine d’avoir appris de la propre bouche du prince d’Orange que si
27
les François ne se contentoient pas de conditions raisonnables, les Estatz pas-
28
seroient outre à leur accommodement. Il adjouste que ledit prince jugeoit
29
pour une condition avantageuse à la France si le roy d’Espagne consentoit à
30
une suspension d’armes durant la minorité du Roy en laissant toutes choses
31
en l’estat qu’elles sont. Je ne puis croire que ledit sieur prince ait tenu jamais
32
un semblable discours, particulièrement sachant aussy bien que personne que
33
les brouilleries sont plus à craindre en ce royaume trois ou quatre ans après
34
que le Roy est entré en majorité qu’elles ne le sont dans la minorité mesme.
35
J’en escris à toutes fins à monsieur d’Estrades

42
Mazarin an d’Estrades, Paris 1646 Februar 24, Konzept Lionnes: AE , CP All. 59
43
fol. 274–275. Druck (Auszug): Mazarin , Lettres II S. 289f.
pour en toucher un mot adroit-
36
tement audit sieur prince d’Orange.

37
Je suis averti de bon lieu que Peneranda est en dessein d’emploier une notable
38
somme d’argent à gaigner s’il est possible par ce moien les députez de Mes-
39
sieurs les Estatz et qu’il n’y a rien qu’il n’emploie à cella s’il croid de pouvoir

[p. 451] [scan. 533]


1
faire son coup

42
1 et venir] aus den übrigen Fassungen statt: de venir in der Druckvorlage.
et venir à bout de destacher Messieurs les Estatz d’avec nous,
2
ce qu’il est important que vous sachiez.

3
Une des raisons qui présentement est la plus puissante sur moy pour me faire
4
souhaitter de voir promptement quelque accommodement, c’est que l’estat
5
des affaires du roy d’Angleterre empire tous les jours par sa mauvaise
6
conduitte. Le parlement se va liant de son costé plus estroittement avec les
7
Espagnolz lesquels s’accostent au plus fort, sans se soucier beaucoup des inté-
8
restz de la religion catholique dont ils ont accoustumé de faire tant d’ ostenta-
9
tion , mais ausquels il se void le plus souvent qu’ils n’ont d’esgard qu’autant
10
que les leurs particuliers y sont conformes et le requièrent. C’est une estrange
11
chose que quand le roy et la reine de la Grande-Bretagne ont esté dans un
12
estat florissant ils ont tesmoigné aversion pour nostre prospérité et grande
13
inclination à l’Espagne, et aujourd’huy qu’ils sont réduitz aux extrémités que
14
chacun void, la France les sert, et l’Espagne adhère publiquement à leurs en-
15
nemis . Je prie Dieu ensuite que si jamais nous venons à bout de contribuer à
16
restablir leurs affaires nostre rétribution ne soit pas de leur voir aussytost ou-
17
blier nos services, et l’injure que les Espagnolz leur font, et que nous ne
18
soions traittés les uns et les autres comme nous l’estions avant les mouvemens
19
présens de l’Angleterre. Il est vray qu’à bien considérer les termes ausquels
20
parle icy laditte reine et la conduitte qu’elle tient j’oserois me promettre que
21
cella n’arrivera point. En tout cas il nous convient extrêmement de ne pas
22
souffrir autant qu’il sera en nous le pouvoir absolu du parlement qui prétend
23
l’establir en abolissant la royauté qui est une besongne desjà bien avancée, et
24
lequel n’a desjà que trop de correspondance avec les huguenotz de ce roiaume
25
qui sont frappez au mesme coin que les puritains, c’est-à-dire du désir de
26
destruire la monarchie.

27
Bemühungen Mazarins, um die Schotten für den König von England zu gewin-
28
nen
, von seiner Gemahlin leider nicht rechtzeitig unterstützt. Il y a longtemps
29
que je les ay avertis l’un et l’autre que l’unique moien qu’ils avoient de sortir
30
d’affaires estoit de diviser

43
30 leurs] aus AE , CP All. 59 (Konzept) statt: noz in den Kopien.
leurs ennemis et d’en gaigner une partie pour s’en
31
servir à forcer les autres à l’obéissance, et que pour cette fin il valloit mieux
32
s’addresser aux Escossois parce qu’outre qu’ils déféreroient beaucoup aux
33
conseils de la France dont ils sont si anciens amis, ils n’avoient pas l’aversion
34
pour la roiauté que tesmoigne le parti des Anglois indépendans.

35
Je sçay de bon lieu que le nonce Chizi fait tout son possible avec les ministres
36
de Bavières pour tenir leur maistre attaché à la maison d’Austriche et pour luy
37
persuader de marcher de concert avec elle dans toute la négotiation de la paix,
38
et si vous autres Messieurs essayez de vous en informer des ministres de ce
39
prince je m’asseure que vous trouverés l’avis véritable, mais estant descouvert
40
il est plus aisé d’empescher que les soins particuliers qu’en prend le nonce ne
41
nous fassent aucun préjudice.

[p. 452] [scan. 534]


1
Les Espagnolz, à ce que l’on me mande de Bruxelles souhaittent extrêmement
2
la mort du duc de Bavières parce qu’ils s’imaginent qu’ils disposeroient libre-
3
ment de son armée, de ses Estatz et de ses biens conjointement avec l’ Empe-
4
reur sous prétexte de protéger ses enfans

38
Die Söhne Maximilians von Bayern, Ferdinand Maria (1636–1679, 1651 Kf.) und Maximi-
39
lian Philipp (1638–1705), waren noch minderjährig ( Isenburg NF I T 26).
.

5
J’ay aussy eu avis de bonne part que les ministres d’Espagne à Munster ont
6
donné quelque argent au filz de Trautmansdorff

40
Von Trauttmansdorffs Söhnen waren zwei politisch tätig: Johann Friedrich (gest. 1696) und
41
Adam Matthias (1617–1684). Hier ist sehr wahrscheinlich Johann Friedrich gemeint, 1645
42
RHR , Mitbevollmächtigter beim WFK, später Statthalter in Böhmen ( Gschliesser S. 253).
à qui son père confie indif-
7
féremment toutes les affaires. La somme qu’ils luy ont fait toucher n’est pas
8
grande puisque on me marque qu’elle ne passe pas deux mil escus. Il sera bon
9
de s’en informer et seroit encores mieux si nous pouvions par quelque voie
10
l’engager à recevoir de nous quelque plus grande somme, mais je ne voy pas
11
lieu de l’espérer.

12
Les présens pour les ministres de Suède en l’assemblée compris Rosenhan
13
seront envoiez infailliblement dans deux jours, on les a achettés sur mon cré-
14
dit et il me semble qu’ils sont très beaux et fort nobles. Vous en userés Mes-
15
sieurs comme vous le jugerez à propos parce qu’ils pourroient arriver en telle
16
conjoncture qu’il vaudroit mieux les jetter que de les remettre à qui ils sont
17
destinés pour ne pas donner lieu d’adjouster la moquerie aux autres mauvais
18
traittemens.

19
J’avois oublié de vous dire sur l’admission de monsieur de La Barde dans les
20
conférences qu’il me semble qu’on pouvoit faire quelque estat de la proposi-
21
tion que vous marqués que les ministres de Suède avoient faitte de traitter les
22
uns et les autres directement avec les Impériaux. Et puisque Contareni mesme
23
en est desjà informé, il n’y avoit ce me semble nul inconvénient à pousser cet
24
expédient, le nonce n’eût pu raisonnablement faire difficulté de s’y trouver,
25
puisque le ministre de Suède n’eût point eu occasion de parler à luy, et n’eût
26
fait simplement qu’assister; pour les séances, il

36
26 n’en est] aus den übrigen Fassungen statt: n’est in der Druckvorlage.
n’en est pas comme avec les
27
Espagnolz,

37
27 et … rien] aus den übrigen Fassungen ergänzt; fehlt in der Druckvorlage.
et je ne voy rien qui empeschast de les régler et d’en convenir
28
facilement.

29
Je vous diray aussy plus pour ma satisfaction que pour croire nécessaire de
30
vous en faire souvenir que j’estimerois qu’il nous seroit très utile que vous
31
profitassiés de toutes les rencontres soit par le moien des médiateurs ou d’ au-
32
tres de faire cognoistre aux Espagnolz que nous sommes très bien informés
33
du mauvais estat où sont leurs affaires en Flandres et en Espagne, exaggérant
34
le destail de ce que je vous ay mandé là-dessus, et l’impossibilité où ils se
35
trouveront bientost de nous y résister, parce que comme ils sçavent en leu 1

[p. 453] [scan. 535]


1
conscience que la chose est vraye, ces discours produiront sans doute un bon
2
effet quand ils verront que leurs nécessités nous sont si connues, et ils ne
3
trouveront plus si estranges les prétentions que nous avons de ne sortir d’ af-
4
faires qu’à bonnes enseignes, et avec l’avantage qui est convenable à l’estat des
5
uns et des autres.

6
Il y a quelques jours que je receus lettres de Bruxelles que les ministres de
7
l’électeur de Trèves qui sont à Munster avoient offert par un escrit particulier
8
à ceux d’Espagne la neutralité de la ville de Trèves et de son Estat avec ceux
9
du roy d’Espagne. Il y a grande apparence que la chose est vraye puisque
10
monsieur de Turennes vient de me dire présentement qu’on luy escrit qu’elle
11
estoit conclue. Il me sembleroit pourtant fort estrange qu’il l’eust fait sans
12
nous en dire une seule parole après que nous l’avons servi au-delà de ce qu’il
13
pouvoit désirer. Il y a plus de dix ou douze jours que le sieur d’Anctouille
14
devoit l’aller retrouver et son départ n’a esté différé que pour trouver quelque
15
tempérament à un point important auquel j’ay pris garde dans le premier
16
article du traitté qu’on a fait avec luy et que nous devons ratifier, lequel
17
concerne indirectement Philisbourg en ce que nous confirmions les traittés
18
précédens que nous avons faitz ensemble. Or il est certain qu’il doit y avoir
19
grande différence quand il s’obligeoit à retirer cette place des mains de l’ Em-
20
pereur ou quand nous la conquérons par nos armes sans qu’il contribue du
21
sien quoy que ce soit.

22
Picolomini est tousjours malade et on marque mesme que le cerveau com-
23
mence à pâtir. Chacun l’attribue au déplaisir qu’il a ressenti de tant de dé-
24
monstrations qui se font envers le duc Charles, à qui il se void que Castel
25
Rodrigo cherche de complaire en tout, et à la mortiffication qu’il avoit desjà
26
des mauvais succès de la campagne passée, jointe au peu d’espérance qu’il a de
27
pouvoir rien faire de mieux à l’avenir.

28
Et sur le propos du duc Charles, il est bon que vous autres Messieurs sachiez
29
qu’après avoir fait un nouveau traitté avec les Espagnolz

40
Karl IV. hatte Anfang 1646 den Oberbefehl über die span. Truppen in Flandern übernommen
41
( Des Robert I S. 186ff.).
par lequel il s’ atta-
30
che entièrement à leur service et plus avant qu’il n’avoit fait jusques icy, et
31
doit commander leur armée contre la France, après avoir avancé de son argent
32
pour des recrues non seulement de son corps mais des autres trouppes qui
33
doivent servir sous luy pour le remboursement duquel il prend la ville et
34
chasteau de Limbourg et toutes ses appartenances en engagement, il y a trois
35
ou quatre jours qu’une personne qui demeure icy ordinairement a receu de ses
36
lettres, avec charge de me proposer qu’il estoit prest de traitter avec la France
37
par mon moien, disant qu’il n’estoit pas encores si lié avec les Espagnolz qu’il
38
ne pust bientost s’en desfaire si on vouloit le traitter raisonnablement. Jugés
39
par là Messieurs s’il vous plaist de l’asseurance qu’on peut prendre en la foy

[p. 454] [scan. 536]


1
d’un homme qui a tant de légèreté et qui n’est jamais plus à la veille d’ aban-
2
donner un parti que quand il

40
2 s’y engage] aus den übrigen Fassungen statt: s’engage in der Druckvorlage.
s’y engage par un nouvel acte.

3
Je sçay qu’il a dit à diverses personnes qu’encores que la paix vinst à se
4
conclurre sans qu’il y fust compris, qu’il perdist toute espérance de s’ accom-
5
moder avec cette couronne, et qu’il fust entièrement abandonné de celle d’ Es-
6
pagne , il ne perdroit pas pour cella courage parce qu’en ce cas il se promettoit
7
de faire une puissante armée des troupes qui seroient licentiées par tous les
8
princes, emploiant à cella libéralement tout l’argent qu’il a accumulé depuis
9
plusieurs années, avec quoy il entreprendroit de recouvrer son Estat, et de
10
porter la guerre au milieu de celuy-cy, faisant son compte d’y debvoir estre
11
assisté non seulement des mal-affectionnez de France, mais que d’autres per-
12
sonnes du roiaume adhéreroient sous main à son dessein, et que les Espagnolz
13
y concoureroient par des secours secretz d’argent et d’hommes. Mais il sera
14
bien trompé en tout ce calcul s’il a cru que l’on vueille icy conclurre une paix
15
générale sans convenir auparavant de commun concert de ce qu’il devra deve-
16
nir . Je vous prie pourtant Messieurs de conférer ensemble sur ce point, et de
17
me mander vostre avis sur ce que vous estimerez que l’on devra faire là-dessus
18
dans un accommodement général des affaires de la chrestienté. J’adjousteray
19
seulement que quand à moy il me semble qu’un prince de cette humeur, in-
20
constant , brouillon et hardy seroit plus à craindre dans une minorité, estant
21
restabli avec quelque retranchement que ce pust estre dans la Lorraine qui est
22
contiguë à ce roiaume où il a tant d’adhérens, que n’est à présent le roy d’ Es-
23
pagne avec toute sa puissance, estant certain que si quelques François sont
24
malintentionnés pour l’Estat ils auront tousjours plus d’aversion et de re-
25
mordz de se jetter entièrement entre les bras des Espagnolz qu’ils considèrent
26
pour ennemis naturels de la nation qu’ils n’auroient pas de se joindre avec un
27
prince dont la maison depuis si longtemps est regardée comme françoise.

28
La prison d’Hersent n’a pas encores détrompé Rome suffisamment du peu
29
d’espérance qu’ils devroient avoir de pouvoir semer des divisions dans cette
30
cour; il se voit qu’ils marchent sur le mesme pied de la négotiation qu’ils luy
31
avoient mise en main cet esté dernier, autant qu’ils peuvent trouver de voyes
32
de le faire. Cette semaine-cy il est venu un courrier au résident de Parme

41
Leonardo Villeré, bis 1654 Res. Parmas in Paris ( Bittner-Gross S. 392).

33
avec des ordres de son maistre si ambigus et si différens selon les diverses
34
personnes à qui on luy a donné charge de parler qu’il est aisé à connoistre que
35
l’instruction en vient de plus loin, et de Rome mesme. Le prétexte du voiage
36
de ce courrier a esté pour donner part à Leurs Majestez et au conseil de la
37
promotion du cardinal Farnèse, qui arriva il y a tantost trois mois . Une des
38
premières personnes a qui ce résident parla fut à de Lionnes, auquel entre
39
autres choses il leut une lettre de son maistre par laquelle il tesmoignoit avoi 1

[p. 455] [scan. 537]


1
receu une joie indicible d’avoir appris la résolution qu’on avoit faitte de don-
2
ner la protection des affaires de France en cour de Rome à monsieur le cardi-
3
nal d’Est qui est son beau-frère

38
Kardinal Rinaldo d’Este (1618–1671) war der Schwager der Maria Farnese (1615–1646),
39
einer Schwester des Hg.s von Parma ( Isenburg II T 125, 127).
, et cella d’autant plus que Leurs Majestez
4
s’estans engagez à la protection de la maison barberine qui est son ennemie,
5
cette charge estoit incompatible en la personne du cardinal Farnèse qui d’un
6
costé eût deu les soustenir comme protecteur de France, et de l’autre eût esté
7
obligé comme frère du duc de Parme et dans les mesmes intérestz de les per-
8
sécuter jusques à la mort suivant le dessein que tous deux en ont fait, dont il
9
disoit qu’ils ne démordront jamais.

10
A la Reine il s’est contenté de rendre les lettres de son maistre et du cardinal
11
Farnèse, et de les accompagner de quelques complimens sur cette promo-
12
tion .

13
A monsieur l’abbé de La Rivière à qui il s’est adressé avec lettres particuliè-
14
res pour luy sous prétexte de le présenter à Son Altesse Royale, il a insinué
15
adroittement que cette affaire estoit un coup de partie pour les desseins qu’il
16
pouvoit avoir et pour ses intérestz.

17
A Monsieur il a exaggéré extrêmement de la part de son maistre le crédit qu’il
18
avoit à Rome, les tendresses que Sa Sainteté a pour la France et qu’il y aura
19
moien de tirer d’elle toutes les choses que l’on voudra, pourveu qu’on s’en
20
veuille laisser entendre, qu’il offre de bon cœur de contribuer ce qui dépendra
21
de luy et de ses soins, et enfin sa médiation pour raccommoder les affaires des
22
Barberins avec Sa Sainteté et de remettre la bonne intelligence qui doit estre
23
entre le Saint-Siège et cette couronne.

24
A Monsieur le Prince, il dit que si on abandonnoit les Barberins il y auroit
25
moien de tirer du pape tout ce qu’il avoit refusé jusqu’icy, et désigna particu-
26
lièrement le cardinalat de mon frère

41
Michel Mazarin OP (1607–1648); bei der Kardinalspromotion vom März 1645 war er unbe-
42
rücksichtigt geblieben. Er wurde erst 1647 zum Kardinal ernannt ( Coville S. 8 Anm. 4 u.
43
passim; Kybal I S. 122 Anm. 1; Pastor XIV,1 S. 40).
et la rémission de Beaupuy comme il
27
avoit fait encores plus particulièrement à de Lionne.

28
Il a veu encores monsieur le duc d’Anghien, et l’a entretenu sur le mesme
29
sujet.

30
Des discours si directement opposés dont chacun de son costé a donné part à
31
la Reine dans le conseil, prest à le soustenir au résident, ont obligé Sa Majesté
32
de résoudre que Monsieur aiant près de luy monsieur le comte de Brienne
33
feroit appeller ledit résident et luy diroit que Leurs Majestez acceptent volon-
34
tiers l’offre que monsieur de Parme fait de raccommoder les affaires des Bar-
35
berins avec le pape, et que leur plus grande passion a tousjours esté d’ entrete-
36
nir l’union et la bonne correspondance avec Sa Sainteté. En suitte de quoy le
37
résident y a esté, et aiant voulu dire à Monsieur qu’il n’avoit jamais parlé en

[p. 456] [scan. 538]


1
particulier des Barberins, mais seulement de rajuster le pape avec la France en
2
luy faisant donner satisfaction pourveu qu’on les abandonnast, Son Altesse
3
Royale luy a soustenu le contraire et s’est emportée contre luy avec beaucoup
4
de raison. La Reine et Sadite Altesse Royale escriront maintenant à monsieur
5
de Parme en bonne forme, et avec les plaintes que mérite une pareille façon de
6
négotier, et Sa Majesté se déclarera comme il faut dans toutes ces affaires-cy
7
affin que le duc de Parme qui a despêché icy à l’instance du pape luy puisse
8
aussy faire connoistre que c’est en vain que l’on espère de pouvoir obliger la
9
France par quelque expédient que ce soit à sacrifier les Barberins, ou à faire
10
qu’il y aye aucune division dans la maison roiale en ce fait particulier et en
11
quelque autre que ce puisse estre qui regardera la dignité et le service du
12
Roy.

13
Le cardinal Barberin arrivera icy dans deux ou trois jours, et encores que je ne
14
sois pas de la secte des importans, et qu’il soit par conséquent malaisé que
15
j’ose sans leur congé me mesler de pratiquer la générosité dont ils croient
16
qu’il n’appartient qu’à eux de donner les préceptes, je ne laisseray pas de
17
l’exercer en ce rencontre en rendant tous les services dont je seray capable à
18
une personne qui dans un long cours d’années a mis toute son industrie à
19
tascher de me perdre.

20
Voiant que dans vostre despêche commune vous vous resjouissés de ce que
21
l’accommodement des affaires de Rome estoit en bon chemin, j’en ay esté
22
surpris ne pouvant juger avec quel fondement on vous en a envoié la nouvelle
23
puisqu’il est certain qu’il n’y a eu jusques icy aucune conjoncture dans la-
24
quelle nous aions veu le moindre jour à cella. Mais peut-estre qu’à présent
25
que le pape pourra estre détrompé d’attendre aucune bassesse de ce costé-cy,
26
et que les princes d’Italie qui ont tant d’intérest à voir tous ces desconcertz
27
terminez l’en presseront vivement, il se portera à la fin à ce que requiert la
28
raison et la justice et qui importe si fort au bien de toute la chrestienté.

29
Vous trouverez cy-jointe la copie d’une lettre qu’un nommé Beaufort a es-
30
critte au sieur Lopes

39
Zu den Anträgen Beauforts s. nr. 11. Miguel Lopez de Barnuevo war erster capellán der span.
40
Gesandtschaft in Münster ( Poelhekke S. 538).
, et quoyque ce ne soient que chimères qu’il propose,
31
néantmoins croiant que c’est avec quelque participation des personnes dont il
32
parle, j’ay voulu vous l’envoier à toutes fins. Il nomme monsieur le cardinal
33
Bichi

41
Alessandro Bichi (1596–1657), 1630–1654 Ebf. von Carpentas, 1633 Kardinal. Er war ein
42
Vertrauter Mazarins ( DHGE VII Sp. 1414f.; Dethan S. 104–107; Kybal I S. 61).
et monsieur Des Hameaux parce qu’il les a connus à Venise il y a deux
34
ans. Je vous laisse à penser si quand Mademoiselle seroit mariée à un prince
35
de la maison d’Austriche aux Païs-Bas elle y seroit maistresse, et si nostre
36
puissance en seroit accrue et celle d’Espagne diminuée.

37
PS: Je vous envoie aussy quelques nouvelles de Rome pour vous divertir plus-
38
tost que pour autre chose.

[p. 457] [scan. 539]


1
Beilagen:


2
1 Maximilian von Bayern an Bagni [fehlt], vermutlich: o. O. 1646 Januar 31, it. Kopien: AE ,
3
CP Bav. 1 fol. 526–528, ebenda fol. 534–535:
Trauttmansdorff bemüht sich nach wie vor in
4
Osnabrück um Abmilderung der schwedischen Forderungen, die zweifellos auch von Frank-
5
reich
nicht gebilligt werden können. Hier wünscht man den Frieden ebenso wie auf französi-
6
scher
Seite, und meine Gesandten drängen die Mediatoren unablässig, beiden Parteien pas-
7
sende
Vorschläge zu machen, acciò che si possa stringere la pace, et sopire nuovo incendio
8
dell’armi. Frankreich kann von mir nicht mehr Einsatz für seine Interessen erwarten, als ich
9
bisher stets gezeigt habe – ich erinnere auch an mein Schreiben an den Papst. Et in vero non
10
saprei che più haverei potuto fare fin hora e fino che la replica della corona di Francia con
11
titolo di sodisfattione nominasse in spetie l’Alsatia, mentre con noia ho rimostrata all’ Im-
12
peratore la necessità della sodisfattione ottenendone la missione, et instruttione precisa
13
sotto questo punto del signor conte di Tramestolf, con raccommandarla anche a tutti li
14
stati in Munster per i miei ambasciatori con tanta premura, e tante volte reiterati ricordi,
15
che me ne sono inimicato quasi per tutto, e reso odioso et sospetto, et hora senza guardar
16
a simili ritegni nouvamente ho ordinato ad essi miei ministri, che dimostrino a tutti che
17
mediante l’Alsatia si possa giungere alla pace, onde vorrei pur sapere, che altri, e maggiori
18
effetti la corona di Francia con ragione da me possa chiedere. Daher bitte ich auch um ein
19
deutlicheres Engagement Frankreichs zu meinen Gunsten in der Pfälzer Frage und um erneute
20
Anweisung der französischen Gesandten in Münster in diesem Sinne.

21
2 Beaufort an Lopez, undatierter Auszug Lionnes: AE , CP All. 60 fol. 238–239’

39
Als Beilage für Longueville, d’Avaux und Servien bezeichnet, datiert: 1646, und von anderer
40
Hand: may.
:
Einsetzung
22
Erzherzog Leopold Wilhelms in den Niederlanden, Verheiratung mit Mademoiselle: Beaufort
23
will Verhandlungen zwischen Kardinal Bichi und dem Erzherzog vermitteln.

24
3 Nachrichten aus Rom [fehlen].

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