Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
84. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Januar 27
Paris 1646 Januar 27
Kopien: AE , CP All. 63 fol. 212–215’ = Druckvorlage; AE , CP All. 75 fol. 144–145’. Kon-
zept Lionnes: AE , CP All. 59 fol. 118–121. Druck: Mém. et Nég. I S. 142–149; Nég. secr. III
S. 30–32; Gärnter VII S. 678–685, nennt als Absender: Brienne. Regest: Mazarin , Lettres II
S. 712.
Ankunft Préfontaines erwartet. Reflexionen über die Weigerung der Schweden, La Barde zu ih-
ren Konferenzen mit den Kaiserlichen zuzulassen. Empfohlener Ausweg: direkte Verhandlungen
mit den Kaiserlichen auch in Münster. Gewinnung Trauttmansdorffs für den Tauschplan. Ein
weiteres Argument, um ihn Spanien schmackhaft zu machen. Interesse des Kurfürsten von Bayern
an der Satisfaktion der Kronen, speziell Frankreichs. Ankunft Préfontaines. Grund zu Argwohn
gegen die Schweden. Anweisung zur näheren Erforschung ihrer Absichten. Mündliche Abgabe der
Replik unter diesen Umständen nachteilig.
L’ordinaire Messieurs ne nous a point apporté de voz nouvelles cette se-
maine ; cella me fait juger que le sieur de Préfontaine que vous deviez nous
despêcher est en chemin, mais il m’oblige aussy à vous faire remarquer que
pour nous faire sçavoir quelque chose importante la voye des courriers n’est
pas la plus propre et que celle des ordinaires est tousjours la plus prompte et
la plus seure.
J’ay appris par une lettre de monsieur de La Barde ce qui s’estoit passé entre
les plénipotentiaires de Suède et luy touchant ce qu’il a désiré en exécution du
traitté préliminaire d’assister aux conférences qui se feront entre les Impé-
riaux et lesdits plénipotentiaires. Et bien que je ne sache pas encores voz sen-
timens là-dessus ny quelle résolution vous aurez prise, je ne laisseray pas de
vous dire par avance en général les réflexions que j’ay faittes sur cet inci-
dent .
Les termes du traitté sont si formelz en faveur de nostre prétention que j’ay
peine à comprendre comme quoy des personnes raisonnables s’aheurtent avec
tant d’obstination à ne vouloir pas s’y conformer. Ce proceddé est tout à fait
estrange et il paroist bien qu’ilz veullent tout à leur mode sans se soucier
beaucoup de ce que nous pouvons dire ou faire. Cette conduitte après tout ce
qui s’est passé en la négotiation de Rosenhan avec les Espagnolz et un désir si
opiniastre de demeurer en entière liberté dans leurs conférences avec noz en-
nemis sans que personne y assiste de nostre part quoyque nous aions appellé
leur ministre aux nostres, seroit bien capable de donner de mauvais soupçons
de leurs intentions à des gens tant soit peu meffians.
Néantmoins j’estime que s’il est jugé à propos pour d’autres considérations de
n’insister pas davantage de nostre costé et de les laisser sur leur foy, quelques
raisons que nous aions pour prétendre le contraire, il faut surtout s’estudier à
le faire de si bonne grâce et avec tant de franchise que sans qu’ilz le puissent
imputer à foiblesse ny à la crainte de leur desplaire il paroisse qu’il ne nous en
reste rien sur le cœur, que nous avons une pleine confiance en leur sincérité et
que nous ne sommes pas moins asseurez de sçavoir tout ce qui se passera
entre les Impériaux et eux que si monsieur de La Barde assistoit à leurs entre-
veues .
Il sera seulement nécessaire de laisser tousjours une queue du sujet que l’on
aura icy à la cour de s’estonner que l’on n’exécute pas avec la ponctualité qui
doit estre observée entre des confédérez ce qui a esté résolu après une meure
délibération.
Et en mesme temps si on ne l’a pas fait on pourra escrire tout au long à
monsieur de La Thuillerie tout ce qui s’est passé en cette affaire affin qu’il en
parle aux termes que vous jugerez plus à propos. Car ou les instances qu’il
fera produiront l’effet que nous pouvons désirer, et la reine de Suède enverra
là-dessus les ordres nécessaires à ses plénipotentiaires, ou ne l’obtenans pas
nous reconnestrons que ce n’est pas un simple caprice desdits plénipotentiai-
res , mais que le mal vient de la source, auquel cas si nous nous appercevons
que la fin en cella de la couronne de Suède soit de conclurre ses affaires sans
nous, il faudra alors que de nostre costé nous songions à faire quelque grande
résolution pour nous garentir du préjudice; que si aussy nous voions par la
suitte que cet accommodement particulier n’est pas à craindre, il semble que
l’on pourra dissimuler la manière d’agir des Suédois et leur tesmoigner qu’ en-
cores que peut-estre on manque à quelques formalitez dont on estoit demeuré
d’accord, nous connoissons bien que la chose est la mesme en substance.
Ma raison est que la prudence à mon avis requiert qu’on ne porte pas les
affaires à des extrémitez avec des alliez qui nous sont utiles au point que l’on
le peut juger par les soins extrordinaires que les ennemis prennent de les sé-
parer de nous, si ce n’est que par la dissimulation de leur procédé et demeu-
rans dans une union qui seroit frauduleuse de leur part, nous puissions vray-
semblablement en appréhender un plus grand mal.
Cependant comme j’ay veu dans la despêche de monsieur de La Barde que la
principale ou seule raison dont monsieur Oxenstiern s’est servi pour se def-
fendre de celles qu’il luy a alléguées a esté de dire que la chose n’estoit pas [la]
mesme à Osnabrug qu’à Munster, parce que nous
Rosenhan qu’avec les médiateurs et non pas lorsque nous traittons face à face
avec les ennemis, ce qu’ilz ne peuvent eux mettre en usage faute de média-
teurs , j’ay songé que d’une mauvaise rencontre on pourroit peut-estre en tirer
beaucoup de fruit en remédiant à ces conférences qui à la longue pourroient
bien causer quelque mauvais effet quoyque présentement il n’y ait que de
bonnes intentions du costé des Suédois, et ainsy faire comme on dit d’une
pierre deux coups. Ce seroit que vous traittassiez immédiatement avec les Im-
périaux , et que
seroient entièrement dans leur tort s’ilz ne prattiquoient le mesme à l’endroit
de monsieur de La Barde, et je ne voys pas ce qu’ils pourroient dire pour s’en
excuser. Et outre cella je tiens pour les raisons que j’ay autrefois mandées
qu’il nous seroit plus avantageux de traitter de cette sorte que par la voie de 1
médiateurs lesquelz ne seroient pas pour cella exclus de la négotiation parce
qu’ilz pourroient se trouver aux entreveues comme on l’a fait en divers trait-
tez où les médiateurs ont tousjours proposé les expédiens pour faire venir les
parties au point de la satisfaction commune.
Voilà tout ce que je croys vous pouvoir mander là-dessus en attendant que
l’arrivée du sieur de Préfontaine nous esclaircissant davantage de ce qui s’est
passé et de voz pensées on puisse vous en escrire plus particulièrement. J’ ad-
jousteray seulement que Sa Majesté m’a commandé de vous dire qu’elle se
remet à ce que vous jugerez à propos sur les lieux, et qu’elle approuvera tou-
tes les résolutions que vous prendrez.
Je persiste tousjours à croire que le dernier parti d’accommodement sur lequel
je vous escrivis Messieurs si amplement l’ordinaire passé pourroit réussir si
on trouve quelque moien de le faire gouster à Trautmansdorff et qu’il le pro-
pose aux ministres d’Espagne comme une pensée qui luy est venue pour ac-
commoder les affaires en un instant.
Outre la gloire immortelle que ledit de Trautmansdorff acquéreroit d’avoir
esté l’instrument de la paix générale et outre le service signalé qu’il rendroit
aux Espagnolz peut-estre présentement malgré eux, mais dont ilz reco-
gnestroient l’obligation avec le temps, il me semble que nous pourrions bien
en ce cas nous relascher de quelque chose pour nostre satisfaction en Allema-
gne pour nous rendre ledit Trautmansdorff plus favorable et plus résolu en ce
que nous prétendons des Espagnolz.
J’adjousteray encores une raison à toutes celles que j’ay cy-devant mandées
qui me semble bien forte pour persuader aux Espagnolz le parti dont est
question. C’est que dans l’estat présent des affaires que la Flandres est sur le
point de se perdre pour eux et que la Franche-Comté ne nous peut eschapper
en peu de mois, plusieurs généraux m’en ayans mesmes parlé depuis huit
jours comme en respondans sur leurs testes avec de très médiocres forces, il
est vray de dire que la France consentant à ce parti se contente de ce que
vraysemblablement elle pourroit espérer d’emporter dans la campagne pro-
chaine et qu’elle ne laisse pas d’en donner une récompense très avantageuse
par la cession d’un païs qu’elle ne craint point de perdre, puisque mesme elle
seroit très proportionnée quand on seroit en pleine paix et que les Espagnolz
seroient aussy asseurez de conserver ce qui leur reste des Pays-Bas et de la
Bourgogne que nous le sommes de nous maintenir en possession de la Cata-
logne et du Roussillon.
J’ay tous les jours de nouvelles confirmations de ce que je vous ay mandé
plusieurs fois de monsieur le duc de Bavière que nous tirerons plus d’avantage
par son moien que par aucun autre. Il désire passionnément la paix et par
conséquent la satisfaction des deux couronnes, parce qu’il void que c’est le
seul moien d’y parvenir avec cette différence pourtant que la nostre, il la sou-
haitte encor pour son intérest propre, et que pour celle de la couronne de
Suède, il y seroit extrêmement contraire s’il voioit d’autres moiens que celluy-
là de mettre le repos dans l’Empire. Il importe néantmoins de mesnager déli-
catement cette intelligence luy faisans tousjours connestre que nous agissons
par le pur motif de l’affection que Leurs Majestez ont pour luy et pour sa
maison et par la conformité que nous croions estre entre les intérestz de la
France et les siens, et non pas par aucune autre considération qui regarde noz
alliez.
Depuis ma despêche faitte jusques icy le sieur de Préfontaine est arrivé, et
tout ce que l’on a pu faire avant le départ de l’ordinaire c’est d’avoir deschiffré
celle dont vous l’avés chargé . Je n’ay pu que la lire à la haste, s’il y a quelque
chose qui mérite prompte response on vous dépeschera un courrier exprez.
Cependant je vous diray en passant que je trouve tout à fait extrordinaire le
procédé des Suédois en nostre endroit et que la prétention qu’ilz ont mise en
jeu touchant les éveschez jointe à l’autre affaire est bien capable de nous don-
ner des soupçons avec justice de la sincérité de leurs intentions. Ce sera à vous
autres Messieurs sur qui Sa Majesté se repose entièrement de pénétrer plus
avant dans leurs desseins affin que nous puissions s’il y eschet estre à temps
de prendre des résolutions convenables.
Pour ce qui est de mettre nostre proposition par escrit, vous pouvez bien
croire que quand l’on a esté icy d’avis de s’en exempter s’il y avoit moien par
les raisons que l’on vous manda
S. [ nr. 17 Anm. 8 ] .
la raison que le ministre du Roy à Osnabrug assisteroit aux conférences de
noz alliez avec les ennemis comme le ministre de Suède aux nostres à Munster
en exécution de l’article 9 e du traitté préliminaire. Car autrement il est sans
doute qu’il eust beaucoup mieux vallu pour nous de traitter par escrit.