Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
63. d’Avaux an Mazarin Münster 1646 Januar 13
Münster 1646 Januar 13
Ausfertigung: AE , CP All. 59 fol. 58–60’ = Druckvorlage
83–87.
Dank für Gunstbezeugungen; Ergebenheitsbeteuerungen. Antrag Castel Rodrigos an Mazarin.
Unzuverlässigkeit der Schweden. Behauptung der französischen Eroberungen zum Zeitpunkt des
Friedensschlusses. Gründe gegen eine Verlängerung der Allianz mit Schweden. Beförderung des
Friedens im Reich als beste Taktik gegenüber Spanien.
Dank für Mazarins Gunstbezeugungen durch Silhon
Les discours que |:Castel Rodrigo a tenus de Vostre Eminence à la reyne de
Polongne me semblent dignes de grande réflection:|. Premièrement Monsei-
gneur il ne vous a point donné de louanges que vous ne méritiés, toute la
France le justifie de ce costé-là; et pour moy qui m’intéresse en vostre gloire je
la trouve infiniment accreue par l’aveu des ennemis et par l’estime de ceux qui
sentent voz forces. Je les en croirois plus volontiers que la pluspart des gens
qui font la presse au Palais-Royal
|:le roy d’Espagne se veut remettre à Vostre Eminence de la décision de noz
différens:|, vous avés mis |:ses affaires en tel estat qu’il est contraint de vou 1
demander la paix:|, et il me semble que c’est prendre le bon chemin. D’ ail-
leurs Monseigneur |:l’offre de Castel Rodrigo est:| tant plus considérable que
desjà icy |:Pennaranda s’estoit laissé entendre de quelque chose de pareil:|.
L’on m’a rapporté qu’il espère d’avancer la négotiation avec nous, et que si en
quelque point nous ne pouvions convenir, après plusieurs contestations il
pourroit estre qu’ils |:vous en feroient le juge:|. C’est ainsy qu’on m’en a
parlé, et comme si |:les Espagnolz avoient dessein de vivre bien désormais
avec Vostre Eminence:|. Je tasche de nourrir cette pensée puisque sans doute
Monseigneur |:un tel arbitrage vous seroit glorieux:| et se trouveroit sans
exemple, |:mais si la fin que les Espagnolz se proposent de se mettre bien
avec vous:| n’est point meslée de quelque artifice, et si leur intention est pure,
c’est où Vostre Eminence verra plus clair que personne.
Il est certain Monseigneur que |:monsieur de Rosenhan ayant escouté long-
temps :| les propositions des Espagnolz, et s’estant contenté de nous en dire
peu de choses en termes généraux, il nous a donné un juste sujet de plainte, et
je ne m’en suis pas teu: en sorte qu’il a promis de nous faire sçavoir désormais
jusqu’aux moindres particularités. Mais outre qu’en affaires de cette nature je
n’ay pas accoustumé de m’asseurer sur la confiance que des ministres estran-
gers me peuvent tesmoigner, et que mesmes j’ay mandé cy-devant à Vostre
Eminence que |:ledit sieur de Rosenhan:| ne m’avoit peut-estre pas tout dit ,
|:je le crois tant plus maintenant que nous voyons:| que la conduitte des
autres ministres |:de Suède est esgalle:| et que ces jours-cy |:monsieur
Oxenstiern qui paroissoit fort de noz amis a contrevenu publiquement à ce
qui avoit esté arresté avec luy :|. Nous cultivons chacun de nostre part la
bonne volonté des alliés et autres députés de l’assemblée selon les dispositions
que nous y rencontrons, sans garentir pourtant ce qu’ils nous disent ny la
sincérité d’une affection dont ils auroient fait voir quelques apparences.
Vostre Eminence a grande raison de dire que nostre proposition de paix avec
Espagne en gardant toutes noz conquestes doit estre entendue pour le temps
auquel nous concluerons le traitté. Il n’y a nul homme de bon sens qui la
puisse expliquer d’une autre sorte, et si les prédécesseurs du Roy pour acqué-
rir le repos ont bien voulu donner de leurs Estatz et souverainetez aux Espa-
gnolz , il est trop juste que ceux-cy rendent à présent ce qui ne leur appartient
pas s’ils veulent jouir du bénéfice de la paix, et qu’ils reçoivent la loy qu’ eux-
mesmes nous ont imposée.
Je ne sçais s’il y auroit avantage |:à perpétuer présentement l’alliance avec la
couronne de Suède:|. L’on ne l’a jamais cy-devant |:désirée que jusques à la
paix. Elle s’estend encores à dix ans de plus
de délibérer. La ligue que nous avons proposée |:fera le mesme effet soubz
un titre plus spécieux:|. Si les Suédois |:sont capables de nous tromper et s’ilz
en avoient la pensée, il n’y auroit pas plus de seureté en cette prolongation
qu’en la confédération mesme:|. Surtout il eschet d’examiner s’il est à propos
de |:faire de nouvelles ligues dans un traitté de paix et au mesme temps que:|
les deux couronnes se voulans |:establir en Allemagne ont intérest de ne point
donner jalousie de leur agrandissement:|. Il y a encores une considération
particulière |:à l’esgard de la France:|, c’est que pour certain |:le duc de Ba-
vières et les autres estatz catholiques excepté les seulz austrichiens sont plus
favorables à noz prétentions que les protestans d’Allemagne ny les Suédois:|;
ceux-cy disent tout haut que |:si noz roys sont princes de l’Empire, ilz se
feront eslire empereurs, ce que la Suède craint extrêmement:|, et qu’en tout
cas c’est |:adjouster une troisiesme et puissante maison catholique aux deux
seules:| qui y sont aujourd’huy, |:sçavoir-est Austriche et Bavières:|. Nous
nous servons |:utilement de ces discours avec les catholiques:|, nous voions
qu’ils |:y prestent l’oreille:| et que la pluspart d’entre eux |:se consolent desjà
de la perte de ce qui nous demeurera sur l’opinion qu’ilz ont que la France
ayant accomply ses traittez avec les Suédois et se trouvant en grande considé-
ration dans l’Empire pourra bien prendre à l’avenir d’autres intérestz et d’ au-
tres sentimens:|. S’ils se mescomptent, il seroit fascheux qu’un |: renouvelle-
ment d’alliance non nécessaire pour le présent avec la Suède les tirast d’une
erreur qui leur inspire de si bons mouvemens pour la France:|; et s’ils ne se
mescomptent pas, il faudroit encores moins |:perdre leur affection en cette
conjoncture ny se lier les mains pour tout ce qui peut arriver en une au-
tre :|.
Vous avés préveu admirablement Monseigneur et pénétré les plus segrettes
pensées des Espagnolz. Combien y a-t-il [de fois] que vous nous avés mandé
qu’il |:falloit leur donner ombrage d’une paix dans l’Empire sans la faire avec
eux:|. J’asseure Vostre Eminence que c’est aujourd’huy |:la plus vive appré-
hension qu’ilz ayent:| et que tous leurs effortz vont à |:faire marcher ensem-
ble les deux traittez:|. Je l’ay recogneu clairement dans l’entretien |:du sieur
Isola qui prend qualité de résident de l’Empereur, mais:| qui est tout à fait
d’affection espagnole. |:Sans les grandes prétentions des Suédois:| sur les-
quelles ils |:marchanderont longtemps auparavant que de les réduire:| au
point qu’ils se sont proposés, l’on pourroit |:en facilitant un peu les choses de
nostre part obliger l’Empereur à conclurre:|. Et en ce cas le Roy |:tireroit
plus d’armées d’Allemagne que le roy d’Espagne n’en auroit de régimens:|, la
conqueste des Païs-Bas |:s’achèveroit en moins de rien, ou les Espagnolz
nous donneroient la carte blanche pour avoir aussy la paix:|.