Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
50. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1646 Januar 6

2

Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien


3
Paris 1646 Januar 6

4
Kopien: AE , CP All. 63 fol. 23–30 = Druckvorlage; AE , CP All. 75 fol. 36–39. Reinkonzept
5
mit Korrekturen Lionnes: Ass. Nat. 272 fol. 16–22’. Konzept Lionnes: AE , CP All. 59 fol.
6
16–21. Druck: Mém. et Nég. I S. 27–39; Nég. secr. III S. 6–9; Gärtner VII S. 355–367.

7
Ablehnung des Anspruchs der Generalstaaten an Frankreich, bei Ablauf ihres Waffenstillstands
8
erneut mit Spanien zu brechen; Bereitschaft zu Erhöhung der Geld- und Truppenhilfe für die
9
Generalstaaten. Befehl zu standhaftem Beharren auf der französischen Satisfaktionsforderung im
10
Reich; Geldentschädigung für die Erzherzöge von Tirol im Notfall. Demonstration der Wert-
11
schätzung für Trauttmansdorff. Lob der Antwort auf Trauttmansdorffs Vorschlag. Befriedigung
12
über die Fürsprache für Prinz Eduard und über den Stand der Dinge in Osnabrück. Hoffnung
13
auf mündliche Abgabe der Replik. Lob der Verhandlungsführung der Gesandten. Aushebungen.
14
Vorsichtige Distanzierung vom Antrag Savoyens auf Sitz und Stimme im Fürstenrat. Abberu-
15
fung d’Aiguebonnes, Audienzverbot des savoyischen Gesandten in Paris; Beschwerden gegen
16
Savoyen; Pianezza.

17
Comme il n’y a aucune justice ainsy qu’il a esté desjà mandé d’autrefois dans
18
la prétention que Messieurs les Estatz ont que nous rompions de nouveau
19
avec l’Espagne quand la trêve qu’ils auroient faitte sera expirée puisque l’on
20
n’a jamais douté qu’il ne fust en leur main de faire la paix aussy bien que
21
nous, ce qui a encores esté confirmé par l’offre que leur en a fait Rodrigue
22
dans sa lettre , et qu’ainsy la trêve qu’ils veulent conclurre est un parti d’ élec-
23
tion et non pas de nécessité, il y a tout sujet de croire qu’ilz ne s’ opiniastre-
24
ront pas davantage à une instance si desraisonnable et à laquelle nous ne pou-
25
vons jamais consentir si ce n’est que nous fassions nous-mesmes une trêve
26
aussy bien qu’eux soit universelle ou particulière pour la partie de noz con-
27
questes que noz ennemis ne voudront pas condescendre à nous laisser par la
28
paix, et qu’ainsy le temps de cette suspension estant expiré nous rentrions
29
tous en guerre conjointement avec Messieurs les Estatz.

30
Que si la France peut conclurre dès à cette heure la paix, et que les Estatz
31
pour d’autres respectz particuliers qui regardent leur avantage ne veullent
32
faire qu’une trêve encores que par justice Sa Majesté après ladite trêve ne fust
33
tenue au plus qu’à ce qu’elle fait aujourd’huy pour les assister, néantmoins
34
pour leur donner tousjours de plus effectives et de plus cordiales marques de
35
son affection, elle demeure d’accord de bon cœur d’augmenter ses assistan-
36
ces suivant ce qui est porté par le mémoire du Roy que porta le courrier La
37
Buissonnière

40
APW II B 2 nr. 267.
; et comme il est malaisé de prescrire d’icy ce que l’on devra
38
promettre en ce cas d’hommes et d’argent par-dessus ce que l’on fournit à

[p. 201] [scan. 283]


1
présent, Sa Majesté ne peut dire autre chose si ce n’est qu’elle trouvera bon
2
tout ce à quoy lesdits Sieurs Plénipotentiaires l’engageront, estant bien as-
3
seuré [e] qu’ilz ne mesnageront pas moins ses intérestz et sa bourse qu’elle
4
feroit elle-mesme, et qu’ils n’oublieront rien pour porter les Estatz ou leurs
5
ministres à se satisfaire de la raison.

6
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires ne pouvoient mieux s’expliquer qu’ilz ont fait
7
sur la satisfaction que prétend cette couronne en Allemagne, et on a bien
8
entendu que leur pensée là-dessus n’est pas tant de pouvoir certainement ob-
9
tenir tout ce que l’on demande comme un effet de la passion qu’ils en ont
10
fondée pourtant sur des apparences très grandes d’une bonne issue, eu esgard
11
à l’absolue nécessité que l’Empereur a de faire la paix à quelque prix que ce
12
soit dans le mauvais estat de ses affaires et les continuelles instances suivies le
13
plus souvent de protestations que luy font tous les princes et estatz de l’ Em-
14
pire pour l’y obliger.

15
Il ne faut pas donc s’estonner d’abord de tout ce que disent noz ennemis ou
16
leurs adhérens pour faire parestre nostre prétention exorbitante, et s’ilz met-
17
tent en jeu mille raisons pour monstrer qu’il y a mesme de l’impossibilité à
18
nous contenter là-dessus.

19
Ilz seroient très malhabiles d’en user autrement, mais c’est aussy à nous à
20
tenir bon et à ne pas nous espouventer légèrement, parce que sachans le be-
21
soin et le désir que l’Empereur a de se tirer d’affaires, et que les estatz de
22
l’Empire mesmes les plus deppendans de la maison d’Austriche qui ont aver-
23
sion à nostre satisfaction aimeront mieux nous faire céder ce que nous de-
24
mandons que de voir continuer plus longtemps la guerre d’Allemagne, il est
25
indubitable qu’ilz se rangeront peu à peu à ce que nous pouvons désirer à
26
mesure qu’ils s’accoustumeront à nous le voir prétendre avec fermeté.

27
Et en effet nous avons avis de Vienne que les derniers ordres que le comte de
28
Trautmansdorff a receus de son maistre, c’est que s’il ne void pas jour à faire
29
un accommodement particulier avec la Suède par le moien duquel on puisse
30
refuser à la France et aux autres les satisfactions qu’ilz désirent, il sorte d’ af-
31
faires promptement aux conditions qu’il pourra les moins préjudiciables, mais
32
tousjours qu’il sorte d’affaires.

33
On a d’ailleurs les mesmes avis pour ce qui regarde le duc de Bavières lequel
34
n’a pas seulement conseillé à l’Empereur d’accorder à la France la satisfaction
35
qu’elle demande, mais persiste tousjours à dire qu’en cas que l’on ne puisse
36
nous porter à rabattre de nostre prétention il vaut mieux lascher le tout que
37
de s’y opiniastrer plus longuement. Il est aisé de voir une partie de ses senti-
38
mens dans la copie d’une lettre dudit duc de Bavières que monsieur le cardi-
39
nal Mazarini addresse ausdits Sieurs Plénipotentiaires

43
Beilage 1 zu nr. 51.
.

40
Il faut donc tenir ferme là-dessus, déclarer aux uns et aux autres qu’on ne
41
rendra jamais l’Alsace ny les places que nous nous sommes expliquez de pré-
42
tendre , que l’on ne nous en chasse par la force, ce que nous ne croyons pas

[p. 202] [scan. 284]


1
que l’on soit en estat de faire, répliquer les raisons qui ont esté dittes par
2
lesdits Sieurs Plénipotentiaires, en chercher de nouvelles et au mesme temps
3
imprimer bien dans l’esprit du comte de Trautmansdorff que satisfaisant cette
4
couronne et ses alliez il peut en un instant conclurre la paix dans l’Allemagne
5
qui veut autant dire que tirer son maistre de quantité de plus grandz périlz
6
ausquels il est exposé, estant assez évident à quiconque considérera bien
7
l’estat présent des affaires que l’Empereur gaignera plus le jour de la paix qu’il
8
ne sçauroit faire en deux années de guerre qui luy fussent favorables.

9
Avec tout cella pour faciliter encores plus les choses, le Roy permet ausdits
10
Sieurs Plénipotentiaires et leur donne pouvoir en un besoin d’accorder de sa
11
part une somme d’argent paiable en quatre ou cinq années ou bien quelque
12
revenu ordinaire pour desdommager la maison des archiducz, bien entendu
13
qu’ilz n’en parleront qu’à une dernière extrémité, et quand ilz auront tout à
14
fait désespéré de pouvoir obtenir nostre prétention entière, et peut-estre
15
mesme il se trouveroit des expédiens que lesdits archiducz emploieroient la
16
somme convenue à l’achat de quelques souverainetez de princes despouillez
17
qui seroient plus aises d’avoir de l’argent comptant pour se remettre, et ainsy
18
un chacun demeureroit satisfait. Mais Sa Majesté recommende surtout ausdits
19
Sieurs Plénipotentiaires de ne faire cette ouverture que dans un dernier be-
20
soin .

21
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires ne doivent rien oublier pour faire cognestre
22
au comte de Trautmansdorff l’estime que Leurs Majestez font de sa personne
23
et de son mérite, et l’espérance qu’elles ont conceue avec toute la chrestienté
24
qu’il ne voudra pas estre venu à l’assemblée inutilement; que Leurs Majestez
25
luy souhaittent la gloire d’avoir establi le repos de l’Allemagne, d’autant plus
26
qu’estant principal ministre de l’Empereur il sera en quelque fasson plus lié
27
qu’aucun autre à l’exacte et fidelle observation de tout ce qui aura esté arresté
28
par le traitté de la paix.

29
Ce n’est qu’après que ledit comte a recogneu qu’il ne peut avoir aucune espé-
30
rance de séparer par un traitté particulier les Suédois d’avec cette couronne
31
qu’il tesmoigne d’estre fasché que l’on ait en cella soubçonné sa conduitte,
32
mais comme nous ne pouvons pas nous plaindre avec justice de ce qu’il essaye
33
de faire à l’avantage de son maistre, aussy il semble que l’on doit recevoir
34
civilement l’excuse qu’il en fait à laquelle rien ne l’oblige que l’envie de se
35
rendre agréable et d’acquérir créance à bon marché.

36
On n’a rien à répliquer sur ce que les médiateurs ont dit de la part dudit
37
Trautmansdorff des pointz qu’il falloit ajuster pour la paix dans l’Empire,
38
Messieurs les Plénipotentiaires s’en estans si bien desmeslez qu’on ne peut
39
que louer leur conduitte et leur adresse, Sa Majesté leur recommende seule-
40
ment de continuer à persuader ledit Trautmansdorff qu’il ne doit pas s’amuser
41
à faire des propositions inutiles, mais plustost mettre promptement sur le ta-
42
pis celles qui peuvent produire une bonne paix. Avant que ledit Trautmans-
43
dorff partist de Vienne il estoit fort bien informé de la prétention que nous
44
avions pour nostre satisfaction en Allemagne dont nous nous estions ouvertz

[p. 203] [scan. 285]


1
confidemment aux ministres de Bavières, et en arrivant à Munster elle luy
2
aura esté confirmée

42
2-3 de tesmoigner] aus den übrigen Fassungen ergänzt; fehlt in der Druckvorlage.
de beaucoup d’endroitz. Cependant il a affecté de tesmoi-
3
gner de l’avoir seulement appris par un bruit commun, et de ne le pouvoir
4
croire pour les raisons qu’il a alléguées; en quoy son but sans doute a esté
5
d’aller ainsy au-devant, avant que nous en aions fait une déclaration publique,
6
se flattant que nous ne nous engagerons pas à demander une satisfaction si
7
haute quand nous serons persuadez de l’impossibilité de l’obtenir; mais il faut
8
qu’il reconnoisse qu’il a mal pris ses mesures, et que ces sortes d’artiffices ne
9
font pas changer des résolutions prises par une couronne après un long exa-
10
men , et avec grande connoissance de cause. On pourroit bien luy dire en pas-
11
sant que la France n’aiant pas encores déclaré la satisfaction qu’elle prétend il
12
faut qu’elle soit bien juste si la voix du peuple est celle de Dieu.

13
On a trouvé fort bon que Messieurs les Plénipotentiaires aient fait les offices
14
qu’ils mandent en faveur du prince Edouard de Portugal, et on a esté bien aise
15
d’apprendre que le comte de Peneranda y ait respondu avec la civilité qu’il a
16
fait.

17
Leurs Majestez sont aussy fort satisfaittes du bon estat dans lequel ont esté
18
laissées les affaires à Osnabrug soit pour la bonne intention des députez des
19
estatz protestans envers la France, soit pour les protestations que les ministres
20
de Suède ont fait de ne donner à l’avenir aucun sujet de meffiance de leur
21
fidélité et de vivre sans interruption jusques à la conclusion de la paix avec
22
tant de franchise que les ennemis ne puissent pas mesme par aucune appa-
23
rence espérer de nous diviser.

24
Leurs Majestez se sont aussy resjouies d’apprendre que les plénipotentiaires
25
de Suède se doivent bientost rendre à Munster pour y résoudre toutes choses,
26
elles souhaitteroient bien que l’avis du sieur Oxenstiern de ne pas donner les
27
propositions par escrit prévalust à celuy du sieur Salvius pour les raisons qui
28
ont esté autresfois mandées.

29
Enfin Leurs Majestez louent extrêmement la prudence, le zèle, l’addresse, et
30
la fermeté avec laquelle Messieurs les Plénipotentiaires agissent dans le cours
31
de leur négotiation pour porter les intérestz de cette couronne avec dignité, et
32
luy procurer toute sorte d’avantages dans la discution qui s’en fera. On ne
33
pouvoit aussy rien désirer de plus à la dextérité avec laquelle on s’est desmeslé
34
à Osnabrug des contestations qui sont entre les luthériens et les calvinistes.

35
On a mandé positivement à monsieur de Brégy de fournir de l’argent du
36
prince de Transsylvanie qui estoit à sa disposition tout ce que monsieur de La
37
Thuillerie demanderoit pour des levées, en sorte qu’on ne doute point qu’il y
38
puisse avoir aucun manquement d’autant plus qu’on luy renouvelle encores à
39
présent les mesmes ordres.

40
Messieurs les Plénipotentiaires ne pouvoient mieux respondre qu’ilz ont fait
41
aux instances que l’ambassadeur de Savoye leur a faittes de l’assister en la

[p. 204] [scan. 286]


1
demande d’avoir rang et séance dans l’assemblée des princes et estatz de l’ Em-
2
pire . Cette pensée vient asseurément de marquis de Pianezze lequel aiant esté
3
autresfois ambassadeur du duc Charles-Emanuel prez de l’Empereur

33
Pianezza war nicht zuzeiten Karl Emanuels I. (1562–1630, 1580 Hg.), sondern unter seinem
34
Sohn, Hg. Viktor Amadeus I., savoyischer Botschafter am Kaiserhof gewesen; s. nr. 20
35
Anm. 2.
fait as-
4
sez parestre aujourd’huy par toute la conduitte qu’il tient qu’il a bien celé
5
pour quelque temps, mais qu’il ne s’est pas despouillé de l’affection que l’on
6
creut au retour de cette ambassade qu’il avoit pour la maison d’Austriche. On
7
a estimé par le passé qu’il estoit de l’intérest du Roy d’essaier le plus qu’il
8
seroit possible de destacher la maison de Savoie de l’Empire, monsieur Ser-
9
vien pouvant se ressouvenir que l’on a proposé autrefois de faire diverses grâ-
10
ces au feu duc Victor-Amédée

36
Viktor Amadeus I. (1587–1637), 1630 Hg. von Savoyen, 1633 Titularherzog von Zy-
37
pern . 1629–1631 war Servien mit Verhandlungen zur Regelung der Nachfolge in Montferrat
38
und Mantua betraut, wobei er auch mit Mazarin zusammentraf ( Enaux-Moret S. 54ff.).
pourveu qu’il déclarast de ne relever en au-
11
cune partie [de] ses Estatz de l’Empereur, et la raison dont on se servoit pour
12
l’y disposer, c’estoit qu’en plusieurs rencontres il avoit fait parestre qu’il re-
13
connoissoit ou ne reconnoissoit pas l’Empire, selon que l’estat de ses affaires
14
le luy conseilloit. Sa Majesté croit donc que Messieurs les Plénipotentiaires
15
sans rien donner à cognestre de leur intention doivent adroittement esquiver
16
de se mesler de la prétention dudit ambassadeur si ce n’est qu’ilz voient qu’en
17
le faisant nous puissions en tirer quelque proffit.

18
Le peu de satisfaction que Sa Majesté a de la conduitte de madame de Savoye
19
l’a enfin obligé de luy en tesmoigner son ressentiment par la révocation
20
qu’elle a faitte de son ambassadeur qui est en Piémont

39
D’Aiguebonne; s. nr. 16.
, et par la résolution
21
qu’elle a prise que ses ministres icy n’auroient pas désormais grand commerce
22
avec l’abbé de Verrue, puisqu’aussy bien tout ce qu’on leur faisoit dire ou
23
escrire à Madame de la part de Sa Majesté ne servoit qu’à faire aussytost ré-
24
soudre le contraire, ainsy qu’il a paru en l’affaire du Belletia qu’elle a fait
25
président, et ensuitte qu’elle a confirmé avec plus d’opiniastreté dans l’ em-
26
ploy de Munster depuis qu’elle a sceu que Sa Majesté se plaignoit de luy, et le
27
tenoit pour suspect; et quand elle a choisy pour son ambassadeur à Rome le
28
comte de Saint-Georges

40
Federico Aldobrandini conte di San Giorgio ( Claretta II S. 147).
, d’inclination tout à fait espagnole, qu’elle luy a
29
donné pour son secrétaire d’ambassade le nommé Canaparò

41
Nicht zu ermitteln.
qui avoit autre-
30
fois esté au feu abbé Scaglia

42
Filiberto Alessandro Scaglia (gest. 1641), Abt von Staffarda und Susa, savoyischer Minister in
43
Frk., Spanien und Rom ( Claretta II S. 358). Er war der Onkel Filiberto Scaglias (gen. abbé
44
de Verrue).
, et que l’on chassa d’icy dernièrement, et lors-
31
qu ’elle a persisté de vouloir tenir en cette cour l’abbé de Verrue, qui a paru
32
avoir de fort mauvaises intentions, et qui luy desguise toutes choses.

[p. 205] [scan. 287]


1
Lorsque l’on a envoié les ordres de Sa Majesté pour faire revenir le sieur
2
d’Aiguebonne, l’abbé de Verrue les fit devancer par un courrier extraordinaire
3
qu’il despêcha pour en porter la nouvelle; aussytost il fut tenu de grands con-
4
seilz à Thurin de ce qu’il y auroit à faire, et on dit (quoyque nous n’en aions
5
pas de nouvelles de nostre ambassadeur) que le marquis de Pianezze
6
s’eschauffa à tel point qu’il opina qu’il valoit mieux que madame de Savoie
7
rompist avec la France que de révocquer Belletia. Néantmoins l’authorité des
8
princes

31
Gemeint sind die Schwäger der Hg.in von Savoyen: Moritz von Savoyen (1593–1657),
32
Pz. von Oneglia ( Isenburg NF II T 195), und Thomas Franz von Savoyen (1596–1656),
33
Pz. von Carignano (s. [ nr. 83 Anm. 10 ] ).
l’emporta, mais non pas si pleinement que ledit marquis ne trouvast
9
encor moyen de chicaner là-dessus. Monsieur le cardinal Antoine se trouva
10
sur les lieux, ilz luy ont donné pouvoir (malgré luy qui ne vouloit point se
11
mesler de cette affaire) que pourveu que la Reine déclarast que Madame luy
12
feroit plaisir de rappeller Belletia, l’ambassadeur de Savoie remettroit aussy-
13
tost entre noz mains l’ordre de son rappel. On s’est mocqué icy de ce bel
14
expédient et on laissera à Madame de prendre telle résolution que bon luy
15
semblera. Cependant on a renouvellé au sieur d’Aiguebonne l’ordre qu’on luy
16
avoit donné de partir, ainsy que lesditz Sieurs Plénipotentiaires verront par la
17
lettre qu’on luy a excritte à laquelle on a joint la coppie de la première qu’il
18
receut.

19
Le marquis de Pianezze estoit un de ceux qui estoient le plus mal dans l’esprit
20
de Madame lorsque la maison d’Aglié

34
Filippo San Martino (1604–1667), conte di Agliè, 1630 luogotenente, Favorit der Hg.in
35
Christine von Savoyen, nach Viktor Amadeus’ I. Tod einflußreichste Persönlichkeit am savoy-
36
ischen Hof. Als Gegner der frz. Interessen in Piemont wurde er auf Betreiben Richelieus im
37
Dezember 1640 zusammen mit seinem Onkel Ludovico San Martino, marchese di Agliè
38
(1578–1646, 1623–1637 savoyischer Botschafter in Paris), gefangengesetzt und erst zwei Jahre
39
später wieder freigelassen. Er kehrte an den savoyischen Hof zurück, wo er 1646 sovrinten-
40
dente delle finanze wurde ( DBI I S. 408ff.; Claretta passim).
avoit toute la faveur, et monsieur le
21
cardinal Mazarini quand il fut en Piémont

41
Als Sekretär des außerordentlichen Nuntius Sacchetti hielt sich Mazarin 1628 in Mailand auf.
42
Bei der Regelung der Mantuaner Erbfolgefrage 1629/30 traf er Servien in Piemont. Am
43
26. X. 1630 erreichte Mazarin vor Casale einen Waffenstillstand, 1631 verhandelte er in Paris
44
um einen Frieden, u. a. mit Servien. Zusammen handelten sie die Verträge von Cherasco aus
45
( Dethan S. 61ff., 136ff.; Enaux-Moret S. 56, 63).
agissant de concert avec ledit
22
marquis n’oublia rien pour luy procurer l’affection et l’estime de Madame, ce
23
qui a tousjours esté continué et d’icy et par le moien des ministres de Sa Ma-
24
jesté en Piémont, en sorte qu’il se peut dire véritablement qu’il a obligation à
25
la France de ce qu’il tient aujourd’huy la première place dans cette cour-là; sa
26
conduite avoit esté si sage et sa partialité pour cette couronne si déclarée lors-
27
qu ’il n’estoit ny aimé, ny considéré de Madame que l’on jugea qu’il ne pou-
28
voit estre que très avantageux au service du Roy et au bien de la maison de
29
Savoye de le mettre en crédit auprès d’elle. Mais l’expérience a fait cognestre
30
le contraire, et quoyque l’on voye assés clairement ses intentions, on a peine

[p. 206] [scan. 288]


1
pourtant à comprendre qu’il se soit oublié à tel point que de commettre une
2
pareille imprudence, d’autant plus qu’il

31
2 doit estre bien] aus den übrigen Fassungen statt: paroist in der Druckvorlage.
doit estre bien informé par ce qui
3
arriva à son père

32
Carlo di Simiana signor d’Albigni; er war aufgrund eines privaten Briefwechsels mit Kg. Phi-
33
lipp III. von Spanien des Hochverrats verdächtigt und am 7. II. 1608 im Kastell Moncalieri
34
enthauptet worden ( Carutti S. 3942; Claretta II S. 348).
, quoyque marié avec la sœur du duc Charles-Emanuel

35
Mathilde von Savoyen ( Isenburg NF II T 195).
,
4
que les maximes de la maison de Savoye ne sont pas de préférer une rupture
5
avec la France à une petite considération de ne pas vouloir tirer d’un employ
6
une personne si ordinaire qu’est le Belletia: s’il y a quelque différence dans
7
l’exemple c’est celle d’un homme de la qualité de monsieur d’Albigni, princi-
8
pal ministre du duc de Savoie, à un petit bourgeois de Thurin, et que Charles-
9
Emanuel estoit lors paisible possesseur de tous ses Estatz et que le duc d’à
10
présent a esté restabli dans les siens par le Roy et que Sa Majesté tient encores
11
en Piedmont les principales places.

12
On attend de sçavoir plus particulièrement la vérité de ce discours, après
13
quoy Sa Majesté prendra les résolutions qui seront de son service dans les-
14
quelles se trouvera encores plus celuy de Madame.

15
On a voulu informer de tout ce destail Messieurs les Plénipotentiaires affin
16
qui’lz s’en prévallent autant qu’il en sera besoin selon les conjunctures.


17
Beilagen [fehlen]:


18
1 Ludwig XIV. an d’Aiguebonne, Kopie (Abberufung aus Piemont).

19
2 Brienne an d’Aiguebonne, Kopie (Erneuerung des Befehls zur Abreise aus Piemont).

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