Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
42. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1645 Dezember 30

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Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien


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Paris 1645 Dezember 30

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Kopien: AE , CP All. 53 fol. 420–422 = Druckvorlage; fälschlich datiert: 1645 Dezember 20;
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AE , CP All. 53 fol. 522–527’. Konzept Lionnes: AE , CP All. 45 fol. 360–362’.

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Voraussichtliche Einwilligung der Spanier in den Frieden bei Scheitern ihrer Spaltungsbestrebun-
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gen und Gefahr der Isolierung. Anweisung zur Einleitung von Verhandlungen mit Trauttmans-
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dorff . Vorteile eines Abschlusses im Reich ohne Spanien; Aussicht auf Einlenken der Spanier.
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Maßnahmen, um Kaiser und Reich an der Unterstützung Spaniens zu hindern; Verwendung der
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Truppen in Deutschland zur Türkenhilfe. Druck Trauttmansdorffs auf die Spanier, sich zu erklä-
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ren ; seine Entschlossenheit zum Frieden; sein geplantes Vorgehen; Beunruhigung der Spanier dar-
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über . Argumente, um Trauttmansdorff zu gewinnen. Zwangslage des Kaisers. Überwachung
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Noirmonts. Unzuständigkeit der Spanier in der Pinerolo-Frage; Billigung der französisch-savoyi-
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schen Vereinbarungen durch den Kaiser wünschenswert. Reaktion in Paris auf Friedens- bzw.
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Waffenstillstandsgerüchte.

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Sy la négociation de l’accommodement particulier des Suédois avec l’ Empe-
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reur est tout à fait rompue en sorte qu’il n’y ayt plus rien à craindre de ce
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costé-là, comme d’ailleurs les Espagnolz doivent ce semble désespérer d’avoir
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moyen de rien conclure séparément avec Messieurs les Estatz, nous pouvons
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dire franchement que nostre cause est gagnée avec eux, et qu’ilz sont réduitz
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aux extrémitez que nous sçaurions désirer pour consentir à la paix puisqu’ilz
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sont très persuadez que s’ilz ne se résolvent bientost à la faire, Trautmandorff
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l’establira dans l’Empire sans se soucier beaucoup de les y comprendre.

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Et comme par les avis que nous en recevons et par quantité de raisons qu’ilz
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ont d’en user de la sorte, il est certain qu’il n’y a party auquel ilz ne condes-
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cendent plustost que de demeurer seulz à soustenir la guerre contre cette cou-
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ronne et contre Messieurs les Estatz, il semble que rien ne nous peut estre sy
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utile qu’une extraordinaire et continuelle application d’esprit de vous autres

[p. 175] [scan. 257]


1
Messieurs à gaigner la confiance de Trautmandorff et introduire des négocia-
2
tions avec luy immédiatement s’il se peut ou par le ministre de Bavières le
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plus accrédité, non seulement parce que de telles apparences serviront à aug-
4
menter extrêmement les appréhensions des Espagnolz et conséquemment à
5
les porter à consentir aux conditions que nous pouvons désirer les plus avan-
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tageuses , mais pour conclurre en effet s’il y eschet avec ledit Trautmandorff
7
conjoinctement avec la couronne de Suède et noz autres alliez d’Allemagne;
8
en quoy il semble que nous aurions deux utilitez bien grandes, l’une d’avoir
9
assuré nostre satisfaction dans l’Empire, et la seconde de pouvoir pousser plus
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vigoureusement

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10 les forces] übrige Fassungen: l’effort
les forces de noz armes contre les Espagnolz s’ilz s’ oppinias-
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troient encore à ne pas céder, et cela avec moins de despence pour nous et
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comme certitude de plus grands progrez.

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Ce sont les raisons que je recognois dans l’esprit de la Reyne qui la font in-
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cliner à prendre cette résolution, et ceux qui ont l’honneur de conseiller Sa
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Majesté n’y trouvent nulle difficulté, mais ilz croyent seulement aussy bien
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que moy que nous n’en viendrons jamais à ce point parce que les Espagnolz
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ne le permettront pas. Néantmoins sy contre nostre oppinion l’affaire prenoit
18
cette pente, vous autres Messieurs nous en donnans avis en toute diligence, en
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receveriez les ordres préciz de Sa Majesté sans perte de temps.

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Il faudra seulement se souvenir en ce cas de ce que l’on a mandé autresfois

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S. z. B. APW II B 2 nr. 267.
de
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prendre toutes les seuretez possibles pour lier l’Empereur et les autres princes
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d’Allemagne en sorte que les Espagnolz ne puissent la guerre continuant en
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recevoir ny directement ny soubz main aucune assistance.

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Et peut-estre mesme on pourroit songer pour en avoir plus de certitude [à]
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former un corps d’armée des trouppes qui sont maintenant dans l’Allemagne
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et le donner au roy de Pologne pour agir contre le Turc moyennant les assis-
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tances de la républice de Venize qui contribueroit volontiers de tout son
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pouvoir à cette

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28 diversion] aus den übrigen Fassungen statt: division in der Druckvorlage.
diversion pour laquelle elle a desjà offert de notables sommes
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d’argent. Ce seroit ce me semble le plus solide moyen pour donner un employ
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aux trouppes qui devroient estre licentiées affin que les Espagnolz n’en pus-
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sent proffitter.

32

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32 Nous avons …] neuer Absatz gesetzt, sinngemäß und den übrigen Fassungen entsprechend.
Nous avons avis que le comte de Trautmandorff pressera vivement les minis-
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tres d’Espagne de déclarer à quelles conditions ilz consentiront à la paix.

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Pour luy, il est tout persuadé que les Espagnolz nous doivent abandonner la
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plus grande partie de noz conquestes, et que dans l’estat présent des affaires
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ilz feront tousjours beaucoup pour eux s’ilz peuvent arrester le cours de noz
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progrez, c’est-à-dire empescher la ruyne imminente dont ilz sont menacez, et
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je vous prie Messieurs de faire estat de cet advis parce qu’il est certain.

[p. 176] [scan. 258]


1
Il a grande passion de sortir promptement d’affaires pour se rendre prez de
2
son maistre et s’il void une fois tout chemin couppé à faire un accommode-
3
ment particulier avec les Suédois que les Espagnolz luy font encores espérer,
4
le flattans mesme qu’ilz pourront s’ajuster séparément avec Messieurs les
5
Estatz, il recourra aussytost à nous pour paciffier l’Empire, et conclurra en
6
peu de temps sans se mettre beaucoup en peine des Espagnolz s’ilz ne propo-
7
sent point de party raisonnable qui contente la France. Les intérestz de l’ Em-
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pereur requièrent absolument qu’il en use de la sorte, et il cognoist très bien
9
que tout sera pour eux en bien pires termes aprez la campagne qui vient; son
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inclination particulière va à la paix et à remporter la gloire de l’avoir faitte, et
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Bavières à qui il veut plaire contribue de toutes façons et prez de l’Empereur
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et prez de luy pour establir le repoz de toute l’Allemagne sans se soucier de ce
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que feront ou diront les Espagnolz.

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C’est de quoy ceux-cy tremblent continuellement, qui sçavent que ledit
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Trautmandorff y est résolu, leur ayant allégué d’un costé les pressantes néces-
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sitez de l’Empereur et de l’autre la déclaration que le duc de Bavières et les
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autres princes de l’Empire ont faitte de voulloir la paix à quelque prix que ce
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soit et mesme sans eux s’ilz ne se résolvent à la conclurre en mesme temps, se
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disposans aux conditions que la France désire.

20
On ne croid pas qu’il y ayt aucun mauvais effet à appréhender, mais au con-
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traire qu’il sera très avantageux au service du Roy que vous autres Messieurs
22
parliez librement à Trautmandorff du désir que Leurs Majestez ont de resta-
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blir une bonne et sincère correspondance et amitié avec l’Empereur, luy im-
24
primant surtout dans l’esprit les raisons que nous avons de vouloir proffitter
25
des prospéritez que Dieu a données à cette couronne sur celle d’Espagne la-
26
quelle nous ne ferons qu’imiter, estant assez cognu d’un chacun qu’elle a for-
27
mé à noz despens la plus grande partie de sa monarchie. Ilz pourront aussy
28
luy insinuer adroittement que l’ambition immodérée des Espagnolz qui vou-
29
lurent joindre à leurs Estatz ceux de monsieur le duc de Mantoue

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S. [ nr. 17 Anm. 13 ] ; zur Auseinandersetzung um die Mantuanische Erbfolge s. Quazza .
sans autre
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raison que parce qu’ilz les trouvoient à leur bienséance, a esté la source d’où
31
sont dérivez tous les maux que la religion catholique et la chrestienté ont
32
souffertz et notamment des malheurs et des préjudices qu’a receus l’Empire,
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le feu empereur ayant esté en quelque façon forcé par les instances d’Espagne
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appuiées du prince d’Ekemberg

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Johann Ulrich Fh. von Eggenberg (1568–1634), Obersthofmeister und Direktor des GR unter
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Ferdinand II., Gegner Trauttmansdorffs ( ADB V S. 663–666 ; NDB IV S. 331f ).
et du comte de Collalto

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Rambold XIII. Gf. von Collalto (1579–1630), österreichischer Feldmarschall, 1624 Hof-
43
kriegsratspräsident , 1629 Oberbefehlshaber der ksl. Truppen in Oberitalien ( NDB III
S. 320–322 ).
contre les senti-
35
mens du mesme Trautmandorff à envoyer dans l’Italie l’élite de ses trouppes
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dans un temps que si elles eussent esté employées en Allemagne, elles auroi-
37
ent hautement estably et affermy sa puissance avec de notables avantages
38
pour nostre religion.

[p. 177] [scan. 259]


1
Les derniers avis que l’on a receus de Vienne portent que les nécessitez de
2
l’Empereur sont à tel poinct qu’il ne sçait plus où donner de la teste pour
3
trouver un sold, enfin que les personnes les plus partiales et les plus affectio-
4
nées à l’Espagne qui sont dans sa cour sont forcées de dire à l’Impératrice
5
mesme

35
Maria Anna (1606–1646), Tochter Philipps III. von Spanien (1578–1621, 1598 Kg.), seit
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1631 Gemahlin Ks. Ferdinands III.
qu’il n’est plus temps de délibérer des conditions de la paix, mais de
6
la faire à quelque prix que ce soit à celles que l’on pourra obtenir les moins
7
désavantageuses.

8
Il sera bien à propos que vous autres Messieurs veilliez de prez à la conduite
9
et aux actions d’un nommé Noirmont

37
Antonio Galla de Salamanca, seigneur de Noirmont, span. Agent in den Generalstaaten. Im
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Winter 1644/1645 war er bereits mehrmals mit span. Angeboten nach Den Haag gereist
39
( Poelhekke S. 185ff.). Anfang Dezember 1645 – gleichzeitig mit Castel Rodrigos Vorstoß in
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Den Haag – wurde auch Noirmont mit 1,5 Millionen Gulden dorthin entsandt ( Codoin
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LXXXII S. 247; Poelhekke S. 211, 569). Er wurde nach Münster verwiesen, wohin er je-
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doch erst am 30. IV. 1646 aufbrach (La Thuillerie an Longueville, d’Avaux und Servien, Den
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Haag 1646 Mai 1, Kopie: AE , CP Holl. 35 fol. 236’–238’).
qui est à présent à Munster et est celuy
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dont [Castel] Rodrigue s’est servy le plus jusques icy avec monsieur le prince
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d’Orange et à La Haye pour introduire la négociation d’un accomodement
12
particulier avec Messieurs les Estatz.

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Quoyque je ne doutte point que vous autres Messieurs ne vous sçachiez bien
14
démesler sur l’article de Pignerol sy les Espagnolz avoient la hardiesse d’en
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parler ou d’y vouloir faire valoir leur consentement, néantmoins je vous feray
16
remarquer en passant qu’ilz n’y ont que voir. Premièrement parce que la
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place ne leur appartient pas. En second lieu parce que celuy à qui elle est et
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qui peut disposer absolument et à son gré de son bien est uny avec la France
19
et l’a eschangé amiablement avec elle à des conditions dont il est et a grand
20
sujet d’estre satisfait; pour ne pas parler des despenses immenses que cette
21
couronne a faites pour la protection et l’appuy de la maison de Savoye et de la
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générosité avec laquelle elle luy a rendu cy-devant tant de places et est preste
23
de faire le mesme de plusieurs autres qui sont entre ses mains quand les Es-
24
pagnolz se porteront de leur costé à faire ce qu’ilz doivent.

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On pourra seulement en cette matière prendre garde que sy Pignerol relève de
26
l’Empire, peut-estre ne seroit-il que bon d’avoir l’approbation de l’Empereur
27
dudit eschange,

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27 mais] aus den übrigen Fassungen ergänzt; fehlt in der Druckvorlage.
mais en sorte que cela ne fût compté à rien, comme vraysem-
28
blablement il sera aussy aise d’accorder cette approbation pour sauver ses
29
droitz

34
29 et en effet] aus den übrigen Fassungen ergänzt; fehlt in der Druckvorlage.
et les maintenir, que nous de la recevoir; et en effet dans la cour impé-
30
rialle , on n’a jamais fait grand mistère sur le poinct de Pignerol.

31
J’achèveray Messieurs par une chose qui vous fera rire parce qu’elle est assez
32
estrange. Quand les bruitz se respandirent dernièrement dans Paris que la

[p. 178] [scan. 260]


1
paix ou la trefve estoit sur le poinct d’estre conclue, on m’a rapporté qu’en
2
plusieurs compagnies où il s’est rencontré mesme des plus sensez du Parle-
3
ment et des évesques et autres personnes de condition, les belles réflexions
4
que l’on a faites sur cette nouvelle ont esté que la Reyne voyant son frère aux
5
abois ne veult pas luy porter le dernier coup comme il est aisé, et le veut
6
sauver de la ruyne qui luy est

37
6 inévitable] aus den übrigen Fassungen statt: indubitable in der Druckvorlage.
inévitable. De façon que soit que nous fassions
7
ou ne fassions pas la paix, nous courrons, Messieurs, la mesme fortune d’estre
8
blasmez. Mais il faut faire ce qu’on doibt, et se mettre peu en peine du
9
reste.

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