Acta Pacis Westphalicae II B 3,1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 1. Teil: 1645 - 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy, mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
17. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1645 Dezember 9
Paris 1645 Dezember 9
Kopien: AE , CP All. 53 fol. 365–370’ = Druckvorlage; AE , CP All. 49 fol. 226–231. Rein-
konzept mit Korrekturen Lionnes: Ass. Nat. 272 fol. 610–619’. Konzept Lionnes: AE , CP All.
45 fol. 238–245’. Druck: Nég. secr. II,2 S. 223–226; Gärtner VII S. 52–68.
Mißvergnügen über das Vorgehen der Holländer gegen die Katholiken von Hulst; vergebliche
Fürsprache des Prinzen von Oranien. Vorläufige Zurückhaltung in dieser Frage; prekäre Stellung
des Oraniers. Freude über die erwirkte Zulassung Hessen-Kassels und die erhoffte Zulassung
Magdeburgs, Baden-Durlachs und Nassau-Saarbrückens zum Fürstenrat. Zu den Besprechungen
mit Salvius: Befürchtung langwieriger Verhandlungen angesichts der Haltung der Schweden; ihr
Rückhalt bei den Protestanten; Konsequenzen für die französische Politik; eigentliche Ziele der
Schweden. Umgang mit den Vertretern der Reichsfürsten und Stände, speziell den Protestanten.
Annullierung des Prager Friedens unangebracht. Ablehnung einer Entschädigung Brandenburgs
durch Kirchengüter. Beharren auf mündlicher Abgabe der Replik. Erklärung über die französi-
sche Satisfaktionsforderung unverzüglich nach Ankunft Trauttmansdorffs. Hoffnung auf allge-
meinen Friedensschluß; Empfehlung, von der Furcht Spaniens vor Isolierung zu profitieren. Ver-
trauliche Unterrichtung der Bayern über die Konzessionsbereitschaft der Feinde gegenüber den
Protestanten und dem Pfalzgrafen. Interesse Frankreichs am Verbleib der Kurwürde bei Bayern.
Geringschätzung des Pfälzers für Frankreich; seine Undankbarkeit gegenüber dem englischen Kö-
nig; Ausstattung seines Bruders außerhalb Frankreichs. Abwendung der Forderung nach Schlei-
fung Philippsburgs und Benfelds; notfalls Schleifung Benfelds. Übersendung von 100 000 Livres
zur Gewinnung von Deputierten. Befehl zum Abbruch aller Beziehungen zu Bellezia. Bitte um
Gutachten der Gesandten in der Frage eines eventuellen Bruchs mit der Pforte.
C’est avec grande raison que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont eu desplaisir
de ce qui s’est passé à Hulst, à l’esgard de la religion catholique; on en est icy
d’autant plus touché que quand on formoit encores les desseins de la dernière
campagne monsieur le cardinal Mazarin eust le soing de faire négocier par le
sieur d’Estrades avec monsieur le prince d’Orange que l’on conserveroit la
religion dans les places qui pourroient estre conquises avec les mesmes préro-
gatives qu’auparavant, et on s’y estoit entièrement confié parce que Messieurs
les Estatz n’en pouvant en effet recevoir aucun préjudice il y avoit plusieurs
raisons politiques (plus fortes mesme dans les conjunctures présentes qu’elles
n’ont jamais esté) pour les obliger de désirer eux-mesmes d’accorder ce trait-
tement favorable à ladite place dans un temps que cet exemple eust fait un
effet merveilleux parmy des peuples qui dans le mauvais estat et désespoir où
ilz sont et dans le peu d’espérance qui leur reste d’estre garentis par les forces
d’Espagne des oppressions qu’ilz souffrent auroient d’autant plus songé aux
moyens de secouer d’eux-mesme le joug de la domination espagnolle quand
ilz auroient veu bien affermy le poinct de la religion qui avec justice leur est le
plus à cœur. Et il est constant que les ministres de Bruxelles
Manuel de Moura y Cortereal (gest. 1652), marqués de Castel Rodrigo, conde de Luminares,
1641–1644 span. Botschafter in Wien, 1644–1647 Generalgouverneur der Span. Niederlande
( BNB XV Sp. 317–319). Den militärischen Oberbefehl in den Span. Niederlanden hatte seit
1644 Ottavio Piccolomini (1599–1656), ksl. Generalleutnant, 1639 ksl. GR und Hg. von
Amalfi, seit 1642 in span. Diensten, 1650 Reichsfürst ( ADB XXVI S. 95–103 ; Schwarz
S. 318–320).
de la perte de cette place pour l’avantage qu’ilz en tirent dans tout le païs dont
ilz croyent maintenant s’estre bien asseurez par les indignitez que l’on a faites
aux ecclésiastiques, lesquelles ilz n’ont pas manqué d’exagérer à proportion
de l’utilité qu’ilz ont cru d’en recevoir.
Toutes les raisons cy-dessus nous avoient fait aisemment adjouster foy à la
promesse de monsieur le prince d’Orange pour le maintien de la religion.
Mais comme lesdits Sieurs Plénipotentiaires l’auront peu apprendre du sieur
Brasset
S. [nr. 3 Anm. 18] ; vgl. d’Estrades an Brienne und an Mazarin, Hulst 1645 November 11,
Ausfertigung: AE , CP Holl. 34 fol. 305–306’ bzw. 310–311’.
sieurs les Estatz sur ce poinct et il en a fait faire icy beaucoup d’excuses, nous
asseurant qu’il proffitera de quelque conjuncture favorable pour faire donner
satisfaction là-dessuz à Leurs Majestez.
Ledit Brasset aura sans doutte mandé à Messieurs les Plénipotentiaires ses
réflexions et les raisons qu’il a eu de ne pas exécuter sans nouvel ordre celuy
que Leurs Majestez luy avoient donné de faire instance de leur part à Mes-
sieurs les Estatz pour l’observation des articles du traitté de 1635 qui concer-
nent le libre exercice de la religion, dans les places conquises et de leur par-
tage, et il semble qu’il a bien fait d’attendre encores quelque temps pour n’en
pas parler dans une conjuncture où Messieurs les Estatz à ce qu’on peut juger
de la conduite qu’ilz tiennent, n’auroient pas esté marriz de se servir de ce
prétexte quoyque mauvais pour apporter un nouveau retardement à l’envoy
de leurs députez à l’assemblée.
Ledit Brasset leur aura aussy escrit comme dans la prise de Bréda qui arriva
quelque temps aprez ledit traitté signé, quoyque les mesmes rigueurs fussent
exercées envers les ecclésiastiques, il ne paroist pas que la France fît alors
seulement aucune instance en leur faveur.
Néantmoins comme Leurs Majestez jugent nécessaire de la faire aujourd’huy
et de la porter en bonne forme, aussy estiment-elles que peut-estre ne sera-il
que bien à propos de la différer pendant quelque temps. Car ou on concluera
quelque accomodement dans cet hyver, et en ce cas nous demanderons un
traittement favorable pour les ecclésiastiques d’Hulst, ou la guerre continuant
il faudra renouveller le traitté pour la campagne prochaine avec Messieurs les
Estatz, et alors non seulement on insistera pour l’exécution du traitté de 1635,
mais on l’establira comme il faut pour les conquestes de l’avenir.
C’est pourtant une chose estrange que pendant que la France s’employe utile-
ment pour le bien et pour l’avantage de la religion catholique et que la piété
singulière de Leurs Majestez les fait rechercher continuellement les moyens
de parvenir en tous lieux à cette fin, que les Espagnolz qui ne se soucient
certainement que d’en affecter les apparences, estant bien aisé à veoir le bon
marché qu’ilz en font aujourd’huy avec les protestantz d’Allemagne, et qu’ilz
en feroient aux Hollandois s’ilz croyoient de les pouvoir gagner aussy, ilz ont
néantmoins l’adresse ou le bonheur de nous pouvoir descrier tousjours sur
cette matière. Mais Dieu devant qui on ne peut se desguiser sçaura rescom-
penser chacun selon son mérite et respandre ses bénédictions sur ceux qu’il
cognoist avoir les intentions meilleures.
Cette rencontre avec ce que l’on sçait d’ailleurs fait veoir que monsieur le
prince d’Orange ne manie pas Messieurs les Estatz comme il veut, et il semble
mesme que les jalousies contre luy s’y augmentent tous les jours. La dernière
lettre du sieur d’Estrades
ment estoit que l’on laissast libre l’exercice de la religion catholique dans
Hulst, il y a des provinces entières qui ont dit qu’il s’entendoit avec la France
pour introduire et favoriser dans leur païs une religion toute contraire à la
leur.
Ledit sieur prince a fait veoir audit sieur d’Estrades une lettre qui luy a esté
envoyée à Bréda par laquelle un de ses amis particuliers luy donnoit avis que
la Hollande et quatre autres provinces ont mis dans l’instruction de leurs dé-
putez de Munster qu’ilz ne deussent recevoir aucuns advis ny lettres de qui
que ce soit touchant la négociation de la paix que de Messieurs les Estatz sur
peine d’estre cassez et puniz rigoureusement, et ledit sieur d’Estrades a trouvé
à son arrivée à La Haye que toutes les autres provinces avoient consenty à la
mesme chose.
On s’est icy extrêmement resjouy de ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires
ont à la fin emporté l’admission des députez de Madame la Landgrave dans le
conseil des princes sans aucune condition et de veoir les espérances qu’ilz
avoient de faire avoir la mesme satisfaction aux députez de Magdebourg et à
ceux des marquis de Bade-Durlak, et comte de Nassau-Sarbruk. L’adresse et
la fermeté desdits Sieurs Plénipotentiaires a rendu en cela ce service au Roy,
qu’outre les avantages que ces princes noz amis ont pour en recevoir, et la
recognoissance qu’ilz en auront, tous les autres verront en mesme temps quel
fondement ilz peuvent faire sur l’amitié et sur l’appuy de cette couronne
quand on l’a mérité.
La négociation que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont eue avec monsieur Sal-
vius donne occasion de leur dire que la lenteur avec laquelle se meuvent les
ministres de Suède et la circonspection qu’ilz apportent en leurs moindres
démarches sans vouloir quasy faire un pas qu’ilz n’en reçoivent un ordre pré-
cis de leur reyne, nous doivent faire appréhender de grandes longueurs dans
le traitté, joinct à cela cette fermeté avec laquelle sans doutte ilz s’aresteront à
vouloir remporter la satisfaction qu’ilz ont déclaré confidement qu’ilz dési-
roient, et ilz s’y roidiront d’autant plus s’il est vray comme lesdits Sieurs Plé-
nipotentiaires soubçonnent qu’ilz ayent une liaison plus estroitte avec les pro-
testans que celle qui nous paroist et qu’ilz soient asseurez que n’obtenans pas
la satisfaction qu’ilz demandent ilz continueront la guerre conjoinctement
avec tout le party protestant.
Mais comme il sera aisé d’avoir cognoissance selon les occurrences de ce
qu’auront pu traitter les ministres de Suède avec lesdits protestants puisqu’il
faudra nécessairement qu’il soit communiqué à plusieurs personnes, aussy
pourra-on de nostre costé faire la guerre à l’œil et prendre selon qu’ilz se
comporteront les résolutions plus convenables au service de Sa Majesté et au
bien de cette couronne. Car pour ce que Salvius a advancé que les protestants
se joindroient à la Suède sy elle ne pouvoit remporter sa satisfaction, pourveu
que l’Empereur se porte de son costé à ce qui devra raisonnablement conten-
ter les deux couronnes, chacun pourra songer alors à soy et adviser ce qu’il
devra faire pour le mieux. Il est vray néantmoins qu’il y a grand sujet de
croyre que sy les Suédois trouvent moyen de s’asseurer par la satisfaction par-
ticulière qu’on leur accordera le droit de scéance dans les diettes de l’Empire à
quoy ilz visent avec grande passion, ilz ne s’oppiniastreront pas tant qu’ilz
veulent le faire croyre, pour tout ce qui pourroit aprez estre prétendu par les
protestantz, et certes on ne leur fait pas grande injustice d’avoir cette opinion
d’eux puisque la négociation qu’ilz ont introduitte par le moyen de Rozen-
hans fait assez veoir qu’ilz préfèrent leur intérest à toute autre considération,
et que l’ayans une fois bien affermy ilz songeront peu à celuy des protestants,
ayans esté capables d’avoir eu pensée d’abandonner la France dont ilz ont
receu tant d’assistance et avec tant de syncérité et d’affection.
La plus délicate pièce qu’ayent entre les mains Messieurs les Plénipotentiaires
et à laquelle ilz doivent sans cesse s’appliquer avec toute leur prudence et leur
adresse, c’est le commerce qu’ilz doivent entretenir avec les députez des prin-
ces et estatz de l’Empire et nottamment des protestantz, puisqu’il semble
qu’en ce poinct nous n’avons guères moins contraires les Suédois que noz
propres ennemis, chacun songeant presque esgalement à les gagner et à se les
procurer favorables à noz despens mesmes.
On a très judicieusement reparty à Salvius sur la proposition qu’il a faite de
demander la cassation du traitté de Prague, et on ne void pas qu’il ayt esté
jusques icy praticqué de voulloir annuller des traittez faitz auparavant puis-
que l’on peut aisément remédier aux articles qui choquent, en convenant au-
trement par de nouveaux traitez avec les desrogatoires nécessaires aux précé-
dents; et sans chercher plus loing les exemples il ne faut que veoir comme l’on
en usa au traitté de Quiérasque à l’esgard de celuy de Ratisbonne qu’on
n’avoit pas approuvé. Monsieur Servien se souviendra mesme que parce que
Galasse
Matthias Gallas (1584–1647), Reichsgraf von Campo, ksl. Generalleutnant, Unterhändler
beim Vertrag von Cherasco ( ADB VIII S. 320–331 ; NDB VI S. 46f. ).
maistre de parler tousjours dudit traitté de Ratisbonne et de s’y attacher il fut
avisé de prendre un expédient pour le contenter, comme il n’estoit pas fort
habille en pareilles négotiations, ce fut d’en faire mention, mais tousjours
destructive, c’est-à-dire qu’encores qu’il fût porté par ledit traitté telle chose
et telle, néantmoins que l’on la feroit d’une autre façon qui estoit le con-
traire.
Il a esté très à propos de faire cognoistre audit Salvius qu’il ne devoit pas
espérer que la France ny le party catholique puissent consentir jamais que
l’on donnast des biens ecclésiastiques à Brandebourg our rescompense de la
Pomméranie que la couronne de Suède prétend de l’Empereur pour sa satis-
faction particulière; mais certes de la façon que les ennemis se conduisent sur
le fait de la religion, il sera bon que cela ne deppende pas absolument d’eux
parce qu’on pourroit croyre cela estant qu’ilz s’y rendroient plus faciles que
nous-mesmes, et ilz ne laisseroient pas dans le mesme temps de crier hardy-
ment que c’est la France qui destruit la religion catholique partout.
On croid que lesdits Sieurs Plénipotentiaires doivent insister autant qu’il leur
sera possible de ne pas donner par escrit leur réplique aux dernières proposi-
tions des Impériaux quoyque monsieur Salvius leur ayt dit que le sentiment
des estatz d’Osnabruk estoit de le faire encore pour cette fois. On se remet
aux raisons que l’on a autresfois mandées là-dessus
nouveau par les prudentes remarques que lesdits Sieurs Plénipotentiaires ont
faites dans leur dépesche commune.
Ilz auront veu par celle que leur porta le courrier La Buissonnière et par ce
que l’on a escrit depuis, comme l’intention de Leurs Majestez est qu’on ne
perde pas un moment de temps à avancer les affaires avec les précautions
requises. C’est pourquoy on estime qu’aprez l’arrivée du comte de Transman-
dorff à l’assemblée ilz ne doivent pas différer de donner librement leur décla-
ration pour la satisfaction que prétend cette couronne.
Et comme monsieur le duc de Bavières fait assurer icy par la voye du nonce
Bagni que l’Empereur et tous les estatz de l’Empire sont résolus de conclurre
promptement et mesme sans les Espagnolz s’ils ne se portent en mesme
temps à contenter la France, il y a lieu d’espérer avec beaucoup de raison que
l’on pourra s’accomoder avec tous, parce que ceux-cy cognoissans de devoir
estre abandonnez par les autres apporteront infailliblement toute facilité de
leur part pour estre compris dans le traitté, prévoyans bien dans quel labyrin-
the ilz se trouveroient s’il leur falloit soustenir seulz le faix de la guerre contre
la France, particulièrement quand elle auroit pris ses précautions avec l’Em-
pereur affin qu’ilz ne puissent en estre assistez.
La prudence veut que Messieurs les Plénipotentiaires ne laissent pas eschap-
per une sy favorable conjuncture, sans proffiter autant qu’il se pourra de la
crainte des Espagnolz de demeurer seulz et Sa Majesté tient cette considéra-
tion sy forte qu’elle juge qu’ilz pourront leur demander hardyment et avec
fermeté des avantages et des partis plus utiles que l’on ne feroit pas sans cette
heureuse rencontre, supposé néantmoins tousjours que nous n’ayons aucun
doubte de la foy de noz alliez, particulièrement des Suédois, et que toutes les
machines pour les séparer d’avec nous ayent esté sans effet.
On ne peut pas prescrire d’icy nomément ce que l’on doibt faire parce que
cela dépend de l’estat des choses par delà; tout ce que l’on peut dire de plus
exprez, c’est qu’il faut agir avec cœur et résolution, prenant sur-le-champ tel
party qui sera plus avantageux selon les occurrences et surtout selon la co-
gnoissance que l’on aura de la disposition et des appréhensions des Espa-
gnolz, lesdits Sieurs Plénipotentiaires pouvans estre assurez que sy l’Empire à
ce que proteste Bavières est résolu à la paix, le roy d’Espagne y sera plus
porté qu’aucun autre quand il aura perdu ses espérances de nous désunir d’a-
vec noz alliez. Et puisqu’on void que dans le temps mesme qu’il ne croid pas
devoir estre abandonné de l’Empereur le mauvais estat de ses affaires propres
l’oblige à chercher un accomodement à quelque prix que ce soit, à plus forte
raison l’envye qu’il en a redoublera-elle et le fera consentir à toutes conditions
lorsqu’il se verra en péril de veoir le repoz dans l’Empire et luy nécessité de
soustenir seul les effortz de noz armes.
Il seroit bon de faire cognoistre adroittement en passant et en confidence aux
députez de Bavières, que ceux de l’Empereur soufflez par les Espagnolz sont à
l’erte pour profiter des difficultez que la France peut apporter à satisfaire en
quelque point les protestants facilitants d’abord tout ce qu’ilz désirent, de
sorte que la religion catholique dont ilz sont sy grands zélateurs souffre en
plusieurs choses pour leur intérest, n’estant pas cependant à propos de nous y
opposer puisque d’un costé nous donnerions lieu à noz ennemis de nous met-
tre mal avec partie de noz amis, lorsqu’ilz leur feroient veoir que la maison
d’Austriche mesme leur est plus favorable que la France et que de l’autre il
dépend d’eux de leur accorder les satisfactions qu’ilz voudront.
On estime aussy qu’il ne puisse avoir de danger de faire sçavoir aux mesmes
députez tout ce qui viendra en nostre cognoissance des pensées favorables que
les ennemis ont pour le prince palatin au préjudice de leur maistre, parce que
quand mesme il se contentera des propositions qu’ilz feront pour adjuster ses
intérestz soit pour l’électorat, soit pour la rescompense du Haut et du Bas-
Palatinat, il aura plus de sujet d’estre satisfait de la France lorsqu’il recognois-
tra que sy les ennemys eussent eu comme ilz y estoient obligez aussy bonne
intention que nous en son endroit il y eust peut-estre eu moyen de luy procu-
rer de plus grands avantages.
Quant à ce qui regarde le Palatin il est bon que Messieurs les Plénipotentiaires
sçachent qu’en divers temps l’on a receus [!] icy beaucoup d’avis qu’il se fust
tenu bien heureux de pouvoir seulement rentrer dans la possession de ses
Estatz sans la dignité électorale, et la pensée de feu monsieur le cardinal de
Richelieu a tousjours esté de faire en sorte que cette dignité demeurast par le
moyen de la France à monsieur de Bavières, affin que cela nous servît pour
l’obliger à embrasser tous noz intérestz d’Allemagne et à l’attacher à nous
autant que faire se pourroit.
On souhaitteroit encores icy à présent la mesme chose et avec d’autant plus
de raison que les avantages que la France et ses alliez ont remportez depuis la
mort dudit cardinal nous donnent lieu d’espérer de plus grandes satisfactions
en Allemagne qu’on n’auroit fait en ce temps-là.
Il faut donc essayer de faire adroittement tout ce qui se pourra là-dessus, bien
entendu que ledit duc de Bavières y correspondra de son costé comme il doibt
et sans pourtant qu’il puisse paroistre que nostre pensée va à faire demeurer
ledit Palatin sans électorat sy ce n’est qu’il y ayt beaucoup de jour de pouvoir
l’espérer, à quoy le duc de Bavières peut plus contribuer qu’aucun autre se
tenant ferme et faignant ne vouloir en aucune façon s’accomoder que ledit
électorat ne luy demeure.
On nous escrit que le Palatin parle comme espérant tout de l’assistance de la
couronne de Suède et des protestants et pour la France comme ne pouvant en
cela que suivre le sentiment des deux autres, ce qui n’est pas fort obligeant.
D’ailleurs on n’a pas grand sujet de former bonne opinion d’un prince qui
estant sy estroittement allié au roy de la Grande-Bretagne , et en ayant receu
en tout temps l’assistance et les marques d’affection qu’il en pouvoit attendre,
quand il l’a veu en guerre contre ses subjetz il a suivy le party de ceux-cy et
s’y est engagé volontairement recevant mesme une espèce de pension d’eux de
trente-deux mile escus par an. S’yl ne vouloit pas faire paroistre audit roy
d’estre touché du mauvais estat de ses affaires personne du moins ne le con-
traignoit à sortir de Hollande pour aller tesmoigner au parlement la part qu’il
prenoit dans leurs intérestz .
On ne sçait pas s’il y aura moien dans le restablissement de ce Palatin en ses
Estatz de mesnager quelque chose à l’advantage de son frère qui s’est marié
icy
l’on désire tant parce qu’il a abjuré Dieu mercy l’hérésie que parce que pour
d’autres considérations on ne veut pas consentir que cette nouvelle famille de
princes s’establisse dans le royaume. Sa Majesté recommande à Messieurs les
Plénipotentiaires de faire en sa faveur tout ce qui pourra dépendre d’eux.
Il y a apparence que les protestants et particulièrement le député de Stras-
bourg auront songé à l’instance de la démolition de Philipsbourg et de Ben-
feld. Mais il y a lieu d’espérer que ce que lesdits Sieurs Plénipotentiaires en
ont dit à Salvius et les soings qu’ilz auront depuis continué de prendre pour
empescher cette demande auront produit un bon effet. En tout cas quand il
ne seroit pas aisé d’obtenir davantage, il faudroit se conduirre adroittement
afin que le razement ne tombast que sur Benfeld puisqu’estant desmoly il ne
nous donneroit aucune peine et en cas de brouillerie on pourroit tousjours se
saisir du poste qui seroit bientost fortiffié. Cependant nous aurions espargné à
présent la rescompense qu’il faudroit donner à la couronne de Suède, laquelle
pourra se rendre facile à consentir à ce razement afin de parvenir plustost aux
satisfactions qu’elle prétend d’ailleurs.
Sa Majesté s’assure que lesdits Sieurs Plénipotentiaires n’obmettront rien pour
essayer de gagner les députez les plus capables de contribuer quelque chose
dans la conclusion de la paix à procurer la satisfaction de cette couronne. Et
afin qu’ilz ne manquent pas de moyens on leur envoye pour cet effet par la
voye du sieur Hoeufft une remise de cent mile livres, lesquelles ne devront
estre employées pour quelque chose que ce puisse estre qu’à cette sorte de
despence pour laquelle quoyque les finances du Roy soient assez espuisées on
ne plaindra rien pourveu qu’il soit utile.
L’abbé Mondin
Savoye
S. [nr. 6 Anm. 12] .
ceus depuis peu de Madame de continuer à faire sa charge et à agir en toutes
occasions en qualité de son ministre il avoit commencé à le faire et mesme
avoit conféré avec le sieur Boulanger secrétaire de l’ambassade de France .
On n’a que dire à une chose faitte, Sa Majesté recommande seulement à l’ave-
nir qu’on rompe tout commerce avec ce personnage, et cependant elle son-
gera icy aux moyens d’obliger madame de Savoye à avoir plus de respect
qu’elle n’a pour ses intentions, sans relascher rien de la protection qu’elle est
résolue de donner jusques au bout à monsieur de Savoye son filz
S. [nr. 6 Anm. 11] .
doibt pas souffrir de la mauvaise conduite de sa mère.
Pour conclusion la piété de Sa Majesté la faisant continuellement méditer aux
moyens de procurer de plus en plus les avantages de la chrestienté, pour cor-
respondre au rang qu’elle a de filz aisné de l’Esglise, Sa Majesté désire avoir
l’avis desdits Sieurs Plénipotentiaires sur la rupture de la France avec le Turc
au cas que l’on puisse faire la paix.
Mettant en considération sy les motifs qui ont jusques à présent destourné les
roys ses prédécesseurs de prendre cette résolution ont encores aujourd’huy la
mesme force et sy elle doibt les imiter dans leur conduitte.
Ou sy le bien de la chrestienté doibt prévaloir en cela notamment estant
joinct à un intérest particulier que la France auroit alors de se descharger de
quantité de soldatesque superflue, laquelle estant oysive pourroit donner lieu
à des remumens dans le royaume, qui seroient bien pires que la guerre dont
nous serions sortis.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires examineront encore sy la paix se faisant dans
l’Empire avec asseurance que les Espagnolz n’en seront en aucune façon assis-
tez il y auroit moyen de mesnager quelque chose au proffit de la chrestienté
sans nous déclarer tout à fait contre le Turc sy tant est qu’il continuast la
guerre et ses progrez.