Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
244. Servien an Lionne Münster 1645 Oktober 21
–/ 244 /–
Münster 1645 Oktober 21
Reinkonzept: AE , CP All. 53 fol. 121–124 = Druckvorlage.
Zuversicht für den Erfolg der Verhandlungen angesichts der Ankündigung des kaiserlichen
Gesandten Trauttmansdorff; Drängen des Kurfürsten von Bayern Grund seiner Entsendung,
Bündnistreue des Kurfürsten bei unbedrohter kaiserlicher Machtstellung, Verzicht auf Hilfelei-
stung für den Kaiser nur im äußersten Notfall; Verzögerungstaktik in den gegenwärtigen
Verhandlungen; französischer Beistand in der Frage der Erstattung der bayerischen Kriegsko-
sten als Gegenleistung für die Unterstützung bei der Satisfaktion Frankreichs; bayerische
Waffenhilfe gegen den Kaiser als Vorbedingung für die französische Hilfe beim Erhalt der
Kurwürde; Versuche Bayerns zur Festlegung Frankreichs ohne Änderung der eigenen Politik,
Empfehlung der Offenhaltung der französischen Hilfe für den Erhalt der Kurwürde; Bestäti-
gung der Ernsthaftigkeit des bayerischen Verhandlungswillens durch Krebs. Eventuelle Voll-
macht Trauttmansdorffs zu Verhandlungen über ein Heiratsprojekt. Vermutliche Bereitschaft
Spaniens zum Friedensschluß unter den französischen Bedingungen. Eventuelle Schwierigkeiten
durch die Gesandten der Generalstaaten wegen ihrer protokollarischen Forderungen und
wegen ihres Verlangens nach Klärung der Bedingungen für einen Abschluß mit Spanien;
Beilage.
La venue du comte de Transmandorff en ce lieu relève les espérances d’un
chacun et change la mauvaise oppinion que l’on avoit eue jusqu’icy du peu
de succès de cette assemblée. On ne peult croire qu’un ministre de cette
considération qui a le secret et la direction de toutes les affaires de son
maistre se soit résolu de l’abandonner qu’avec intention de conclurre le
traicté en peu de temps.
Pour moy, je croy que c’est un effect des instances du duc de Bavières qui
dans son grand aage ayant encor esté malade depuis peu faict toutes les
dilligences et les effortz possibles pour avancer les affaires. Mon foible
sentiment est que toutes les fois qu’il a veu l’Empereur en danger d’estre
ruyné ledit duc eust mieux aymé changer de party que de se perdre avec
luy, mais qu’aussytost qu’il veoid un peu de resource aux affaires de
l’Empereur, il ne peult se résouldre à faire un traicté particulier avec la
France par lequel il soit obligé d’abbandonner le party qu’il a suivy jusqu’à
présent principallement sur le poinct d’un traicté général. Et cette promesse
qu’on veult exiger de luy de n’assister point l’Empereur, est pour luy le
passage du Rubicond qu’il ne se résouldra jamais de franchir sy ce n’est
lorsque la crainte de sa ruyne entière l’y forcera, néantmoins il y a
apparence que cette crainte le réduira enfin ou à conclurre le traicté
particulier, ou à presser le général. Il paroist clairement que les remises
dont il use, et la venue de celuy qui doibt apporter de sa part le pouvoir de
traicter dont il nous faict parler par ses députez, est un honneste amuse-
ment pour n’avancer pas la négotiation particulière qu’ilz avoient intro-
duicte avec nous et laisser cependant un moyen ouvert pour la continuer ou
la reprendre en cas que la généralle ne réussisse pas sy promptement qu’il
espère, ou qu’il arive quelque nouvel eschec au party impérial.
Il paroist bien clairement que le plus sensible intérest et la plus grande
passion du duc de Bavières est d’engager la France à conserver l’électorat
dans sa maison, mais il vouldroit estre asseuré de cette assistance s’il estoit
possible sans estre obligé de rien faire contre l’Empereur ny mesme
d’abandonner son party. Il offre assez librement de s’engager pour la
satisfaction particulière de la France, mais oultre qu’il faict cette offre sur la
cognoissance qu’il peult avoir eue que l’Empereur est disposé de l’accorder,
nous luy avons tousjours représenté que ce n’estoient pas deux obligations
esgalles, et que celle d’assister le Roy pour avoir sa satisfaction ne pouvoit
estre mise en ballance qu’avec celle du Roy d’assister le duc de Bavières
pour luy faire avoir satisfaction de ce que luy doibt l’Empereur lorsqu’il
aura rendu le Hault-Palatinat, mais que de s’obliger positivement à luy
conserver l’électorat estoit aussy important et aussy dangereux pour la
France qu’au duc de Bavières de tourner ses armes contre l’Empereur pour
ce qu’il y a bien moins d’advantage et de nécessité pour nous, nos affaires
estans au bon estat où elles sont, de changer noz desseins et noz anciennes
maximes, et d’agir contre les sentimens et les intérestz de noz alliez en
privant la maison Palatine de l’électorat, qu’il n’y en a pour le duc de
Bavières de quilter un party malheureux et presque ruyné pour acquérir à
sa famille une dignité nouvelle dont elle n’avoit point jouy avant ces
troubles.
Nous voyons tousjours que ce prince faict ses plus grandz effortz contre
nous par les armes, au temps, qu’il nous faict faire de plus grandes
recherches d’accommodement. Ses députez qui ne viennent point à la
conclusion nous protestent souvent que leur maistre (quelque changement
qui arive dans les affaires) ne changera jamais le dessein qu’il a d’assister la
France dans sa satisfaction particulière prétendant que [!] cette protestation
de nous engager aussy quoy qui arive à l’assister pour l’électorat, et de cette
sorte obtenir insensiblement ce qu’il a plus à coeur sans faire aulcune action
ny déclaration contraire à la conduicte qu’il a tenue jusqu’icy dans la
guerre. C’est pourquoy il me semble qu’il seroit à propos de luy parler
quelquesfois doubteusement de l’assistance de la France pour l’électorat
affin que la crainte qu’il aura de nous y avoir contraires aussy bien que les
Suédois le porte plustost à franchir le sault et à s’unir avec nous par un
traicté particulier n’estant pas croyable qu’il y vienne tant qu’il espérera
sans cela de nous avoir favorables pour conserver l’électorat. Lorsque je dis
il y a quelque temps à un de ses députez que les diverses remises et
changemens de son maistre pouroient enfin altérer la bonne volonté que la
France avoit tousjours eue pour luy, il me protesta fort que le duc de
Bavières n’avoit point changé de résolution, et il luy eschapa de me dire
qu’on entendroit bientost parler de cette alliance qui feroit veoir qu’on
avoit envie de traicter sérieusement. Je voulus le faire explicquer davantage,
mais il ne fut pas en mon pouvoir, et je remarquay qu’il eut regret d’avoir
tant parlé, c’est pourtant un homme que je mesnage et à qui j’ay faict
espérer que sy l’Alsace nous demeure il pourra y estre employé par Sa
Majesté, ce qu’il n’a pas rejetté, et en seroit bien capable.
Il se pourroit bien faire que cette alliance seroit le mariage de la fille de
l’Empereur avec le Roy en luy donnant en dot ce que nous avons demandé
pour la satisfaction de Sa Majesté et que le comte de Transmandorff est
chargé de cette proposition ou de quelqu’autre semblable.
Monsieur Contarini nous fit reproche en la dernière conférence que nous
ne voullions pas la Flandre par amour, et que nous ne voullions l’avoir que
par force. Il confirma aussy ce qui nous avoit esté dict cy-devant par luy et
par son collègue que les Espagnolz ne vouloient point s’ouvrir qu’ilz ne
fussent asseurez d’avoir la paix et la conclurre en trois heures. Ce discours
me donne bonne espérance car il seroit bien malaisé de faire la paix en sy
peu de temps sy ce n’est en convenant de la proposition que nous avons
faicte de demeurer chacun en l’estat que l’on se treuve.
Toutes les apparences font croire que les uns et les autres ont effectivement
envie de venir à la conclusion, mais je crains les longueurs et les irrésolu-
tions de Messieurs les Estatz, oultre qu’ilz ne sont pas bien d’accord entre
eux de ce qu’ilz veullent faire il semble qu’ilz viennent icy avec un esprit de
pointillé contre nous. En premier lieu ilz prétendent que nous devons
donner la main aux huict ambassadeurs quoyqu’ilz nous eussent tesmoigné
à La Haye qu’ilz se contenteroient qu’on la donnast au premier d’entre eux.
En second lieu ilz veullent que nous quittions la qualité d’ambassadeur en
cas que les Espagnolz ne consentent pas qu’ilz la prennent dans leur
pouvoir et de cette sorte ont intention de se vanger contre nous d’une
injure qu’ilz auront receue de leurs ennemis. En troisième lieu ilz préten-
dent de remettre d’abord sur le tappis la difficulté que nous laissasmes
indécise en partant de La Haye
ferons la paix avec l’Espagne en cas qu’ilz ne fairont qu’une trêve, et ce qui
est de fascheux est que sur le moindre refus que l’on faict de toutes leurs
prétentions quoyque mal fondées et sans raison, ilz ont bien l’audace de
dire qu’ilz traicteront seulz sans la France comme s’ilz n’avoient point
besoin d’elle, et qu’ilz ne luy eussent point d’obligation. Il semble bien
nécessaire de ne les accoustumer pas à tirer proffit d’une conduicte sy
déraisonnable et de les désabuser une fois pour toutes qu’elle leur puisse
jamais réussir, aultrement s’ilz nous voyoient susceptibles de cette crainte
ilz penseroient nous pouvoir en toutes occasions tenir le pied sur la gorge,
mais sy on juge à propos par delà d’en parler à leur ambassadeur il sera
nécessaire d’attendre que ceux qui doibvent venir icy soient en chemin.
A la vérité pour le troisième article touchant la liberté de faire la paix s’ilz
ne font qu’une trêve, ilz ont quelque raison de voulloir estre esclairciz des
intentions de la France et sont en quelque sorte fondez sur les traictez
d’alliance. C’est pourquoy il importe qu’on revoye ce que nous en escrivis-
mes avant nostre départ de La Haye, et qu’on nous face sçavoir bien
précisément les intentions de la Reyne sur ce subjet. Car alors pour les
engager à venir icy nous nous eschappasmes de ce mauvais pas en disant
que le cas n’arriveroit peult-estre pas, mais à présent puisque nous décla-
rons de ne voulloir faire que la paix, et que nous sommes asseurez qu’ilz ne
veulent faire que la trêve, il fault sçavoir soubz quelles conditions nous
pouvons estre deschargez de l’obligation portée par les traictez et comment
il ne peult estre permis de faire un traicté dissemblable du leur. Mais pour
les deux premiers, ilz n’ont nulle raison de les prétendre et encores moins
de dire qu’ilz traicteront sans nous sy on ne leur y donne contentement,
j’apréhende bien qu’estans icy ilz ne nous donnent beaucoup de peine, sy
leur manière d’agir estoit prompte, franche et raisonnable toutes choses
paroissent disposées à un bon accommodement. Je vous envoye une coppie
de ce que nous avons escript à messieurs Brasset et d’Estrades sur une
addition insolente qu’ilz ont faicte à quelques poinctz qu’ilz ont mis depuis
peu en délibération parmy eux.
Beilage
AE , CP All. 45 fol. 32–35: Longueville, d’Avaux und Servien an Brasset, Münster 1645
Oktober 13, Kopie:
Nous croyons que vous n’aurez pas esté moins scandalisé que nous de cette addition qui a
esté faictes aux responces de |:Messieurs les Estatz:| sur les douze poinctz qui leur avoient
esté présentez par leurs députez
l’estonnement où elle nous a mis, a esté de l’avoir treuvée hors ligne et après la signature
de tous les commissaires, ce qui nous a faict croire qu’elle a esté adjoustée sans le
consentement de |:monsieur le prince d’Orange:| et peult-estre mesme contre son advis
aussy bien que contre celuy des plus sages du pays, veu qu’elle n’est pas de son stille ny
conforme à tout ce qui a accoustumé de partir de sa prudence. Nous n’en prenons point
de motion non plus que vous, mais nous ne sçavons pas sur quoy se fondent les Messieurs
de s’accoustumer sy fort à nous faire des menaces. Vous pourrez bien asseurer en tous les
lieux où l’occasion requerra que vous en parliez, que cette méthode ne leur réussira
jamais, et que nous ne sommes pas d’humeur estans chargez des affaires d’un puissant
royaume de nous laisser mener de la sorte, sur les moindres difficultez qui se présentent
ou dans la négotiation pour sçavoir sy on doibt faire |:la paix ou la trefve:| ou dans la
forme des complimens, ou dans les clauses des pouvoirs non seulement des leurs mais des
nostres. Ilz nous menacent d’abord sy on ne faict tout ce qu’ilz veullent |:de traiter seulz
sans la France:|. Nous sçavons bien comme nous leur avons dict aultresfois bien
clairement parlant à eux que |:leur alliance est utile à la France, mais:| ilz doivent aussy
recognoistre que celle de la France leur est nécessaire, advantageuse et honorable, et que
nous serions indignes de mesnager les intérestz d’un grand Estat sy les inconvéniens
qu’on nous veult faire sy souvent appréhender nous portoient légèrement à faire des
choses injustes et que nous ne debvrions pas faire grand fondement sur les traitez que la
France a faictz avec eux sy le moindre refus des nouveautez qu’ilz demandent les pouvoit
disposer de les rompre. Nous sçavons bien que s’ilz estoient capables d’exécuter cette
résolution dont ilz parlent sy souvent, ilz seroient les premiers à s’en repentir, aussy est-ce
plustost le mal qu’ilz en recevroient que le nostre propre qui nous oblige de la condemner
et qui nous faict croire qu’on doibt de part et d’aultre rejetter ces pensées peu propres à
conserver l’union qui doibt estre et paroistre entre nous dans le cours de cette
négotiation. Avant que |:l’Estat des provinces unies eust esté fondé la France:| a subsisté
par ses propres forces et s’est deffendue contre de puissans ennemis qui ne l’ont point
ruynée. |:Mais les Provinces-Unies:| n’ont point encor esprouvé le désordre où tomberoit
leur Estat s’il estoit privé de l’assistance et de l’amitié d’un puissant royaume qui a sy
libérallement contribué jusqu’icy ses hommes et son argent pour l’establissement de sa
liberté et l’augmentation de sa grandeur. Dieu veuille qu’ilz ne facent jamais une sy
fascheuse expérience dont il nous ariveroit bien quelque préjudice, mais non pas esgal à la
ruyne qu’elle causeroit parmy eux.
Plus nous considérons cette addition, plus nous la treuvons déraisonnable. Premièrement
ilz veullent adjouster dans leur pouvoir une qualité nouvelle qu’ilz n’ont point accoustu-
mé de prendre et veullent que nous retranchions du nostre celle dont nous sommes en
pocession depuis deux ans que nous avons commencé de prendre en traictant avec eux,
qu’on a accoustumé en France de donner à tous ceux qu’on envoye dans les pays
estrangers pour traicter des affaires d’importance, et que par conséquent nous ne
pourrions à présent quitter sans une espèce de honte et sans nous desgrader à la veue de la
plus célèbre assemblée qui ayt jamais esté convocquée.
En second lieu ilz veullent prendre cette qualité quoyque rien ne les y oblige puisque
nous apprenons que |:elle n’est point insérée dans le pouvoir des commissaires Espagnolz
qui auront charge de traitter avec eux:| au lieu que la pluspart de ceux avec qui nous
avons à traicter icy, soit que l’on considère les médiateurs, soit que l’on prenne exemple
de noz autres alliez, soit que l’on se règle par cellui de noz parties mesmes ayant la qualité
d’ambassadeurs nous sommes obligez de l’avoir aussy bien qu’eux.
En troisième lieu |:si la prétention de Messieurs les Estatz avoit lieu:| il ne seroit plus
permis à noz roys d’envoyer des ambassadeurs en aulcun lieu pour faire des traittez avec
l’Espagne parce que la France estant joincte inséparablement avec eux et ne pouvant rien
traicter sans eux, ils prétendroient tousjours de luy imposer la mesme loy qu’ilz luy
veullent donner aujourd’huy.
En quatrième lieu nous ne pouvons comprendre avec quelle justice |:Messieurs les
Estatz:| peuvent prétendre de tirer raison contre nous d’une offence qui leur sera faicte
par d’aultres sy les Espagnolz contre toute raison refusent de leur passer la qualité
d’ambassadeurs et mettent en doubte leur souveraineté par ce refus. Ce n’est pas nous qui
en sommes cause puisque nous les recognoissons et les traictons comme souverains, ce
seroit une injustice condemnée de tout le monde d’attacquer ses amis pour une injure
qu’on a receue de ses ennemis.
En cinquième lieu il fault considérer que |:les délibérations de Messieurs les Estatz:|
n’estant point secrettes et estant sceues à Bruxelles trois jours après, comme nous en
avons desjà faict l’expérience en plusieurs occasions |:la résolution qu’ils ont prise sera
seule capable de former un obstacle à leur prétention:|. Car il ne fault pas doubter que
|:les Espagnolz qui en auront eu l’advis:| et qui peult-estre |:sans cela n’eussent pas faict
difficulté de passer aux députés de Messieurs les Estats la qualité d’ambassadeurs en:|
feront certainement |:refus lorsqu’ils s’appercevront que ce refus au lieu de causer de la
division entre l’Espagne et les Provinces-Unyes en jettera entre elles et la France, si bien
que Messieurs les Estatz:| se disposent par ce moyen non seulement |:à nous faire une
querelle mais de la mettre à la discrétion de nos ennemis communs:|.
Pour conclusion nous ne pouvons rien treuver qui rende cette résolution excusable, mais
nous vous prions de croire et d’asseurer en tous lieux que nous la combattons plustost par
l’affection que nous avons pour noz alliez que par aucune crainte de ce qui en pourra
arriver laquelle ne nous fera jamais rien faire contre la raison et encores moins contre la
dignité de nostre maistre.
Nous ne voulons pas entreprendre de donner conseil à |:Messieurs les Estats:| mais il
nous semble qu’ilz ne devroient pour rien du monde |:s’exposer au refus des Espagnolz
qui:| en leur contestant et leur faisant quitter la principalle marque de |:leur souveraineté
leur feront un préjudice irréparable quelque secours que messieurs les Estats puissent
avoir contre nous:|. Parce que suppose que nous puissions aujourd’huy nous despouiller
de la qualité d’ambassadeurs à l’instance de |:Messieurs les Estats:| ce qui ne se fera
jamais, le monde ne lairroit pas de recognoistre puisque ce n’est point à nous que cette
qualité est disputée que nous l’aurions quittée pour nous accommoder à |:la condition
defectueuse de nos alliez ausquels les Espagnols auroient soustenu à la veue d’une
assemblée si célèbre:| qu’ilz n’avoient pas |:droict de la prétendre et les auroient obligés à
la rayer de leur pouvoir:|.
En vérité nous ne croyons pas qu’il pust jamais rien ariver de plus |:injurieux et plus
préjudiciable à l’Estat des Provinces-Unyes qui:| ont sy généreusement combattu jus-
qu ’icy pour l’establissement de leur indépendance et de leur souveraineté. Tout ce qui la
touche tant soit peu est sy chatouilleux et doibt estre sy cher qu’il n’en fault jamais parler
doubteusement ny rien proposer en public sur cette matière avec dessein de se relascher.
Nous estimons qu’il y auroit beaucoup plus de prudence à n’insérer point |:la qualité
d’ambassadeur dans le pouvoir qui sera donné aux députez de Messieurs les Estatz pour
traicter avec les Espagnolz, que de la prendre avec intention secrette de s’en départir. Il
seroit sans doubte plus utile et plus seur de prendre seulement cette qualité dans un
pouvoir séparé qui sera veu de toute l’assemblée hors des Espagnolz:| et dans les lettres
de créance qui l’accompagneront que d’en faire mention dans celuy |:qui doit estre
communiqué aux Espagnolz puisqu’aussi bien celuy qu’ils ont du roy catholique pour
traicter avec Messieurs les Estats ne la contient pas:| et qu’il ne fault jamais rendre nos
ennemis juges de ce qui touche nostre honneur |:car si les Espagnolz avoient gaigné ce
poinct en:| cette assemblée de faire |:quitter aux députez de Messieurs les Estatz la qualité
d’ambassadeur après l’avoir prise:| la pluspart des |:autres princes et Estatz qui les ont
jusqu’icy recognus pour souverains:| et qui ont interprété en leur faveur la |:clause de la
dernière trefve à laquelle les Espagnolz donnent un autre sens:| auroient subjet de
|:révoquer en doubte ce qu’ils auroient tenu pour constant et pour indubitable jusques
icy:|.
Nous vous escrivons cecy comme à un ministre du Roy que nous sçavons qui en sçaura
user avec prudence et discrétion, et non point pour croire qu’il en faille parler de la sorte
sy ce n’est lorsque vous le jugerez nécessaire, ce que vous pourrez mieux faire que nous
estant sur les lieux, et aymant le service et la dignité du Roy au poinct que vous faictes.
Nous en eussions aultant escript à |:monsieur d’Estrades:| sy nous eussions eu un chiffre
avec luy. Nous vous prions de luy envoyer une copie de tout ce discours affin qu’il soit
informé de nos sentimens aussy bien que vous et qu’il s’en puisse prévalloir quand il le
jugera à propos.