Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
232. Mazarin an Longueville Fontainebleau 1645 Oktober 7
Fontainebleau 1645 Oktober 7
Empfangsbestätigung. Scheitern spanischer Intrigen in Frankreich. Erwartung von Erfolgen aus
der Zusammenarbeit der französischen Armee in Flandern mit dem Prinzen von Oranien,
Stärkung der innenpolitischen Position des Prinzen, seine Bedeutung als Gegner von Separat-
verhandlungen mit Spanien, Entsendung zusätzlicher französischer Truppen nach Flandern.
Heutige spanische Aversionen gegen Mazarin im Gegensatz zu dem Angebot des Papsttums und
hoher Geldsummen vor zwei Jahren, eventuelle Maßnahmen zur Beseitigung Mazarins aus
seinem Amt mit Hilfe des Papstes; Beteuerung Mazarins der Bereitschaft zum Friedensschluß
auch auf Kosten seines Amtes. Geschenke für die schwedischen Gesandten.
Je dois réponce à trois de vos dépesches dont deux ne me furent rendues
que sur le point du départ du dernier courier. On ne peut rien ajouster à
l’adresse et à la prudence avec laquelle vous avez parlé aux médiateurs et
comme je suis un peu pressé je remettray à l’ordinaire prochain à faire
réponse particulière aux autres points qui la mériteront.
Pour plus grande confirmation de ce que vous me mandez du dessein que
les Espagnols ont de mettre des brouilleries en France, je vous adresseray
par l’ordinaire prochain une petite relation de ce à quoy ils avoient engagé
le pape pour y parvenir et gagner insensiblement l’esprit de Monsieur . Je
me contente de vous dire par avance que tout a rejailly à leur confusion et
au plus grand avantage de Sa Majesté, puisqu’ils pouront se détromper une
fois pour toutes de rien faire de ce costé-là ny d’autre.
Vous apprendrez, Monsieur, par le mémoire du Roy la jonction de nostre
armée avec celle de monsieur le prince d’Orange. A la vérité la résolution
est un peu hardie, et messieurs les maréchaux s’y sont embarquez sans
ordre de la cour, mais comme la fortune seconde ordinairement le courage,
que les troupes sont victorieuses et que les ennemis sont dans la dernière
consternation, il y a tout sujet d’en espérer un grand avantage. Ce que l’on
auroit à appréhender, c’est que les ennemis voyant la saison si avancée et ne
jugeant pas pour cette raison que monsieur le prince d’Orange voulût
s’engager à un grand dessein, ne se résolussent de le laisser agir et
réunissent toutes leurs forces pour combattre nostre armée à son retour.
Cependant nous tirerons une double utilité par l’assistance que nous aurons
donné à monsieur le prince d’Orange s’il peut venir à bout de quelque
chose de considérable, parce qu’outre l’affoiblissement des ennemis, il nous
importe extrêmement d’accréditer le plus qu’il se poura ledict prince, estant
certain que dans cette nouvelle négociation que les Espagnolz prétendent
introduire en Holande comme ils désespèrent de le pouvoir gagner ils font
quelque fondement de se prévaloir contre luy de ce qu’il a embarqué cette
année Messieurs les Estatz à des dépenses extraordinaires et immenses sans
rien faire, et croyent mesme de pouvoir à la faveur de la province de
Holande qui ne l’ayme pas et des envieux qu’il peut avoir dans le pays venir
à bout de quelque chose contre son gré et son consentement. Ce qui me
console beaucoup dans l’incertitude de ce qui peut arriver de cette jonction,
c’est qu’il fait icy de parfaitement belles journées et que j’espère qu’il en
fera de mesme au lieu où ils sont, et outre cela une précaution dont je me
suis trouvé avoir usé bien à propos, j’avois fait tenir prests trois mille
hommes en Champagne de vieilles trouppes sans le sceu desdits sieurs
maréchaux pour leur donner plus de moyen de faire quelque chose de bien
considérable dans la fin de la campagne. Dez que j’ay sceu leur résolution
j’ay fait dépescher un courrier ausdits trouppes pour haster leur marche
vers le Lys ce qui fera trois effets importans, l’un d’empescher les ennemis
d’esloigner de ce costé-cy bonne partie de leurs forces et leur oster le
moyen de les réunir pour les faire toutes tomber sur les bras à nostre armée
dans sa retraite, le second d’asseurer les dernières conquestes que nous
avons sur le Lys et le troisiesme de prester la main à nostre armée à son
retour.
Toute l’aversion que les Espagnols témoignent contre moy, toutes les
pensées qu’ils ont de ma ruine et tous les desseins qu’ils forment pour me
faire perdre les bonnes grâces de la Reyne me sont si avantageux, que ne
pouvant recevoir à mon avis auprès des François de meilleurs offices que
ceux-là, je vous supplieray, Monsieur, si vous en découvrez de semblables à
l’avenir comme je n’en doute nullement, de ne faire point de difficulté de
les insérer dans les dépesches publiques. Il y a pourtant sujet de s’estonner
de la légèreté de leur amour, après la mort du feu roy ils me firent offrir de
me faire pape et de me donner en attendant deux cens mille escus de
revenu et cinq cens mille d’argent comptant avec d’autres establissemens
qui mettoient quasi le royaume de Naples à mon entière disposition.
Cependant vous voyez, Monsieur, comme ils ont changé en deux années. Je
suis averti de beaucoup d’endroits qu’ils me font mille fois plus d’honneur
que je ne mérite puisqu’ils se persuadent qu’ils pouroient faire dans ce
royaume une partie de ce qu’ils voudroient si je n’y estois pas, que
quelqu’un de leurs ministres avoit proposé des moyens faciles pour me faire
tirer et que d’autres travailloient pour faire que le pape se servant de
l’authorité qu’il a sur les cardinaux prît quelque résolution extraordinaire
contre ma personne, ou que conférant quelque dignité pareille à la mienne
à d’autres personnes en France il y mît de la division et facilitast ma cheute.
Pour ce dernier point-cy ils y avoient réussy près du pape, ainsy que vous
apprendrez par la relation que je vous promets l’ordinaire prochain, pour
celuy de ma vie je continueray à faire mon devoir me remettant tout à fait
entre les mains de Dieu qui voit mes intentions, et essayeray cependant,
avec toutes mes forces de faire augmenter l’aversion des Espagnols par les
services que mon peu de suffisance me pourra donner moyen de rendre à
Leurs Majestez pour la grandeur de ce royaume.
Touchant ce que vous dites que Contarini vous avoit rapporté du discours
que luy avoit tenu Pennarenda que j’esloignerois la conclusion de la paix
pour mes intérestz particuliers, de peur qu’estant faite les ambassadeurs
d’Espagne qui auroient moyen d’approcher la Reyne ne procurassent ma
disgrâce, je vous remercie de tout mon coeur de la réponse que vous luy
avez faite, mais vous trouverez bon que j’y ajouste que si les Espagnols
veulent consentir pour faire la paix aux conditions avantageuses et honestes
que l’estat florissant des affaires de ce royaume nous donne à présent lieu
de prétendre avec toute justice, le cardinal Mazarin demeurera volontiers
d’accord que le premier article du traitté contienne sa retraitte de la cour et
des affaires, et ainsy on épargnera aux ambassadeurs la peine de travailler à
la procurer et comme dans toute la bonne fortune que je puis avoir
présentement je ne prétens que de la gloire, je proteste avec sincérité que je
sacrifieray gayement celle-là pour estre asseuré de celle-cy au point que je le
serois par cette voye. Je vous asseure Monsieur, que je vous dis cela de tout
mon coeur et comme si j’estois devant Dieu, chacun ayant pu connoistre
dans ma conduite jusqu’à présent qu’hors de la gloire que je puis retirer des
avantages de la France, pour le reste je ne partage que les épines et les
peines de la posture où je suis avec grande mortification et regret de mes
parens et de tous ceux qui prenant part à mon agrandissement voudroient
que j’imitasse ceux qui ont esté cy-devant en pareil poste, connoissant bien
que par la bonté de la Reyne et l’affection de tous les princes de la maison
royale il ne me seroit pas difficile de porter ma fortune peut-estre aussy
haut qu’aucun autre qui m’ayt devancé.
Je tiens que la véritable conjoncture de faire des présens aux plénipotentiai-
res de Suède seroit celle-cy où nous avons besoin de les avoir bien disposez
et peu pointilleux dans la négociation avec Bavière. Je vous prie, Monsieur,
de me mander vostre sentiment sur ce que l’on pouroit leur donner, comme
je présuppose qu’ils ne voudroient pas recevoir de l’argent, j’estime que l’on
poura offrir quelque belle espée de diamans à monsieur Oxenstiern et à
monsieur Salvius quelque bague ou quelque boete de diamans. Outre que
cela esclateroit davantage pour la France, il nous accommoderoit plus que
de l’argenterie en ce qu’il ne sortiroit point d’argent du royaume et nous
aurions les diamans à crédit pour les payer à nostre commodité. J’attendray
d’en sçavoir vos sentimens et cependant vous pourrez si vous le jugez ainsy
à propos leur faire adroitement parvenir aux oreilles que la résolution en est
prise afin de les avoir tousjours plus favorables.