Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
227. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Fontainebleau 1645 September 30

21

Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien


22
Fontainebleau 1645 September 30

23
Kopien: AE , CP All. 52 fol. 524–525’ = Druckvorlage; AE , CP All. 48 fol. 380–381. Konzept
24
Lionnes: AE , CP All. 44 fol. 402–404. Reinkonzept: AssNat 272 fol. 424–426. Druck:
25
Nég. secr. II, 2 S. 160–161; Gärtner VI S. 330–335.

26
Hervorragende Bedeutung Kataloniens und des Roussillons für Spanien, Verweis auf die
27
bisherigen Instruktionen zur Gestaltung der Verhandlungen darüber. Zu den Vorschlägen
28
Contarinis: Gefährdung des Bündnisses mit den Katalanen durch französisch-spanische Ver-
29
handlungen über ihr Land; Gefahr eines Separatabkommens der Verbündeten bei Verhandlun-
30
gen Frankreichs mit Spanien über die Abtretung der Niederlande, vorauszusehende Bedenken
31
der Generalstaaten gegen einen Eintritt Frankreichs in die spanischen Besitzrechte und gegen
32
eine direkte Nachbarschaft. Französische Bereitschaft zu Verhandlungen nur bei deutlichem
33
Friedenswillen Spaniens, unter der Bedingung der Überlassung als unwiderruflichen Besitz
34
sowie bei spanischer Unterstützung für die Satisfaktion der Verbündeten.

35
Il n’y a rien de plus délicat et qui mérite d’estre conduict avec plus de
36
prudence et d’addresse que les intérestz de la Catalongne et du Roussillon
37
parce qu’il n’y a rien qui touchera le roy d’Espagne à l’esgard de cela. Et en
38
effect chacun veoid qu’il ne se contente pas seulement de se donner des
39
peines continuelles portant sa personne par tout, ce qui n’a pas esté trop
40
ordinaire dans les roys d’Espagne depuis quelque temps, mais qu’il employe

[p. 723] [scan. 771]


1
largement tout ce qu’il a d’hommes et d’argent pour empescher noz progrès du
2
costé de Catalongne, ne hézitant pas de laisser la Flandre et l’Italie à la mercy
3
des aggresseurs pour avoir plus de moyen de résister à noz effortz dans
4
l’Espagne. C’est la raison qui obligea Leurs Majestez à bien recommander la
5
justice de cette affaire aux sieurs d’Avaux et de Servien avant leur départ, avec
6
lesquelz monsieur le cardinal Mazarin conféra diverses fois sur ce subjet, et
7
depuis dans l’instruction et par diverses dépesches on les a tousjours chargez de
8
laisser ces affaires-là pour les dernières parce que sy le Roy veult après se
9
relascher à quelque chose pour le bien de la chrestienté et pour le repos de la
10
France, il importe qu’il soit plustost faict que négotié.

11
C’est pourquoy on ne pouvoit mieux repartir au Contarini que ce qu’on a
12
faict quand pour sonder noz intentions il a dict qu’il ne falloit pas mettre en
13
doubte la restitution de la Catalogne. Les Espagnolz ne sont pas trop
14
malhabiles d’obliger les médiateurs à parler tousjours des affaires d’Espagne
15
et à proposer des mariages parce que rien ne pourroit estre plus préjudicia-
16
ble que de leur respondre favorablement dans ces deux poinctz-là, attendu
17
qu’en celluy de la Cathalogne sans estre mesme asseurez de la paix nous
18
courrions une risque évidente d’estre prévenus des Catalans lesquelz
19
certainement songeroient aussytost à nous sacriffier pour appaiser l’ indi-
20
gnation et la colère du roy d’Espagne affin de n’estre pas eux-mesmes
21
sacriffiez par nous pour obliger ledit roy à nous accorder d’autres advanta-
22
ges en eschange de cette principaulté.

23
Et pour ce qui regarde une alliance sy noz confoedérez avoient cognoissan-
24
ce que l’on pense à establir une bonne paix avec la maison d’Austriche par
25
le moyen du mariage du Roy avec l’infante d’Espagne, ilz pourroient aussy
26
avec quelque apparence appréhender que cette union produisist avec le
27
temps des résolutions préjudiciables à leurs intérestz, et ensuitte pour les
28
prévenir comme bons politicques ilz pourroient aller plus retenuz à donner
29
la main à la conclusion de la paix généralle et cependant prester l’oreille à
30
un accommodement particulier dont la maison d’Austriche ne cesse de les
31
soliciter continuellement par des propositions advantageuses, particulière-
32
ment les Espagnolz Messieurs les Estatz.

33
Alors toutes ces belles ouvertures n’auroient produict que l’exécution de ce
34
que désirent noz ennemis qui seroit de nous veoir sans alliez, ne méditant
35
autre chose qu’avoir lieu par ce moyen de se vanger des advantages que
36
Dieu a permis que nous remportions sur eulx. Et quand noz alliez ne
37
concevroient pas d’eulx-mesmes les soupçons que l’on marque cy-dessus, il
38
seroit bien à craindre que les Espagnolz ne manqueroient pas de ressortz
39
pour les leur imprimer dans l’esprit.

40
Il est encor à remarquer qu’oultre que tous ces beaux advantages qu’ilz
41
semblent vouloir prodiguer en faveur de ces mariages sont de belles
42
apparences qui d’ordinaire ne se réduisent à aulcun effect parce qu’ilz n’en
43
ont pas la véritable intention, et que desjà les histoires nous apprennent
44
que la France a esprouvé avec de notables préjudices de semblables

[p. 724] [scan. 772]


1
amusemens, ces sortes de propositions vrayes ou feintes ont un poison et un
2
venin caché qui ne peult estre plus dangereux. L’offre des Pays-Bas en dot
3
que Contarini fist la première fois et qu’il restrainct maintenant au comté
4
de Flandres ne jetteroit-elle pas d’abord Messieurs les Estatz en de grandes
5
jalousies et dans la crainte que cela s’effectuast? Comme le Roy n’entreroit
6
pas seulement dans la simple pocession de ces pays-là, mais dans tous les
7
droictz et prétentions du roy d’Espagne, aussy ilz auroient subjet d’ appré-
8
hender que quelque chose que promist la France elle pourroit avec le temps
9
prendre une conjoncture favorable pour en tirer raison auquel cas pouvant
10
pousser toutes les forces d’un grand royaume en cet endroict-là, elle leur
11
seroit infiniement plus formidable que l’Espagne qui n’y peult faire la
12
guerre que foiblement et avec des travaux et des despences immenses qui
13
consomment tous ses hommes et ses trésors. Il n’y a personne qui ne voye
14
que cette seulle considération sans les autres marquées cy-dessus seroit
15
capable de leur faire prendre quelque estrange résolution. C’est pourquoy
16
on estime qu’aussytost que les ambassadeurs de Messieurs les Estatz seront
17
arivez on leur donne part de tout ce qui s’est passé jusques icy et dont l’on
18
pourra parler à l’avenir de pareille nature affin que s’ilz se descouvroient
19
par autres voyes ilz ne s’imaginassent pas que nous leur en avons voulu faire
20
finesse et que cela ne produisist de mauvais effectz.

21
Ce n’est pas que sy l’intention des Espagnolz estoit sincère que effective-
22
ment ilz désirassent de faire une paix durable avec la France et qu’ilz
23
voulussent pour mieux l’affermir conclurre ce mariage, que l’on n’en
24
escoutast icy volontiers les ouvertures et que Leurs Majestez ne le préféras-
25
sent à tout autre, mais les marques de cette bonne intention seroient ou de
26
donner lieu qu’il fust conclud en temps que les soupçons de noz alliez ne
27
nous puissent apporter de préjudice.

28
Ou s’ilz vouloient pour rendre leur accommodement plus honneste et
29
colorer les désadvantages ausquelz ilz seroient obligez de consentir à la face
30
de toute la chrestienté pour parvenir à la paix faire le mariage en la
31
concluant, on pourroit leur donner cette satisfaction avec deux précautions
32
principalles, l’une que quelque accident de mort qui pust ariver laquelle ou
33
empeschast l’exécution du mariage ou le fist dissouldre sans succession, la
34
France ne seroit jamais obligée à restituer à l’Espagne ce que nous aurions
35
retenu à tiltre de dot d’une partie des conquestes que nous avons faictes sur
36
eux, mais seulement du surplus qu’ilz nous pourroient avoir baillé en faveur
37
dudict mariage. Et la seconde que toutes les satisfactions de noz alliez et les
38
nostres seroient résolues auparavant et que ne manquant plus rien à la
39
conclusion de la paix que ce point de sauver un peu de réputation à
40
l’Espagne, comme noz alliez n’en pourroient plus concevoir de soupçon,
41
aussy ilz y donneroient volontiers les mains et nous en presseroient
42
eux-mesmes affin de ne pas retarder cette bonne oeuvre. Et se conduisant
43
de la sorte ilz seront exemptz des jalousies et des scrupules que cette affaire
44
leur donneroit sy on la traictoit d’aultre manière.

Dokumente