Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
200. Königin Anne an Longueville, d’Avaux und Servien Paris 1645 August 31
Paris 1645 August 31
Kopien: AE , CP All. 48 fol. 189–190 = Druckvorlage; AE , CP All. 52 fol. 408–409; AE , CP
All. 56 fol. 9–10, datiert auf 1. September. Konzept Briennes: AE , CP All. 56 fol. 11, datiert
auf 1. September, verbessert aus 31. August. Druck: Nég. secr. II , 2 S. 137–138; Gärtner V
S. 936–940.
Anbringen des Kurfürsten von Bayern durch Gramont: Interesse an einem Ausgleich mit
Frankreich, Bedauern über das Mißtrauen gegen seine Angebote und über die Verweisung
Vervaux’ nach Münster, Erneuerung seines Angebotes auf Mithilfe bei einem Friedensschluß im
Reich. Anweisung zur Prüfung des Anbringens und Ermächtigung zum Abschluß eines
Abkommens; Betonung des Interesses an der Trennung Bayerns vom Kaiser; Anweisung für
Enghien zur Ausführung des von den Gesandten Vereinbarten.
J’avois bien préveu que mon cousin le duc de Bavières ne tarderoit pas de
me faire sçavoir qu’il se tenoit bien malheureux de ne pouvoir s’acquérir ma
confiance et qu’il n’avoit point de plus forte passion que de la posséder. Se
prévalant de la prison de mon cousin le mareschal de Grammont
manqué de s’en ouvrir avec luy et au jour qu’il partoit de son pays de luy en
faire ses doléances qu’il a augmentées par la juste appréhension dans
laquelle il estoit que sa maison se trouvast ruinée s’il n’entroit en mes
bonnes grâces et que venant à mourir dont il est assez proche à cause de son
grand âge, son successeur se trouveroit en une dépendance trop absolue de
la maison d’Austriche. Qu’à ces maux il n’y a qu’un remède qu’il a tousjours
cherché de faire la paix et d’entrer dans ma protection et qu’il désiroit
également l’une et l’autre de ces choses, mais il craignoit n’ayant pas oublié
ce qui s’est passé que je n’y aurois point d’esgard pour prouver audict
maréchal que ce qu’il avançoit estoit fondé. Il luy a déclaré comme il avoit
envoié son confesseur en cette cour et qu’il n’avoit sceu tirer autre response
sur les ouvertures qu’il y auroit faittes sinon que mes députés estoient à
Munster ausquels il se pouvoit adresser, lesquels avoient ordre avec la
participation des alliés d’avancer l’ouvrage de la paix, que cella luy avoit fait
comprendre ou qu’il estoit méprisé où que l’on se deffioit de la sincérité de
ses intentions. Que présentement il revient à faire les mesmes prières et
insinuoit adroittement qu’il estoit assés considérable par les Estaz qu’il
possède, adjoustant que l’Empire n’avoit point de dépendance ny de
connexité avec l’Espagne, qu’on pouvoit faire la paix avec l’un et continuer
la guerre avec l’autre, qu’il s’offroit de contribuer à l’un et à se soumettre à
toutes les conditions justes que je pourrois demander jusques à me rendre
le juge de ce qu’il devroit faire pour conclurre aussy sa paix particulière
avec les Suédois si je la voulois préférer à la généralle d’Allemagne.
Sur cette instance mon cousin le duc d’Anguyen qu’il avoit aussy voulu
faire rechercher d’une suspension par l’entremise dudict sieur mareschal, a
jugé à propos de me dépescher le sieur de Bergerac lequel estoit chargé de
m’expliquer les intentions dudict duc au delà de ce qu’elles estoient
exprimées en un mémoire qui en a esté dressé par ledict sieur mareschal de
Grammont. Pour faire voir aux allliés, nommément à la couronne de Suède
et audict sieur duc de Bavières la sincérité et la netteté de mon procédé et le
désir que j’ay d’avancer la paix je me suis résolue de vous envoyer le
mémoire susénoncé et le porteur de la créance affin que vous entendiés de
luy tout ce qu’il avoit eu charge de me dire pour ensuitte en faire part aux
plénipotentiaires de Suède et des autres alliés et puis, ayant avisé avec eux
ce qui est à faire pour proffiter de la disposition où se trouve ce prince et de
l’estat avantageux où sont mes affaires résoudre avec ses députés un traicté
particulier si ceux des alliés l’approuvent et que vous jugiés qu’il puisse
estre avantageux au bien de mon service et de cela vous avés pouvoir
jusques à la conclurre et signer sans rien donner nulle part. Je me porte à
cette résolution et par la confiance que j’ay en vos suffisances et en vostre
affection et pour gratiffier ledit duc de Bavières lequel a voulu que la
duchesse, sa femme s’expliquast avec ledict mareschal de ses intentions
pour cela mesme luy disant avec beaucoup de discrétion qu’elle apprenoit
de moy que sans haÿr la maison de laquelle on est sorty qu’on entre
entièrement dans les intérestz de celle où l’on est entré et que l’amour des
enfans efface toute autre amitié. J’avoue que je seray très aise s’il se peut
rencontrer des moyens qui m’asseurent l’amitié de ce prince et qu’il y ait
lieu de le détascher de l’Empereur car outre qu’il est catholique et de
grande considération en l’estat présent des affaires il porte avec soy des
conséquences pour l’avenir qui ne doivent pas estre mesprisées. Si Dieu
permettoit que vous fissiés un traitté vous en donneriés en diligence avis à
mon cousin, le duc d’Anguyen et luy envoyerés les lettres que vous
trouverés jointes à celles-cy par lesquelles je luy mande qu’il ayt à se
conformer aux avis que vous luy donnerés et à ne plus continuer à faire la
guerre audit duc si tant estoit qu’il se fust accommodé et qu’il tienne la
main en tant qu’en luy sera, que ce que vous aurés promis en mon nom soit
exécuté et observé. Par autre voie je luy feray sçavoir et audit sieur de
Grammont le commandement que j’ay fait à Bergerac dont il y pourra
informer ledit duc affin que si cette ouverture luy aggrée qu’il donne ses
ordres en diligence à ses commissaires …
1 AE , CP Bav. 1 fol. 459–460: Mémoire envoyé à la cour par monsieur le mareschal de
Grammont sur son entreveue avec le duc de Bavière, ohne Datum, Kopie
du comte de Gleen
Bavière envoya un de ses conseillers tesmoigner audit mareschal qu’il seroit aise de le
voir et de l’entretenir à Munic avant son départ. A son arrivée le comte de Curtz son
grand chambellan et son premier ministre chés lequel il fut logé luy dit après les
civilités ordinaires que Son Altesse son maistre ne voulant perdre aucune occasion de
tesmoigner à la France le respect et affection qu’il avoit pour cette couronne avoit
souhaitté de le voir pour luy faire entendre plus particulièrement avec combien de
regret la seule nécessité de se deffendre l’obligeoit à faire la guerre avec un prince si
puissant que le Roy et duquel les ancestres avoient tousjours protégé la maison de
Bavières, qu’il prioit ledit mareschal lequel pouvoit avoir quelque connoissance des
sujets qu’on avoit de luy faire la guerre de les y vouloir déclarer et quant et quant par
quels moyens il pourroit obtenir la paix et les choses qu’on pouvoit prétendre de luy
pour cet effet.
A cella le mareschal de Grammont respondit qu’il ne doutoit point que Son Altesse
comme prince très prudent et sage ne considérast combien l’amitié et la protection du
Roy estoit utile à un prince de son âge, qu’il laissoit des enfans fort jeunes lesquels
venant à le perdre se trouveroient une grande guerre sur les bras et qui pour protection
n’avoient que la maison d’Austriche dont les affaires tant en Allemagne qu’en Espagne
estoient en tel désordre que bien esloignés de deffendre les autres elle estoit assés
empeschée de se parer d’une entière ruine, qu’il estoit vray qu’on l’avoit employé à faire
la guerre mais qu’on ne luy avoit jamais dit ce qu’on prétendoit pour faire la paix Sa
Majesté ayant tant d’ambassadeurs assemblés à Munster pour cet effet qu’il n’estoit
guères besoin de luy déclarer ses sentimens pour la paix et que partout il seroit très mal
avisé de s’embarquer à faire aucune proposition.
Le lendemain il eut audiance de Son Altesse qui luy aiant tenu à peu près les mesmes
discours du comte de Curtz adjousta qu’on l’avoit traitté avec toute sorte de mespris
n’ayant voulu escouter son confesseur en façon quelconque, que les moindres princes
qui demandoient la protection et l’alliance de la France estoient bien receus et qu’il
croye n’estre pas assés peu considérable pour devoir estre rejetté. Le mareschal de
Grammont luy respondit que s’il plaisoit à Son Altesse luy donner permission de luy
parler librement qu’il s’imaginoit qu’on n’avoit pas creu à la cour que les choses qu’il
proposoit eussent autre but que de tirer les affaires en longueur et donner de la
meffiance à nos alliés.
Sur cela Son Altesse de Bavière n’eut autre response sinon qu’il estoit assés difficile de
pouvoir pénétrer son intention puisque jamais on n’avoit voulu escouter ses proposi-
tions ny demander aucune chose de toutes celles qu’on pouvoit souhaitter de luy, mais
bien le renvoier à Munster où il voyoit toutes les choses aller avec une telle lenteur qu’il
n’en espéroit aucune heureuse issue.
Enfin pour conclurre un discours qui seroit trop long si l’on en vouloit faire le détail il
propose de faire un traitté à l’Empereur séparément d’Espagne au contentement de la
France, que si elle ne veut point traitter avec l’Empire et qu’on veuille traitter avec luy
qu’on se laisse entendre des choses que l’on pourroit souhaitter et qu’il sera aisé à voir
s’il n’y a rien qu’il ne face pour avoir l’amitié du Roy et de la Reyne. Il désire pour cet
effet qu’on donne commission et pouvoir à quelqu’un de traitter avec luy sans le
renvoyer à Munster et que pour faire veoir qu’il ne prétend point que ce traitté donne
jalousie aux Suédois qu’il plaist à la France de se déclarer de ce qu’il doit faire pour eux
et de s’entremettre pour la paix qu’il désire avec la couronne de Suède.
[Il] répliqua plusieurs fois que l’Empire ny les estats de l’Empire n’avoient rien à faire
avec l’Espagne et que pour tesmoigner cette vérité le duc de Terranova estoit venu à
Vienne pour conclurre avec l’Empereur et luy une nouvelle alliance sans que l’un ny
l’autre l’eussent voulu faire. Bref qu’il demandoit pour grâces qu’on luy fît entendre
quel chemin il devoit tenir pour se remettre aux bonnes grâces de la France et qu’il n’y
avoit rien qu’il ne fist pour cet effet.
Sur quoy le mareschal de Grammont creut ne luy devoir dire autre chose sinon que tout
le service qu’il pourroit rendre à Son Altesse estoit de donner part à monseigneur le duc
d’Anguien qui estoit son général de toutes les bonnes volontés qu’avoit Son Altesse et
d’envoyer un gentilhomme à la cour pour porter à Son Eminence la lettre qu’il luy
escrivoit et attendre quelle response pourroit estre faitte de la part du Roy à ses
propositions. Il demanda fort instamment une suspension d’armes mais l’espérance luy
en fut toute ostée en luy disant qu’il n’y avoit point d’apparence que cette proposition
se pust faire à monseigneur le Duc d’Anguyen lequel avoit trop de prudence pour luy
accorder sans les ordres exprès de Leurs Majestés.