Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
197. Longueville, d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1645 August 28
Münster 1645 August 28
Ausfertigung: AE , CP All. 55 fol. 326–338’ = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 339’:
1645 September 6 durch La Chesnaye . Teilkonzept Serviens: AE , CP All. 52 fol. 339–345,
datiert auf 26. August. Kopien: AE , CP All. 44 fol. 300–307’, datiert auf 29. August; AE , CP
All. 48 fol. 174–181’, datiert auf 30. August; AE , CP All. 52 fol. 376–389, datiert auf 29.
August. Druck: Nég. secr. II, 2 S. 127–130; Gärtner V S. 862–877.
Bemühungen um die Gesandten Brandenburgs; Pension für einen Bruder Wittgensteins.
Friedensbereitschaft Bayerns. Aushebungen. Reise Serviens nach Osnabrück: Aufrechterhalten
der Kontakte zu den schwedischen Gesandten; Streit des Kurfürstenrates mit den fürstlichen
und städtischen Gesandten um die Gestaltung der Beratungen, Interesse Schwedens an der
Schwächung der kurfürstlichen Position, Ablehnung des Anspruches der kurfürstlichen Gesand-
ten auf den Exzellenz-Titel durch die übrigen Reichsstände; Vorschlag der kurfürstlichen
Vertreter der wechselweisen Tagung aller dreier Kurien in Münster und Osnabrück, Forderung
der übrigen Reichsstände nach Teilung jeder Kurie, besonderer Widerstand gegen die Verle-
gung der Beratungen an einen dritten Ort; Vorteile für Schweden bei der Aufnahme der
Beratungen unter den gegenwärtigen Verhältnissen wegen der größeren Zahl reichsständischer
Deputierter in Osnabrück, Gefährdung einheitlicher Beschlüsse bei der Verteilung der Reichs-
stände nach Konfessionszugehörigkeit, Gefahr der Gleichsetzung der französischen Haltung mit
den Beschlüssen der katholischen Reichsstände; Oxenstiernas Darstellung der schwedischen
Verhandlungsziele (Normaljahr 1618, Wahlkönigtum in Böhmen, Restitution des Pfälzers),
hartnäckige Verteidigung dieser Ziele trotz der Hinweise Serviens auf die Erschwerung des
Friedensschlusses; Betonung der protestantischen Forderungen nach geistlichen Gütern durch
Salvius; Erläuterung des Verhaltens La Thuilleries; Klage über den Abzug Königsmarcks von
der französischen Armee; mangelnde Instruktion der schwedischen Gesandten zu ihrer Satisfak-
tionsforderung .
Nous ne resprondrons point aux deux premiers articles de vostre dépesche
du 12 e parce que nous croions y avoir satisfaict par nos précédentes . Pour
ce qui regarde |:les ambassadeurs de Brandebourg nous les ménageons:|
tousjours ainsy qu’il nous est ordonné et nous reconnoissons qu’ils agissent
aussy bien et avec autant de correspondance avec nous qu’il se peut
souhaiter. Nous estimons qu’une occasion qui se présente attachera encor
plus à nous |:le comte de Witgestein qui est le chef de l’ambassade. C’est
que un de ses frères qui estoit collonel dans l’armée de monsieur de
Turenne estant mort en la dernière bataille que monsieur le duc d’Anguien
vient de gaigner
|:lieutenant collonel
Ceste grâce sera bien emploiée et si Sa Majesté a agréable de l’accorder
nous vous prions de nous en envoier les expéditions afin les mettant entre
les mains dudict |:sieur comte de Witgestein la maison entière puisse estre
obligée à la France:|. Il ne nous est pas malaisé de |:mesnager aussy les
ambassadeurs de Bavières:| puisqu’ils se présentent eux-mesmes et princi-
palement |:depuis la dernière victoire:| tesmoignans de la part de |:leur
maistre:| une grande dispositon à la paix et mesmes pour ce qui |:touche
les intérestz de la France:| dans ce traicté . Aushebungen. Nous avons
ci-devant résolu de faire deux de nous ensemble le voiage d’Osnabrug ,
mais le dernier aiant esté arresté par une petite indisposition a creu y devoir
aller quelques jours après le retour du premier pour oster à messieurs les
ambassadeurs de Suède tout prétexte de plainte, à cause qu’ils nous avoient
rendu conjoinctement la dernière visite et qu’ils prennent garde de fort près
à ces petites formalités, joinct que ne voiant encor personne de la part du
Roy auprès d’eux, ni aucun médiateur qui les entretienne, nous avions creu
nécessaire de les faire souvent visiter de crainte qu’ils ne s’ennuient et
augmentent leur jalousie voians que de temps en temps les médiateurs ou
quelqu’un des députés qui sont icy nous font de nouvelles ouvertures sans
que personne s’addresse à eux, ni qu’on leur parle de rien. C’est pourquoy
nous y renvoions encor dans un jour ou deux monsieur de St. Romain.
Quoyque celui qui les a visités en dernier lieu
commission particulière, néantmoins y aiant apparence que les affaires se
disposent assés bien du costé de nos parties et que ce que nous avons le plus
à craindre est qu’une diversité de prétentions ou d’intérests ne facent
naistre des difficultez ou des longueurs parmi nous-mesmes lorsqu’elles
commenceront à cesser de la part de noz ennemis, nous avons treuvé à
propos qu’en faisant son compliment il essaiast de pénétrer plus avant qu’il
luy seroit possible dans les sentimens de noz alliés et des autres députés qui
composent l’assemblée d’Osnabrug. Dans le peu de séjour qu’il y a faict il a
remarqué que sur le différend qui est encores entre les estats de l’Empire
pour la forme de leurs délibérations les deux collèges des princes et des
villes sont joincts ensemble contre celui des électeurs. Que messieurs les
ambassadeurs de Suède adhèrent presque en touttes choses à ces deux
collèges, leur opinion estant qu’il les faut eslever autant qu’on pourra pour
abaisser la trop grande autorité que les électeurs ont usurpée depuis
quelques années, laquelle ils ne croient pas moins préjudiciable à l’Empire
que celle de l’Empereur mesme à cause qu’ils sont plus dépendans de lui, et
que ç’a esté jusques icy un artifice de la maison d’Austriche qui pour venir
plus facilement à bout de l’usurpation qu’elle projette de longue main,
tasche de flatter le collège des électeurs et de l’eslever au préjudice des deux
autres afin d’abbaisser et assujettir plus aisément tous les trois après avoir
commencé de destruire les uns par les autres. Ils remarquent encor que tous
les électeurs |:hors de Brandebourg sont ennemis déclarez des deux
couronnes:|. Il y a non seulement diversité d’opinions et d’intérests entre
les deux derniers collèges et celui des électeurs, mais grande jalousie et
animosité. Ceux-là se plaignent des honneurs nouveaux que nous avons
faicts aux ambassadeurs des eslecteurs et ne veulent pas nous imiter ni leur
donner de l’Excellence pour n’introduire pas une forme nouvelle dans leurs
assemblées et pour ne consentir pas à une trop grande différence qu’ils
disent que nous avons voulu establir entr’eux. C’est ainsy qu’au lieu de
nous sçavoir gré de l’intention que nous avons eue d’obliger tout l’Empire
en la personne des princes qui y tiennent le premier rang, ils s’imaginent de
recevoir préjudice de ceste introduction. Messieurs les Suédois leur adhè-
rent en cela et veulent treuver à redire que nous aions traicté Bavières de
ceste sorte, disans qu’en tout cas ce traictement n’estoit deub qu’à ceux qui
représentent le collège électoral où il y a un roy. Mais comme ceste opinion
procedde plustost de la haine qu’ils ont contre ce prince que de la raison, il
n’a pas esté malaisé de leur faire comprendre que la couverture qu’ils
prennent pour autoriser ce qu’ils ont faict eux-mesmes en faveur de
Mayence et de Brandebourg n’est pas bonne, puisque ce ne sont point les
vrais députés du collège électoral que les subdélégués et qu’on sçait bien
que le roy de Bohême quoyque septiesme électeur n’a point de part aux
diètes ni aux délibérations qui se font pour les affaires de l’Empire.
L’aversion et la mesfiance qui s’est glissée entr’eux est sy grande qu’elle
faict rejetter aux uns tout ce qui vient de la part des autres ce qui est cause
qu’ils n’ont encores peu convenir d’aucun expédient pour délibérer sur
nostre proposition, les électeurs voulans que les trois collèges soient
assemblés en un mesme lieu et offrant pour cet effect après qu’ils auront
esté quelque temps à Munster de s’en aller demeurer quelque temps à
Osnabrug, mais les autres craignans que ce ne soit un moien pour les
establir à Munster pour tousjours, et ceste crainte estant augmentée par
celle des Suédois rejettent ceste offre comme contraire au traicté prélimi-
naire et soustiennent que comme l’assemblée est partagée en deux lieux et
qu’en chasque lieu il y a divers commissaires de l’Empereur il faut aussi que
les trois collèges soient partagez afin que la moitié de chaque collège soit à
Munster et l’autre à Osnabrug. Quoyque les électeurs pour appuier
l’opposition qu’ils font à ceste ouverture disent que c’est pour empescher la
division des estats de l’Empire et la longueur que le partage apporteroit aux
affaires, néantmoins, ils soustiennent si vivement leur opinion sans avoir
jusques ici voulu respondre aux expédiens qui leur ont esté proposés de la
part du collège des princes qu’ils donnent subject de croire que pour plaire
à l’Empereur ils auroient envie de transporter l’assemblée des estats de
l’Empire dans un lieu tiers et mesmes de donner lieu à la convocation d’une
diette |:afin d’esloigner tous les depputtez des ministres des deux couron-
nes desquelz ilz estiment qu’ilz ne peuvent recevoir que des instructions
peu favorables aux desseins de l’Empereur:|. C’est pourquoy les Suédois et
les mieux intentionnez de l’assemblée croyent qu’il faut sur touttes choses
|:résister fortement au transport de l’assemblée dans un lieu tiers comme
préjudiciable aux intérestz des deux couronnes:|, et en quelque façon
contraire au traicté préliminaire qui semble exiger qu’aux mesmes lieux où
il y a des commissaires de l’Empereur il y ait aussi des députez des estats
afin qu’on puisse traicter en mesme temps avec les uns qu’avec les autres,
puisque nous avons tousjours soustenu que les uns ne peuvent rien sans les
autres. Quelques-uns avoient proposé que sans s’arrester plus longtemps à
la forme des délibérations on entrast d’abord dans la matière et qu’on
délibérast en l’estat que se treuvent les députez sans les faire changer de
demeure. Mais outre les autres inconvénients qui s’y rencontrent, il y a
apparence que ceste proposition vient des Suédois ou du moins est faicte à
dessein de les favoriser, parce que aians ci-devant pris grand soing de faire
aller à Osnabrug presque tous les députés des princes et des villes qui s’y
treuvent à présent, ils tireroient tout l’avantage de ceste résolution et, il
seroit d’autant plus grand qu’après avoir renoncé pour les obliger à celuy
que nous eussions receu de la première délibération faicte à Lengerich. Il
sembleroit que la chose aiant esté contestée nous aurions esté contraincts
de nous en départir, non seulement pour establir une entière égallité entre
nous, mais pour leur céder la prérogative d’avoir auprès d’eux le plus grand
nombre des députez. Cet advantage qui ne regarde que l’extérieur n’estoit
pas encor tant à craindre que la division continuelle qui eust esté entre les
deux assemblées si celle de Munster n’estant presque aujourd’huy compo-
sée que de députez catholiques et celle d’Osnabrug de tous les protestants,
les choses fussent demeurées en cet estat, malaisément eussent-ils jamais
peu estre d’accord ensemble sur les poincts qui touchent tant soit peu la
religion, et les résolutions de celle de Munster se treuvans tousjours
contraires aux prétentions des protestans, ils se fussent aisément persuadés
que nous faisants part de ceste assemblée aurions esté contr’eux ce qui
auroit augmenté l’appréhension qu’ils ont desjà que nous voulons abandon-
ner leurs intérests et les auroit plus estroictement unis aux Suédois qu’ils
semblent regarder comme leurs seuls protecteurs. C’est pourquoy sans
tesmoigner de nostre costé aucune jalousie du dessein que les Suédois
peuvent avoir eu de s’advantager en ce rencontre, on s’est seulement servi
de la dernière considération pour se garantir des deux inconvénients et on a
faict comprendre à quelques députez de l’assemblée combien pour conser-
ver l’union entr’eux et prévenir une dangereuse contrariété d’opinions et
d’intérests il est nécessaire qu’il y ait un égal nombre de députez catholi-
ques et protestans en chacune des assemblées. On leur a mesmes faict
reconnoistre la nécessité qu’il y a que le plus grand nombre de protestans
soit à Munster plutost qu’à Osnabrug parce que là les Suédois estans de
mesme religion qu’eux appuieront hardiment leurs prétentions, au lieu
qu’icy la bienséance ne nous permettant pas de parler si librement en leur
faveur, ni de proposer leurs demandes, il importe qu’elles y soient faictes et
soustenues par eux-mesmes afin que nous nous servions de leurs raisons
aux occasions où ils en auront de bonnes et que nous les facions gouster aux
médiateurs et au reste de l’assemblée plutost comme entremetteurs et amis
que comme parties. Que l’envie que nous avions de les rendre par ce moien
tesmoings de nostre conduicte est une preuve certaine de la résolution où
nous estions de les assister en tout ce qui nous seroit possible, que nous
considérions les protestans d’Allemagne comme noz frères séparés à la
vérité de créance, mais unis avec nous d’affection et d’intérest au lieu que la
pluspart des catholiques sont à nostre plus grand regret nos ennemis
quoyque la charité et la communion d’une mesme église nous rend aussi
tous frères. Que cela nous oblige bien de marcher avec retenue dans tous
les poincts où la religion peut estre intéressée, mais ne doit pas faire
doubter nos amis de nostre assistence en tous les autres ny que dans les
différends qui naistront pour ceux-ci nous n’appuyons les expédiens
raisonnables d’accommodement qui seront proposés. L’on sceut le mesme
jour que ce discours aiant esté communiqué à l’assemblée des députés y
avoit esté bien receu et produict un très bon effect, qu’il avoit esté
considéré comme un tesmoignage sincère des bonnes intentions que la
France avoit pour eux. Que pour en proffiter ils avoient comme résolu que
les députez des deux derniers collèges seroient partagés aussy bien que
celui des électeurs et qu’il viendroit ici bon nombre de protestans, des
principaux d’entr’eux pour résider près de nous, dont messieurs les ambas-
sadeurs de Suède en une de leurs visites firent semblant d’estre bien aises et
de nous en sçavoir gré quoyque peut-estre ceste délibération choquoit en
quelque façon l’intention cachée qu’ils avoient eue de conserver auprès
d’eux le plus grand nombre des députés de l’assemblée. Nous ne sçavons
pas encor bien ce qui sera résolu car nous apprenons qu’il y a une grande
désunion entr’eux et qu’ils ont très grande peine à prendre confiance les
uns aux autres. Mais les députez de madame la Landgrave nous ont asseurés
que leur maistresse doit escrire aux députez d’Osnabrug pour faire réussir
la proposition dont il a esté parlé cy-dessus.
L’on n’oublia rien ensuitte pour descouvrir les inclinations desdicts sieurs
ambassadeurs pour la paix en plusieurs visites que moy Servien receus d’eux
et rendis à chacun d’eux séparément. L’un et l’autre tesmoigna par son
discours un très grand désir de la conclurre promptement, mais monsieur
Oxenstiern parut si ferme dans les moiens d’y parvenir qu’il seroit malaisé
de l’obtenir de longtemps aux conditions qu’il prétend. Il me répéta
plusieurs fois que l’opinion de la reine de Suède et de tous ses ministres
estoit que |:la véritable seureté de la paix et le solide intérest des deux
couronnes consistoit à restablir toutes choses en l’estat qu’elles estoient
avant l’origine de cette guerre:| qu’on estoit tellement confirmé dans ceste
créance en Suède qu’on préféroit cet avantage à tous ceux qui luy
pourroient estre accordés pour sa satisfaction particulière. Qu’il falloit
nécessairement |:rendre le royaume de Boême électif et restituer à la
maison Palatine tous ses Estatz et la dignité électoralle:|, sans quoy la paix
ne seroit jamais bien asseurée, qu’il n’i avoit dans ce dessein aucun intérest
de religion meslé et que pour le preuver on n’empescheroit point de leur
part qu’on ne fist |:eslire quelque prince catholique ou mesme quelque
prince françois pour le royaume de Bohême:| si nous y voulions penser.
Comme je luy représentay qu’il faudroit bien encor du temps et donner des
coups d’espée avant que réduire les ennemis à y consentir par un traicté et
que ceste prétention si on s’y obstinoit feroit croire à tout le monde qu’on
ne veut point de paix il répliqua derechef que sans cela la Suède ne croioit
pas que la paix peut estre durable ni avantageuse, que lorsque la maison
d’Austriche avoit commencé de |:rendre le royaume de Bohême successif:|
chacun avoit cru qu’asseurant l’Empire chés elle par ceste usurpation elle
portoit un coup mortel à la liberté de l’Allemagne et par ce moien donnoit
un très grand subject d’appréhension à tous les princes voisins. Qu’il ne
voyoit pas pourquoy le temps nous avoit faict changer de maximes ni
pourquoy nous ne voulions point aujourd’huy prendre intérest à un
establissement si préjudiciable puisque le mal au lieu d’estre amoindri par la
durée en estoit devenu plus dangereux. Que le premier dessein de la maison
d’Austriche n’avoit esté que s’asseurer l’Empire, mais que la ruine de la
maison Palatine qui avoit tousjours arresté son ambition luy avoit fourni les
moiens de passer plus outre et d’assujettir toutte l’Allemagne, à quoy
l’Empereur n’eust plus rencontré d’obstacle en l’estat où il avoit porté les
affaires si les deux couronnes ne s’y fussent opposées, que leur principal but
en prenant les armes a esté de secourir tous les princes et estats opprimés,
qu’il me disoit en confidence que sans le dessein glorieux de remettre
l’Allemagne en l’estat qu’elle estoit avant la guerre la reine de Suède n’eust
point faict la paix de Dannemarc, où la conjoncture luy faisoit espérer dans
la continuation de la guerre un très heureux succès et très avantageux pour
son roiaume. Je fus contrainct de repartir que si on avoit formé ceste
résolution, il falloit plutost se préparer à continuer la guerre qu’à songer à
faire la paix. Qu’il est vray que ce restablissement général avoit esté le but
des deux couronnes, mais qu’on avoit plutost désiré qu’espéré de tout
obtenir, à quoy j’adjoustay en riant que les coups qui ne frappent pas le but
ne laissent pas d’estre beaux pourveu qu’ils en approchent. Qu’il falloit bien
arracher s’il estoit possible à l’Empereur la plus grande part de ses
usurpations, mais que jusques ici on n’avoit point creu en Suède mesme que
le différend de |:la Bohême ni celluy de la maison Palatine deussent:|
empescher la conclusion du traicté, si après qu’on aura faict ce qu’on aura
peu raisonnablement en l’un et en l’autre, on y rencontre de trop grandes
difficultez et que les deux couronnes reçoivent satisfaction d’ailleurs. Que
ç’a esté mesme soubs ceste condition que nous avons résolu entre nous de
donner tous les articles du traicté ensemble afin de se pouvoir relascher sur
les uns à mesure qu’on treuveroit son compte sur les autres. Comme mon
intention n’estoit pas de combattre ses sentimens, mais seulement de les
descouvrir il fallut finir le discours sans travailler plus longtemps à luy faire
changer d’advis. Il protesta néantmoins que la Suède avoit un véritable
désir de la paix, mais que la souhaitant honorable et advantageuse pour le
général de l’Allemagne les ennemis tesmoignoient si peu de disposition de
l’accorder de ceste sorte qu’il falloit continuer vigoureusement à les y
contraindre par la force et que pour cet effect on se préparoit en Suède de
faire passer en Allemagne soubs la conduite d’un général major dont j’ay
oublié le nom les trouppes qui avoient esté emploiées contre le Dannemarc
aussytost que la paix y auroit esté conclue et exécutée, ce qu’il se promettoit
qui seroit faict dans peu de temps
Am 23. August 1645 wurde der schwedisch-dänische Friedensvertrag in Brömsebro unter-
zeichnet ( Lorenz S. 64; Druck der lateinischen Übersetzung des Vertrages: Meiern I S.
632–649 ).
Monsieur Salvius dans sa visite prist plus de soing de me persuader que la
Suède souhaitoit ardemment et sincèrement la paix, adjoustant mesmes que
l’Allemagne estoit si ruinée qu’elle n’estoit plus en estat de supporter la
guerre. Il ne s’arresta pas tant sur les différends |:de la Boême et du
Palatinat:| que son collègue. Mais il parla de quelques autres prétentions
|:des protestans sur des éveschez et pour la possession des biens ecclésiasti-
ques :| qui ne seroient pas moins difficiles à obtenir que les autres deux
poincts et ausquels nous avons encor plus d’intérest de |:ne consentir pas:|.
Il est à craindre que |:la bonne disposition qu’ilz treuvent l’un et l’autre
parmi les depputtez de l’Empire qui sont près d’eulx:|, ne les engage à
vouloir |:passer plus avant qu’il ne seroit à désirer:| car monsieur Salvius me
dist que la pluspart avoient desjà déclaré assés ouvertement qu’ils treu-
voient |:les propositions des deux couronnes:| fort raisonnables.
Je les ay treuvés sy satisfaicts des advantages qu’ils ont eu en la paix de
Dannemarc que je n’ay pas eu peine de leur justiffier la conduitte de
monsieur de La Tuillerie. Comme ceste nation est naturellement soupçon-
neuse et que leur mesfiance procédoit plutost de quelques lettres escrites en
France par lesquelles le roy de Dannemarch et ses ministres se louoient de
la prudence de monsieur de La Tuillerie que d’aucun subject qu’ils eussent
de se plaindre de luy, il n’a pas esté malaisé de leur faire comprendre |:qu’il
n’avoit tasché de se rendre agréable et d’acquérir quelque créance auprès
des Danois qui avoient tant de justes subjectz de se meffier de luy, que pour
avoir plus de facilité de mesnager avantageusement avec eulx les intérestz
de la Suède:| ainsy que la suite la faict paroistre.
La victoire de monsieur le duc d’Anguien dont les nouvelles arrivèrent
lorsque j’estois à Osnabrug me fournit un moien favorable de leur faire
plainte de la séparation de monsieur Konismarch, mais comme j’en ouvris
la bouche à monsieur Oxenstiern et que j’eus commencé de lui dire que
ledict sieur Konismarch seroit maintenant bien fasché de n’avoir point eu
de part à une si glorieuse action il me respondit qu’il venoit de recevoir une
de ses lettres qui l’asseuroit que non seulement il s’estoit séparé du
consentement de monsieur le duc d’Anguien, mais à son instance aiant esté
recongneu par tous les chefs dans le peu d’espérance qu’il y avoit d’engager
les Bavarois à un combat, qu’un si grand corps comme estoit alors l’armée
des confédérez pourroit très difficilement subcister longtemps ensemble
sans se ruiner, aiant congneu que ceste lettre n’avoit esté escrite qu’en
responce d’une de monsieur Oxenstien qui l’avoit convié de revenir joindre
l’armée de monsieur d’Anguien avec ses trouppes, et ne sachant pas au vray
les intentions de mondict seigneur, il ne creut pas en devoir parler
davantage veu mesmes que Konismarch est desjà arrivé en Misnie et que
Torstenson paroît avoir besoing de luy.
Avant que nous séparer il fut encor parlé de la satisfaction particulière de la
couronne de Suède. Je leur fis une douce plainte que jusques ici ils estoient
demeurez dans la mesme retenue avec nous qui prenons part dans tous
leurs intérests, qu’avec noz parties. Ils se laissèrent entendre un peu plus
ouvertement qu’ils n’avoient faict ci-devant que leur prétention estoit |:sur
la Poméranie:| qu’ils s’en expliqueront plus certainement aussytost que les
Impériaux auroient donné leur response à nostre proposition généralle et
qu’ils attendoient encor quelques ordres de Suède là-dessus aussy bien que
pour le |:traicté de Benfeld:| dont ils avoient escrit. Cela me fit juger qu’ils
ne sont pas encor bien instruicts des dernières volontés de leur reine sur ce
qu’elle prétend conserver par le traicté de paix et que encor qu’ils visent à
|:la Poméranie:| ils n’ont pas moins d’envie et ont beaucoup plus de
nécessité de |:retenir Wismar qui est du Mecklebourg à cause que le port est
sans comparaison meilleur que celluy de Strasland et plus commode pour
y faire hiverner leurs vaisseaux de guerre:| qui sont quelque fois huict mois
de l’année sans pouvoir sortir des havres de Suède. PS: Überbringer dieses
Schreibens wird La Chesnaye sein.