Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
197. Longueville, d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1645 August 28

21

Longueville, d’Avaux und Servien an Brienne


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Münster 1645 August 28

23
Ausfertigung: AE , CP All. 55 fol. 326–338’ = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 339’:
24
1645 September 6 durch La Chesnaye

37
Nach den Angaben in nr. 215 reiste La Chesnaye am 30. August in Münster ab.
. Teilkonzept Serviens: AE , CP All. 52 fol. 339–345,
25
datiert auf 26. August. Kopien: AE , CP All. 44 fol. 300–307’, datiert auf 29. August; AE , CP
26
All. 48 fol. 174–181’, datiert auf 30. August; AE , CP All. 52 fol. 376–389, datiert auf 29.
27
August. Druck: Nég. secr. II, 2 S. 127–130; Gärtner V S. 862–877.

28
Bemühungen um die Gesandten Brandenburgs; Pension für einen Bruder Wittgensteins.
29
Friedensbereitschaft Bayerns. Aushebungen. Reise Serviens nach Osnabrück: Aufrechterhalten
30
der Kontakte zu den schwedischen Gesandten; Streit des Kurfürstenrates mit den fürstlichen
31
und städtischen Gesandten um die Gestaltung der Beratungen, Interesse Schwedens an der
32
Schwächung der kurfürstlichen Position, Ablehnung des Anspruches der kurfürstlichen Gesand-
33
ten auf den Exzellenz-Titel durch die übrigen Reichsstände; Vorschlag der kurfürstlichen
34
Vertreter der wechselweisen Tagung aller dreier Kurien in Münster und Osnabrück, Forderung
35
der übrigen Reichsstände nach Teilung jeder Kurie, besonderer Widerstand gegen die Verle-
36
gung der Beratungen an einen dritten Ort; Vorteile für Schweden bei der Aufnahme der

[p. 621] [scan. 669]


1
Beratungen unter den gegenwärtigen Verhältnissen wegen der größeren Zahl reichsständischer
2
Deputierter in Osnabrück, Gefährdung einheitlicher Beschlüsse bei der Verteilung der Reichs-
3
stände nach Konfessionszugehörigkeit, Gefahr der Gleichsetzung der französischen Haltung mit
4
den Beschlüssen der katholischen Reichsstände; Oxenstiernas Darstellung der schwedischen
5
Verhandlungsziele (Normaljahr 1618, Wahlkönigtum in Böhmen, Restitution des Pfälzers),
6
hartnäckige Verteidigung dieser Ziele trotz der Hinweise Serviens auf die Erschwerung des
7
Friedensschlusses; Betonung der protestantischen Forderungen nach geistlichen Gütern durch
8
Salvius; Erläuterung des Verhaltens La Thuilleries; Klage über den Abzug Königsmarcks von
9
der französischen Armee; mangelnde Instruktion der schwedischen Gesandten zu ihrer Satisfak-
10
tionsforderung .

11
Nous ne resprondrons point aux deux premiers articles de vostre dépesche
12
du 12 e parce que nous croions y avoir satisfaict par nos précédentes

39
nr. 185 und 192.
. Pour
13
ce qui regarde |:les ambassadeurs de Brandebourg nous les ménageons:|
14
tousjours ainsy qu’il nous est ordonné et nous reconnoissons qu’ils agissent
15
aussy bien et avec autant de correspondance avec nous qu’il se peut
16
souhaiter. Nous estimons qu’une occasion qui se présente attachera encor
17
plus à nous |:le comte de Witgestein qui est le chef de l’ambassade. C’est
18
que un de ses frères qui estoit collonel dans l’armée de monsieur de
19
Turenne estant mort en la dernière bataille que monsieur le duc d’Anguien
20
vient de gaigner

40
Friedrich Magnus Gf. von Sayn-Wittgenstein (geb. 1613); er war Oberst der Weimarer
41
Armee und kam in der Schlacht von Alerheim ums Leben ( Grossmann S. 146f.).
:|, il demande pour un autre de ses frères qui est
21
|:lieutenant collonel

42
Otto Gf. von Sayn-Wittgenstein (geb. 1616); er starb am 13. November 1645 bei Ettlingen
43
( Grossmann S. 146f.).
dans la mesme armée la pention qu’avoit le deffunct:|.
22
Ceste grâce sera bien emploiée et si Sa Majesté a agréable de l’accorder
23
nous vous prions de nous en envoier les expéditions afin les mettant entre
24
les mains dudict |:sieur comte de Witgestein la maison entière puisse estre
25
obligée à la France:|. Il ne nous est pas malaisé de |:mesnager aussy les
26
ambassadeurs de Bavières:| puisqu’ils se présentent eux-mesmes et princi-
27
palement |:depuis la dernière victoire:| tesmoignans de la part de |:leur
28
maistre:| une grande dispositon à la paix et mesmes pour ce qui |:touche
29
les intérestz de la France:| dans ce traicté

44
Vgl. nr. 198.
. Aushebungen. Nous avons
30
ci-devant résolu de faire deux de nous ensemble le voiage d’Osnabrug

45
Zum Aufenthalt d’Avaux’ in Osnabrück vgl. nr. 185 und S. 584 Anm. 6.
,
31
mais le dernier aiant esté arresté par une petite indisposition a creu y devoir
32
aller quelques jours après le retour du premier pour oster à messieurs les
33
ambassadeurs de Suède tout prétexte de plainte, à cause qu’ils nous avoient
34
rendu conjoinctement la dernière visite et qu’ils prennent garde de fort près
35
à ces petites formalités, joinct que ne voiant encor personne de la part du
36
Roy auprès d’eux, ni aucun médiateur qui les entretienne, nous avions creu
37
nécessaire de les faire souvent visiter de crainte qu’ils ne s’ennuient et
38
augmentent leur jalousie voians que de temps en temps les médiateurs ou

[p. 622] [scan. 670]


1
quelqu’un des députés qui sont icy nous font de nouvelles ouvertures sans
2
que personne s’addresse à eux, ni qu’on leur parle de rien. C’est pourquoy
3
nous y renvoions encor dans un jour ou deux monsieur de St. Romain.
4
Quoyque celui qui les a visités en dernier lieu

42
Servien reiste am 14. August nach Osnabrück ( APW II C 1 nr. 379); der Rückreisetermin
43
konnte nicht ermittelt werden.
n’ait esté chargé d’aucune
5
commission particulière, néantmoins y aiant apparence que les affaires se
6
disposent assés bien du costé de nos parties et que ce que nous avons le plus
7
à craindre est qu’une diversité de prétentions ou d’intérests ne facent
8
naistre des difficultez ou des longueurs parmi nous-mesmes lorsqu’elles
9
commenceront à cesser de la part de noz ennemis, nous avons treuvé à
10
propos qu’en faisant son compliment il essaiast de pénétrer plus avant qu’il
11
luy seroit possible dans les sentimens de noz alliés et des autres députés qui
12
composent l’assemblée d’Osnabrug. Dans le peu de séjour qu’il y a faict il a
13
remarqué que sur le différend qui est encores entre les estats de l’Empire
14
pour la forme de leurs délibérations les deux collèges des princes et des
15
villes sont joincts ensemble contre celui des électeurs. Que messieurs les
16
ambassadeurs de Suède adhèrent presque en touttes choses à ces deux
17
collèges, leur opinion estant qu’il les faut eslever autant qu’on pourra pour
18
abaisser la trop grande autorité que les électeurs ont usurpée depuis
19
quelques années, laquelle ils ne croient pas moins préjudiciable à l’Empire
20
que celle de l’Empereur mesme à cause qu’ils sont plus dépendans de lui, et
21
que ç’a esté jusques icy un artifice de la maison d’Austriche qui pour venir
22
plus facilement à bout de l’usurpation qu’elle projette de longue main,
23
tasche de flatter le collège des électeurs et de l’eslever au préjudice des deux
24
autres afin d’abbaisser et assujettir plus aisément tous les trois après avoir
25
commencé de destruire les uns par les autres. Ils remarquent encor que tous
26
les électeurs |:hors de Brandebourg sont ennemis déclarez des deux
27
couronnes:|. Il y a non seulement diversité d’opinions et d’intérests entre
28
les deux derniers collèges et celui des électeurs, mais grande jalousie et
29
animosité. Ceux-là se plaignent des honneurs nouveaux que nous avons
30
faicts aux ambassadeurs des eslecteurs et ne veulent pas nous imiter ni leur
31
donner de l’Excellence pour n’introduire pas une forme nouvelle dans leurs
32
assemblées et pour ne consentir pas à une trop grande différence qu’ils
33
disent que nous avons voulu establir entr’eux. C’est ainsy qu’au lieu de
34
nous sçavoir gré de l’intention que nous avons eue d’obliger tout l’Empire
35
en la personne des princes qui y tiennent le premier rang, ils s’imaginent de
36
recevoir préjudice de ceste introduction. Messieurs les Suédois leur adhè-
37
rent en cela et veulent treuver à redire que nous aions traicté Bavières de
38
ceste sorte, disans qu’en tout cas ce traictement n’estoit deub qu’à ceux qui
39
représentent le collège électoral où il y a un roy. Mais comme ceste opinion
40
procedde plustost de la haine qu’ils ont contre ce prince que de la raison, il
41
n’a pas esté malaisé de leur faire comprendre que la couverture qu’ils

[p. 623] [scan. 671]


1
prennent pour autoriser ce qu’ils ont faict eux-mesmes en faveur de
2
Mayence et de Brandebourg n’est pas bonne, puisque ce ne sont point les
3
vrais députés du collège électoral que les subdélégués et qu’on sçait bien
4
que le roy de Bohême quoyque septiesme électeur n’a point de part aux
5
diètes ni aux délibérations qui se font pour les affaires de l’Empire.

6
L’aversion et la mesfiance qui s’est glissée entr’eux est sy grande qu’elle
7
faict rejetter aux uns tout ce qui vient de la part des autres ce qui est cause
8
qu’ils n’ont encores peu convenir d’aucun expédient pour délibérer sur
9
nostre proposition, les électeurs voulans que les trois collèges soient
10
assemblés en un mesme lieu et offrant pour cet effect après qu’ils auront
11
esté quelque temps à Munster de s’en aller demeurer quelque temps à
12
Osnabrug, mais les autres craignans que ce ne soit un moien pour les
13
establir à Munster pour tousjours, et ceste crainte estant augmentée par
14
celle des Suédois rejettent ceste offre comme contraire au traicté prélimi-
15
naire et soustiennent que comme l’assemblée est partagée en deux lieux et
16
qu’en chasque lieu il y a divers commissaires de l’Empereur il faut aussi que
17
les trois collèges soient partagez afin que la moitié de chaque collège soit à
18
Munster et l’autre à Osnabrug. Quoyque les électeurs pour appuier
19
l’opposition qu’ils font à ceste ouverture disent que c’est pour empescher la
20
division des estats de l’Empire et la longueur que le partage apporteroit aux
21
affaires, néantmoins, ils soustiennent si vivement leur opinion sans avoir
22
jusques ici voulu respondre aux expédiens qui leur ont esté proposés de la
23
part du collège des princes qu’ils donnent subject de croire que pour plaire
24
à l’Empereur ils auroient envie de transporter l’assemblée des estats de
25
l’Empire dans un lieu tiers et mesmes de donner lieu à la convocation d’une
26
diette |:afin d’esloigner tous les depputtez des ministres des deux couron-
27
nes desquelz ilz estiment qu’ilz ne peuvent recevoir que des instructions
28
peu favorables aux desseins de l’Empereur:|. C’est pourquoy les Suédois et
29
les mieux intentionnez de l’assemblée croyent qu’il faut sur touttes choses
30
|:résister fortement au transport de l’assemblée dans un lieu tiers comme
31
préjudiciable aux intérestz des deux couronnes:|, et en quelque façon
32
contraire au traicté préliminaire qui semble exiger qu’aux mesmes lieux où
33
il y a des commissaires de l’Empereur il y ait aussi des députez des estats
34
afin qu’on puisse traicter en mesme temps avec les uns qu’avec les autres,
35
puisque nous avons tousjours soustenu que les uns ne peuvent rien sans les
36
autres. Quelques-uns avoient proposé que sans s’arrester plus longtemps à
37
la forme des délibérations on entrast d’abord dans la matière et qu’on
38
délibérast en l’estat que se treuvent les députez sans les faire changer de
39
demeure. Mais outre les autres inconvénients qui s’y rencontrent, il y a
40
apparence que ceste proposition vient des Suédois ou du moins est faicte à
41
dessein de les favoriser, parce que aians ci-devant pris grand soing de faire
42
aller à Osnabrug presque tous les députés des princes et des villes qui s’y
43
treuvent à présent, ils tireroient tout l’avantage de ceste résolution et, il
44
seroit d’autant plus grand qu’après avoir renoncé pour les obliger à celuy

[p. 624] [scan. 672]


1
que nous eussions receu de la première délibération faicte à Lengerich. Il
2
sembleroit que la chose aiant esté contestée nous aurions esté contraincts
3
de nous en départir, non seulement pour establir une entière égallité entre
4
nous, mais pour leur céder la prérogative d’avoir auprès d’eux le plus grand
5
nombre des députez. Cet advantage qui ne regarde que l’extérieur n’estoit
6
pas encor tant à craindre que la division continuelle qui eust esté entre les
7
deux assemblées si celle de Munster n’estant presque aujourd’huy compo-
8
sée que de députez catholiques et celle d’Osnabrug de tous les protestants,
9
les choses fussent demeurées en cet estat, malaisément eussent-ils jamais
10
peu estre d’accord ensemble sur les poincts qui touchent tant soit peu la
11
religion, et les résolutions de celle de Munster se treuvans tousjours
12
contraires aux prétentions des protestans, ils se fussent aisément persuadés
13
que nous faisants part de ceste assemblée aurions esté contr’eux ce qui
14
auroit augmenté l’appréhension qu’ils ont desjà que nous voulons abandon-
15
ner leurs intérests et les auroit plus estroictement unis aux Suédois qu’ils
16
semblent regarder comme leurs seuls protecteurs. C’est pourquoy sans
17
tesmoigner de nostre costé aucune jalousie du dessein que les Suédois
18
peuvent avoir eu de s’advantager en ce rencontre, on s’est seulement servi
19
de la dernière considération pour se garantir des deux inconvénients et on a
20
faict comprendre à quelques députez de l’assemblée combien pour conser-
21
ver l’union entr’eux et prévenir une dangereuse contrariété d’opinions et
22
d’intérests il est nécessaire qu’il y ait un égal nombre de députez catholi-
23
ques et protestans en chacune des assemblées. On leur a mesmes faict
24
reconnoistre la nécessité qu’il y a que le plus grand nombre de protestans
25
soit à Munster plutost qu’à Osnabrug parce que là les Suédois estans de
26
mesme religion qu’eux appuieront hardiment leurs prétentions, au lieu
27
qu’icy la bienséance ne nous permettant pas de parler si librement en leur
28
faveur, ni de proposer leurs demandes, il importe qu’elles y soient faictes et
29
soustenues par eux-mesmes afin que nous nous servions de leurs raisons
30
aux occasions où ils en auront de bonnes et que nous les facions gouster aux
31
médiateurs et au reste de l’assemblée plutost comme entremetteurs et amis
32
que comme parties. Que l’envie que nous avions de les rendre par ce moien
33
tesmoings de nostre conduicte est une preuve certaine de la résolution où
34
nous estions de les assister en tout ce qui nous seroit possible, que nous
35
considérions les protestans d’Allemagne comme noz frères séparés à la
36
vérité de créance, mais unis avec nous d’affection et d’intérest au lieu que la
37
pluspart des catholiques sont à nostre plus grand regret nos ennemis
38
quoyque la charité et la communion d’une mesme église nous rend aussi
39
tous frères. Que cela nous oblige bien de marcher avec retenue dans tous
40
les poincts où la religion peut estre intéressée, mais ne doit pas faire
41
doubter nos amis de nostre assistence en tous les autres ny que dans les
42
différends qui naistront pour ceux-ci nous n’appuyons les expédiens
43
raisonnables d’accommodement qui seront proposés. L’on sceut le mesme
44
jour que ce discours aiant esté communiqué à l’assemblée des députés y

[p. 625] [scan. 673]


1
avoit esté bien receu et produict un très bon effect, qu’il avoit esté
2
considéré comme un tesmoignage sincère des bonnes intentions que la
3
France avoit pour eux. Que pour en proffiter ils avoient comme résolu que
4
les députez des deux derniers collèges seroient partagés aussy bien que
5
celui des électeurs et qu’il viendroit ici bon nombre de protestans, des
6
principaux d’entr’eux pour résider près de nous, dont messieurs les ambas-
7
sadeurs de Suède en une de leurs visites firent semblant d’estre bien aises et
8
de nous en sçavoir gré quoyque peut-estre ceste délibération choquoit en
9
quelque façon l’intention cachée qu’ils avoient eue de conserver auprès
10
d’eux le plus grand nombre des députés de l’assemblée. Nous ne sçavons
11
pas encor bien ce qui sera résolu car nous apprenons qu’il y a une grande
12
désunion entr’eux et qu’ils ont très grande peine à prendre confiance les
13
uns aux autres. Mais les députez de madame la Landgrave nous ont asseurés
14
que leur maistresse doit escrire aux députez d’Osnabrug pour faire réussir
15
la proposition dont il a esté parlé cy-dessus.

16
L’on n’oublia rien ensuitte pour descouvrir les inclinations desdicts sieurs
17
ambassadeurs pour la paix en plusieurs visites que moy Servien receus d’eux
18
et rendis à chacun d’eux séparément. L’un et l’autre tesmoigna par son
19
discours un très grand désir de la conclurre promptement, mais monsieur
20
Oxenstiern parut si ferme dans les moiens d’y parvenir qu’il seroit malaisé
21
de l’obtenir de longtemps aux conditions qu’il prétend. Il me répéta
22
plusieurs fois que l’opinion de la reine de Suède et de tous ses ministres
23
estoit que |:la véritable seureté de la paix et le solide intérest des deux
24
couronnes consistoit à restablir toutes choses en l’estat qu’elles estoient
25
avant l’origine de cette guerre:| qu’on estoit tellement confirmé dans ceste
26
créance en Suède qu’on préféroit cet avantage à tous ceux qui luy
27
pourroient estre accordés pour sa satisfaction particulière. Qu’il falloit
28
nécessairement |:rendre le royaume de Boême électif et restituer à la
29
maison Palatine tous ses Estatz et la dignité électoralle:|, sans quoy la paix
30
ne seroit jamais bien asseurée, qu’il n’i avoit dans ce dessein aucun intérest
31
de religion meslé et que pour le preuver on n’empescheroit point de leur
32
part qu’on ne fist |:eslire quelque prince catholique ou mesme quelque
33
prince françois pour le royaume de Bohême:| si nous y voulions penser.
34
Comme je luy représentay qu’il faudroit bien encor du temps et donner des
35
coups d’espée avant que réduire les ennemis à y consentir par un traicté et
36
que ceste prétention si on s’y obstinoit feroit croire à tout le monde qu’on
37
ne veut point de paix il répliqua derechef que sans cela la Suède ne croioit
38
pas que la paix peut estre durable ni avantageuse, que lorsque la maison
39
d’Austriche avoit commencé de |:rendre le royaume de Bohême successif:|
40
chacun avoit cru qu’asseurant l’Empire chés elle par ceste usurpation elle
41
portoit un coup mortel à la liberté de l’Allemagne et par ce moien donnoit
42
un très grand subject d’appréhension à tous les princes voisins. Qu’il ne
43
voyoit pas pourquoy le temps nous avoit faict changer de maximes ni
44
pourquoy nous ne voulions point aujourd’huy prendre intérest à un

[p. 626] [scan. 674]


1
establissement si préjudiciable puisque le mal au lieu d’estre amoindri par la
2
durée en estoit devenu plus dangereux. Que le premier dessein de la maison
3
d’Austriche n’avoit esté que s’asseurer l’Empire, mais que la ruine de la
4
maison Palatine qui avoit tousjours arresté son ambition luy avoit fourni les
5
moiens de passer plus outre et d’assujettir toutte l’Allemagne, à quoy
6
l’Empereur n’eust plus rencontré d’obstacle en l’estat où il avoit porté les
7
affaires si les deux couronnes ne s’y fussent opposées, que leur principal but
8
en prenant les armes a esté de secourir tous les princes et estats opprimés,
9
qu’il me disoit en confidence que sans le dessein glorieux de remettre
10
l’Allemagne en l’estat qu’elle estoit avant la guerre la reine de Suède n’eust
11
point faict la paix de Dannemarc, où la conjoncture luy faisoit espérer dans
12
la continuation de la guerre un très heureux succès et très avantageux pour
13
son roiaume. Je fus contrainct de repartir que si on avoit formé ceste
14
résolution, il falloit plutost se préparer à continuer la guerre qu’à songer à
15
faire la paix. Qu’il est vray que ce restablissement général avoit esté le but
16
des deux couronnes, mais qu’on avoit plutost désiré qu’espéré de tout
17
obtenir, à quoy j’adjoustay en riant que les coups qui ne frappent pas le but
18
ne laissent pas d’estre beaux pourveu qu’ils en approchent. Qu’il falloit bien
19
arracher s’il estoit possible à l’Empereur la plus grande part de ses
20
usurpations, mais que jusques ici on n’avoit point creu en Suède mesme que
21
le différend de |:la Bohême ni celluy de la maison Palatine deussent:|
22
empescher la conclusion du traicté, si après qu’on aura faict ce qu’on aura
23
peu raisonnablement en l’un et en l’autre, on y rencontre de trop grandes
24
difficultez et que les deux couronnes reçoivent satisfaction d’ailleurs. Que
25
ç’a esté mesme soubs ceste condition que nous avons résolu entre nous de
26
donner tous les articles du traicté ensemble afin de se pouvoir relascher sur
27
les uns à mesure qu’on treuveroit son compte sur les autres. Comme mon
28
intention n’estoit pas de combattre ses sentimens, mais seulement de les
29
descouvrir il fallut finir le discours sans travailler plus longtemps à luy faire
30
changer d’advis. Il protesta néantmoins que la Suède avoit un véritable
31
désir de la paix, mais que la souhaitant honorable et advantageuse pour le
32
général de l’Allemagne les ennemis tesmoignoient si peu de disposition de
33
l’accorder de ceste sorte qu’il falloit continuer vigoureusement à les y
34
contraindre par la force et que pour cet effect on se préparoit en Suède de
35
faire passer en Allemagne soubs la conduite d’un général major dont j’ay
36
oublié le nom les trouppes qui avoient esté emploiées contre le Dannemarc
37
aussytost que la paix y auroit esté conclue et exécutée, ce qu’il se promettoit
38
qui seroit faict dans peu de temps

41
Am 23. August 1645 wurde der schwedisch-dänische Friedensvertrag in Brömsebro unter-
42
zeichnet ( Lorenz S. 64; Druck der lateinischen Übersetzung des Vertrages: Meiern I S.
632–649 ).
.

39
Monsieur Salvius dans sa visite prist plus de soing de me persuader que la
40
Suède souhaitoit ardemment et sincèrement la paix, adjoustant mesmes que

[p. 627] [scan. 675]


1
l’Allemagne estoit si ruinée qu’elle n’estoit plus en estat de supporter la
2
guerre. Il ne s’arresta pas tant sur les différends |:de la Boême et du
3
Palatinat:| que son collègue. Mais il parla de quelques autres prétentions
4
|:des protestans sur des éveschez et pour la possession des biens ecclésiasti-
5
ques :| qui ne seroient pas moins difficiles à obtenir que les autres deux
6
poincts et ausquels nous avons encor plus d’intérest de |:ne consentir pas:|.
7
Il est à craindre que |:la bonne disposition qu’ilz treuvent l’un et l’autre
8
parmi les depputtez de l’Empire qui sont près d’eulx:|, ne les engage à
9
vouloir |:passer plus avant qu’il ne seroit à désirer:| car monsieur Salvius me
10
dist que la pluspart avoient desjà déclaré assés ouvertement qu’ils treu-
11
voient |:les propositions des deux couronnes:| fort raisonnables.

12
Je les ay treuvés sy satisfaicts des advantages qu’ils ont eu en la paix de
13
Dannemarc que je n’ay pas eu peine de leur justiffier la conduitte de
14
monsieur de La Tuillerie. Comme ceste nation est naturellement soupçon-
15
neuse et que leur mesfiance procédoit plutost de quelques lettres escrites en
16
France par lesquelles le roy de Dannemarch et ses ministres se louoient de
17
la prudence de monsieur de La Tuillerie que d’aucun subject qu’ils eussent
18
de se plaindre de luy, il n’a pas esté malaisé de leur faire comprendre |:qu’il
19
n’avoit tasché de se rendre agréable et d’acquérir quelque créance auprès
20
des Danois qui avoient tant de justes subjectz de se meffier de luy, que pour
21
avoir plus de facilité de mesnager avantageusement avec eulx les intérestz
22
de la Suède:| ainsy que la suite la faict paroistre.

23
La victoire de monsieur le duc d’Anguien dont les nouvelles arrivèrent
24
lorsque j’estois à Osnabrug me fournit un moien favorable de leur faire
25
plainte de la séparation de monsieur Konismarch, mais comme j’en ouvris
26
la bouche à monsieur Oxenstiern et que j’eus commencé de lui dire que
27
ledict sieur Konismarch seroit maintenant bien fasché de n’avoir point eu
28
de part à une si glorieuse action il me respondit qu’il venoit de recevoir une
29
de ses lettres qui l’asseuroit que non seulement il s’estoit séparé du
30
consentement de monsieur le duc d’Anguien, mais à son instance aiant esté
31
recongneu par tous les chefs dans le peu d’espérance qu’il y avoit d’engager
32
les Bavarois à un combat, qu’un si grand corps comme estoit alors l’armée
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des confédérez pourroit très difficilement subcister longtemps ensemble
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sans se ruiner, aiant congneu que ceste lettre n’avoit esté escrite qu’en
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responce d’une de monsieur Oxenstien qui l’avoit convié de revenir joindre
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l’armée de monsieur d’Anguien avec ses trouppes, et ne sachant pas au vray
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les intentions de mondict seigneur, il ne creut pas en devoir parler
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davantage veu mesmes que Konismarch est desjà arrivé en Misnie

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Am 24. August hatte Königsmarck die Burg in Meissen eingenommen ( Barthold II S.
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531).
et que
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Torstenson paroît avoir besoing de luy.

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Avant que nous séparer il fut encor parlé de la satisfaction particulière de la
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couronne de Suède. Je leur fis une douce plainte que jusques ici ils estoient

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demeurez dans la mesme retenue avec nous qui prenons part dans tous
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leurs intérests, qu’avec noz parties. Ils se laissèrent entendre un peu plus
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ouvertement qu’ils n’avoient faict ci-devant que leur prétention estoit |:sur
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la Poméranie:| qu’ils s’en expliqueront plus certainement aussytost que les
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Impériaux auroient donné leur response à nostre proposition généralle et
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qu’ils attendoient encor quelques ordres de Suède là-dessus aussy bien que
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pour le |:traicté de Benfeld:| dont ils avoient escrit. Cela me fit juger qu’ils
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ne sont pas encor bien instruicts des dernières volontés de leur reine sur ce
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qu’elle prétend conserver par le traicté de paix et que encor qu’ils visent à
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|:la Poméranie:| ils n’ont pas moins d’envie et ont beaucoup plus de
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nécessité de |:retenir Wismar qui est du Mecklebourg à cause que le port est
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sans comparaison meilleur que celluy de Strasland

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Stralsund.
et plus commode pour
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y faire hiverner leurs vaisseaux de guerre:| qui sont quelque fois huict mois
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de l’année sans pouvoir sortir des havres de Suède. PS: Überbringer dieses
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Schreibens wird La Chesnaye sein.


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Beilage


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nr. 198.

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