Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
175. Mazarin an Longueville Paris 1645 Juli 29
Paris 1645 Juli 29
Kopie: AE , CP All. 52 fol. 180–185’ = Druckvorlage. Konzept Lionnes: AE , CP All. 44 fol.
222–224’.
Lob für das Auftreten gegenüber den Mediatoren, Mittel zur Verdeutlichung der Entschlossen-
heit Frankreichs zur Ausnutzung der gegenwärtigen Position der Stärke; Erwartung der
Stellungnahme der Gesandten zum Vorschlag des Abschlusses eines Friedens mit dem Reich und
eines Waffenstillstandes mit Spanien. Bekräftigung der Ablehnung des Vorschlages einer
Waffenruhe gegenüber den Vertretern der Kurie und Venedigs durch Mazarin in Paris;
Zurückweisung ihrer Kritik an den Ausführungen der Gesandten von Navarra; Hervorhebung
des Nutzens eines schnellen Abschlusses für die Gegner; vergeblicher Vorschlag eines kurzfristi-
gen Waffenstillstandes durch Nani; Ablehnung der bisherigen Angebote Spaniens; Aussicht auf
einen baldigen vorteilhaften Abschluß angesichts der militärischen Anstrengungen. Vorteile
eines langjährigen Waffenstillstandes: bestes Mittel zu einem Abschluß unter Einbehaltung aller
Eroberungen wie auch unter Regelung der vielfältigen Streitpunkte; gleichwohl Vorzug für
einen Friedensschluß, gute Aussichten dazu angesichts der miserablen Situation der Gegner.
Bezeichnung des Interesses Schwedens an dem Krieg mit Dänemark als Hauptmotiv für das
Eingehen auf den Waffenstillstandsvorschlag der Mediatoren; Anzeichen für die schwedische
Bereitschaft zum Eingehen auf die Vermittlungsbemühungen La Thuilleries.
Il ne se peut rien ajouster aux espérances que m’ont fait concevoir la
dépesche commune et vostre lettre particulière du 22 e de ce mois du bon
succez de vostre négociation, voyant la conduite que vous avez commencé
de prendre avec les médiateurs qui certainement ne sçauroit estre meilleure
et dont je suis asseuré que Sa Majesté recevra de grands avantages. Vous
esprouverez bientost l’effet qu’aura produit en eux vostre fermeté en
l’union qu’ils auront reconnue en vos sentimens. Je suis certain qu’ils
paroistront tousjours plus humbles et qu’ils n’employeront plus d’autres
armes que celles de la dextérité et de la souplesse, apportant des raisons
pour vous persuader, accompagnées plustost de prières que de menaces.
Il s’ensuivra en outre que les ministres du party contraire reconnoistront
par les discours des médiateurs que nous sçavons fort bien l’estat auquel
nous nous trouvons, les justes espérances que nous avons de voir tousjours
de plus en plus prospérer nos armes, la résolution où nous sommes de
pousser nostre fortune et de profiter de nos avantages et du malheur et de
la foiblesse de nos ennemis dans la conclusion de la paix, et qu’ensuitte ils
pourront se résoudre à consentir promptement à ce que nous pouvons
désirer pour se tirer d’un plus grand embarras. J’attens tousjours vostre
réponce sur ce que Sa Majesté a désiré de sçavoir vos sentimens touchant la
paix avec l’Empire et la trêve avec l’Espagne .
Cependant on ne pouvoit mieux répondre que vous avez fait sur le point de
la suspension que les médiateurs vous avoient proposée, et ce que vous leur
avez dit sur ce sujet a fait une si forte impression dans leur esprit qu’ils en
ont escrit icy au nonce et à l’ambassadeur de Venise comme en estans
grandement surpris. Ils m’en ont parlé avec admiration et je leur ay
répondu comme il falloit pour leur persuader encore davantage combien
nous sommes esloignez de consentir à laditte suspension, d’où l’on peut
espérer que d’autant plus les ministres d’Espagne la désireront et s’ engage-
ront à la rechercher, n’y ayant point de plus puissante raison auprès d’eux
pour leur faire passionner une chose que la croyance qu’ils ont que la
France la rejette et la croit préjudiciable à ses intérestz. J’ay fait connoistre à
l’ambassadeur de Venise que je tenois monsieur Contarini pour si habile
homme, que quelque estonnement qu’il tesmoigne de ce qu’on luy a dit, il
seroit le premier à se moquer de nous, si toute l’éloquence qu’il a voulu
employer pour nous obliger à consentir à ses propositions eût produit
l’effet qu’il désire comme médiateur et qu’il condamneroit avec toutes les
personnes sensées et expérimentées dans les affaires du monde. Autant que
j’ay pu pénétrer des discours de ce nonce et de l’ambassadeur de Venise, les
médiateurs sont espouvantés de celuy qu’on leur a tenu touchant la
Navarre. Ce dernier m’en est venu faire des plaintes comme sy on
manquoit aux bonnes intentions qu’on leur a données cy-devant d’apporter
toutes les facilitez possibles, mais je luy ay fait toucher au doigt la justice de
nostre procédé, et que ce n’estoit pas tant nous qui changions de résolution
comme les choses changeoient de face, n’estant pas raisonnable que le Roy
continue à dépenser tant de trésors et la vie de tant de braves gens sans
profiter de ses avantages et de ses victoires, à proportion que Dieu luy en
envoye et qu’il peut estre mesme que dans peu de temps nous ne nous
contenterons pas de ce qui nous satisferoit aujourd’huy. J’ay ajousté que
pour le service public monsieur Chigy et monsieur Contarini ne devoient
rien oublier pour bien imprimer dans l’esprit des ministres de la maison
d’Austriche, que leur party recevra un grand avantage si par la conclusion
d’une prompte paix, en laquelle ils laissent à la France tout ce qu’elle a
occupé, ils se résolvent d’arrester de plus grands progrez de nos armes qui
sont comme infaillibles, eu esgard à la constitution présente de nos forces et
de leur foiblesse, si Dieu laisse agir aux causes secondes, et que la France ne
fait pas peu pour le repos de la chrestienté et pour le bien mesme de ses
ennemis, quand elle consent de mettre les armes bas, pendant que toutes
choses luy rient dans la continuation de la guerre au milieu de ses
prospéritez et grandeurs, et tout conspirant ce semble à la ruine entière de
la maison d’Austriche. Que si Dieu ne leur dessilloit les yeux et ne leur
inspiroit de prendre une bonne et pompte résolution, il pouvoit en peu de
temps survenir de tels accidens, qu’en vain pourroit-on après traitter une
paix, dont il dépendroit de cette couronne et de ses alliez de prescrire les
conditions sans avoir pour médiateur que leur volonté.
Enfin je leur ay parlé bien haut et je ne doute point qu’ils n’en escrivent par
delà en ces termes, m’ayans protesté qu’ils n’y manqueroient pas et prié
cependant de compatir les médiateurs qui ne faisoient rien que poussez
d’un bon zèle. Celuy de la République m’a asseuré que s’il ne dépendoit
que de ses ministres de nous faire avoir satisfaction, ils souscriroient de bon
coeur à tout ce que nous pourions désirer, tenant pour avantageux à leur
République tout ce qui l’est à cette couronne. Et en effet Sa Majesté s’est
conduite à leur esgard en ces présentes occasions du Turc en sorte qu’ils ont
sujet d’en avoir un entier contentement.
Ledit ambassadeur m’a allégué plusieurs raisons pour me persuader une
trêve pour quelque temps, mais ne reconnoissant en moy aucune disposi-
tion , il m’a pressé pour la paix, disant qu’il croyoit que les Espagnols se
porteroient à laisser à la France un passage en Flandre, un en Italie et un en
Espagne. Et je luy ay témoigné là-dessus qu’il y a longtemps que l’on
sçavoit icy cette proposition, mais que l’on n’en faisoit aucun cas et que les
Espagnols vouloient pour ce qui regarde l’Italie faire des libéralitez aux
dépens d’autruy, ne voyant pas quel droit ils avoient sur Pignerol pour le
mettre ainsy en compte quand ils consentoient qu’il nous demeurast. Enfin,
j’espère que continuant la conduite que vous avez commencé et nos
prospéritez de tous costez comme l’on y a donné bon ordre, ayant envoyé
des renforts considérables de trouppes en Allemagne et en Catalogne et
une armée entière du costé de Flandre, on poura bientost conclurre quelque
chose de bon avec grand avantage de Sa Majesté et beaucoup de gloire pour
vous et pour les autres ministres qui sont avec vous.
Quand je vous parle de la trêve à longues années comme d’une chose à
laquelle nous devons essayer de parvenir et qui nous est avantageuse pour
les raisons qui ont desjà esté mandées dans deux dépesches, et que je vous
supplie de prendre la peine de revoir dont le sieur de Saint Romain porta
l’une
accommodement en gardant tout ce que nous avons occupé et affermissant
nos conquestes par une longue possession et parce que nous estimons qu’il
y a trop d’intérestz différens à discuter dans la conclusion d’une paix pour
se promettre de les voir si tost terminez. Mais ce n’est pas que si le mauvais
estat des affaires des ennemis qui peut encore empirer davantage par
quelque accident, nous donnoit lieu de faire une paix ou en rendant mesme
quelque chose de nos conquestes nous puissions pour une bonne fois sortir
d’affaire avec honneur et seureté, que ce party ne soit de beaucoup
préférable à l’autre. Ce que j’ay bien voulu vous marquer particulièrement,
afin que vous en tiriez du profit dans les conjonctures. Il y a d’autant plus
de sujet de l’espérer qu’il m’est impossible de vous exprimer en quelle
nécessité et bassesse se trouvent nos ennemis et à quelles extrémitez ils sont
réduits. Nous n’aurions osé jamais les espérer si grandes qu’elles sont en
effet, aussy il est certain qu’ils n’ont plus d’espoir que dans la prompte
conclusion d’un accommodement et que le roy d’Espagne en renouvelle les
ordres très précisément et pressamment au marquis de Castel Rodrigo et à
Pennarenda. Faites, je vous supplie cas de cet avis que vous trouverez très
véritable dans la suitte.
Le chancelier Oxenstiern est tellement acharné à la guerre de Dannemark
pour l’espérance qu’il a conceue de pouvoir dépouiller ce roy de ses Estatz,
qu’il est à présumer que la facilité que l’on a rencontrée aux ministres de
Suède sur le sujet de la suspension, dont ils avoient temoigné estre si
esloignez, naisse du désir d’employer toutes leurs forces de ce costé-là sans
devoir pour cela abandonner les avantages de l’Allemagne, et par consé-
quent il a esté très à propos de leur parler comme l’on a fait et comme les
Holandois selon les avis que nous en avons, sont d’accord pour leurs
intérests avec le roy de Dannemark. Il y a grande apparence que le
chancelier se contentera aussy de profiter des conditions avantageuses que
le Roy luy a fait offrir par l’entremise de monsieur de La Thuillerie pour
avoir la paix, de manière que Torstenson estant renforcé de trouppes qui
sont employées en cette guerre-là, pourra tousjours faire de plus grands
progrez et contribuer à haster la conclusion d’une paix ou d’une trêve
glorieuse et utile pour cette couronne et ses alliez…