Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
170. Mazarin an Longueville Paris 1645 Juli 22
Paris 1645 Juli 22
Dank für Beileidsbekundungen zum Tod Magalottis. Bemühungen um die Gewährung des
Altesse-Titels durch die Gesandten der Generalstaaten. Spanien: Entsendung des Medina de las
Torres zum Kaiser, Furcht vor einem Separatabkommen des Reiches mit Frankreich; Anwei-
sung zur Steigerung dieser Furcht durch Ausstreuen neuer Verdachtsgründe in Münster;
Bereitschaft des spanischen Königs zur Annahme des Friedens unter allen Bedingungen zur
Verhinderung seines Ausschlusses aus dem allgemeinen Abkommen. Anweisung zu selbstbewuß-
tem Auftreten gegenüber den Mediatoren und zur Verteidigung der Berechtigung der französi-
schen Forderungen; Empfehlung großer Vorsicht bei Heiratsprojekten, möglicherweise Mittel
spanischer Bemühungen um die Förderung innerer Unruhen in Frankreich; Mißtrauen
gegenüber Chigi als Sprachrohr des pro-spanischen Papstes und gegenüber Contarini wegen
seiner persönlichen Interessen. Weitere militärische Anstrengungen zur Förderung der spani-
schen Friedensbereitschaft; Notwendigkeit möglichst großer Erwerbungen in einem Friedens-
schluß wegen der zu erwartenden spanischen Revisionsbemühungen. Hervorhebung der
Bedeutung der von Mazarin gegebenen Informationen.
J’ay receu la lettre dont il vous a plu me favoriser du 8 e du courant . Je vous
suis bien obligé de la part que vous prenez au déplaisir que m’a causé la
mort de monsieur Magalotti. C’estoit certainement un homme de service,
et que j’aymois beaucoup. Tout ce qui a pu me donner quelque consolation
en cet accident, outre les sentimens de piété qu’il a monstrez, c’est que dans
sa perte le Roy a trouvé la clef d’une place dont vous connoissez l’ impor-
tance . J’ay veu la dépesche que vous avez adressé du mesme jour à monsieur
de Brienne , et pour ce qu’elle contient je me remets à la réponce qu’il vous
fera .
Aussytost que le sieur de La Croisette m’a dit que le comte de Nassau
est le chef des députez de Messieurs les Estatz, pouroit faire difficulté à
vous accorder le traitement qui vous est deub, j’en ay escrit à monsieur
d’Estrades, afin qu’il en parle à monsieur le prince d’Orange et qu’il
n’oublie rien de ce qu’il poura près desditz Sieurs Estatz comme d’une
chose qui est extrêmement souhaittée icy, et que d’ailleurs ils ne peuvent
pas refuser avec justice. Il a charge de ne discontinuer point ses instances
qu’il n’en soit venu à bout. Enfin, Monsieur, vous pouvez estre asseuré que
j’en ay escrit plus fortement que si la chose me regardoit moy-mesme en
mon particulier, et de cette sorte que vous me verrez tousjours porter en
tout ce qui regardera vos satisfactions.
Nous avons des avis certains d’Espagne que le duc de Medina de las Torres
va en grande diligence ambassadeur près de l’Empereur sur la vive
appréhension qu’a conceue ce roy-là que l’Empire ne s’acommode avec la
France et ses alliez sans l’y comprendre, à quoy il croit que le duc de
Bavières et les autres princes d’Allemagne feront tous leurs effortz pour le
porter. C’est le principal sujet de la mission dudit duc de Medina par le
moyen duquel ils espèrent de pouvoir divertir ce coup que tout le conseil
d’Espagne considère comme le plus grand malheur qui puisse arriver à leurs
affaires. Il est très important de profiter de cet avis, et que vous agissiez en
façon que les ministres d’Espagne concevant tousjours de plus en plus de
nouveaux soubçons de cet accommodement de la France avec l’Empire se
portent pour prévenir ce mal aux conditions de la paix que cete couronne et
ses alliez peuvent le plus désirer. Vous pouvez donc mettre pour fondement
certain que le roy d’Espagne à quelque prix que ce soit et quoy qu’il luy en
puisse couster, ne veut point se trouver exclus du traité général et le plus
tost que cela luy arrive, on nous mande qu’il est résolu d’acheter la paix à
quelque condition qu’on luy impose. Aussy les affaires d’Espagne vont
tousjours de mal en pis et sont Dieu mercy dans un estat pitoyable. On
nous mande en dernier lieu qu’ils envoyent de nouveaux ordres à Penna-
renda de presser autant qu’il poura quelque conclusion de traitté. Enfin je
ne sçaurois vous exprimer la peur qu’ils ont d’une paix avec l’Empire, et je
tiens que la chose estant ménagée avec adresse c’est un moyen quasi
infaillible pour les faire venir bientost à des partis raisonnables. Je vous prie
de traitter ce point délicatement et pour cela vous pourez monstrer d’avoir
ordre de conclurre avec l’Empereur, non pas pour l’effectuer, mais pour en
tirer l’effect que nous prétendons dans l’esprit des ministres d’Espagne.
Je vous conjure ensuitte de vous souvenir de ce que je vous ay desjà mandé
pour ranger les médiateurs dans la douceur et dans la souplesse qu’ils
doivent, dont ils estoient sortis se prévalant des divisions de monsieur
d’Avaux et de monsieur Servien pour prendre sur eux un certain empire
dont la continuation nous seroit extrêmement préjudiciable. Il leur faut
parler un peu haut et leur imprimer bien que nous sçavons nos propres
forces et le glorieux estat de nos affaires aussy bien que l’absolue nécessité
où sont les ennemis de faire la paix pour se garentir de plus grands
malheurs dans la continuation de la guerre. Il sera bien de leur faire
connoistre que ce n’est pas un bon moyen de nous faire venir à leur point
que de nous menacer comme ils faisoient à toute heure, qu’ils publieroient
que nous ne voulons pas la paix, comme aussy de leur faire comprendre que
quand nous demanderons quelques plus grands avantages, ce n’est pas pour
esloigner l’acommodement, mais que c’est plustost la nature mesme de la
chose qui le porte, estant bien juste que pour tant de peines et de dépences
que nous faisons, nous nous prévalions à proportion des prospéritez que
Dieu nous envoye et qu’à mesure qu’elles arrivent, nous rehaussions aussy
nos prétentions, d’autant plus que nos ennemis nous ont monstré cet
exemple en tout temps, et il est bien de leur insinuer dès à présent que nous
leur demanderons souvent de nouveaux avantages par la mesme raison.
Il faut surtout prendre garde de bien près aux propositions que l’on pouroit
vous faire de mariage en donnant l’Alsace ou des choses semblables, parce
que le venin est couvert sous ces belles apparences et que le dessein des
Espagnols n’est pas tant d’effectuer ces sortes de propositions comme de
dégouster la France et les personnes à l’avantage desquelles ils les font, afin
que leur mécontentement les porte à former quelque party dans l’Estat qui
pût mettre le trouble dans le royaume. Il sera bien à propos de se défier
extrêmement du nonce, parce que ne proposant rien que par ordre du pape
et Sa Saincteté ne luy ordonnant rien que de concert avec nos ennemis, il
est certain que le vray but de tout ce qu’il dira sera pour leur bien et leur
avantage. Il faut aussy avoir l’oeil de près aux actions de monsieur
Contarini, car encore que les maximes de la République soient assez
favorables pour la France et que l’ancienne amitié que nous avons avec eux,
nous doive faire croire qu’ils ne voudroient pas nous donner sujet de nous
plaindre d’eux d’autant plus que leur médiation n’est pas d’une absolue
nécessité, néantmoins depuis que j’ay sceu par Prioleau que ce personnage estoit
embarqué à des prétentions de cardinalat il y a lieu d’appréhender qu’il ne parle
bien souvent par son intérest particulier de concert avec le nonce qui a les
mesmes prétentions et ensuite par l’organe de Rome ne cherchent dans leur
conduite les moyens de plaire au pape avant toutes choses.
Je vous prie de faire grand cas de l’avis que je vous donne de l’extrême
appréhension des Espagnols de la paix avec l’Empire et de celuy que le
conseil d’Espagne après avoir bien examiné l’estat présent des affaires, avoit
conclu qu’à quelques conditions désavantageuses qu’ils fussent obligez de
consentir pour avoir la paix, elles leur seroient encores moins préjudiciables
que la continuation de la guerre, dont dans la constitution présente des
affaires, c’est-à-dire de leur foiblesse et du pouvoir de la France et de ses
alliez, ils appréhenderoient à la fin une ruine entière et à jamais irréparable.
Je vous asseure cependant que je continueray à les presser, en sorte dans les
parties plus sensibles, c’est-à-dire dans l’Espagne et dans l’Allemagne que
sy à présent ils désirent la guerre avec tant de passion, l’envie leur en
augmentera encore à mesure que nous irons plus avant. Sy on ne conclud
pas une trêve à longues années, laissant toutes choses en l’estat qu’elles sont
aujourd’huy, il ne faut rien obmettre pour avoir dans la paix les conditions
les plus avantageuses qu’il se pourra, puisqu’il est certain que la seule raison
qui les obligera à nous laisser une bonne partie de ce que nous avons
conquis sur eux, sera la nécessité et qu’ensuitte ils ne perdront pas les
occasions de s’en revancher, s’ils le peuvent, de façon que la paix ne
pouvant aussy bien s’achever avec leur satisfaction, puisqu’ils seront con-
traints à sacrifier beaucoup de choses pour sortir de l’embarras où ils se
trouvent, il vaut bien mieux, s’ils doivent estre mécontens et songer à
prendre leur revanche que ce soit pour le plus que pour le moins, puisqu’ils
en seront d’autant plus affoiblis et que nous en tirerons plus d’avantage.
Pour conclusion je vous conjure de faire grand fondement sur tout ce que je
vous manderay et d’estre asseuré que je vous donneray en un quart d’heure
des avis et plus importants et plus véritables touchant l’Espagne et
l’Allemagne que vous n’en sçauriez avoir en un mois de qui que ce soit pour
bien informé qu’il se tienne.