Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
155. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien Paris 1645 Juli 1
Paris 1645 Juli 1
Kopien: AE , CP All. 47 fol. 189–192’ = Druckvorlage
Lionnes: AE , CP All. 44 fol. 140–143. Reinkonzept: AssNat 272 fol. 340–344. Druck: Nég.
secr. II, 2 S. 82–84; Gärtner V S. 352–361.
Französische Satisfaktion in Deutschland: Zustimmung zum Vorschlag der Gesandten; Anwei-
sung zur zusätzlichen Wahrung aller Rechte auf Lothringen und zur Einbeziehung des
Umlandes von Philippsburg in die Satisfaktionsforderung, Überlegungen zum Erwerb Benfelds;
Erwartung bereitwilliger Zustimmung der Reichsstände angesichts der französischen Waffener-
folge . Möglichkeiten eines Friedensschlusses mit dem Reich und einer langjährigen Waffenruhe
mit Spanien: Drängen Schwedens auf einen Frieden im Reich, Bereitschaft der Reichsstände zur
Ausschaltung der spanischen Angelegenheiten durch einen Waffenstillstand, Widerstand der
Generalstaaten gegen einen Frieden mit Spanien; durch diese Regelung bessere Chancen für die
Beilegung der vielfältigen Streitpunkte, Instruktion der spanischen Gesandten dafür; dauerhafte
Ausschaltung der kaiserlichen Assistenz für Spanien. Anweisung zur Verhandlungsführung:
Betonung des Interesses an einem Gesamtfrieden; Behandlung der spanischen Angelegenheiten
nach denen des Reiches; Berücksichtigung der Überzeugung der Spanier vom Streben Frank-
reichs nach einem Gesamtabschluß. Aushebungen. Unbegründete Befürchtungen Schwedens im
Zusammenhang mit dem spanisch-französischen Waffenstillstand im Mittelmeer. Gesuch um
Abberufung Bellezias wegen seiner Kontakte zu den Spaniern; Anweisung zur Beschwerde
darüber bei Chabod unter Androhung seiner eigenen Abberufung. Tadel für das bereitwillige
Eingehen auf den Waffenstillstandsvorschlag der Mediatoren.
Le Roy ayant fait examiner le contenu en une lettre que messieurs d’Avaux
et de Servien ont escritte à monsieur le cardinal Mazarin touchant le destail
des satisfactions que la France pourroit demander en Allemagne, Sa
Majesté approuve leur sentiment de se contenter de Brisach, de la Haute- et
Basse-Alsace, de Philipsbourg et des petites places voisines, n’y ayant point
de difficulté de les relever de l’Empire pour les raisons qui y sont alléguées.
Elle a jugé seulement à propos de leur faire remarquer premièrement que la
proposition cy-dessus ne doit pas exclure les droitz et prétentions que Sa
Majesté a sur la Lorraine, laquelle le Roy a conquise par le titre de la plus
juste guerre qui jamais ayt esté faitte, et qu’il faut s’y conduire en sorte que
pour n’en avoir point fait de mention quand il a fallu parler des affaires
d’Allemagne, dont celles-cy ont quelque dépendance du moins en partie,
l’Empereur ne puisse pas inférer que nous ayons tacitement renoncé
auxditz droitz et prétentions. En second lieu que pour ce qui regarde
Philipsbourg, on stipule d’avoir aussy le pays des environs qui sera jugé
nécessaire pour la conservation et subsistance de laditte place. En troisies-
me lieu il faut se servir de la nécessité que l’Empire a de la paix pour vuider
entièrement à l’avantage de cette couronne le différend des trois éveschez
de Metz, Thoul et Verdun affin que jamais cy-après on ne puisse en former
un sujet de querelle. En quatriesme lieu que comme il y a apparence que
l’Alsace pourra nous demeurer, il faudroit songer dès à présent à Benfelt et
aux moyens les plus propres pour avoir cette place. Il est remis auxditz
sieurs plénipotentiaires de juger s’il seroit meilleur d’en entrer dès à présent
en traitté avec les Suédois qui ne la possédans que par le titre de la guerre
nous en feroient sans doute meilleur marché, ou bien d’attendre qu’elle leur
soit acquise dans la paix par le consentement que l’Empereur et les estatz
pourroient donner à ce qu’ilz la retiennent. Il semble que l’on puisse
d’autant plus espérer que l’Empereur et les princes et estatz de l’Empire
consentiront à noz prétentions pour l’Allemagne qu’il y a grande apparence
que les armes du Roy sont en estat d’y faire de plus grandz progrez par
l’arrivée de monsieur le duc d’Anguien et par la résolution où l’on est de
donner toutes les assistances nécessaires pour les faire prospérer de plus en
plus.
Les différens intérestz des princes et estatz dans l’accommodement général
que l’on traitte, dont les uns voudroient la paix, les autres ne souhaitte-
roient que la trêve ce qui apportera sans doute de grandz obstacles dans le
cours de la négotiation, et outre cela la fermeté des Espagnolz à ne vouloir
rien laisser ou fort peu de chose ont remis icy dans la pensée une
proposition, dont on avoit aultrefois parlé, de faire la paix dans l’Empire et
une trêve à longues années avec l’Espagne, sur quoy Sa Majesté désire
d’avoir l’avis des sieurs plénipotentiaires après qu’ilz auront meurement
examiné la matière. On considère que faisant la paix dans l’Empire on
contente la Suède qui peut-estre aussy bien ne consentiroit jamais à la trêve,
quoyqu’elle soit obligée au contraire par un traitté fait avec nous. On
satisfait tous les princes et estatz de l’Empire qui ont grande passion de
sortir d’affaires par ce moyen faisant la trêve à longues années avec
l’Espagne, outre que l’on contente les Hollandois qui ne veulent point de
paix avec l’Espagne. Il semble que la chose nous soit extrêmement
avantageux par les raisons contenues dans un mémore de Sa Majesté qui
fut adressé dernièrement auxditz sieurs plénipotentiaires sur le sujet d’une
suspension que l’on pourra revoir en ce rencontre. Il est de plus à
considérer que poussant la négotiation sur ce pied de faire la paix dans
l’Empire et la trêve avec l’Espagne, on trouvera beaucoup plus de facilité à
conclurre que si on persistera à vouloir traitter la paix partout, dans laquelle
il se rencontre tant de différens intérestz à discuter et à concerter.
L’Empereur et toute l’Allemagne souhaittent passionnément la paix. Nous
avons confirmation de Madrid et de Rome mesme que les ministres
d’Espagne ont certainement ordre de leur maistre d’entendre à une longue
trêve, quand ilz ne pourront parvenir à la paix, ou que pour l’avoir ilz
seront obligez de céder beaucoup, comme le mauvais estat de leurs affaires,
la prospérité des nostres et les instances mesmes de leurs amis et adhérens
les en pressent, si bien qu’il est vraysemblable que par cette voye on pourra
bientost conclurre quelque chose de bon. Ce qui est de plus important en
ce cas seroit de si bien brider l’Empereur par les moiens que l’on avisera les
plus propres, que la trêve estant expirée il ne puisse plus prendre de party
directement ny indirectement en faveur du roy d’Espagne, en cas que le
malheur voulust que l’on fust contraint de recommencer la guerre.
On ne laisse pas de confirmer tousjours que la première intention du Roy
est de faire la paix partout et que lesditz sieurs plénipotentiaires doivent
tousjours avoir cette première visée et la tesmoigner en toutes rencontres.
Mais au cas qu’il se rencontre trop d’obstacles (comme il n’est que trop à
appréhender) il semble que l’expédient cy-dessus est celuy qui peut le plus
faciliter présentement la conclusion d’un accommodement, dans lequel se
rencontreroient l’avantage de cette couronne et la satisfaction de tous noz
alliez. Sa Majesté recommande de nouveau auxditz sieurs plénipotentiaires
d’empescher à quelque prix que ce soit que l’on ne traitte les affaires
d’Espagne qu’après toutes les autres. Les raisons en sont si amplement
desduittes dans leurs instructions qu’il seroit superflu de les répliquer, mais
elle a voulu leur en rafraischir la mémoire parce que c’est un des plus
délicatz pointz qui soit dans la négotiation. Estant certain comme l’on a
mandé plusieurs fois ou qu’en apportant des difficultez pour la Catalongne
et pour le Portugal les Espagnolz trouveroient moyen de rejetter sur nous le
blasme du retardement de la paix ou qu’en se relaschant sur ces pointz-là
ilz pourroient aussytost avancer leurs pratiques dans le pais faisans cognois-
tre aux peuples que l’on ne fera pas grande difficulté de les abandonner. On
a mandé beaucoup de fois et on le fit entendre au sieur de Saint Romain
pour le raporter à messieurs les plénipotentiaires que l’on pourroit tirer
grand proffit de se conduire en sorte que les Espagnolz craignissent
tousjours que la France et par son inclination et par la disposition qu’elle
rencontreroit dans les princes d’Allemagne, pust faire une paix avec
l’Empire sans les y comprendre, affin que cette appréhension les obligeast à
consentir à une paix plus avantageuse à cette couronne pour ne pas
demeurer tous seulz en guerre contre nous et noz alliez. Nous avons
pourtant un avis d’Espagne par lequel nous recognoissons que, quoyqu’ilz
doutent tousjours que le mauvais estat où sont les affaires de l’Empereur et
l’envie qu’a le duc de Bavières de sortir de la guerre à quelque prix que ce
soit, ne les oblige à faire la paix avec la France et la Suède sans eux, ilz se
tiennent asseurez du contraire sur ce qu’ilz présupposent que Saavedra a
recogneu dans les discours des ministres du Roy que jamais la France ne
consentira à faire la paix avec l’Empereur sans le roy d’Espagne et que cela
luy avoit encore esté confirmé par les médiateurs. On sçait bien qu’il y a
beaucoup de raisons de part et d’autre à considérer dans cette affaire, mais
c’estoit assez de sçavoir que les Espagnolz le craignissent au dernier point,
pour leur en donner tousjours de nouveaux soupçons et les porter par ce
moyen à se rendre plus faciles à ce que nous désirons. Nous adjoustons
d’autant plus de foy aux avis que nous avons d’Espagne là-dessus que l’on
mande aussy de Rome la mesme chose.
Mit Bönninghausen brauchen Sie nur noch verhandeln, wenn er bereit ist,
ausschließlich Infanterie anzuwerben.
La crainte que messieurs les ministres de Suède ont tesmoigné avoir dans la
conclusion d’une suspension de quatre mois sur la mer Méditerranée
qu’elle ne fist tomber quelques troupes d’Italie sur les bras de monsieur
Torstenson a si peu de fondement, puisque nous ne laisserions pas
continuer la guerre de ce costé-là à l’accoustumée qu’on [n’]employera
aucunes paroles pour y respondre. Quand à l’autre appréhension que le roy
de Dannemarch ne fust assisté des vaisseaux d’Espagne quoyqu’elle ne
paroisse guères moins chimérique, on peut les asseurer si on conclud jamais
quelque chose, on ne le fera pas sans sauver cet intérest et ilz peuvent en
vivre en repos.
Le Roy a esté averty de très bon lieu que le marquis de Saint Maurice et le
sénateur Belletia ont tenu des discours touchant Pignerol comme s’ilz
vouloient mettre cette prétention sur le tapis. Sa Majesté a escrit à madame
pour s’en plaindre et a demandé positivement qu’elle rappellast sans perte
de temps ledit Belletia, lequel l’on sçait outre cella avoir eu des conférences
secrettes avec les ministres d’Espagne et avoir parlé publiquement au
désavantage de la France. Ce qui a fait ressouvenir qu’il a esté autrefois
dans le party des princes quand ilz estoyent dans celuy d’Espagne , et qu’il a
tousjours esté tenu pour avoir ses inclinations entièrement espagnolles et sa
conduitte fait bien voir aujourd’huy qu’il ne les a pas quittées. L’on a avis
de Piedmont mesme de la pluspart des choses que l’on marque et de
diverses dangereuses pratiques qu’il traîne contre le service de Sa Majesté
en faveur de ses ennemis. Sa Majesté charge lesditz sieurs plénipotentiaires
très expressément d’en faire de vives plaintes audit sieur marquis et de luy
faire bien comprendre que les affaires de cette couronne ne sont pas en un
estat où nous souffrions que l’on die seulement un mot de celle-cy dans
l’assemblée et qu’il seroit ridicule de prétendre d’y former aucune négoti-
ation , si bien que s’il continuoit dans les mesmes pensées Sa Majesté seroit
obligé de faire à madame les mesmes instances à son esgard qu’elle a fait
pour la révocation dudit Belletia, ne pouvant prendre confiance en aucun
de ceux à qui semblables chimères passeroient par l’esprit
pouvoit recognestre que ce que tous deux ont dit eust son origine des
ordres que peut leur avoir donnez madame, Sa Majesté seroit obligée de
songer aux moyens d’empescher que cette mauvaise volonté ne puisse
porter aucun préjudice à ses affaires. Cependant elle ordonne auxditz sieurs
plénipotentiaires de faire cognoistre audit Belletia la mauvaise satisfaction
qu’elle en a et de ne s’ouvrir plus ny traiter avec luy d’aucunes affaires sans
néantmoins faire d’autre esclat en attendant que l’on sçache quelle résolu-
tion madame aura pris sur son sujet.
Il eust esté à désirer que lorsque les médiateurs ont proposé une suspension
de trois ou quatre mois auxditz sieurs plénipotentiaires en prenant temps
d’en conférer comme il se doit avec noz alliez ilz leur eussent fait nettement
cognestre que la France n’y consentiroit jamais pour empescher qu’ilz ne
s’imaginent que nous y ayons quelque sorte de disposition, comme la
response desditz sieurs plénipotentiaires pourra leur en avoir laissé la
pensée.