Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
142. Servien an Lionne Münster 1645 Juni 19
Münster 1645 Juni 19
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 51 fol. 519–523 = Druckvorlage.
Konferenz mit den bayerischen Gesandten: Betonung des friedlichen Verhaltens Turennes und
seiner Rücksichtnahme auf die bayerisch-französischen Verhandlungen selbst angesichts des
Mißtrauens der Verbündeten, Versicherung der unveränderten Verhandlungsbereitschaft
Frankreichs; Entschuldigung der militärischen Ereignisse durch die bayerischen Gesandten mit
der Abweisung des Anbringens Vervaux’ in Paris, mit der beständigen Gegnerschaft Bayerns
und Schwedens und mit Informationen über einen Angriffsbefehl für Turenne gegen Bayern;
Zurückweisung der bayerischen Entschuldigungen durch Servien; Bemühung des bayerischen
Kurfürsten um den allgemeinen Frieden, nicht um ein Separatabkommen; Betonung der
Verhandlungsbereitschaft Mazarins; Erwartung der französischen Unterstützung in der Frage
der Kurwürde. Erfordernis der Besetzung des Residentenpostens in Osnabrück. Vorschlag
Contarinis zur französischen Satisfaktion; Betonung der Absicht auf Einbehaltung der Erobe-
rungen gegen Spanien; Anforderung genauer Instruktionen zur Frage der Satisfaktion. Heirats-
projekt Contarinis zur Beilegung des spanisch-französischen Krieges; Ziele Spaniens bei diesem
Vorschlag.
Je ne peus pas rendre compte par le précédent ordinaire des discours que
j’avois eus avec les ambassadeurs de Bavière en leur rendant une visite,
parce qu’elle ne pust estre faite que le jour du départ du courrier et que le
mémoire que j’en dressay ne pust pas estre mis en chiffre assez à temps. J’ay
suivi l’ordre punctuellement que vous m’avez envoyé de la part de Son
Eminence , estant tumbé assez adroitement sans affectation ny dessein de
se justifier sur le combat qui s’est passé, je leur ay fait comprende qu’encore
qu’il n’y eust point eu de parolle donnée de part ny d’autre de ne rien
entreprendre, on n’avoit pas laissé de faire entendre à monsieur de Turenne
l’estat où estoit la négotiation avec ordre de ne chercher pas l’armée
bavaroise et de chercher plustost les moyens de subsister que de combatre,
dont mesme je leur ay dit (comm’il est vray) que noz alliez avoient pris
quelque ombrage, lorsqu’ilz avoient veu monsieur de Turenne disposer son
quartier dans la Franconie. J’y ay adjousté que nos ordres nous obligeant de
n’interumpre point la négotiation pour les événementz de la guerre quelz
qu’ilz puissent estre, nous estions tousjours prestz d’escouter ce qu’on nous
voudroit dire, qu’il s’estoit mesme rencontré qu’au temps du combat entre
les armées je combatois à Osnabruc pour les intérestz de leur maistre
contre nos alliez pour les disposer à un acomodement, qu’ils verroient
bientost par effect que la déroute de deux ou trois mille hommes n’estoit
pas capable de changer les desseins d’un puissant royaume, que monsieur le
duc d’Anguien estoit en marche avec une armée considérable qui devoit
obliger ledit duc de songer à sa conservation, qu’on ne désiroit pas sa ruyne
en France, pourveu qu’il s’aydast de son costé et que quand il reprendroit
les pensées qu’il avoit eues cy-devant, les succez passez n’empescheroient
pas qu’on n’y entendist syncèrement et qu’il ne treuvast de la disposition à
la favoriser.
Leur réponse a esté honeste et respectueuse, mais peu concluante. Ilz ont
fait semblant de n’avoir pas sceu toutes les propositions du confesseur,
comme s’il n’avoit eu charge de parler que du traité général, (cependant en
une autre conférence il a eschapé [à] l’évesque d’Osnabruc dans la chaleur
du discours que l’on avoit veu icy la relation exacte de toute la négotiation
du confesseur), mais quoy qu’il en fust, que quand on avoit renvoyé de deçà
ses propositions, on avoit donné subjet de croire qu’on ne vouloit pas y
entendre, que les bonnes résolutions se prennent en secret, qu’on ne sçavoit
faire icy aucune ouverture d’importance qui ne soit d’abord divulguée et
par conséquent ruynée, que les Suédois estoient ennemis irréconciliables de
leur maistre et avoient beaucoup d’animosité contre luy. Mais qu’aussy il ne
vouloit rien avoir à traiter avec eux, qu’à la vérité pour la France il avoit
cherché tous les moyens de conserver ou d’acquérir son amitié sans y
pouvoir estre receu, puisqu’il n’avoit personne à la cour à qui il se pust
adresser par lettre et qu’on n’y vouloit souffrir aucun député de sa part.
Que s’il y avoit quelque bon dessein à faire, il falloit que ce fust par delà,
puisqu’icy on ne fairoit jamais rien qui vaille. Que pour les ordres qui
avoient esté envoyez à monsieur de Turenne, ce que je venois de leur dire
estoit bien différend des lettres qui avoient esté escrites par un ambassa-
deur résident à la cour de France (j’ay sceu depuis que c’est celluy de
Hollande ), aquel on avoit donné asseurance pour l’escrire à ses maistres,
que les propositions faites par le duc de Bavière n’avoient pas empesché
qu’on n’eust envoyé ordre nouveau à monsieur de Turenne de le presser par
les armes, et qu’ilz avoient veu la copie de la lettre escrite par cest
ambassadeur.
Avant qu’estendre ma réponse, je vous fairay remarquer l’imcommodité
qu’il y a de traiter avec les Hollandois, dont le conseil est si corrumpu qu’il
ne s’y fait pas la moindre chose qui ne soit sceue deux jours aprez à
Bruxelles et à Coloigne. Je leur ay répondu que pour la forme de traiter on
ne leur avoit pas celé qu’on ne pouvoit rien faire sans les alliez, mais que
cela n’eust pas empesché, si la négotiation eust esté avancée, qu’on n’y eust
gardé le secret et toute la syncérité nécessaire, que la lettre de cet
ambassadeur pouvoit estre suposée, mais que quand elle seroit véritable, ilz
ne devoient pas s’estonner quand on avoit parlé en ces termes aux ministres
des alliez pour dissiper les ombrages qu’ilz avoient pris de la négotiation du
confesseur, qu’en tenant leur esprit en bonne assiète par ces asseurances,
c’estoit pour les attirer plus aysément à l’advis que nous voulions qu’ilz
prissent conjointement avec nous. Que les Espagnolz n’avoient pas manqué
de leur costé de faire sçavoir aux Hollandois qu’il y avoit à Paris une secrète
négotiation introduite par le duc de Bavière qui se faisoit à leur insceu, et
que pour remédier aux mauvais effectz que cet artifice pouvoit produire, on
avoit eu peut-estre besoin de payer les alliez de quelque raison, mais que la
suite et l’estat où estoit l’armée de monsieur de Turenne quand le combat a
esté donné, avoient bien fait voir le contraire de ce qui estoit contenu en la
lettre de l’ambassadeur.
Je vous diray à ce propos qu’on publie icy que les papiers de monsieur de
Turenne ont esté pris à ce combat et qu’on y a veu clairement tous les
desseins de la France. Je ne sçay pas ce qui en est et si le duc de Bavière y a
veu des choses qui ayent changé ses desseins en augmentant ses apréhen-
sions , mais il paroist qu’il n’a plus de disposition à aucun traité particulier et
ne songe effectivement qu’à deux choses, l’une à presser la conclusion du
traité général, en quoy j’oze croire qu’il se rendra favorable et ne sera pas
beaucoup contraire aux prétentions de la France, l’autre à se mettre en bon
estat pour la guerre faisant des recrues et de nouvelles levées de toutes partz
et n’y épargnant aucun soin ny dépense.
Comme le discours que nous avons eu ensemble a duré longtemps, je n’ay
pas manqué de répondre sur tous les pointz qu’ilz ont avancez, mais le récit
en seroit trop long. Je diray seulement qu’ayant recogneu l’aversion qu’ilz
ont à introduire de deçà aucune négotiation particulière, prenant mesme les
ouvertures qu’on leur en fait pour une défaite, quelque raison de devoir et
d’obligation envers les alliez qu’on leur allègue, je leur ay dit enfin que je ne
voyois pas à la cour les voyes de négotier si fermées pour eux qu’ilz le
disoient, qu’il me sembloit que leur maistre pourroit tousjours s’adresser
confidemment à Son Eminence, et que j’avois en toutes ocasions recogneu
Son Eminence très disposée à favoriser son intérest autant que l’honeur de
la France, ses confédérations et le bien général le pourroient permettre.
Ilz ont pris cette ocasion pour parler de la dignité électorale et pour me dire
que leur maistre se promettoit d’y recevoir tousjours la protection de Leurs
Majestez, et qu’ilz croyoient que nous en avions receu les ordres nécessai-
res . J’ay creu devoir répliquer que nous avions bien charge en général de
favoriser les intérestz de monsieur le duc de Bavière autant qu’il nous seroit
possible, mais que nous n’avions point receu expressément d’ordre nouveau
sur ce subjet, et que je luy pouvois dire avec franchise que pendant le cours
de la négotiation cela seroit reiglé selon la bonne volunté que ledit duc
fairoit paroistre pour les intérestz de la France. Celluy des deux qui porte la
qualité d’Ambassadeur a reparti avec un peu d’émotion que pour ce point
son maistre ne souffrira jamais qu’il sera mis en doute et que son honeur,
son estat et sa vye y sont attachez. J’ay répondu pour les laisser en quelque
apréhension, que leur maistre estand avancé en aage comm’il est, et voyant
ses enfantz encore jeunes avoit grand intérest de n’éloigner pas la conclu-
sion du traité général et qu’il estoit si rempli de prudence qu’il ne voudroit
pas souffrir qu’il fust rompu par une difficulté qui le touche en particulier,
que néantmoins comme nous pourrions avoir besoin les uns des autres,
nous espérions que leur bonne conduite nous obligeroit de les favoriser de
tout nostre pouvoir.
Je vous prie de faire remarquer à Son Eminence qu’il est très périlleux
maintenant que les Suédois sont entrez en négotiation avec les Impériaux,
de laisser la résidence d’Osnabruc plus longtemps vacante sans y envoyer
quelque personne qui soit confidente à Son Eminence et cogneue pour cela
par les Suédois qui ont très grand respect pour la personne de Son
Eminence. Il seroit très à propos que celluy qui a esté ou sera choisy pour
cela, s’y rendist en poste, il n’y a rien présentement de plus nécessaire ny de
plus pressé.
Je ne sçay si monsieur Contarini nous a parlé comm’ayant quelque
cognoissance des intentions des Espagnolz, mais il nous a dit à la dernière
conférence, si nous ne serions pas contentz de conserver en chaque pays
une place qui nous en donnast l’entrée, Pignerol de l’Italie, Perpignan et le
Roussillon de l’Espagne, Arras des Pays-Bas et Brisac de l’Allemagne. Nous
répondismes qu’avec les Espagnolz nous estimions de nous estre mis tout à
fait à la raison en demandant ou qu’ilz nous fissent raison des usurpations
passées ou que par une espèce [de] dédomagement nous conservassions ce
qu’il a pleu à Dieu de nous donner par cette guerre. Il a répondu que si
c’estoit nostre dernière résolution, qu’il la faudroit donc déclarer positive-
ment aux Espagnolz et leur donner un temps limité pour s’y résoudre, à
faute de quoy on se sépareroit affin de n’amuser pas icy plus longtemps le
monde par de vaines espérances. Peut-estre monsieur de Longueville nous
porte les secrètes intentions de la Reyne. Si cela n’est, je vous prie de
représenter à Son Eminence que nous allons désormais estre pressez pour
déclarer sur chaque point ce que nous aurons à demander, principalement
pour la seurté du traité avec l’Empereur et pour la satisfaction de la France
dans l’Allemagne, et que mesme il seroit périlleux de ne le faire pas, parce
que l’Empereur pourroit prendre résolution de contenter les estatz de
l’Empyre avant que nous eussions parlé de nos intérestz particuliers.
Il y a quelque temps qu’en une autre conférence monsieur Contarini dans
la chaleur du discours avança qu’il seroit impossible que ce traité se fist sans
un mariage, que cela estoit inévitable et que personne ne doutoit que celluy
de l’infante d’Espagne avec le Roy ne deust estre l’affermissement de la
paix, sur quoy voyant que nous ne répondions rien il adjousta, si nous n’en
serions pas contentz en cas qu’on luy donnast en dot la Bourgoigne et les
Pays-Bas. Je répondis que nous n’avions pas charge de traiter de cela, que
quand on nous en parleroit avec pouvoir suffisant, nous pourrions faire
sçavoir les intentions de Leurs Majestez, mais que par forme de discours je
luy pourrois dire que l’affaire paroissoit plausible, mais qu’elle ne laissoit
pas d’avoir ses inconvénientz, parce que ce seroit un moyen au roy
d’Espagne de se décharger de la guerre en Pays-Bas, que la mine peut estre
de nous en charger et acquérir l’amitié des Hollandois en nous la faisant
perdre, tirant de son costé par cet expédient qui semble favorable l’ avanta-
ge que nous avons maintenant sur l’Espagne par l’alliance des Provinces-
Unies, qu’avant qu’elles fussent divisées comm’elles sont, la mesme propo-
sition fut faite et résolue par le traité de Crépy où l’empereur Charles V
cognoissant le tort qu’il avoit fait au roy François, pour luy en faire quelque
raison s’obligea de donner en mariage à sa fille tous les Pays-Bas et la
Bourgoigne pour un des enfantz de France . Le discours finist en cet
endroit, mais quelque temps après parlant d’autre chose monsieur Contari-
ni s’interrompist pour demander s’il estoit bien vray que ce mariage eust
este acordé par le traité de Crépy à ces conditions, ce que je luy
confirmay.
Cela me fait douter que sy monsieur Contarini en a parlé avec fondement,
les Espagnolz pourroient bien avoir la visée de sortir d’affaires par cest
expédient, mais il y a aparence qu’ilz prétendroient par ce moyen de nous
obliger à trois choses. La 1 re à nous joindre à eux envers tous et contre tous,
ce qu’on ne sçauroit jamais faire au préjudice de noz anciennes alliances, la
2 e à leur rendre la Cataloigne, à quoy par mon foyble sentiment il n’y avoit
pas tant de difficulté soubz cette condition, la 3 e à leur ayder à reconquérir
le Portugal, de laquelle il faudroit tascher à se deffendre. J’ay creu à propos
d’en informer Son Eminence, car encore que ce soit un discours qui semble
fait en l’air, estant confronté avec les advis qu’on peut avoir d’ailleurs des
desseins de l’Espagne, il peut faire ouvrir les yeux et penser à ce que l’on
aura à faire s’il en est reparlé.