Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
122. d’Avaux und Servien an Mazarin Münster 1645 Juni 3
Münster 1645 Juni 3
Ausfertigung: AE , CP All. 44 fol. 20–25’ = Druckvorlage; Eingang: 1645 Juni 14 . Duplikat
für Brienne: AE , CP All. 55 fol. 13–16’. Kopie: AE , CP All. 51 fol. 428–431.
Verhandlungen mit den schwedischen Gesandten: 3. schwedischer Entwurf für die Proposition
II; Vorschlag der Zusammenlegung der Verhandlungen als Mittel zur Verhinderung schwedi-
scher Vorteile bei den protestantischen und kalvinistischen Ständen; Propositionsprojekt:
erweiterte Präambel mit der Darstellung des Krieges als Religionskrieg; umstrittener achter
Artikel; Beharren der Schweden auf der namentlichen Nennung des Pfalzgrafen und auf
anderen Spezifizierungen im Gegensatz zur allgemeinen französischen Forderung nach dem
Normaljahr 1618; Termin der Auslieferung; Forderung auf Freilassung des Prinzen Eduard;
Drängen auf den Friedensschluß mit Dänemark, Anschein schwedischer Bereitschaft dazu und
zur Aufnahme Dänemarks in den allgemeinen Frieden; Eintreten für das Verbleiben Königs-
marcks bei Turenne; Religionsbeschwerden in den Stiftern Osnabrück und Bremen; Aufschub
der Eröffnung des Waffenstillstandsprojektes im Mittelmeer.
Encores que le temps du départ de l’ordinaire soit court nous avons estimé
le devoir proffiter pour informer sommairement Vostre Eminence de la
venue icy de messieurs les ambassadeurs de Suède et de ce qui s’est passé
tant en une longue conférence que nous eusmes hyer chez eux qu’ez visites
particulières qu’ilz ont rendues à chacun de nous séparément.
Toute la susdicte conférence qui dura depuis les neuf heures du matin
jusques à deux aprez midy fut employée à examiner la proposition qu’ilz
veullent donner. Nous vous envoyasmes par le pénultiesme ordinaire la
copie du project qu’ilz nous avoient communiqué et maintenant, Monsei-
gneur , nous en adjoustons icy une autre telle qu’elle fut hyer concertée,
affin que Vostre Eminence les faisant conférer ensemble elle voye ce que
nous y avons fait apporter de différence. |:Les poinctz qui touchent la
religion ont esté ceux qui nous ont donné le plus de peine tant pour sauver
ce que nous debvons à la nostre que:| pour empescher, autant que possible
est, que |:la leur ne tire pas:| dans la conclusion de la paix des avantages
trop grands de la prospérité des armes communes. C’est ce à quoy nous
|:voyons bien qu’ilz tendent, poussez d’ailleurs par les protestans et
Calvinistes qui ont maintenant tous leurs députez à Osnabruk, ce qui rend
l’assemblée forte de leur costé et nous nécessite de procéder bien délicate-
ment avec eux, affin qu’ilz ne gaignent pas toutes les affections des princes
et villes de l’Empire qui font profession de l’une et l’autre de ces deux
religions:|, comme ce leur en est un moyen bien plus facile |:par le poinct
de conscience que par celuy d’Estat, sur lequel seul nous:| nous avons à
nous fonder dans la négociation de la paix. Ce que nous considérons de
cette concurrence avec eux de députez protestans, nous donna suject de
leur dire que ce seroit un grand moyen d’avancer les affaires sy les deux
assemblées se réduisoient à une seule dans cette ville de Munster, où l’on se
pourroit veoir et communiquer à toute heure, nostre pensée |:estant en cela
qu’alors nous pourrions plus facilement insinuer ce que nous voudrions à
ces députez et les destourner doucement de:| cette chaleur qu’un zèle
commun de tous ces espritz meslez et joincts les uns aux autres rend plus
ardante et desmesurée.
Nous treuvasmes, Monseigneur, qu’ilz avoient adjousté une préface à leur
proposition de plus que ce que nous en avons envoyé, et dont nous n’avons
peu avoir de coppie à cause de leur subit départ qui a esté ce matin dez les
cinq heures, sans que nous les ayons reveus comme nous le pensions faire et
que nous en avions hyer convenu. Mais outre qu’apparement ilz ont voulu
éviter cette cérémonie ilz ont désiré aussy se rendre pour demain à
Osnabruk que leur jour de Pentecoste se rencontre cette année avec le
nostre.
Nous remarquasmes d’abord en ladicte préface un mot qui alloit directe-
ment à donner à entendre que la guerre qui s’est faicte et qui se continue
encores, seroit pour la religion. Les messieurs déclarent que la Suède avoit
priz les armes pour ceux qui luy sont joincts ‘commerciis, sanguine et
sacris’. Ce fut à ce dernier mot que nous nous attachasmes et leur dismes
tant de raisons contre celles qu’ilz alléguoient en suite du manifeste que
leur roy Gustave fit publier entrant dans l’Allemagne , qu’enfin ilz y
ceddèrent et se contentèrent de l’oster.
Le démeslé continua en tous les autres poinctz qui touchent directement ou
indirectement la religion, en aulcuns desquelz Vostre Eminence verra que
nous avons fait apporter du changement. Mais le 8 e article fut celuy qui
nous arresta le plus. Car bien qu’il eust esté desjà fort disputé à Osnabruk
et que mesmes il leur fust représenté qu’ilz s’en estoient dez lors comme
relaschez, ilz voulurent néantmoins le deffendre et de fait nous ne peusmes
obtenir qu’ilz y donnassent le trait de plume comme en quelques endroictz
des autres. Il est vray qu’ilz ne nous déclarèrent pas absolument qu’ilz le
laisseroient, au contraire nous avons lieu d’espérer qu’aprez avoir remasché
noz raisons ilz les treuveront sy justes et sy fortes qu’ilz nous donneront en
cela le contentement tel que nous pouvons dire l’avoir réciproquement
receu de noz conférences tant communes que particulières. Nous leur
fismes surtout considérer (pour ne le dire qu’en général, n’ayant pas le
temps d’en faire une plus spéciale desduction) qu’en s’attachantz sy fort aux
poinctz de leur religion, nous serions obligez de faire veoir au monde que
nous ne leur ceddons point en zèle pour la nostre. Et qu’ainsy chacun
parlant pour la sienne, cela pourroit marquer division entre nous, et qu’il
valoit beaucoup mieux ne toucher qu’en général le restablissement des
ordres de l’Empire, que d’entrer en ces spécifications, d’autant que par la
loy qui s’est introduitte assez tyrannique dans l’Allemagne par où le prince
force ses sujets à prendre sa religion, il s’entend assez qu’elle sera remise par
ceux qui seront restabliz en leurs biens, ce que nous disions principallement
|:pour gaigner cet advantage de n’en point faire de mention à présent:|.
Nous taschasmes aussy de les faire abstenir de mettre |:nommément le
prince Palatin non plus que d’autres:|, mais ilz nous tesmoignèrent de s’y
tenir obligez et nous alléguèrent souvent sur les poinctz que nous désirions
estre moins particularisez, que la coustume d’Allemagne veut qu’on vienne
à la spécification, autrement que l’on ne tient point compte des choses qui
ne sont pas déclarées en détail après la généralité.
Nostre but estoit de |:les engager à se tenir à la demande, sur quoy ilz
insistent tousjours de remettre tout comme en l’année 1618:|, puisque nous
avons adjousté dans nostre project une clause qui nous sauvera de beaucoup
d’inconvéniens en disant ‘y excepté toutesfois par ce qui sera résolu au
contraire par le présent traitté’.
Aprez avoir mis fin à l’examen de la proposition ilz nous pressèrent fort de
donner la nostre mercredy prochain, et tout ce que nous peusmes faire, fut
d’obtenir encores deux jours afin d’avoir loysir de voir ce que nous aurons à
faire après la réception de la dépesche de la cour, que nous attendons par
l’ordinaire de mardy. Nous eusmes mesmes peine d’obtenir qu’ilz différe-
roient de deslivrer la leur jusques à vendredy, disans estre engagez de
parolle aux commissaires Impériaux qui sont à Osnabruk et pressez par
tous les ambassadeurs et députez qui se treuvent au mesme lieu.
Nous ne devons pas obmettre, Monseigneur, de dire à Vostre Eminence
que nous leur avons très particulièrement fait comprendre, combien il
importe |:d’avoir soing des intérestz du roy de Portugal:|, nonobstant ce
qu’ilz disoient (pour monstrer seulement qu’ilz auroient peu d’occasion
d’en parler) que les Impériaux se laissent entendre |:n’avoir rien à démesler
avec luy, puisque l’Empereur n’a point de guerre avec le Portugal:|. Mais
pour les obliger d’en parler, nous les portasmes d’insérer dans leur
proposition un point pour |:la délivrance du prince Don Duarte:|, puisque
l’Empereur le mettant entre les mains des Espagnolz, ç’a esté à condition
qu’ilz le luy rendront toutesfois et quantes il le leur redemandera. Ilz ne le
feront toutesfois qu’aprez que nous aurons sceu de |:messieurs les plénipo-
tentaires de Portugal qui sont icy:|, de quelle façon ilz désireront qu’il en
soit fait mention, soit dans l’article qui porte |:la délivrance des prison-
niers :| ou autre part.
Nous leur fismes une forte recharge sur l’accomodement entre la Suède et
le Dannemark et priasmes particulièrement monsieur Oxenstiern d’en
escrire à monsieur son père, affin qu’il facilite la conclusion de l’affaire qui
ne consiste plus qu’aux moyens de la seureté. Il nous promit de le faire et
nous recogneusmes qu’ilz ne tiennent pas les affections irréconciliables
entre les deux couronnes, ayans eus-mesmes dit en discourant sur l’article
qui portoit la dénomination de ceux qui pourront entrer dans le traitté de la
paix généralle, qu’il vaut mieux ne les point spécifier et que le roy de
Dannemark pourroit encores estre du nombre.
A celle-là nous en adjoustasmes une seconde pour faire |:que monsieur
Konigsmark demeure en conjonction le plus longtemps qu’il le pourra:|,
leur ayant fait avouer que monsieur le mareschal de Turenne ne s’estant
advancé qu’en suitte des grandes instances de monsieur Tortenson, il estoit
raysonnable qu’ilz contribuassent au redressement du malheur qui luy est
arrivé dont nous sentons le dommage et eux le contrecoup. Ilz nous
promirent bien d’y rendre leurs offices, et nous en voulons bien espérer.
Mais, Monseigneur, nous ne devons pas tant nous y arrester que l’on ne
continue toutes sortes de diligences et de moyens possibles pour relever
noz affaires en Allemagne |:et ne nous pas réduire à dépendre de nos amis
qui sont gens à s’en faire facilement accroire:|.
Nous achevasmes nostre entreveue par où nous l’avions commencée |:par la
religion. Il y eut cette différence qu’ilz appuyoient la protestante et:| nous
leur demandions souslagement pour nostre religion que les Suédois font
pâtir en deux occasions, l’une par l’establissement qu’ilz ont fait d’un
ministre en la place d’un curé au village de Gorden, diocèse d’Osnabruk,
dont nous leur avons souvent escrit et parlé comme d’une contravention au
traitté préliminaire, et l’autre pour quatre monastères du pais de Brême qui
se trouvent sy fouliez de contributions que les religieux seront contraincts
de tout abandonner . Ilz nous dirent d’assez bonne grâce que nous
prétendions qu’ilz fissent pour les catholiques et que nous leur apportions
des difficultez pour les protestans. Nous leur repartismes de mesme que
nous ne demandions que l’exécution des traittez et eux vouloient nous
induire à en faire de nouveaux contre nostre conscience. La conclusion fut
qu’ilz travailleroient de tout leur pouvoir afin qu’il y soit apporté remède.
Nous avions remis à ce matin de leur parler |:de la suspension:|, mais ilz
nous sont eschappez. Ce sera pour la première occasion que nous ne
faudrons pas de satisfaire aux commandemens de Vostre Eminence.