Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
114. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien Paris 1645 Mai 30
Paris 1645 Mai 30
Ausfertigung: AE , CP All. 54 fol. 239–256’, 258–259’ = Druckvorlage = Beilage zu nr. 113.
Konzept: AssNat 272 fol. 276–285’. Kopie: AE , CP All. 51 fol. 395–400’.
Auf nr. 101; Stellungnahme zum Entwurf der französischen Proposition II: Tadel für die
Einsendung des Entwurfes; Lob für die Forderung nach Admission aller Reichsstände und für
das Eintreten für die Religionsfragen bei den schwedischen Gesandten, Unmöglichkeit der
französischen Unterstützung für andere Konfessionen, Hoffnung auf weiteres Nachgeben der
Schweden; Information La Thuilleries; Erwartung des Nachgebens der katholischen Stände in
einigen Punkten in den kommenden Verhandlungen. Ungünstiger Zeitpunkt zum Vorbringen
des Waffenstillstandsprojektes. Erstaunen über die Auffassung Schwedens von seiner Nichtbetei-
ligung an dem Krieg gegen Spanien, unzureichende Möglichkeiten zur Verhinderung der
kaiserlichen Unterstützung für Spanien im Fall eines Friedens im Reich ohne Spanien, Kritik
an der schwedischen Haltung, Verteidigung der französischen Auffassung, Überprüfung des
schwedischen Standpunktes durch La Thuillerie in Stockholm. Verhandlungen mit Bayern:
falsche Informationen der schwedischen Gesandten; Richtigkeit ihrer Warnungen vor einem
bayerischen Hinterhalt und Argumente zur Verteidigung des französischen Vorgehens; weitere
Versuche zu einem Abschluß mit Bayern. Militärische Maßnahmen. Harmlosigkeit der
schwedischen Verhandlungen in England. Bemühungen um Hessen-Kassel. Kritik an der
unnachgiebigen Haltung in der Titelfrage gegenüber Brandenburg. Verhandlungen mit
Spanien: Erklärung der französischen Bereitschaft dazu bei Auslieferung der Proposition II;
Beginn mit den italienischen Angelegenheiten. Behandlung der Vertreter Portugals. Schutzbrief
für Wittgenstein. Feindliche Haltung des Papstes gegenüber Frankreich. Spanische Furcht vor
einem kaiserlichen Separatfrieden. Bemühungen um Wartenberg. Schreiben der Mediatoren
über die mangelnde französische Friedensbereitschaft nach Rom und Venedig.
Le Roy aiant appris par la dépesche desdicts sieurs plénipotentiaires du 13 e
du courant ce qui s’est passé au voyage de l’un d’eux à Osnabruk dans
l’entreveue qu’il a eue avec les ministres de Suède, et ayant fait examiner en
son conseil le project qu’ilz luy ont adressé de la proposition commune qui
doibt estre donnée pour les affaires d’Allemagne, Sa Majesté a commandé
le présent mémoire leur estre envoyé pour les informer de ses sentimens sur
toutes choses, et y a fait joindre quelques remarques que l’on a faictes sur
divers articles de ladicte proposition.
Sa Majesté eust bien souhaitté que comme elle leur avoit donné tout
l’esclaircissement qu’il se peut de ses intentions par la dépesche que porta le
Sieur de Saint Romain , ilz n’eussent pas différé de donner ladicte proposi-
tion en la forme qu’ilz auroient avisée pour le mieux sans remettre à en
attendre d’elle de nouveaux ordres affin que les ennemis ne puissent pas
imputer ce nouveau délay à peu de disposition pour la paix. Mais puisque le
différent pour le passeport de Stralsund a pu servir de prétexte plausible à
ce retardement, et que d’ailleurs les Suédois avoient tesmoigné de n’estre
pas encores prestz, Sa Majesté est bien aise d’avoir eu le tempz de voir plus
particullièrement ce qui a esté projettée, et de leur pouvoir mander ce
qu’elle en juge.
|:Et pour commencer par la forme de traitter qui doibt précéder toutes
choses et estre establie avant que d’entamer les matières, Sa Majesté
approuve fort les raisons contenues dans la despesche desdictz sieurs
plénipotentiaires pour ne pas permettre que l’intention qu’a l’Empereur de
faire traitter les affaires en la manière qu’ilz le mandent, ne réussisse suivant
le dessein qu’il en a faict lorsque les députez qui estoient à Francfort seront
arivez, mais comme il est très à propos de rendre l’assemblée la plus
nombreuse qu’il se pourra, on doibt incister extrêmement pour faire que
lesdictz députez de Francfort y venans ayent des princes et estatz qui les
auront envoyez des pouvoirs particuliers sur le subjet du traicté de la paix,
affin de n’estre pas moins garniz que les aultres qui s’y seront renduz sur le
convy des ministres des deux couronnes et en ce cas les catholicques allans
à Munster et les aultres à Oznabrug, il s’en rencontrera plus grand nombre
audict Munster où peult-estre mesmes les protestans qui ont suivy le party
de l’Empereur vouldront aussy demeurer.
Sa Majesté a fort loué et extrêmement approuvé la fermeté avec laquelle il a
esté parlé aux ministres de Suède sur le faict de la religion, et il est très à
propos de continuer à le faire avec vigueur, puisque ayans toutes sortes de
raisons pour nous il est impossible qu’elles ne facent impression dans leur
esprit, d’aultant plus qu’ilz recognoistront bien eux-mesmes par les effectz
aussy bien que les aultres princes et estatz d’Allemagne de religion
contraire que dans le politique et le temporel on ne protégera pas moins
leurs intérestz quand il sera question de les faire remettre dans leurs Estatz
et empescher à l’avenir les oppressions injustes et les usurpations de la
maison d’Austriche. Il ne doibt pas cependant leur paroistre estrange ny
mescéant que la France qui professe la religion catholique qui n’a et ne
peult jamais prendre d’obligation ny par traicté ny aultrement de contribu-
er à la propagation de quelque aultre religion qui y soit contraire, ne veuille
pas concourir à appuyer et procurer certaine sorte d’advantages qu’il
semble que la couronne de Suède auroit dessein d’establir dans la négoti-
ation de la paix à ceux qui sont dans la mesme créance:|. Enfin une
déduction fréquente des raisons qui sont si bien couchées dans la dépesche
desdicts sieurs plénipotentiaires vraysemblablement pourra les imprimer si
avant dans leur esprit, que peut-estre seront-ilz obligez par bienséance à
n’insister pas davantage |:à quelques poinctz de cette matière, ausquelz la
France ne peult avec honneur et conscience consentir, d’aultant plus que
sans obtenir toutes les choses que les protestans prétendront s’ilz veullent
se mettre à la raison, ilz ne laisseront pas de treuver leur compte en
d’aultres avec beaucoup d’advantage et de seureté, et quoyque les progrès
des Suédois les rendent tousjours plus considérables, ceux des armes de
cette couronne ne sont pas sy ordinaires qu’ilz soient à mespriser et par
conséquent, soit pour leur propre intérest, soit pour correspondre à
l’ingénuité de nostre conduicte, ayants toute la justice de nostre costé, il
n’est pas Dieu mercy à appréhender qu’ilz se puissent jamais résouldre à
nous donner du desplaisir pour ces sortes de résistances fondées en toute
équité. On ne doubte pas mesme que leur parlant avec la mesme fermeté
dans touts les poinctz où la raison est de nostre costé, ilz ne s’en rendront
plus traictables ou au contraire s’ilz cognoissoient que la crainte de les
désobliger nous fist estre plus faciles dans les choses que nous ne debvons
pas, ilz tenteroient après bien plus hardiment ce qu’ilz verroient estre de
leur proffit et de leur intérest particulier. Il est donc absolument nécessaire
de se prévalloir de toutes les occasions où l’on aura moyen de leur faire
cognoistre adroictement et avec sincérité que comme la France ne manque-
ra jamais à ce qu’elle doibt pour la ponctuelle et fidelle observation de ses
alliances, on est aussy asseuré que la couronne de Suède en fera de mesme,
et que pour le moins il importe aultant à eux qu’à nous de tenir tousjours
unie cette bonne correspondance et de conserver cette union.
Il sera bien à propos que lesdicts sieurs plénipotentiaires donnent part de
tout ce que dessus au sieur de La Thuillerie, affin qu’il parle de son costé s’il
y eschet en la mesme conformité et mesme qu’ilz luy mandent les raisons
couchées plus au long dans leur dépesche du 13 e du courant .
Il ne fauldra point absolument sur le faict de la religion se départir
présentement de la généralité où l’on est demeuré. On verra après dans le
détail de la négotiation ce que les députez pourront prétendre et travailler à
adjuster tout, et alors la considération du repos dont l’Empire a tant de
besoin, pourra bien obliger l’Empereur, les Espagnolz, les eslecteurs et
princes catholiques de condescendre à plusieurs choses comme ilz ont faict
en d’aultres rencontres n’ayant pas tant à faire de la paix comme à présent
de quoy cette couronne ne pourra recevoir aucun blasme devant Dieu ny
devant les hommes n’ayant aucune part à le procurer ny à l’accorder.
Pour ce qui regarde la trêve, on veoid bien par la conclusion du discours qui
en a esté jetté qu’il n’y a rien de gasté. Mais on eust désiré pourtant qu’il
n’en eust pas esté parlé sy tost. Car comme effectivement on désire en
premier lieu la paix et que les conjonctures semblent assez propes pour y
contraindre nos ennemis avec gloire et advantage pour cette couronne, la
seule impossibilité de la conclure peult donner ouverture à l’aultre négoti-
ation , et en ce cas les Suédois mesmes seroient contrainctz à parler de la
trêve sur les propositions qu’en feroient les médiateurs. Cependant leur
ayant esté parlé dans le tempz que l’on a entamé la négotiation de la paix,
ilz pourront croire que nostre visée va plustost à cella-là qu’à celle-cy, que
nous y avons plus de disposition et que peult-estre nous la désirons en
premier lieu comme plus advantageuse que la paix mesme. Il sera donc à
propos de tesmoigner dans les rencontres sans affectation que nous n’avons
pas cette pensée et que nos souhaictz tendent tous à establir une paix seurre
et durable et d’une amitié sincère avec la couronne de Suède.
Ce qui s’est passé avec les plénipotentiaires de Suède touchant la prétention
qu’ilz tesmoignent avoir de n’estre pas engagez à la guerre contre l’ Espa-
gne , nous a extrêmement surpris, et on a esté estonné avec raison de tous
les discours qui ont esté tenuz ensuite de pouvoir faire la paix l’un sans
l’aultre séparément sans manquer à noz alliances. Sur quoy on est bien aise
de faire remarquer ausdictz sieurs plénipotentiaires que les sentimens de
deçà sont que quelque précaution que l’on pust prendre pour empescher
l’Empereur d’assister le roy d’Espagne au cas que la France fust contraincte
de continuer la guerre contre luy, ne paroistroit pas suffisante, puisque
l’Empereur et les aultres princes adhérens à la maison d’Austriche auroient
mille moyens d’assister ledict roy sans que nous pussions les convaincre de
l’avoir faict et quand mesme ilz exécuteroient avec sincérité ce à quoy ilz se
seroient engagez et qu’effectivement ilz refuseroient tout secours à l’ Espa-
gne , toutes les trouppes qui servent présentement l’Empereur passeroient
facilement en Flandres au service des Espagnolz, et ainsy nous aurions
receu le mal avant que noz alliez pussent apporter le remède convenable
lequel mesme seroit tousjours incertain. Non pas que l’on doubte que la
couronne de Suède refusast d’accomplir ce qu’elle auroit promis, mais parce
que l’Empereur ne manqueroit pas de raisons ou bonnes ou aparemment
plausibles pour justiffier de n’avoir en rien contribué à ce secours. Tout ce
que dessus faict juger que quand par le passé on auroit dit ce que les
ministres de Suède asseurent, que la France ne seroit pas beaucoup en peine
sy elle n’avoit affaire qu’aux Espagnolz sans que l’Empereur s’en meslast,
on ne debvroit pas pour cela inférer que nous eussions intention de
conduire la chose en ces termes, puisque pour les raisons marquées
cy-devant nous ne pouvons jamais bien prendre noz seuretez que l’Espagne
ne profitast des forces de l’Empire quand le repos y seroit estably. Sy les
ministres se Suède se contentoient d’alléguer les considérations de leur
advantage et de leur bienscéance et faisoient simplement instance que cette
couronne se portast à faciliter de son costé ce qui peult contribuer à les leur
faire remporter, on n’y treuveroit rien à redire chacun debvant essayer de se
procurer sa propre utilité pourveu qu’on ne se départe pas des moyens
permis et honnestes. Mais qu’ilz veuillent aujourd’huy soustenir de n’avoir
rien à faire dans la guerre contre l’Espagne et qu’ilz n’ayent pas cédé à des
raisons sy vives et sy concluantes que celles qui sont insérées dans la
dépesche, c’est une chose assez estrange et surprenante. Et à la vérité, ilz
auroient grand subjet d’estimer peu la conduicte du ministère passé de cette
couronne sy ilz avoient cru de l’engager à assister puissamment celle de
Suède et de faire la guerre à ses adhérens en Allemagne sans pouvoir
conclurre de paix que conjoinctement avec noz confédérez et qu’en
eschange ceux-cy ne fussent pas liez de la mesme obligation pour ce qui
regarde l’Espagne. L’union que la France a faicte avec la Suède a esté plus
pour se fortiffier contre l’Espagne que contre l’Empereur avec qui elle avoit
peu de choses à démesler et aussy l’Espagne est à nostre esgard ce que
l’Empereur est à l’esgard de la Suède. Les obligations des traictez sont
expresses et formelles de ne pouvoir rien conclurre avec l’un et avec l’aultre
que conjoinctement et d’un consentement commun et non seulement
nostre conduicte l’a bien tesmoigné leur donnant part sincèrement de
toutes les négotiations que les Espagnolz ont voulu introduire avec nous et
renvoyant le tout à Munster, mais leur procéder mesme a bien faict veoir
qu’ilz nous y ont cru obligez quand ilz ont pris sy souvent des jalousies que
nous ne traicttassions à Paris un accommodement particulier avec Espagne,
ce que néantmoins aujourd’huy ilz veulent mettre dans l’indifférence sur la
croyance peult-estre qu’ilz ont qu’il est plus malaisé à terminer que celuy de
l’Empire.
Il semble néantmoins qu’il n’est pas besoin de se mettre beaucoup en peine
sur ce subjet parce que les affaires du roy d’Espagne ne sont pas en estat
qu’elles puissent luy permettre de laisser conclure la paix à l’Empereur sans
qu’il y soit compris, quand mesme pour cela il debvroit céder à plusieurs
poinctz importans, et c’est la raison par laquelle on a mandé cy-devant qu’il
seroit à propos que les ministres d’Espagne en prissent des soupçons sur
quoy on s’explicqua assez au long au sieur de Saint Romain. Mais les
prétentions des ministres de Suède en une matière sy claire et hors de
doubte nous doibvent servir pour nous faire cognoistre que quand il est
question de leur intérest particulier, il n’y a chose imaginable qu’ilz ne
tentent et qu’ilz ne veuillent faire passer comme justes pour parvenir à leurs
fins.
Cependant il sera bien à propos de faire dans les occasions redire aux
ministres de Suède, ce que monsieur le chancelier Oxenstiern a avancé que
la France peult faire paix ou trêve avec l’Espagne sans que la Suède ayt
droict de s’en plaindre ny d’y treuver à dire, et en mesme temps il fauldra
donner part au sieur de La Thuillerie de tous les discours qu’ilz auront euz
sur ce subjet, affin que parlant des mesmes choses à la source et avec les
ministres principaux il voye s’il en aura les mesmes responces, affin de
pouvoir bien nous asseurer de leur volonté sur ce faict particulier et de leurs
véritables intentions.
Quant aux négotiations qu’a voulu introduire en cette cour le duc de
Bavières, Sa Majesté a fort approuvé la façon dont lesdictz sieurs plénipo-
tentiaires en ont donné part à ceux de Suède, elle leur faict seulement
sçavoir qu’il ne peult rien y avoir de sy faux que ce qu’on leur avoit donné à
entendre des deux voyages de ce confesseur, et de ce qu’il a laissé icy un
sien frère docteur de Sorbonne pour achever ce qu’il avoit commencé. On
n’a jamais ouÿ parler de rien de semblable, et ilz peuvent de nouveau
confirmer à qui il escherra, qu’il ne s’est pas dict un mot de part et d’aultre
dans cette affaire qui n’ayt esté fidellement escript ausdictz sieurs plénipo-
tentiaires pour en informer noz alliez. Pour ce que les ministres de Suède
ont dict que certainement ledict duc nous tromperoit et que peult-estre
depuis l’accident arivé au mareschal de Turenne ilz prétendront d’avoir esté
prophètes en ce jugement, il sera bien aisé de leur faire cognoistre que nous
aurions tort de nous plaindre dans ce malheur que ledict duc nous eust
trompez, puisque non seulement il ne nous avoit rien promis, mais que
nous avions rejetté absolument toutes ses promesses et les engagemens où il
offroit de se mettre, renvoyant tout à l’assemblée généralle. Sy le mareschall
de Turenne l’avoit espargné, s’il ne l’estoit point luy-mesme allé chercher,
s’il estoit demeuré au-deçà du Rhin sur l’espérance de ces négotiations ou
sur l’asseurance qu’il avoit de mettre en peu de jours son armée en bon
estat, il y auroit peult-estre lieu de dire que nous nous serions laissez
amuser mal à propos. Mais comme la chose s’est passée, nous n’avons qu’à
nous plaindre du sort des armes et de la conjuncture qui a voulu que l’on
ayt mieux aymé icy s’exposer au hazard de recevoir un eschec en passant le
Rhin avec une armée moins forte que celle de Bavières, parce que la nostre
n’avoit pas encores receu ses recrues, qu’en attendant quelque temps faire
d’un costé courir risque à monsieur Torstenson que l’armée de Bavières ne
luy tombast sur les bras, et de l’aultre laisser ce soupçon à noz alliez que les
négotiations qu’il avoit ouvertes avec la France ne nous fissent biaiser avec
luy et nous conviassent à l’espargner. Mais quelque grande que soit cette
disgrâce et quand elle devroit encor s’exposer à de nouvelles et plus
fascheuses, Sa Majesté ne changera jamais de résolution ny de maxime de
refuser plustost toute sorte d’advantages que de les recevoir ou se les
procurer sans la participation et le consentement de ses alliez. Pour
conclusion de cette matière, le bonheur qu’ont eu les armes de Bavières sur
celles du mareschal de Turenne, non plus que la résolution avec laquelle
monsieur le duc d’Anguien va d’en prendre sa revenche ne doibvent pas
empescher que sy on peult destascher ledict duc d’avec l’Empereur avec les
seuretez convenables pour l’observation de ce à quoy il s’engagera, on
n’embrasse la chose comme l’on eust peu faire cy-devant de la participation
tousjours et du consentement de noz alliez. La disgrâce arivée et le dessein
de s’en vanger doibvent seulement servir à ce que le duc de Bavière qui
nous verra en estat de le faire, craignant des événemens contraires facilite
d’aultant plus de son costé les satisfactions que nous pourrons désirer de
luy avec des seuretez solides.
Et certainement ce malheur comme lesdictz sieurs plénipotentiaires auront
sceu est desjà réparé en sorte par les soins extraordinaires que Sa Majesté en
a pris, qu’il y a grande occasion de juger que les armes de France seront
bientost plus à redoubter en ces quartiers-là, qu’elles n’estoient auparavant,
puisque l’on y envoye une grande armée soubz un chef de la qualité, de la
valleur et de la créance de monsieur le duc d’Anguien.
Zudem werden neue Truppen ausgehoben, wofür ja auch die Gesandten
Verhandlungen führen und die nötigen Gelder bereits erhalten haben. Schließ-
lich wird die Landgräfin von Hessen-Kassel mit ihren Truppen unsere Armee
unterstützen.
Sa Majesté a appris avec satisfaction particulière ce que les ministres de
Suède avoient dict touchant les négotiations de l’Escossois qui agist à
Londres de leur part. Il sera très expédient que l’on face en sorte de les
engager tousjours plus avant dans les mesmes bonnes dispositions et
promesses et d’escrire au sieur de La Thuillerie de travailler à cela de son
costé avec les aultres ministres de ladicte couronne. Et pour cet effect on
pourra mesme leur dire que Sa Majesté a treuvé à propos de donner part à
la reyne d’Angleterre qui est icy de tout ce que lesdictz plénipotentiaires de
Suède ont représenté aux siens sur ce subjet, affin qu’elle le face sçavoir au
roy son mary, et qu’il recognoisse la faulceté de ce qu’on luy avoit raporté
des négotiations de cet Escossois à son préjudice.
Sa Majesté recommande ausdictz sieurs plénipotentiaires de donner tous-
jours les meilleures parolles qu’ilz pourront à madame la Lantgrave et à ses
ministres ne perdant point d’occasion de les asseurer qu’ilz ont ordre de
Sadicte Majesté de protéger et avancer le bien et les intérestz de ladicte
dame plus que ceux de la France mesme.
Il n’eust peult-estre pas esté mal de traicter d’abord l’ambassadeur de
Brandebourg comme ceux des aultres électeurs taschant après dans les
conférences particulières de luy faire cognoistre les raisons pour lesquelles
son maistre ne debvoit pas refuser au Roy le tiltre qui luy est deub et
accordé par le plus grand nombre de ses collègues, sans entrer en cette
contestation dans la conjuncture présente. Car s’il n’en tombe d’accord
maintenant, nous aurons le désadvantage de ne pouvoir traicter avec luy
dont les ennemis proffiteront sans doubte. On estime donc à propos que
s’il y a lieu de le pouvoir faire avec dignité, après ce qui s’est passé on
accommode l’affaire sans rien promettre néantmoins pour ce qui est de
faire couvrir ses ambassadeurs devant le Roy, puisqu’on n’en use pas non
plus de la sorte envers les ambassadeurs des électeurs qui traictent le Roy
de Majesté.
Il n’est point parlé dans toute la dépesche desdictz sieurs plénipotentiaires
d’avancer la négotiation avec l’Espagne. C’est pourquoy pour monstrer que
tout marche esgallement et de mesme pied, il sera bon qu’en mesme temps
que l’on donnera la proposition commune avec les Suédois pour l’Empire,
on déclare à messieurs les médiateurs que l’on est tout de mesme disposé
pour ce que regarde l’Espagne d’entrer en matière et de traicter effective-
ment , sans pourtant entrer en aultre escripture pour les raisons mandées
par plusieurs despesches précédentes. En ce cas il fauldra se souvenir de
commencer par les affaires d’Italie et faire paroistre s’il est possible pour
leur oster tout soupçon que le choix de la matière ne vient pas tant de nous
que des médiateurs qui le proposeront, lesquelz estans Italiens et ministres
des princes plus considérables qui y soient ont intérest de veoir entamer les
affaires qui les regardent de plus près, d’aultant plus que la guerre a pris son
origine des mouvemens de ce pays-là.
Sa Majesté a approuvé le tempérament que lesdictz sieurs plénipotentiaires
ont pris pour contenter les ministres de Portugal qui sont à l’assemblée, et
est bien aise qu’on ayt treuvé moyen de les satisfaire. On envoye la
sauvegarde expédiée de Sa Majesté dont lesdictz sieurs plénipotentiaires
ont faict instance en faveur du comte de Vigenstein . Le Roy a jugé aussy
nécessaire d’informer lesdictz sieurs plénipotentiaires des mauvais traicte-
mens que la France reçoit aujourd’huy en toutes choses dans la cour de
Rome, soit dans les grâces continuelles que le pape faict chaque jour aux
Espagnolz en prévenant mesmes leurs demandes, soit en fortiffiant leur
party par la promotion des personnes seules qui s’y treuvent attachées ou
en deppendre [!], soit dans le peu de cas qu’il faict des instances de Sa
Majesté sur le faict du roy de Portugal, quoyque le pape y deust estre
convié et par la justice de la cause, puisque le Saint-Siège n’a jamais
accoustumé de refuser l’obédience des princes qui se treuvent en pocession,
et pour mortiffier les Espagnolz qui luy ont sy sensiblement perdu le
respect dans l’assassinat qu’ilz ont voulu faire du bon ecclésiastique, député
des Eglises dudict royaume, soit dans les affaires de Catalogne où par
l’entreprise des prestres et des moynes Sa Saincteté procure soubz main
tout ce qui peult estre advantageux à noz ennemis, soit dans l’affaire de
Beaupuy
Sieur de Beaupuis; er war 1643 Teilnehmer an der Verschwörung der Importants gewesen
und konnte nach deren Aufdeckung nach Italien fliehen. Zunächst hielt er sich in Florenz auf,
dann in Rom. Auf Ersuchen Grémonvilles wurde er inhaftiert, seine Auslieferung an
Frankreich lehnte die Kurie jedoch ab. Wegen Krankheit wurde er zeitweise aus der
Engelsburg in andere Gebäude verlegt ( Coville S. 61–64).
les mains de Sa Majesté, encore que par l’extraict que l’on a envoyé à Rome
authenticque tiré de son procès il paroisse évidemment qu’il a esté un des
principaux complices de la conspiration contre la personne d’un cardinal,
mais au contraire qu’on l’ayt osté du chasteau St. Ange pour le mettre en
une maison particulière, dans laquelle il aura grande commodité de
s’esvader, ou ceux qui appréhendent sa confession peuvent mieux treuver
les moyens de se deffaire de luy, ce qui paroist d’aultant plus estrange icy
que l’on n’eust pas jugé que les conspirateurs contre la vie des cardinaux
deussent treuver leur azile à Rome. Le Roy ne manquera jamais de bonne
volonté et de respect pour le Saint-Siège, mais à la vérité, si le pape ne
change de conduicte, Sa Majesté aura grand subject d’en estre mal satisfaic-
te , sur quoy lesdicts sieurs plénipotentiaires pourront prendre le temps de
s’estendre un peu au long avec monsieur le nonce Chisi et avec l’ ambassa-
deur de Venize et leur représenter les conséquences de la continuation de
ces meffiances et de ces justes subjetz de desplaisir.
Lesdictz sieurs plénipotentiaires doibvent estre advertiz que nous sçavons
que les ministres d’Espagne craignent extraordinairement que l’Empereur
ne reçoive le parti que la France et ses alliez vouldront luy faire pour avoir
la paix, d’aultant plus que le duc de Bavière et les aultres princes n’oublient
rien pour luy persuader de la conclurre à quelque prix que ce soit, mesme
sans y comprendre le roy d’Espagne. Il sera bon d’essayer de proffiter de la
conjoncture et d’en augmenter la peur aux Espagnolz, affin que de leur
costé ilz se portent plus aisément à la raison.
Lesdictz sieurs plénipotentiaires adviseront ensemble aux moyens qu’on
pourroit tenir pour gagner à nostre dévotion l’évesque d’Oznabrug, s’ilz
jugent que cela pust servir à noz intérestz. Les Espagnolz ne s’y espargnent
pas et n’y obmettent aulcune diligence. Il y a deux personnes auprès de luy
qui ont grande créance dans son esprit
Sa Majesté sera bien aise d’apprendre ce qu’en pensent lesdictz sieurs
plénipotentiaires, et y employera volontiers ce qu’ilz estimeront à propos.
L’oppinion quasy généralle que l’on a à Rome et à Venize du peu de
disposition qu’a la France à la paix contre ce qui est de la vérité, doibt
donner grand subjet de croire que messieurs les médiateurs y escrivent en
ce sens, puisqu’aultrement il seroit impossible qu’ilz ne destrompassent
ceux qui ont cette faulce créance. Il ne sera que bien que lesdictz sieurs
plénipotentiaires en facent une douce plaincte aux médiateurs et qu’ilz les
prient de ne refuser pas à la sincérité des intentions que Sa Majesté a pour
l’avancement du repos public d’en rendre tesmoignage partout où il
appartiendra.
fol. 213–218: Remarques faites par le conseil du Roy sur le project de la proposition
commune qu’on doibt bailler pour les affaires d’Allemagne, Paris 1645 Mai 30, Ausferti-
gung :
commune qu’on doibt bailler pour les affaires d’Allemagne, Paris 1645 Mai 30, Ausferti-
gung :
|:Sur le troisième article: Il semble à voir de prime abord la teneur de cet article que nous
demeurons desjà d’accord de faire un traitté particulier avec l’Empereur sans y compren-
dre l’Espagnol. Il est bien bon que les Espagnolz en ayent la peur affin qu’ilz se rendent
d’autant plus faciles à la paix générale, mais il reste encore à examiner s’il nous seroit
avantageux de conclurre un accommodement sans eux comme il en est parlé plus
amplement dans le mémoire du Roy. Le but principal doit estre et il doit paroistre en
cette façon dans l’article d’engager en sorte l’Empereur que la paix se concluant générale
avec luy et les Espagnolz si elle est après rompue par le caprice desdits Espagnolz
l’Empereur ne puisse les assister directement ny indirectement. C’est pourquoy la parole
‘cy-après’ semble devoir estre expliquée ‘après la paix conclue avec l’Empereur et le roy
d’Espagne’. Les Suédois dans cet article ont eu plustost l’adresse de pourvoir à ce que
l’Empereur ne puisse prendre part à la guerre de Dannemarck ny à celle de la Suède avec
la Pouloigne quand la trêve expirera, qu’ilz n’ont songé à nostre intérest à l’esgard
d’Espagne.
Sur le siziesme: Il semble que l’article des prisonniers comme il est conceu en la
proposition des Suédois estant plus général seroit meilleur disant seulement ‘en la forme
et aux conditions qu’il sera convenu’. Néantmoins il importe peu.
Sur le huitiesme: On représente à messieurs les plénipotentiaires qu’il est important que
messieurs les ministres de Suède ne puissent prétendre un jour que nous ayons agy de
mauvaise foy avec eux quand leur celant la véritable visée que nous avons eue en insérant
la dernière clause qui est de pouvoir favoriser le duc de Bavières selon la conduitte qu’il
tiendra, lesdits sieurs plénipotentiaires leur ont déclaré que nous n’avions autre but dans
cette clause que de nous asseurer de nostre rescompense particulière parce que deman-
dant la restitution de tout comme en 1618 nous nous engagerions tacitement de tout
rendre de nostre costé. Le tempéremment qu’on a pris seroit bon si on n’en devoit parler
qu’une seule fois et que la chose fust achevée, mais quand il faudra venir dans la discution
ilz auroient sujet de se plaindre que nous les avons surpris et déclaré formellement le
contraire à quoy il faut prendre garde s’il est possible.
Sur le neufviesme: Cet article à part où les affaires concernantz la religion sont réservées
fait voir que dans le précédent on n’a eu intention de parler que des politiques purement
et que par conséquent le restablissement de toutes choses comme en 1618 ne regarde que
le temporel. Sans cette considération qui est très importante on eust recommandé auxdits
sieurs plénipotentiaires de faire tous les effortz possibles pour ne point parler de la
religion laissant pourtant à leur disposition de le faire s’ilz n’eussent absolument peu s’en
deffendre. Il est seulement à remarquer que ce mot de ‘commune satisfaction’ peut estre
interprété en quelque fasson au désavantage de la religion catholique parce que la
pluspart des establissemens estant desjà faitz en sa faveur tous les changemens que l’on y
apportera quoyque d’un commun consentement ne peuvent que luy estre préjudiciables
et ainsy il se trouveroit qu’on pourroit prétendre que nous eussions faict instance d’oster
la religion catholique des lieux où elle est desjà establie et que mesme ce qui seroit bien
dur quand nous rendrions au Palatin ces places de ses Estatz qui sont entre nos mains ou
qui y peuvent tomber, ce seroit peut-estre pour en oster d’abord l’exercise de nostre
religion qui seroit tout ce qu’il pourroit prétendre s’il les eust reconquis par force ou
receues des Suédois.
Sur le dixiesme: Puisque les Suédois ne sont pas moins contraires que nous aux
Calvinistes il faudroit essayer s’il y a moyen de restraindre les avantages que lesdits
Calvinistes pourront tirer de la concession de cet article à ceux seulement de leur secte
qui se trouvent aujourd’huy alliez des deux couronnes.
Sur le trèziesme: Il semble qu’il ne soit pas nécessaire d’estendre cet article plus qu’il ne
l’est et de parler de ligue, cella devant estre remis quand on viendra à traitter en destail
des seuretez suffisantes pour l’observation de la paix.
Sur le quatorziesme: Il faut prendre garde que ce qui sera porté par cet article et les
demandes qu’on y fait ne contredisent pas le désintéressement que les ministres du Roy
ont professe de la part de Sa Majesté dans la proposition précédente qui a esté baillée aux
médiateurs quoyqu’à la bien prendre dans les termes auxquelz elle estoit conceue de
seuretez raisonnables et des véritables intérestz des princes et estatz de l’Empire nous
puissions entendre toutes les choses qui nous sont avantageuses telles que retention de
places, payemens de soldes à noz armées ou à noz garnisons et tous les autres que nous
pourrons tirer comme rejallissans notablement au bien de l’Allemagne et à l’avantage de
l’Empire et de tous les princes et estatz d’iceluy qui ont souffert la violence de la maison
d’Austriche et la doivent craindre à l’avenir si on n’y remédioit par ce moyen.
La fin de ce projet où il est parlé de la venue des deputez desdits estatz et princes à esté
trouvée très prudente et très à propos:|.