Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
64. Servien an Lionne Münster 1645 März 25
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Münster 1645 März 25
Eigenhändiges Konzept: AE , CP All. 50 fol. 391–392’, 390–390’, 393 = Druckvorlage.
Drängen der Schweden und der Reichsstände auf Fortführung der Verhandlungen; sichtbarer
Widerspruch zu d’Avaux’ Darstellung ihres Widerstandes gegen die Proposition Ia, in
Wahrheit Ablehnung dieser Proposition durch d’Avaux selbst. Interpretation des schwedischen
Drängens: Höhere Wertung der Übereinstimmung mit der protestantischen Partei und der
Führerschaft unter den Protestanten als der Gewinn eigener Vorteile aus dem Krieg.
Folgerungen für Frankreich: bisher Zusammenarbeit Frankreichs mit den Protestanten wegen
der gemeinsamen Interessen gegenüber dem Hause Habsburg; stärkere Anlehnung der Prote-
stanten an Schweden wegen der mangelnden französischen Unterstützung in Religionsfragen;
keine Möglichkeiten zur Vermeidung dieser Entwicklung: bei einem Bruch der Allianz durch
Frankreich stärkere Position der Schweden. Erfordernis einer schnellen Reaktion auf das
schwedische Drängen. Fehlbeurteilung der Lage durch d’Avaux. Militaria, Aushebungen.
Mögliche Abberufung d’Avaux’ oder Serviens. Zuversichtliche Beurteilung der Durchsetzungs-
möglichkeit der französischen Verhandlungsziele; Notwendigkeit der genauen Kenntnis dieser
Ziele; negative Wirkungen durch weitere Verzögerungen in den Verhandlungen.
Vous verrez par nostre dépesche commune et par la lettre de messieurs les
Suédois dont nous envoyons la copie , si monsieur d’Avaux a eu raison
cy-devant de dire qu’ilz voulloient différer les affaires non plus que les
députez qui sont auprès d’eux, s’il n’eust pas esté facile de leur persuader ce
qu’il eust voullu lorsqu’il fust à Osnabruc, et s’il n’estoit pas absolument
nécessaire de donner la proposition résolue à la cour, sans laquelle
messieurs les Suédois voulant avancer aujourd’huy nous rejetteroient aysé-
ment tout le blasme du retardement. Vous fairez, s’il vous plaist, remarquer
que c’est un des inconvénientz que j’avois préveus, et que le délay pris par
monsieur d’Avaux ne tendoit en effet qu’à suprimer entièrement ladicte
proposition de la cour à cause qu’elle n’estoit pas selon son goust n’y ayant
pas aparence que nous l’eussions peu donner lors que noz alliez en
présenteront de plus réelle et particulière. Je ne sçay quel artifice il pourra
employer contre des convictions si manifestes.
Cette résolution prise par les Suédois après le gain d’une bataille fait voir que
leur principal but est d’acquérir du crédit dans l’Allemagne où ilz sçavent que la
paix est encor plus désirée que leur avantage. Si les démonstrations qu’ilz font
de vouloir avancer et faciliter le traité sont véritables, il paroist qu’ilz estiment
plus avantageux pour eux de se retirer de la guerre avec l’affection des
Allemands que d’obtenir pour leur particulier intérest des conditions
favorables qui ne seront pas au gré de leurs amys et alliez. Cela pourroit faire
croire qu’ilz visent tousjours secrètement à devenir chefs du parti protestant et
à le tenir bien uni avec eux.
Il y a deux considérations à faire là-dessus, l’une si cet establissement nous
doit estre suspect, l’autre si les moyens que nous pourrions employer pour
l’empescher ne seroient point plus dangereux que le mal mesme. Jusqu’icy
les protestants d’Allemagne avoient tousjours regardé la couronne de
France comme leur principal appuy et presque l’unique qu’ilz pouvoient
avoir dans leurs malheurs. On a aussy tousjours creu avantageux pour le
bien de l’Estat de les protéger non pas par l’avancement de leur religion (au
contraire on n’a jamais oublié en traitant avec eux d’asseurer les intérestz de
la religion catholique), mais parce qu’on y peut treuver plus de constance et
de fidélité qu’aux autres princes qui sont presque tous engagez d’affection
ou d’intérest avec la maison d’Autriche, et que les conseils et les desseins de
cette maison ne sont pas moins à craindre pour les princes protestants que
pour nous et que la grandeur qu’elle affecte et qu’elle veut establir ne va pas
moins à les détruire qu’à ruyner la France. Il est vray qu’il seroit plus
avantageux à la France que ce parti n’eust liaison ny apuy que de son costé
pour le tenir dans une plus grande dépendance. Mais l’intérest de la religion
estant la passion dominante dans leur esprit comme nous ne pouvons pas
adhérer à toutes leurs prétentions de ce costé-là et qu’au contraire ilz nous
treuvent tousjours opposant aux préjudices qu’ilz veullent faire à la religion
catholique, il ne faut pas s’estonner s’ilz prennent plus de créance et
tournent plustost leur espérance du costé de ceux qui sont unis avec eux
autant par l’intérest de leur religion commune que par celuy de l’Estat.
D’en témoigner de la jalousie cela ne serviroit qu’à nous ruyner entière-
ment parmy les uns qui s’imagineroient aysément que nous le fairions par
la hayne de leur religion et à convier les autres de manquer peut-estre à la
confoedération que nous avons avec eux, que nous avons si grand intérest
qui soit observée fidellement de part et d’autre jusqu’à la conclusion de la
paix. D’ailleurs toute la jalousie que nous en pourrions avoir sans y aporter
de remèdes ne serviroit de rien et l’usage de remèdes seroit très périlleux.
Car de prendre quelque résolution qui rompist en quelque façon l’alliance
que nous avons avec la Suède, ce seroit luy donner un prétexte honorable
de faire ses affaires sans nous à quoy elle treuveroit une grande facilité
ayant les principaux gages entre les mains qui leur pourroient faire obtenir
des conditions avantageuses, principalement s’ilz se vouloient séparer de
nous leurs armes estans plus redoutées dans l’Allemagne que les nostres qui
n’y peuvent ny profiter beaucoup ny seulement subsister et la principale
animosité des ennemis estant plustost contre la France que contre la Suede,
soit à cause qu’ilz croyent que celle-cy n’agist que sur le mouvement que
nous luy donnons, soit à cause que ce n’est pas un establissement si puissant
et si redoutable que celluy que la France peut acquérir par une continuation
des prospéritez, soit à cause que ce n’est pas un ennemi dont on se puisse
vanger si aisément, outre que la mer les sépare et qu’ilz n’ont point de
forces maritimes, le rude climat, les afreuses forestz, les roches inaccessibles
de la Suède, sa sévérité et sa pauvreté font autant de peur aux soldatz qu’on
y voudroit envoyer que la douceur de l’air, la fertilité et la richesse des
provinces de France leur fait désirer qu’on les y conduise.
Si la Suède estoit sortie de cette guerre sans nous, il n’y a point de doute
que toutes les forces de l’Empyre en quelque estat qu’elles soient réduites
venant à se réunir contre nous, changeroient la face des affaires, nous
réduiroient à la simple deffensive et peut-estre nous raviroient en peu de
temps les fruitz et les avantages de cette longue guerre.
Je vous puis asseurer avec vérité qu’une des plus fortes raisons qui obligent
les Suédois de presser maintenant les affaires, est l’oppinion que monsieur
d’Avaux a voulu donner cy-devant qu’ilz les vouloient reculer et qu’ilz
s’estoient opposez à nostre proposition, ce qu’ilz ont tousjours désavoué.
Soit qu’ilz ayent effectivement envie d’entrer en matière comme ilz le
tesmoignent ouvertement, soit qu’ilz veuillent se laver en apparence du
blasme du retardement et nous le rejetter, soit qu’ilz veuillent mieux gagner
l’affection de toute l’Allemagne en faisant après leur nouvelle victoire une
démonstration si plausible, cela nous va donner de la peine sy nous ne
sommes promptement instruictz des volontez de la Reyne.
Monsieur d’Avaux est bien estonné de voir ariver presque en toute
rencontre le contraire de ses opinions. Il croyoit d’avoir gaigné les Suédois
et de les avoir porté contre moy. Il se treuve que je les ay entièrement
satisfaits et qu’ilz se plaignent de luy. Il soutenoit qu’ilz vouloient retarder
les affaires, et non seulement ilz le désavouent, mais ilz nous pressent
d’agir. Il disoit qu’en donnant nostre proposition nous empescherions les
députez de venir, et il se treuve que ceux qui sont arivez depuis ce temps-là
déclarent que leurs compagnons ne viendront point qu’on ne soit entré plus
avant en matière. Voylà comme il en arive en toutes choses à cause qu’il
mesle tousjours quelque ostentation ou quelque intérest particulier dans les
affaires publiques.
Les intelligentz croyent que monsieur de Turenne doit passer deçà le Rhin
s’il veut remonter sa cavalerie et refaire son armée après que la retraite des
Bavarois luy laisse le pays tout libre. L’on croid aussi qu’il ne faut pas
perdre une si favorable conjuncture de lever des estrangers. La chose est
aujourd’huy très facile, et comme elle sembloit impossible il y a un mois
elle peut devenir plus malaisée cy-après. Celluy qui se présente est
certainement homme de crédit et qu’on ne doit pas laisser prendre parti
ailleurs. Tout le monde asseure que c’est l’homme d’Allemagne qui peut
faire des troupes plus aisément.
Souvenez-vous s’il vous plaist qu’il seroit fascheux d’estre maltraité à la
cour pour avoir exéquuté les ordres de la Reyne. Monsieur d’Avaux dit
tousjours qu’il s’en va dans l’espérance qu’il a de me faire partir. Il a
cy-devant voulu mettre l’affaire au sort, mais il seroit bien rude de traîner
une femme et des enfantz pour aller servir ailleurs.
Si j’avois encor à demeurer icy quelque temps, je vous demanderois
confidemment de sçavoir au vray à quoy l’on incline. Je me souviens de ce
que vous m’escrivistes il y a quelque temps, nous fairons prendre aisément
aux affaires le train qu’on souhaitera, soit pour avancer en effet ou reculer,
mais il faudra désormais que ce soit dans les conditions particulières que
nous tenions ferme. Je vous suplie que je sçache les intentions de Son
Eminence et nous treuverons bien les moyens de les faire réussir sans qu’on
nous en puisse donner le blasme. Mais si nous voulons contenter les
Allemands, quoy que nous puissions demander pour l’avantage du Roy ne
les choquera pas tant que de ne rien faire icy et ne point traiter. Il vaut
beaucoup mieux comme j’ay dit rompre ou tenir ferme sur les conditions.
Chacun juge que nous pouvons tout demander.