Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
17. Memorandum Ludwigs XIV. für d’Avaux und Servien Paris 1645 Januar 21
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Paris 1645 Januar 21
Ausfertigung: AE , CP All. 54 fol. 42–53’ = Druckvorlage = Beilage zu nr. 16; Eingang: 1645
Januar 31 . Konzept Lionnes: AE , CP All. 43 fol. 89–90’, unvollständig. Kopien: AE , CP All
50 fol. 101–105; AssNat 274 fol. 69–74’. Druck: Nég. secr. II,2 S. 29–31; Gärtner IV S.
227–238 mit Mazarin als Absender.
Eintreffen der erneuerten spanischen Vollmacht; Verzögerung der Anreise der spanischen
Gesandten; Paß und Geleit für Peñarandas Reise durch Frankreich; Abreise Longuevilles.
Mission d’Estrades’ zu den Generalstaaten; Gewährung des Exzellenz-Titels und der Oberhand
für deren Gesandte; gleiche Ehren für den Gesandten Savoyens. Zurückweisung der Vorwürfe
der Mediatoren wegen der Verzögerung der Verhandlungen; kein weiteres Warten auf die
Vertreter der Reichsstände. Vorteile für Schweden aus den französisch-polnischen Kontakten
und aus der Heirat des polnischen Königs mit einer französischen Prinzessin; Bemühungen
Frankreichs um enge Zusammenarbeit mit Schweden; Unsicherheit über den Inhalt des
schwedischen Bündnisangebotes an das Parlament von England. Beförderung der Interessen der
katholischen Religion von seiten Frankreichs als Ausgleich zu gleichen Bemühungen des Kaisers
und Spaniens; Begründung der Notwendigkeit französischer Zusammenarbeit mit katholischen
Reichsständen trotz schwedischen Mißtrauens.
Le nunce et l’ambassadeur de Venize résidents en cette cour sont venus
donner part au Roy que les pleinspouvoirs d’Espagne sont arrivez en la
forme qu’ilz avoient esté ajustez à l’assemblée générale sans y avoir changé
aucune parole que pour nommer leurs plénipotentiaires. La nouvelle en est
arrivée par le retour d’un courrier du Grand-Duc , qui estoit allé à Madrid
sur la promotion du cardinal de Medicis .
Un |:discours que fit Monsieur le Cardinal fit [!] il y a quelque temps audit
sieur nunce a produit enfin l’effet que l’on en pouvoit attendre du costé des
Espagnolz. Il luy tesmoigna qu’on avoit grande peine à se pouvoir persua-
der que le roy d’Espagne eust aucune disposition à la paix, puisqu’ayant
nommé pour y envoyer des personnages de grande qualité qui avoient eu le
maniement de ses plus importantes affaires et en qui il avoit toute
confiance comme Don Francesco di Mello
et le duc de Medina de las Torrez on ne voyoit pas qu’aucun d’eux ny aucun
autre de la mesme considération pensast à se rendre à l’assemblée quoyque
de ce costé-cy on eust tousjours déclaré que monsieur de Longueville
partiroit pour s’y acheminer aussytost que l’on sçauroit quelqu’un d’eux en
chemin, ny ayant guères d’apparence que le roy d’Espagne confiast aux
seulz ministres qu’il y a aujourd’huy la négotiation de la plus importante
affaire qui se soit présentée depuis plusieurs siècles pour l’intérest de sa
couronne ny que il prétendist par leur seul ministère conclure la paix:|.
Il est donc vraysemblable que cette remonstrance faite |:au nunce ou
peut-estre ce qui seroit encores mieux la résolution que des personnes fort
sensées escrivent de Madrid que le roy d’Espagne a prise de faire la paix en
toutes façons voyant bien qu’il ne luy reste plus d’autre resource pour
rendre sa condition meilleure et arrester une plus grande décadence de ses
affaires que celle d’un accommodement l’ont obligé enfin à déclarer au
nunce
Medina de las Torres s’en alloit à Munster mais parce qu’il devoit prendre
un plus grand tour et passer par Rome pour rendre l’obéissance au
Saint-Siège afin que sa demeure ne préjudiciast en rien à l’avancement de la
négotiation il avoit nommé aussy pour ses plénipotentiaires le duc de
Pennaranda, seigneur de grande qualité dans le royaume, et monsieur
l’évesque de Bois-le-Duc :| et parce qu’il avoit ordonné audict duc de partir
au 20 e du courant monsieur le nunce aiant fait instance d’un passeport pour
luy Sa Majesté le luy a aussytost envoyé sur les frontières par un gentil-
homme qui a ordre de l’accompagner dans le royaume
eu cette nouvelle on a dépesché un courrier en Normandie à monsieur le
duc de Longueville pour le faire venir à la cour, affin qu’il s’appreste pour
partir au commancement de mars.
Sa Majesté aiant fait meurement examiner dans son conseil les prétentions
de messieurs les estatz des Provinces-Unies des Pais-Bas touchant le
traitement de leurs ambassadeurs
dans les conjonctures présentes de consentir pourveu que les ambassadeurs
de Messieurs les Estatz fassent la première visite aux plénipotentiaires de
France, que ceux-cy leur donneront la main et le titre d’Excellence. Il est
vray que pour l’accompagnement le Roy voudroit qu’il y eust quelque
différence ce que l’on se promet que Messieurs les Estatz mesmes trouve-
ront bien juste:|. Le sieur d’Estrade que l’on a envoyé depuis peu en
Holande pour concerter avec monsieur le prince d’Orange les desseins de la
campagne prochaine pour le porter s’il est possible |:à faire quelque
diversion présentement dans la Flandre et dans le Brabant afin d’oster aux
ennemis la pensée et le moyen d’attaquer le fort de Waten à quoy ilz
semblent se préparer, pour procurer entière satisfaction à madame la
Landgrave dans les affaires d’Ostfrize, pour faire cognoistre audit sieur
prince les artifices dont usent continuellement les Espagnolz pour nous
désunir:| en nous donnant à chacun |:des jalousies de quelque traitté
secret:| et pour plusieurs autres choses plus ordinaires concernants le
service de Sa Majesté, a aussy ordre de communiquer à monsieur le prince
d’Orange ce qui s’est résolu en faveur des députez de Messieurs les Estatz
qui seront envoyez à l’assemblée, |:le luy faire extrêmement valoir et luy
donner le mérite auprès de Messieurs les Estatz de leur avoir procuré cet
avantage affin que ce motif et la restitution qu’on fait à son instance de
certains vaisseaux pris sur eux dans la mer Méditerrannée luy puisse donner
plus de crédit pour les obliger à faire quelque grand effect cette campagne
et les porter à condescendre à d’autres choses que nous pouvons souhait-
ter :|. Il est |:vray que sur le point de l’accompagnement on n’a donné
aucuns ordres audit sieur d’Estrades à son départ, on luy en escrit en cette
conformité par l’ordinaire d’aujourd’huy:| et lesdictz sieurs plénipotentiai-
res pourront aussy de leur costé luy mander tout ce qu’ilz jugeront à propos
tant sur cette matière, que sur toutes les autres qui regarderont leur
ministère et le service du Roy. On |:leur fera seulement sçavoir que l’on
n’estime pas icy sur ce point d’accompagnement qu’il fallust rompre:|.
Il a esté |:aussy résolu par le Roy dans son conseil que l’on fera tout le
mesme traittement aux ambassadeurs de Savoye, qu’à ceux de Holande sans
aucune différence, le Roy désirant mesme particulièrement que l’on face
estat du marquis de Saint Maurice qui va remplir cette place:|, non
seulement pour estre ministre de madame de Savoye |:mais pour l’affection
et l’attachement qu’il a tousjours eu à cette couronne à laquelle il pourra
rendre service en beaucoup de rencontres que lesditz sieurs plénipotentiai-
res se pourront prévaloir de son entremise:|.
Le motif que lesditz sieurs plénipotentiaires ont eu pour garder la modéra-
tion qu’ilz ont fait avec les médiateurs dans les reproches que ceux-cy leur
font incessamment pour rendre la France coupable des longueurs du traité
|:sont [!] considérables:|, néantmoins |:on ne juge pas expédient de se
laisser mettre le pied sur la gorge ny de supporter davantage le procéder du
Contarini s’il continuoit à parler avec la hauteur et la véhémence qu’il a
commencé. Il faut considérer que les Vénitiens sont fort avantageux en leur
manière de négotier quand on les souffre et que parmy eux peut-estre n’y
en a[-t-]il pas un qui s’emportast que monsieur Contarini si on le laisse
faire:|. En |:outre recevant avec tant de modération tous ses reproches il
sembleroit que l’on fist bonne la cause des ennemis. Il pouvoit bien en
avoir qui y sont en quelque chose de ce qu’il disoit, mais ce n’est pas aux
médiateurs de décider et il n’y a point de qualité moins propre pour eux
que celle de s’emporter et porter trop violemment les raisons des parties:|.
Ilz doivent estre le symbole de la patience, |:cependant il semble:| que
|:celuy-cy se plaigne et s’inquiette de ce que tout n’est pas desjà conclu:|.
Les conditions qui leur conviennent davantage sont celles d’estre souples,
plians, accommodants, faire valoir à chacune des parties les raisons de
l’autre, non comme siennes propres, mais comme leur aiant esté dites, si
bien que quand ilz sortent de ces termes ilz ruinent l’essence de la
médiation |:et donnent juste sujet de se plaindre d’eux. Monsieur le
Cardinal en a dit quelque chose en passant à cet ambassadeur luy
tesmoignant que le Roy et son conseil n’avoient pas trouvé fort bon tant de
chaleur qu’a tesmoignée monsieur Contarini dans la dernière conférence
qu’il a eue avec les plénipotentiaires:|. S’il |:allègue d’estre libre il faut qu’il
uze de ses libertez dans sa patrie, non pas avec des ministres du Roy qui ne
sont pas obligez de souffrir ce qu’on luy pourroit souffrir à Venize:|.
Ce n’est pas qu’il faille obmettre aucune diligence pour gagner à nous les
médiateurs n’y ayant rien au monde qui puisse apporter tant d’avantage
dans une négotiation de paix que de les avoir favorables mais elles ne
doivent pas aller si avant qu’il leur soit permis de ne se pas contenir dans
leur devoir:|. Et comme il n’y a rien qui puisse plus donner moyen auxdictz
sieurs plénipotentiaires |:de les acquérir:| que d’y agir de concert, et avec
une telle union que l’un ne puisse avoir jalousie de l’autre des soings qu’ilz
en prendront ensemble ou séparément ainsy que la conjuncture le portera,
Sa Majesté recommande autant qu’elle peut auxdictz sieurs plénipotentiai-
res de s’y conduire de cette manière avec le mesme esprit, et tesmoigner en
toutes rencontres que l’un approuve les sentiments de l’autre, et que la
satisfaction et le desplaisir est tousjours esgal en touts les deux selon les
sujects qui s’en présentent.
On |:n’estime pas icy qu’il faille plus longtemps attendre les députez des
princes et estatz de l’Empire. Messieurs les plénipotentiaires de Suède
doivent ce semble estre satisfaitz de ce qu’on a fait sur ce sujet d’autant plus
que le retardement d’entrer dans les matières de la paix peut préjudicier
dans le monde aux deux couronnes alliées contre lesquelles les ennemis
communs taschent d’animer toute la chrestienté:| comme estants celles qui
vont disent-ilz mandiant des prétextes pour esloigner la paix.
Il semble aussy que les raisons que lesdictz sieurs plénipotentiaires ont
desduites pour prouver l’utilité de la proposition qu’on pourroit faire de
remettre les choses en Allemagne comme en 1618 |:perdent leur force
puisqu’on devoit y adjouster deux articles pour les intérestz de la couronne
de Suède, outre que celles qui ont desjà esté mandées contre cette
proposition, semblent assez pressentes pour entrer dans la négotiation par
une autre ouverture:|.
On |:n’estime pas que le roy de Poloigne faisant instance pour nous obliger
à proposer son mariage avec la reyne de Suède qu’il demeure d’accord ne
pouvoir réussir, ayt la pensée de chercher un prétexte pour rompre la trêve
puisque ce refus qu’il prévoit ne luy en donneroit point d’occasion n’y
ayant aucun article de laditte trêve qui porte nécessité dudit mariage quand
l’occasion en arriveroit par la mort de la feue reyne de Pologne et en cela
aussy nous ne pouvons estre suspectz à la couronne de Suède ny leur
donner aucun sujet de jalousie, mais plustost d’acquérir prez d’eux un
nouveau mérite quand on leur représentera que de crainte que noz ennemis
communs n’eussent le moyen de porter le roy de Pologne à faire quelque
rupture avec la Suède pendant les occupations des guerres qu’ilz ont en
Allemagne et en Dannemarch, on a tasché de tesmoigner au roy de
Poloigne l’estime qu’on faisoit de sa personne, on a escouté toutes les
propositions qu’il a faittes et on s’est chargé mesme de faire celle du
mariage, non pas pour prier ny persuader la reyne et les régens d’y
consentir, mais seulement pour donner une satisfaction au roy de Poloigne
qui ne nous couste rien puisque Sa Majesté ne désire en cela et en tout autre
intérest que peut avoir la Suède avec le roy de Poloigne que l’avantage, le
contentement et la satisfaction de la couronne de Suède. Enfin il est certain
que tout consiste en la façon et l’adresse de porter les choses de part et
d’autre. Mais si nonobstant toutes ces raisons qui semblent démonstratives
lesditz sieurs plénipotentiaires recognoissoient quelque chose au contraire
dans l’esprit des ministres qui sont à Osnaburg, il sera à propos de s’y
conduire en sorte qu’il n’en puisse arriver aucun inconvénient au service de
Sa Majesté. Quand au mariage du roy de Poloigne avec la princesse Marie
de Mantoue ou quelqu’une des autres princesses qui sont en France on
croid que les Suédois jugeront comme nous que ce leur seroit un grand
avantage qu’il fust plustost marié icy que par le moyen de la maison
d’Austriche, pouvant bien en estre asseurez que par toutes raisons la France
n’embrasseroit pas moins tous leurs intérestz, comme elle auroit aussy plus
de moyen en main de les porter au but qu’ilz peuvent désirer par l’authorité
et la créance que prendroit la reyne de Pouloigne dans l’esprit de son mary
et dans tout le royaume:|.
Il |:n’y a rien que Sa Majesté ne face pour conserver une parfaitte et
indissoluble union avec la couronne de Suède dont il semble qu’ilz ne
doivent jamais douter après les scrupules que nous observons mesme aux
moindres choses dans nostre conduitte, mais il faut prendre garde que nous
pouvons avoir un intérest particulier en Allemagne différend du leur qu’il
faudra en toutes rencontres mesnager avec grande adresse. Il est assez aisé
de voir dans leur procédé qu’un de leurs butz principaux c’est de procurer
tous les avantages possibles pour leur religion et qu’ilz feront souvent servir
les autres matières à celles-là se tenans fermes ou se relaschans plus ou
moins selon que cet intérest le requérera et c’est la grande jalousie qu’ilz
auront tousjours que la France ne veueille favoriser le duc de Bavierès et les
autres catholiques quoyque cela puisse rejaillir à l’avantage de cette cou-
ronne et de tous ceux qui ont intérest à la diminution de l’authorité de
l’Empereur et de la maison d’Austriche. Nous avons mesme quelques avis
qui portent que l’envoy qu’ilz ont fait en Angleterre d’un gentilhomme
exprez
avec des clauses très préjudiciables à la religion catholique. Nous ne
sçavons pas si la chose est véritable et lesditz sieurs plénipotentiaires
pourront adroittement s’en enquérir sur les lieux, mais comme l’intérest de
Sa Majesté est bien d’empescher que la maison d’Austriche soubz prétexte
de la religion catholique ne s’agrandisse par la despouille des princes qui en
professent une contraire, à qui pour cela il semble que leurs Estatz n’en
appartiennent pas moins, la piété aussy de Sa Majesté la doit convier de
faire toutes les choses possibles pour l’advantage de la vraye religion, ce qui
sera de la suffisance et d’extérité desditz sieurs plénipotentiaires de
promouvoir en toutes rencontres autant qu’il se pourra.
On peut adjouster que les Suédois peuvent concevoir jalousie de ce que l’on
pourra faire d’avantageux au duc de Baviéres et aux autres princes catho-
liques parce que la France les obligeant et pouvant ensuitte espérer de leur
gratitude qu’ilz embrasseront les intérestz de cette couronne, ilz pourroient
soubçonner que nous fussions pour former un party dans l’Allemagne par
le moyen duquel nous n’eussions pas tant à faire du leur en quoy lesditz
sieurs plénipotentiaires sçavent bien les intentions du Roy qui sont d’estre
en paix et en guerre dans une parfaitte union avec la couronne de Suède.
Dans la pensée que les couronnes alliées ont de faire tout leur possible pour
remettre les affaires d’Allemagne en estat que l’Empereur n’ayt pas plus
d’authorité qu’il ne luy en appartient il faut nécessairement que le duc de
Bavières et les princes catholiques esgalement avec les protestans jouissent
de l’effet de cette diminution et c’est une forte raison pour faire cognoistre
dans les conjonctures qui s’offriront à messieurs les ministres de Suède que
dans le dessein que nous avons, la Suède aussy bien que la France est
obligée à s’employer pour l’avantage des uns et des autres affin que
l’authorité que l’Empereur tasche de s’attirer estant partagée les choses se
réduisent à l’estat que l’intérest commun nous oblige de désirer:|.