Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
13. d’Avaux und Servien an Mazarin Münster 1645 Januar 14
Münster 1645 Januar 14
Ausfertigung: AE , CP All. 43 fol. 46–65 = Druckvorlage. Kopie: AE , CP All. 46 fol. 32–44’.
Konzept eines Kopisten Serviens mit Zusätzen d’Avaux’: AE , CP All. 50 fol. 84–97’. Druck:
Nég. secr. II, 2 S. 19–25; Gärtner IV S. 150–177.
Änderung der Scheindeklaration wegen schwedischer Vorbehalte. Verzicht auf die offene
Vertretung bayerischer Belange im Interesse einer störungsfreien Zusammenarbeit mit Schwe-
den ; Gerüchte über französisch-bayerische Verhandlungen; Abhängigkeit der bayerischen
Politik von Verwandtschaftsverhältnissen und von der militärischen Lage. Zu erwartende
Abneigung der Reichsstände gegen die Territorialforderungen der Kronen. Besprechung der
Proposition II mit Oxenstierna: Wiederherstellung des Friedens, Einschluß aller Verbündeten
beider Parteien, Normaljahr 1618, allgemeine Amnestie, Friedenssicherung; Erstattung der
Kriegskosten der Kronen. Vorschlag einer Liga der italienischen Staaten durch Frankreich;
propagandistischer Nutzen der Restitutionen an Savoyen. Eröffnung der Verhandlungen mit
Spanien mit den italienischen Fragen; Salamanca; Ausbleiben der erneuerten spanischen
Vollmacht. Verhandlungen der schwedischen Gesandten mit Peschwitz ohne Information der
Franzosen. Verzweifelte Situation der Flamen. Truppenaushebungen. Charakteristik Salvius’.
Mögliche Trennung von Reich und Spanien; Friede mit dem Kaiser, Waffenstillstand mit
Spanien auf 20 Jahre; Verbot kaiserlicher Hilfe für Spanien. Gründe gegen eine Beilegung der
Auseinandersetzungen in Italien vor dem allgemeinen Friedensschluß. Vorläufiger Verzicht auf
die Forderung nach Pässen für die Gesandten Portugals. Drängen der bayerischen Gesandten
auf Waffenstillstand im Reich; Ablehnung der Einberufung eines Reichstages durch den
Mainzer Kurfürsten. Bericht Chigis an die Kaiserlichen über die Streitigkeiten zwischen
d’Avaux und Servien und über eine Unterredung mit St. Romain.
Dank für nr. 331,333. Pour y respondre par l’ordre qu’il a pieu à Vostre
Eminence de tenir en nous les escrivant, nous avons bien compris les
puissantes raisons pour lesquelles Vostre Eminence n’estime pas que
lorsqu’on |:entrera plus avant en matière avec noz parties il faille faire la
demande que l’un de nous avoit proposée de remettre toutes choses dans
l’Allemagne au mesme estat qu’elles estoient en l’année 1618, moyennant
quoy Sa Majesté aussi de son costé offriroit d’en retirer ses armes et
restituer toutes ses conquestes:|. A la vérité celuy de nous qui estoit de cet
advis avoit cru d’abord que la difficulté se rencontroit seulement sur la
|:seconde clause de restituer les conquestes et retirer les armes de France:| à
quoy quand Vostre Eminence n’eust pas trouvé les inconvéniens qu’elle y a
si prudemment remarqués |:les ministres suédois ont tesmoigné de leur part
si peu de disposition de vouloir faire la mesme chose que nous n’eussions
pu la faire seulz contre leur advis, ayant tousjours cru que pour produire un
bon effect dans l’esprit des Allemandz il falloit qu’elle fust faicte de la part
des deux couronnes, sans quoy elle eust paru de nostre costé plus accom-
pagnée des tentations que de solidité et plus apparente qu’effective:| outre
que comme Vostre Eminence remarque très prudemment tout l’effet fût
directement tumbé sur |:noz alliez ausquelz en diverses propositions
d’accommodement les Impériaux ont tousjours faict espérer quelque
récompense particulière:|. Mais en la forme que nous l’avions de nouveau
concertée avec monsieur Oxenstiern et dont nous avons rendu compte par
noz despêches précédentes, c’est-à-dire sans y adjouster cette seconde
clause, nous avions estimé tous deux que beaucoup de raisons nous
obligeroient de la faire dont les principales ont esté remarquées dans celle
du 7 e de ce mois , et qu’il n’y avoit aucun inconvénient à craindre pourveu
qu’on y apportast les précautions dont nous avions convenu ensemble |:qui
sont de demander en mesme temps la satisfaction réelle des deux couron-
nes et une seureté suffisante pour l’exécution du traicté:|.
Ces deux conditions nous donnant moien aux uns et aux autres de
mesnager ce qui nous seroit nécessaire et avantageux en particulier sem-
bloient remédier à tout ce que l’on avoit pu craindre |:excepté aux
appréhensions et aux mescontentemens qu’en pourra prendre monsieur le
duc de Bavière dont Vostre Eminence recognoist avec très grande raison
qu’on doibt tascher de mesnager l’esprit pour les grands advantages que la
France en pourra recevoir:| soit pendant la durée de la guerre soit dans le
cours de la négotiation.
Ce n’est pas néantmoins, Monseigneur, une considération qu’on puisse
alléguer aux Suédois, non seulement elle |:ne les toucheroit pas de la mesme
sorte que nous mais elle y produiroit un effect bien contraire à nostre
intention et à noz intérestz, ce prince ayant tousjours esté le principal
object de leur jalousie et de leur animosité, ilz pourroient aisément estre
portez par leur meffiance naturelle à croire que nous aurions à leur
préjudice quelque engagement secret avec luy, et:| ne manqueroient pas de
se confirmer dans cette fausse créance |:s’ilz voyoient que de peur de luy
desplaire nous refusassions de faire une proposition qui a tousjours esté le
but de nos armes communes dans l’Allemagne. Les Espagnolz ne taschent
desjà que trop de leur donner des ombrages de ce costé-là, cognoissans que
c’est leur foible, et:| peut-estre est-ce le principal prétexte dont ils se sont
servis pour les faire |:entendre à la négotiation qu’ilz font mesnager par le
docteur Kran et le baron de Peschvitz :|.
Nous sommes obligés à ce propos d’avertir Vostre Eminence que tous les
espritz de deçà sont tellement préoccupez de cette opinion que |:le duc de
Bavière panche du costé de la France, et qu’il a desjà une négotiation sur le
tapis bien advancée entre luy et nous, qui se mesnage par la voye de Rome
que non seulement messieurs les médiateurs nous en ont parlé en termes
assez intelligibles, mais nous sçavons que les Impériaux et les Espagnolz
encore plus qu’eux en sont en très grande alarme:| ce qui nous donne lieu
de représenter à Vostre Eminence qu’ilz ne manqueront pas de faire
|:donner cet advis aux Suédois et que nous avons très grand intérest d’éviter
dans nostre conduicte tout:| ce qui pourroit le moins du monde contribuer
à les |:nourrir dans ce soupçon lequel:| nous aurons assés de peine d’effacer
de leur esprit |:mesmes en faisant toutes les choses qu’ilz désireront de nous
en exécution des traictez d’alliance:|.
Nous ne croions pas pour cella, Monseigneur, qu’il soit à propos de
|:mespriser monsieur le duc de Bavières. Nous faisons bien estat de le
mesnager avec soing quand ses députez seront icy, et d’en tirer advantage
pour:| les intérestz de la France, |:mais nous croyons que Vostre Eminen-
ce :| jugera nécessaire dans une occasion où il faudroit |:prendre party de
l’offenser ou de désobliger les Suédois que nous travaillions plustost à
conserver les amis anciens et asseurez dont les intérestz sont joinctz et:|
communs avec les nostres |:qu’à acquérir un amy nouveau et dont l’ affec-
tion ne peut jamais estre que doubteuse puisque sa naissance, la situation de
son Estat, ses alliances et tous ses intérestz sont joinctz avec ceulx de noz
ennemis, et que:| selon nostre foible sentiment il est très malaisé de |:se
promettre une amitié constante et sincère d’un prince sage et advisé, qui se
croyant sur le bord du tombeau et ses enfans dans un bas aage :| connoist
qu’inévitablement ils doivent tomber |:après sa mort entre les mains et
soubz la tutelle de nostre ennemy, contre lequel par conséquent:| il n’y a
pas apparence qu’il |:se déclare jamais en nostre faveur:|.
Nous estimons mesmes puisque Vostre Eminence nous a commandé de luy
parler avec liberté que le moien le plus asseuré de |:ranger ce prince à la
raison est de le presser vivement par les armes et dans la négotiation. Il est
trop prudent et dans un aage trop advancé pour prendre jamais un conseil
de désespoir qui le puisse porter à sa ruine, au contraire si le bien de ses
affaires le contraignoit jamais d’abandonner la maison d’Austriche pour se
joindre à nous:| il y a apparence que |:la qualité de prince de l’Empire, et de
beau-frère de l’Empereur ne luy permettant pas de changer volontairement
le party, il ne debvroit pas trouver mauvais qu’on luy en fournist un
honneste prétexte et:| qu’on luy donnast moien de faire voir que pour
éviter sa perte il auroit esté forcé par la nécessité de prendre cette
résolution.
Certes, Monseigneur |:la partye de la France semble estre si bien faicte dans
ceste guerre qu’on n’a besoing tandis qu’elle durera que de continuer à
jouer comme on a faict, et tenir toutes choses en l’estat où elles ont esté
jusques icy. Il seroit peut-estre périlleux d’y apporter le moindre change-
ment dans l’ordre des affaires qui ont si heureusement réussy depuis dix ans
et:| il y auroit beaucoup · de |:subject de craindre de s’affoiblir plus
notablement d’un costé qu’on ne pourroit se fortiffier d’un autre:| ce qui
nous fait croire que |:toutes les liaisons que l’on pourra prendre avec
monsieur le duc de Bavière du consentement des Suédois et:| par leurs avis
seront très utiles. Mais que pour |:l’obliger et le gaigner en particulier nous
perdrions plus que nous ne gaignerions si les Suédois en prenoient
ombrage, parce qu’enfin ilz pourroient nous prévenir et faire leurs affaires
sans nous:| à quoy ilz trouveroient toute sorte de facilité et pourroient
mesme |:alléguer que nous leur aurions donné un prétexte de nous faire
cette infidélité quoyqu’en effect nous n’y eussions pas pensé. Monsieur le
duc de Bavière ne peut s’offenser avec raison que l’on fasse d’abord une
demande générale quoyque l’effect aille en quelque façon contre luy, à
laquelle nous sommes obligez par les traictez d’alliance avec la couronne de
Suède et:| par tous les discours et manifestes qui ont esté publiez depuis la
naissance de cette guerre. |:Il est trop intelligent pour ne cognoistre pas que
nous ne ferons cette instance que pour nous acquitter de nostre parole
envers noz alliez, et nous tirer avec honneur de l’engagement où nous
sommes:|. Si mesme on jugeoit que la chose |:luy deubst estre d’abord trop
sensible:| on pourroit la faire |:adoucir par l’espérance qu’on luy feroit
donner secrettement en mesme temps d’y mesnager ses intérestz pendant le
cours de la négotiation selon qu’il nous en donneroit subject et qu’il:| se
rendroit |:favorable aux nostres:|. Il vaudroit encore mieux recourir à cette
précaution que |:d’obliger les Suédois dès l’entrée du traicté par le refus
d’une proposition juste à rechercher trop soigneusement:| les raisons
|:pourquoy nous ne voulons pas demander conjoinctement avec eulx une
chose pour laquelle nous avons pris conjoinctement les armes:| mais si on
se peut passer de |:faire sitost cognoistre cette intention au duc de Bavière
et de luy mettre en main de quoy ruiner le crédit que le Roy s’est acquis
parmy les princes et estatz de l’Allemagne ce sera le plus seur:|. Tant s’en
faut qu’on doive |:croire qu’en faisant cette demande générale monsieur le
duc de Bavière se puisse rebuter et perdre entièrement les bonnes disposi-
tions qu’il a faict paroistre pour la France, dont toutesfois il ne s’est jamais
bien expliqué que lorsque ses affaires ont esté en mauvais estat et que les
nostres ont prospéré dans l’Allemagne. On:| peut espérer avec quelque
apparence de raison que |:plus il se verra pressé par les armes et dans la
négotiation, plus il donnera de bons effectz et affin de ne ruiner pas ses
affaires se rendra favorable aux intérestz particuliers des deux couronnes
pour acquérir l’amitié des victorieux:| et tascher par leur moien de mettre
|:les siens à couvert:| ce qui nous ouvrira le chemin de |:faire cognoistre aux
Suédois que ce prince leur peut estre utile:| aussy |:bien qu’à nous et:| ainsy
l’envie qu’ilz ont par-dessus toutes choses de trouver leur compte les
conviera |:peut-estre de procurer avec nous celuy du duc de Bavière:|.
Nous ne disons pas cela sans quelque fondement puisque monsieur |:le
baron Oxenstiern concertant avec nous l’ordre qu’il faudra tenir en nostre
seconde proposition:| est demeuré d’accord que la composant comme nous
l’avons résolu sous le bon plaisir de la Reyne de divers articles |:et y meslant
ceux où les deux couronnes ont particulièrement intérest avec ceulx qui
regardent l’Allemagne en général:| nous pourrions en traittant |:nous
relascher sur les uns à mesure que nous trouverions nostre satisfaction sur
les autres:| affin comme il disoit de |:reprendre d’une main ce que nous
aurions donné de l’autre:|.
Avant que finir ce point qui est peut-estre le plus délicat et le plus
important |:de toute nostre négotiation nous sommes obligez par:| le peu
de connoissance que nous avons de |:l’inclination des princes d’Allemagne
de représenter à Vostre Eminence qu’elle est très différente de celle des
princes d’Italie, ceulx-cy:| comme très intelligens et bien conseillez approu-
vent et désirent tout ce qui peut contribuer à les rendre indeppendans, et
pour cette raison sont |:bien aises que la France ayt quelques places en
Italie pour leur tendre la main en cas de besoing et pour tenir en bride les
Espagnolz, mais ceux-cy sont beaucoup plus touchez de l’amour de leur
patrie et ne peuvent approuver que des estrangers démembrant l’Empire,
quelque utilité qu’on leur en fasse espérer préférans par une politique digne
du climat la substance d’un corps dont ilz sont les membres à l’advantage
que chacun d’eulx peut tirer en particulier par la division de l’Empire:|.
Mais ils ne veullent pas que ce bien leur arrive |:par la séparation des
partyes de leur Estat ny que:| pour avoir plus de moien de les assister |:les
princes estrangers s’aggrandissent à leurs despens:|. Nous ne lairons pas
aux occasions de |:faire comprendre aux princes ou à leurs députez qu’ilz
doibvent tenir une autre maxime pour leur propre bien:| mais quoy que
nous puissions faire |:il sera difficile de leur persuader ce que nous désirons
ny d’empescher qu’ilz n’aymassent mieux dans leurs âmes nous voir rendre
toutes nos conquestes que de les voir demeurer entre noz mains:|.
Voilà Monseigneur en substance ce que nous avons cru devoir représenter à
Vostre Eminence sur cet article si considérable et qui semble comprendre
|:en soy tout ce que nous avons à traicter en cette négotiation pour les
intérestz de l’Allemagne:|, mais parce que nous voions que l’opinion des
|:Suédois ny la nostre n’a pas esté entièrement conforme à celle de Vostre
Eminence:|, nous la supplions très humblement de nous faire sçavoir ses
intentions au plus tost après qu’elle aura examiné par sa grande prudence
les ordres qui nous seront envoiez, et qu’elle aura eu agréable de considérer
que |:ne pouvans agir sans le consentement de noz alliez:| il faut nécessai-
rement que tout-|:es les choses que nous aurons à proposer soient approu-
vées par eulx aussi bien que par nous.
Voicy donc en abrégé à peu près de quelle sorte:| nous avions estimé avec
|:monsieur le baron Oxenstiern que la première proposition que nous
aurons cy-après à donner a noz parties doibt estre conceue.
Que la guerre et les hostilitez cessent de part et d’autre:|. Que la paix et
l’ancienne amitié seront restablies. |:Que tous les alliez et adhérens de part
et d’autre y seront compris. Que le commerce sera libre comme avant la
guerre. Que tous les prisonniers seront mis en liberté sans payer rançon.
Que toutes choses généralement seront restablies dans l’Allemagne au
mesme estat qu’elles estoient en l’année 1618. L’amnistie générale sera
accordée sans aucune réserve ny restriction. Qu’il sera pourveu suffisam-
ment à la seureté de la paix en sorte qu’elle ne puisse estre violée à
l’advenir. Qu’il sera deuement satisfaict aux deux couronnes pour les fraiz
de la guerre:|.
Nous sommes |:tombez en discours avec monsieur Contarini de cette ligue
des princes d’Italie dont on parle, mais il nous a fort asseurez que:| il n’y a
rien à craindre |:de la part de sa République:|. En effet les progrès des
armes du Roy n’ont pas esté si grands |:de ce costé-là qu’ilz ayent pu
donner de la jalousie à personne:| et puis |:le pape et la république de
Venise sans la jonction desquelz cette ligue:| ne seroit pas beaucoup
considérable |:ayans esté receus médiateurs dans le traicté de paix et ayans
icy des ministres pour y travailler:| vraisemblablement ne se pourroient pas
|:engager honorablement avec l’un des deux partis:| sans avoir tesmoigné à
|:l’autre auparavant le suject qu’ilz ont de se plaindre et avoir demandé
quelque raison sur leur plainctes:|.
La pensée de Vostre Eminence de |:prévenir les Espagnolz en proposant
nous-mesmes les premiers cette ligue:| est accompagnée de très grande
prudence puisque l’effet en a esté jugé avantageux pour la France et que |:le
Roy ne peut rien retenir en Italie que Pignerol à la restitution duquel:| il
n’y a pas apparence que |:aucun prince de ce pays-là nous veuille jamais
convier:|. Il y aura grand avantage d’estre l’autheur |:d’une proposition qui
faict voir si clairement le désintéressement de la France:| si ce n’est qu’il y
eust sujet de craindre que |:les Espagnolz y apportassent de la difficulté
lorsqu’ilz verront que la chose seroit effectivement désirée et recherchée de
nostre part:|.
La généreuse résolution qu’il a pieu à la Reyne de prendre de faire rendre
présentement tant de places à madame la duchesse de Savoie fera bien
connestre aux princes d’Italie que Sa Majesté ne veut pas profiter du bien
d’autruy |:et cette seule action les empescheroit de rien entreprendre
aujourd’huy qui pust desplaire à Sa Majesté quand ilz en auroient eu la
pensée:|. Toute la maison de Savoye luy doit estre bien obligée d’une si
grande libéralité |:mais nous aurions subject d’appréhender que cette
restitution faicte avant la conclusion du traicté général ne fust comptée
pour rien par les ennemis s’il n’en estoit encore assez bon nombre au
pouvoir du Roy, tant pour faire rendre Verceil en les rendant, que pour
avoir moien de conserver dans la paix |:si l’on peut toutes les conquestes
d’Allemagne, de Lorraine, de Flandres et du Roussillon:|. Nous ne lairons
pas cependant de faire esclatter partout où il nous sera possible cette action
glorieuse que Vostre Eminence a très grande raison de dire que les
Espagnolz ne se fussent jamais résolus de faire.
Aussytost que nous entrerons plus avant en matière avec les |:Impériaux,
nous ne manquerons pas de mettre aussi en mesme temps sur le tapis avec
les Espagnolz les affaires d’Italie, outre:| les diverses raisons qui obligent de
commencer avec eux |:la négotiation par là que vostre Eminence a très bien
remarquées:|, c’est presque le seul point que nous avons |:droict de traicter
sans les Holandois et avant la venue de leurs députez présupposé que les
affaires d’Espagne doibvent tousjours estre réservées pour les dernières à
quoy nous n’avons garde de manquer:|.
Il n’estoit pas juste que Salamanca profitast d’une seconde fourbe, ny que la
qualité de plénipotentiaire pour la paix luy donnast moien de passer par la
France pour aller presser en Espagne les choses nécessaires pour la guerre,
l’on confesse aujourd’huy franchement que c’est pour cella qu’il a esté
despêché par mer, et ceux qui trouvoient à dire au refus qui luy a esté fait
d’un passeport sont contraints d’avouer qu’on a eu raison.
Verweis auf nr. 12. Die Spanier halten den Termin der Vorlage der erneuerten
Vollmacht nicht ein, wodurch die Verhandlungen mit ihnen in Frage gestellt
werden.
Tous les advis que Vostre Eminence nous marque |:luy avoir esté donnez
tant de Bruxelles que d’icy sont très véritables et ne peuvent venir que de
personnes fidelles et affectionnées. Le baron de Peschvitz est un vaga-
bond :| qui a toute sa vie roulé par le monde sans s’attacher à aucun |:party.
Quant au docteur Kran c’est l’associé du comte de Lamberg à Osnabruk. La
cognoissance que nous avions eue des menées du premier lorsque monsieur
Salvius fut en cette ville ne nous avoit pas beaucoup mis en peine:|
quoyqu’elle nous eust obligé d’y faire prendre garde |:sçachant que ce
baron est un esprit léger, qui se faict de feste partout, et auquel un homme
sage ne sçauroit prendre aucune confiance:|. Mais lorsque |:au dernier
voyage de monsieur le baron Oxenstiern nous avons veu que ce mesme
baron l’a visité et mangé avec luy plusieurs fois, et que le jour qu’il partit de
cette ville il l’accompagna dans son carrosse jusques à my-chemin, nous y
avons regardé de plus prez:| non sans quelque estonnement |:que les
ministres suédois l’ayans escouté l’un après l’autre ne nous eussent point
donné part de ses discours:|. Nous sommes bien résolus |:à la première
conférence de leur en faire une douce plaincte:| en la manière que Vostre
Eminence nous fait l’honneur de nous le prescrire.
Pour |:la disposition des Flamandz nous apprenons qu’elle est telle qu’on l’a
représentée:| à Vostre Eminence. Des personnes de condition qui ont esté
parmy eux il n’y a pas longtemps |:asseurent qu’ils sont dans le désespoir,
que:| néantmoins |:ilz sont résolus cette année de faire un dernier effort et
de se saigner jusqu’à la dernière goutte sur:| l’espérance qu’on leur donne
de restablir leurs affaires |:et de faire quelque entreprise dans la France,
mais:| si cella ne produit rien |:l’on croid qu’ilz penseront à leurs affaires et
à prendre quelque autre party pour l’advenir:|.
Baudissin
Wolf Heinrich von Baudissin (1597–1646), ehemaliger schwedischer und kursächsischer
Generalleutnant; seit 1641 polnischer Gesandter in Kopenhagen ( NDB I S. 632f. ).
beschränken, den König von Dänemark in seiner Bereitschaft zum Ausgleich mit
Schweden zu bestärken, nicht aber zu neuen Rüstungen überreden. – Wir halten
ständig Ausschau nach Möglichkeiten für Truppenerhebungen.
|:Quand à monsieur Salvius c’est un homme qui pour faire cognoistre sa
capacité parle quelquesfois trop librement:|, il n’a pas esté malaisé de
descouvrir |:par luy-mesme les choses qu’il avoit traictées avec nous, il les
communiqua toutes à monsieur Contarini lorsqu’il le fut voir:| ce qui nous
fait croire qu’il n’en aura pas esté plus chiche à d’autres. Il ne laisse pas pour
ce qui touche |:la Suède en particulier d’estre assez retenu et fort adroict et
rusé pour parvenir à ses fins:|. Nous ne doutons pas que les |:Espagnolz qui
n’ont pu nous diviser pendant la guerre ne tachent de le faire pendant la
négotiation:| et que Saavedra qui est un grand ouvrier pour de semblables
pratiques n’employe les artifices et les faussetez quand les autres moiens luy
maqueront pour en venir à bout, mais aiant tousjours considéré ce
préjudice comme un des plus grands qui pourroit arriver à la France nostre
principal soin a tousjours esté et sera employé à nous en garentir.
Les autres advis qui ont esté donnés à Vostre Eminence de |: l’inclination de
l’évesque d’Osnabruk plustost pour la France que pour l’Espagne et la
division qui est souvent entre les commissaires impériaux et espagnolz sont
très véritables. Néantmoins:| lorsque nous avons voulu presser le premier
aux conférences que nous avons eues ensemble il est demeuré sur la
retenue, mais pour |:les autres nous sçavons certainement qu’ilz ont eu des
contestations sur les affaires qui ont passé quelquesfois bien avant:|. A la
vérité nous ne pouvons pas |:juger si cela seroit capable de porter les uns à
traicter sans les autres:|. Il ne nous sera pas malaisé de sonder le gué, mais
aiant tousjours veu qu’en France |:on n’a point pu prendre confiance en
cette séparation lorsqu’elle a esté proposée de la part mesme des Alle-
mandz :| nous ne sçavons pas si Vostre Eminence trouveroit à propos en cas
que l’occasion s’en présentast, |:et que la dureté des Espagnolz obligeast les
autres à vouloir traicter sans eulx que nous y deussions entendre:|. Les
divers raisonnemens contenus en la fin de vostre première despêche nous
font assés cognestre que les sentimens de Vostre Eminence penchent de ce
costé-là |:mais parce que c’est un poinct délicat et important et sur lequel
on est demeuré souvent irrésolu dans le conseil du Roy:|, s’il plaist à Vostre
Eminence d’y prendre une bonne résolution, le temps et les affaires nous
produiront peut-estre des occasions d’exécuter ce qui nous sera ordonné, au
moins nous y dresserons toutes noz pensées.
Celle de |:monsieur Contarini ne seroit pas de séparer les uns des autres
mais de faire en mesme temps la paix avec l’Empereur et une trefve de vingt
ans avec l’Espagne pour satisfaire au désir des Suédois qui:| veullent sortir
d’affaires par à bout |:et à celuy des Holandois qui ne veulent et ne peuvent
pas faire un traicté définitif:|. Si les affaires prenoient cette pante nous n’y
remarquerions pas beaucoup d’inconvénient |:pourveu qu’il ne fust pas
permis à l’Empereur au préjudice de la paix d’assister le roy d’Espagne à la
fin ou à la rupture de la trefve, et que nous demeurassions en possession de
ce que nous tenons sur le Rhin:|.
La seconde despêche de Vostre Eminence du 21 e |:est toute sur les affaires
d’Italie:|. L’honneur que Vostre Eminence nous fait d’en vouloir sçavoir
noz sentimens nous oblige de les luy expliquer avec autant de franchise que
de respect. Il y a deux questions à examiner, la première si en |:composant
les affaires d’Italie par une trefve ou une suspension d’armes avant la
conclusion du traicté général la France en recevra plus d’advantage que de
préjudice:|. La seconde si nous le pouvons faire sans que les alliez en
reçoivent du mescontentement. Il semble Monseigneur que cette seconde
est suffisamment décidée par la précaution que Vostre Eminence propose
très prudemment de ne rien résoudre en cette affaire qu’après l’avoir
communiquée franchement à noz alliez et après en avoir receu leur advis et
consentement. La seule difficulté reste donc sur la première question où
Vostre Eminence a si puissamment desduit les raisons de l’affirmative que
nous serons seulement obligez de toucher quelques-uns de la négative et de
remarquer quelques inconvéniens qui pourroient arriver de cette résolution
affin que Vostre Eminence les aiant considérés et discuté ce qui aura esté
dit de part et d’autre, y puisse prendre la résolution qui luy semblera
convenable à laquelle dès cette heure nous sousmettons toutes noz pensées.
Premièrement, l’expérience a fait voir |:depuis dix ans qu’en faisant la
guerre aux Espagnolz en tous les lieux de leur domination ilz en ont receu
plus d’incommodité que la France puisque:| dans une si longue suite
d’années ils n’ont pas pu prospérer en aucun lieu, |:les heureux succez du
feu roy en Italie:| aians esté principalement retardés par |:les accidens qu’on
ne pouvoit prévoir comme la mort de messieurs les ducz de Savoye et de
Mantoue
Savoye
Nach dem Tod Viktors Amadeus I. von Savoyen (1637) hatte seine Gemahlin Christine für
den minderjährigen Franz Hyazinth (geb. 1632) die Regentschaft übernommen. Als dieser
1638 starb, bestritten ihr die beiden Schwäger Moritz von Savoyen (1593–1657; 1607–1642
Kardinal) und Thomas Franz von Savoyen (1596–1656), Prinz von Carignano, das Recht
zur Regentschaft für ihren nächstfolgenden, unmündigen Sohn Emanuel II. Von 1639 bis
1642 kam es deshalb zu bewaffneten Auseinandersetzungen, in denen Frankreich Christine
unterstützte, während die Brüder in der piemontesischen Bevölkerung und bei Spanien
Rückhalt fanden ( Bazin III S. 17–22, 162f.); am 14. Juni 1642 wurde der Konflikt in den
Verträgen von Turin beigelegt (Druck: DuMont VI, 1 S. 253–260).
qui avoit esté perdu en un instant. 2. |:En accommodant les affaires en un
lieu avant qu’elles le soient en tous les autres nous priverions la France de:|
l’avantage qu’elle tire de sa scituation laquelle estant au milieu des Estatz
dispersez de l’Espagne luy donne moien d’envoier ses forces comme du
centre à la circonférence aux lieux où bon luy semble pour faire ses plus
grands effortz tantost en un endroit tantost en un autre, soit sur la mer soit
sur la terre à quoy l’ennemy n’a pas la mesme facilité de remédier estant
tousjours incertain du lieu d’où il sera attaqué plus vigoureusement et luy
estant impossible de tenir en tous des forces esgalles pour sa deffense.
3. Il y a beaucoup d’apparence que sy on avoit |:faict une année ou deux les
mesmes effortz en Italie que l’on a faict en Flandres, en Espagne et ailleurs
la conqueste de tout le Milanois ne seroit pas si longue que celle de la
Flandre:|, les peuples n’y estans pas si agueris ny la pluspart des places si
bien fortiffiées |:et le roy d’Espagne n’ayant pas la mesme facilité d’y lever
de gens de guerre que le voisinage de l’Allemagne et de quelques autres
provinces luy donne pour les Pays-Bas:|. 4. On peut croire que |:les
Espagnolz n’y consentiroient pas s’ilz ne croyoient de se retirer de leur
costé les mesmes advantages que nous espérons d’en retirer du nostre:| ce
qui peut faire appréhender le desplaisir qu’on auroit si par l’événement
leurs espérances se trouvoient mieux fondées que les nostres. 5. Toutes les
affaires comme il a esté dit cy-dessus |:ont si heureusement réussy pendant
dix ans en la forme qu’elles ont esté conduictes qu’il semble plus seur de les
soustenir jusques à la fin en l’estat où elles sont que de faire une nouvelle
expérience, dont l’effect est en quelque façon doubteux sur le poinct d’un
traicté général:|. 6. Quand on auroit |:le consentement des alliez pour cela,
estant certain qu’ilz ne le donneront pas volontairement et qu’ilz ne s’y
porteront ou que vaincus par noz persuasions, ou parce que les traictez
d’alliance ne leur donnent pas:| droit de l’empescher, on doit craindre qu’ils
ne nous voulussent après rendre responsables des événemens et qu’ils ne
voulussent imputer à cette résolution le moindre changement qui arriveroit
dans la face des affaires encore mesmes qu’il ne procédast pas de là. 7. Il
seroit très malaisé de |:leur oster de l’esprit que nous n’eussions envie de
sortir de toutes noz affaires l’une après l’autre de cette sorte et que cette
appréhension ne leur fist naistre le désir de nous prévenir:| l’un de nous
aiant veu autrefois |:les grandes plainctes que les Suédois firent d’une
suspension d’armes en Italie, quoyqu’elle fust seulement pour quelques
sepmaines:|. 8. Quand |:les Espagnolz ne tireroient autre advantage que
d’assister plus vigoureusement qu’ilz n’ont faict jusqu’icy l’Espagne et la
Flandre:| il seroit tousjours très grand en ce que pour |:peu qu’ilz pussent
augmenter leurs forces en ces deux lieux, ilz s’y mettroient en posture
suffisante pour se deffendre et pour y arrester nos progrez:| la raison de
guerre voulant que celuy qui attaque soit sans comparaison plus fort que
celuy qui se deffend s’il veut faire des conquestes considérables.
9. Avec une armée médiocre |:que le Roy entretient en Italie:| quand
mesmes on ne voudroit pas attaquer des places |:on oblige les Espagnolz d’y
avoir beaucoup plus grand nombre de troupes, tant pour y tenir leurs
garnisons fortes que pour y deffendre la campaigne:|. 10. Si |:la guerre y
avoit entièrement cessé, il faudroit craindre que la pluspart des princes
d’Italie n’assistassent plustost d’hommes ou d’argent l’Empereur et le roy
d’Espagne que nous, soit à cause des plus:| grands attachemens, deppen-
dances et obligations qu’ilz ont avec |:l’Empire ou l’Espagne, soit à cause
que les affaires de ces deux monarques sont présentement:| en mauvais
estat et qu’ils sont réduits sur la deffensive, |:soit par une faulse créance
qu’il y a quelque intérest de religion meslé puisque la pluspart des ennemis
de l’Empereur sont protestans:|. 11. Cella ne peut pas sitost arriver |:tandis
que la guerre durera en Italie, parce que la raison d’Estat ne permet pas à
tous les princes de ce pays-là de se desgarnir de leurs forces cependant
qu’ilz voyent deux puissans monarques armez dans leur voisinage, et que:|
cette considération leur peut mesme servir |:d’excuse pour refuser les
assistances que l’Empereur et le roy d’Espagne leur demandent de temps en
temps:| si bien que par le moien de |:cette diversion, nous ne tenons pas
seulement en eschec les forces des Espagnolz mais celles de tous les autres
princes qui pourroient leur donner secours aux autres endroictz et:| qui
croiroient peut-estre de le pouvoir faire sans nous offencer. 12. D’ailleurs
l’expérience du passé nous doit faire appréhender ce qui est arrivé plusieurs
fois |:tant pendant les guerres de l’empereur Charles V que depuis la
naissance de celle-cy, où les troupes reiglées et disciplinées venues d’Italie
ont souvent restably les affaires de l’Empire qui estoient comme abandon-
nées :|. 13. Le seul avantage certain qu’on se pourroit présentement pro-
mettre seroit |:l’espargne de la despense, laquelle outre qu’elle n’est pas
considérable dans les grandz desseings quand elle:| oblige l’ennemy d’en
faire une plus grande ou une pareille, ne pourroit estre que pour cette
campagne qui est desjà si avancée que sur l’espérance douteuse d’un traitté
qui n’est ny résolu ny commencé |:si on ne faisoit pas les préparatifz
nécessaires pour la continuation de la guerre de mesme qu’on a faict
cy-devant, on se trouveroit peut-estre exposé aux entreprises de l’ennemy
qui se pourroit mesme servir d’une proposition d’accommodement pour
nous amuser et nous surprendre:|. 14. Pour conclusion, puisque dans cette
glorieuse querelle il faut nécessairement que toutes les forces des deux
partis soient occupées, il semble indifférend de les emploier en un où en
divers lieux |:si ce que l’on tirera de l’Italie vient servir en Flandre ou en
Espagne, il ne nous coustera guière moins et ne nous donnera pas
néantmoins un si grand advantage sur les Espagnolz pour faire des
conquestes dans leur pays comme les secours qu’ilz recevront les y
mettront en estat de nous résister, et puis les forces de la maison de Savoye
seront comme perdues pour nous de cette sorte, parce qu’estans obligées de
se joindre aux nostres pour la guerre d’Italie
qu’elles nous puissent servir |:ny en Espagne, ny en Flandres, ny en
Allemagne:|.
Nous sçavons bien Monseigneur que toutes ces raisons et inconvéniens
sont mieux cognus de Vostre Eminence que nous ne pouvons les luy
représenter, mais pour obéir au commendement qu’il luy a pieu de nous
faire nous avons esté obligés de remarquer tout ce qui fait quelque
impression dans nostre esprit. Ce n’est pas que nous facions aucun doute
que |:la ligue pour l’Italie ne soit utile et advantageuse à la France qu’il ne
soit bon de la |:proposer les premiers ou de l’accepter si les Espagnolz la
proposent et qu’on la peut mesmes résoudre avant tous les autres articles du
traitté, |:mais de venir à l’exécution ny faire aucune trefve en un endroict
avant qu’estre d’accord pour tout le reste:| nous n’ozerions pas déterminer
par nostre foible advis si la résolution n’en seroit point périlleuse. Cella
n’empeschera pas pourtant que si Vostre Eminence en fait un autre
jugement, nous ne travaillions icy soigneusement et fidellement à l’ exécu-
tion de tout ce qu’il luy plaira de nous ordonner, tant pour en faire la
proposition aux Suédois que pour tascher à en obtenir leur consentement.
Mais nous estimerions qu’en ce cas il faudroit |:tousjours mesnager que
cette trefve eust relation à ce traicté général c’est-à-dire qu’elle ne deubst
pas durer si on estoit obligé de se retirer d’icy sans rien faire, de craincte
que les Espagnolz voyans leurs affaires d’Italie en seureté pour tousjours
qui leur sont plus à coeur après celles d’Espagne que toutes les autres, ne se
rendissent plus difficiles sur les autres poinctz de la négotiation que:|
quand ilz se verront contraintz en refusant un accommodement raisonna-
ble de mettre de nouveau tous leurs Estatz en danger par la continuation de
la guerre lors mesmes qu’ils auront sujet de craindre que |:plusieurs princes
en Italie et ailleurs ne se joignent enfin à nous pour les forcer à ce qu’ilz
auront refusé:|.
Nous avons bien espéré |:de nous prévaloir en faveur des Portugais:| de la
clause que nous avons fait mettre dans les pouvoirs de noz parties et dans
les nostres sur le sujet des alliez, mais les raisons que nous avons |:de ne
demander pas encor des sauf-conduictz pour eulx:| sont si puissantes
qu’eux-mesmes en sont demeurés d’accord avec nous. Il est bien vray que
les ordres qui nous ont esté envoiés pour les assister les ont extrêmement
satisfaits et les ont disposez d’attendre avec plus de repos d’esprit qu’il se
présente une occasion plus favorable de les exécutter. En effet lorsque les
députés de Messieurs les Estatz et des princes de l’Empire seront arrivés,
nous pourrons estre assistez de leurs offices pour faire cette demande avec
plus d’efficace, ce qui servira à la faire mieux recevoir dans le public quand
on verra que divers potentatz y prennent intérest aussi bien que nous.
L’on nous a confidemment |:donné advis que les ambassadeurs de monsieur
le duc de Bavière qui viennent icy ayans passé au lieu où est monsieur
l’électeur de Mayence
représenté le mauvais estat des affaires de l’Empire qui vont tousjours en
décadence luy ont dit que si on |:ne pouvoit faire promptement la paix, il
falloit pour le moings faire une trefve et que l’électeur n’a respondu autre
chose sinon que les affaires du roy d’Espagne se restablissoient en Cataloi-
gne et qu’il falloit avoir encore bonne espérance:|. Nous sçavons du mesme
lieu que |:monsieur de Mayence pressé par l’Empereur de convoquer une
diète à Ratisbonne:| s’en est excusé sur |:la pauvreté des princes et estatz de
l’Empire:|. Il a peut-estre envie de faire achepter son entremise pour cela et
de se faire payer avant que d’accorder ce qu’on luy demande |:les arrérages
de sa pension que les Impériaux luy doibvent depuis trois ou quatre ans:|.
Les discours |:de monsieur le nonce avec les commissaires impériaulx sur la
conférence qu’il avoit eue avec monsieur de Saint Romain, et:| sur les
contestations que nous avons eues ensemble ont esté véritables selon le
raport qu’on nous en a fait, nous croions bien qu’il s’est voulu servir de
cette occasion pour |:acquérir quelque créance auprès des ministres qui sont
en deffiance de luy et qui luy ont rendu à Rome et ailleurs de mauvais
offices, mais nous n’avons pas recognu pour cela qu’il eust aucune mauvaise
satisfaction de nous:|. Nous tascherons par rencontre de nous esclaircir
avec luy.