Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
329. Memorandum Serviens Münster 1644 Dezember 16
Münster 1644 Dezember 16
Ausfertigung
Nach einer Notiz Lionnes am Kopf des Schriftstücks wurde das Memorandum mit Schreiben vom
17. Dezember übersandt. Servien behandelt das gleiche Thema noch einmal ausführlicher in nr. 345.
Am 5. Januar 1645 schreibt Lionne an Servien – Ausfertigung: AE , CP All. 50 fol. 38–39 –, er
habe das Memorandum nicht an Mazarin weitergeleitet, da Mazarin den Vorschlag strikt ablehne
und er, Lionne, ihm versichert habe, die Idee müsse von d’Avaux stammen, Servien habe sich ver-
mutlich nicht gegen seinen Kollegen durchsetzen können.
fol. 385–390.
Vorteile der in nr. 292 vorgeschlagenen Scheinerklärung.
Nous avons tousjours esté |:esloignéz de la créance qu’il faille faire aucune
restitution à l’Empereur pour achepter la paix qu’on a intention de faire
avec luy, que nous avons souvent loué:| la généreuse responce de Monsieur
le Chancelier |:Olivier
conférence où l’on proposoit la restitution des trois Eveschéz qui avoient
esté mis nouvellement soubz la protection de la France, afin d’oster d’abord
toute espérance aux ennemis de la pouvoir obtenir, déclara hautement qu’il
estoit d’advis de faire trancher la teste au premier François qui oseroit estre
de cet advis:|.
Puisqu’il a pleu à Dieu de |:restablir les anciennes limites de la France en
faisant tomber entre les mains de nos Roys des places si importantes sur le
Rhin, il n’y auroit guières d’apparence de s’en désaisir, veu mesme que
grâces à Dieu les affaires de noz ennemis ne sont pas en estat qu’ilz puissent
espérer de nous y contraindre par la force:|.
Le Ciel par une justice visible, |:dans une guerre légitime où l’on a veu que
le feu Roy ne s’est porté que par force, ayant récompensé la France aux
despens de l’Empereur et du Roy d’Espagne des tortz et injustices qu’elle
avoit autres fois receus de Charles Quint lorsqu’il estoit Empereur et Roy
d’Espagne tout ensemble:|, il semble que la raison ne veult pas qu’on |:se
prive d’un advantage présent, puisque selon la justice il doibt tenir lieu de
ce qui a esté autres fois injustement démembré de la Couronne de France,
lorsque le sort des armes a esté favorable à ses ennemis et que:| par un secret
jugement de la providence divine |:ces deux puissans rempartz que l’ Em-
pereur Charles Quint se vantoit autres fois d’avoir eslevéz contre la France,
Brisak et Perpignan, servent aujourd’huy à la France de rempartz contre
l’Allemagne et l’Espagne:|.
Sy noz pères après |:l’union des trois Eveschéz ont tant faict l’amour à
Strasbourg et ont jugé si nécessaire d’avoir un passage dessus le Rhin, tant
pour avoir moyen de secourir nos amys et alliéz dans l’Allemagne que d’y
tenir noz ennemis en debvoir, nous aurions bien:| des maximes contraires
à celles qui ont tousjours esté tenues |:pour la grandeur de la Monarchie,
si aujourd’huy que l’acquisition de Brisak et de Philisbourg qui tiendront
presque Strasbourg:| à cause qu’il se rencontre:| au milieu aussi favorable
au desseing de nos Roys que s’il estoit entre leurs mains, rend la condition
de la France plus advantageuse, nous proposions d’en faire la restitution
de gayeté de cœur et pour avoir simplement l’amitié de l’Empereur qui ne
sçauroit jamais estre asseurée à noz Roys:|.
Nous avons tousjours creu qu’en |:l’estat où sont les affaires de la Chrestienté,
les ennemis selon les apparences n’ayans pas le moyen de se relever de leurs
pertes et la France estant bien unye et ne manquant encore ny d’honneur ny
d’argent ny de puissans alliéz qui tous demeurent dans la fidélité, ce seroit
assez faire pour le repos public que de renoncer aux conquestes nouvelles
que l’on pourroit faire en continuant la guerre, sans achepter volontairement
la paix par la restitution de celles qui ont esté faictes qu’on ne nous sçauroit
oster par les armes:|.
Lorsque nous avons |:cy devant faict ouverture d’offrir la restitution de ce
que nous tenions pourveu que toutes choses soient restablies dans l’ Alle-
magne au mesme estat qu’elles estoient avant l’année mil six cens dixhuict,
ç’a esté dans la créance et comme dans la certitude que nous avions estimé
d’avoir qu’elle ne seroit pas receue par noz ennemis, n’y ayant pas apparence
que l’Empereur veuille rendre le Royaume de Bohème électif comme il
debvroit estre, que le Hault Palatinat et la dignité électorale soient restituées
par le Duc de Bavière, ny que:| les changemens qui ont esté faictz |:depuis
ce temps là dans plusieurs grandes villes et Estatz d’Allemagne soient
réforméz.
En tout cas, nous avons crû que quand il y auroit subject d’appréhender
que l’Empereur, forcé par la nécessité des affaires présentes, pour ravoir les
places que nous tenons deubst accepter ceste proposition et l’exécuter de
sa part, à quoy il n’y a pas d’apparence, il seroit tousjours en nostre pouvoir
d’y adjouster tant de limitations et de diverses restrictions que la chose
demeureroit sans effect:|.
Premièrement, |:nous pourrions y adjouster des demandes sur la forme de
l’eslection, soit pour la rendre plus libre et sans corruption à l’advenir à
peine de nullité, soit pour empescher que l’Empire ne soit continué dans une
mesme famille, qui rendroit l’accomplissement de nostre offre impossible,
sans que toutesfois nous pûssions estre blasméz par les Allemandz d’avoir
proposé que des choses générales, justes et advantageuses pour l’Empire:|.
En second lieu, sy l’on pouvoit |:croire que l’Empereur deubst jamais
consentir que le Royaume de Bohème deubst estre électif à l’advenir, nous
pourrions demander avec bienséance de demeurer saisis des places que nous
tenons jusqu’à ce que l’occasion fust arrivée de faire jouir les Barons et les
Seigneurs de la Bohème de cette liberté:|, ce qui n’est remarqué que pour
faire veoir que nous |:ne manquerions pas de moyens pour destruire l’effect
de cette proposition quand elle debvroit estre acceptée, et que nous n’avons
estimé qu’elle deubst estre faicte que sur la présupposition certaine qu’elle
seroit rejectée par l’Empereur et par tous ceux de son party:|.
Ce n’a pas esté |:dans l’intention de consentir une telle restitution que nous
en avons proposé l’offre, mais seulement de l’offrir soubz des conditions
désirées par toute l’Allemagne, lesquelles n’estans pas acceptées par l’ Em-
pereur rejectent sur luy la hayne de la rupture du traicté, ou pour le moings
nous justiffient envers tous les Allemandz de ce qu’après avoir faict tous les
effortz possibles pour obtenir le restablissement de l’ancien ordre de l’Empire
sans en avoir peu venir à bout, quoyque nous ayons voulu sacriffier toutes
nos conquestes pour l’amour d’eulx, nous serons obligéz par nécessité de
retenir les places et Estatz qui sont entre noz mains pour nostre seureté
particulière, puisque celle que nous avons cherchée par préférence dans le
restablissement des affaires publiques n’a pû estre obtenue:|. Nous pourrons
|:de cette sorte avec plus de bienséance et d’honnesteté nous attacher à noz
intérestz particuliers, à quoy on croid qu’il faudra venir nécessairement, que
si en mesprisant contre nos protestations ceux de toute l’Allemagne nous
faisions marcher d’abord les nostres les premiers:|.
Par ce moyen |:Monsieur le Duc de Bavière qui dans ce restablissement
seroit obligé de rendre le Hault Palatinat et la dignité électoralle sera con-
trainct de nous estre favorable dans noz prétentions particulières, affin qu’on
ne s’obstine pas aux demandes généralles dans lesquelles il ne trouveroit
pas son compte s’il les acceptoit, ou seroit chargé de l’envie de toute l’ Alle-
magne si les refusant pour son intérest particulier, il estoit cause de la conti-
nuation de la guerre:|.
Cependant, ayant considéré que, |:soit qu’il faille continuer la guerre, soit
que l’on vienne à la conclusion de la paix:|, il importe extrêmement pour le
service du Roy de faire |:l’un ou l’autre, en sorte que l’on puisse conserver
l’affection des Allemandz, lesquelz sont si bien disposéz pour la France
depuis:| cette excellente lettre sy modérée et si bien concertée |:qu’il a plû
à Sa Majesté leur escrire en dernier lieu , qu’il n’y a rien qu’on ne puisse
espérer de la bonne disposition où ilz sont présentement, ny rien par consé-
quent qu’on ne doibve faire pour les maintenir au bon estat où ilz se trou-
vent :|.
Il ne fault pas doubter que |:si la paix manquoit de se faire par le refus
ouvert que nous ferions d’abord de rendre ce qui a esté conquis sur l’Empire
par les armes de France, tous les Allemandz ne se réunissent contre nous,
tant parce qu’ilz seroient privés du repos qu’ilz désirent si ardemment, la
pluspart du monde s’imaginant qu’on ne peut faire la paix sans une restitu-
tion réciproque, que:| parce qu’il ne seroit pas malaisé de |:leur persuader
que nous ne debvons pas profficter de la guerre aux despens de l’Empire:|.
Mais en faisant |:l’ouverture que nous avons proposée, sans courre aucune
fortune de perdre noz conquestes nous nous garentirons des plainctes de
tous les Allemandz et rejecterons la hayne contre l’Empereur qui vraysembla-
blement n’en demeurera pas d’accord, si bien que la rupture de la paix et la
continuation de tous les malheurs de la guerre luy seront imputéz, et en tout
cas nous serons justiffiéz si nous songeons à nostre seureté particulière, y
ayant très grande raison que si l’Empereur demeure authorisé par la ruine
des Princes qu’il a despouilléz et par l’acquisition certaine des Estatz qu’il
s’est appropriéz, nous conservions les gages que Dieu a mis entre nos mains
pour nous déffendre de sa trop grande puissance, qui ne nous eust pas esté
si suspecte si en restablissant tous les Princes despouilléz et rendant aux
Estatz et villes de l’Empire les droictz et privilèges qu’il leur a ostéz, son
authorité eust esté restraincte dans ses anciennes limites:|.
D’ailleurs, le Roy ayant |:tousjours publiquement déclaré et faict dire par
ses ministres qu’il ne faisoit point la guerre dans l’Allemagne pour aucun
intérest particulier, mais pour la liberté des Princes et Estatz de l’Empire,
il importe pour conserver leur bienveillance non seulement de continuer le
mesme discours, mais de le prouver par quelque importante démonstration
qui les laisse persuadéz qu’on n’a point eu intention de les tromper, cette
nation ayant plus besoing d’estre mesnagée qu’aucune autre par des offices
publicz et par des tesmoignages d’amitié:|.
Sy nous ozions adjouster qu’au lieu de |:craindre qu’on puisse juger par cet
office que nous n’affectionnons pas noz conquestes, nous avions estimé qu’il
falloit persuader aux Allemandz qu’encor qu’elles soient très importantes et
advantageuses à la France, on a bien voulu les abandonner pour leur pro-
curer un bien public si on l’eust pu obtenir, affin de leur tesmoigner par cette
franchise:| l’affection qu’on a pour |:leur advantage, et que si on est con-
trainct de les retenir, ce n’est pas par ambition ny par désir de s’aggrandir
aux despens de l’Empire, mais forcéz par une juste craincte et par la
nécessité d’une légitime déffense contre une puissance suspecte à toute la
Chrestienté:|.
Outre tout ce que dessus, chacun a estimé jusqu’icy que pour remédier
honorablement et advantageusement à tous les désordres |:de l’Allemagne,
il falloit remonter à l’origine des troubles et restablir toutes choses au mesme
estat qu’elles estoient ou debvoient estre en l’année mil six cens dixhuict.
Or est il que cette demande ne paroistroit pas juste aux yeux du monde et
ne seroit pas approuvée par le public, si on prétendoit d’obliger seulement
l’Empereur de restablir de son costé les affaires comme en 1618 et que la
France ne voulust pas faire le mesme du sien. Si donc la bienséance et la
raison semblent convier de faire la mesme chose de part et d’autre, il s’ en-
suivroit que quand nous n’offririons pas expressément la restitution de nos
conquestes, elles s’entendroient comprises dans le restablissement général et
restitution de toutes choses en leur premier estat, si bien qu’en adjoustant
l’offre de restituer de nostre costé plus expressément et plus clairement ce
que nous tenons, ce n’est que pour faire mieux remarquer aux Allemandz:|
l’affection de Leurs Majestéz, |:lesquelles pour leur advantage tesmoignent
publiquement de se vouloir priver de tous les fruictz d’une longue et pénible
guerre, pourveu que les droictz, libertéz et privilèges de leurs amys et alliéz
soient restablis et affermis comme il fault pour tousjours, et cela affin de
concilier leurs affections par l’offre d’une libéralité spécieuse, qui ne peult
réussir par le refus certain que feront les ennemis de satisfaire de leur part
aux conditions soubz lesquelles la France la veult faire; ce qui à toute
extrémité les préparera, si un expédient si plausible et qui ne regarde que le
public ne peult pas estre accepté par les ennemis, à ne trouver pas mauvais
que pour la seureté de la France et pour avoir moyen de les secourir en cas
que cy après ilz viennent à estre oppriméz de nouveau, l’on retienne les
Estatz et les places du Rhin dont tout l’advantage doibt estre pour eulx,
sans que Leurs Majestéz rendent leur condition beaucoup meilleure, si ce
n’est en ce qu’elles ostent par ce moyen aux ennemis le pouvoir et l’envie
d’entreprendre si aisément contre la France ny contre ses amis et alliéz
d’Allemagne:|, pour raison de quoy au lieu de |:augmenter les revenus de
l’Estat, elles le chargent pour le seul intérest du bien public d’une nouvelle
despense:|.
Néantmoins, je soubzmetz tout ce que dessus à la censure de noz supérieurs
et suplie très humblement de recevoir en bonne part la |:dicte proposition
encore qu’elle ne soit pas agréée, puisqu’elle n’est faicte qu’à bonne intention
et avec une aveugle disposition d’exécuter aussi volontiers tout ce qui nous
sera ordonné au contraire que si nos advis avoient esté suivis. Si je croyois
mesme que de semblables propositions deussent desplaire, je m’en abstien-
drois à l’advenir:|.